Lymphome de Hodgkin chez les adolescents jeunes adultes

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Transcription:

Lymphome de Hodgkin chez les adolescents jeunes adultes Session Jeunes, Congrès de la SFH, 27 mars 2014 Louise ROULIN, DES hématologie, interne à Paris Société Française d Hématologie Association des internes d hématologie

Caractéristiques épidémiologiques Livret hodgkin, caisse centrale de réassurance, 2006 49,6 cas/million d habitants par an en France Données épidémiologiques, France Lymphome espoir

Caractéristiques épidémiologiques 12% des cancers chez les AJA survie globale à 5 ans : 96,9 % mais risques à long terme Cancers et leucémies secondaires Complications cardiovasculaires Stérilité 48% ont une comorbidité de grade 3 (CTCAE) 20 ans après le traitement Données épidémiologiques France lymphome espoir

ima Caractéristiques cliniques Type scléro nodulaire principalement Atteinte supra diaphragmatique Retard diagnostic plus fréquent Plus de formes étendues que chez les enfants Forme médiastinale +++ Forme abdominale (moins) TEP scanner couplé au scanner TAP / données Euronet C1 france

Problématiques 1) Le retard diagnostic 2) Un traitement comme des enfants ou comme des adultes? 3) Comment diminuer les risques à long terme?

Le retard diagnostic Stade étendu au diagnostic = 30% des LH = moins bon pronostic que les stades localisés Plus fréquent chez les AJA Facteurs de risques de stade étendu au diagnostic : Sexe masculin Niveau socio-économique bas, statut marital Défaut de couverture sociale Smith, Cancer, 2012

Le retard diagnostic : des solutions? -Tournée nationale -Jeux -Visite d établissements scolaires -

Traitements : évolution Diminution progressive des doses de radiothérapie Nouvelles techniques IMRT (radiothérapie par modulation d intensité) Modification des schémas de chimiothérapie Remplacement de la procarbazine par l étoposide, puis par la dacarbazine => Meilleure préservation de la fertilité Abandon du MOPP => Quasi disparition des leucémies secondaires Incidence des LAM/SMD après une première ligne de traitement dans les étude G, C et S (Koontz, JCO, 2013) Entre 1974 et 2003 Johnson, ASH 2013 / Canellos, JCO, 2014

Traitements : objectifs objectifs actuels chez les AJA : Espérance de vie longue Bonne réponse au traitement même en rechute donc : Eviter le «sur-traitement», les risques à long terme et favoriser la qualité de vie Protocoles adultes ou pédiatriques?

Traitement : cas clinique Jeune fille de 17 ans Consulte pour une adénopathie cervicale gauche sans signes généraux associés. Au bilan d extension : masse médiastinale et splénomégalie nodulaire Pas de syndrome inflammatoire biologique Stade III A a Quel traitement?

Traitements : cas clinique Adultes IIIA = stade étendu Enfants IIIA = TG2 6 BEACOPPesc Ou 6 ABVD 2 OEPA + 2 COPDAC pas de radiothérapie sauf si masse résiduelle : 30Gy +/- Rx 20Gy ( Randomisation si bonne réponse après 2 OEPA, essai Euro-Net PHL C1 ) Lymphome de Hodgkin, questions d actualités, recommandations INCA

Traitements : rationnel pédiatrique ess - Doses renforcées d étoposide - Remplacement procarbazine par dacarbazine (fertilité) - Équivalence OEPA/COPDAC à OPPA/COPP - Même traitement filles/garçons Essai euronet PHL C1 Contrairement aux adultes : - Doses moins fortes de chimiothérapie - Maintien Rxth faibles doses Kelly, blood 2011 / Essai euronet PHL C1

Traitements : rationnel adulte Abandon de la radiothérapie dans les formes étendues (toxicité) Chimiothérapie seule donc : renforcement des doses 8 ABVD : trop toxique sur le plan cardio-pulmonaire 6 BEACOPPesc > 6 ABVD, mais Hémato toxicité Hypofertilité Peu de différence en survie globale Discuter intensification du traitement pour les patients répondeurs lents Ou désescalade thérapeutique pour bons répondeurs (essai AHL 2011) Skoetz, lancet, 2013 / protocole AHL 2011

Traitements : des doses différentes mg/m² OEPAx2 + COPDACx2 ABVDx6 BEACOPPesc x6 bleomycine 0 120 60 doxorubicine 160 0 300 210 etoposide 1250 0 0 3600 endoxan 0 2000 0 7500 vincristine 9 6 72 (vinblastine) 8,4 dacarbazine 0 1500 4500 4200 (procarbazine) prednisone 3000 0 3360

Protocoles pediatriques? Protocole Euronet C1, résultats en France 2 groupes : plus de 15 ans (n=195) et moins de 15 ans (n=292). Pas de différence significative en terme de survie globale et en terme de survie sans événement à 6 ans entre les groupes >15ans et <15ans. En terme d épidémiologie : plus de filles (sexe ratio M/F 0,8 vs 1,1) plus de stade étendu (51% de TG3 vs 44%) Données Euronet C1 (France), courtoisie du Pr Judith Landman Parker

Protocoles adultes? Patients de 15 à 45 ans traités avec des protocoles adultes type ABVD selon le GHSG trial. Survie globale à 10 ans : 93,6% chez les 15-20 ans 90,9% chez les 21-45 ans Pas de différence significative Eichenauer, JCO, 2009

Protocoles adultes? Patients de 16 à 45 ans traités par des protocoles adultes (étude canadienne) Entre 1981 et 2004. Survie globale à 10 ans : 91% chez les 16-21 ans 89% chez les 22-45 ans Pas de différence significative Foltz, JCO, 2006

Traitement : adultes ou enfants? Pas de consensus, car pas d étude randomisée comparative Protocole AJA spécifique? COLLABORATION entre les équipes +++ Et inclusion dans des essais thérapeutiques

Risques à long terme 5 premières années Rechute => suivi clinique, biologique et radiologique, espacé progressivement Hémopathies Après 5 ans : Cancers secondaires FDR : radiotherapie et alkylants 11% à 20 ans 26% à 30 ans Foltz, JCO, 2006 Thompson, Am J med, 2011 / recommandations INCA, juillet 2012

Risques à long terme : néoplasies Cancer du sein FDR : femme, radiothérapie, autour de la puberté auto palpation suivi par imagerie - 8ans après fin de traitement - à partir de 30 ans Cancer du poumon FDR : tabac, radiothérapie thoracique, alkylants => sevrage tabagique ++ Cancers cutanés Surveillance mensuelle et examen dermato annuel (zones irradiées +++) recommandations INCA, juillet 2012

Risques à long terme : hémopathies Eichenauer et al, blood, 2014-11952 patients - De 1993 à 2009 - Traitements type ABVD ou BEACOPP - Rare (0,9%) - Survenue 12 à 36 mois après la fin du ttt FDR : -Plus de 4 cures de BEACOPPesc -Patients plus âgés - EFRT

Risques à long terme : cardiovasculaires Incidence de 24% à 20 ans 10 ans après et pendant au moins 25 ans Atteintes coronaires, cardiomyopathies et valvulopathies FDR : FDRCV, anthracyclines, alkylants, rxth thoracique => Dépistage et contrôle des FDRCV => Suivi cardiologique dès la fin du traitement si reprise activité physique ou survenue d une grossesse Thompson, Am J med, 2011 / recommandations INCA, juillet 2012

Risques à long terme : autres Atteintes pulmonaires (pneumopathies interstitielles, fibrose ) Dysthyroïdie Au moins TSH annuelle si Rxth supradiaphragmatique Troubles endocriniens Hypofertilité (FDR : hommes et alkylants : BEACOPP +++) Ménopause précoce Dépistage ostéopénie Fatigue, anxiété, troubles psychosociaux Traitement ambulatoire avec poursuite de la scolarité au maximum (1/3 temps +++) et de la vie sociale Adapter le suivi à la gravité de la maladie initiale Thompson, Am J med, 2011 / recommandations INCA, juillet 2012

Nouvelles thérapeutiques : brentuximab J - Anti CD30 + monomethyl auristatin E => apoptose (internalisation puis transport via le lysosome) - 1,8mg/kg toutes les 3 semaines - 102 patients, en rechute ou réfractaires après autogreffe ORR = 75% et CR = 34% - EI grade 3 ou 4 chez 55% des patients - Neuropathie périphérique - Cytopénies, mais 0 aplasie fébrile EN COURS : -Phase I, patients non traités (remplace la bléomycine dans l ABVD) -Phase III, post auto Younes, JCO, 2012

Conclusion - Hémopathie la plus fréquente chez les AJA - Bon pronostic à la fois dans les protocoles adultes et pédiatriques - Prise en compte des séquelles du fait de l âge des patients - Objectifs : - Sensibilisation pour éviter le retard diagnostique - Cibler les bons répondeurs précoces pour éviter le sur-traitement - Inclusion dans les protocoles thérapeutiques - Discussion entre les équipes d hématologie adultes et pédiatriques - Suivi au long terme par les différents spécialistes pour détecter les risques liés au traitement - Sevrage tabac +++

Merci de votre attention Remerciements : - Pr Thierry Leblanc, service d hématologie pédiatrique, hôpital Robert Debré - Dr Pauline Brice, service d hématologie lymphoïde, hôpital Saint Louis - Pr Nicolas Boissel, service d hématologie unité AJA, hôpital Saint Louis - Pr Judith Landman Parker, service d hématologie pédiatrique, hôpital Armand Trousseau - Alice Wolfrom, Sylvain Carras, membres du bureau de l aih Société française d hématologie Association des internes d hématologie