L apprentissage entre pairs Recherches sur l influence sociale et sur le conflit sociocognitif (Buchs, Butera, Mugny & Darnon, sous presse) : Les progrès cognitifs réalisés par des novices dépendent de la possibilité d'entrer en conflit probabilité de conflit plus grande entre pairs de la gestion du conflit relationnelle : pas de réelle intégration gestion sociocognitive (épistémique) : intégration les relations symétriques favorisent la gestion épistémique L apprentissage entre pairs représente alors une piste intéressante. à structurer Le travail en groupe et l apprentissage coopératif Le travail en groupe représente les interactions entre apprenants afin d atteindre un but éducatif Les connaissances sont construites de manière active par les apprenants L éducation ou la formation correspond à une transaction entre les apprenants et les enseignants/formateurs, et entre les apprenants Les apprenants peuvent ainsi être utilisés comme des ressources pédagogiques Une définition de l apprentissage coopératif : Un travail d équipe structuré Une situation structurée par le formateur (l enseignant) de manière à assurer un bon fonctionnement de l équipe (niveau social) un travail profond et efficace (niveau cognitif) grâce aux interactions entre les participants. = vers l apprentissage coopératif 1 2 Généralités sur l apprentissage coopératif Bases théoriques Théorie de l interdépendance (Deutsch) Théorie du développement cognitif (Piaget, Vygotsky) Théorie de l apprentissage social (Bandura) Naissance aux EtatsUnis : Recherches applications importantes Développement au Canada (Québec) et en Suisse ( récent) France : travail de groupe encouragé par les textes officiels, mais l apprentissage coopératif est peu développé Les dispositifs d apprentissage coopératif = un ensemble de méthodes dans lesquelles Les étudiants sont encouragés à travailler ensemble sur des tâches scolaires en direction d un but collectif Accent sur les interactions faceàface (petits groupes) Climat de coopération et encouragement de l entraide Résultats des recherches (Johnson & Johnson, 1989) Comparés à des dispositifs compétitifs ou individuels, les dispositifs coopératifs sont bénéfiques Au niveau social et de la motivation prédisposition pour coopérer intérêt pour l'école et la matière estime de soi affinités mutuelles des étudiants normes concernant la réussite scolaire motivation et curiosité épistémique (pour apprendre) attente de réussite Au niveau de l apprentissage (cognitif) acquisition de notions et maintien de ces acquisitions qualité des stratégies de raisonnement créativité transfert positif du travail coopératif au travail Le travail de groupe est structuré 3 4 individuel ultérieur
Les dimensions communes de l apprentissage coopératif (Davidson, 1998) 1. Tous les dispositifs ont recours à une tâche commune ou à une activité d apprentissage réalisable en groupe 2. L apprentissage prend place dans les petits groupes Il ne suffirait cependant pas de faire travailler les personnes en petits groupes pour stimuler l apprentissage 3. Une interdépendance positive (coopération) entre les étudiants 4. Une forte responsabilité individuelle 5. L accent est mis sur les comportements coopératifs et sur les interactions constructives. 5 Regroupement en petits groupes Formation des groupes : conséquences sur les interactions entre les membres conséquences sur l apprentissage traduction de la vision de l enseignant (formateur) Critères : Libre choix Homogène Hétérogène Points communs dans la diversité Aléatoire Au départ, il est important de respecter le besoin d appartenance Attention aux effets des statuts Nombre : Entre 2 et 5. Nombre de participants : richesse mais complexité 6 L interdépendance positive (Deutsch, 1949, 1962) L interdépendance = les liens entre les membres d un groupe. L interdépendance sociale représente une situation dans laquelle les individus partagent un but commun, et le résultat de chacun est affecté par les actions des autres L indépendance le produit des individus est indépendant des actions des autres membres ; chaque individu perçoit qu il peut atteindre son but indépendamment des autres = travail individuel La dépendance sociale le produit d un individu est affecté par les actions d un autre individu, la réciproque n étant pas vraie L interdépendance peut être négative (compétition) L interdépendance positive (2) Interdépendance négative : compétition Les individus travaillent les uns contre les autres pour atteindre un but que seuls l un d entre eux ou quelquesuns peuvent atteindre Les réalisations des buts individuels sont négativement corrélées Chaque individu perçoit que lorsqu une personne atteint son but, tous les autres individus échouent Recherche de résultats bénéfiques pour eux mais préjudiciables pour tous les autres Interdépendance positive : coopération Les individus travaillent ensemble vers un but commun. La réussite du groupe dépend de la réussite de chacun de ses membres Les réalisations des buts individuels sont positivement corrélées Chaque individu perçoit qu il ne peut atteindre son but que si les autres atteignent leur but également Recherche de résultats bénéfiques pour tous ceux avec qui ils sont positivement liés positive (coopération). 7 8
L interdépendance positive (3) Hypothèse : La manière dont l interdépendance est structurée détermine comment les individus agissent les uns avec les autres, ce qui affecte ensuite les résultats issus de cette interaction Sans interdépendance positive, il n y aurait pas d avantage pour les individus à interagir pendant le travail L interdépendance positive favorise les interactions constructives Encouragement et support mutuels Facilitation des efforts de chacun pour atteindre le but du groupe Ces interactions constructives affecteraient alors le résultat du groupe et notamment la qualité de l apprentissage dans le groupe. 9 Interdépendance des résultats des buts (objectifs) Un but/objectif commun : une présentation ensemble, un rapport commun, l assimilation du contenu par tous les membres pour une évaluation ultérieure. La réussite de chacun n est possible que si tous les autres membres de l équipe réussissent. Expliquer clairement l objectif visé et le but de l équipe Centrer les participants sur deux aspects essentiels Apprentissage personnel Apprentissage des autres partenaires Jouer sur la motivation intrinsèque et sur l intérêt Les amener à travailler ensemble dans le but de tous apprendre en s encourageant pour atteindre un objectif commun des récompenses (stimulants) Récompense collective = même reconnaissance ou récompense à chaque membre de l équipe suite à un travail collectif 10 Interdépendance des moyens des ressources (outils de travail) : partage du matériel, des informations ou des ressources des tâches (séquence) : chaque membre est chargé d accomplir une partie distincte de l activité, les actions d un membre doivent être exécutées avant que celles du suivant puissent être réalisées (recherche personnelle, responsabilité différente, présentation de différents arguments) des rôles : les rôles définissent un comportement bien précis qui favorise la réalisation des tâches. Nécessité d enseigner certains rôles = définir avec les participants les responsabilités assignées aux différents rôles Attention à la surcharge de travail. rôles fonctionnels (scolaire) responsable du matériel, du temps, s assurer que tous les partenaires comprennent les éléments échangés, secrétaire, rapporteur rôles sociaux encouragement, tour de parole, Autres types d interdépendance Simulation : les membres travaillent dans des situations hypothétiques qui simulent une expérience Force extérieure : les équipes doivent faire face à des forces extérieures (le temps, les autres équipes, le critère à atteindre) Environnement : les membres sont liés les uns aux autres par l environnement physique Affiliation : les membres de l équipe établissent une identité commune par l intermédiaire d un nom de groupe, d une devise 11 12 observateur de comportements prédéterminés
La responsabilité individuelle Responsabilité envers soimême et envers l équipe : s assurer que chaque participant fait de son mieux pour faire sa part du travail. 2 responsabilités : faire des efforts pour atteindre le but collectif et aider les autres membres à faire de même Effets de la responsabilité individuelle = Augmente l investissement des étudiants Evite que certains étudiants fassent peu d efforts. Relations réciproques entre l interdépendance positive et la responsabilité personnelle 13 Structuration de la responsabilité individuelle Permettre au groupe de mesurer ses progrès dans l atteinte du but de mesurer les efforts de chaque membre Rendre l apprentissage individuel de chaque étudiant visible évaluation des apprentissages individuels le résultat est donné au groupe et à l individu de manière à savoir qui a besoin d aide et d encouragements Quelques pistes : Faire des groupes de petite taille, demander à un membre au hasard d expliquer la position du groupe, observer les contributions de chacun, assigner un rôle de vérificateur de compréhension, donner à chacun une tâche unique ou un rôle spécifique, demander à chacun d enseigner une partie, faire la moyenne des notes individuelles pour l évaluation du groupe 14 Les interactions constructives Support et valorisation des efforts Encouragement dans le groupe (support personnel scolaire) Valorisation des efforts de chacun pour accomplir la tâche = engagement concentration Echanges et discussion. Résumer des informations Enseigner ses connaissances Construction commune des connaissances Explications > réponses terminales > nonréponses Demande de clarification, questionnement Structuration de la controverse (Johnson & Johnson, 1995) 1. Préparation de la position à défendre dans les binômes. Coopération entre les binômes dans la classe 2. Présentation des positions dans le groupe. Présentation de la position 1 pour convaincre / écoute attentive Présentation de la position 2 pour convaincre / écoute attentive Confrontations et déséquilibres. Conflits sociocognitifs et acquisition de notions Construction sociopsychologique des compétences cognitives Controverse intellectuelle (thème opposant différentes positions) 15 16
Structuration de la controverse (2) 3. Critique des positions. Discussion ouverte des positions Tentative pour réfuter les positions alternatives Réfutation des critiques adressées à sa propre position Consignes : se centrer sur la meilleure position (pas sur gagner), critiquer les idées et non les personnes, encourager la participation active de tous, écouter les autres même si avis contraire, donner toutes les idées, demander des clarifications, essayer de comprendre tous les points de vue, ne changer d avis que si on est convaincu. 17 Structuration de la controverse (3) 4. Renversement de perspectives. Défense de la position opposée aussi précisément et complètement que possible pour convaincre 5. Consensus et synthèse raisonnée. Rédaction d un rapport sur le thème présentant une position intégrée et présentation orale 6. Réflexion. Réflexion sur la manière de travailler et sur comment améliorer le fonctionnement du groupe 18 Groupes traditionnels Interdépendance positive non structurée Les individus ne rendent des comptes qu à euxmêmes Groupes homogènes Pas d activité pour le développement de l esprit d équipe Un membre du groupe est désigné responsable de l équipe Habiletés sociales supposées maitrisées L enseignant est en retrait et ne donne pas de critique sur le fonctionnement Groupes coopératifs Interdépendance positive structurée Les individus rendent des compte à euxmêmes et à leur partenaire Groupes hétérogènes Activités pour le favoriser de l esprit d équipe, la confiance, l engagement et la cohésion Partage de la responsabilité de la direction de l équipe Enseignement et analyse des habiletés sociales L enseignant observe le travail, apporte des critiques constructives / fonctionnement, intervient en cas de nécessité 19 Les dimensions supplémentaires Johnson & Johnson : 1) Enseignement des habiletés sociales (tableau en T) 2) Réflexion sur le fonctionnement du groupe et le travail effectué (objectivation, rétroaction, métacognition) Howden & Kopiec : 3) Esprit de classe (valeurs) 4) Esprit d équipe 5) Rôle de l enseignant (ou animateur) Cohen : 6) Importance des statuts et de la participation égale 20
Enseigner les habiletés coopératives (Johnson & Johnson) Habiletés coopératives Importantes pour l efficacité du travail de groupe Pas forcément maîtrisées (même par les adultes) Il est possible d enseigner les habiletés dans un temps raisonnable avec des ressources limitées. 1. Déterminer la tâche que le groupe à accomplir 2. Cibler l habileté coopérative nécessaire (commencer par une seule avant de complexifier) Habileté coopérative ciblée En parole (verbal) À déterminer avec les participants Tableau en T En geste (non verbal) À déterminer avec les participants 21 Quelques habiletés coopératives importantes Respecter les tours de parole Assurer la participation de tous Écoute active Entraide : demander et offrir Encouragement Partager ses idées Poser des questions approfondies Apporter des explications et des justifications Vérifier la compréhension Reformuler Synthétiser Vérifier l existence d un consensus Corriger et suggérer Exprimer un désaccord de manière respectueuse Essayer d envisager d autres perspectives Critiquer les idées et non les personnes Résoudre les conflits constructivement 22 Réflexion, objectivation, rétroaction, métacognition Verbaliser les ressentis Faire réfléchir les participants individuellement et collectivement sur l efficacité des comportements concernant le travail effectué (objectif sur le contenu) le travail en groupe (objectif sur les relations coopératives) niveau 1 = introspection (Evaluation de son travail) Qu estce que vous avez dit pour.. (habileté coopérative)? Qu estce que vous avez fait pour aider les autres et l équipe? Niveau 2 = réflexion critique individuelle sur le fonctionnement de l équipe (Evaluation du travail de l ensemble de l équipe) sans consensus Quel comportement a facilité le travail de l équipe? Quels aspects du travail d équipe pourraient être améliorés? Niveau 3 = La réflexion critique collective. Nécessite un consensus Nommer 3 comportements utiles et un comportement à Esprit de classe : Les valeurs et les besoins (Howden & Kopiec, 2000) Des valeurs transparentes (Respect) entraide engagement ouverture aux autres plaisir égalité droit à l essai et à l erreur solidarité confiance Respecter les besoins appartenance liberté confort pouvoir plaisir 23 24 améliorer
Esprit d équipe : Créer un climat positif (Howden) Proposer des activités visant à établir un climat de coopération à l intérieur des équipes (Howden) Communication entre les participants Connaissance des autres (même sous un point de vue différent) Respect et acceptation Entraide, soutien, confiance S assurer que les membres sont prêts à travailler ensemble Activités de réchauffement avant le travail en groupe Activités axées sur les habiletés de communication et de partage la tâche est longue et complexe et c est nécessaire 25 Le rôle de l enseignant (Howden & Kopiec, 2000; Stevahn et al., 1995) Avant la leçon : Décider de l organisation Déterminer les objectifs scolaires et sociaux Déterminer la taille et la manière de former les groupes Arranger la salle Préparer le matériel Amorcer la leçon Etablir un climat positif dans les équipes Structurer les différentes composante (interdépendance, responsabilité) Expliquer la tâche scolaire Préciser les comportements sociaux désirés Expliquer les critères de succès Pendant la leçon : Suivre le travail de groupe et intervenir Suivre le travail et contrôler les comportements Intervenir (assistance sur le travail scolaire et social) Après la leçon Évaluer le travail scolaire Analyser les habiletés sociales 26 Les différentes utilisations du travail coopératif Equipes informelles Discussion courte avec le voisin ou la voisine Equipes formelles Equipe formée en vue de la réalisation d un travail ou d un projet spécifique Groupe de base Groupe sur le long terme, investissement plus important et plus personnel des partenaires. Ces trois formes sont complémentaires et peuvent être utilisées en alternance. 27