UFR SEGMI Département d Économie Année 206-207 L2 Economie Gestion Introduction à la politique macroéconomique Examen du 4 novembre 206 h30 Tout document est interdit. Calculatrice autorisée. Chaque réponse doit être concise mais justifiée (le résultat numérique seul ne compte pas). Le barème est donné à titre indicatif et est susceptible d être modifié. Questions (8 points) Source : Insee. PRODUIT INTÉRIEUR BRUT PAR PERSONNE EN FRANCE (EURO 200) 3 750.0 3 500.0 3 250.0 3 000.0 30 750.0 30 500.0 30 250.0 30 000.0 29 750.0 29 500.0 29 250.0 29 000.0 2000 200 2002 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 200 20 202 203 204 205 Q. Rappeler les définitions d'écart de production et de récession. (2points) En macroéconomie, on distingue le produit potentiel et le produit effectif. Le produit potentiel est le niveau de PIB réel que l économie produirait si tous les prix, y compris les salaires nominaux, étaient parfaitement flexibles. Le produit potentiel d une économie définit la tendance autour de laquelle le produit agrégé effectif fluctue d une année sur l autre. Toute différence entre le produit effectif et le produit potentiel représente un écart de production qui est formellement exprimé en pourcentage (positif ou négatif) du produit potentiel : Écart de production = Produit effectif Produit potentiel Produit potentiel 00.
Traditionnellement, on déclare une nation en récession lorsqu on observe une contraction du PIB durant deux trimestres consécutifs. Ainsi, on ne qualifiera pas de récession une période de décroissance du PIB plus brève. Le NBER (National Bureau of Economic Research) adopte une définition plus large et parle de récession en cas de «recul significatif de l activité économique touchant tous les secteurs, pendant plusieurs mois, normalement visible au niveau de la production, de l emploi, du revenu réel et d autres indicateurs. Une récession débute lorsque l activité économique atteint un point culminant et se termine lorsqu elle atteint son point le plus bas». Q2. Décrire très brièvement les cycles économiques qui ont marqué les années 2000-205 en France. Peut-on dire que l'économie française soit entrée en dépression pendant cette période? (2points) NB : «Per capita» veut dire «par personne». On observe une période d expansion assez longue de 2000 à 2007, marqué toutefois par un ralentissement de l activité économique de 200 à 2003. Les années 2008 et 2009 marque ensuite une véritable récession puisque le PIB réel par personne se contracte d environ 4% sur cette période. De 2009 à 20, l économie française est à nouveau en expansion mais celle-ci se retrouve vite freinée, si bien que de 20 à 202 on a une nouvelle contraction du PIB réel par personne (bien plus légère qu en 2008-09). L activité économique repart ensuite faiblement à la hausse de 202 à 205. Sur ce graphique, l ordre de grandeur de la plus forte contraction du PIB réel par personne est de 4-5% sur deux ans, avec un retour au niveau de production ante crise en 8 ans. Cet évènement a été appelé Grande Récession mais on ne peut pas le qualifier de dépression car on attend pour un tel évènement des amplitudes de contraction du PIB réel (par personne ou non) de l ordre de 0 à 30% et un retour au niveau de production ante crise en 5 ans environ. Q3. Définir les deux types de politiques économiques utilisées par les autorités publiques pour limiter les écarts de production conjoncturels? (2points) Les deux grandes politiques économiques à la disposition des décideurs politiques pour limiter les écarts de production sont : La politique budgétaire, qui consiste à utiliser certains instruments budgétaires (dépenses publiques, endettement public, prélèvements fiscaux) pour influer sur la conjoncture économique. Jusqu à la crise des années 930, la gestion des finances publiques a eu pour principal objectif d assurer le financement des services publics. L analyse de l économiste britannique John Maynard Keynes a modifié cette conception en soulignant l impact de la politique budgétaire sur le niveau d activité économique d un pays. La politique monétaire, qui est l'ensemble des moyens dont disposent les autorités monétaires (c.à.d. les banques centrales), pour agir sur l'activité économique par l'intermédiaire de l'offre monétaire. L'objectif est, en règle générale, d'assurer la stabilité des prix qui est considérée comme un préalable au développement de l'activité 2
économique, en essayant si possible d'atteindre des objectifs de croissance, de plein emploi et d'équilibre du commerce extérieur. Q4. D après votre connaissance du fonctionnement du marché du travail, expliquer pourquoi l instauration d un salaire minimum peut générer du chômage involontaire (un graphique est attendu ici). (2points) Le salaire est le prix payé par l entreprise pour acheter au travailleur le temps de travail et la qualification qu il est à même d offrir. Sur un marché concurrentiel, il s établit au niveau qui égalise le coût marginal du travail (soit le coût d une unité supplémentaire de travail) et la productivité marginale du travail (soit le bénéfice généré par une unité supplémentaire de travail). À ce niveau, les offreurs de travail décident, selon leur utilité, de travailler au coût proposé ou de ne pas travailler et de jouir ainsi de leur temps pour le loisir. Ils choisissent donc entre l utilité retirée de la consommation via le salaire, et celle retirée du loisir via le temps libre en fonction du niveau de salaire donné par le marché. Les individus qui ne travaillent pas, le font normalement volontairement, car ils préfèrent une unité de loisir à une unité de consommation. S il existe une différence de salaire entre deux firmes (disons A et B, avec w A < w B ), les travailleurs (normalement mobiles) pourront passer de la firme A à B, jusqu à ce que les niveaux de salaires s égalisent. Le salaire minimum établit un prix règlementé pour le travail qui est fixé par les autorités (9.67 en 206). Dans ce contexte, les mécanismes de marché ne sont plus à l origine du prix. Ainsi, lorsqu on fixe le salaire minimum à un niveau plus élevé que ce qu il l aurait été sur un marché non régulé, les entreprises risque logiquement de diminuer la quantité demandée de travail, ce qui peut générer du chômage dit structurel (car lié à la structure du marché du travail). 3
Exercice (2 pts) Soit une économie produisant un bien unique en quantité Y (qui correspond donc au revenu ou PIB) vendu au prix P supposé égal à (c est donc le numéraire). C est la consommation des ménages, dépendant de la propension marginale à consommer c, du revenu disponible, et de la consommation autonome C 0. L investissement privé des entreprises I dépend du taux d intérêt i et de l état de la prévision des entreprises I 0. La dépense publique est représentée par la variable exogène G, alors que la recette publique correspond au produit du revenu macroéconomique et du taux d imposition t. La banque centrale contrôle l offre de monnaie exogène M. La demande de monnaie M d dépend du revenu et du taux d intérêt. L est la quantité de travail employée par les entreprises, alors que L est l offre de travail exogène des ménages, et U représente le chômage involontaire. α, β,, λ, et θ sont des paramètres intervenant dans le système d équations suivantes qui représente un modèle mathématique de l économie : C = c ( t)y + C 0 () I = I 0 αi (2) M d = βy i (3) Y = λ L θ (4) U = L L (5) Q. Après avoir rappelé ce que représentent les droites IS et LM dans le plan (i, Y), donner les équations de ces droites. (3 points) Dans le plan (i, Y), IS est une courbe sur laquelle le marché des biens et services est à l équilibre. Dit autrement, IS est l ensemble des couples (i, Y) tel que le marché des biens et services est à l équilibre, ce qui constitue un équilibre macroéconomique partiel car sur IS on ne sait rien de l équilibre de l autre marché de l économie, celui de la monnaie. Pour trouver IS, il faut stipuler mathématiquement l équilibre sur le marché des biens et services, c est-à-dire, en économie fermée et en supposant que le chômage est keynésien : Y = C + I + G (6) On remplace alors C et I par leurs expressions () et (2), et on cherche à isoler Y : Y = c( t)y + C 0 + I 0 αi + G, Y( c( t)) = G + I 0 + C 0 αi, (7) 4
Y = G + I 0 + C 0 αi ( c( t)). La dernière expression de (7) donne bien l équation de la fonction IS dans le plan (i, Y). De même, dans le plan (i, Y), LM est une courbe sur laquelle le marché de la monnaie est à l équilibre. Dit autrement, LM est l ensemble des couples (i, Y) tel que le marché de la monnaie est à l équilibre, ce qui constitue un équilibre macroéconomique partiel car sur LM on ne sait rien de l équilibre de l autre marché de l économie, celui des biens et services. Pour trouver LM, il faut stipuler mathématiquement l équilibre sur le marché de la monnaie : M = M d (8) On remplace alors M d par son expression (3), et on cherche à isoler i : M = βy i, i = βy M. (9) i = β Y M. La dernière expression de (9) donne bien l équation de la fonction LM dans le plan (Y, i). Q2. Montrer que le revenu d équilibre est égal à : Y = G+I 0+C 0 + αm. ( c( t))+ αβ (3 points). Le seul équilibre général (et non pas partiel) de l économie se trouve à l intersection des courbes (ici des droites) IS et LM où l on peut y déterminer le revenu et le taux d intérêt d équilibre. Pour trouver le revenu d équilibre Y, il suffit d injecter la dernière expression de (9) dans la dernière expression de (7). Soit : Y ( + Y = G + I 0 + C 0 ( c( t)) α ( c( t)) (β Y M ), αβ ( c( t)) ) = G + I 0 + C 0 ( c( t)) + αm ( c( t)), Y ( c( t)) + αβ ( ) = ( c( t)) ( c( t)) (G + I 0 + C 0 + αm ), Y (( c( t)) + αβ ) = (G + I 0 + C 0 + αm ), (0) 5
Y = G + I 0 + C 0 + αm ( c( t)) + αβ. Q3. Donner les solutions analytiques d équilibre du taux d intérêt, du niveau d emploi, et du chômage involontaire. (,5 points) On obtient ensuite le taux d intérêt d équilibre i en injectant la dernière expression de (0) dans (9) : i = β Y M. () Le niveau d emploi d équilibre L s obtient simplement en réarrangeant (4) : L = ( Y λ ) θ (2) On trouve alors facilement le niveau de chômage involontaire d équilibre en combinant (5) et (2) : U = L L (3) On considère maintenant les valeurs suivantes pour les variables exogènes et les paramètres : c = 0, 7 t = 0, 20 C 0 = 200 G = 500 I 0 = 500 α = 000 β = 0, 25 = 2000 L = 500 M = 200 λ = 50 θ = 0, 6 Q4. Calculer la valeur numérique du revenu d équilibre Y = G+I 0+C 0 + αm ( c( t))+ αβ. ( point) En remplaçant les paramètres par leurs valeurs numériques dans la dernière expression de (0), on trouve : 000 200 500 + 500 + 200 + Y = 2000 = 2300,88. (4) 000 0,25 ( 0,7( 0,20)) + 2000 6
Q5. Déterminer le revenu de plein-emploi, c est-à-dire le niveau de production Y pe qui permettrait de supprimer la totalité du chômage involontaire. (,5 points) On cherche le revenu Y pe qui assure le plein-emploi, c est-à-dire U = 0 L = L. Il suffit donc de remplacer L par L dans l équation (4) : Y pe = λ L θ = 50 (500) 0,6 = 6244,5. (5) Q6. Définir en quelques mots les notions de multiplicateurs budgétaire et monétaire, et donner leurs expressions analytiques dans le modèle étudié ici. (2 points) Le multiplicateur budgétaire (ou de la dépense publique) correspond au phénomène selon lequel l augmentation de la dépense publique dans un pays a pour conséquence une augmentation plus que proportionnelle de la production dans ce même pays. Par exemple, un multiplicateur de 2 signifierait qu euro de dépense publique se traduit par une augmentation de 2 euros du PIB. Il a été mis en évidence par John Maynard Keynes, voilà pourquoi on parle souvent de multiplicateur keynésien. A l inverse, ce multiplicateur keynésien explique que des restrictions budgétaires se traduisent par une contraction plus que proportionnelle de la production nationale (le PIB). Mathématiquement, on peut le noter K G et il correspond à la dérivée de Y par rapport à G, soit K G = Y G : K G = Y G = ( c( t)) + αβ =,77. (6) De même le multiplicateur monétaire (du crédit), ou effet multiplicatif du crédit, mesure le supplément de crédit dans l économie résultant d une augmentation de la «monnaie banque centrale». La monnaie banque centrale correspond à la monnaie fiduciaire émise par la banque centrale aux soldes créditeurs des établissements financiers privés auprès de la banque centrale. Mathématiquement, on peut le noter K M et il correspond à la dérivée de Y par rapport à M, soit K M = Y M. K M = Y M = α ( c( t)) + αβ = = 0,88. α ( c( t)) + β (7) Bonus ( point) : Dans le cadre d un plan de relance visant à diminuer le niveau de chômage involontaire, l État ne souhaite augmenter sa dépense publique que d un montant ΔG = 50. Donner la 7
valeur exacte de la variation positive de l offre de monnaie, ΔM, que la banque centrale devrait générer pour permettre de compléter l effort de relance budgétaire et ainsi atteindre le plein emploi. Si on note Y = Y pe Y la variation positive de revenu que l on cherche à obtenir pour atteindre le plein emploi, alors on peut aussi noter que : Y = K G G + K M M. Y = ( c( t)) + αβ G + ( c( t)) α Et en remplaçant tous les paramètres par leurs valeurs numériques, on obtient : + β M. (8) Y =.77 G + 0.88 M. (9) En observant que Y = Y pe Y = 6244,5 2300,88 = 3943,27, on obtient finalement que pour atteindre le plein-emploi, le policy mix devra forcément suivre la relation suivante : M = 3943,27.77 G 0.88 (20) Par exemple, pour atteindre le plein emplois, une augmentation des dépenses publiques (c està-dire une expansion budgétaire) de G = 50, devra nécessairement être accompagné d une augmentation de l offre de monnaie (c est-à-dire une expansion monétaire) M = 3943,27.77 50 =4380,42. 0.88 8