Directives pour le traitement chirurgical de l obésité

Documents pareils
LA CHIRURGIE BARIATRIQUE Aspects techniques

Obésité et psoriasis Données actuelles et questions au spécialiste en nutrition

Chirurgie de l obésité. Ce qu il faut savoir avant de se décider!

REPOUSSER LES LIMITES DE LA CHIRURGIE BARIATRIQUE DANS LES OBESITES MASSIVES AVEC COMORBIDITES

Gastric Bypass, Mini-Gastric Bypass et Sleeve Gastrectomy

Surpoids et obésité de l adulte : prise en charge médicale de premier recours

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

La chirurgie bariatrique est actuellement reconnue comme une procédure

Ordonnance du DFI sur les prestations dans l assurance obligatoire des soins en cas de maladie

da Vinci Pontage gastrique

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

ÉVALUATION DE LA PERSONNE ATTEINTE D HYPERTENSION ARTÉRIELLE

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

Fibrillation atriale chez le sujet âgé

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

Après chirurgie bariatrique, quel type de tissu adipeux est perdu? Dr Emilie Montastier Hôpital Larrey, Toulouse

REMBOURSEMENTS DES MUTUALITES DES PRESTATIONS DU DIETETICIEN

PRINTEMPS MEDICAL DE BOURGOGNE ASSOCIATIONS ANTIAGREGANTS ET ANTICOAGULANTS : INDICATIONS ET CONTRE INDICATIONS

Informations sur la chirurgie de l obésité

INDICATIONS DE L AMYGDALECTOMIE CHEZ L ENFANT

ntred 2007 Résultats de l étude Description des personnes diabétiques

Référentiel Officine

Chirurgie bariatrique : que doit savoir un pharmacien?

Parcours du patient cardiaque

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

epm > nutrition Formation & Conseil

FCC 8. Les perturbations endocriniennes après. chirurgie de l obésité

La prise en charge de votre insuffisance cardiaque

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

LA CHIRURGIE BARIATRIQUE ET LA GROSSESSE

Bonne lecture!! et si vous souhaitez consulter le document de l AFEF dans son intégralité, c est ici

Migraine et Abus de Médicaments

Logiciels d éducation à la Nutrition et à l activité physique

epm > nutrition Formation & Conseil

BILAN projet DIABSAT Diabétologie par Satellite

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Tableau des garanties Contrats collectifs

Thérapeutique anti-vhc et travail maritime. O. Farret HIA Bégin

Prise en charge du patient porteur d un dispositif implantable. Dr Philippe Gilbert Cardiologue CHU pavillon Enfant-Jésus

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

FCC 10. Prise en charge des complications de la. chirurgie de l obésité

PROGRESSEZ EN SPORT ET EN SANTÉ. Mieux vivre avec ma maladie chronique, Me soigner par l activité physique Programmes Santé

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

Informations sur le rivaroxaban (Xarelto md ) et l apixaban (Eliquis md )

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

L Organisation mondiale de la Santé (OMS) définit le surpoids comme un IMC égal ou supérieur à 25 l obésité comme un IMC égal ou supérieur à 30

Controverse UDM télésurveillée Pour. P. Simon Association Nationale de Télémédecine

Carte de soins et d urgence

27 ème JOURNEE SPORT ET MEDECINE Dr Roukos ABI KHALIL Digne Les Bains 23 novembre 2013

Règlement concernant l obtention du «CERTIFICAT SSO DE FORMATION POSTGRADE (CFP SSO) EN IMPLANTOLOGIE ORALE»

IMR PEC-5.51 IM V2 19/05/2015. Date d'admission prévue avec le SRR : Date d'admission réelle : INFORMATIONS ADMINISTRATIVES ET SOCIALES

SOIXANTE-SEPTIÈME ASSEMBLÉE MONDIALE DE LA SANTÉ A67/18 Point 13.5 de l ordre du jour provisoire 21 mars Psoriasis. Rapport du Secrétariat

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

Profil professionnel

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 19 octobre 2011

E04a - Héparines de bas poids moléculaire

Efficacité et risques des médicaments : le rôle du pharmacien

Surpoids et obésité de l adulte : prise en charge médicale de premier recours

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

LE PSORIASIS ET SES CO-MORBIDITES PARTICULIEREMENT LE DIABETE

ORDONNANCE COLLECTIVE

Télémédecine, télésanté, esanté. Pr. François KOHLER

Décret n du 19 octobre

sur la valve mitrale À propos de l insuffisance mitrale et du traitement par implantation de clip

Mutuelle et Santé L OBÉSITÉ DE L ADULTE LA REVUE DE LA MTRL. Quelles solutions chirurgicales?

Programme de prise en charge et de suivi en anticoagulothérapie

Prise en charge de l embolie pulmonaire

Ordonnance collective

Sport et maladies métaboliques (obésité, diabète)

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

Chirurgie assistée par robot et laparoscopie en 3D à l avantage des patients?

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

Définition, finalités et organisation

GUICHET D ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Programme cantonal Diabète une réponse de santé publique au service des patients

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

Point d information Avril Les nouveaux anticoagulants oraux (dabigatran et rivaroxaban) dans la fibrillation auriculaire : ce qu il faut savoir

recommandations pour les médecins de famille

LES SOINS DE SANTÉ POUR LES MIGRANTS SANS PAPIERS EN SUISSE POLITIQUES

Place et conditions de réalisation de la polysomnographie et de la polygraphie respiratoire dans les troubles du sommeil

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Consignes de remplissage - Grille de recueil - Thème DAN2

schémas du by-pass gastrique pour obésité morbide

MALADIES VASCULAIRES CÉRÉBRALES

Score. Studies :) L assurance des étudiants internationaux en Suisse Bienvenue

Conditions générales d assurance (CGA)

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

Loi 41. GUIDE D EXERCICE Les activités réservées aux pharmaciens

ELABORATION DU PLAN DE MONITORING ADAPTE POUR UNE RECHERCHE BIOMEDICALE A PROMOTION INSTITUTIONNELLE

Assurance complémentaire santé OMS

Transcription:

Directives pour le traitement chirurgical de l obésité Swiss Society for the Study of Morbid Obesity and Metabolic Disorders (SMOB) En vigueur dès le: 9.11.2010 (Rev. 13.8.2008, 8.1.2009, 18.6.2009, 24.8.2009, 7.9.2009, 25.8.2010, 5.11.2010) Publiées sur: www.smob.ch

Table des matières 1. Introduction 3 2. Définitions 4 3. Opérations bariatriques 5 3.1. Modes d action 5 3.2. Opérations bariatriques 5 3.3. Choix des techniques opératoires 6 4. Exigences pour la chirurgie bariatrique 7 4.1. Indications 7 4.2. Conditions 7 5. Contre-indications à une opération bariatrique 8 6. Exigences pour la certification des centres de chirurgie bariatrique 9 6.1. Fondements 9 6.2. Classification des centres 9 6.3. Centres primaires 10 6.4. Centres de référence 11 7. Prise en charge des patients 12 7.1. Evaluation 12 7.2. Information des patients 12 7.3. Investigations préopératoires 12 7.4. Hospitalisation 13 7.5. Contrôles post-opératoires 13 8. Assurance-qualité 15

1. Introduction L excès de poids est un des problèmes principaux de santé publique de nos sociétés modernes. Il concerne environ 1.7 milliard de personnes à l échelle mondiale, de sorte que l on peut parler d une véritable épidémie. En Suisse, 37.3% de la population est en surpoids (30.3% en 1992). Les maladies secondaires au surpoids (hypertension, diabète de type 2, hyperlipémie, coronaropathie, accidents vasculaires cérébraux etc.) ont une importance socio-économique majeure, de sorte qu on estime les coûts cumulés entraînés par l obésité en Suisse à 5.7 milliards de CHF par an. Les thérapies conservatrices (régimes, médicaments, thérapies comportementales) ne sont efficaces à long terme que dans moins de 4% des cas. Le traitement chirurgical de l obésité est ainsi la seule mesure efficace à long terme sur les critères de la perte de poids, du contrôle des comorbidités, et de l amélioration de la qualité de vie. De plus, il est maintenant démontré qu une opération couronnée de succès est capable de réduire significativement la mortalité. De nombreux travaux ont démontré que la chirurgie de l obésité est un traitement efficace, sûr, approprié et économiquement sensé. Le "Swiss Study Group for Morbid Obesity" (SMOB) a été mandé par l Office Fédéral de la Santé Publique (OFSP) le 22.1.2008 pour rédiger les présentes directives pour le traitement chirurgical de l obésité, préalables au changement des règles de l OPAS concernant cette chirurgie et datées du 1.1.2000. La rédaction du présent document est basée sur les directives nationales et internationales existantes, basées sur l évidence, dont les références sont citées ci-dessous : Bariatric surgery for morbid obesity: Health implications for patients, health professionals and third-party payers. 2004 ASBS Consensus Conference Statement. Surg Obes Relat Dis 2005, 1: 371-381 Consensus sur le traitement de l'obésité en Suisse II. 2006, www.asemo.ch Interdisciplinary European guidelines for surgery for severe (morbid) obesity. IFSO-EC expert panel. Obes Surg 2007, 17: 260-270 SAGES guidelines committee: SAGES guideline for clinical application of laparoscopic bariatric surgery. Surg Endosc 2008, 22: 2281-2300 AACE/TOS/ASMBS medical guidelines for clinical practice for the perioperative nutritional, metabolic and nonsurgical support of the bariatric surgery patient. Surg Obes Relat Dis 2008, 4: S109-S184 Remarque liminaire: pour des raisons évidentes de simplification et de lisibilité, le genre masculin sera utilisé seul tout au long de ce document. Il est évident que le genre féminin est également sous-entendu partout.

2. Définitions Surpoids/obésité 1 Surpoids : Body-Mass-Index (BMI) 25.0-29.9 kg/m 2 ; obésité de grade I (obésité modérée) : BMI 30.0-34.9 kg/m 2 ; obésité de grade II (obésité sévère) : BMI 35.0-39.9 kg/m 2 ; obésité de grade III (obésité morbide) : BMI 40 kg/m 2. Périmètre abdominal 1 Risque élevé de syndrome métabolique: femmes > 88 cm, hommes >102 cm Thérapie conservatrice adéquate 1,2,3 1. conseils diététiques par un diététicien ou un médecin et/ou 2. thérapie comportementale, y inclus psychothérapie, et/ou 3. régime hypocalorique et/ou 4. programme d exercice physique, y inclus physiothérapie, et/ou 5. traitements médicamenteux 6. une thérapie adéquate peut aussi être suivie sans avoir recours aux prestations de l assurance-maladie, ou sans le soutien d un professionnel qualifié (médecin ou spécialiste de la nutrition ou de l exercice physique) (p.ex. traitement aux frais du patient). Période de 2 ans 2 L exigence d un programme de réduction du poids de deux ans est considéré atteinte quand sa durée totale atteindra 2 ans. Ainsi, des périodes non-consécutives de traitement conservateur pourront être additionnées, pour autant que chacune ait duré au minimum un mois. Infructueuses 1,2 Le traitement conservateur pourra être considéré infructueux après une durée totale minimale de 2 ans quand un BMI inférieur à 40 kg/m 2 (ou inférieur à 35 kg/m 2 en cas de comorbidité) ne pourra être atteint ou maintenu à long terme. 1 Consensus sur le traitement de l obésité en Suisse II, 2006, www.asemo.ch 2 Glättli A: Operative Adipositasbehandlung Neue Fassung der Krankenpflegeleistungsverordnung (KLV). SAeZ 2005, 86: 1450-1451 3 Cette définition n a qu une valeur limitée jusqu à sa confirmation définitive par la "Schweizerische Einigungskonferenz über Prävention und Therapie der Adipositas in allen Lebensaltern", organisée sous le patronage du Forum Obesity Schweiz (FOS).

3. Opérations bariatriques 3.1. Mécanismes d action 3.1.1. Restriction (Procédés qui limitent l ingestion des aliments) Gastroplastie verticale(vertical banded gastroplasty, VBG) Anneau gastrique ajustable (adjustable gastric banding, AGB) Gastrectomie en manchette (gastric sleeve resection) Bypass gastrique proximal (Roux-en-Y gastric bypass, RYGBP; anse alimentaire 150 cm) 3.1.2. Malabsorption (Procédés qui limitent l absorption des aliments) 3.1.2.1. Malabsorption des micronutriments Bypass gastrique proximal (Roux-en-Y gastric bypass, RYGBP; anse alimentaire 150 cm) 3.1.2.2. Malabsorption des macronutriments Diversion bilio-pancréatique (bilio-pancreatic diversion, BPD) Diversion bilio-pancréatique avec duodenal switch (BPD-DS) Bypass gastrique distal (common channel 100 cm) 3.1.3. Mécanismes entéro-humoraux (procédés qui influencent durablement la circulation entéro-humorale en modifiant la sécrétion de peptides gastro-intestinaux) Gastrectomie en manchette (gastric sleeve resection) Bypass gastrique proximal (Roux-en-Y gastric bypass, RYGBP; anse alimentaire 150 cm) Diversion bilio-pancréatique (bilio-pancreatic diversion, BPD) Diversion bilio-pancréatique avec duodenal switch (BPD-DS) Bypass gastrique distal (common channel 100 cm) 3.2. Opérations bariatriques 3.2.1 Interventions standard Gastroplastie verticale (vertical banded gastroplasty, VBG) Anneau gastrique ajustable (adjustable gastric banding, AGB) Bypass gastrique proximal (Roux-en-Y gastric bypass, RYGBP; anse alimentaire 150 cm)

3.2.2. Interventions complexes Diversion bilio-pancréatique (bilio-pancreatic diversion, BPD) Diversion bilio-pancréatique avec duodenal switch (BPD-DS) Gastrectomie en manchette (gastric sleeve resection) Interventions en 2 temps (première intervention gastrectomie en manchette suivie de BPD ou bypass gastrique proximal Bypass gastrique distal (common channel 100 cm) 3.2.3. Réinterventions (révisions) 3.3. Choix de la technique opératoire A l heure actuelle, trop peu de données basées sur l évidence sont disponibles pour décider formellement quel procédé est adéquat pour chaque patient particulier. Dès lors, le choix définitif du procédé incombera au chirurgien, après consultation de son équipe multi-disciplinaire. Les facteurs qui peuvent influencer cette décision sont : le BMI, l âge, le genre, la répartition de la masse graisseuse, la présence d un diabète, d une dyslipidémie, d un Binge eating disorder, d une hernie hiatale, d une maladie de reflux, d une immaturité psycho-affective, et/ou les attentes ou préférences du patient. Les procédés décrits ci-dessus comme complexes, de même que les réinterventions (révisions) ne peuvent être réalisés que dans les centres de référence. Quand il est techniquement raisonnable, l abord laparoscopique sera privilégié.

4. Conditions pour une intervention bariatrique 4.1. Indications 1,2,3,4 Body-Mass-Index (BMI) 35 kg/m 2. Une thérapie adéquate de 2 ans est restée inefficace (pour les définitions des termes de 2 ans, adéquate et inefficace, voir Point 2. Définitions). Pour les patients avec un BMI de 50 kg/m 2, une durée d une année est suffisante. 4.2. Conditions L intervention est réalisée dans un centre certifié de chirurgie bariatrique, qui dispose d une équipe multidisciplinaire suffisamment expérimentée (chirurgien entraîné, spécialiste en médecine interne/endocrinologie, psychiatre, diététicienne spécialisée) et applique un processus de prise en charge standardisé concernant l évaluation préopératoire et le traitement, incluant une démarche-qualité. La chirurgie bariatrique ne doit pas être considérée comme un traitement de première ligne. Pour les enfants et les adolescents, les indications doivent être très réservées, et posées en concertation avec soit un pédiatre soit un spécialiste de la médecine des adolescents. Ils ne seront opérés que dans un centre de référence. Pour les patients âgés de 65 ans ou plus, les risques opératoires seront balancés avec l espérance de vie attendue en raison des comorbidités. Ils ne seront opérés que dans un centre de référence. Obligation des patients d accepter des contrôles réguliers pour une période minimale de 5 ans après l intervention (engagement écrit exigé). 1 Consensus sur le traitement de l obésité en Suisse II, 2006, www.asemo.ch 2 Interdisciplinary European guidelines for surgery for severe (morbid) obesity. IFSO-EC expert panel. Obes Surg 2007, 17: 260-270 3 SAGES guidelines committee: SAGES guideline for clinical application of laparoscopic bariatric surgery. Surg Endosc 2008, 22: 2281-2300 4 AACE/TOS/ASMBS medical guidelines for clinical practice for the perioperative nutritional, metabolic and nonsurgical support of the bariatric surgery patient. Surg Obes Relat Dis 2008, 4: S109-S184

5. Contre-indications à une intervention bariatrique Absence d une thérapie adéquate de réduction pondérale de 2 ans (respectivement d un an en cas de BMI 50 kg/m 2 ) Insuffisante rénale sévère (créatinine 300 mol/l) sans dialyse Maladie coronarienne (angor instable ; infarctus récent, c est à dire < 3 mois) ; décision dans ces cas seulement après avis cardiologique et/ou anesthésiologique Cirrhose Child B/C Maladie de Crohn, ces patients ne peuvent être admis qu après accord du gastroentérologue traitant Embolie pulmonaire dans les 6 derniers mois Patients atteints de cancers non contrôlés ou en rémission depuis moins de 2 ans après le traitement ; ils ne peuvent être admis qu après accord de l oncologue-traitant Troubles psychiques sérieux, non secondaires à l obésité, troubles psychiatriques nécessitant un traitement qui ont conduit à une décompensation au cours des deux dernières années Abus chronique de substance Compliance insuffisante (rendez-vous oubliés de manière répétée, incapacité à coopérer), absence de capacité de discernement, incapacité à saisir les enjeux du traitement Incapacité estimée par le spécialiste à intégrer les contraintes et conditions du suivi postopératoire (consultations, contrôles biologiques, substitutions)

6. Exigences pour la certification des centres de chirurgie bariatrique Conformément à la révision de l ordonnance d application de la LAMAL, annexe 1, chiffre 1.1 "Traitement chirurgical de l Obésité", le Département Fédéral de l Intérieur exige que les interventions chirurgicales pour obésité soient réalisées dès le 1.1.2011 uniquement dans des centres de chirurgie de l obésité qualifiés, en conformité avec les directives du SMOB. 6.1. Principes Puisqu il n existe pas pour la chirurgie bariatrique d algorithme de traitement universellement reconnu, les présentes directives serviront uniquement aux centres responsables de canevas pour l établissement de leur propres plans thérapeutiques (voir aussi chapitre 7, directives pour la prise en charge des patients). Les centres qualifiés seront munis d une équipe multidisciplinaire qui ne sera pas seulement responsable de la réalisation des interventions bariatriques, mais aussi de l indication à l intervention, de la préparation et du suivi à long terme des patients (paramètres métaboliques, dépistage et compensation des carences, suivi psychologique et diagnostic radiologique). Composition minimale de l équipe multidisciplinaire : chirurgien compétent en chirurgie bariatrique, spécialiste en médecine interne/endocrinologie, psychiatre, diététicienne spécialisée. Les spécialistes associés suivants sont souhaitables : anesthésiste, gastroentérologue, chirurgien plastique, radiologue, physiothérapeute, assistant social. Le personnel nécessaire à tous les aspects de chirurgie bariatrique doit être accessible toute l année. Service d urgence disponible 24h / 24.. Obligation de respect d une procédure unitaire de prise en charge (management du patient). Obligation d une documentation prospective des cas à l aide des questionnaires en ligne de l AQC (voir point 8). Taux documenté de suivi par les membres de l équipe multidisciplinaire de 75% à 5 ans 6.2. Classement des centres de chirurgie bariatrique Deux niveaux de centres de chirurgie bariatriques seront différenciés selon les critères différentiels ci-dessous (centres de chirurgie bariatrique primaires et centres de chirurgie bariatrique de référence).

Les requêtes pour obtenir la qualification en tant que centre de chirurgie bariatrique primaires ou de référence, qu elles proviennent de centres déjà actifs dans le domaine ou de nouveaux centres, seront adressées au comité du SMOB. La révision des requêtes et des différents critères de qualification des centres sont à la charge de ceux-ci et sont, sur mandat de l OFSP, conduits par le comité du SMOB. Une liste des centres certifiés par le SMOB pour le traitement chirurgical de l obésité parce qu ils remplissent les conditions décrites ci-dessous sera publiée par l OFSP (BAG) sur son site Web (Registre de la Chirurgie Bariatrique), Cette liste sera valable dès le 1.1.2011, et sera régulièrement actualisée. Une période transitoire de deux ans est prévue jusqu à l entrés en vigueur intégrale des conditions ci-dessous. 6.3. Centres de chirurgie bariatrique primaires Les critères du point 6.1 sont remplis. Interventions admises : uniquement les interventions standard comme définies au Point 3.2.1.: gastroplastie verticale (vertical banded gastroplasty, VBG), anneau gastrique ajustable (adjustable gastric banding, AGB), bypass gastrique proximal (Roux-en-Y gastric bypass, RYGBP; anse alimentaire 150 cm) Interventions uniquement chez des patients avec BMI < 50 kg/m 2 Pas d intervention chez les enfants/adolescents (< 18 ans) Pas d intervention chez les patients > 65 ans. Pas d intervention de révision. Le responsable du programme de chirurgie bariatrique doit pouvoir faire état de deux ans d expérience au minimum dans cette chirurgie. Il peut faire état d une statistique personnelle minimale de 50 interventions bariatriques. Recrutement minimal annuel : 25 interventions [Dans la période de transition du 1.1.2011 au 31.12.2012, 12 interventions seront jugées suffisantes (1 chirurgien)] Une collaboration avec un centre de chirurgie bariatrique de référence pour la réalisation d interventions supplémentaires dans le cadre d un réseau est souhaitable.

6.4. Centres de chirurgie bariatrique de référence Les critères du point 6.1 sont remplis. Interventions admises : toutes les interventions citées au Point 3.2.1. Réalisation d interventions à risque (BMI 50 kg/m 2 ) Réalisation d interventions spéciales (révisions) Réalisation d interventions chez les enfants/adolescents (< 18 ans) Réalisation d interventions chez les patients > 65 ans. Le responsable du programme de chirurgie bariatrique doit pouvoir faire état de 5 ans d expérience au minimum dans cette chirurgie. Il peut faire état d une statistique personnelle minimale de 200 interventions bariatriques. Recrutement minimal annuel : 50 interventions [Dans la période de transition du 1.1.2011 au 31.12.2012, 20 interventions (1 chirurgien) ou respectivement 30 (2 chirurgiens) seront jugées suffisantes] Une collaboration avec un ou plusieurs centres de chirurgie bariatrique primaires dans le cadre d un réseau est souhaitable.

7. Prise en charge des patients 7.1. Evaluation L indication à l intervention chirurgicale sera posée après une évaluation multidisciplinaire standardisée (investigations préopératoires, indications/contreindications selon les points 4.1 et 5 ci-dessus). L équipe multidisciplinaire comprend au minimum les différents spécialistes mentionnés au point 4.2. 7. Information des patients Remise au patient d une documentation écrite décrivant l intervention chirurgicale elle-même, ses complications possibles, les changements qu elle provoque dans les habitudes alimentaires et l organisation du suivi postopératoire. Consentement écrit du patient à l intervention, après qu il ait été dûment éclairé sur ses avantages/inconvénients, ses risques et ses conséquences à long terme. Obligation d un délai de réflexion minimal de 3 mois entre la première consultation et l intervention. Engagement écrit du patient à des contrôles postopératoires réguliers pour une période minimale de 5 ans. 7.3. Investigations préopératoires 1. Systématiques Investigations de routine comme avant toute intervention abdominale importante (anamnèse, status, laboratoire de routine, RX thorax, ECG) Evaluation de l état actuel de santé générale et nutritionnelle (comorbidités) Consultation diététique : habitudes alimentaires, troubles du comportement alimentaires, information sur les changements attendus en postopératoire. Consultation psychiatrique Oeso-gastro-duodénoscopie avec recherche de l Helicobacter pylori Optimisation du traitement des maladies associées pour réduire le risque opératoire. 2. Optionnelles Risque anesthésique : test d effort, fonctions pulmonaires, oxymétrie nocturne. 3. Facultatives Echocardiographie Investigations du sommeil (syndrome d apnée nocturne et syndrome d hypoventilation alvéolaire liée à l obésité).

Evaluation de la composition corporelle (impédance-métrie, DEXA), ostéodensitométrie (DEXA), balance énergétique (calorimétrie indirecte, SenseWear Armband) Investigations complexes de laboratoire (leptine, ghreline, GLP-1, PYY, GIP, etc.) 7.4. Hospitalisation Mobilisation précoce, physiothérapie Conseils diététiques : structuration de l alimentation, changements attendus à long terme. Prophylaxie thromboembolique, substitutions vitaminiques Premiers rendez-vous de suivi. 7.5. Suivi à long terme Engagement écrit du patient à des contrôles postopératoires réguliers pour une période minimale de 5 ans. Prévention des carences aussi bien dans la phase de perte de poids rapide que dans la phase de stabilisation (vitamines, protéines, calcium, fer, zinc) Adaptations du traitement des comorbidités en fonction de la perte de poids (hypertension, diabète) Prescription de préparations multivitaminées (incluant minéraux et oligo-éléments) à long terme après anneau gastrique ajustable ou bypass gastrique proximal, à vie après interventions malabsorptives. Contrôles de laboratoire réguliers (annuels), comprenant notamment : formule sanguine, coagulation (INR), chimie (électrolytes, tests hépatiques, fonction rénale, albumine, HbA1c, fer, ferritine, lipidogramme, hormones (TSH, PTH), status vitaminique) 7.5.1. Interventions restrictives : Réglages de l anneau par un membre de l équipe du centre en fonction de la perte de poids, de l adaptation du patient à la restriction et du type d anneau utilisé. Anneau gastrique, gastroplastie verticale et sleeve gastrectomy : contrôles après 1, 3, 6, 9 et 12 mois, puis ensuite annuels 7.5.2. Bypass gastrique proximal : Contrôles après 1, 3, 6, (9),12, 18 et 24 mois, puis ensuite annuels 7.5.3. Interventions malabsorptives Diversions biliopancréatiques avec ou sans switch duodénal et bypass gastrique distal : contrôles après 1, 3, 6, 9, 12, 18 et 24 mois, puis ensuite tous les 6 mois

8. Assurance-qualité L assurance-qualité est la responsabilité des centres de chirurgie bariatrique prestataires Les centres de chirurgie bariatrique prestataires doivent réaliser la préparation des patients, le traitement et le suivi en suivant les lignes de conduite du SMOB telles qu elles sont définies dans le présent document. Les centres de chirurgie bariatrique prestataires remplissent les exigences de certification du point 6. Les centres de chirurgie bariatrique prestataires sont responsables de saisir, gérer et transmettre prospectivement les données de leurs patients à l aide des masques de saisie de l AQC (Arbeitsgemeinschaft für Qualitätssicherung in der Chirurgie). Les équipes se donneront les moyens d assurer un suivi sans lacunes en créant les structures nécessaires. Un taux de suivi par l équipe multidisciplinaire supérieur à 75% à 5 ans est attendu.