TREANDA MC Lymphome non hodgkinien indolent

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Transcription:

TREANDA MC Lymphome non hodgkinien indolent JUIN 2013 Marque de commerce : Treanda Dénomination commune : Bendamustine (chlorhydrate de) Fabricant : Lundbeck Forme : Poudre pour perfusion intraveineuse Teneurs : 25 mg et 100 mg Avis de refus Valeur thérapeutique Un processus formel de collaboration a été instauré entre le Comité scientifique de l'évaluation des médicaments aux fins d inscription (CSEMI) de l'institut national d'excellence en santé et en services sociaux (INESSS) et le Comité de l'évolution des pratiques en oncologie (CEPO) de la Direction québécoise de cancérologie du ministère de la Santé et des Services sociaux pour l évaluation des médicaments anticancéreux. Ce processus prévoit d'abord le recours à une approche consensuelle entre les deux comités pour l'appréciation de la valeur thérapeutique du produit. Quant aux autres critères inscrits à la loi, les membres du CEPO sont consultés notamment sur certaines hypothèses cliniques nécessaires à l'analyse pharmacoéconomique en vue d'une recommandation par le CSEMI. En définitive, il revient à l INESSS de faire la recommandation au ministre relativement à l inscription des médicaments aux listes de médicaments selon l ensemble des critères prévus à la loi. DESCRIPTION DU MÉDICAMENT La bendamustine (Treanda MC ) est un agent alkylant qui a une activité antinéoplasique. Administrée en monothérapie, elle est indiquée notamment «pour le traitement d un lymphome non hodgkinien (LNH) à cellules B indolent récidivant n ayant pas répondu à un traitement à base de rituximab ou ayant progressé durant le traitement à base de rituximab ou peu de temps après». Il n existe pas de thérapie standard reconnue pour le traitement d un LNH à cellules B indolent réfractaire au rituximab. Actuellement, diverses chimiothérapies sont utilisées telles que les protocoles CVP (cyclophosphamide, vincristine et prednisone) et CHOP (cyclophosphamide, doxorubicine, vincristine et prednisone) ainsi que la fludarabine (Fludara MC et version générique) administrée en monothérapie ou en association avec le cyclophosphamide. La radioimmunothérapie avec l association ibritumomab tiuxetan (Zevalin MC ) et rituximab (Rituxan MC ) constitue également une option de traitement, mais elle est peu utilisée. Il s agit de la première évaluation de la bendamustine par l INESSS pour cette indication. VALEUR THÉRAPEUTIQUE Parmi les publications analysées, les études de Kahl (2010) et de Friedberg (2008) sont celles retenues pour l évaluation de la valeur thérapeutique. L étude de Rummel (2013) et un abrégé de publication du même auteur (2010) n ont pas été retenus, car l usage de la bendamustine en association avec le rituximab n a pas été approuvé par Santé Canada, que ce soit en première intention ou en deuxième intention (récidivant) de traitement d un LNH à cellules B indolent. Il s agit toutefois de données qui soulignent la tendance vers cette nouvelle approche thérapeutique. 1

L étude de Kahl est un essai à devis ouvert, multicentrique et non comparatif, qui a pour but d évaluer l efficacité et l innocuité de la bendamustine, administrée en monothérapie, chez 100 adultes atteints d un LNH à cellules B indolent réfractaire au rituximab. La définition d une maladie réfractaire au rituximab était la suivante : absence de réponse tumorale objective ou progression documentée de la maladie dans les six mois suivant un traitement avec le rituximab administré en monothérapie, en association avec une chimiothérapie ou en traitement d entretien. En plus d un traitement antérieur avec le rituximab, les patients devaient avoir reçu de une à trois chimiothérapies. Ils présentaient un indice fonctionnel selon l échelle de l Organisation mondiale de la Santé (OMS) de 2 ou moins, au moins une lésion de 2 cm ou plus et pouvaient avoir reçu une greffe autologue de cellules souches par le passé. La bendamustine était administrée par perfusion intraveineuse à raison de 120 mg/m 2 aux jours 1 et 2 de chaque cycle de 21 jours, pendant 6 à 8 cycles. Les patients étaient retirés de l étude à la progression de la maladie. En présence d effets hématologiques de grade 4 ou non hématologiques de grade 3 ou 4, l administration de la bendamustine pouvait être interrompue temporairement ou la dose pouvait être ajustée selon un algorithme prédéterminé. L usage de filgrastim ou de pegfilgrastim a été permis en présence de neutropénies de grade 4, selon certaines conditions. Les objectifs principaux étaient d évaluer le taux de réponse tumorale objective et la durée de la réponse au traitement. Les réponses ont été évaluées par les investigateurs et par un comité indépendant. Les analyses d efficacité et de toxicité ont inclus tous les patients ayant reçu au moins une dose de traitement. Les principaux résultats obtenus sont présentés au tableau suivant. 2

Principaux résultats de l étude de Kahl (2010) Paramètre d évaluation de l efficacité a Bendamustine (n = 100) Intervalles de confiance à 95 % Réponse tumorale objective b 75 % 65 % à 83 % Réponse complète c 14 % n.d. Réponse complète non confirmée c 3 % n.d. Réponse partielle c 58 % n.d. Durée médiane de la réponse 9,2 mois 7,1 mois à 10,8 mois Survie médiane sans progression d 9,3 mois 8,1 mois à 11,9 mois Paramètre d évaluation de l innocuité c Arrêt de traitement lié à des effets indésirables 27 % n.d. Réduction de dose liée à des effets indésirables 24 % n.d. Neutropénie (grades 3 et 4) (usage de filgrastim ou de pegfilgrastim) 61 % 38 % Thrombocytopénie (grades 3 et 4) 25 % n.d. Infections (tous grades) 69 % n.d. a Résultat d évaluation par le comité indépendant b Pourcentage de patients ayant une réponse complète, une réponse complète non confirmée ou une réponse partielle déterminée selon les critères d évaluation de l International Working Group Response for malignant lymphoma c Pourcentage de patients d Après un suivi médian de 11,8 mois n.d. Non disponible Cette étude, de faible niveau de preuve, présente certaines limites méthodologiques, dont un devis sans insu et l absence de traitement comparateur. Cependant, les réponses au traitement ont été confirmées par un comité indépendant selon des critères d évaluation reconnus. L absence de comparaison pourrait se justifier par le fait qu il n existe pas de traitement standard reconnu chez les patients atteints d un LNH à cellules B indolent réfractaire au rituximab. Toutefois, une étude à répartition aléatoire comparant la bendamustine aux meilleurs soins de soutien ou à un traitement au choix de l investigateur est réalisable. Les caractéristiques de base des patients sont détaillées : 76 % ont une maladie avancée (stade III ou IV) et 62 % présentent un lymphome folliculaire. Les sujets diffèrent quant au nombre de chimiothérapies reçues antérieurement (0 à 6, médiane = 2). Les thérapies administrées correspondent à celles qui sont utilisées au Québec; la majorité des patients avaient reçu une chimiothérapie à base d analogues des purines (44 %), de CVP (38 %) ou de CHOP (37 %), avec ou sans rituximab. Par contre, de l avis d experts, les patients qui présentent une lésion de 2 cm, sans symptômes, ne seraient pas nécessairement traités en pratique. De plus, en ce qui a trait à la définition d une maladie réfractaire au rituximab, il n existe pas de critères cliniques n.d. 3

prédéfinis et reconnus au Québec. La décision d amorcer à nouveau un traitement avec le rituximab reste à la discrétion de chaque clinicien. Ainsi, certains critères d inclusion et d exclusion peu restrictifs de cette étude entachent la validité externe des résultats. Quant aux objectifs principaux, ils sont jugés adéquats, bien que le délai médian avant l administration du prochain traitement aurait aussi été un objectif d évaluation pertinent. Les résultats démontrent que la bendamustine, administrée en monothérapie, entraîne une réponse tumorale objective chez 75 % des patients : 58 % d entre eux ont obtenu une réponse partielle. De plus, cette réponse est durable. L effet observé est jugé cliniquement significatif compte tenu que les patients présentaient une maladie réfractaire au rituximab et que la majorité avaient reçu deux chimiothérapies antérieures ou plus. Les résultats d analyses de sous-groupes montrent que la réponse tumorale est semblable peu importe l histologie de la maladie. En ce qui concerne la survie médiane sans progression de 9,3 mois, objectif secondaire d évaluation, elle est jugée d ampleur importante. Cependant, aucune donnée de survie médiane globale n est disponible et la corrélation entre la survie sans progression et la survie globale n est pas établie pour le LNH à cellules B indolent. De plus, des données provenant d une étude comparative à répartition aléatoire auraient été souhaitables. D ailleurs, une étude comparant la bendamustine à divers traitements au choix des investigateurs est en cours de recrutement. Quant à l innocuité, les principaux effets indésirables rapportés avec la bendamustine sont les troubles hématologiques et gastro-intestinaux (nausées, diarrhée, vomissements) ainsi que les infections. Les effets indésirables de grade 3 ou 4 les plus fréquents sont la neutropénie (61 %), la thrombocytopénie (25 %), les infections (21 %), la fatigue (14 %) et l anémie (10 %). La prise en charge de ces effets indésirables, notamment par une interruption temporaire du traitement ou une réduction de dose, permet d en réduire la gravité et la fréquence. En ce qui a trait à la qualité de vie, aucune donnée n est rapportée. L étude de Friedberg est un essai à devis ouvert, multicentrique et non comparatif, visant à évaluer l efficacité et l innocuité de la bendamustine, administrée en monothérapie, chez 76 adultes atteints d un LNH à cellules B indolent (n = 61) ou transformé (n = 15), réfractaire ou intolérant au rituximab. Le devis de cet essai est semblable à celui de l étude précédente. Les patients ne devaient pas avoir reçu plus de trois chimiothérapies antérieures, incluant une greffe autologue de cellules souches. L indice fonctionnel de ceux-ci, selon l échelle de l OMS, devait être de 2 ou moins. La bendamustine était administrée par perfusion intraveineuse à raison de 120 mg/m 2 aux jours 1 et 2 de chaque cycle de 21 jours, pour un maximum de 12 cycles. L objectif principal était d évaluer le taux de réponse tumorale objective. Les principaux résultats sont les suivants : Une réponse tumorale objective a été observée chez 77 % des sujets (15 % de réponse complète, 19 % de réponse complète non confirmée et 43 % de réponse partielle). La durée médiane de la réponse a été de 9 mois (IC95 % : 5,8 mois à 16,7 mois) chez les patients atteints d un LNH à cellules B indolent. La survie médiane sans progression a été de 8,3 mois (IC95 % : 6,6 mois à 10,9 mois) chez les patients atteints d un LNH à cellules B indolent, après un suivi médian de 26 mois. Une réduction de dose a été requise chez 25 % des patients à cause des effets indésirables. Les principaux effets indésirables de grades 3 et 4 rapportés sont la neutropénie (54 %), la thrombocytopénie (25 %) et l anémie (12 %). 4

Cet essai est de faible niveau de preuve, car il est non comparatif. Par rapport à l étude de Kahl, le nombre de patients est moindre et les caractéristiques de la population étudiée diffèrent. En effet, la majorité des patients inclus ont reçu le rituximab en monothérapie antérieurement (76 %) comparativement à ceux de l étude précédente (1 %). Néanmoins, les données d efficacité et d innocuité concordent avec celles de l étude de Kahl. En conclusion, les résultats observés quant à la réponse tumorale objective, à la durée de la réponse et à la survie médiane sans progression sont jugés d ampleur cliniquement significative. Cependant, aucune donnée de survie globale ni de qualité de vie n est disponible. De plus, les données proviennent de deux études non comparatives, de faible niveau de preuve et qui présentent des limites méthodologiques importantes. Une étude comparative à répartition aléatoire aurait permis de mieux apprécier et quantifier les bénéfices de la bendamustine administrée en monothérapie. En conséquence, pour l ensemble de ces considérations, les membres du CSEMI-CEPO sont majoritairement d avis que la bendamustine en monothérapie ne satisfait pas au critère de la valeur thérapeutique pour le traitement des patients atteints d un LNH à cellules B indolent réfractaire au rituximab. RECOMMANDATION En conséquence, l INESSS recommande au ministre de ne pas inscrire Treanda MC sur la Liste de médicaments Établissements pour le traitement d un LNH à cellules B indolent réfractaire au rituximab, car il ne satisfait pas au critère de la valeur thérapeutique. PRINCIPALES RÉFÉRENCES UTILISÉES - Friedberg JW, Cohen P, Chen L, et coll. Bendamustine in patients with rituximab-refractory indolent and transformed non-hodgkin s lymphoma : results from a phase II multicenter, single-agent study. J Clin Oncol 2008;26:204-10. - Kahl BS, Bartlett NL, Leonard JP, et coll. Bendamustine is effective therapy in patients with rituximab-refractory, indolent B-cell non-hodgkin lymphoma: results from a Multicenter Study. Cancer 2010;116 (1):106-14. - Rummel MJ, Kaiser U, Balser C, et coll. Bendamustine Plus Rituximab Versus Fludarabine Plus Rituximab In Patients with Relapsed Follicular, Indolent and Mantle Cell Lymphomas Final Results of the Randomized Phase III Study NHL 2 2003 on Behalf of the StiL (Study Group Indolent Lymphomas, Germany). ASH Annual Meeting Abstracts 2010: Abstract 856. - Rummel MJ, Niederle N, Maschmeyer G, et coll. Bendamustine plus rituximab versus CHOP plus rituximab as first-line treatment for patients with indolent and mantle-cell lymphomas: an open-label, multicentre, randomised, phase 3 non-inferiority trial. Lancet [En ligne. Page publiée le 20 février 2013] DOI: 10.1016/S0140-6736(12)61763-2. Note : D autres références, publiées ou non publiées, ont été consultées. 5