Dr S Joron, Pharmacien hospitalier, CH Calais 4 ème séminaire Franco-Ivoirien sur l HTA 2 èmes Journées de L hypertension artérielle à Bouaké, du 24 au 26 Novembre 2016
L hypertension artérielle est un problème de santé publique majeur : première maladie chronique au monde, dont les conséquences peuvent êtres dramatiques pour les populations non prises en charges correctement : responsable de 7 millions de morts/an. La maladie étant chronique et non perçue très longtemps par le patient, la lutte contre ce fléau passe non seulement par un dépistage précoce et précis des patients, mais aussi et surtout par une prise de conscience de l intérêt d une prise en charge => améliorer la durée et la qualité de vie, en évitant les complications : accident vasculaire cérébral, insuffisance cardiaque ou rénale, anévrisme, coronaropathie, artériopathie des membres inférieurs.
Les recommandations actuelles reposent donc sur : Un dépistage précoce par mesures répétées de la pression artérielle, dans des conditions standardisées et si possible en dehors d une consultation. Des règles hygièno-diététiques : contrôle du poids, activité physique régulière, consommation modérée d alcool, de graisses, de sel, supprimer le tabac, consommer des fruits et légumes. Une prise en charge médicamenteuse à la recherche d une PA systolique < 140 mmhg (et diastolique < 90 mmhg), atteinte en moins de 6 mois, par escalade pharmacologique raisonnée, associant 1 à 3 produits, (choisis parmi les 5 grandes classes), prescrits et adaptés individuellement à chaque patient au cas par cas.
Pour qu un patient, ne se plaignant de rien, accepte de prendre un traitement à vie => il faut au minimum : Lui faire prendre conscience de l utilité du traitement : développer les consultations d annonce, l éducation thérapeutique, expliquer les EI, leur détection et CAT s ils sont présents. Lui en faciliter la surveillance : développer l automesure, la détection rapide des complications, pour espacer les visites. Lui faciliter l observance journalière : 1 seul comprimé, facile à avaler, sans inconfort
Les diurétiques : Thiazidiques et apparentés : Hypokaliémie (fréquente en monothérapie) : crampes, trouble du rythme cardiaque Déshydratation, hyponatrémie Hyper-uricémie, dyslipidémie (fortes doses) Intolérance au glucose et insulinorésistance Allergie + Hypocalcémie avec les Diurétique de l Anse (Furosémide) Antialdostérone et apparenté : Hyperkaliémie surtout en association Gynécomastie (10%) Aménorrhée
Les IEC (Inhibiteurs de l enzyme de conversion), et les ARA II (antagonistes des récepteurs de l angiotensine 2) : ne perturbent pas le bilan lipidique, sont néphroprotecteurs et améliorent la sensibilité à l insuline. Hypotension artérielle initiale sévère si déplétion sodée importante ou sténose artérielle rénale : Hypotension et insuffisance rénale fonctionnelle Troubles du gout, troubles digestifs dans les 1ères semaines du traitement Éruptions cutanées voir photosensibilisation ou angio-œdème Tendance à l hyperkaliémie par inhibition de l Aldostérone. + Toux sèche ou gène pharyngée : IEC uniquement, fréquent (10% des cas et dû à surcharge en bradykinine) : effet classe mais dose et produit/patient dépendant
Les ICA (Inhibiteurs calciques) : ne perturbent pas les métabolismes ionique, glucidique, lipidique Vasodilatation directe et intense, surtout en début de traitement => bouffées vasomotrices, céphalée, palpitations si tachycardie initiale. Œdème des membres inférieurs : mécanisme mal connu, moins avec les lipophiles. Rashs cutanés + Diltiazem et Vérapamil :Troubles du rythme, Bradycardie sévère
Les Bétabloquants : Bradycardies Asthénie, Dysfonction érectile (si non cardiosélectif surtout?), Bronchospasme (CI Asthme) Si lipophile => insomnies, cauchemars Aggravation de l insulino-résistance, hyperlipidémiant Syndrome de Raynaud, aggravation du Psoriasis Risque de récidive d angor chez le coronarien si arrêt brutal LES AUTRES TRAITEMENTS : Les Alfa bloquants : céphalées et tachycardie réflexe au début du traitement Les Antihypertenseurs centraux : Sédation, Dépression, Bradycardie, Hypotension orthostatique (dose dépendante), Sécheresse buccale, constipation, Impuissance (Clonidine), Effet rebond si arrêt brutal Les vasodilatateurs périphériques : Céphalée, rétention hydrosodée, tachycardie, diabétogène (diazoxide), hypertrichose (minoxidil)
Préférer en 1 ère intension : Chez l HTA : ARA2 ou IEC puis ICa puis b- ou diurétique. Chez le diabétique type 1 dès micro-albuminurie seule ou HTA et protéinurie => IEC ou ARA2. Chez le sujet âgé ou IRénal : se méfier des hypotensions orthostatiques par déplétion sodée brutale si Ica Chez le diabétique type 2 : ARA2 plutôt qu IEC Chez la femme enceinte : l alpha méthyl dopa (Aldomet) Si objectifs non atteints association à un diurétique le plus souvent (synergie) : éviter b- + diurétique chez le diabétique, éviter les modes d actions identiques (ex : ARA2 + IEC), tester plusieurs associations (produits/doses) et s assurer de l observance avant de passer à une trithérapie.
Prescrire en fonction du terrain. Pas d alpha bloquant si risque d hypotension orthostatique Pas de Vérapamil si risque de constipation Pas de diurétique si risque de goutte (ou traitement préventif hypo-uricémiant associé) Pas de Spironolactone ou de Bétabloquant si troubles sexuels redoutés par le patient Pas d ICA si varices ou lymphoedème Pas d antihypertenseur centraux si dépression Pas d IEC ou d ARA II si sténose artèrielle Pas de b- si BPCO ou asthme ou syndrome de Raynaud
Fréquence est très variable selon les études et les populations => Inhibiteurs calciques > alpha bloquants > IEC (Toux) Si Effets indésirables dose dépendants => adapter les doses Inhibiteur calcique, Alpha bloquant, Thiazidiques, Spironolactone Si Effets indésirables non dose dépendants => changer de molécule si mal toléré => autre classe ou même, autre produit d une même classe. ex : Toux ou œdème sous IEC Les EI sont réversibles le plus souvent à l arrêt du traitement. Adapter au besoin les règles hygiéno-diététiques (régime hyposodé, apports potassiques, associations) Eviter d ajouter un médicament pour traiter les EI d un autre médicament. Difficile à gérer!
Après chaque changement de produit ou de dose : Re-contrôler : iono + créat En cas de déshydratation (diarrhées, forte fièvre, vomissements) : Suspendre les IEC/ARA II ou diurétiques Chez la personne âgée ou diabétique ou parkinsonienne se méfier de l hta orthostatique Mesurer la pression artérielle couchée et debout de manière systématique et traiter à dose progressive Avant de prescrire certains ICA (Diltiazem ou Vérapamil) surtout chez le sujet âgé Faire un ECG
Alpha bloquant ou antihypertenseur central/ ICA ou a bloquant prostatique ou tricycliques => risque d hypotension orthostatique Bétabloquant/Vérapamil ou Diltiazem => risque de bradycardie et d Insuffisance cardiaque Thiazidiques /diurétique de l anse chez le sujet âgé ou sous psychotropes ou neuroleptique. => Risque d hyponatrémie IEC ou ARA II/épargneur de potassium (sauf associés à Diurétiques)/AINS/Héparine/sels de potassium => Risque d hyperkaliémie, même sans Insuffisance rénale. b- + thiazidique chez l obèse ou le diabétique non équilibré => risque de déséquilibre glycémique Interactions métaboliques connues : Cyp3A (ICA, macrolides, Rifampicine, anticonvulsivants ), Cyp2D6 (alpha bloquants, tricycliques, anti arythmiques )
Prévenir le patient de leur existence : les décrire pour qu il les détecte, les accepte ou si non tolérables, proposer une adaptation du traitement. Connaitre les EI graves, avant mise en route des traitement pour les identifier au plus vite : Hypokaliémies sous diurétique, hyperkaliémie sous épargneurs et IEC/ARA II => Crampes Hypotension orthostatique sous alpha bloquant ou malaises lipothymiques sous b- ou ICA bradycardisants => Chutes, fractures du col, traumas crânien. Hyponatrémie sous thiazidique => IRénale Insulino-résistance sous b- ou thiazidiques à surveiller => Diabète
Les effets secondaires sont fréquents plus fréquents que dans les essais => Il faut essayer de : Les prévenir : prescription selon le terrain, doses modérées, éducation du patient. En limiter l impact :information du patient, dépistage précoce. => Privilégier un traitement simple, à dose la plus faible efficace possible (doses progressives), 1 seul cp/j (Monothérapie en première intention, ou associations fixes en 2 nde intention).