Économie Chapitre 6 La répartition des richesses. I) Les objectifs et les instruments de la redistribution



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Revenu du travail et du capital = Revenus bruts (répartition primaire du revenu) cf. Ch 5 Revenus bruts cotisations sociales impôts + prestations = Revenu disponible (répartition secondaire du revenu, organisé par les pv. Publics) I) Les objectifs et les instruments de la redistribution La politique de redistribution a pour objectif la lutte contre les inégalités et la couverture de la population contre les risques sociaux. Elle est essentiellement constituée par la protection sociale A) Les objectifs de la redistribution 1) Les priorités de la redistribution La protection sociale vise 3 priorités, chacune citée par un auteur. 2) Prémunir la population contre les risques sociaux La protection sociale est créée en France en 1946. C est un système de prévoyance collective des risques sociaux. Le modèle français de protection sociale est spécifique car il repose essentiellement sur le modèle bismarckien (importance des cotisations sociales) tout en s appuyant de façon croissante sur le modèle de Beveridge (financé par les impôts). Le budget social de la France représente 1,4x le budget de l État. 1

Soldes en Mds d 2010 2009 2008 Le budget social de la France Dépenses % Recettes % 10,3 8,2 5,6% Vieillesse 44% Cotisations Sociales 66% Dt employeur 44% Reste : salariés 14,6 11,5 4,4 Santé 35% Impôts et taxes 21% Dt CSG : 15% 4,4 3,3 0,3% Famille 10% Contributions publiques 11% 5,7 4 5% Emploi 6,5% Autres 2% Taxe alcool Taxe tabac Autres 4,5% 30,6 23,5 10,2% TOTAL 100% 100% 3) Lutter contre les inégalités économique Faible revenu, chômage sociale SDF légale Sans papier physique Handicap, psychologie culturelle Echec scolaire, illétrisme (9% 2009) 2

Les raisons des ces formes d exclusions : Raisons économiques (crise, mondialisation élitisme) Raisons sociales (rupture liens familiaux, montée individualiste, sécularisation des valeurs) Les moyens : accent sur la solidarité et l assistance aide matérielle (vie associative, hébergement, éducation etc.) aide financière (RSA, CMU etc.) B) Les instruments de la redistribution 1) La fiscalité Les prélèvements obligatoires (cotisations sociales + impôts et taxes) représentent actuellement 44% du PIB français. Organismes sociaux = 22% PIB Impôts = 14% PIB Collectivités locales = 5,8% PIB Part pour le budget européen = 0,3% PIB Les cotisations sociales : Elles pèsent uniquement sur les revenus du travail et notamment les bas revenus en raison du plafonnement de certaines cotisations. Ce plafond est actuellement de 2886 Le plafond : c est le chiffre qui permet de calculer toutes les cotisations sociales. Ce calcul est notamment utilisé pour calculer les prestations sociales. Ex : Salarié 1 gagne 1200 brut et paye 22% x 1200 de cotisations sociales Salarié 2 gagne 5000 brut et paye 22% x 2886 de cotisations sociales Ces cotisations sont assurées à 1/3 par les salariés et de 2/3 par les entreprises. L URSSAF (Union pour le Recouvrement des Cotisations de Sécurité Sociale et d Allocations Familiales est chargée de les collecter. Pour corriger cette inégalité, la contribution sociale généralisée (CSG) a été créée en 1991 et s applique sur tous les revenus. Les impôts : On distingue 2 modes de calculs des impôts : Impôt proportionnel quand on applique un taux de prélèvement quelque soit le niveau de revenu (TVA 19,6%, impôt sur société 33%). Impôt progressif dans lequel l impôt payé augmente en fonction du revenu. 3

2) Les transferts sociaux ou prestations sociales Les prestation sociales sont versées par 2 organismes sociaux : La Sécurité Sociale divisée en «caisses» & le Pôle Emploi (fusion ASSEDIC + ANPE) qui indemnisent le chômage. Les prestations sont calculées selon 3 méthodes différentes qui se recoupent : Méthode 1 : les conditions pour obtenir une prestation : Certaines prestations sociales sont proportionnelles aux revenus (+ revenus = élevé, + prestations sont élevées aussi). Ex : pensions retraites, indemnités chômage. Certaines prestations sont accordées sous condition de ressources (revenus faibles = droit à prestations) Ex : Bourses, APL, RSA, Allocations de rentrée scolaire. Certaines prestations sociales peuvent être accordées indépendamment du revenu Ex : Allocations familiales, remboursements santé Méthode 2 : on distingue les prestations contributives (retraite, chômage) et les prestations noncontributives (minimum vieillesse, RSA) Méthode 3 : prestations relevant de la redistribution horizontale ASSURANCE Bismarck (bienportants payent pour malades, travailleurs payent pour retraités et chômeurs) ou verticale (hauts revenus pour bas revenus, impôt sur le revenu finance en partie le RSA) SOLIDARITE & ASSISTANCE (Beveridge) 3) Les services publics Les prestations sociales peuvent être accordées sous forme monétaire mais aussi sous forme de biens et de services publics. Ces services publics sont accordés gratuitement ou quasigratuitement. On parle alors de production nonmarchande. Ex : éducation, HLM, crèches, police, pompiers, éclairages, santé, entretient de la voirie, école etc. 4

II) Économie Chapitre 6 La répartition des richesses L efficacité de la redistribution A) Les aspects positifs 1) Progrès social La lutte Vs. Pauvreté La redistribution permet de réduire les inégalités. Les 10% des plus pauvres ont un revenu qui augmente de 82% grâce à la redistribution. Ils dépendent essentiellement des aides sociales. L éducation : L éducation est obligatoire jusqu à 16ans d où l importance de la gratuité pour l accès au système éducatif. La santé : Prévention et actes coûteux via technologie et traitements. 2) Soutient la croissance La consommation des ménages : En versant des prestations sociales aux ménages les plus pauvres, la redistribution va permettre d augmenter leur pouvoir d achat et donc de relancer la consommation puis la demande et la croissance. C est le point de vue Keynésien. L intervention de l État dans l économie : L État, grâce à la redistribution, va lancer des politiques de relance non seulement par la demande mais aussi par l offre quand les aides concernent les entreprises (point de vue libéral). Dans les 2 cas, ces politiques de relance reposent sur le déficit budgétaire (recettesdépenses) qui peut augmenter soit en augmentant les dépenses (prestations) soit en baissant les recettes (exonération de cotisation pour les entreprises) ou encore la baisse des impôts. La conséquence est l accroissement de la dette publique sur longs termes. 3) Valorise le capital humain La croissance endogène : by Romer Cet auteur montre que la croissance résulte essentiellement du Pg Tech. et notamment de l innovation. Or, compte tenu de son coût, l État joue un rôle important pour créer cette croissance (infrastructures, éducation, formation chercheurs). L aide à la recherche : Étant donné que le Pg. Tech. profite à tous, il est normal d en faire supporter une partie du coût par la collectivité en aidant les entreprises à accroître leurs recherches par des crédits d impôts (sommes allouées à la recherche sont déductibles d impôts) et des subventions auxquelles s ajoutent une recherchedéveloppement menée par les entreprises. 5

B) Les limites de cette redistribution 1) Poids et prélèvements obligatoires La courbe de LAFFER : «Trop d impôts, tue l impôt» E PDEM 10% 70% Fiscalité faible Fiscalisation forte Incitation à travailler Incitation épargne Incitation investissement Forte activité économique Développement marché au noir Fuite de capitaux à étranger Fraudes délocalisations L assistanat Pour certains, non seulement la protection sociale coûte cher mais produit des assistés qui profitent des aides et ne cherchent pas à changer de comportement. En conséquence, la protection sociale a des effets pervers en limitant l initiative privée. C est pourquoi, on oppose au WalfareState (Keynes) État de bienêtre au Workfare des pays anglosaxons (libéraux) pas d aides sans compensation 6

Perte de compétitivité : La protection sociale repose essentiellement sur les cotisations payées par les salariés et employeurs mais du coup, cela augmente le coût du travail ce qui pénalise la compétitivité des entreprises confrontées à la mondialisation. C est pourquoi, actuellement, l État a pris de nombreuses mesures d exonération de cotisations patronales. 2) Les systèmes de protection sociale remis en question Les 3 crises de la protection sociale : Crise financière : la protection sociale connaît un déficit croissant depuis 1989 qui s explique par l effet ciseau : Hausse dépenses HAUSSE DEFICIT Baisse recettes Crise d efficacité : jamais la protection sociale n a coûté aussi cher et pourtant, une part croissante de la population est toujours sans couverture sociale, sans pension de retraite ni logement convenable et sans ressources stables. L augmentation des prélèvements obligatoires n a donc pas empêché la montée et de «nouveaux pauvres» (= pauvreté économique). La protection sociale n a donc pas atteint ses objectifs : réduire les inégalités. Crise de légitimité : conséquence des 2 précédentes crises, la protection sociale est de + en + remise en cause et provoque un débat entre ses partisans et ses opposants. Quelque soit le point de vue (D&G), personne ne veut remettre en cause le système de protection sociale (à la française) mais cherchent à la réformer avec des options divergentes selon le point de vue. 7

Un exemple de réforme : le problème des retraites : Système français : basé sur la retraite par répartition (les cotisations des actifs finance celle des nonactifs) Âge légal : 60 ans. Pour espérer une retraite à taux plein, il faut travailler au minimum 40,5 années. Possibilité de travailler jusqu à 70ans. Calcul de la retraite : Retraite facultative par capitalisation épargne personnelle / 6Mds Retraite par complémentarité (ARRCO, AGIRC) pts retraite / 65Mds Retraite sécurité sociale (max 1/2 PMSS) soit 1500e/m / 180Mds 15 millions de retraités en France 500.000 de + chaque année. Hommes : 1520 Femmes : 1117 4 millions <900 /mois. Cotisation totale basée sur la moyenne des 25meilleures années. Taux de remplacement : montant de la pension en % de son dernier salaire 8

3) L ouverture des services publics à la concurrence Sous l impulsion de l UE, les services publics ont tendance à se libéraliser et à s ouvrir à la concurrence depuis 1990. L objectif recherché est une diminution du prix de service et un fonctionnement non plus national mais européen. Cette ouverture peut se faire par la privatisation des services concernés ou encore d une concession qui est un contrat administratif où un bien public est confié à un agent privé pour sa gestion. Cela peut provoquer des déviances au nom de la rentabilité et donc réduire l efficacité des services publics. 9