Section 1 Hypothèses du modèle néoclassique

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CHAPITRE 3 LE MODELE MACROECONOMIQUE NEOCLASSIQUE. Les chapitres 3, 4 et 5 de ce cours visent à présenter trois modèles macroéconomiques complémentaires. Afin de mieux comprendre les différentes visions qu ils proposent du fonctionnement global de l économie, il est nécessaire de présenter les hypothèses sur lesquelles ils se fondent. Section 1 Hypothèses du modèle néoclassique H1 Analyse de court terme : il s agit dans ce modèle, comme dans les autres, de déterminer le niveau des échanges sur différents marchés essentiels (biens et services, travail, capitaux financiers, monnaie). Il ne s agit pas d étudier l évolution de ces niveaux au fil du temps. Ainsi, concernant l investissement, qui est à la fois un élément de la demande agrégée mais également un élément de nature à faire évoluer la capacité productive de l économie (augmentation du capital productif), le pas de temps considéré est suffisamment court pour que le capital productif de l économie soit considéré comme constant (ou alors que le montant de l investissement soit suffisamment négligeable pour qu il augmente la capacité productive de l économie). H2 Raisonnement en termes de prix réels (ou relatifs) : les agents fondent leurs décisions économiques sur la base des prix relatifs et non nominaux. Toutes les grandeurs macroéconomiques sont donc exprimées en valeurs réelles et non nominales. Valeur réelle = Valeur nominale niveau général des prix H3 Les ajustements de l offre et de la demande sur l ensemble des marchés se font à travers la flexibilité des prix, supposée ici parfaite et instantanée ; H4 Analyse dichotomique de la monnaie : La monnaie joue dans ce modèle un simple rôle d instrument d échange (cf. loi de Say) et explique le niveau général des prix (cf. théorie quantitative). Elle ne joue aucun rôle dans le comportement des agents et n a donc aucune influence sur l économie réelle (niveau de la production, niveau de l emploi). H5 La monnaie est exogène : la quantité de monnaie en circulation est supposée constante et déterminée par l Etat (ou Banque Centrale) (cf. approche multiplicateur du crédit). Remarque : H1, H2, H5 sont des hypothèses non spécifiques au modèle classique. Elles sont également reprises dans le modèle keynésien. 1/13

Section 2 Le modèle simple Bien que manquant de réalisme, le modèle simple permet de bien dégager l appréhension particulière qu a la théorie néoclassique du fonctionnement de l économie dans son ensemble. 2.1. Présentation du modèle simple Le modèle simple considère une économie qui se réduit à : - 2 secteurs institutionnels : les entreprises et les ménages. Les entreprises (producteurs) ont pour fonction de produire des biens et services, à l usage des ménages (consommateurs), mais également des entreprises (investissement) ; Les ménages ont pour fonction de consommer mais également d apporter des moyens de production aux entreprises (force de travail, capitaux financiers), et perçoivent des revenus en retour (revenus du travail et du capital). Le modèle néglige le reste du monde (raisonnement en économie fermée) et l Etat (pas de rôle de dépense publique, ni impôt), hormis pour la fonction régalienne de battre la monnaie. - 4 marchés : le marché des biens et services qui fixe le niveau d activité de l économie le marché du travail qui fixe le niveau de l emploi le marché financier, qui fixe le niveau de l épargne le marché de la monnaie, qui fixe le niveau général des prix. 2.2. Fonctionnement du modèle simple Le modèle classique développe une vision de l économie partant de l offre (cf. loi de Say : l offre crée sa propre demande, qui lui est égale). Il s agit donc dans un premier temps de déterminer le volume de la production de l économie. 2.2.1. Le niveau d activité d équilibre Dans le modèle néoclassique, la détermination du niveau d activité découle de celle du niveau de l emploi. Pour cela, on doit d abord considérer l équilibre sur le marché du travail. Détermination de la demande de travail. La demande de travail découle de la fonction de production de court terme de l économie. Appelons Y 5 cette fonction. Elle est une fonction croissante de la quantité de travail N utilisée et du niveau de capital K. 2/13

Y 5 = Y 5 N, K avec 9:; > 0, 9? : ; 9:; < 0, > 0, 9? : ; < 0 9< 9<? 9A 9A? Comme on considère que K est constant à court terme, on écrit alors, pour simplifier : qui se représente graphiquement : Y 5 = Y 5 (N) Figure 1 - Fonction productive de l'économie Les entreprises déterminent leur demande de travail de manière à maximiser leurs profits. En négligeant le facteur capital, considéré comme constant, et en posant w le niveau de salaire réel dans l économie, on écrit la fonction de profit des entreprises : π N = Y 5 N wn La maximisation du profit conduit à la condition du premier ordre : 9:; N = w, à savoir 9< que les entreprises égalisent la productivité marginale du travail (exprimée en termes réels) avec le niveau de salaire réel en vigueur dans l économie. On en déduit alors la fonction de demande de travail, c est-à-dire la relation qui lie la quantité de travail demandée par les entreprises avec le prix du travail (le salaire réel) : N d w = δys M1 δn w Cette fonction de demande est décroissante avec le niveau de salaire réel : on a bien 9< O < 0 dans la mesure où 9? : ; < 0. 9P 9<? 3/13

Détermination de l offre de travail : Côté offre de travail, on la suppose croissante avec le niveau de salaire réel : plus le salaire réel en vigueur dans l économie est élevé et plus les ménages souhaitent mettre à disposition leur force de travail. Explication : Cette hypothèse est fondée sur le fait que les ménages affectent leur temps disponible entre deux activités : le travail et les loisirs. Une hausse du salaire a pour effet d augmenter le coût d opportunité du loisir (c est-à-dire le revenu sacrifié par un ménage qui privilégie les loisirs au travail rémunéré). Dans ces conditions, on suppose que les ménages sont moins enclins à s adonner aux loisirs et proposent leurs services aux entreprises. Il s agit donc d un effet substitution entre les deux alternatives : travail et loisirs. Cette hypothèse néglige l existence d un effet revenu qui joue en sens inverse. Une hausse de salaire réel augmente le revenu des salariés toute chose égale par ailleurs, lesquels sont donc moins enclins de ce fait à offrir leurs services et donc augmenter leur offre de travail. Néanmoins, on considère que dans l ensemble et à l échelle de l économie, l effet substitution l emporte sur l effet revenu : une hausse du salaire réel se traduit par une hausse de l offre de travail par les ménages. avec 9<R 9P > 0 N S = N S w Détermination du niveau de l emploi dans l économie : Dans une logique d équilibre de marché, le niveau de l emploi dans l économie résulte de la confrontation de l offre de travail et de la demande de travail qui prévalent dans l économie. Il résulte de cette confrontation un niveau de salaire d équilibre w et un niveau d emploi associé N, comme le montre la figure suivante : Figure 2 - Détermination du niveau d'emploi dans l'économie Le niveau d emploi d équilibre N correspond également au niveau de plein emploi, défini comme une situation où tout salarié qui accepte le taux de salaire réel en vigueur trouve un emploi. 4/13

Détermination du niveau d activité : Connaissant le niveau d emploi N qui prévaut dans l économie, on en déduit le niveau d activité de l économie, en reportant cette valeur de l emploi dans la fonction de production de l économie. L offre globale dans l économie se détermine donc : Y = Y 5 (N ) On voit donc que dans cette analyse, le niveau d activité dépend exclusivement de l offre et la demande de travail dans l économie. La monnaie ne joue en rien à ce niveau. 2.2.2. La composition de la demande agrégée et la détermination du taux d intérêt On sait à présent le niveau d activité de l économie Y 5 atteint la valeur Y. On sait par ailleurs que Y 5 est également le revenu national, ainsi que le niveau de la demande globale Y T (cf. chapitre 2 sur le PIB d une part, et conséquence de la loi de Say selon laquelle toute offre crée sa propre demande qui lui est égale). Il en résulte donc que Y T = Y La demande globale de l économie est la somme de la consommation des ménages (C) et de l investissement des entreprises (I). Pour autant, il reste à déterminer l importance de ces deux composantes, dont la somme est déjà connue. Du point de vue de la demande globale, on a Y T = C + I (égalité en termes de demande et d offre de biens et services) Du point de vue du revenu agrégé, on a Y T = C + S : les ménages affectent leurs revenus soit à la consommation, soit à l épargne. Il en découle que l on doit avoir, au niveau global de l économie, l égalité S = I. Explication de cette égalité : Cette égalité fait référence à l équilibre qui doit prévaloir sur le marché financier. Dans l économie, l ensemble des revenus que les entreprises tirent de la production (valeurs ajoutées) sont reversés aux ménages soit sous forme de salaires, soit sous forme de profits. Ces revenus constituent le revenu disponible (dans l hypothèse où il n y a pas d Etat) des ménages, qu ils affectent pour partie à la consommation et pour autre à l épargne. De sorte que les ménages ne consomment pas l ensemble des biens et services finals de l économie et ont globalement une capacité de financement (égale à l épargne). 5/13

L autre partie des biens et services finals produits et non consommés par les ménages est utilisée par les entreprises, sous la forme de l investissement. Or les entreprises ayant reversé l ensemble de leurs revenus aux ménages, elles doivent par conséquent trouver des moyens de financement. Les entreprises sont donc structurellement en besoin de financement. Cependant, les moyens de financement qu elles peuvent collecter sont précisément ceux que les ménages ont à leur disposition : l épargne. L égalité S = I correspond donc à la fois à la condition d équilibre sur le marché des biens et services, (C + I = Y ) et sur le marché des capitaux (S = I). Dans le modèle classique, l investissement des entreprises et l épargne des ménages dépend d une variable clé de l économie : le taux d intérêt r. Plus précisément, l épargne est considérée comme une fonction croissante du taux d intérêt : S = S r avec 9Z 9[ > 0 Sans rentrer dans les détails, cette relation traduit le fait que le taux d intérêt constitue le coût d opportunité d une unité de revenu qui serait affectée à la consommation. En l occurrence, la hausse du taux d intérêt augmente le sacrifice en termes d intérêt de consommer davantage, ce qui conduit à freiner la consommation et donc à épargner davantage. De son côté, l investissement est considéré comme une fonction décroissante du taux d intérêt. I = I r avec 9\ 9[ < 0 Le taux d intérêt que peuvent payer les entreprises en échange du prêt financier dépend du taux de rentabilité des investissements. Lorsque le taux d intérêt est faible, il leur est possible de financer des investissements ayant un taux de rentabilité assez faible. En revanche, lorsque le taux est élevé, il est seulement possible pour les entreprises de financer les investissements les plus rentables. Il est donc nécessaire de déterminer le taux d intérêt qui égalise l épargne des ménages avec l investissement des entreprises. 6/13

Figure 3 - Equilibre sur le marché financier De cet équilibre S = I, on peut en déduire le niveau de consommation des ménages, comme un reliquat entre la production totale de biens et services dans l économie et l investissement des entreprises. C = Y I On observe ainsi que, dans ce modèle, la consommation ne dépend pas du niveau du revenu des ménages mais seulement du taux d intérêt, qui conduit à faire un arbitrage temporel entre consommation actuelle et consommation future. 2.2.3. Le niveau de prix d équilibre Dans le modèle classique, la monnaie joue un rôle unique : celui de déterminer le niveau général des prix. Plus particulièrement, elle n a aucune incidence sur les variables réelles que sont la production la consommation, l investissement, l épargne. Cela nous conduit à nous intéresser au marché de la monnaie dans l économie La fonction de demande de monnaie : l équation de Cambridge L équation de Cambridge traduit la volonté de demande de monnaie de la part des agents de l économie. Elle s écrit : M T = k P Y T et traduit le fait que les agents de l économie expriment une demande de monnaie proportionnelle au total de leur revenu. Pour le dire autrement, la somme de monnaie que les agents économiques souhaitent détenir est une proportion donnée de leur revenu. Cette équation s écrit également sous la forme : M T P = k YT = MT P YT 7/13

où ab exprime la demande d encaisses réelles (c est-à-dire le pouvoir d achat de la c monnaie détenue par les agents économiques). On écrit également cette équation sous la forme : M T k = P YT de sorte que le coefficient k peut être interprété comme l inverse de la vitesse de circulation de la monnaie. On suppose par ailleurs que cette proportion est stable avec le temps. Equilibre sur le marché de la monnaie : Rappelons que l offre de monnaie est supposée exogène, fixée par l Etat, et égale à M Z. La condition d équilibre sur le marché de la monnaie s écrit : M T = M Z Dans la mesure où le niveau d activité d équilibre, et donc le revenu d équilibre, est déjà connu, on peut écrire : M T = k P Y T = k P Y k P Y = M Z De plus, comme k est supposée constante, le niveau de prix d équilibre correspond à la solution de l équation et vaut donc MZ P = k Y Cette valeur nous permet de déterminer l ensemble des valeurs nominales du modèle. Par exemple, le salaire horaire en vigueur dans l économie se calcule W = P w. 2.3. Synthèse : Enchaînement du modèle classique Bien que le modèle classique soit un modèle où toutes les variables sont déterminées simultanément, son élaboration théorique repose sur la progression logique suivante : 1- Niveau de l emploi (marché du travail) 2- Revenu réel 3- Consommation, épargne et investissement (marché financier) 4- Niveau général des prix (marché de la monnaie) 8/13

Section 3 Implications du modèle 3.1. Le traitement du chômage dans le modèle néoclassique Le modèle néoclassique implique que, si la flexibilité des salaires joue pleinement son rôle, l économie converge vers une situation de plein-emploi, dans le sens où l ensemble des ménages souhaitant travailler au taux de salaire en vigueur, trouvent un emploi. Tous les ménages ne trouvent donc pas un emploi, mais seulement ceux qui acceptent de travailler au taux de salaire d équilibre. Celles et ceux qui restent en retrait du marché du travail, faute d accepter le salaire (jugé trop bas), sont considérés comme des chômeurs volontaires, d où l expression de chômage volontaire, spécifique à cette vision du fonctionnement du marché du travail. Le modèle n exclut toutefois pas qu il existe des personnes ne trouvant pas de travail au taux de salaire en vigueur. Il existe en particulier un chômage dit «frictionnel» qui tient à des rigidités informationnelles ou de mobilité sur le marché du travail. Il existe également un chômage dit «structurel» qui tient à un décalage de compétences entre les offreurs et les demandeurs de travail. Mais ces formes de chômage nécessitent, pour être corrigées, des mesures qui n ont rien à voir avec une politique de relance de l économie. Le modèle néoclassique montre en revanche que le marché du travail, et plus généralement l économie, fonctionne mal si l on introduit des mécanismes conduisant à rigidifier l ajustement des salaires, comme par exemple une politique de salaire minimal. Introduction de rigidités sur le salaire nominal Supposons dans un premier temps que l on instaure dans l économie un salaire minimal W efg, dont le niveau serait suffisamment élevé pour que h ijk soit, lors de sa mise en c œuvre, supérieur au taux de salaire de plein emploi w. Comme on peut le voir sur la figure suivante, l instauration de ce salaire minimal conduit à l émergence de chômage, dans le sens où l offre de travail des ménages est excédentaire par rapport à la demande de travail des entreprises. 9/13

Figure 4 - Marché du travail en présence d'un salaire rigide Il en découle un niveau d emploi inférieur à N, et par conséquent un niveau d activité T Y N efg inférieur à Y. Pour autant, cette baisse de la production aura des conséquences sur les autres marchés, en particulier sur le marché de la monnaie. Face à une offre de monnaie exogène M Z qui n a pas changé, les agents économiques n accepteront de détenir une quantité de monnaie M T égale à M Z que si les prix augmentent. C est d ailleurs ce qu il découle de l équation : P t P t = M t M t Y t Y t Si pq r p r production. = 0 alors on obtient une hausse des prix égale en valeur absolue à la baisse de la Toutefois, l économie se régule toute seule de par ces mécanismes. En effet, cette hausse du niveau général des prix dans l économie va contribuer à faire baisser le salaire réel h ijk, les tensions à la hausse se maintenant jusqu à ce que h ijk = w. Ce qui augure c c donc d un rétablissement de l économie vers sa situation de plein-emploi. 3.2. Un système économique qui s autorégule vers le plein emploi Une des caractéristiques clés du modèle classique est que l économie converge d ellemême vers l équilibre de plein emploi, dès lors que les mécanismes d ajustement des prix jouent à plein. Ces mécanismes rééquilibrent les marchés et empêchent des situations de surproduction. Exemple 1 - Si l on suppose qu à un moment, l activité économique décline car les agents économiques souhaitent moins consommer et par conséquent épargner, de sorte que 10/13

l épargne est supérieure à l investissement. Il s en suivra une baisse du taux d intérêt qui aura mécaniquement pour effet de renforcer la demande intérieure (hausse de la consommation par effet substitution à l épargne, hausse de l investissement). Ce double effet aura pour impact de faire se correspondre à nouveau épargne et investissement. Exemple 2 - De même, si l on suppose qu à un moment donné, il y a du chômage, on devrait voir une baisse des salaires réels qui aura pour effet d augmenter le niveau de l emploi et par conséquent le niveau d activité de l économie. 3.3. L inefficacité de la politique économique et l effet d éviction 3.3.1 La prise en compte de l Etat On ajoute à présent un troisième acteur économique, l Etat, aux ménages et aux entreprises. L Etat a un double rôle : en premier lieu dans la demande globale de l économie, à travers la dépense publique qu il engage (G). En second lieu, dans la répartition des revenus de l économie : ^our financer ces dépenses, il collecte d une part des impôts (T) et peut avoir recours, en cas de déficit budgétaire, à l endettement auprès du marché financier (D). Le modèle néglige toujours le reste du monde (raisonnement en économie fermée). L économie compte toujours 4 marchés : biens et services, travail, monnaie et capitaux financiers. Etudions les modifications à apporter au modèle précédent afin de prendre en compte ce nouvel acteur. 1. Le niveau d activité global de l économie est déterminé de la même manière que précédemment, à savoir après avoir déterminer l équilibre sur le marché du travail. 2. De même, le niveau général des prix est déterminé à partir du marché monétaire. 3. La structure de la dépense globale change. Désormais la demande globale s écrit : Y T = C + I + G 4. De même, l équilibre sur le marché financier est différent La contrainte de revenus de l Etat s écrit : G = T + D La contrainte de revenus des ménages s écrit : Y T = C + S + T On en déduit alors le nouvel équilibre qui prévaut sur le marché financier : C + I + G = C + I + T + D = C + S + T d où S = I + D = I + G T L épargne des ménages sert à présent à financer à la fois l investissement des entreprises et le déficit de l Etat (endettement public). 11/13

On peut représenter graphiquement l incidence de la prise en compte de l Etat. Si l on suppose toujours que l épargne et l investissement dépendent uniquement du taux d intérêt en vigueur (et en négligeant l impact du taux d intérêt sur le déficit de l Etat), alors les courbes ne sont pas déplacées. La prise en compte de l Etat et de son déficit public se traduit toutefois par une hausse des taux d intérêts par rapport à la situation sans Etat. Cette hausse des taux d intérêts a un double effet, permettant à l Etat de financer son déficit : 1- Elle incite les ménages à épargner davantage ; 2- Elle baisse la quantité de capitaux financiers demandée par les entreprises afin de financer leurs investissements. Au final, dans ce modèle, les ménages épargnent plus, les entreprises investissent moins, permettant ainsi le financement du déficit public. Figure 5 - Equilibre sur le marché financier, en présence de déficit public Au final, dans ce modèle avec Etat, les niveaux d emploi et d activité restent inchangés. Seule la composition de la demande globale est modifiée. La dépense publique se substitue à la consommation des ménages (du fait des impôts qui baissent les revenus qu ils peuvent affecter à la consommation) et l investissement des entreprises (qui baisse en raison des taux d intérêts plus élevés). 12/13

3.3.2. L effet d éviction Dans ces conditions, toute politique économique de relance par l Etat n aurait aucun effet sur le niveau d activité de l économie. Supposons par exemple que l Etat souhaite relancer l économie par une augmentation de la dépense publique ( G > 0). Si cette augmentation est financée intégralement par une augmentation des impôts ( T = G), alors la hausse d impôts génère une baisse correspondante de la consommation des ménages ( C = T = G), de sorte que le niveau d activité ne varie pas ( Y = C + G = G + G = 0). Si cette augmentation est financée intégralement par une augmentation du déficit public ( D = G), alors la hausse du déficit public condit à une hausse du taux d intérêt qui augmente l épargne des ménages tout en baissant l investissement des entreprises ( r tel que S = D + I). Au final encore, le niveau d activité de l économie n aura pas varié : Y = C + G + I = S + D + I = 0. Au final, on observe que la hausse des dépenses publiques conduit à une baisse d un montant égal des deux autres composantes de la demande globale (C et I), laissant la demande globale inchangée. La politique économique, type relance budgétaire, n a donc, dans ce cadre, aucun effet sur le niveau d activité ou sur le niveau de l emploi. 3.3.3. La politique anti-inflationniste Dans le modèle néoclassique, le niveau des prix dépend avant tout de la quantité de monnaie en circulation dans l économie, une variable qui est contrôlée par la banque centrale. La lutte contre l inflation passe donc par un contrôle de la progression de la masse monétaire, qui doit être en rapport avec la progression du PIB de l économie. Cf. théorie quantitative de la monnaie 13/13