Collection les mémentos finance dirigée par Jack FORGET Financement et rentabilité des investissements Maximiser les revenus des investissements Jack FORGET Éditions d Organisation, 2005 ISBN : 2-7081-3252-0
Introduction Le financement des investissements : quel enjeu? Sélectionner des projets rentables pour assurer le développement de l entreprise et sa rentabilité future Dans le champ de la gestion financière, la gestion des investissements se rapporte aux flux financiers à long terme, autrement dit les postes de haut de bilan en comptabilité française. Le choix des investissements industriels et financiers, leur valorisation et l évaluation de leur rentabilité prévisionnelle, les techniques financières mises en œuvre pour les financer, tels sont les principaux thèmes qui seront abordés dans cet ouvrage. Celui-ci est divisé en deux grandes parties, l évaluation prévisionnelle des projets d investissement et les techniques de financement à long terme, autrement dit le calcul économique appliqué aux investissements et l arbitrage entre les différentes méthodes de financement. Il faut bien comprendre les logiques profondes qui déterminent le succès ou l insuccès des projets d investissement. Ce qui importe principalement dans l étude de leur rentabilité prévisionnelle, ce ne sont pas tant les méthodes actuarielles mises en œuvre pour estimer la valeur économique des projets d investissement. Elles ne diffèrent pas fondamentalement des méthodes utilisées pour évaluer les titres financiers : les fondements qui étayent le calcul actuariel sont universels. Le véritable enjeu dans tout projet investissement réside dans la capacité à prévoir les différents environnements économiques qui Éditions d Organisation 9
Financement et rentabilité des investissements permettront de les rentabiliser. Or ce n est pas seulement le calcul économique prévisionnel qui permet de déterminer la rentabilité anticipée des investissements. Les méthodes de financement auxquelles les investisseurs ont recours ont parfois un impact déterminant sur la rentabilité future des investissements. L étude des investissements et de leur mode de financement est indissociable. Cet ouvrage s adresse à l ensemble des parties prenantes à la vie de l entreprise. Son niveau de technicité est strictement limité aux notions pré-requises nécessaires pour comprendre certains aspects du fonctionnement des marchés financiers et des techniques de financement à long terme. En revanche, il se propose de mettre en perspective les logiques qui sous-tendent leur évolution. Cet ouvrage n est ni un manuel de techniques financières, ni un ouvrage de théorie financière. Afin de mieux comprendre les développements qui suivent, il est conseillé de se reporter aux autres ouvrages publiés par le même auteur dans la même collection, «Dynamique des amortissements» et «Gestion budgétaire» pour les aspects liés à l évaluation prévisionnelle des investissements d un part, et «Gestion de la trésorerie» et «Analyse financière» pour les techniques de financement d autre part. Le premier chapitre rappelle les fondements économiques de la décision d investissement. L investissement est supposé être le principal vecteur de la croissance économique. Or nombre de projets d investissement s avère a posteriori absurdes, inutiles ou infructueux. L échec du développement de nombreux pays en voie de développement et les crises que traversent certains pays développés montrent que, pour être efficaces, les investissements doivent échapper aux cercles vicieux qui les condamnent à l échec, qu ils s assimilent à des «éléphants blancs» ou à des «cathédrales dans le désert». 10 Éditions d Organisation
Introduction Le deuxième chapitre a trait au cœur même de la gestion financière à long terme, à savoir l évaluation prévisionnelle des projets d investissement. En réalité, si les techniques actuarielles sont relativement bien maîtrisées, elles n occupent qu un rôle secondaire dans cet exercice hautement risqué. En effet, estimer de manière prévisionnelle la rentabilité des investissements consiste davantage à anticiper l évolution de leurs différents paramètres économiques et techniques. Un investissement aura les plus fortes probabilités d être rentable si les investisseurs parviennent à obtenir ab initio la meilleure maîtrise possible des paramètres qui déterminent sa rentabilité. Le troisième chapitre se rapporte à l optimisation du passif de l entreprise. Ce processus doit prendre en considération une double contrainte. D une part, les équilibres fondamentaux du bilan impliquent de déterminer un niveau optimal de fonds de roulement, donc de capitaux à long terme couvrant des emplois à court terme. D autre part, la structure optimale du passif de l entreprise doit prendre en compte le coût des différentes ressources. L objectif de tout gestionnaire financier est d optimiser l emploi des ressources dont il dispose et de minimiser le coût des capitaux empruntés dont il assure la gestion. Le quatrième chapitre est consacré aux instruments de financement à long terme. Le financement des investissements de l entreprise est, dans la grande majorité des cas, assuré par des concours bancaires à moyen et long terme. Malgré le mouvement de désintermédiation, c est à dire de financement direct des agents économiques sans recours aux intermédiaires financiers, les banques continuent de jouer un rôle central dans le financement de l économie et l évolution des contraintes réglementaires internationales devrait renforcer leur rôle dans l avenir (assouplissement du rapport entre les fonds propres des banques et leurs engagements). Toutefois, le finance- Éditions d Organisation 11
Financement et rentabilité des investissements ment par des titres cotés (obligations et assimilés) constitue d autant plus une alternative que la généralisation de la titrisation des créances a aboli la distinction entre titres cotés et titres inscrits à l actif du système bancaire. En conclusion, la question de l investissement sera resituée dans une perspective macro-économique. L investissement est un processus économique qui a fasciné les économistes qui s interrogeaient sur le sens de la révolution industrielle. Sa critique est au cœur de l analyse marxiste qui voyait dans le surinvestissement chronique la cause de la crise finale du capitalisme. Tel est le sens de la prophétie de Marx : «Accumulez, accumulez, c est la loi et les prophètes». Contraints par une pression concurrentielle toujours plus aiguisée d accroître l efficacité de leur outil de production, les capitalistes poursuivraient individuellement et sans coordination une politique d accumulation du capital qui conduirait à la baisse tendancielle de sa rentabilité, ce surinvestissement anarchique conduisant à terme à l autodestruction endogène d un capitalisme coupable d avoir préféré «le travail mort» (biens d équipement et d investissement) au «travail vivant». La critique de Schumpeter a proposé une vision novatrice du développement économique. Celui-ci est un processus dynamique qui repose sur le déclassement des investissements en fonction des progrès technologiques. À une banale logique d accumulation doit se substituer une vision dynamique des processus productifs qui repose simultanément sur un processus permanent d amélioration des performances quantitatives et qualitatives du système productif et sur la prise en compte de l incertitude. 12 Éditions d Organisation
Introduction Un investisseur augmente les chances de rentabiliser son investissement s il parvient à anticiper l évolution des paramètres qui détermineront sa rentabilité. L investissement ne devient un pari gagnant sur l avenir que si justement la part des facteurs aléatoires est réduite à la portion congrue, autrement dit si les risques résiduels sont minimisés dès le lancement du projet d investissement. Éditions d Organisation 13