LETTRE SOCIALE. Point de vue d experts



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Transcription:

Point de vue d experts LETTRE SOCIALE Vous trouverez dans ce numéro l actualité sociale relative aux thèmes suivants : N 35 JUILLET 2014 Portabilité des régimes frais de santé : nouveautés applicables depuis le 1 er juin 2014 Les nouvelles dispositions de portabilité au sein du BTP Prévoyance : un décret précise les règles d exonération Réforme de l assurance chômage Contrat de génération : nouveauté Réforme du temps partiel Stagiaires : nouveaux droits pour les stagiaires et nouvelles obligations pour les entreprises Consommation d'alcool dans l'entreprise : une interdiction possible Droit d alerte : nouveau registre obligatoire Titres restaurant dématérialisés Agirc-Arrco : cotisations sur les indemnités de départ alignées en 2016 EN BREF L actualité jurisprudentielle diverse relative : Courriel et avertissement Convention de forfait jours et entretien annuel Bonnes vacances! Le pôle social

PORTABILITE DES REGIMES FRAIS DE SANTE : NOUVEAUTES APPLICABLES DEPUIS LE 1 ER JUIN 2014 Rappels La Loi de Sécurisation de l Emploi du 14 juin 2013 a prévu le maintien des contrats complémentaires santé et prévoyance pendant au maximum un an, pour les salariés perdant involontairement leur emploi (hors faute lourde), alors que la durée maximale de la portabilité avait auparavant été fixée à 9 mois par l A.N.I. du 11 janvier 2008. Par ailleurs, cette même loi a prévu de supprimer le financement conjoint de la portabilité par l ex-employeur et l ancien salarié (cofinancement), au profit du seul système de mutualisation. Comme nous avions déjà eu l occasion de vous le préciser dans notre précédente lettre sociale, l entrée en vigueur de ces nouvelles dispositions a été fixée : - au 1 er juin 2014 pour les garanties Frais de santé ; - au 1 er juin 2015 pour les garanties prévoyance. Nouvelles dispositions applicables A compter du 1 er juin 2014, deux autres nouveautés sont également à prendre en considération : - Nouvelle mention à porter sur le certificat de travail La Loi de Sécurisation de l Emploi impose dorénavant aux employeurs concernés par ce nouveau dispositif de «signaler le maintien de ces garanties dans le certificat de travail» (article L. 911-8 du Code de Sécurité Sociale). Cette information supplémentaire concerne donc toute cessation du contrat ouvrant droit au bénéfice d allocations de chômage (notamment licenciement (hors faute lourde, exclue par le législateur), fin de contrat à durée déterminée, démission considérée comme légitime, rupture conventionnelle) : - au 1 er juin 2014 pour les garanties Frais de santé ; - au 1 er juin 2015 pour les garanties prévoyance. L employeur devra également informer l assureur de la cessation du contrat de travail. - Possibilité de «dissocier» portabilité prévoyance et mutuelle En application du régime juridique de la portabilité découlant de l A.N.I. du 11 janvier 2008, lorsqu un salarié bénéficiait à la fois d un régime de prévoyance et d un régime de frais de santé avant un départ de l entreprise ouvrant droit à l Assurance Chômage, il ne pouvait opter pour l un ou l autre des régimes au titre de la portabilité. Soit la portabilité portait sur les deux régimes, soit le salarié renonçait aux deux régimes : il n était pas envisageable d opter pour la portabilité d un seul régime et de renoncer à l autre. Le principe de la renonciation globale ne se pose plus avec le nouveau dispositif issu de la loi de Sécurisation de l Emploi. Le financement de la portabilité du régime Frais de Santé étant dorénavant mutualisé au niveau des salariés actifs, le maintien est de droit et le salarié n a pas à renoncer au dispositif. 2

Aussi, lorsqu un salarié en juillet 2014 bénéficiera du nouveau dispositif de portabilité au titre des frais de santé, mais restera sur l ancien dispositif issu de l A.N.I. du 11 janvier 2008 pour le régime de prévoyance, celui-ci pourra renoncer au régime de prévoyance dans le délai de 10 jours fixé par ce texte tout en bénéficiant de la portabilité du régime Frais de santé. Il sera donc possible de bénéficier de la portabilité des frais de santé et de renoncer à la portabilité de la prévoyance pour toute rupture du contrat de travail entre le 1 er juin 2014 et le 31 mai 2015. LES NOUVELLES DISPOSITIONS DE PORTABILITE SEIN DU BTP Suite aux accords du 14 mai 2014, les conditions de la portabilité ont été harmonisées pour tous les salariés du BTP. Et, depuis le 1er juin 2014, ces droits à portabilité du BTP vont bien au-delà des obligations légales : d'une part, au titre des Régimes de prévoyance de base du BTP, et d'autre part, au titre des garanties standard de frais de santé de PRO BTP. Pour ces deux types de couvertures, en cas de chômage indemnisé, PRO BTP maintient désormais ses garanties à titre gratuit pendant une période maximale de 36 mois (alors que la loi impose ce maintien pour une durée plafonnée à 12 mois). La présente modification s'applique aux licenciements ou ruptures à intervenir à compter du 1er juin 2014. PREVOYANCE : UN DECRET PRECISE LES REGLES D EXONERATION Le décret n 2014-786 du 8 juillet 2014 qui vient modifier sur plusieurs points le décret n 2012-25 du 9 janvier 2012 dit décret «catégories objectives». Mise en place des facultés de dispense d adhésion Annoncée par la lettre circulaire de l ACOSS en date du 4 février 2014, les facultés de dispense d adhésion dont peuvent bénéficier les salariés quelle que soit leur date d embauche, peuvent désormais être mise en place par décision unilatérale de l employeur (ainsi que par accord collectif ou accord référendaire). Preuve du «libre choix du salarié» La demande de dispense d adhésion écrite d un salarié doit désormais contenir une mention obligatoire selon laquelle «le salarié a été préalablement informé par l employeur des conséquences de son choix». L absence d une telle mention obligatoire dans la demande de dispense devrait être de nature à remettre en cause le caractère obligatoire d un régime. Cette mention obligatoire permettra d attester du consentement libre et éclairé du salarié au moment où il exerce son choix, ce dernier devant notamment faire expressément référence à la nature des garanties auxquelles il entend renoncer. 3

REFORME DE L ASSURANCE CHOMAGE L accord national interprofessionnel (ANI) du 22 mars 2014 sur l indemnisation du chômage est entré en vigueur le 1 er juillet 2014. En voici les principales mesures : Différé d indemnisation porté à 180 jours maximum Un différé d indemnisation existait déjà pour toutes les indemnités supra-légales. C est-à-dire pour toute «somme inhérente à la rupture du contrat de travail et ne résultant pas directement de l application d une disposition législative». Au-delà des indemnités transactionnelles, sont donc également concernées, les indemnités conventionnelles de licenciement pour leur part plus favorable que l indemnité légale de licenciement. Ce point n est pas modifié. Ce sont la durée et la méthode de calcul du différé qui changent au 1 er juillet 2014. Jusqu à présent le différé spécifique était calculé de la manière suivante : Sommes supralégales versées à l occasion de la fin du contrat de travail divisées par le salaire journalier de référence. Le nombre de jours ainsi obtenu était auparavant plafonné à 75. Exemple pratique n 1: un salarié licencié dont la rémunération brute annuelle est de 70 000, perçoit une indemnité de rupture de 20 000, équivalente au montant de l indemnité conventionnelle de licenciement. L indemnité légale est quant à elle de 11 500. Jusqu au 30 juin 2014, le calcul (estimé) du différé «spécifique» était le suivant : Sommes supra-légales = indemnité conventionnelle indemnité légale de licenciement = 20 000 11 500 = 8 500 Salaire journalier = 70 000 / 12 mois / 31 jours = 188 Soit un différé «spécifique» = Sommes supra-légales / Salaire journalier de référence = 8 500 / 188 = 45 jours Exemple pratique n 2 : un salarié ayant conclu avec son employeur, une rupture conventionnelle de son contrat de travail et dont la rémunération brute annuelle est de 50 000, perçoit une indemnité de rupture spécifique de 21 250 qui est plus favorable que l indemnité conventionnelle et l indemnité légale toutes deux égales à 5.000. Sommes supra-légales = indemnité de rupture indemnité légale de licenciement = 21 250 5 000 = 16 250 Salaire journalier = 50 000 / 12mois / 31 jours = 134 Soit un différé «spécifique» = 16 250 / 134 = 121 jours plafonnés à 75 jours A compter du 1 er juillet 2014 : le plafond passe à 180 jours (soit 6 mois) maximum. De surcroît celui-ci sera atteint plus facilement, en raison de la modification de la méthode de calcul. En effet, le différé est désormais obtenu en divisant le montant des indemnités supralégales par 90 (et non plus par le salaire journalier de référence). En reprenant l exemple pratique n 1 mais avec une rupture de contrat désormais postérieure au 30 juin 2014 : Le calcul du différé «spécifique» devient le suivant : Sommes supra-légales / 90 Soit 8 500 / 90 = 94 jours (au lieu de 45 jours précédemment) En reprenant l exemple pratique n 2 mais avec une rupture de contrat postérieure au 30 juin 2014 : Le différé «spécifique» devient = 16 250 / 90 = 180 jours (au lieu de 75 jours précédemment) Bien entendu, continuera de s ajouter à ce différé «spécifique» le délai d attente de 7 jours et l éventuel différé lié à l indemnisation des «congés payés». 4

A noter : pour l instant (information à préciser ou confirmer lors de notre prochaine lettre sociale) une exception pour le licenciement économique. L accord prévoit que «pour les personnes ayant perdu leur emploi suite à un licenciement pour motif économique, les règles en vigueur antérieurement à la date de signature du présent accord continuent de s appliquer». Cela, bien entendu dans l hypothèse d un refus par le salarié du Contrat de Sécurisation Professionnelle (CSP) pour lequel, de manière avantageuse, aucun différé n est appliqué. Pour conclure, ce nouveau différé relatif au montant de l indemnité de rupture entraîne des changements en perspective dans l appréhension d un départ négocié, des cadres notamment. Cotisations Pôle Emploi «à fond perdu» à partir de 65 ans Fin de l exonération des contributions chômage pour les salariés âgés de 65 ans ou plus. A compter du 1 er juillet 2014, leurs rémunérations seront assujetties aux cotisations chômage de droit commun, sans limitation d âge et ce, que les salariés soient ou pas en cumul emploi-retraite. Les causes de demandeur "involontairement privé d'emploi" sont modifiées Jusqu'à présent, le départ volontaire pouvait ne pas constituer un obstacle définitif à l'indemnisation, s'il était observé après une certaine période que le demandeur d'emploi recherche effectivement un emploi. Au terme d'un délai de 121 jours (environ 4 mois), à la demande de l'intéressé, l'instance paritaire régionale (IPR) pouvait, après étude du dossier, accorder le versement des allocations si elle constatait que l'intéressé avait réellement accompli des efforts pour retrouver un emploi. Désormais, ce n'est plus possible. Mise en œuvre des droits rechargeables Les droits rechargeables de l assurance chômage entrent en vigueur au 1 er octobre 2014 et non au 1 er juillet 2014. Ils ont pour objectif de sécuriser le demandeur d emploi qui, après une période d activité, se retrouvait de nouveau sans emploi, en lui garantissant qu il ne perdra pas les droits déjà acquis et non consommés. Le système d activité réduite simplifié En situation d emplois à temps partiels ou en contrats courts, il est possible de cumuler, sous certaines conditions, rémunération et allocation chômage. On parle alors d activité réduite. Désormais le demandeur d'emploi peut conserver son allocation de retour à l'emploi (ARE) quel que soit le nombre d'heures travaillées et le montant de la rémunération de son activité. Par ailleurs, le cumul est autorisé pendant toute la durée d'indemnisation. Pendant la période d'activité réduite, le chômeur continue à percevoir l'are, mais celle-ci est réduite d'un montant égal à 70 % de la rémunération brute procurée par cette activité réduite. Dans tous les cas, le cumul entre l'are réduite et la rémunération ne peut pas dépasser le salaire antérieur de référence. Pour finir, la durée d'indemnisation est prolongée du nombre de jours non indemnisés au cours de cette activité réduite. REFORME DU TEMPS PARTIEL Pour rappel, la loi de sécurisation de l'emploi a modifié le régime du travail à temps partiel. En application de cette loi, les contrats à temps partiel conclus depuis le 1 er janvier 2014 doivent, en principe, prévoir une durée de travail hebdomadaire d'au moins 24 heures, sauf dérogations (loi 2013-504 du 14 juin 2013, art. 12 IV, JO du 16). Cependant, afin de laisser aux branches le temps de négocier ces dérogations, la loi relative à la formation professionnelle, l'emploi et la démocratie sociale a suspendu l'entrée en vigueur de la durée minimale, sur une période allant du 22 janvier 2014 au 30 juin 2014 (loi 2014-288 du 5 mars 2014, art. 20-III, JO du 6). 5

Les contrats à temps partiel déjà conclus au 1 er janvier 2014 sont également concernés par ces mesures, avec un passage à la durée minimale de 24 heures au 1 er janvier 2016, sauf exceptions. Les partenaires sociaux se sont réunis et ont souhaité apporter des précisions à la loi de sécurisation, soit pour déroger à la durée minimale ou à la majoration des heures complémentaires. Certaines conventions collectives ont donc été renégociées. Il s agit : - Des entreprises du secteur de la propreté (étendu par arrêté du 5 mars 2014 est paru au JO le 28 juin 2014) : la durée minimale a ainsi été fixée à 16 heures par semaine (ou 69h28 par mois) sauf demande écrite et motivée du salarié d une durée inférieure. En contrepartie de la dérogation apportée à la durée minimale de travail, les partenaires sociaux ont mis en place des garanties. - Des entreprises de la branche sanitaire, sociale et médico-sociale privée à but non lucratif : les partenaires sociaux se sont réunis et ont signé un accord le 22 novembre 2013, non étendu à ce jour mais ayant fait l objet d un arrêté du 15 mai 2014, JO du 22 mai 2014). La durée minimale d activité est fixée à : - 2 heures hebdomadaires (ou équivalent mensuel) pour le personnel médical, masseurs kinésithérapeutes, pédicures-podologues, ergothérapeutes, psychologues, etc. ; - 17 heures 30 pour les pharmaciens dans les établissements sanitaires et de 7 heures dans les établissements médico-sociaux. - 14 heures pour les catégories de personnel pour lesquelles les exigences du poste le justifient ; - 10 heures 30 pour les employés de la vie associative de la Croix-Rouge Française. - Des entreprises de la restauration rapide (non étendu à ce jour) où la durée minimale est portée à 24 heures hebdomadaires. - Des centres sociaux et sociaux culturels (non étendu à ce jour). Il est rappelé que certains emplois peuvent déroger à la durée minimale tels que les emplois d animateur, auxiliaire petite enfance etc. - Du secteur du sport et de l animation (non étendu à ce jour). - Du secteur de l enseignement (non étendu à ce jour) où la durée minimale est fixée à 17 heures 30. - Du secteur de l édition (non étendu à ce jour) où la durée minimale est fixée à 18 heures 28 avec une majoration de 15 % pour les heures accomplies dans la limite du 10 ème et de 30 % pour les heures accomplies au-delà et dans la limite du tiers. STAGIAIRES : NOUVEAUX DROITS POUR LES STAGIAIRES ET NOUVELLES OBLIGATIONS POUR LES ENTREPRISES La loi (L. n 2014-788 du 10 juillet 2014, JO 11 juillet) visant à encadrer les stages est publiée au JO du 11 juillet 2014. Instauration d un quota maximum de stagiaires Le principe d une limitation du nombre de stagiaires qu une entreprise peut accueillir est dorénavant inscrit dans le Code de l éducation à l article L. 124-8. Mesuré sur une base hebdomadaire, le quota maximum de stagiaires dont la convention de stage est en cours dans l organisme d accueil sera fixé par décret en fonction des effectifs. Selon les débats parlementaires, il pourrait être de trois stagiaires dans les entreprises d au plus 30 salariés, et de 10 % de stagiaires dans les entreprises plus importantes. 6

Relèvement de la gratification Aux termes de la nouvelle loi, pour les conventions de stage signées à compter du 1er septembre 2015, sauf dispositions plus favorables, la gratification obligatoire pour les stages de deux mois sera fixée par décret à au moins à 15 % du plafond horaire de la sécurité sociale (soit en 2014, 523,26 pour 151,67 heures). Pour mettre en œuvre cette hausse de 87, le décret d application qui doit être pris dans les prochains jours prévoira une augmentation en deux étapes : + 43,50 à la rentrée 2014 et + 43,50 à celle de 2015. Désormais, les stagiaires ont accès au restaurant d entreprise, aux tickets restaurants, à une prise en charge des frais de transports lorsqu ils existent pour les salariés, et droit aux congés et autorisations d absence prévus par le Code du travail en cas de maternité, paternité et accueil de l enfant et adoption, etc. CONSOMMATION D'ALCOOL DANS L'ENTREPRISE : UNE INTERDICTION POSSIBLE La consommation d'alcool dans l'entreprise peut désormais être limitée ou interdite par le règlement intérieur lorsqu'elle est susceptible de porter atteinte à la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs (D. n 2014-754, 1er juillet. 2014 : JO, 3 juillet.). Jusqu'à présent, l'article R. 4228-20 du code du travail stipulait qu'aucune boisson alcoolisée autre que le vin, la bière, le cidre et le poiré n'était autorisée sur le lieu de travail. Désormais, cette disposition est complétée par un nouvel alinéa rédigé comme suit : "lorsque la consommation de boissons alcoolisées, dans les conditions fixées au premier alinéa, est susceptible de porter atteinte à la sécurité et la santé physique et mentale des travailleurs, l'employeur, en application de l'article L. 4121-1 du code du travail prévoit dans le règlement intérieur ou, à défaut, par note de service les mesures permettant de protéger la santé et la sécurité des travailleurs et de prévenir tout risque d'accident. Ces mesures, qui peuvent notamment prendre la forme d'une limitation, voire d'une interdiction de cette consommation, doivent être proportionnées au but recherché". Le décret n 2014-754 du 1 er juillet 2014 (JO, 3 juillet.), qui entre en vigueur le 4 juillet, permet donc désormais aux employeurs, via le règlement intérieur ou une note de service, de limiter voire d'interdire la consommation de toute boisson alcoolisée dans l'entreprise, lorsque cette consommation est susceptible de porter atteinte à la sécurité et à la santé physique des salariés, et à condition que les mesures prises soient proportionnées au but recherché. ATTENTION : ce nouveau texte ne permet pas d'édicter une interdiction générale de consommation d'alcool dès lors qu'elle ne serait pas proportionnée au but recherché. DROIT D ALERTE : NOUVEAU REGISTRE OBLIGATOIRE Le droit d alerte en matière sanitaire et environnementale a été créé il y a presque un an. Afin de permettre la consignation des alertes déclenchées par les salariés ou le CHSCT en cas de risque sanitaire ou environnemental, un registre spécial doit être tenu dans l entreprise depuis le 1 er avril 2014. Toute alerte (sanitaire et environnementale) peut être déclenchée par tout salarié qui, de bonne foi, estime que les produits ou procédés de fabrication utilisés ou mis en œuvre par son employeur font peser un risque grave sur la santé publique ou l environnement (Code du travail, art. L. 4133-1). 7

L alerte peut également être lancée par un représentant du personnel au CHSCT qui constate luimême ou est informé par un travailleur qu il existe un tel risque. Tel peut être le cas, par exemple, lorsque l entreprise utilise un produit polluant. Le salarié qui constate le risque doit avertir sans délai son employeur. Il est à noter que le lanceur d alerte est protégé par la loi contre toute sanction ou discrimination. Attention, en cas de mauvaise foi, il s expose à une sanction pénale pour dénonciation calomnieuse allant jusqu à 5 ans d emprisonnement et 45 000 d amende. Jusqu à présent, la loi prévoyait seulement qu en cas de déclenchement d une alerte par un salarié ou un représentant du personnel au CHSCT, une consignation écrite s imposait dans des conditions déterminées par décret. Depuis le 1 er avril 2014, l alerte déclenchée devra être consignée dans un registre spécial dont les pages sont numérotées. Elle devra également être signée et datée. Doivent notamment y figurer : - les produits ou procédés de fabrication utilisés ou mis en œuvre qui feraient courir un risque grave pour la santé publique ou l'environnement ; - les conséquences potentielles pour la santé publique ou l'environnement. L'employeur doit mettre en place le registre spécial où sont consignées les alertes. Ce registre, qui est sous sa responsabilité, doit être tenu à la disposition des représentants du personnel au CHSCT. L'employeur doit informer le travailleur lanceur d'alerte de la suite qu'il réserve à celle-ci. Lorsque le CHSCT est à l'origine de l'alerte, l'employeur doit examiner avec lui la situation et l'informer des suites données. En cas de divergence avec l'employeur sur le bien-fondé de l'alerte ou à défaut de suite donnée dans le mois suivant l'alerte, le salarié ou les représentants du personnel au CHSCT peuvent saisir le préfet du département. LES TITRES RESTAURANT DEMATERIALISES Le décret du 6 mars 2014 a ouvert la voie à la dématérialisation des titres restaurants. Pour l année 2014, la limite d exonération s établit à 5,33. Ce nouveau dispositif présente les avantages suivants : - Paiement au centime près, les sommes non dépensées seront reportées au mois d après ; - Possibilité de fractionner les dépenses ; - Utilisation non limitée dans l espace ; - Plafond de dépenses fixé à 19 euros par jour ; - Carte remplacée en cas de perte ou de vol ; - Carte automatiquement rechargée ; En contrepartie, les titres restaurant ont les inconvénients : - Impossibilité de dépenser plus de 2 titres restaurants par jour (soit 19 ). - Utilisation limitée dans le temps : à la semaine (carte non utilisable les dimanches et jours fériés, mais utilisable le soir). - Carte à puce nominative (protégée par un code confidentiel), il n est plus possible de céder des chèques restaurant. - Possibilité de régler partiellement les courses au supermarché, dans les enseignes partenaires uniquement. 8

AGIRC-ARRCO : COTISATIONS SUR LES INDEMNITES DE DEPART ALIGNEES EN 2016 A partir du 1er janvier 2016, les indemnités perçues par les salariés à l'occasion de leur départ de l'entreprise (indemnités de rupture, de départ en retraite, de fin de contrat à durée déterminée, compensatrices de congés payés ou de RTT, de non-concurrence, rappels de salaires) vont être soumises à la même assiette de cotisations de retraite complémentaire que celles prélevées sur le salaire. Par souci de simplification, ces indemnités vont être intégrées dans les éléments de rémunération pris en compte dans le calcul des cotisations pour l'arrco (le régime complémentaire de l'ensemble des salariés) et pour l'agirc (le régime complémentaire des cadres) et ne seront plus traitées à part comme aujourd'hui (d'où leur appellation de «sommes isolées»). «A compter de cette date, toutes les sommes entrant dans l'assiette sociale, versées ou non à l'occasion du départ de l'entreprise, seront soumises à cotisations de retraite complémentaire dans les conditions et limites des assiettes générales Agirc et Arrco», annonce une circulaire de l'agirc-arrco datée du 30 juin 2014. Concrètement, l'assiette de cotisation au titre de l'arrco des «sommes isolées» va ainsi passer de 2 à 3 plafonds annuels de la Sécurité sociale (37.548 euros en 2014), soit de 75.096 euros à 112.644 euros. Celle au titre de l'agirc va être portée de 7 à 8 fois le Pass, soit de 262.836 euros à 300.384 euros. 9

EN BREF L ACTUALITE DIVERSE Un courriel peut être considéré comme un avertissement Un arrêt de la cour de cassation a qualifié d avertissement un courriel adressé à un salarié assorti de reproches (cass. Soc 9 avril 2014). Cette décision n est pas nouvelle mais pose un certain nombre de difficultés en pratique parce qu il est difficile de bien distinguer un courriel de mise en garde, d un courriel-sanction. Si le courriel est qualifié d avertissement, il constitue une sanction disciplinaire et les faits reprochés ne pourront plus être sanctionnés une seconde fois. Il convient donc d être vigilants et de ne pas réagir «à chaud» en envoyant immédiatement un courriel de reproches à un salarié ayant eu un comportement fautif. Aucune autre sanction (licenciement notamment), ne pourra plus être prononcée contre le salarié pour les mêmes faits. Il faut ajouter que l employeur ne pourra pas non plus sanctionner tous les autres faits dont il avait connaissance au moment de l envoi du mail. En effet la jurisprudence est très claire sur ce point : dès lors que l employeur choisit de ne sanctionner qu un seul des manquements, dont il a connaissance, il est réputé avoir renoncé à sanctionner tous les autres manquements (cass. soc 25 septembre 2013). Un salarié en forfait jours : ne pas faire l impasse sur l entretien annuel portant sur sa charge de travail Un arrêt de la cour de cassation rappelle que le salarié en forfait jours doit impérativement bénéficier d un entretien annuel portant sur la charge de travail, l organisation du travail dans l entreprise et l articulation entre la vie professionnelle et personnelle (cass. 12 mars 2014). Cette obligation est prévue par le code du travail en son article L 3121-46. La cour de cassation retient que l employeur qui n a pas satisfait à cette obligation légale peut être condamné à verser des dommages et intérêts au salarié pour exécution déloyale de la convention de forfait jours. Pour toute information complémentaire, n hésitez pas à nous contacter : Le Palais d Hiver 149, boulevard Stalingrad 69100 LYON VILLEURBANNE Tél : 04 72 69 38 88 Fax : 04 78 89 64 62 E-mail : contact@orfisbti.com www.orfisbti.com 10