Veille stratégique et Intelligence économique Pour les professionnels du domaine de l information et de la communication, les deux concepts se confondent, tandis que pour d autres l «intelligence économique» est un concept global qui intègre les différents types de «veille». Laurent HERMEL fait partie de la première catégorie. Dans son ouvrage Maîtriser et pratiquer Veille stratégique et intelligence économique, il précise que : «Le terme [ ] «Intelligence économique» est défini comme «l ensemble des actions de recherche, de traitement et de diffusion (en vue de son exploitation) de l information utile aux acteurs économiques.» Il semble aujourd hui que les entreprises continuent d utiliser le terme «veille» ou «veille stratégique», même si le terme «intelligence économique» apparaît dans leurs organigrammes. Pour simplifier, nous utiliserons le terme veille tout au long de cet ouvrage.. Gilles BALMISSE ne partage pas la même opinion que Laurent HERMEL. Dans son ouvrage, Gestion des connaissances outils et application du Knowledge Management, il affirme que «[ ] ces termes recouvrent des réalités différentes. Et nous allons voir que l intelligence économique est un concept global qui intègre les différents types de veille». De plus, dans un autre ouvrage, La veille 2.0 et ses outils, Gilles BALMISSE renforce ses propos : «Même si l intelligence économique et la veille se rejoignent sur la nécessité de détecter les menaces et opportunités que l entreprise peut avoir à affronter, l intelligence économique possède une orientation beaucoup plus active, qu il s agisse de la maîtrise et de la protection du patrimoine de l entreprise ou bien de la constitution de stratégies d influence. [ ] Il faut indiquer cependant que certains grands groupes ont créé des cellules spécialisées dans l intelligence économique. Ils avaient une expérience développée de la pratique de la veille et voulaient mettre en place des actions offensives par rapport à leurs concurrents. Conceptuellement, il est possible d admettre que la veille s intègre dans l intelligence économique. Dans les faits, elle ne s introduit dans les entreprises que lorsque leur pratique des activités de veille a atteint un certain niveau de maturité.» Gilles BALMISSE reprend dans son ouvrage Gestion des connaissances outils et application du Knowledge Management le modèle développé par Alain BLOCH dans l ouvrage Intelligence économique. Celui-ci distingue «trois sphères d influence : l entreprise, l environnement immédiat et le macro environnement.» (fig. 4) «La première sphère d influence, l entreprise est gérée par la veille stratégique. Par contre, les deux autres sphères, concernant l environnement extérieur à l entreprise, font intervenir l intelligence économique.»
Fig. 4 - Les trois sphères d influence selon Alain BLOCH Selon lui, l objectif de l intelligence économique est de transférer l information aux clients, fournisseurs, sous-traitants, concurrents, médias et même (dans le cas du lobbying) aux pouvoirs publics. Si la veille stratégique implique un nombre restreint d acteurs, l intelligence économique suppose une mobilisation plus importante. Une autre différence relevée par les auteurs est l importance accordée à la sécurité et à la confidentialité des informations dans le cadre d une cellule d intelligence économique, ce qui n est pas le cas pour une cellule de veille. Ce modèle (fig. 5) illustre le besoin d une analyse interne qui permet à une entreprise d identifier ses forces et ses faiblesses et aussi d une analyse externe qui relève les menaces et les opportunités de l environnement. Fig. 5 Le Modèle LCAG La confrontation entre les compétences et les ressources propres de l entreprise vis-à-vis des contraintes et des opportunités de l environnement permet d élaborer les choix stratégiques.
Michael PORTER a modélisé en 1988 l environnement d une entreprise et cette représentation reste encore valable. (Fig. 6) Fig.6 Les forces qui commandent la concurrence au sein d un secteur d après Michael Porter. Les clients de la veille se classent dans quatre catégories, chacune ayant des besoins spécifiques : - Les directions corporate et régionales (Europe, Amérique, Asie) souhaitent des informations économiques sur les évolutions de capacité et les opérations de fusion et acquisition des concurrents, ainsi que sur les évolutions des marchés stratégiques mondiaux et/ou régionaux ou locaux. - Les responsables commerciaux, marketing et développement veulent suivre les clients principaux, l évolution des technologies et des réglementations dans leur secteur ainsi que les produits des concurrents. - Les acheteurs sont intéressés par l évolution des prix et des capacités de matières premières. - Les chercheurs sont demandeurs d information sur les nouvelles matières premières, les nouveaux produits des concurrents, la documentation scientifique ainsi que la veille brevets et réglementaire.pour obtenir des informations pertinentes, on a analysé des journaux électroniques (nombreux dans le domaine chimie / adhésifs) et les marchés (emballage, construction, etc.) de l entreprise. On a aussi mis en place des suivis sur les bases payantes pour être certains de ne pas manquer des informations dans des pays ou des régions exotiques, mais intéressantes pour une société mondialement implantée. Les caractéristiques du processus de veille et de diffusion de l information adoptée par la société sont les suivantes :
- Analyse, validation et catégorisation des informations avant diffusion, - Diffusion continue des actualités des quatre catégories : concurrence, marché stratégiques, technologies des adhésifs, matières premières pour adhésifs, - Diffusion mensuelle pour la veille brevets et celle sur la documentation scientifique, Pour implémenter ce processus, la société a recherché des outils de veille automatique, d un coût raisonnable, suffisamment puissant pour traiter un grand nombre de sites et/ou de pages et permettant une diffusion facile sur Intranet. C est ainsi qu elle a rapidement sélectionné un outil spécialisé pour la veille brevets et un outil de collecte, filtrage, diffusion et capitalisation de tout type d information d Internet pour les actualités et la documentation scientifique. Bibliographie : Laurent HERMEL, Maîtriser et pratiquer Veille stratégique et intelligence économique : Paris : AFNOR, 2010, p.xii Gilles BALMISSE, Gestion des connaissances outils et application du Knowledge Management : Paris : Vuibert : 2005, p. 202 Gilles BALMISSE, La veille 2.0 et ses outils : Paris : Lavoisier : 2008, p. 60 Gilles BALMISSE, Gestion des connaissances p. 205 Michael PORTER, Choix stratégique et concurrence. Paris : Economica : 1986