1 Dépenses en infrastructures publiques et externalités positives Luc Savard Professeur d économie Directeur du GREDI Faculté d administration
2 Les infrastructure dans l économie Depuis plusieurs années, les économistes ont montré l existence d une relation positive des investissements en infrastructures publiques sur la productivité des secteurs privés de l économie Par exemple, de meilleurs routes, écoles, hôpitaux, ports, permettent aux entreprises d être plus efficaces à travers une amélioration de la productivité des travailleurs et/ou de leur capital
Les infrastructure au Québec 3 Au Québec, un plan important de renouvellement des infrastructures a été lancé par le gouvernement du Québec en 2007 En 2009, selon le MFQ, en incluant les investissements du fédéral au Québec, des municipalités et d H-Q, les investissements publics pèseront pour 5,9 % du PIB réel Un sommet depuis 25 ans
4 Brève histoire du gaz de schiste Évolution des investissements du gouvernement du Québec En milliards de dollars 10 9 8,3 8,9 8,5 8 7 6 5 4 3 2,5 3,7 5 2 1 0 Moyenne de 1997-1998 à 2002-2003 Moyenne de 2003-2004 à 2006-2007 2007-2008 2008-2009 2009-2010 2010-2011
Les infrastructure au Québec 5 Selon le Secrétaritat du Conseil du trésor du Québec (SCT) (2007), les infrastructures publiques du Québec sont vieillissantes et la somme de leur déficit d entretien est estimée à 27 G$ le Québec possède encore des infrastructures plus vieilles que la moyenne des provinces canadiennes (17,2 ans versus 16,3 ans)
6 Brève histoire du gaz de schiste Évolution des investissements du gouvernement du Québec En milliards de dollars Ontario Île-du-Prince-Édouard Alberta 15,4 15,5 15,6 Colombie-Britannique Canada 16,3 16,3 Nouveau-Brunsw ick 16,8 Terre-Neuve-et-Labrador Québec 17,2 17,2 Saskatchew an Manitoba 17,6 17,7 Nouvelle-Écosse 18 14 14,5 15 15,5 16 16,5 17 17,5 18 18,5
L explosion de la production 7 Le plan quinquennal de 30 G$ couvrant la période 2007-2012, a été bonifié à 41,8 G$ et prolongé jusqu en 2013 Les objectifs de ces investissements sont de résorber les déficits d entretien et de répondre aux nouveaux besoins Environ 80 % du montant servira au maintien des actifs déjà en place et le solde ira à la construction de nouvelles infrastructure
8 INVESTISSEMENTS DU GOUVERNEMENT DU QUÉBEC PAR SECTEUR! Infrastructures municipales 3,6 G$ (9 %) Autres (2) 4,2 G$ (10 %) Éducation 6 G$ (14 %) Transports (1) 19,2 G$ (46 %) Santé 8,8 G$ (21 %) Total 41,8 G$
9 L analyse d impact La majorité des travaux sur cette relation positive a été faite dans un cadre d équilibre partiel En parallèle, des économistes utilisent des modèles d équilibre général calculables (MEGC) comme outil d analyse pour éclairer les décideurs sur leurs choix de politiques économiques Dans ces modèles, les dépenses et investissements publics sont sans externalité et ont un impact uniquement sur l achat de biens et services et la création d emplois.
10 L analyse d impact Depuis une dizaine d années, certains auteurs ont commencé à introduire les externalités des dépenses et investissements publics dans ces modèle L intérêt de ceci réside dans la capacité de l outil à capter simultanément les bénéfices externes des investissements ainsi que leurs coûts
11 Objectif de l analyse d impact Notre objectif est d analyser l impact d une augmentation des investissements en infrastructure. Plus précisément, il s agit de comparer une situation où les infrastructures n ont pas d impact sur la productivité du secteur privé à une autre situation où elles en ont L analyse est réalisée à partir du modèle d équilibre général calculable du ministère des Finances du Québec
Enjeux économiques des infrastructures 12 Une littérature très vaste s est développée depuis les articles de Aschauer (1989) sur l importance des dépenses publiques en infrastructure pour stimuler la croissance économique La littérature n est pas unanime Mais en générale une relation positive est observé et les rendements sont décroissants La présence d externalité d un bien public implique que le secteur privé offrira une quantité sous optimale
Enjeux économiques des infrastructures 13 La relation de l investissement publique sur l investissement privé Effet d éviction (plusieurs mécanismes) Effet de complémentarité La synchronisation est importante Récession Plein emploi
Enjeux économiques des infrastructures 14 Mode de financement Emprunt Effet sur le taux d intérêt Taux en vigueur Effet d éviction Risque d augmentation des taux Taxation Effet d éviction plus fort selon certains Les types d investissements n ont pas les mêmes effets Forte pression sur la demande (inflation)
Enjeux économiques des infrastructures 15 Effets macroéconomiques Inflation Pression sur la demande Financement par l épargne étrangère vient amplifier le déséquilibre extérieur Peut réduire la compétitivité de nos exportations et produit un effet inverse par rapport à notre gain de compétitivité lié aux effets d externalités Les types d investissements n ont pas les mêmes effets
Méthodologie 16 Utilisation du modèle EGC du MFQ Adaptations apportées au modèle Analyse comparative Investissement sans externalité Investissement avec externalité
Le modèle EGC MFQ 17 Un MEGC offre un cadre analytique où l économie est représentée comme un système complet de composantes interdépendantes L ensemble des agents de l économie à savoir, les ménages, les entreprises, le gouvernement, le secteur extérieur sont tous reliés par les transactions sur les marchés et le système de prix
18 Le modèle EGC MFQ un niveau élevé de désagrégation une structure bi-régionale un cadre dynamique (K, L, I, Dette) une représentation détaillée et réaliste du système fiscal une mobilité partielle du capital une offre de travail endogène 56 secteurs productifs, avec 150 types de ménages
19 Le modèle EGC MFQ: spécificités Introduction d une fonction d externalité Ratio d investissements et élasticités Élasticités canadiennes tirées de Harchaoui et Tarkhani (2003) sur des données de 1961 à 2000 Neutre face aux facteurs de production Rendement constant Hypothèses que : A) les infrastructures sont sans effets externes B) les infrastructures sont génératrices d effets externes positifs
20 Simulations Trois simulations un scénario de référence (BAU) Sans choc mais avec variables de croissance 2 ième scénario: BAU & 1G$ par année pour cinq ans sans externalités 3 ième scénario: BAU & 1G$ par année pour cinq ans avec externalités
Résultats : Scénario 2 21 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 CONSOMMATION 0,02 0,02 0,02 0,02 0,02 0,01 0,01 0,02 0,02 INVESTISSEMENT 2,65 2,64 2,62 2,60 2,58-0,05-0,06-0,05-0,05 GOUVERNEMENT 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 EXPORTATIONS AU RDC -0,26-0,26-0,26-0,25-0,24 0,03 0,04 0,05 0,05 EXPORTATIONS AU RDM -0,27-0,27-0,27-0,26-0,25 0,03 0,04 0,04 0,05 IMPORTATIONS AU RDC 0,20 0,20 0,20 0,19 0,19-0,01-0,01-0,01-0,01 IMPORTATIONS AU RDM 0,52 0,51 0,50 0,50 0,49-0,02-0,02-0,01 0,00 PIB 0,09 0,09 0,10 0,10 0,11 0,02 0,03 0,03 0,03 IPC 0,31 0,30 0,28 0,27 0,26-0,06-0,06-0,06-0,06 REVENU DISPONIBLE RÉEL 0,02 0,01 0,01 0,01 0,02 0,01 0,01 0,02 0,02
Résultats : Scénario 3 22 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 CONSOMMATION 0,02 0,08 0,13 0,19 0,24 0,27 0,27 0,27 0,27 INVESTISSEMENT 2,65 2,64 2,62 2,60 2,58-0,04-0,05-0,06-0,05 GOUVERNEMENT 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 0,00 EXPORTATIONS AU RDC -0,25-0,12 0,01 0,14 0,27 0,65 0,65 0,65 0,65 EXPORTATIONS AU RDM -0,27-0,17-0,07 0,03 0,13 0,50 0,50 0,50 0,50 IMPORTATIONS AU RDC 0,20 0,19 0,18 0,18 0,17-0,04-0,03-0,03-0,03 IMPORTATIONS AU RDM 0,52 0,55 0,57 0,60 0,62 0,14 0,14 0,14 0,15 PIB 0,09 0,18 0,27 0,36 0,44 0,43 0,43 0,43 0,42 IPC 0,30 0,19 0,07-0,03-0,14-0,53-0,52-0,51-0,49 REVENU DISPONIBLE RÉEL 0,02 0,07 0,13 0,18 0,24 0,27 0,28 0,28 0,28
Résultats : IPC 23 0,40 0,30 0,20 0,10 0,00 Début du choc 0,26 Fin du choc Sans externalité Avec externalité -0,10-0,20-0,30-0,40-0,50-0,14-0,06-0,49-0,60 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Résultats : PIB 24 0,50 0,45 0,40 0,35 0,30 0,25 0,20 Début du choc Fin du choc 0,44 0,42 Sans externalité Avec externalité 0,15 0,10 0,05 0,11 0,03 0,00 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
Résultats : Consommation 25 0,30 Début du choc Fin du choc 0,27 0,25 0,24 0,20 0,15 0,10 Sans externalité Avec externalité 0,05 0,00 0,02 0,02 2003 2004 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011
26 Conclusions Un investissement ne tenant pas compte des gains de productivité qu engendre le capital public conduit à une hausse de prix, détériorant le revenu des ménages et le compte courant Ceci annule en partie les gains générés par ces investissements Cohérent avec la littérature qui dit : des dépenses publiques qui n améliorent pas la productivité des facteurs de production vont engendrer des effets pervers sur les équilibres interne et externe
27 Conclusions Des investissements publics improductifs par le Gouvernement du Québec pourraient mener à cette dynamique Les externalités positives ont été suffisantes pour inverser les résultats d une politique d investissements en infrastructures publiques Toutefois, les taux de financement de la dette sont faibles et ce contexte peut changer rapidement
28 Conclusions Ce constat montre la pertinence de prendre en considération les externalités positives de ces investissements ; D autre part, cela illustre que les décideurs publics doivent faire preuve de prudence dans le choix de leurs projets publics, D où l importance de se doter d un processus d évaluation de ces derniers rigoureux et de ne pas conclure que tous les projets sont générateurs de gains de productivité