Médecine ostéopathique. La colonne lombaire. Grégoire Lason & Luc Peeters



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Médecine ostéopathique La colonne lombaire Grégoire Lason & Luc Peeters

La colonne lombaire Grégoire Lason & Luc Peeters Copyright par Osteo 2000 sprl 2013. Aucun élément de cette édition ne peut être copié et /ou publié par impression, photocopie, microfilm ou tout autre procédé que ce soit, sans l autorisation préalable écrite de l éditeur. Contact: Osteo 2000, Kleindokkaai 3-5, B 9000 Gand, Belgique Tel: +32 9 233 04 03 Fax: +32 55 70 00 74 Mail: info@osteopathie.eu Web: http://osteopedia.iao.be et www.osteopathie.eu Tel: +32 9 233 04 03 - Fax: +32 55 70 00 74 ISBN: 9789491434075 The International Academy of Osteopathy I.A.O. 2

Table des matières Table des matières... 3 1. Introduction... 7 2. Biomécanique... 8 2.1. Généralités... 8 2.2. Mouvements dans le plan sagittal... 8 2.2.1. Position neutre (N)... 8 2.2.2. Flexion (F)... 9 2.2.2.1. Flexion modérée... 9 2.2.2.2. Flexion augmentée... 9 2.2.3. Extension... 11 2.2.3.1. Extension modérée... 11 2.2.3.2. Extension augmentée... 12 2.3. Mouvements dans le plan frontal... 13 2.3.1. Latéroflexion... 13 2.3.1.1. Position neutre... 13 2.3.1.2. Flexion... 15 2.3.1.3. Extension... 16 2.4. Mouvements dans le plan horizontal... 17 2.4.1. Rotation... 17 3. Mécanique lésionnelle... 18 3.1. Lésion de groupe en NS D R G... 21 3.2. Lésion monolithique en FRS D ou FRS G... 22 3.3. Lésion monolithique ERS D... 23 4. Dorsalgies dans le bas du dos en relation avec la colonne lombaire... 24 4.1. Généralités... 24 4.2. Différentes causes de lombalgies... 29 4.2.1. Canal lombaire étroit (sténose lombaire)... 29 4.2.2. Spondylarthrite ankylosante... 30 4.2.3. Maladie de Scheuermann... 31 4.2.4. Maladie du disque... 33 4.2.4.1. Dégénérative... 33 4.2.4.2. Hernie discale aigüe... 35 4.2.4.3. Syndrome de la queue de cheval... 35 4.2.4.4. Fissure annulaire... 36 4.2.4.5. Discite... 37 4.2.5. Arthrose... 41 4.2.6. Arthropathie des facettes articulaires... 42 4.2.7. Kyste synovial des facettes articulaires... 45 4.2.8. Ligament jaune hypertrophique... 46 4.2.9. Spondylolyse... 47 3

4.2.10. Spondylolysthésis (ou Antérolysthésis)... 48 4.2.11. La scoliose... 49 4.2.12. Malformation transitoire lombo-sacrée... 50 4.2.13. Fractures... 51 4.2.14. Ostéomyélite... 52 5. Examen clinique... 53 5.1. Tests de provocation en cas d inflammation... 53 5.1.1. Compression du pied... 53 5.1.2. Test de compression en position assise... 54 5.1.3. Test de compression de l articulation facettaire et Rozet Test... 55 5.1.4. Test de traction... 55 5.2. Test d amplitude... 56 5.2.1. Test de Schober... 56 5.2.2. Flexion en délordose (doigts vers le sol)... 56 5.3. Test de Phalen pour sténose lombaire... 57 5.4. Test d extension du membre inférieur... 58 5.5. Tests neurologiques... 58 5.5.1. Examen neurologique du plexus lombaire et sacré... 58 5.5.2. Réflexe de l adducteur... 61 5.5.3. Réflexe patellaire (réflexe rotulien)... 61 5.5.4. Réflexe patellaire à l aide du test de Jendrassik... 62 5.5.5. Réflexe du tibial antérieur... 62 5.5.6. Réflexe tibial postérieur... 63 5.5.7. Réflexe du tendon d Achilles... 63 5.5.8. Tests pour force musculaire... 64 5.5.9. Tests pour la sensibilité... 64 5.5.10. Réflexe de Babinski... 66 5.5.11. Manoeuvre de Lasègue (SLR = Straight Leg Rise)... 67 5.5.12. Test de Hoover... 68 5.5.13. Test de Kernig... 69 5.5.14. Test de Millgram... 69 5.5.15. Test de Beevor... 70 5.6. Tests de mobilité... 71 5.6.1. Flexion active... 71 5.6.2. Extension active... 71 5.6.3. Latéroflexion active... 72 5.6.4. Test d oscillation (position assise)... 72 5.6.5. Test d oscillation (décubitus ventral)... 73 5.6.6. Test de flexion passive... 74 5.6.7. Test d extension passive... 74 5.6.8. Test de latéroflexion passive... 75 6. Techniques... 76 6.1. Mobilisations... 76 4

6.1.1. Généralités... 76 6.1.2. Mobilisations en flexion-extension... 77 6.1.3. Mobilisation en flexion... 77 6.1.4. Mobilisation en extension... 78 6.1.5. Mobilisation en latéroflexion... 78 6.1.6. Mobilisation en latéroflexion... 79 6.1.7. Mobilisation en rotation... 79 6.1.8. Mobilisation en rotation... 80 6.1.9. Etirement des ligaments ilio-lombaires... 80 6.1.9.1. Remarque sur les ligaments ilio-lombaires... 81 6.1.10. Mobilisation pour une antérolisthésis... 91 6.2. Osteopathic Manipulative Techniques - Manipulations... 92 6.2.1. Généralités... 92 6.2.2. Manipulation standard d une lésion ERS D... 94 6.2.3. Manipulation standard d une lésion FRS D... 95 6.2.4. Manipulation en shift d une lésion ERS D... 96 6.2.5. Manipulation en shift d une lésion ERS D... 96 6.2.6. Manipulation en shift d une lésion FRS D... 97 6.2.7. Manipulation d un antérolysthésis... 97 6.2.8. Manipulation d un antérolysthésis deuxième technique... 98 6.2.9. Manipulation des facettes sous-jacentes vers divergence... 98 6.2.10. Manipulation de la lésion ERS D en position de cavalier (assis)... 99 6.2.11. Décoaptation de passage thoraco-lombaire... 100 6.2.12. Décoaptation de passage thoraco-lombaire deuxième technique... 100 6.2.13. Décoaptation de passage thoraco-lombaire troisième technique... 101 6.3. Muscle Energy Techniques (M.E.T.)... 102 6.3.1. Généralités... 102 6.3.2. Correction d une lésion FRS D... 103 6.3.3. Correction d une lésion ERS D... 104 6.3.4. Correction d une lésion en groupe NS G R D... 104 6.3.5. Correction d une lésion L 4 en FRS D... 105 6.3.6. Correction d une lésion L 4 en ERS D... 106 6.3.7. Etirement du m. carré des lombes en décubitus ventral... 107 6.3.8. Etirement du m. carré des lombes en décubitus ventral deuxième technique... 108 6.3.9. Etirement des para-vertébraux... 109 6.3.10. Etirement du m. oblique interne droit... 109 6.3.11. Etirement du m. psoas... 110 6.4. Strain and Counterstrain Techniques (Jones)... 111 6.4.1. Généralités... 111 6.4.2. Lésions d extensions L 1 et L 2... 111 6.4.3. Lésion d extensions L 3, L 4 et L 5... 112 6.4.4. Lésion atypique L 5... 112 6.4.5. Lésion de flexion L 1... 113 5

6.4.6. Lésion de flexion L 2... 113 6.4.7. Lésion atypique de L 2... 114 6.4.8. Lésions flexions L 3 et L 4... 114 6.4.9. Lésion flexion L 5... 115 7. Bibliographie... 116 8. Les auteurs... 122 9. Remerciements... 123 10. Terminologie ostéopathique... 124 10.1. Les 3 axes anatomiques... 124 10.2. Les 3 plans anatomiques... 125 10.3. Biomécanique vertébrale... 126 10.4. Abréviations générales... 128 10.5. Termes spécifiques... 129 11. Toutes les vidéos... 130 6

1. Introduction La région lombaire est une cause fréquente de dorsalgie. Bien que l ostéopathe se doit être conscient que des dysfonctionnements lombaires sont souvent associés à d autres lésion axiales, il faut souligner l importance de cette zone qui possède sa propre biomécanique, ces tests et techniques. Les mouvements tridimensionnels couplés de cette région sont expliqués à l aide de la biomécanique et d images ainsi que les tests et techniques ostéopathiques. Pour le lecteur qui n est pas habitué à la terminologie ostéopathique, nous vous référons au chapitre 10 de cet e-book. 7

2. Biomécanique (Benzel 2001, Carlson 2003, Fryette 1942, 1988, Gray 1995, 2000, Grant 2004, Hall- Craggs 1995, Harrison et al 1999, Kapandji 2001, King & Yang 1986, Lovett 1905, Moore & Dalley 1999, Netter 2003, Panjabi & White 2001, Pearcy & Tibrewel 1984, Romanes 1972, Shellshear & Macintosh 1949, Snell 1995, Sobotta 2001, Vicenzino & Twomey 1993, White & Panjabi 1990, Woodburne & Burkel 1988, Wood & Jones 1953) 2.1. Généralités La mobilité de la vertèbre est expliquée par rapport à la vertèbre sous-jacente. La physiologie du mouvement n est applicable qu en position assise ou debout et sous l influence de la gravitation. Si les mouvements se font en l absence de la masse corporelle humaine, ces mouvements peuvent apparaître de façon individuelle et non couplée. 2.2. Mouvements dans le plan sagittal 2.2.1. Position neutre (N) La position neutre est la position standard de l organisme quand le sujet est debout face à l observateur. La position neutre de la région lombaire est une lordose. N Articulation facettaire Ventrale Dorsale Figure 1 - La position neutre dans le plan sagittal 8

2.2.2. Flexion (F) 2.2.2.1. Flexion modérée Toutes les vertèbres lombaires se trouvent en position neutre (N). Cela implique qu en se penchant légèrement vers l avant on se trouve toujours en position neutre. Arc harmonieux Articulations facettaires bilatérales en divergence Dorsale Figure 2 - Debout avec flexion modérée (également neutre) Figure 3 - Debout en position neutre (lordose) 2.2.2.2. Flexion augmentée Une légère translation postérieure apparait dans l articulation intervertébrale à hauteur de l apex de l arc. Au plus le sujet augmente la flexion, au plus l apex est déplacé en direction caudale. T 12 L 1 L 2 L 3 L 4 L 5 Figure 4 - Flexion augmentée 9

À hauteur de l apex, la vertèbre se trouve en position de flexion (F). Le degré de translation augmente en fonction du degré de dégénération du disque intervertébral. Apex Articulations facettaires bilatérales en divergence F Apex Dorsale Translation postérieure Figure 5 - Flexion augmentée avec translation au niveau de l apex 10

3. Mécanique lésionnelle La lésion est associée à une perte de mobilité. Cette perte de mobilité peut avoir plusieurs origines: Un traumatisme mécanique: une chute ou autre traumatisme de la colonne lombaire peut créer une fixation d une vertèbre vis à vis de la vertèbre sousjacente. Ainsi la fixation crée une perte de mobilité. En ostéopathie, une perte de mobilité d une vertèbre suite à un traumatisme est appelée une lésion monolithique. La fixation est toujours décrite vis à vis de la vertèbre sousjacente. Les structures responsables de la fixation et de son temps de fixation peuvent varier. Un spasme musculaire, des articulations facettaires bloquées ou encore un disque intervertébral endommagé, peuvent être des causes de fixation. Un groupe musculaire hypertonique: lorsqu un segment vertébral est hypertonique suite à une grande afférence provenant du dermatome, viscérotome, angiotome, neurotome ou sclérotome, le myotome du segment sera également hypertonique. Cette hypertonie peut ainsi fixer progressivement une ou plusieurs vertèbres dans une position spécifique. En ostéopathie, on appelle ceci une lésion de groupe car plus de deux vertèbres sont en lésion. Changements trophiques: des tissus mous environnants tels que les ligaments, capsules articulaires et muscles. Par exemple, une scoliose peut devenir rigide dû à des changements trophiques causant une perte de mobilité d un ou plusieurs groupes vertébraux. Ceci est appelé une lésion de groupe. La différence entre une lésion de groupe créée par une afférence neurologique ou par un changement trophique est que dans le cas d'une lésion dû à une afférence neurologique, la palpation peut provoquer de la douleur chez le patient, contrairement à une lésion d'origine trophique. Mal: quand un certain mouvement est très douloureux, il s agit d une lésion antalgique. Dans ce cas, la cause du mal peut être une inflammation des tissus mous environnants ou d une articulation facettaire, discite, neurite, infection ou fracture. Lorsqu'on observe la posture du patient, celui-ci se tiendra dans sa zone de confort qui est située au côté opposé de l irritation. Remarque: il est important que l ostéopathe nuance les différents types de lésions possibles, ceci afin d'optimiser la suite du traitement du patient. Ainsi l ostéopathe pourra choisir s'il doit plutôt mobiliser ou manipuler, s'il doit traiter le viscérotome ou autres tomes, ou encore s'il doit référer le patient vers le médecin. 18

Des lésions lombaires peuvent non seulement causer des douleurs locales mais peuvent aussi influencer les organes liés aux segments affectés (seulement les niveaux T 12, L 1 et L 2 ). De plus amples détails peuvent être trouvés dans les-book appropriés aux thèmes viscérales et neurologiques. La physiologie normale de la colonne lombaire contient 60 degrés de flexion, 25 degrés d extension, et 25 degrés de latéroflexion. Une perte de mobilité signifie non seulement une perte d amplitude du mouvement articulaire, mais aussi et surtout un changement au niveau de la biomécanique articulaire. Une biomécanique normale signifie qu en cas de mouvement, les tissus mous environnants l articulation seront sujet à des tractions et compressions de manière égale. De plus, les axes de mouvement sont correctement placés ne causant pas de perte d énergie en cas de mouvement. En cas de perte de mobilité à des endroits où les tissus mous sont raccourcis, les axes de mouvement seront modifiés par rapport à leur positionnement original. À cause de ces raccourcissements, les tissus mous sont mis sous tension de différentes manières. Axe normal Biomechanique normale Mobilité normale Partage normale de forces sur les structures périarticulaires Axe erroné (structures raccourcis) Biomechanique faux Mobilité faux Etiration chronique des structures du coté opposé Mauvaise circulation dans les structures à l hauteur de l axe erroné Axe erroné Figure 13 - Perte de mobilité axe erroné Dans l exemple ci-dessus, la rotation entre les deux structures est encore possible. Cependant, quel que soit l influence sur l amplitude du mouvement, une biomécanique faussée sera instaurée dû à la perte de mobilité et une correction sera nécessaire. Les structures péri-articulaires raccourcies créeront alors un faux axe tridimensionnel. 19

Ce concept est la différence majeure entre l ostéopathie et les autres thérapies manuelles, où c'est surtout le degré d amplitude qui est utilisé comme référence pour évaluer la mobilité d une articulation. Remarque sur l hypermobilité: Les ostéopathes traitent aussi des hypermobilités locales, car il peut y avoir dans un segment aussi bien une perte de mobilité dans une direction qu une augmentation de mobilité dans l autre direction. Quand des tissus articulaires se trouvent en état de rétraction ou de spasme, un nouvel axe non physiologique est créé, causant une perte de mobilité. A cause de cette perte de mobilité, une hypermobilité de l autre côté sera établie comme mécanisme de compensation et les structures seront allongées de ce côté-là. Le traitement consiste à étirer les tissus articulaires rétractés pour ainsi restaurer la biomécanique normale du segment. Une fois que les structures rétractées sont traitées, les tissus qui étaient allongés retrouveront leur longueur d origine permettant ainsi de récupérer et de cicatriser. Des lésions de la colonne lombaire peuvent aussi créer des tensions au niveau de la colonne dorsale et/ou cervicale. Des lésions de flexion dans la colonne dorsale vont souvent accentuer la lordose au niveau lombaire et/ou cervicale. Une lordose trop excessive au niveau lombaire et/ou cervicale peut créer à son tour des tensions musculaires évoquant des douleurs. Des lésions d extension dans la colonne dorsale vont souvent aplatir les courbures de la colonne lombaire et/ou cervicale. Ceci peut augmenter la compression au niveau des disques dans les régions aplaties. Si la/les vertèbre(s), reste(nt) fixée(s) dans une position spécifique telles que décrites, il s agit de lésions lombaires. Théoriquement, une vertèbre lombaire peut se fixer dans toutes les positions possibles et dans toutes les combinaisons possibles. Cependant, certaines combinaisons lésionnelles sont très fréquentes: 20

4. Dorsalgies dans le bas du dos en relation avec la colonne lombaire (Arangio et al 1990, Arnoldi 1976, 1984, Carragee 2005, Costilla et al 2003, Humphreys et al 2002, Indahl 2004, Jarvik 2002, Resnick et al 2005) 4.1. Généralités La lombalgie est la raison principale de visite chez l ostéopathe. 60 à 80% de la population souffrira un jour d'une douleur au niveau du rachis lombaire. Chaque année, 15 à 20% de la population souffre de lombalgie. C est la raison principale d invalidité en-dessous des 45 ans. Il y a différentes causes possibles pour des lombalgies, d où l importance de bien reconnaître la structure causant le mal. Est-ce que le mal est dû à un muscle spasmé? Et si oui, de quel muscle s agit-il? Est-ce que le mal est dû à une élongation ligamentaire, et si oui, de quel ligament s agit-il? Est-ce que les ligaments sont plutôt dans un état de rétraction ou plutôt dans un état de rallongement? Est-ce que le mal est dû à une inflammation articulaire? Et si oui, quelle articulation est enflammée? Est-ce que le mal est dû à une inflammation du disque? Et si oui, à quel niveau? Est-ce que le mal est dû à une inflammation du nerf? Et si oui, quel nerf et à quel niveau? Y a-t-il un rétrécissement du canal lombaire, une fracture ou une tumeur dans le canal lombaire? Y a-t-il des maladies osseuses ou des facteurs rhumatoïdes? Y a-t-il des infections locales présentes? Y a-t-il une connexion afférente viscérale avec les segments T 12, L 1, L 2? Y a-t-il une surcharge posturale à cause d autres lésions vertébrales? L ostéopathe commence toujours son investigation avec une anamnèse. 24

Durant l anamnèse, l ostéopathe va essayer de trouver la structure causant les plaintes et douleurs du patient: Une douleur sourde peut provenir d'un ligament ou d'une capsule articulaire, surtout si elle est accompagnée de raideur matinale. Cette douleur peut aussi apparaitre suite à une longue période d'immobilisation (assis ou debout). Une douleur aigüe suite à des mouvements spécifiques peut être causée par une lésion musculaire ou une inflammation. Une douleur aigüe déclenchée par la toux est souvent signe d'inflammation. Une douleur irradiante met en cause un facteur neurogénique, et peut être d'origine radiculaire ou pseudo-radiculaire. Un engourdissement ou une faiblesse musculaire est signe d'inflammation radiculaire sévère, et est souvent associée à une compression de la racine du nerf. Une douleur vague et parfois irradiante dans la jambe au cours d'un exercice peut indiquer une névralgie d'origine ischémique. Y a-t-il des signaux viscéraux associés à une douleur lombaire? Une douleur nocturne indique souvent un cancer... Le type de patient (enfant, adulte, personne âgée, une femme enceinte, une femme proche de la ménopause) est une source d'information pour l'ostéopathe. Le déclenchement de la douleur dans le bas du dos est important. Y a-t-il eu un traumatisme? La douleur est-elle apparue de façon soudaine ou progressive? Y a-t-il eu une/des infection(s) récente(s)? Y a-t-il une amplification des symptômes et une détresse psychologique? (Ex: distribution de la douleur superficielle et non-anatomique, perturbation moteur et/ou non anatomique, un test de SLR inconstant, une verbalisation excessive ou inappropriée de la douleur). 25

La douleur référée peut aussi apparaître dans la région lombaire (Donelson et al 1997): Des dysfonctions des reins, de l'uretère, des organes du plancher pelvien ou des intestins peuvent causer des douleurs référées dans la région lombaire via une irritation segmentaire T 12, L 1, L 2. Des problèmes de rein peuvent irriter mécaniquement des parties du plexus lombaire et déclencher des douleurs le long des nerfs iliohypogastrique, ilioinguinal, nerf cutané fémoral latéral et génitofémoral. M. psoas N. iliohypogastrique N. ilioinguinale M. carré des lombes Côte 12 T 12 L 1 L 2 Surrénal N. génitofémorale N. cutané latérale L 3 M. iliaque L 4 Crête iliaque L 5 Lig. inguinale Branche fémorale du n. génitofémorale Branche génitale du n. génitofémorale N. obturateur Figure 17 - Possibilité d'irritation nerveuse via des problèmes de rein comme la ptose 26

5. Examen clinique (Kuchera & Kuchera 1996, 2001, Lee & Vleeming 2004, Paris 1997, Saal 2002, Stern et al 2006, Wadell et al 1982, Wilson 2008) 5.1. Tests de provocation en cas d inflammation Une articulation enflammée peut causer une douleur en cas de compression. Souvent après la compression, le mal persiste quelques secondes. La compression peut également être provoquée de façon mécanique en cas de toux ou d éternuement. 5.1.1. Compression du pied Le patient se trouve en décubitus dorsal. Ensuite l ostéopathe exerce une pression axiale sur le calcanéum de la jambe du patient qui est en extension. Le test peut aussi être accompli avec le patient debout sur la pointe des pieds pour ensuite se laisser tomber sur les talons (chute du talon). Ces tests ont pour but de comprimer les disques et les articulations facettaires et de provoquer une douleur en cas d inflammation intra-articulaire, discite, inflammation facettaire. En cas de discite ou d inflammation facettaire, une douleur aigüe sera ressentie également en cas de toux ou d éternuement. 53

5.1.2. Test de compression en position assise Les disques comme les articulations facettaires sont comprimés. Les tests peuvent être accentués en demandant au patient de tousser ou d inspirer profondément par l abdomen. La compression discale peut être accomplie antérieurement à gauche, antérieurement à droite, postérieurement à gauche ou postérieurement à droite. Quand une extension est ajoutée en combinaison avec une rotation gauche, l articulation facettaire droite est comprimée. Quand une extension est ajoutée en combinaison avec une rotation droite, l articulation facettaire gauche est comprimée. L ostéopathe peut maintenir la compression et demander au patient de tousser. Vidéo 1 - Test de compression en position assise 54

5.1.3. Test de compression de l articulation facettaire et Rozet Test Le contact est établi entre les épines et le point latéral du transverse de la vertèbre sous-jacente. La pression est ventrale. Le test Rozet crée une rotation d une vertèbre vis à vis d une autre, créant ainsi une compression dans l articulation facettaire. Dans cet exemple, la facette articulaire droite est provoquée à l aide du test Rozet. Vidéo 2 - Test Rozet 5.1.4. Test de traction La traction enlève la compression et soulage ainsi un problème discale. Le test peut également provoquer un pincement d un nerf ou irriter un ligament ou problème musculaire. Vidéo 3 - Test de traction 55

6. Techniques (Fryette 1988, Gibbons P., Greenman & Tehan 2000, Hartman 1997, Peeters & Lason 2005) 6.1. Mobilisations 6.1.1. Généralités Les objectifs d une mobilisation sont: Correction de l axe erroné de l articulation en étirant la capsule rétractée et les ligaments environnants. La mobilisation est faite avec une grande précision, de ce fait, l articulation hypermobile peut être mobilisée dans d autres directions. Une biomécanique correcte peut être récupérée au sein de l articulation, et les tissus mous rétractés peuvent retrouver leur longueur initiale. En faisant des mobilisations rythmiques et en employant des bras de leviers longs, un drainage des tissus mous autour de l articulation aura lieu. Auprès de l axe erroné, une congestion des tissus mous apparaîtra. La mobilisation est faite de manière non douloureuse et rythmique. Le but est de normaliser chaque hyperactivité du système sympathique des tissus environnants. En cas de douleur, l activité sympathique sera augmenté. En faisant des compressions/tractions de manière rythmique, la production du liquide synoviale sera stimulée. Ceci est bénéfique pour les articulations souffrant d arthrose. Pour la même raison, les mobilisations sont déconseillées en cas d arthrite. Une augmentation de l amplitude du mouvement n est pas forcément le premier objectif d une mobilisation. Cela peut être contre-indiqué s il s avère qu une instabilité serait causée dû à l augmentation de l amplitude articulaire (spécialement en cas d arthrose articulaire). La mobilisation doit être faite sur la barrière motrice, afin d exercer une légère tension efficace sur les tissus traités. La mobilisation est rythmique et si possible des circumductions y sont ajoutées. Si le but est de stimuler la production du liquide synoviale, des tractions et compressions sont exercées en alternance de manière très légère. La mobilisation est toujours faite dans la direction opposée à la lésion et dans un mouvement biomécanique suivant la physiologie normale. Les directions hypermobiles doivent être évitées. 76

Contre-indications Inflammation ou infection. Articulation avec gonflement intra-articulaire. Une mobilisation ne fera qu aggraver le gonflement et la douleur. Douleur en fin de mouvement d amplitude. Mobiliser dans la direction d une structure endommagée. Immédiatement après avoir eu un traumatisme. 6.1.2. Mobilisations en flexion-extension Le patient est couché sur le côté. L ostéopathe étire de façon rythmique les ligaments inter- et supraspinaux, ainsi que les capsules facettaires. Les articulations facettaires sont mises en convergence et divergence de manière alternées. Vidéo 29 - Mobilisations en flexion-extension 6.1.3. Mobilisation en flexion Chaque niveau vertébral est mobilisé en translation postérieure. Les articulations facettaires sont en divergence. Vidéo 30 - Mobilisation en flexion 77

6.1.4. Mobilisation en extension Chaque niveau vertébral est mobilisé en translation antérieure. Les articulations facettaires sont en convergence. Vidéo 31 - Mobilisation en extension 6.1.5. Mobilisation en latéroflexion Le patient est couché sur le côté. Chaque niveau vertébral est mobilisé en latéroflexion. Les capsules des articulations sus-jacentes sont étirées de manière efficace. Vidéo 32 - Mobilisation en latéroflexion 78

8. Les auteurs Grégoire Lason Luc Peeters Gent (B), 21.11.54 Terhagen (B), 18.07.55 Les deux auteurs sont titulaires d'un diplôme universitaire, à savoir le Master of Science in Osteopathy (MSc.Ost. University of Applied Sciences), et sont très actifs dans la promotion et la structuration académique de l'ostéopathie en Europe. En 1987, il ont ouvert The International Academy of Osteopathy (IAO) et occupent, à ce jour, les postes de directeurs adjoints de cette académie. L'IAO est, depuis plusieurs années, la plus grande école d'enseignement de l'ostéopathie en Europe. Ostéopathes, ils sont dans le cadre de leur mission pour améliorer le développement de l'ostéopathie tous deux membres de diverses organisations professionnelles, telles que l'american Academy of Osteopathy (AAO), l'international Osteopathic Alliance (IOA) et la World Osteopathic Health Organisation (WOHO). Cette encyclopédie ostéopathique a pour objectif de démontrer qu'un examen et un traitement ostéopathique corrects sont basés sur l'intégration de trois systèmes: les systèmes musculo-squelettique, viscéral et crânien. 122

Cet e-book est une réalisation d Osteo 2000 sprl. Publier un e-book vous intéresse, ou vous avez des questions ou suggestions, contactez nous: Mail: ebooks@osteopathie.eu Fax: +32 55 70 00 74 Tel: +32 9 233 04 03 Web Osteopedia: http://osteopedia.iao.be Web The International Academy of Osteopathy IAO: http://www.osteopathie.eu 132