Contrôle et entretien d une installation d irrigation localisée

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1 contrôle et entretien mars 2007 Du fait des faibles pressions, des petits diamètres et du grand nombre de distributeurs, une installation d irrigation localisée s use, se colmate, vieillit. Elle subit des agressions extérieures ( outils de travail du sol, outils de récolte, animaux...). Il est nécessaire de lui apporter des soins particuliers : surveillance et entretien. Ainsi - on est vérifie le débit des goutteurs ou asperseurs, - on s assure d un fonctionnement homogène de l installation, - on garantit une meilleure longévité au matériel. Contrôle et entretien d une installation d irrigation localisée Que faire? - bien connaître son installation et les caractéristiques de tous les matériels qui la composent, - réaliser les opérations de routine de nettoyage et d entretien indispensables au bon fonctionnement en début, en cours et en fin de saison, - se donner les moyens d agir rapidement quand on a détecté un problème. Les opérations d entretien sont certes un peu contraignantes mais permettent d éviter des incidents fâcheux en cours de saison

2 page 2 Bien connaître son installation Toujours prévoir un stock de réserve pour remplacer rapidement le matériel défectueux: goutteurs, microasperseurs, piles... On s assure ainsi d avoir toujours le débit et la pression nécessaires au bon fonctionnement de l installation. Pour pouvoir intervenir vite en cas de problèmes en pleine saison, il faut : - Avoir un plan de l installation telle qu elle est réellement réalisée, cela est d autant plus important qu il y a des éléments enterrés. - Noter les caractéristiques techniques de tous les matériels mis en place, cela permet de les remplacer plus rapidement. Parcelle A : Arboriculture 20 rangs de 120 m 30 microasperseurs/rang débit : 35 l/h pluvio : 2,2 mm/h Exemple de plan x 50 Parcelle B : bloc de 2 serres 4 rampes de 80 m 23 microasperseurs/rampe débit : 120 l/h pluvio : 8,5 mm/h Station de filtration compteur volumétrique x 65 - débit : 40 m 3 /h électrovanne : 1 Manomètre x 32 3 m Parcelle C : légumes goutte à goutte plein champ 30 rangs de 150 m 500 goutteurs/rang débit : 2 l/h espacement : 0,33 m 0,30 m 4 m x 63 Filtre à tamis pompe ou borne Pression d utilisation : 5 bar Débit disponible : 40 m 3 /h régulateur principal de pression 0,5 à 5 bar - débit : 40 m 3 /h régulateur de pression : 0,5 à 3,5 bar - débit : 40 m 3 /h La pluviométrie horaire (mm/h) = débit d un distributeur (l/h) maillage (m x m) Rappel : 1 mm = 1 l/ m 2 = 10 m 3 /ha maillage distributeur : goutteurs, microasperseurs la pression de fonctionnement La pression est un élément important de diagnostic de problèmes Si la pression mesurée en un point donné n est pas bonne, on recherche l origine de l anomalie: fuite, régulateur défectueux, filtration colmatée, distributeur bouché, mauvais dimensionnement du réseau, problème sur le réseau collectif... Il faut pouvoir vérifier la pression en différents points du réseau. Les manomètres installés en position fixe se détériorent très vite (gel, usure des instruments qui restent sous pression trop longtemps). On préférera l utilisation de manomètre à aiguille sur des prises rapides de pression. On aura un manomètre à aiguille dans la poche à chaque visite de contrôle de son réseau. Les points recommandés de contrôle de la pression: - en sortie de pompe ou de borne - sur le ballon de pression - avant et après la filtration - à l entrée de la parcelle - en fin de ligne - on peut aussi contrôler la pression à l emplacement d un distributeur en adaptant l embout du manomètre

3 page 3 En début de campagne à partir d une station de pompage 1/ - Vérifier le bon état apparent de l armoire électrique et des câbles de la station de tête. 2/ - Contrôler l état de la pompe: avant de démarrer, la pompe doit tourner librement à la main, les fixations sur le socle doivent être bien serrées; vérifier l état de la vanne et du clapet anti-retour en sortie de pompe. 3/ - Amorcer la pompe, fermer la vanne de refoulement et faire la mise en eau. 4/ - Vérifier le serrage des presses étoupes, un léger filet d eau doit apparaître pour sa lubrification. 5/ - Vérifier tous les filtres et/ou les automatismes de contre lavage. à partir d une borne de réseau collectif 1/ - Vérifier le bon état de la borne. 2/ - Laisser couler l eau quelques minutes avant de brancher l installation pour évacuer saletés et dépôts éventuels. Penser à vérifier son installation bien avant le début de la campagne d irrigation ou d antigel (en cas d utilisation mixte) pour ne pas avoir de mauvaises surprises au dernier moment. Si on a un doute sur l installation électrique ou sur l état de la pompe on fera appel au professionnel approprié En cas de désamorçage répété de la pompe on pensera à vérifier l état de la crépine, du clapet de pied et de la conduite d aspiration. A partir d une station de pompage ou d une borne, la mise en eau doit s effectuer progressivement en laissant bien l air s évacuer doucement, pour ne pas endommager le matériel: on ouvre les vannes de bout du réseau et on les referme quand l eau s écoule régulièrement. mise en eau du réseau de distribution 1/ - Purger les rampes : même si cela a été fait en fin de campagne précédente, des dépôts peuvent se détacher pendant l hiver. 2/ - Les vannes programmables : - mettre des piles neuves - tester en manuel l ouverture/fermeture - tester la programmation 3/ - Le(s) compteur(s) : toutes les vannes aval étant fermées, le compteur ne doit pas tourner, sinon il y a une fuite. 4/ - Les régulateurs de pression en tête de parcelle : mettre en route le réseau, vérifier la pression au manomètre en aval du régulateur et le régler si nécessaire. 5/ - On effectue un contrôle visuel du matériel de distribution à la parcelle pendant le fonctionnement de l installation. On remplace les distributeurs défectueux ou bouchés. On refixe ceux qui ont subi des agressions (pique au sol cassée, crochet tordu...) Un dysfonctionnement d une vanne automatique peut être dû au solénoïde ou à la membrane qui selon les modèles peuvent se changer facilement. Si un régulateur de pression semble ne pas fonctionner : - soit c est un gros modèle en tête d installation : on le fait vérifier par un professionnel - soit c est un petit modèle en tête de parcelle: on peut le démonter, vérifier l état et la souplesse du ressort et le nettoyer.

4 page 4 En cours de campagne contrôle visuel de son installation Effectuer régulièrement des contrôles visuels directs de l installation. On peut bien voir juste après une irrigation les taches d humidité au sol. S il en manque une, c est que le distributeur est bouché. L observation de la végétation reste aussi importante surtout si les rampes sont enterrées ou sous paillage. Il vaut toujours mieux faire des entretiens réguliers qu attendre que tout soit bouché (voir page 5) Vérifier et nettoyer les filtres toutes les 1 à 2 semaines selon la qualité de l eau. (voir page 6) En cours de saison, si un distributeur ne fonctionne pas, le plus simple est parfois de le changer immédiatement et d établir ensuite un diagnostic de la panne : - bouchage, - pièce cassée (ailette, buse...). Si on a un problème d hétérogénéité de production sur culture sensible ou si l on a un doute sur les perfomances du matériel ou si l installation est équipée de matériel permanent depuis plusieurs années il est impératif d effectuer un test d uniformité de distribution permettant de mettre en évidence des problèmes de bouchage, de colmatage ou de dysfonctionnement de l installation. Pour cela on effectue des mesures qui permettent de calculer le Coefficient d Uniformité (CU). Le matériel nécessaire: un récipient gradué en ml, une montre permettant de compter les secondes, un papier et un crayon Les mesures: mesurer pendant une minute les débits d un nombre représentatif de distributeurs, à peu près répartis sur la parcelle et pris sur des rampes différentes. moyenne des 4 valeurs les plus faibles x 100 Le calcul: CU = moyenne de l ensemble des valeurs Débit (l/h) = Volume (l) = Volume (ml) / 1000 Temps (h) Temps (minutes) / 60 Rampe N Débit distributeur en l/h A 1 1,48 9 1, , ,80 E 2 1,86 7 1, , ,74 J 1 1,56 8 1, , ,86 N 1 1,50 8 1, , ,56 Exemple Nbr. de distributeurs testés = 16 Moyenne de l ensemble des débits = 25,66/16 = 1,6 l/h Distributeurs testés Moyenne des 4 plus faibles débits (notés en italique dans le tableau) = 1,46 l/h CU = 1,46 x 100 = 91% 1,6 Dans le cas de cet exemple, le réseau fonctionne correctement. A B C D E F G H I J K L M N Interprétation du CU : CU > 90 % : le réseau fonctionne correctement et ne nécessite pas d intervention dans l immédiat 70 % < CU < 90 % : la régularité de la distribution est affectée, il faut s interroger sur les causes et prévoir une intervention. CU < 70 % : il est nécessaire d agir rapidement pour rétablir le bon fonctionnement du réseau. Certains cahiers des charges Production exigent aujourd hui la réalisation d un tel test d uniformité

5 page 5 Pour effectuer les traitements nécessaires et suffisants, il est important de bien connaître la qualité chimique de son eau d irrigation. Une analyse d eau est un moyen rapide de ne pas faire d erreur. asi votre eau contient moins de 10 mg de calcaire par litre : un traitement en fin de saison suffit a Si votre eau contient entre 10 et 50 mg de calcaire par litre, il faut traiter 2 à 3 fois dans la saison. a Au delà de 50 mg : il faut intervenir une fois par semaine On recherche une concentration de 0,2% d acide au distributeur. En général on n injecte pas directement l acide avec les pompes doseuses sous risque de détériorer les joints (voir exemple ci-joint). On peut vérifier au papier ph que l acide est bien arrivé au dernier distributeur: le papier ph doit indiquer une valeur de 1,5 à 2. On peut alors arrêter l installation, laisser agir quelques minutes puis rincer abondamment (10-15 mn à l eau claire). En fin de campagne injection d acide nitrique contre les dépôts de calcaires et d engrais Exemple de calcul d injection d acide pour un verger au goutte à goutte Dispositif :. densité de plantation de 4 m x 2 m,. 1 goutteur de 4 l/h par mètre soit 2 goutteurs par arbre,. 25 rampes de 100 m/ha, c est-à-dire 2500 goutteurs/ha soit un débit total du réseau de 10 m 3 /h/ha ( l/h/ha). Objectif : On veut distribuer aux goutteurs une solution d acide nitrique à 0,2 % pendant 15mn soit : (0,2 /100) x x (15/60) = 5 litres/ha d acide nitrique. Réalisation : 1. Préparer une solution mère à 20 % dans un bac en diluant les 5 litres d acide dans 20 litres d eau. 2. Injecter les 25 litres de solution mère en 15 mn (1/4 d heure), soit un débit d injection de 100 l/h. On règlera la pompe doseuse sur 1% = débit d injection débit du réseau Astuces - Si le colmatage est très important sur quelques distributeurs, on peut les démonter et les faire tremper à part dans une solution plus concentrée. - Si l installation le permet, il est possible de faire monter la pression jusqu à 3 bar pendant 15 minutes au moment du rinçage pour faire un effet de chasse. Inutile avec des goutteurs autorégulants. - La membrane de certains goutteurs autorégulants peut être endommagée par un acide trop fort. On veillera à moins doser l acide, à allonger la durée du traitement et à augmenter la fréquence. attention: le maniement d acide est dangereux et corrosif et demande des précautions (port de gants, de lunettes et de vêtements de protection). toujours mettre l acide dans l eau et jamais l eau dans l acide et ne jamais mélanger acide et eau de javel, il se produit un dégagement gazeux brutal de chlore très toxique En agriculture biologique l utilisation d acide et de chlore est interdite en cours de culture. Pour l entretien hors saison, il est fortement conseillé de se référer à l avis de son organisme certificateur. Injection de chlore contre les colmatages organiques Pour lutter efficacement contre les algues, bactéries, champignons, l Eau de Javel du commerce concentrée à 36 Cl est tout à fait efficace. On la dilue dans 3 fois son volume d eau et on l injecte dans le réseau à raison de 125 ml/m 3 d eau si la culture est en place. Sur sol nu on peut augmenter la concentration à 250 ml/m 3. On peut vérifier au papier ph que le chlore est arrivé au dernier distributeur : le papier doit indiquer une valeur supérieure à 7. On peut alors arrêter l installation, laisser agir quelques minutes puis rincer abondemment (10 à 15 mn à l eau claire). Les précautions à prendre contre le gel Pour éviter les dégâts du gel et retrouver une installation en bon état la saison prochaine : a nettoyer les filtres et les vidanger soigneusement. a purger les rampes. a vidanger complètement le réseau. a laisser les vannes 1/4 tour à moitié ouvertes. a s assurer que les regards des vannes sont bien drainés. a maintenir en milieu sec la station de tête. Si elle est dans un petit cabanon isolé, calfeutrer les fenêtres.

6 page 6 Une technique indispensable contre le bouchage et le colmatage : une filtration efficace Si le ou les filtres sont trop sales, ils provoquent une baisse de pression préjudiciable au bon fonctionnement de l installation. Il faut intervenir sur la filtration dès que la perte de charge au niveau des filtres est supérieure à 0,5 bar lorsque l installation est en fonctionnement. Les manomètres placés avant et après la filtration permettent de vérifier régulièrement l état du colmatage. Si l opération de lavage des filtres est manuelle et si le contrôle des pressions provoque des nettoyages trop fréquents (tous les 3-4 jours), il faut intervenir : - votre installation de filtration est sous dimensionnée : consulter votre installateur. - il est peut être temps de l automatiser Pour les filtres à sable, on peut être amené à changer le sable tous les 2 ans en fonction de la qualité de l eau. Pour les filtres à tamis ou à lamelles utiliser une brosse en nylon. Une brosse métallique risque d endommager le filtre. Sensibilité au colmatage des différents systèmes de distribution Taille des Finesse de orifices (mm) filtration (microns) Gaine <0,8 80 à 100 Goutte à goutte <0,8 100 à 150 Minidiffuseurs 0,8 à 1,2 150 à 200 Microasperseurs 1 à 1,8 200 à 400 Miniasperseurs 1,6 à 2,6 400 à 800 élaboration technique : Isabelle Boyer (ardepi 13) avec la collaboration de : Jean-Baptiste Leclercq (ca84), Daniel Izard (ca84), Jacky Odet (ctifl-aprel), Pascal Borioli (grceta Basse Durance), Philippe Charton (ardepi 05), Fabien Bouvard (gda Sud Luberon), Annick Taulet (grab). Coordination et conception : Brigitte Laroche (ardepi) Illustration: Bernard Nicolas Secrétariat: ARDEPI, Maison des Agriculteurs - 22 Avenue Henri Pontier Aix-en-Provence Cedex 6 Tél Fax Adresse électronique : ardepi@wanadoo.fr document réalisé avec le concours financier du conseil régional provence-alpes-côte d azur, de l adar Imp. Nouvelle Sisteron