Sciences Po. Climax. Bordeaux - Grenoble. Concours commun des IEP. Spécialistes. par des. du concours. Coordonné par Laurent Berthet

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1 par des Spécialistes du concours Climax Réussir le concours de Sciences Po Concours commun des IEP + Bordeaux + Grenoble 2015 Coordonné par Laurent Berthet Questions contemporaines la famille la mondialisation O Présentation de chaque épreuve histoire O Rappels de connaissances anglais O Méthodologie pas à pas O Annales et sujets inédits corrigés Épreuves spécifiques Bordeaux - Grenoble O Conseils et astuces

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3 Table des matières Les auteurs.... VII Introduction Recommandations générales pour la rédaction... 7 PREMIÈRE PARTIE LE CONCOURS COMMUN Réussir l épreuve de questions contemporaines I. Présentation II. Préparation Références bibliographiques A. La famille B. La mondialisation Thématiques incontournables III. Méthodologie Première phase : penser! A. Premier moment : la lecture du sujet B. Deuxième moment : la problématisation C. Troisième moment : la conception du plan Deuxième phase: écrire A. Premier moment : l introduction B. Deuxième moment: le développement C. Troisième moment : la conclusion D. Remarques finales sur la rédaction IV. Applications Réussir l épreuve d histoire I. Présentation Une épreuve exigeante et discriminante Les exigences de base A. Une copie à soigner B. La délicate gestion du temps III

4 II. Préparation Développer une culture générale solide Adopter une méthode de travail rigoureuse A. Réaliser des fiches B. Apprendre à gérer une course de fond Références bibliographiques A. Les manuels généraux, des instruments de travail à privilégier B. Ouvrages et articles pour approfondir C. Revues et journaux D. Ressources en ligne et documentaires III. Méthodologie La présentation de la copie Les grandes étapes d une dissertation d histoire A. L introduction, étape déterminante de la dissertation B. Le développement, partie centrale du devoir C. La conclusion n est pas une «bêtise» (Flaubert)! Analyser le sujet et construire le propos A. Savoir repérer les types de sujets B. Quelques astuces C. Rendre le propos cohérentetcomplet IV. Applications La puissance diplomatique de la France dans le monde de 1958 à Réussir l épreuve d anglais I. Présentation de l épreuve Lechoixdelalangue L épreuve Le contenu A. La partie «Written Comprehension» B. La partie «Synonyms» C. La partie «Essay» Objectifs, exigences et compétences A. Objectifs B. Exigences C. Compétences II. Préparation Maîtriser la langue A. Grammaire B. Vocabulaire Maîtriser la civilisation et l actualité A. Lire l actualité B. Disposer de repères en matière de civilisation IV

5 III. Méthodologie La partie «Written Comprehension» A. Première étape. Repérer les éléments de réponse B. Deuxième étape. Synthétiser C. Troisième étape. Rédiger D. Quatrième étape. Se relire La partie «Synonyms» La partie «Essay» A. Structure de l essai B. Présentation de la copie C. Step-by-step methodology IV. Application. Annales Énoncé Proposition de corrigé A. Written comprehension B. Synonyms C. Essay DEUXIÈME PARTIE LES CONCOURS D ENTRÉE À L IEPDEBORDEAUXETÀL IEPDEGRENOBLE Préparer le concours de l IEP de Bordeaux I. L épreuve d histoire Présentation Préparation Méthodologie Applications A. Annales 2014 : «Nazisme et stalinisme : points communs et spécificités» B. Annales 2014 : «La PremièreGuerremondiale: Une guerre d un genre nouveau?» II. L épreuvedecompositionsurunthème d actualité Présentation Préparation A. Lecture de la presse B. Maîtrise des fondamentaux de philosophie (politique) et d histoire-géographie Méthodologie A. La réflexion au brouillon (1 heure 20 à 1 heure 30) B. L élaboration de la copie (1 heure 30) Applications A. Annales B. Annales C. Sujet inédit V

6 III. L épreuve d anglais Présentation Méthodologie A. Lire et comprendre un texte B. Rédiger un essai C. Traduire Application A. Reading Comprehension B. Writing Task C. Translation Préparer le concours de l IEP de Grenoble I. L épreuve d histoire Présentation Méthodologie A. Quelques conseils généraux B. Conseils spécifiques à l épreuve Applications A. La question courte B. La dissertation II. L épreuve d anglais Présentation Méthodologie A. Lire et comprendre un texte B. Élaborer une rédaction Application. Annales A. Première partie. Compréhension d un texte écrit B. Deuxième partie. Rédaction (entre 140 et 160 mots) VI

7 Réussir l épreuve de questions contemporaines

8 PRÉSENTATION I. Présentation L épreuve de questions contemporaines consiste à traiter en trois heures un sujet se rapportant aux grandes problématiques de notre temps. Deux thèmes sont chaque année annoncés aux candidats, qu ils doivent étudier de façon approfondie durant leurs mois de préparation. Le jour venu, ils choisissent un sujet parmi les deux énoncés proposés. Comme l indique le «et/ou» systématiquement placé entre les deux thèmes, les IEP ne s engagent pas à fournir un sujet par thème. S il n est pas encore arrivé qu un des thèmessoitabsentdes deux sujets, la présence d un même thème dans les deux énoncés s estdéjà rencontrée, mettant en très mauvaise posture les candidats qui l avaient moins travaillé que l autre. 18 Annales du concours Édition 2008 Thèmes: l identité et/ou l environnement Sujet 1. Une politique de l environnement est-elle possible? Sujet 2. Affirmer les identités, est-ce nécessairement affirmer les différences? Édition 2009 Thèmes : la guerre et/ou le libéralisme Sujet 1. Peut-on «civiliser» les manières de faire la guerre? Sujet 2. Internationaliser marchés et échanges, est-ce conjurer la guerre? Édition 2010 Thèmes: les médias et/ou la vieillesse Sujet 1. Une société qui vieillit est-elle condamnée au déclin? Sujet 2. Dans quelle mesure les médias sont-ils le reflet de la société? Édition 2011 Thèmes : l argent et/ou les frontières Sujet1.Argentetdémocratie Sujet 2. Les pouvoirs ont-ils besoin de frontières? Édition 2012 Thèmes : le sport et/ou la religion Sujet1.Lesport,uneaffaired État(s)? Sujet 2. La laïcité, garantie des libertés religieuses? u

9 u Édition 2013 Thèmes : la science et/ou la justice Sujet 1. Doit-on faire confiance à lajustice? Sujet 2. La science est-elle l affaire de tous? Édition 2014 Thèmes : le travail et/ou la culture Sujet 1. Le travail est-il toujours un facteur d intégration sociale? Sujet 2. La mondialisation de la culture conduit-elle à l uniformisation? Pour le concours 2015, les thèmes retenus sont la famille et/ou la mondialisation :deuxvasteschampsàexplorer! QUESTIONS CONTEMPORAINES 19

10 PRÉPARATION II. Préparation Le candidat, s il veut mettre toutes les chances de son côté en vue du concours, doit prendre le temps de se familiariser avec chacun des deux thèmes. Plutôt quedesejetersurdesmanuelsenespérant y trouver à la va-vite de quoi nourrir en idées sa dissertation idées nécessairement superficielles, plaquées sur la copie plutôt que comprises et assimilées, il doit prendre le temps, afin d acquérir une connaissance authentique des enjeux liés àla culture et au travail, de se confronter à des textes d auteurs. Ce n est pas par hasard si les IEP annoncent aussi longtemps à l avance les thèmes à préparer. Il s agit de laisser le temps aux candidats d explorer deux vastes domaines, de respecter la temporalité de l intelligence et de la mémoire (qui supportent mal le gavage, du moins quand il s agit de réfléchir), voire celui de la curiosité personnelle. Rien n interdit, dans une certaine mesure, de se laisser guider dans ses lectures préparatoires par ses propres centres d intérêt. La compréhension et la mémorisation des textes n en seront que meilleures. Bien entendu, les manuels ont leur utilité dans ce parcours. Ils permettent de se repérer, d avoir un panorama de ce qu il y a à apprendre, là où une exploration trop personnelle aurait toutes les chances de multiplier les impasses. Insistons néanmoins : ils ne sauraient en aucun cas suffire. 1. Références bibliographiques Voici à titre indicatif une liste, nécessairement partiale et partielle, de livres susceptibles de mettre le pied du candidat à l étrier dans l exploration des différents aspects de chaque thème. A. LA FAMILLE Hervé BAZIN, Vipère au poing, Paris, Le Livre de poche, Y L une des critiques les plus dévastatrices de la famille traditionnelle. 20

11 Julien DAMON, Les Familles recomposées, Paris, PUF, Y Une introduction claire et d une portée plusgénéralequecequelaissecroire son titre. Christopher LASCH, Un refuge dans ce monde impitoyable, la famille assiégée, Paris, François Bourin, Y L une des critiques les plus dévastatrices de la famille contemporaine. Claude LÉVI-STRAUSS, Nature, Culture et Société. Les structures élémentaires de la parenté, chapitres I et II, Paris, Flammarion, Y Pas l ouvrage en entier, mais assez pour donner envie de connaître la pensée de Lévi-Strauss. Gabrielle RADICA, Philosophie de la famille, Paris, Vrin, Y Une anthologie de grands textes philosophiques choisis avec pertinence. QUESTIONS CONTEMPORAINES B. LA MONDIALISATION Dario BATTISTELLa, Théories des relations internationales, Paris,Pressesde Sciences Po, Y Un livre clair et des plus utiles pour connaître les différentes façons de penser les relations internationales. Suzanne BERGER, Notre première mondialisation, leçons d un échec oublié, Paris, Seuil, Y Une comparaison trèséclairante entre notre mondialisation et celle à l œuvre en Marie-Françoise DURAND (dir.), Atlas de la mondialisation 2013,Paris,Presses de Sciences Po, Y Le dernier d une excellente sériedelivresprésentant des cartes passionnantes et pédagogiques. Il serait néanmoins préférabledeseprocurerunopusplus récent, s il en paraît avant le concours. Philippe MOREAU DEFARGES, La Mondialisation, Paris, PUF, Y Une introduction courte et efficace, qui présente l intérêt d une grande prise recul historique. Jean-Pierre WARNIER, La Mondialisation de la culture, Paris,LaDécouverte, Y Pour ne surtout pas en rester à la mondialisation économique. 21

12 PRÉPARATION 2. Thématiques incontournables Ajoutons, afin de favoriser le repérage, lamémorisation et le fichage des éléments stratégiquement importants que chacun rencontrera au fil de ses lectures, une liste de thématiques à garder impérativement en vue. Dix grands enjeux sur le thème de la famille 1. L adoption 2.Lesanalysespsychologiquesdela vie familiale 3.Lesdiscoursexpertssurlafamille 4. La diversité culturelle de la famille 5. Le divorce 6. Le droit de la famille et son histoire 7. Les familles recomposées 8. La filiation 9.Lesformesd aideauxfamillesen difficulté 10. Les politiques de la famille et de la natalité Dix grands enjeux sur le thème de la mondialisation 1. L altermondialisme 2. Les biens communs de l humanité 3. La criminalité internationale 4. Le droit international 5. Les firmes multinationales 6. Les institutions mondiales 7. Les migrations et les diasporas 8. La mondialisation de la culture 9. Les ONG 10. Le tourisme Les domaines à explorer peuvent paraître nombreux et vastes. Assurément, il y a du travail! Il s agit cependant d une aventure stimulante, enrichissante, en un mot d une belle occasion de découvrir des choses tout en apprenant à s investir dans un projet que l on s est choisi. 22

13 Préparer le concours de l IEP de Bordeaux

14 HISTOIRE I. L épreuve d histoire 1. Présentation L exercice d histoire consiste en une réponse organisée àune question à choisir parmi deux propositions. Notons que, contrairement à celui du concours commun, le programme retenu pour l exercice d histoire est aligné sur le programme d histoire réformé du lycée (programme complet de première). Ce dernier, qui s étale sur une période débutant en 1850 et s achevant au début du XXI e siècle, comprend les cinq grands thèmes suivants :. Thème n o 1. Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuislemilieuduxix e siècle.. Thème n o 2. La guerre au XX e siècle.. Thème n o 3. Le siècle des totalitarismes.. Thème n o 4. Colonisation et décolonisation.. Thème n o 5. Les Français et la République. Chacun de ces thèmes comporte, à son tour, plusieurs chapitres précis :. Pour le thème n o 1. Croissance et mondialisation ; mutations des sociétés.. Pour le thème n o 2. Guerres mondiales et espoirs de paix ; de la guerre froide à de nouvelles conflictualités.. Pour le thème n o 3. Genèse et affirmation des régimes totalitaires (soviétique, fasciste et nazi) ; la fin des totalitarismes.. Pour le thème n o 4. Le temps des dominations coloniales ; la décolonisation.. Pour le thème n o 5. La République, trois républiques ; la République et les évolutions de la société française. 152

15 Pour la première session du concours réformé de l IEP de Bordeaux, les deux sujets proposés étaient les suivants : «Berlin de 1945 à 1989» et «La construction de la V e République de 1958 à 1962». Chaque sujet proposé correspond à un thème précis, respectivement les thèmes 2 et 5 ; toutefois, rien n interdit au jury de proposer deux sujets concernant le même thème, bien que cette possibilité soit réduite. 2. Préparation Il convient de s entraîner à l épreuve d histoire du concours dès la classe de première, ce qui nécessitedebienmaîtriser le cours, d approfondir les connaissances et de réaliser des sujets-tests. Attention Depuis la rentrée scolaire de septembre 2013, la dotation horaire du programme d histoire-géographie en première S est passéede4heures(tempsallouéen et en ) à 2 heures 30 : si le programme du lycée est allégé, il faut néanmoins toujours traiter l intégralité du programme retenu par Sciences Po Bordeaux! BORDEAUX Il faut adopter une lecture extensive du programme retenu pour l épreuve d histoire et ne pas se contenter stricto sensu des simples chapitres de première. Parmi les chapitres traitésdanslethème «La guerre au XX e siècle» se trouve par exemple une question intitulée «La guerre froide, conflit idéologique, conflit de puissances : un lieu (Berlin, ), une crise (Cuba, 1962), un conflit armé (la guerre du Vietnam)». Dans le cas d un sujet de composition intitulé «La guerre froide», le candidat ne peut se limiter à la simple maîtrise des cas précis de Berlin, de Cuba et du Vietnam, mais doit maîtriser toute l histoire de la guerre froide! Autrement dit, il est indispensable de maîtriser bien davantage de dates, d événements et de personnages que ce qui est exigé dans le seul cadre de l année depremière au lycée. Outre les différentes références données pour la préparation de l épreuve d histoire du concours commun, également valables pour le concours de Bordeaux, voici quelques éléments bibliographiques complémentaires. 153

16 HISTOIRE. Ouvrages généraux Ouvrages sur le XIX e siècle S. BERSTEIN et P. MILZA, Histoire du XIX e siècle, Paris, Hatier, J. HEFFER et W. SERMAN, Le XIX e siècle, , Paris, Hachette, Ouvrages sur le XX e siècle S. BERSTEIN et P. MILZA, Histoire du XX e siècle, T.1:« »,Paris,Hatier, Ouvrages spécialisés par chapitre Thème n o 1. Croissance économique, mondialisation et mutations des sociétés depuis le milieu du XIX e siècle Croissance et mondialisation F. BRAUDEL, La dynamique du capitalisme, Paris, Flammarion, Mutations des sociétés O. MARCHAND et C. THÉLOT, Le Travail en France ( ), Paris, Nathan, G. NOIRIEL, Le creuset français : histoire de l immigration, XIX e -XX e siècles, Paris, Seuil, coll. «Points», Thème n o 2. La guerre au XX e siècle P. MILZA, Les relations internationales de 1918 à 1939, Paris,ArmandColin,coll.Cursus, Guerres mondiales et espoirs de paix S. AUDOIN-ROUZEAU et J.-J. BECKER, EncyclopédiedelaGrandeGuerre, Paris, Perrin, coll. «Tempus», 2012, 2 volumes. A. BEEVOR, La Seconde Guerre mondiale, Paris, Calmann-Lévy, R. HILBERG, La destruction des Juifs d Europe, Paris, Seuil, coll. «Points», J. WINTER (dir.), La Première Guerre mondiale,t.1:combats, Paris, Fayard, 2013 ; T. 2 : États, Paris,Fayard, 2014;T. 3:Sociétés, Paris, Fayard, à paraître. Thèmes n o 3. Le siècle des totalitarismes Genèse et affirmation des régimes totalitaires (soviétique, fasciste et nazi) H. ARENDT, Les origines du totalitarisme. Eichmann à Jérusalem, Paris,Gallimard,2002. S. BERSTEIN, Démocraties, régimes autoritaires et totalitarismes de 1900 à nos jours : pour une histoire politique comparée du monde développé, Paris, coll. «Carré histoire», S. BERNSTEIN et P. MILZA, Dictionnaire des fascismes et du nazisme,livrei:a-m;livreii:n-z, Paris, Perrin, coll. Tempus, B. BRUNETEAU, Les totalitarismes, Paris, Armand Colin, coll. «U», 2014 (2 e éd.). H. ROUSSO (dir.), Stalinisme et nazisme : histoire et mémoire comparées, Bruxelles, coll. «Complexe», La fin des totalitarismes M.-B. VINCENT, La Dénazification, Paris, Perrin, coll. «Tempus»,

17 Thème n o 4. Colonisation et décolonisation Le temps des dominations coloniales E. M BOKOLO, Afrique noire. Histoire et civilisations, T. 2 : «Du XIX e siècle à nos jours», Paris, Hatier-AUF, I. SURUN, Les sociétés coloniales à l âge des empires, , Neuilly, Atlande, La décolonisation R. BRANCHE, La guerre d Algérie : une histoire apaisée?, Paris, Seuil, coll. «Points», B. DROZ, La fin des colonies françaises, Paris, Gallimard, Thème n o 5. Les Français et la République Quelques ouvrages généraux N. BEAUPRÉ, Les Grandes Guerres, , T. 12, Paris, Belin, S. BERSTEIN et P. MILZA, Histoire de la France au XX e siècle, T 1 : « », Paris, Perrin, coll. «Tempus», V. DUCLERT, La République imaginée, , T. 11, Paris, Belin, La République, trois républiques S. BERSTEIN et M. WINOCK (dir.), L invention de la démocratie, ; La République recommencée, de 1914 à nos jours, Paris, Seuil, coll. «Points», La République et les évolutions de la société française J. BAUBÉROT, Histoire de la laïcité en France, Paris, PUF, coll. «Que sais-je?», M. MARGAIRAZ et D. TARTAKOWSKY, Le Front populaire, Paris, Larousse, M. ZANCARINI-FOURNEL, HistoiredesfemmesenFrance,XIX e -XX e siècles, Rennes, PUR, BORDEAUX 3. Méthodologie Conseils Une grande part des recommandations générales énoncées pour le concours commun est également valable. Seules les spécificités de l épreuve du concours de l IEP de Bordeaux sont ici soulignées. a. L indispensable gestion du temps Il a été vivement conseillé de répartir de manière équilibrée letempsentre l exercice d histoire et celui de géographie, soit une heure pour chacun d entre eux. Cette contrainte très délicate nécessite à la fois de s entraîner pour maîtriser le temps imparti et réfléchir rapidement à la question choisie. Par conséquent, il est moins que jamais question de rédiger au brouillon, ce dernier ne devant servir que pour l élaboration rapide d un plan. Ce travail ne doit pas prendre plus de dix minutes, car il vous faut bien trois quarts d heure pour rédiger un propos traitant tous les aspects du sujet choisi, tout en vous mon- 155

18 HISTOIRE trant précis et concis. La maîtrise assurée des connaissances est donc un prérequis fondamental pour ne pas perdre de temps. b. Un devoir synthétique Le schéma de sauts de lignes élaboré pour la dissertation du concours commun ne peut convenir du fait du manque de temps. Toutefois, quelques règles doivent être appliquéesafinderendreleproposclairetdetémoigner d un effort d analyse et de réflexion.toutd abord,rédigez toujours une introduction, un développement et une conclusion dans votre devoir. Distinguez chacune de ces étapes en sautant deux lignes à chaque fois.. L introduction et la conclusion Appliquez les mêmes étapes que dans le cas de la dissertation du concours commun. En revanche, réduisez-en la longueur : l introduction ne doit pas dépasser une demi-page ; la conclusion, une dizaine de lignes.. Le développement Proscrivez les sous-sous-parties et les transitions. Il ne vous reste plus alors que les grandes parties et les sous-parties, qui consistent de nouveau en de grandes idées, comme pour la dissertation du concours commun. Sautez une ligne entre chaque grande partie ; allez à la ligne et réservez un alinéa avant chaque nouvelle sous-partie au sein des grandes parties. De nouveau, il ne faut que deux ou trois parties et sous-parties, tout en respectant la règledel équilibre entre les parties et les sous-parties. Dans les sous-parties, évoquez deux ou trois idées illustrées à chaque fois d un exemple précis, tout en veillant à ce que ces idées suivent un enchaînement cohérent : ainsi, la chronologie peut être bienvenue ; mais rien n interdit une démarche thématique si besoin. Cette obligation de combiner une idée avec un exemple précisvouspermetdetendreversl objectifd unproposclair, bien structuré et concis. En écrivant assez rapidement attention toutefois à la lisibilité, il vous serapossiblederédiger deux à trois pages sur la question choisie. 156

19 4. Applications A. ANNALES 2014 : «NAZISME ET STALINISME : POINTS COMMUNS ET SPÉCIFICITÉS» Décryptage. On se trouve face à un sujet comparatif entre deux phénomènes : cette comparaison doit dès lors s effectuer au sein des sous-parties, et de préférence au niveau des idées de chacune des sous-parties.. La mobilisation de l historiographie est essentielle : elle permet de mieux appréhender les différentes dimensions du sujet et de nuancer le propos sur une question très polémique.. Les enjeux de mémoire sont déterminants pour formuler la problématique: le sujet ne comporte donc pas de limite temporelle.... L ordre du plan tire son sens de la problématique: en évoquant les points communs en deuxième partie, on insiste davantage sur ces derniers. La formulation de la problématique et de la conclusion montrent toutefois que la comparaison comporte des limites et ne doit pas tomber dans «l obsession» évoquée par Marc Ferro. Il n est pas interdit d inverser les parties, pourvu que le propos soit nuancé. BORDEAUX Nazisme et stalinisme : points communs et spécificités Le 3 juin 2008, le parlement de l Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) décident de faire du 23 août, date de la signature du pacte de non-agression germano-soviétique de 1939, la journée decommémoration des victimes du nazisme et du stalinisme : cette décision, prise sous la pression des anciennes démocraties populaires d Europe centrale et orientale, illustre la tendance persistante à assimiler le nazisme et le stalinisme, deux phénomènes totalitaires qui ont marqué le XX e siècleetsontfortement liésàleurs concepteurs, Hitler et Staline. Le sujet implique donc de s intéresser à la fois aux origines des phénomènes, aux projets, à leurs mises en place et réalisations, ainsi qu au bilan et à la mémoire. Analyser les points communs et les spécificités entrelesdeuxphénomènes peut paraître étonnant, dans la mesure où ils se sont affrontés au cours de la Deuxième Guerre mondiale, le stalinisme triomphant du nazisme en 1945, et la comparaison suscitant de plus en plus de rejet de la part des historiens : ainsi Nicolas Werth pourtant coauteur du Livre noir du communisme affirmeque«plus on compare le communisme et le nazisme, plus les différences sautent aux yeux». Etpourtant, la question est singulièrement réactivée après l effondrement du bloc com- 157

20 HISTOIRE muniste en 1991, ce qu illustrent à la fois les décisions prises par les structures communautaires européennes et la conception des programmes d histoire du secondaire, qui, regroupant nazisme et stalinisme dans la catégorie des totalitarismes, les rend dès lors comparables, au point d insister sur leurs points communs... Si le nazisme et le stalinisme conservent des singularités évidentes qui les rendent très difficilement comparables (I), ils n en présentent pas moins des similitudes qui les distinguent radicalement de l autoritarisme classique, ce qui permet de les ranger parmi ce que l on peut qualifier de «phénomènes totalitaires» (II). [Saut de deux lignes] Nazisme et stalinisme correspondent à des projets très différents. En effet, le nazisme est une idéologie nationaliste, doublée d un expansionnisme qui réclame la constitution d un Lebensraum en Europe centrale et orientale et qui légitime la guerre ; puisant dans un passé médiéval idéalisé (Nuremberg devient la capitale idéologique à partir de 1927), le mouvement est foncièrement opposé à l héritage révolutionnaire de À l inverse, tourné vers l avenir et la constitution d une société sans classes, le stalinisme, qui se réclame de l héritage démocratique de 1789 et se situe dans la tradition de l Internationale communiste (le Komintern est fondé en mars 1919), se rattache au marxisme-léninisme honni par les nazis et encourage la paix, notamment après 1945 par le biais de l appel de Stockholm de mars 1950 contre l arme nucléaire. À l utopie raciale du nazisme s oppose l utopie sociale du stalinisme, ce qui rend les deux projets inconciliables. Par ailleurs, l utopie se radicalise surtout chez les nazis, débouchant sur l extermination des juifs pendant la Deuxième Guerre mondiale et la constitution d un véritable «État» ; le stalinisme, lui, parvient davantage à s adapter aux contraintes de la réalité dès les années Ces fortes différences se répercutent dans un exercice du pouvoir singulier. Ce dernier s appuie sur les classes moyennes paniquées et désorientées par la crise économique à partir de 1929 en Allemagne, où Hitler accède «légalement» au pouvoir (par ses manœuvres d intimidation la SA exerce un chantage sur les élites dirigeantes) et transpose le style autoritaire et centralisé du parti nazi à l État. En URSS, Staline exerce son pouvoir sur des bases déjà constituées sous Lénine et doit tenir compte du poids de la société paysanne dans son projet d industrialisation à marche forcée:audébut des années 1930, 158

21 contrairement à l Allemagne, l URSS est un pays en retard et non développé. La nature du pouvoir également diffère considérablement : en redressant l Allemagne (de manière superficielle du fait du réarmement...), Hitler jouit d une légitimité et d un «pouvoir charismatique» (Ian Kershaw) incontestables, au point que l on peut s interroger sur la nature réelle du régime : celui-ci dépendil du Führerprinzip ou s appuie-t-il sur plusieurs structures se disputant le pouvoir au sein d une polycratie (thèse fonctionnaliste)? En URSS, malgré le développement du culte de la personnalité du «Petit Père des peuples», le parti est le seul pouvoir légitime et exerce une dictature à prétention révolutionnaire. Paradoxalement, l adhésion des Allemands au nazisme se fait de manière non brutale, contrairement à ce qui se passe en URSS. Mais ce sont surtout la nature et l ampleur de la violence qui distinguent sensiblement nazisme et stalinisme. Tandis que le premier attaque les «non- Allemands» au nom des théories racistes affirmant la supériorité de l Aryen, Staline prône une société égalitaire, sans classes et sans minorités. Plus important, le nazisme porte en lui un projet fondamentalement inhumain, qui se traduit par un taux de mortalité de 60 % dans les camps de concentration et débouche surtout sur l horreur de l extermination des juifs dans le cadre de la «Solution finale», cela afin de «mener à bien»unprojetracisteeteugéniste en utilisant des moyens rationnels : la Shoah est une mise à mort industrielle planifiée ; en revanche, non seulement le stalinisme ne porte pas de projet d extermination, mais de plus le taux de mortalité au Goulag est faible (10 %). Il en résultedesingulières différences de mémoire : le nazisme est banni dès 1945, alors qu il faut attendre les années 1980, voire la fin de l URSS, pour que se développe une réelle mise en accusation du stalinisme. Aujourd hui, les débats historiographiques sont féroces, à tel point que l historien Marc Ferro dénonce «l obsession» comparatiste (Nazisme et communisme. Deux régimesdanslesiècle, 1999). BORDEAUX [Saut d une ligne] En dépit de ces fortes divergences, nazisme et stalinisme n en demeurent pas moins comparables du fait d un certain nombre de convergences, à commencer par la domination des deux régimes par des chefs suprêmes. Hitler et Staline sont tous deux issus du peuple, sans atout de naissance, et consacrent très vite leur vie à la seule politique. Artiste peintre frustré, Hitler se lance dans la politique après 1918poureffacerlediktatdeVersailles,tandisqueStaline, un ancien séminariste, est l un des artisans de la révolution d Octobre. Pour arriver au pouvoir, ils mettent en place des stratégies : Hitler promet de com- 159

22 HISTOIRE battre le chômage et de redonner son statut de puissance à l Allemagne, alors que Staline s impose comme secrétaire général du Parti communiste d Union soviétique (PCUS) à partir de 1922 et impose ses hommes petit à petit afin de pouvoir succéder à Lénine. Parvenus au pouvoir, Hitler et Staline développent uncultedelapersonnalitédépassant le stade du simple autoritarisme : le Führer et le «Petit Père des peuples» concentrent des pouvoirs illimités et éliminent les opposants, à commencer par leurs rivaux (Röhm lors de la «Nuit des longs couteaux», procès de Moscou de ). À chaque fois, nazisme et stalinisme imposent une idéologie fondéesurde prétenduesloisdel histoireetvéhiculant le thème du complot. S inspirant de théories racistes, formulées notamment par Alfred Rosenberg (Le Mythe du XX e siècle, 1930), et pervertissant les thèses darwiniennes, Hitler attribue la défaite de 1918 à un complot judéo-bolchévique et appelle à l élimination (voire à l extermination selon la thèse intentionnaliste) des ennemis du Volk dans Mein Kampf (1924). De son côté,stalineadhère à la vision marxiste de l histoire de la lutte des classes et dénonce la bourgeoisie capitalise. Il en résulte la volonté commune de rompre avec l ordre ancien et de créer une nouvelle société. Hitler et Staline partagent le même rejet de la démocratie libérale et bourgeoise, la même hostilité envers la religion (athéisme militant et intolérant en URSS, opposition à l Église et au judaïsme en Allemagne), la même volonté de transformation culturelle (art monumental confrontant les deux visions lors de l exposition universelle à Paris en 1937) et de création d un homme nouveau (homo aryanus et homo sovieticus). Enfin, et surtout, nazisme et stalinisme se rejoignent dans leur volonté de mobiliser les masses et de les encadrer par un parti unique pour réaliser leur projet totalitaire. L utilisation de la propagande (films de Leni Riefenstahl en AllemagneetdeSergueïEisenstein en URSS), l encadrement de la jeunesse dans la Hitlerjugend ou les komsomols, le contrôle de l économie ou l ascension sociale permise par l adhésion au parti (cas symbolique de Nikita Khrouchtchev, issu d une famille paysanne ukrainienne) constituent des éléments déterminants pour façonner l homme nouveau. Mais cette volonté implique l utilisation de la terreur : le nazisme est responsable de près de 25 millions de morts, dont les 6 millions de victimes de la Shoah et les 15 millions de civils des pays occupés tués pendant la Deuxième Guerre mondiale, tandis que le stalinisme débouche sur la mort de 8 à 10 millions de personnes, dont la moitié sont victimes de la grande famine en Ukraine au début des années 1930 et 2 millions meurent au Goulag. L emploi du concept de totalitarisme par Hannah Arendt ouvre la voie à la comparaison entre nazisme et 160

23 stalinisme, et l historiographie libérale des années 1990, sous l impulsion de François Furet et surtout de Stéphane Courtois, qui insiste sur la dimension criminelle du communisme dans Le Livre noir du communisme (1997), déplace le curseur de la comparaison sur le bilan humain et, dès lors, favorise la recherche des points communs entre les deux phénomènes, recherche facilitée par la fin de la guerre froide et le discrédit de l URSS. [Saut de deux lignes] Incontestablement, les différences entre nazisme et stalinisme demeurent majeures, ne serait-ce qu en raison de la nature totalement opposée des projets portésparleuridéologie respective ; la singularité de l obsession antisémite du nazisme renforce le caractère spécifique de ce dernier et justifie l idée de l historien Ian Kershaw, selon laquelle toute comparaison «n en demeure pas moins superficielle» («Retour sur le totalitarisme», article publié dans la revue Esprit, janvier 1996). Pourtant, la comparaison est réalisable, ne seraitce que parce que nazisme et stalinisme se distinguent des phénomènes autoritaires traditionnels pour s inscrire dans la catégorie des phénomènes totalitaires, essentiels pour comprendre l histoire du XX e siècleetlerôle des masses qui deviennent des acteurs politiques centraux. La fin de la guerre froide, la révélation des crimes de Staline et du Goulag, la demande croissante de mémoire des anciens membres du bloc communiste et l offensive intellectuelle libérale ont favorisé le développement des études comparatives entre le nazisme et le stalinisme, au point d insister davantage sur leurs points communs que sur leurs spécificités. Il n en demeure pas moins qu un nombre croissant d historiens met l accent sur la réelle singularité de chaque phénomène, en particulier l inhumanité du projet nazi. Le choix de privilégier l un des aspects de la comparaison revient donc aux pouvoirs publics, ce qui se répercute dans les programmes d histoire de l enseignement secondaire qui semblent, pour le moment, privilégier les convergences, notamment en termes de violences et de morts... Dès lors, comment expliquer la persistance à assimiler nazisme et stalinisme alors qu il existe de nombreuses singularités entrecesdeuxphénomènes? BORDEAUX 161

24 Climax Réussir le concour de sciences po Concours commun des IEP + Bordeaux + Grenoble Les concours des IEP de région pour l entrée en première année (le concours commun des IEP d'aix-en-provence, Lille, Lyon, Rennes, Saint-Germain-en- Laye, Strasbourg et Toulouse, ainsi que les concours de Bordeaux et de Grenoble) sont d année en année plus difficiles. Ce tout-en-un concis et pratique s appuie sur l expertise d enseignants spécialistes de ces concours. Ce tout-en-un propose pour chaque épreuve des différents concours : O Une présentation de l épreuve O Des conseils pour se préparer tout au long de l année O Des éléments de méthodologie développés et spécifiquement adaptés à l univers Sciences Po O Des applications corrigées comprenant des annales et des sujets inédits Les épreuves traitées : questions contemporaines concours commun histoire concours commun histoire IEP de Grenoble histoire IEP de Bordeaux anglais concours commun anglais IEP de Grenoble anglais IEP de Bordeaux composition sur un thème d actualité IEP de Bordeaux Les auteurs : Laurent Berthet, diplômé de Sciences Po Grenoble, docteur en science politique. Jean-Baptiste Decherf, diplômé de Sciences Po Paris, docteur en science politique, enseignant à Sciences Po Paris. Nicole Forstenzer, diplômée de Sciences Po Rennes, docteur en sociologie, traductrice, interprète. Vincent Giuliani, diplômé de Sciences Po Grenoble, enseignant à Skema Business School. Fadi Kassem, diplômé de Sciences Po Paris, agrégé d histoire, enseignant en lycée et à Sciences Po Paris. Isabelle Safa, diplômée de Sciences Po Paris, docteur en littérature, enseignante à Sciences Po Lille. Tous les auteurs sont également enseignants à Prepa Climax, où ils préparent les élèves aux différents concours des IEP. ISBN :