HORS SÉRIE. Nos années. Bricquebec, Sainte-Anne 1973.

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1 HORS SÉRIE Nos années Bricquebec, Sainte-Anne 1973.

2 HORS SÉRIE Nos années Sommaire Radio-crochet des fêtes du Quartier Central à Cherbourg en Edito : Frédéric Patard 2 Ambiance : Marcel Clairet 3 AIR DU TEMPS Un autre monde, une autre époque 4 C est le progrès! 5 Cherbourg met le turbo! 6 CHERBOURG Interview : Guillaume Pellerin 7 Un centre-ville piétonnier et toiletté 8-9 Un tour au marché 10 Adieu les halles, bonjour le centre culturel 11 Autour des bassins 12 Sur le quai de l Entrepôt 13 Adieu la rue Hélain 14 De Napoléon à Chantereyne 15 Cherbourg au futur FÊTES EN COTENTIN Que la fête soit belle Allez le Quartier Central! 23 Et vive la Sainte-Anne! 24 Joyeux Noël! 25 MISS, MISS, MISS La brochette des Miss SUR LES BANCS DE L ÉCOLE Classes vertes, classes ouvertes 28 Du tableau noir à la récré Bac. Vous avez 4 heures 32 Une belle fête de la jeunesse 33 La fête de l école 34 EAM : une nouvelle école pour les pêcheurs 35 Aux petits soins pour les infirmières 36 SPORTS SCOLAIRES Les sports scolaires en avant INSOLITE Vous avez dit bizarre? ENVIRONNEMENT L appel de la nature 44 Interview : Didier Anger 45 COMMERCES Shopping Et vivent les Magasins Réunis! 51 Lèche-vitrines rue Christine s Slogans. Paroles. Dialogues 53 SPORTS Plus vite, plus haut, plus fort 54 Interview : Bernard Caraby 55 Pleins feux sur le basket 56 Planète foot A fond le sport Vélo. Des hommes et une petite reine 62 Interview : Geneviève Gambillon 63 Sur les tapis de la gym 64 SOCIAL Entre l espoir et le désespoir SEXE Ils ne pensent qu à ça! AU BONHEUR DES FAMILLES Le temps de copains Les gamins de la ZUP 73 Familles nombreuse, familles heureuses! 74 Entre la révolte et les conventions 75 Les enfants de mai Interview : Alexis Salatko 77 A vos rangs! 78 Femme, femme, femme 79 MARINE Et vive les marines! ENQUÊTE Quand Le Point ausculte la Manche TEMPS LIBRE Quoi de neuf à la téloche? 84 Interview : Jean-Marie Lequertier 85 Cinoche et 7 e Art 86 Mise en boîte 87 Bals. la dernière danse 88 Interview : Hubert travert 89 Des tourne-disques aux platines Rock in Cotentin 92 Interview : Dany Doucet 93 Musique, maestro 94 Allez les majorettes! 95 Pour le dimanche Au théâtre ce soir 98 Cherbourg, c est show! 99 AGRICULTURE Aux champs 100 De foire en marché 101 Du côté des laiteries 102 Des champs à la rue 103 GRAVURE DE MODE A la mode de chez nous AU TRAVAIL Usines, ateliers, bureaux Chantiers navals. Le vent en poupe 109 Une marée à bord Port de Cherbourg. Haut les cœurs! 112 Chez Simon 113 Socoval, Burty, CIT. Les femmes à la chaîne 114 Interview : Françoise Leclerc 115 A l UIE ça chauffe! 116 Interview : Pierre Vautier et Philippe Jeanne 117 VACANCES Et vive l insouciance! Voyages scolaires et jumelages s La Manche en chiffres QUEL CONFORT! Un confort fourmidable! Comme à la maison 126 COLONIES Youkaïdi! SUR LA ROUTE Une voiture qui pose problème Auto-rétro , 2, 1, top départ! 137 RN 13 : entre l escargot et le serpent de mer 138 VEDETTES Vedettes en stock PLÂTRE ET CIMENT Chantiers Sur la ZUP s Chronos LA PRESSE DE LA MANCHE Editeur de la publication La Presse de la Manche Société Cherbourgeoise d Editions SA au capital de euros 9, rue Gambetta, BP 408, Cherbourg Tél Fax: Internet : N Com. paritaire : 0610 C ISSN X Principaux associés : SIPA : 10, rue du Breil, Rennes SERMAS : 21, rue Faubourg-St-Antoine, Paris SEBN : 17, rue du Commodore-Hallot, Caen cedex 4 Directeur de la publication, et de la rédaction : Marcel Clairet Directeur adjoint : Albert Bodin Directeur technique : Hervé Pannier Responsable des suppléments et hors-séries, rédaction : Frédéric Patard Responsable de fabrication : Jean-Noël Dujardin Maquette et mise en page : Marie Planque Photogravure : Roger Galvan - Fabrice Descarpentries Relecture : Annick Pontais Responsable des ventes : Romaric Boucard Impression : Société Cherbourgeoise d Editions Impression couverture et façonnage : Corlet Imprimeur, Condé-s/Noireau Tirage : Novembre exemplaires Dépôt légal : A Parution ISBN :

3 Cherbourg au futur CHERBOURG En 1976, La Presse de la Manche demande à son dessinateur Marcel Basset d imaginer le Cherbourg de l an Laissant libre cours à son esprit débordant, Marcel Basset livre deux dessins. Le premier représente la navette pendulaire reliant les deux bouts de l agglomération (Landemer et Bretteville) via le centreville. Le second représente un Cherbourg futuriste, faisant immanquablement penser à une métropole américaine : grand pont à haubans traversant la rade, larges avenues rectilignes dominées par de hauts buildings parallélépipédiques, le tout survolé par un ballet d hélicoptères. 16 A y regarder de plus près, on observe encore un fort de la digue centrale reconverti en port de plaisance, un port de commerce actif où se pressent les cargos, une digue du Homet affublée d une statue de la liberté bis, une étrange usine sur le port et une place Divette faisant office de grand parc plutôt que de parking L arsenal est toujours là, de même que le bassin du Commerce et le pont tournant (plutôt un pont-levis), mais le théâtre, le centre-ville ancien ou encore la gare SNCF ont tout simplement disparu. Seul coin de verdure dans cet océan urbain, un grand parc à l ouest de la ville : le parc Emmanuel-Liais agrandi? A noter enfin qu en bas à droite, dans ce qui doit être le bout de la rue du Val-de-Saire, l entrée d un tunnel permettant aux automobilistes de traverser l agglomération sans passer par le centre-ville.

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5 A chacun son sujet 1970 Série A Qu est-ce que s exprimer? Peut-on dire que seuls les hommes ont une histoire parce que seuls ils ont un passé? Bac Vous avez 4 heures SUR LES BANCS DE L ÉCOLE 1973 Série A Qu est ce que l amour? Séries C et D L idée de civilisation universelle n est t-elle qu un idéal? A cette époque-là, avoir le bac, c était presque une fin en soi, tant le diplôme était encore accessible à si peu de monde et directement monnayable sur le marché de l emploi. Et le jour de la philo ou des résultats, les journalistes et photographes de La Presse se mêlaient évidemment aux lycéens pour recueillir les sujets, les impressions et quelques images Série A En quel sens peut-on dire que l adolescence n est qu un fait de civilisation et est-ce votre avis? Séries C et D La politique est-elle une technique? 1975 Séries C et D N exprime t-on que ce dont on a connaissance? 1976 Série A Comment savons-nous que nous ne rêvons pas? Séries C et D Peut-on apprendre à être juste? 1977 Série A Interdire, est-ce limiter la liberté? Au lycée Tocqueville, juin Série B Les passions qui affectent l individu suffisent-elles à expliquer la violence qui règne entre les hommes? Séries C et D J ai raison. Que prétendons-nous affirmer par cette expression, et qu est-ce qui nous autorise à l énoncer? 1978 Série A Quels sont les fondements des puissances de la séduction? 1 Série B Sait-on toujours bien ce que l on dit? Séries C et D Malmener la langue, est-ce mépriser la pensée? 2 32 Séries G et F Y a t-il un pouvoir des mots? 1979 Série A La politesse a t-elle une valeur morale ou bien n est-elle qu une convention sociale? Série B Un gouvernement peut-il légitimement dans certaines circonstances, agir à l encontre des lois? Séries C et D La certitude est-elle un critère de vérité? 3 4 Entre ces quatre photos, sept ans d écart. Les deux premières ont été prises en juin 1970, dans la cour du lycée Victor-Grignard 1/2, les deux autres en juin 1977 au lycée Jean-François-Millet 3/4. Toutes les quatre au sortir de l épreuve de philo. La seule différence qu on puisse noter tient aux vêtements (en 1970, on mettait encore la veste, voire la cravate pour passer l examen) et à la longueur de la coupe de cheveux. Pour le reste, mêmes figures souriantes, soulagées d en avoir fini avec Kant ou Rousseau.

6 1 Vous avez dit bizarre? INSOLITE Comme c est bizarre! Piochées au gré des reportages effectués par les photographes de La Presse de l époque, voilà une série de photos prises à Cherbourg et dans le Cotentin, qui ne trouvent leur place sur aucune étagère sensée. C est drôle, étonnant, tendre, insolite, décalé, anecdotique, insolent, poétique Vous avez dit bizarre? 2 3 La coquille Saint-Jacques, directement du producteur au consommateur, au débouché du pont tournant de Cherbourg (octobre 1971). 4 A Saint-Lô, dans le quartier de la Dollée, on avait construit cet escalier et c est tout : c est l escalier qui ne mène nulle part. Alors, comme les habitants du quartier ont le sens de l humour (et qu ils tiennent aussi à ce monument du nonsens technocratique), ils ont organisé une fête pour le dixième anniversaire de leur escalier : c était en juin Depuis, l escalier a disparu J avais résolu de renouveler à Cherbourg les merveilles de l Egypte. Certes, mais avec un 90 au derrière, on ne fait pas toujours ce qu on veut, Sire 2 - Dans les rues de Beaumont, une chasse à courre au renard (janvier 1971). 3 - Près de la gare maritime de Cherbourg, des vacanciers anglais attendent le ferry à la belle étoile : on est au mois d août Incroyable : rue Victor-Grignard, en plein centre de Cherbourg, un particulier a fait venir une presse à cidre pour piler quatre tonnes de pommes et en tirer deux tonneaux de cidre destinés à la consommation familiale. Nous sommes en novembre A l arsenal, un globicéphale a tourné pendant une semaine dans les bassins avant de périr noyé (septembre 1978). 41

7 slogans Faites l amour, pas la guerre (John Lennon, 1974) Buvez, éliminez (Vittel, 1974) On ira, où tu voudras quand tu voudras (Jo Dassin, 1975) Suivez Bison Futé (1976) 50 francs pour vous, 100 pour le nourrain (Maître Capelo, Les jeux de 20 heures, 1978) La France a peur (Roger Gicquel, 1976) Money, get away (Argent, dégage, Pink Floyd, 1973) Y a du soleil et des nanas, darla, dirladada (Les Bronzés, 1979) C'est un beau roman, c'est une belle histoire, C'est une romance d'aujourd'hui (Michel Fugain, 1972) C'est l'histoire d'un mec Vous la connaissez? Non?Oui? Non, parce que si (Coluche, 1974) Nucléaire? Non merci (1975) Chassez le gaspi (1979) Le bilan global de ces soixante et un an est positif Le goulag? A supposer qu'il existe (Georges Marchais, 1978) Chez Casto, yatoutcequ'ilfaut (1977) Ça, c est vrai ça! (La mère Denis, 1972) FULGUROPOINGS!!!! (Goldorak, Antenne 2, 1979) La nostalgie n est plus ce qu elle était (Simone Signoret, 1975) Alors le fil vert sur le bouton vert, le fil rouge sur le bouton rouge! (On a retrouvé la septième compagnie, 1975) On a tous dans l'cœur, une petite fille oubliée Une jupe plissée queue d'cheval à la sortie du lycée (Laurent Voulzy, 1977) Alors là, M. Foote, vous êtes un salaud (Thierry Roland, Bulgarie-France, 1976) PAROLES Chapi chapo patapo Chapo chapi patapi (deuxième chaîne ORTF, 1974) Sea, sex and sun (Serge Gainsbourg, 1978) C est un scandale, Monsieur Barre (Georges Marchais, 1977) J'aurais voulu être un artiste, Pour pourvoir dire pourquoi j'existe (Starmania, 1979) Les vaches rousses, blanches et noires Sur lesquelles tombe la pluie Et les cerisiers blancs made in Normandie (Stone et Charden, 1973) J adore respirer l odeur du Napalm le matin (Apocalypse now, 1979) Europe 1, c est naturel (1975) A la pêche aux moules, moules, moules, je ne veux plus y aller Maman (Le petit rapporteur, 1975) Travailleurs, travailleuses! (Arlette Laguiller, 1974) Du pain, du vin, du Boursin (1972) Moi j'y ai dit : laisse béton! Il m'a filé une beigne, j'y ai filé une mandale (Renaud, 1975) Voici venu le temps, des rires et des chants Dans l île aux enfants C est tous les jours le printemps (L île aux enfants, TF1, 1974) En France, on n a pas de pétrole, mais on a des idées (1975) On se lève tous pour Danette (1979) God save the Queen, the fascist regime (Sex Pistols, 1977) 7 lettres. Pas mieux (Les chiffres et les lettres, 1975) Ilyaplusinconnu que le soldat inconnu, sa femme (MLF, 1970) Houston, nous avons un problème (Apollo XIII, 1970) Ilyabienlongtemps, dans une galaxie lointaine, très lointaine... (La guerre des étoiles, 1977) Si y a pas de bulles dans Banga, Mmh, alors keski ya? (1974) Les routiers sont sympas (Max Meynier, RTL, ) We are the champions of the world (Queen, 1977) Couscous Garbit, c est bon comme là-bas, dis! (1978) Bal tragique à Colombey : 1mort (Hara-Kiri, 1970) Vous n avez pas le monopole du cœur (Valéry Giscard d Estaing, 1974) 53

8 Planète foot SPORTS L AS Valognes au grand complet en mars Finale de la coupe Retrouvey à Querqueville : les locaux battent l ASC 2-0 sur des buts de Gunehec et Navet. 3 - Tourlaville-Avranches en novembre 1979 (division d honneur régionale) : les Tourlavillais vont perdre de justesse, /5/6 - Et une série de photos sur les clubs cherbourgeois et la reprise de leur entraînement au mois d août 1970 : Gazélec, le club de l Amont-Quentin et l ASC. Dans les années 70, le foot français est dans le néant au niveau international, à part l épopée des Verts de Saint-Etienne, et la montée en puissance de l équipe de France, emmenée par un certain Platini. Dans le Cotentin, si on est loin de tout ça, on n en reste pas moins accro au ballon rond, que ce soit à Sainte-Marie-du-Mont ou Denneville, Cherbourg ou Saint-Pierre-Eglise. Allez, c est parti pour le tour des vestiaires. 2 Août 1970 : reprise de l entraînement à l AS Hainneville

9 Hubert Travert Le bal, un moment important dans la vie des gens Interview Avec son orchestre des Traversins, il a fait danser des milliers de Manchois le samedi soir. Carnet de bal avec Hubert Travert. Comment êtes-vous venus à la musique? Mon grand-père était chef de la musique municipale de Valognes, mes parents étaient musiciens. J ai baigné dans la musique depuis mon enfance. Je jouais de la clarinette, du saxo et du vibraphone. J ai fait mes débuts avec l orchestre de Marcel Lericolais. Puis j ai joué avec les Blazer s d André Pallat, au Moulin Normand de Quinéville. Quand André Pallat a lâché la musique pour devenir kiné en 1967, j ai proposé aux musiciens de continuer. C est comme ça qu Hubert Travert et son orchestre est né. On était en 1967 et j avais 26 ans. En 1969, lors d un gala des étudiants de médecine-pharma à l hôtel Malherbe de Caen, un étudiant a eu l idée d appeler l orchestre Hubert Travert et les Traversins. Le nom est resté. Au fur et à mesure des années, l orchestre a évolué, avec des musiciens qui partaient, d autres qui arrivaient (dont Michaël Jones, qui jouera plus tard avec Jean-Jacques Goldman). Mais la base est restée la même. Vous étiez un orchestre de bal. Vous pouvez définir ce que c est? Un orchestre de bal à l époque, ce sont des musiciens qui savent tout jouer. On nous demandait un tango, on jouait un tango, un paso, on jouait un paso. Mais on nous demandait un morceau des Stones ou des Beatles, on savait aussi. On possédait non seulement la technique permettant de jouer beaucoup de choses, mais on restituait aussi l esprit du morceau ou du genre musical qu il représentait. On était donc de vrais musiciens. Est-ce que le bal dans les années 70, ça représente quelque chose d important? Au début des années 70, certainement. La preuve, c est qu à l époque, il y a une quarantaine d orchestres dans la Manche, dont c est le métier Les Traversins ont même enregistré un 45 tours en 1972, avec deux chansons de leur composition. d animer les bals! Un petit bal, ça attire quand même 600 personnes, mais on a joué aussi pour personnes. C est là que se font les rencontres. Les gens s habillent pour aller au bal. C est vraiment important dans la vie des gens d alors. C est aussi un moment codifié : par exemple, ce sont les garçons qui invitent les filles à danser, et pas le contraire. Et c est faire un affront que de refuser! Mais c est aussi pendant les années 70 que la situation évolue et que les bals disparaissent? D abord, à cause de la télé : de plus en plus de gens ont la télé, et ne sortent plus. Comme les adultes regardent la télé, ce sont les jeunes qui sortent et qui vont au bal. Mais, comme les adultes ne sont plus là pour leur donner les codes et notamment leur apprendre le paso ou le tango, les jeunes réclament du rock. On leur en donne, mais plutôt que de danser, ils restent à nous écouter. Le bal se transforme en concert, et nous, d orchestre de danse, on devient un groupe. Et puis, il y a aussi eu l arrivée du disco qui nous a fait du mal. D abord, on n avait pas les instruments pour restituer le son du disco. Musicalement, c était aussi très pauvre. Pour nous, c était de la musique de machines, pas de la musique à jouer. Donc, on ne jouait pas de disco. Mais c était la mode, et les discothèques passaient bien sûr du disco. Les jeunes nous ont lâchés pour aller en discothèque. La vie d un orchestre de bal, ça ressemble à quoi? Hubert Travert et les Traversins, c était un peu particulier parce qu on était très dispersés géographiquement, à Caen, Rennes, Cherbourg Donc on ne se voyait jamais en semaine, mais le week-end, on se retrouvait tous réunis le samedi midi à l endroit où on devait jouer le soir, le plus souvent dans des salles de sports vouées à tout sauf à la musique! On montait nos lumières, on installait notre sono, et ensuite on répétait pendant deux heures. On mangeait. Et ensuite, le bal commençait pour se terminer vers 3 heures du matin. On rangeait tout, et on prenait la route avec le camion parce que souvent on jouait aussi le dimanche, parfois deux fois, en matinée et en soirée. Un conduisait (c était souvent moi) pendant que les autres dormaient. On arrivait, on remontait le matériel et c était reparti. On rentrait chez nous le lundi à 6 h du matin. On faisait 130 dates par an comme ça : une trentaine de dates pendant les vacances d été et le reste les week-ends : faites le compte C était usant, mais on aimait ça. De plus, à part moi qui étais enseignant, tous les autres étaient musiciens professionnels. Mais avec un cachet de 350 francs par musicien et par soirée au début des années 70, on gagnait plutôt bien notre croûte, d autant qu on était réputés et qu on nous demandait souvent. On jouait dans tout le Grand Ouest de la France. A l époque, c était aussi fréquent que les organisateurs de grands bals, en plus d engager un orchestre de danse, fassent venir un chanteur ou une chanteuse connu avec son orchestre. On jouait de 21 h à minuit, la vedette enchaînait avec un tour de chant d environ 1 h 30, et on reprenait la suite jusque vers 3-4 heures. On a ainsi joué avec Michel Sardou, Johnny, Mike Brant, Antoine, Eddy Mitchell... Aujourd hui, Hubert Travert a 71 ans. Il joue toujours de la musique comme la plupart des anciens Traversins, qui se retrouvent de temps à autre pour faire un bœuf. 89 Dans la haute ville de Granville, une partie de l orchestre. De gauche à droite, Jean-Paul Barbanchon (basse), Jacques Vigot (batterie), Yves Botomisy (guitare) Hubert Travert (sax et clarinette) et Jean- Pierre Hervieu (trompette). Manque sur la photo Jean-Paul Thiland (guitare).

10 Rock in Cotentin TEMPS LIBRE Rock à la salle des fêtes Nouvelles Parmi les nombreux groupes de rock passés à la salle des fêtes de Cherbourg à la fin des années 70, le groupe Trust. Et ça déménage! du Cotentin Même si le Cotentin ne fait pas figure de terre pionnière en matière de rock, la presqu île a quand même accueilli quelques pointures du genre, particulièrement des groupes français. C est ainsi qu on a vu passer à Cherbourg (à la salle des fêtes), Ange et les Martin Circus (premier festival Pop, organisé en 1970), puis au fil du temps, Au Bonheur des dames (1974) Trust (1979) ou encore Bijou (1979). A chaque fois, la salle des fêtes était pleine comme un œuf. Au début, avec des spectateurs sagement assis sur leurs sièges (festival pop), et de plus en plus déchaînés au fur et à mesure que l on avançait dans le temps, que le rythme de la musique jouée se faisait plus rapide, et que la désinhibition faisait son œuvre. Si Cherbourg capte évidemment la plupart des groupes, notons le passage de Téléphone (à leurs débuts) à Rauville-la-Place, et des Lyonnais de Starshooter, au manoir de Marigny, à Lessay, en Enfin, mention spéciale à Magma, et son batteur-gourou Christian Vander. A chacun de ses deux passages (Cherbourg en 1974, Coutances en 1979), Magma scotche ses fans sur leur siège avec sa musique inclassable venue d un autre âge. On ne sait rien de cette photo, si ce n est qu elle a été prise au mois de juin Pourquoi l a t-on sélectionnée alors? Tout simplement parce qu elle exprime le rock par le moindre de ses pixels : une batterie, une basse, des guitares, la jeunesse, le plaisir Trust La musique des enfants de la crise Trust la dance, Trust la transe. En deux couplets, trois accords et quelques décibels, le hard-rock a réussi son retour dans une ville que la programmation avait délaissé depuis bien longtemps. On a pu constater que la relative mise à l écart n avait en rien entamé les goûts d un jeune public répondant présent à l occasion de la venue d un groupe dont la réputation tient en grande partie au bouche-à-oreille car il est bien rare d entendre Trust sur les ondes des radios. Les retrouvailles des enfants de la crise et de leur musique avait donc attiré 600 personnes dans une salle des fêtes absolument inadaptée à toute manifestation musicale. On a cru que la pluie sur le toit de fibro ciment parasiterait le spectacle; fort heureusement la lead guitare et la caisse claire ont couvert les claquettes de l eau sur les tôles ondulées et la tempête a pu se déchaîner, envoyant ses anathèmes et sa tendresse vers une salle ondulant comme une mer noire d où sortait figés un poing par-ci, une main tendue par là. Le hard-rock ne fait pas dans le détail. Il crie, il enfonce, il terrasse, il s impose, il cogne. Trust s inscrit dans cette veine-là, physique et grandiose malgré l acoustique déplorable, parfaite pour les galas de catch, mais incapable de servir une musique même quand celle-ci est puissamment électrique. Attendons les suites de ce premier concert et appelons de nos vœux cette salle polyvalente où pourrait se propager comme il le faudrait la musique. Toutes les musiques. La Presse de la Manche, édition du 15 octobre En mai 1970, en pleine période hippie, un festival pop est organisé à la salle des fêtes de Cherbourg avec entre autres les groupes Ange et Martin Circus. Gros succès et public sage. 2 - Le groupe Bijou, un des groupes-phares de la fin des années 70 (et français!), en concert à la salle des fêtes de Cherbourg en février

11 Nouvelles Déjà amorcé dans les années 60, le regroupement des laiteries du Cotentin s'accélère encore un peu dans les années 70. A Rauville-la- Place, ça discute ferme. Rauville-la-Place Dans huit jours, un choix décisif L'annonce de l'assemblée générale de la Coopérative Laitière du Val-d'Ouve, qui aura lieu samedi prochain à la mairie de Saint-Sauveur-le-Vicomte, remet au premier plan de l'actualité locale, la question qui sera posée aux sociétaires : l'établissement doit-il ou non fusionner avec l'ucalma? C'est un vote qui en décidera. Il ne nous appartient pas de prendre parti, car c'est aux coopérateurs d'assumer leur responsabilité en optant soit pour le transfert de l'activité à Sottevast, soit pour son maintien à Rauville-la-Place. Choix difficile et d'une gravité qui n'échappe à personne, parce qu'il engage l'avenir. Notre tâche d'informateur se limitera à noter ici les arguments qu'avancent les partisans et les adversaires du projet : du Cotentin Des champs à la rue AGRICULTURE Les prix du lait, la désertification, les horaires et les conditions de travail Autant de revendications qui régulièrement reviennent dans les bouffées de colère du monde agricole déjà dans les années 70 CONTRE - Il est regrettable de voir disparaître d'un pays qui s'efforce de créer des emplois, une activité qui assurait du travail stable à des gens de la localité et des environs. - Si l'on offre de les embaucher à l'usine de Sottevast, faudra-t-il qu'ils quittent la maison qu'ils ont fait construire ou qu'ils fassent chaque jour un long trajet? Et les plus anciens employés s'adapteront-ils à un rythme et à des méthodes différentes? - Actuellement, la situation financière de la Coopérative est saine. N'a-t-on pas vu des exemples de concentration qui n'ont pas donné les résultats escomptés? - Ne serait-il pas possible de contracter des accords plus étroits, techniques et commerciaux, sans supprimer purement et simplement la Laiterie de Rauville-la- Place? - Dans une grande coopérative, le coopérateur se sentira-t-il aussi à son aise et dans un climat aussi familial? Prêtera-t-on la même attention à ses observations? La scène se passe à Valognes et nous sommes en janvier 1973 : Giscard est alors ministre de l Economie, et celui auquel les agriculteurs demandent de tenir à Bruxelles les promesses faites à Paris, est Jacques Chirac, ministre de l Agriculture. POUR - Partout l'évolution de l'économie conduit à des concentrations. Pas seulement dans le secteur laitier. Elles sont indispensables pour la compréhension des prix de revient, donc pour abaisser, au profit du producteur, le coût de la transformation. - L'usine de Rauville-la-Place pourrait-elle supporter les investissements que nécessiteraient un bassin d'épuration et la modernisation de son matériel? - N'est-elle pas privée, du fait de sa dimension, de moyens publicitaires et de prospection du marché? - Peut-elle prétendre à l'organisation strictement rationnelle d'une unité plus importante où tout est étudié en vue d'un maximum de rendement? - Ne vaut-il pas mieux fusionner à présent, en un moment favorable et quand on nous le propose, que d'attendre d'y être contraint par des difficultés? A chacun de s'interroger, de peser le pour et le contre et se prononcer en son âme et conscience. (Les coopérateurs de la Laiterie du Val d'ouve voteront non à une forte majorité à la fusion avec l'ucalma de Sottevast. La fusion sera effective quelques années plus tard). La Presse de la Manche, édition du 23 janvier /2 - A Saint-Lô, toujours en janvier Au pied des immeubles du Champ-de-Mars, en voiture et en foule. 3 - A Cherbourg, devant la piscine Chantereyne en mars

12 Une marée à bord AU TRAVAIL De la criée de Cherbourg en passant par une journée de pêche sur le Cap Lévi, quelques photos qui sentent bon le grand large A la criée de Cherbourg, avril 1970 : le crieur d un côté, les mareyeurs de l autre. 1 - Dans les parcs à huîtres de Saint-Vaast, décembre Hubert Fergant, chef mécanicien, se penche sur le moteur de la Marie-Noëlle (septembre 1970). 3 - Les chalutiers de Cherbourg testent la glace paillette en mars 1971, intéressante par sa facilité de manutention. 4 - Arrivée de coquilles Saint-Jacques à la criée de Cherbourg : la campagne vient d être ouverte (novembre 1971). 5 - Sur le chalutier cherbourgeois Batavia en octobre 1979, lors d une marée au large de Saint-Vaast pour pêcher la daurade : Maximiliano Froitat (à gauche) et Claude Vimard (à droite) sont aux treuils, l un pour les funes, l autre pour la traversière

13 1 Youkaïdi! COLONIES Que ce soit la ruche familiale de Sottevast, les scouts, le centre de loisirs Napoléon, la colo de Vingt-Hanaps, ou le centre de plein air de la SNCF au stade Crevay à Cherbourg, c est un cri unanime qui retentit pendant les mois d été dans le Cotentin : ce sont les JOLIES COLONIES DE VACANCES! Youkaïdi, aïdi, aïda 2 A Ravenoville, la colo Art et Santé est dirigée par le chanoine Postel curé-doyen de Sainte-Mère-Eglise. On constate sur la photo qu en tout cas, l art de faire du toboggan est assurément le secret d une bonne santé (juillet 1970). 1 - La Ruche de Benoistville accueille une trentaine d enfants des alentours (juillet 1970). 2 - Conciliabule devant le complexe Chantereyne pour les jeunes du centre loisirs Napoléon à Cherbourg, en juillet Centre aéré de la SNCF, Cherbourg, juillet Sur la plage de Barneville, le club des Dauphins entame une série d échauffements avant d attaquer le grand concours de châteaux de sable (juillet 1970)

14 1 Vedettes en stock VEDETTES Acteurs, chanteurs, musiciens, chansonniers, sportifs, hommes politiques : ils crèvent tous l écran de manière plus ou moins durable. Ce sont les vedettes, et pendant les années 70, le Cotentin en a reçu un sacré paquet, entre tours de chant, campagnes électorales, tournées des popotes ou simple week-end passé en amoureux ou en curieux. Album-photo Michel Fugain sème le Big Bazar au théâtre de Cherbourg (février 1974). 2 - A Rauville-la-Bigot, 2000 personnes sous chapiteau pour voir Stone et Charden (mai 1973) : y avait-il des vaches rousses, blanches et noires dans les champs alentour? 3 - Demis Roussos au théâtre de Cherbourg en mars Un bide : 125 spectateurs 4 - Raymond Devos prend à partie le public du théâtre de Cherbourg (janvier 1974). 5 - Antoine et Danièle Gilbert sont les vedettes des fêtes du Quartier Central de Cherbourg en juin Mai 1971 : autour de François Truffaut, toute l équipe du film Deux Anglaises et le Continent fête la fin du tournage. Au premier plan, au centre de la photo, Jean-Pierre Léaud. A sa gauche, un peu en retrait, Philippe Léotard

15 1 Chantiers PLÂTRE ET CIMENT A part quelques paysages qui restent immuables, figés dans le temps, le visage des villes et villages du Cotentin évolue à grande vitesse dans les années 70, bouleversé par quelques grandes idées (la maison individuelle), et tendances (les zones commerciales). Visite de chantiers. Août 1970 : le port de Saint-Vaast-la-Hougue en plan large. Pour l heure, la plaisance n est pas à l ordre du jour Les travaux d aménagement de la route touristique qui passe par Fermanville, touchent à leur fin. Nous sommes en novembre A Octeville au printemps 1970, remise de clés aux nouveaux locataires des petites maisons du chemin des Buissons A Valognes, les baraques de la Cité Saint-Sauveur, datant de l après-guerre (!!) sont en cours de démontage : on est quand même en janvier 1972! 4 - Le village de La Glacerie a t-il pris une ride depuis cette photo prise en février 1971? 4