Elsässisch. Langue et Histoire. Situation sociolinguistique Politique linguistique. Aspects juridiques

Transcription

1 L'Alsace est une région du Nord- Est de la France. Elle est constituée par les départements du Haut-Rhin et du Bas-Rhin, et a km 2 et environ 1,6 million d'habitants. Environ le quart de la population vit dans les zones urbaines. Les taux d'émigration et d'immigration, vers et hors de la région, dûs principalement à des déplacements de fonctionnaires ou à des raisons économiques, sont assez faibles (environ 15%). Situation sociolinguistique Politique linguistique Aspects juridiques

2 Plaine d'alsace Situation sociolinguistique Politique linguistique Aspects juridiques L'Alsace comprend le versant oriental du massif des Vosges, entaillé de profondes vallées et bordé par une zone de collines, ainsi que la partie occidentale, jusqu'au Rhin, du fossé tectonique qui sépare les Vosges de la Forêt-Noire. Elle est contigüe à l'allemagne, au nord (Land Rheinland- Pfalz) et à l'est (Land Baden-Wurttemberg), et à la Suisse au sud. Elle jouxte à I'ouest la région française de la Lorraine et elle s'ouvre au sudouest vers la Bourgogne. Elle est protégée des vents dominants d'ouest par les Vosges et possède un climat de type continental: les étés sont chauds et orageux et les hivers froids et assez secs. Elle est une région riche. L'agriculture y est très variée (blé, betteraves, pomme de terre, tabac, houblon, plantes fourragères, cultures fruitières, etc.); ses vignobles produisent des vins blancs fort réputés. La vie industrielle y est très active. Le sous-sol recèle des gisements de potasse au sud en voie d'épuisement. On trouve de nombreuses industries de transformation: industries textiles à Mulhouse/Mülhausen et dans les vallées vosgiennes, ainsi que des industries chimiques, mécaniques et métallurgiques, en particulier à Strasboug/Strassburg et à Mulhouse /Mülhausen.

3 Strasbourg (Merian, 1663) Situation sociolinguistique Politique linguistique Aspects juridiques Les principales villes sont du nord au sud: Wissembourg/Weissenburg, Haguenau/Hagenau, Saverne/Zabern, Strasbourg/Strassburg, Sélestat/Schlettstadt, Colmar/Colmar et Mulhouse/Mülhausen. Strasbourg/Strassburg est à la fois la capitale du département du Bas-Rhin et de la région Alsace. C'est aussi le siège de plusieurs Institutions européennes, telles que le Conseil de l'europe et la Cour Européenne des Droits de I'Homme. La ville accueille également les sessions du Parlement Européen. C'est aussi à Strasbourg qu'est stationné l'eurocorps, composé de militaires de plusieurs pays européens. Les langues utilisées oralement sont les dialectes allemands (alémanique et francique) appelés Elsässisch ou Elsässerditsch (alsacien) ainsi que le français. La langue standard de référence correspondant à l'elsässisch est le Hochdeutsch, c'est-à-dire l'allemand standard; son usage est réservé à l'écrit et ne concerne qu'un nombre réduit de domaines, tels que, par exemple, la presse et la littérature régionales. C'est, aujourd'hui, le français qui remplit en Alsace la fonction de langue écrite. En plus, sont employées quelques langues introduites par des immigrés de date récente, dont principalement l'arabe et le turc. Les nouveaux venus en Alsace ne maîtrissent, en général, pas les variétés d'allemand mais apprennent, pour la plupart, le français

4 Carte de l'alsace Elsässisch

5 Les origines Après la Révolution française Les dernières guerres De 1945 à nos jours Art roman d'alsace

6 Les origines L'installation, au Vème siècle, des Alamans et des Francs, peuples germaniques venus du Nord, entraîne la disparition de la langue gallo-romaine sauf pour quelques toponymes ou hydronymes. Désormais, les langues en usage sont l'alémanique, qui s'étend des Vosges aux confins de la Bavière, dans toute l'allemagne du Sud-Ouest, la Suisse alémanique et le Vorarlberg, ainsi que le francique au nord de l'alsace, en Lorraine et dans le Palatinat. Avec le latin réservé aux lettrés et aux clercs, ce sont les seules langues en usage durant tout le Moyen Age. Au XVlème siècle, l'alémanique et le francique sont concurrencés progressivement par le Hochdeutsch (allemand littéraire), une langue commune créée sous l impulsion des chancelleries, des imprimeurs et de Luther, traducteur de la Bible, et qui deviendra la langue standard de toute l'aire linguistique allemande. Dès lors le Hochdeutsch s'imposera de plus en plus en Alsace comme langue écrite, et l'alémanique et le francique, qui subsisteront jusqu à nos jours en tant que dialectes sous le nom d'elsässisch, seront réservés avant tout à I'usage oral. Tout au long du Moyen-Age, et jusqu'au XVIlème siècle, l'alsace, qui fait partie de l'empire Germanique, dont elle est un des fleurons économiques et culturels, fournit quelques grands noms de l'historie littéraire allemande: Otfried von Weissenburg, Gottfried von Strassburg, Reinmar von Hagenau, Johannes Tauler, Sebastian Brant, Johannes Geiler von Kaysersberg, Thomas Mumer, Jörg Wickram, Johannes Fischart, Johann Michael Moscherosch, etc. Gottfried de Strasbourg

7 Les origines Le XVIIème connaît en raison de la Guerre de Trente Ans, un effondrement de la vie culturelle. L'annexion progressive de l'alsace à la France ( ) favorise au cours du XVIllème siècle une diffusion de la langue française limitée aux couches supérieures de la société. L'immense majorité de la population demeure attachée à l'elsässisch et au Hochdeutsch au sein de l'école et de l'église, par le livre et dans la vie quotidienne "Das Evangelienbuch" d'otfried de Wissembourg, le plus ancien texte de la littérature alsacienne

8 Après la Révolution française En 1789, les voyageurs français continuent à employer le mot Allemagne pour désigner l'alsace. Une Alsace dont les habitants acceptent d'être qualifiés d'allemands, sans que le terme n'ait une connotation négative. C'est à partir de la Révolution Française, en , que la légitimité de la langue allemande en Alsace est mise en cause. Les Alsaciens germanophones sont considérés par certains révolutionnaires comme des alliés des ennemis de la République. Le représentant de la Convention Lacoste avait même proposé de faire guillotiner un quart des Alsaciens et de ne laisser en Alsace que ceux qui avaient participé à la révolution, le reste devait être exproprié et déporté. De 1800 à 1870, on assiste à une diffusion croissante du français, surtout après En 1870, le français tend à devenir la langue dominante dans la haute bourgeoisie. Dans les milieux populaires le français se répand chez les jeunes par l'école et le service militaire. Cependant, l'allemand demeure la langue des Eglises, de la littérature populaire, de la presse, du peuple, du foyer et du sentiment Proclamation des révolutionnaires en mission en Alsace

9 Les dernières guerres Durant l'annexion à l'allemagne ( ) à la suite de la guerre franco-allemande de 1870 perdue par la France, le choix linguistique devient choix politique. Le Hochdeutsch, c'est-à-dire l'allemand standard remplace le français dans la vie publique. Certaines familles, appartenant pour la plupart aux couches dirigeantes, utilisent par esprit de contradiction le français comme langue de la vie courante, confondant ainsi l'usage d'une langue et l'appartenance nationale. Dans les couches populaires dialectophones, c'est-à-dire qui parlent l'elsässisch, la connaissance de l'allemand standard progresse sensiblement. On assiste à un renouveau de la littérature en langue allemande (Friedrich Lienhard, Rene Schickele, Ernst Stadler, etc.). En 1914, ces classes se servent presque exclusivement de l'elsässisch comme langue orale et de l'allemand standard comme langue écrite. Dans les milieux francophiles se répand I'idée - fausse- que l'elsässisch est différent de l'allemand et sans lien avec l'alémanique parlé sur la rive droite du Rhin et en Suisse, et le francique parlé au delà de Weissenburg/Wissembourg, dans le Palatinat. Un préjugé qui persiste jusqu'à nos jours. Les plaques bilingues renforcent l'image biculturelle de l'alsace

10 Les dernières guerres Dans un rayon de 250 Km autour de Strasbourg, vivent 6 millions de francophones et 25 millions de germanophones A l'issue de la première guerre mondiale, la France reprend possession de l'alsace. Elle procède à la francisation de la vie publique. Une assimilation linguistique pratiquée en particulier par l'école tend à réduire la connaissance de l'allemand standard et menace à terme l'existence de l'elsässisch. Pendant la seconde guerre mondiale, l'alsace est rattachée de 1940 à 1944 à l'allemagne nazie. Cette période est vécue par la population comme une véritable tragédie (incorporation de force dans la Wehrmacht, camps de concentration, etc.)

11 De 1945 à nos jours En 1945, la spécificité linguistique de l'alsace est mise en question. On assiste à la naissance d'un complexe alsacien d'infériorité. L'Elsässisch devient I'objet d'une connotation négative. Le loyalisme envers la France s'accompagne du renoncement à la langue maternelle. Pour la première fois dans I'histoire de l'alsace, l'allemand standard est exclu de l'école primaire et sa place fortement limitée dans la presse. Il est enseigné au titre de langue étrangère dans les lycées. L'Elsässisch est proscrit de l'école, les enfants sont punis quand ils le parlent dans l'enceinte de l'école. L'Elsässisch est alors considéré comme un handicap scolaire et présenté comme un signe d'arriération et d'inculture. Mais il est surtout vécu comme une honte nationale à cause de son lien avec la langue allemande. Ces tensions négatives, auxquelles s'ajoutent les effets des changements de modes de vie (urbanisation, développement du secteur tertiaire, pratiques culturelles, etc.) provoquent un phénomène d'autocensure au sein des familles qui tendent à ne plus transmettre l'elsässisch à leurs enfants. Tintin se lit aussi en alsacien et en allemand

12 De 1945 à nos jours Manifestation pour l'enseignement bilingue Ainsi, la nouvelle génération s'exprimera beaucoup plus difficilement en Elsässisch et ne saura, en grande partie, plus écrire correctement l'allemand standard, mais sa connaissance du français n'en sera pas meilleure. On a parlé à son égard, d'une manière un peu exagérée, de génération alingue. Mais c'est aussi cette génération qui, à la fin des années 60, commence à mettre en cause la situation linguistique. Le Cercle René Schickele par exemple, qui revendique un enseignement bilingue, est créé en Peu à peu, cette contestation augmente, de nouvelles organisations et périodiques sont créés, qui prennent fait et cause pour la langue régionale. On assiste ainsi à une lente prise de conscience: I'idée que l'elsässisch représente un élément du patrimoine et un atout se répand, et I'utilité de maîtriser l'allemand standard devient une évidence.

13 De 1945 à nos jours Dans les années 70 les Conseils Généraux du Haut-Rhin et du Bas-Rhin interviennent auprès de l'education Nationale en faveur de l'enseignement de l'allemand á l'école primaire. Puis, après la création des Régions, le Conseil Régional d'alsace s'engage aux côtés des deux Conseils généraux. En 1991, les trois collectivités alsaciennes, appuyant ainsi des initiatives privées, se prononcent en faveur d'un enseignement bilingue précoce paritaire français-allemand, qui est progressivement mis en place par l'education nationale en Le Conseil Régional crée aussi un Office Régional du Bilinguisme, dont le but est de développer la transmission, l'apprentissage, I'usage et la diffusion de la langue régionale. Promotion de l'apprentissage précoce Malgré ces évolutions, les comportements Iinguistiques de la plupart des Alsaciens n'ont guère changé. On n'entrevoit pas de revitalisation de l'elsässisch