Étanchéité des toitures-terrasses :

Transcription

1 Depuis les années 60, les performances des produits d étanchéité des toitures-terrasses ne cessent de s accroître, tandis que parallèlement les conditions d exécution des travaux de mise en œuvre de ces produits ne cessent de s améliorer. La qualité d un ouvrage dépend totalement et indissociablement de ce couple produit / mise-en-œuvre. Il participe, comme c est le cas pour tous les secteurs d activité du bâtiment, à la valorisation des métiers. L histoire de l étanchéité des toitures-terrasses remonte à bien longtemps, avec l usage notamment de bitume naturel. Mais à l image de la construction en général, et surtout après la période de construction et reconstruction, après guerre, l étanchéité des toitures-terrasses a entamé une longue évolution technologique dans les années 60 vers plus d exigences, plus de performances, une mise en œuvre mieux contrôlée et dans des conditions de travail moins difficiles. Les différents industriels présents sur le marché français sont tous très impliqués dans leur profession, et tous saluent le travail de leur Chambre Syndicale, la CSFE*. Cette évolution avait et a d ailleurs toujours pour objectif une bonne durabilité des ouvrages et une mise en œuvre propre, bref une qualité globale. Toute cette évolution a elle-même été sous tendue par la mise en place progressive de normes concernant ces produits et les essais auxquels ils sont soumis. Il s agit maintenant de mettre en harmonie ces normes françaises avec les normes européennes qui vont très prochainement entrer en vigueur. Dans le domaine des produits d étanchéité l industrie française s est distinguée car nos produits sont très appréciés et nos débouchés à l exportation sont très nombreux. La production française est bien supérieure aux besoins du marché intérieur. Tous types de produits d étanchéité confondus, elle s élève à 48 millions de m², pour un marché intérieur de 19 millions de m², répartis ainsi : * Chambre Syndicale Française de l Étanchéité - 6/14, rue la Pérouse PARIS CEDEX 16 - Tél. : Fax : SYCODÉS Informations n 68 - septembre - octobre

2 Membrane à base de bitume environ 43 millions de m², Membrane synthétique (surtout PVC) environ 2,5 millions de m², Asphalte environ 2 millions de m², Systèmes d étanchéité liquides environ 0,5 million de m². Plus de 60% de la production part ainsi à l export. Les marchés de l étanchéité Le marché de l étanchéité en France est de l ordre de 19 millions de m², pour un chiffre d affaires annuel de l ordre de 15 milliards de francs. Les années 1999 et 2000 n ont pas échappé à la règle générale. Elles ont été bonnes, voire très bonnes. L évolution du marché de l étanchéité suit dans l ensemble celle de l activité du bâtiment, avec un certain décalage dans le temps venant du fait que pour les travaux neufs l étanchéité vient après la réalisation des structures. Les évolutions Les travaux de normalisation sont en voie d achèvement. Pour la mise en circulation des nouveaux procédés une nouvelle procédure préliminaire d évaluation avant l Avis Technique pourrait peut être bientôt voir le jour. Comme le soulignait Erik Goger, délégué général de la CSFE, dans un article précédent, seuls les revêtements en asphalte et les revêtements en bitume oxydé, très minoritaires en France, relèvent d une norme-dtu et sont considérés comme traditionnels. Tous les autres procédés relèvent de l Avis Technique. Doc. Siplast À ce sujet, un débat est en cours aujourd hui. En effet, l assurabilité d un procédé reposait jusqu à présent d abord sur l Avis Technique ou sur la procédure dite d enquête de technique nouvelle, 28 SYCODÉS Informations n 68 - septembre - octobre 2001

3 ETN, moins lourde à mettre en place pour les industriels que l Avis Technique. Lorsqu un industriel envisageait de mettre sur le marché un nouveau produit, il avait en effet la possibilité de le tester en vraie grandeur avant de solliciter un Avis Technique. Après un premier développement commercial rendu possible par l ETN il pouvait s engager dans une demande d Avis technique. Or, cette procédure va disparaître. Ne restent aux industriels que les Atex, qui ont l inconvénient de ne pas être confidentiels. Ils sont présentés dans des commissions regroupant toute la profession. Il est bien évident que dans ces conditions, un fabricant qui aurait mis au point dans ses laboratoires un procédé innovant ne souhaiterait pas l exposer devant ses concurrents. Il est donc très important qu une nouvelle procédure d évaluation préliminaire vienne se substituer à l ETN afin de ne pas entraver l innovation. LES FEUILLES À BASE DE BITUME 3 fois sur 4, ce sont des feuilles à base de bitume qui sont appliquées pour réaliser l étanchéité des toitures-terrasses. En France, elles sont en général à base de bitume modifié par polymère SBS, alors qu en Belgique et en Italie, elles sont le plus souvent à base de bitume modifié par APP. Daniel Remolu, directeur technique de Meple nous explique pourquoi. Ce sont deux écoles différentes. Mais il se trouve que le bitume modifié par polymère SBS est une invention française, et que les industriels se sont beaucoup investis. Ils ont été très vigilants sur la qualité des produits, visant toujours les meilleures performances, allant bien au-delà en fait des caractéristiques minimales. Évidemment, cette exigence maximale a une répercussion sur le coût des produits. Concernant l évolution des produits eux-mêmes, Patrick Heulin, responsable communication chez Soprema, a constaté une tendance, confirmée d ailleurs par d autres industriels, à des procédés sans flamme. Cette évolution est réelle, mais encore peu pratiquée, contrairement à d autres pays, la Scandinavie notamment. Les membranes bitumineuses sont en fait soudées au chalumeau, avec par conséquent des risques éventuels d incendie de chantier. La tendance est également aux systèmes semi-indépendants. La première feuille est équipée de bandes auto-adhésives. Elle n est pas soudée, permet une bonne évacuation de l humidité résiduelle et évite également le cloquage des revêtements. En revanche, la seconde feuille est toujours soudée au chalumeau. Des recherches sont en cours concernant le soudage à l air chaud. Autre piste de développement, qui fera d ailleurs l objet d un prochain article, le renforcement de la fiabilité des relevés. Chez Soprema, le problème est résolu grâce à une résine qui s applique au rouleau Sous la pelouse, un garage! Les règles professionnelles pour terrasses et toitures végétalisées seront éditées pour Batimat. PENTE 1 À 5% Terrasse végétalisée, sur le toit d un immeuble. Procédé Sopranature de la société Soprema. DALLES SUR PLOTS MONOCOUCHES SOUS PROTECTION LOURDE ÉCRAN D INDÉPENDANCE ISOLANT NU ENDUIT D IMPRÉ- GNATION À FROID Procédé de mise en œuvre pour terrasse piétonne. Doc. Soprema Doc. Soprema SYCODÉS Informations n 68 - septembre - octobre

4 ou à la brosse et qui est parfaitement compatible avec la membrane bitumineuse. Outre le fait de réduire les éventuels problèmes de fiabilité au niveau des relevés d étanchéité, cette technique présente l avantage d être sans flamme. LES MEMBRANES SYNTHÉTIQUES Pour les membranes synthétiques, le problème des risques d incendie de chantier est déjà résolu puisque les membranes sont assemblées par soudage à l air chaud ou par collage. En revanche, leurs applications sont plus limitées. En effet, elles s appliquent essentiellement sur les toitures-terrasses inaccessibles et sont très peu prescrites sur des terrasses accessibles aux piétons. LES SYSTÈMES D ÉTANCHÉITÉ LIQUIDE (S.E.L) Les résines sont présentes sur le marché français depuis une quinzaine d années, mais on parlait plutôt de revêtement d imperméabilité. Maintenant les performances étant de plus en plus fortes les résines sont aujourd hui, à part entière, des procédés d étanchéité. Chez Meple, il s agirait plus de revêtement caoutchouteux, puisque cette famille de produits est développée avec un copolymère de latex. Comme le souligne Patrick Heulin, de chez Soprema, ce type de produits n est pas directement en concurrence avec les feuilles d étanchéité, il a plutôt ouvert de nouveaux marchés, les balcons et surtout, à l intérieur des constructions, l étanchéité sous carrelage des locaux humides, salles de bains, cuisine ou dans les salles de sports, douches, locaux techniques PENTE 1% MONOCOUCHE ISOLANT SOUDABLE ENDUIT D IMPRÉGNA- TION À FROID Procédé de mise en œuvre pour toiture-terrasse d immeuble non accessible. 30 SYCODÉS Informations n 68 - septembre - octobre 2001

5 Les travaux de recherche pour la famille des systèmes d étanchéité liquide (S.E.L) visent à diminuer les contraintes de mise en œuvre. Entre chaque couche, il faut un temps de polymérisation. Cette durée est fonction de la température, du taux d humidité, de la nature des supports, mais elle est souvent de l ordre de six heures. Les recherches portent sur la réduction de ce temps d attente pour polymérisation. Autre souci, les produits sont à base de solvants. Il est donc très important que les équipes de pose soient formées à leur mise en œuvre. Les chercheurs travaillent aussi à prévenir les problèmes de toxicité. L avantage, ce sont des produits qui s appliquent sans chalumeau, sur des chantiers propres. Cette image est importante pour le métier. Régine Heurteur PENTE 0 À 18% SUBSTRAT (ÉPAISSEUR 5 CM) COUCHE FILTRANTE PANNEAU FLORÉAL DEUXIÈME COUCHE PREMIÈRE COUCHE ÉCRAN D INDÉPEN- DANCE (PENTE 5%) ISOLANT ENDUIT D IMPRÉGNA- TION À FROID Procédé de mise en œuvre pour toiture végétalisée. 2 NOUVELLES RÈGLES PROFESSIONNELLES ET UN NOUVEAU DTU POUR BATIMAT Les Règles Professionnelles pour l'application des S.E.L sur les planchers intermédiaires ainsi que les Règles Professionnelles concernant les Terrasses et Toitures Végétalisées sont entrée dans le processus d'officialisation. Peut-être seront-elles officielles pour Batimat. Par ailleurs, le projet de DTU 43-5 pour la réfection des toitures-terrasses a été transmis à la CG-NORBAT en vue d'être transmis à l'afnor pour mise en enquête probatoire. SYCODÉS Informations n 68 - septembre - octobre