Sag T1 Genou droit. Sag T2 fat sat



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Transcription:

Femme de 21 ans. Corticothérapie inhalée pour traitement d un asthme depuis l âge de 5 ans. Douleurs des genoux. Quels sont les éléments sémiologiques importants à retenir dans ce contexte. Une fois encore et comme presque toujours en imagerie par projection ostéo-articulaire il faut sortir l'"œil densitométrique" et optimiser par un fenêtrage de visualisation adapté ( largeur de fenêtre ou WW window width = contraste ; niveau moyen de la fenêtre ou WL window level = luminosité ) pour voir les images de raréfaction du tissu osseux spongieux très étendues des régions métaphyso-épiphysaires

Une IRM est donc demandée qui confirme ce que tout radiologue avait déjà diagnostiqué, compte tenu du contexte et des images, sur les clichés standards Sag T1 Genou droit Sag T2 fat sat

Sag T2 fat sat Genou gauche Il s'agit bien sur d'images caractéristiques d'infarctus ostéomédullaires "jeunes" ou immatures parce que leurs contours "géographiques" ne sont pas encore calcifiés, comme ils le sont sur ces images de pièces anatomiques

La patiente se plaint également de douleurs de hanches avec limitation des mouvements L'IRM confirme la présence d'une ostéonécrose aseptique bilatérale des têtes fémorales

La patiente se plaint également de douleurs des épaules Epaule gauche L'IRM confirme la présence d'une ostéonécrose aseptique bilatérale des têtes humérales Epaule droite

Hanches Genou droit Genou gauche Ostéonécroses épiphysaires et infarctus ostéo-médullaires immatures multiples siégeant à proximité des "épiphyses fertiles" ( "près des genoux, loin du coude") chez une jeune patiente traitée depuis 16 ans par corticoïdes inhalés pour asthme Epaule droite Epaule gauche

nécroses osseuses multifocales cortico-induites l'incidence des ostéonécroses osseuses sous corticothérapie est significativement plus élevée chez les patients traités pour lupus érythémateux aigu disséminé,surtout si les doses journalières dépassent 40 mg/jour et dans le sexe masculin. il faut en pareil cas toujours rechercher un syndrome des antiphospholipides les ostéonécroses se révèlent rapidement, en moyenne 3 mois après la mise en route du traitement et touchent près de 50 % des patients dont 15% de formes asymptomatiques, décelées uniquement sur les IRM systématiques l'asthme sévère, les hémopathies malignes les vascularites, les collagénoses, les maladies systémiques, les MICI,les transplantations sont les autres grandes pourvoyeuses de nécroses osseuses médullaires et/ou épiphysaires, mais avec une fréquence nettement moindre ( 6 % pour les LAL ) les pancréatites, la drépanocytose, la maladie des caissons,les hyperlipidémies sont également des causes connues d'ostéonécroses multifocales

la physiopathologie des ostéonécroses métaphyso-épiphysaires évoque, à coté des lésions vasculaires (endartérite lupique et thromboses en cas de syndrome des APL ), l'inflation graisseuse métaphyso-épiphysaire induite par les corticoïdes et objectivée par l'irm en pondération T 1, qui serait à l'origine d'une ischémie par compression microvasculaire. Le rôle du VEGF a également été évoqué

les infarctus osseux (ostéo-médullaires ) métaphyso-épiphysaires ils sont caractéristiques par leur siège et leurs contours échancrés "géographiques" (" en fjords de Norvège"), cernés par une " interface réactive" ayant une propension à se calcifier,ce qui correspond à leur "maturation" leur étiologie est commune avec celle des ostéonécroses épiphysaires le principal diagnostic différentiel est représenté par les enchondromes métaphysaires.les principaux éléments de diagnostic différentiel sont :.les calcifications par ossification enchondrale des nodules cartilagineux (ponctuations, floculations, images en arcs et anneaux ).les "effets de masse" ;érosions endostales, "soufflures" corticales.surtout l'hypersignal T2 liquide-like, homogènes des zones de cartilage hyalin mature +++

l'infection d'un infarctus osseux métaphyso-épiphysaire immature, en particulier au cous d' un LEAD est possible et de diagnostic difficile, même en IRM, en raison de l'hypersignal T 2 massif, présent en dehors de toute infection réaction algodystrophique locale des 2 condyles jeune fille 20 ans, corticothérapie depuis 2 mois pour LEAD sévère ; apparition d'un tableau septique majeur avec douleurs articulaires infarctus métaphyso-épiphysaires bilatéraux, fémoraux et tibiaux, partiellement calcifiés, dont deux avec greffe infectieuse et, dans l'un d'eux, abcès fistulisé

la complication la plus grave des infarctus ostéomédullaires métaphysaires est la transformation maligne, le plus souvent sous la forme d'un histiocytome fibreux malin (mais on a également rapporté des cas d'ostéosarcome, de fibrosarcome et un cas d'angiosarcome ). Cette complication reste rare (une cinquantaine de cas publiés) lorsqu'un infarctus ostéo-médullaire devient symptomatique, il faut s' attacher à rechercher la moindre modification des divers contingents lésionnels, calcifiés ou non et ne biopsier qu'après avis d'une réunion de concertation pluridisciplinaire spécialisée "sarcomes et tumeurs des tissus mous" histiocytome fibreux malin développé sur un infarctus épiphyso-métaphysaire apparu à la suite d'une corticothérapie de courte durée quinze ans auparavant

take home message à coté de ses effets ostéopéniants sévères,, la corticothérapie peut entrainer, le plus souvent rapidement après sa mise en route ( 3 mois en moyenne) des lésions ostéonécrotiques multifocales, de pathogénie multifactorielle (mais l'adipogénèse cortico induite métaphyso-épiphysaire parait être un facteur important) les ostéonécroses épiphysaires sont les lésions les plus fréquentes et les plus invalidantes, conduisant plus ou moins rapidement aux prothèses muliples, au moins sur les articulations portantes les infarctus ostéo-médullaires métaphysoépiphysaires,de diagnostic délicat sur les clichés standard lorsqu'ils sont immatures (mais la scintigraphie osseuse, le PET CT et surtout l'irm pallient cette carence). Il faut savoir différencier les formes matures calcifiées des enchondromes métaphysaires.il faut surtout connaître la transformation maligne, généralement sous forme d'histioctome fibreux malin qu'il faut redouter chaque fois qu'un "vieil infarctus osseux " devient symptomatique