3. INDIVIDUS PLURIELS A. AGE ET GENERATION B. STYLE DE VIE C. SEXE ET GENRE

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Transcription:

COMMENT ANALYSER LA STRUCTURE SOCIALE? 1. ANALYSE DES CLASSES SOCIALES ET DE LA STRATIFICATION A. LES CLASSES SOCIALES SELON MARX B. LA STRATIFICATION SOCIALE SELON WEBER C. LES CATEGORIES SOCIOPROFESSIONNELLES 2. LA SOCIETE FRANCAISE ETAIT_ELLE ENCORE UNE SOCIETE DE CLASSE? A. DES TRANSFORMATIONS DE LA SOCIÉTÉ REMETTENT EN CAUSE LE CONCEPT DE CLASSE... MOYENNISATION DE LA SOCIETE LA DISPARITION DE LA CLASSE OUVRIERE? B. MAIS L ANALYSE DE BOURDIEU RENVOIE AUX CLASSES SOCIALES C. NOUVEAU PROLETARIAT ET NOUVELLE CLASSE DIRIGEANTE? LE RETOUR DES CLASSES SOCIALES? 3. INDIVIDUS PLURIELS A. AGE ET GENERATION B. STYLE DE VIE C. SEXE ET GENRE INDICATIONS COMPLÉMENTAIRES : On présentera les théories des classes et de la stratification sociale dans la tradition sociologique (Marx, Weber) ainsi que leurs prolongements contemporains et on s'interrogera sur leur pertinence pour rendre compte de la dynamique de la structuration sociale. On mettra en évidence la multiplicité des critères de différenciation sociale dans les sociétés post-industrielles (statut professionnel, âge, sexe, style de vie) et on se demandera dans quelle mesure cette multiplicité contribue à brouiller les frontières de classes. Acquis de première : groupe social NOTIONS : Classes sociales, groupes de statut, catégories socioprofessionnelles

Tous les sociologues constatent que nos sociétés sont structurées par une hiérarchie qui organise les rapports entre les individus et les groupes sociaux, c est la stratification sociale; mais tous n en font pas la même analyse... L analyse sociologique de la structure sociale s est longtemps construite en Europe autour de la notion de classes sociales, mais ce concept est-il toujours valable? Quels critères les sociologues peuvent-ils retenir pour analyser les sociétés contemporaines? La structure sociale évoluant avec les transformations économiques et sociales quelle analyse pertinente peut-on faire de la structure sociale actuelle? Nous verrons d abord les analyses fondatrices de Marx et de Weber et n o u s d e m a n d e r o n s c e q u e r e p r é s e n t e n t l e s c a t é g o r i e s socioprofessionnelles puis nous analyserons la structure sociales actuelle pour terminer sur l étude de la multiplicité des critères de différenciations sociales qui nous invitent à repenser les critères de classification sociale. 1 VIDEO DU COURS 2 VIDEO DU COURS

1. ANALYSE DES CLASSES SOCIALES ET DE LA STRATIFICATION A. LES CLASSES SOCIALES SELON MARX (1818-1883) philosophe, économiste et sociologue allemand dont le «Capital» critique le système capitaliste. a. Une analyse conflictuelle des classes sociales Pour Marx, les modes de production, ici le capitalisme, génèrent des rapports de production : il s'agit des rapports entre les capitalistes (classe bourgeoise) d'un côté qui possèdent les moyens de production et d'un autre côté les prolétaires (classe ouvrière) qui n ont que leur «force de travail» à vendre. Leurs intérêts sont totalement antagonistes. En effet, les capitalistes qui espèrent toucher un maximum de profit des capitaux qu'ils ont investis vont payer le moins cher possible la force de travail des prolétaires en leur versant un «salaire de subsistance» c'est à dire juste suffisant pour qu'eux-mêmes et leur famille survivent. Ils ne sont donc pas rétribués en fonction de leur production. La différence entre la richesse produite par les prolétaires et le salaire de subsistance qui leur est versé constitue une plus value (ou sur-travail) que s'approprie le capitaliste qui est donc un exploiteur, alors que le prolétaire est un exploité. En fait Marx a une vue plus nuancée des classes sociales. Il en distingue jusqu à 7 dans «le 18 brumaire»: bourgeoisie financière et industrielle, grands propriétaires fonciers, petite bourgeoisie, classe ouvrière, «lumpenprolétariat» (les sous-prolétaires) et la classe paysanne Toutefois, le mode de production capitaliste amènerait selon lui une évolution historique vers une polarisation de la société en deux grandes classes sociales par la concentration des entreprises capitalistes et la prolétarisation des catégories inférieures. Le capitalisme aboutit donc à une structure sociale simplifiée, articulée autour de ces deux classes opposées et inégales. C est donc la position dans le processus de production qui définit l appartenance à la classe sociale. L économie est donc à la base de la structure sociale: «ce n'est pas la conscience des Hommes qui détermine leur existence, mais leur existence qui détermine leur conscience». La vision du monde que chaque individu intériorise est celle de sa classe sociale car ce que pense le prolétariat est imposé par la classe dominante qui détient les moyens de communication. La classe ouvrière intériorise inconsciemment son infériorité. C'est pourquoi «le capital» ou le «manifeste du Parti Communiste» dévoilent ces mécanismes économiques et sociaux pour que la classe ouvrière en prenne conscience et soit apte à se battre victorieusement.

b. Classe en soi et classe pour soi Pour Marx, les classes sociales ne sont pas des constructions intellectuelles, elles existent réellement (réalisme) par la proximité des conditions de vie des individus qui les composent (classe en soi) et parce que leur «conscience de classe» leur permet de devenir un acteur collectif capable de se mobiliser pour défendre ses intérêts (classe pour soi). La lutte des classes est ainsi le moteur principal du changement, le moteur de l histoire ; la société capitaliste est une société intrinsèquement conflictuelle. Les rapports sociaux sont des rapports d exploitation, de domination et d aliénation. c. La théorie marxiste des classes reste fondatrice dans la mesure où la plupart des analyses postérieures se positionnent par rapport à cet héritage. Toutefois, elle semble aujourd hui en partie dépassée car elle demeure très ancrée dans la réalité historique du XIXème siècle, qui n est plus celle d aujourd hui. Ainsi la polarisation autour de deux classes ne permet pas de penser la question des classes moyennes, qui est devenue centrale dans les débats contemporains. De même, l effritement de la classe ouvrière, depuis la fin des Trente Glorieuses, fragilise l analyse de Marx, dont elle constituait l un des piliers. B. LA STRATIFICATION SOCIALE SELON MAX WEBER (1864-1920) a. Pour Max Weber dans «Economie et société», 1922 a une analyse plus complexe de la stratification sociale. L analyse de Weber se démarque de celle de Marx sur plusieurs points. Weber a une analyse tri-dimensionnelle de la stratification sociale: L ordre économique dans lequel s inscrit la notion de classe ne constitue que l une des trois dimensions de la stratification sociale. Dans cet ordre, la différenciation s opère en fonction des «chances d accéder aux biens». Les individus sont rassemblés selon le type de possessions dont ils disposent, avec une distinction entre ceux qui tirent des revenus d un patrimoine (rentiers, entrepreneurs) et ceux qui mettent en œuvre les moyens de production (en haut les marchands, en bas les ouvriers). A l inverse de l analyse marxiste, les classes n ont pas nécessairement une conscience d elles-mêmes et ne sont pas antagonistes. La position sur cette échelle n est qu un élément de la position sociale des individus.

L un des apports essentiels de Weber est l analyse des groupes de statuts qui viennent s ajouter à la notion de classe. L ordre social des «groupes de statuts» définis par le prestige ou honneur social,: Il s agit de montrer que la société est structurée par d autres éléments que le marché. Le «privilège positif ou négatif de considération sociale» est lié au style de vie, à la naissance, à l instruction, donc à une distinction symbolique. Il est à la fois lié à des éléments objectifs (revenu) et à une réalité intersubjective, puisqu il est revendiqué auprès des autres strates. Les groupes statutaires forment des communautés conscientes de leurs intérêts, marquées par des liens sociaux forts et largement endogames. L ordre politique constitue la troisième dimension de la structure sociale. Les partis qui s y forment sont une extension des groupes de statuts. Ils permettent l action collective politique qui assoit leur domination. Ces trois ordres sont distincts: Un même individu peut se trouver à des niveau différents dans chacun de ces ordres car la position dans un ordre ne détermine pas celle dans un autre : a i n s i l a n o b l e s s e d é s a r g e n t é e p e u t - e l l e c o m p e n s e r s o n d é c l a s s e m e n t d a n s l o r d r e économique par une affirmation statutaire. Un individu en haut dans l ordre économique ne le sera pas nécessairement au point de vue du prestige social. Toutefois ces ordres sont en p a r t i e l i é s : L a f o r t u n e p e u t p e r m e t t r e d acquérir du prestige et le pouvoir politique peut permettre de s enrichir...

b. La structure sociale développée par Weber est donc, à la différence de celle de Marx, multidimensionnelle et moins centrée sur l ordre économique. Cette analyse ne débouche pas non plus sur une polarisation, en ce sens, elle est plus proche de la réalité de la société contemporaine, bien que la réalité de la société d aujourd hui soit bien plus complexe. Néanmoins, Max Weber évoque la question des classes moyennes échappant ainsi au modèle binaire développé par Marx dans certains de ses textes. Marx a une analyse de la structure sociale REALISTE ( les classes sociales existent réellement) et HOLISTE (la classe sociale de l individu le façonne); l analyse de Weber est NOMINALISTE (la classe sociale est une construction intellectuelle pratique pour classer les individus) et INDIVIDUALISTE ( il part de l individu et de ses actions pour le mettre dans un groupe défini). b. VIDEO

a. Description C. LES PROFESSIONS ET CATEGORIES SOCIOPROFESSIONNELLES (PCS) un outil pour étudier la stratification sociale en France l INSEE a élaboré une grille complexe (nomenclature) des professions. Il ne s agit plus de concepts théoriques mais de catégories statistiques qui permettent de caractériser les individus et d abord les actifs selon leur profession mais en même temps d associer un statut social à l activité professionnelle. Les P.C.S. ont pour objet de classer l ensemble de la population en un nombre restreint de catégories présentant chacune une certaine homogénéité sociale. De fait la nomenclature de l INSEE est multidimensionnelle en ce sens qu elle est le r é s u l t a t d e l a c o m b i n a i s o n d e p l u s i e u r s c r i t è r e s d i s c r i m i n a n t s. C e t t e nomenclature n est que partiellement hiérarchisée». Les 7 critères de construction (pas utilisés pour toutes les P.C.S.) : L activité professionnelle (le métier) Le niveau hiérarchique ( cadre, employé...) Le statut juridique de l actif ( s a l a r i é o u n o n - s a l a r i é c a d indépendant) " L importance de l entreprise L a q u a l i f i c a t i o n d e l e m p l o i o c c u p é ( p a s d e c e l u i q u i l occupe) Le secteur d activité (primaire, secondaire, tertiaire) Le secteur public / privé Les 8 catégories 1. agriculteurs exploitants ; 2. artisans, commerçants et chefs d entreprises de plus de 10 salariés ; 3. c a d r e s e t p r o f e s s i o n s intellectuelles supérieures ; 4 P r o f e s s i o n s intermédiaires ; 5. employés ; 6. ouvriers ; 7. retraités ; 8. a u t r e s p e r s o n n e s s a n s activité professionnelle

b. Les avantages et les limites des PCS Les avantages Etudier les pratiques économiques, sociales, culturelles et politiques comprendre les mutations de la société ( voir doc: évolution des PCS page précédente) Elle donne une vision quantifiée de la structure sociale. Ainsi, l évolution de la structure des groupes socioprofessionnels révèle les transformations socioéconomiques de la société française au cours des cinquante dernières années : tertiairisation, extension du salariat, montée des qualifications... mesurer les inégalités économiques et sociales La nomenclature présente des catégories statistiques qui regroupent des individus ayant des caractéristiques communes et des comportements propres, notamment en terme de mode de vie, etc. Il est donc possible d évaluer l évolution des inégalités Retrouver partiellement les classes sociales (voir ci-contre) Les inconvénients de la grille Une homogénéité sociale contestable Identifier des individus par leur situation professionnelle tend à regrouper des personnes différentes à bien des égards (modes de vie, croyances, origines). Inversement, des individus aux caractéristiques sociales assez proches peuvent se retrouver dans éparpillés dans des catégories différentes. Le critère de la profession est parfois insuffisant pour représenter la société, à l heure où la part des emplois atypiques (contrats à durée déterminée, intérim, contrats aidés) tend à augmenter, et où le chômage frappe, durablement ou à répétition, de nombreux actifs. Les chômeurs, s'ils ont déjà travaillé, sont classés en fonction des critères attachés à leur dernier emploi. S'ils n'ont jamais travaillé, ils sont classés à part, dans un groupe qui n'est pas vraiment une PCS, les «chômeurs n'ayant jamais travaillé».

2. LA SOCIETE FRANCAISE EST-ELLE ENCORE UNE SOCIETE DE CLASSES A. DES TRANSFORMATIONS DE LA SOCIÉTÉ REMETTENT EN CAUSE LE CONCEPT DE CLASSE SOCIALE a. Moyennisation de la société Le sociologue français, Henri Mendras (1927-2003), fut le 1 à décrire le phénomène de la moyennisation de la société depuis les 30 glorieuses. Ceci sʼexplique par: lʼaugmentation continue des salaires pendant les 30 glorieuses due à la croissance économique la consommation de masse: les modes de consommation dans les supermarchés sont + proches => les barrières vestimentaires sont moins voyantes (avant : casquette pour lʼouvrier et chapeau haut de forme pour le bourgeois, maintenant: jeans) et lʼ é q u i p e m e n t d e s l o g e m e n t s transforment la société. augmentation de la propriété immobilière: grâce au développement du crédit, lʼachat de logement se démocratise. la démocratisation de lʼenseignement (+ dʼenfants continuent leurs études secondaires et supérieures) La démocratisation de la culture La tertiarisation de la société ( + d employés que d ouvriers)

Résultat: Une forte proportion de la société française à le sentiment dʼappartenance à la classe moyenne = convergence des niveaux et modes de vie. Mendras en déduit que, contrairement à ce quʼaffirmait Karl Marx, il nʼy a plus de lutte de classes (bourgeois contre classe ouvrière) mais un grand nombre de groupes différenciés que lʼon pourraient représenter dans un stabiloïde et qui nʼont pas obligatoirement des intérêts opposés. b. Disparition ou éclatement de la classe ouvrière? Un certain nombre d auteurs considèrent qu il faut rejeter le concept de classe sociale puisque dans la tradition sociologique teintée de marxisme, la classe la plus importante est la classe ouvrière or, elle serait en voie de disparition: à cause de son déclin numérique Parce que, grâce à la croissance des Trente Glorieuses et à l Etat Providence, elle serait en voie d intégration à la société (on parle parfois d embourgeoisement de la classe ouvrière) Parce que grâce à la démocratisation scolaire, au développement de la consommation de masse, des médias de masse, etc. Elle a pu obtenir un mode de vie similaire à celui du reste de la société. la classe ouvrière est en plein éclatement : il n existe donc plus une classe homogène, avec les individus ayant un niveau et mode de vie identiques et possédant un sentiment d appartenance, une conscience collective.les sociologues ne parlent plus de «classe ouvrière» mais de «classes populaires», ce qui traduit un ensemble plus flou car elles sont constituées essentiellement autour de la catégorie des ouvriers, très masculine et de celle des employées, très largement féminine. Cela produit des différenciations notables, que l on observe par exemple sur la question des pratiques culturelles. enfin les ouvriers n ont plus la conscience d appartenir à un même groupe social. Ainsi auparavant les ouvriers votaient massivement communiste, dans la mesure où le Parti communiste défendait leurs intérêts. Désormais, des travaux sociologiques sur le vote ouvrier montrent une dispersion croissante des pratiques de ce groupe (notamment en faveur du FN).

B. UN RETOUR DES CLASSES SOCIALES? Si les critères d appartenance de classe n ont plus aujourd hui la même pertinence qu autrefois pour rendre compte de la stratification sociale, il serait abusif de conclure à une disparition des clivages sociaux et des fractures sociales. a. L analyse de Pierre Bourdieu L analyse de Pierre Bourdieu utilise celles de Marx (dominants/ dominés) et celle de Weber (différents capitaux). Pour lui, la hiérarchie sociale découle de la distribution inégale de 3 différents capitaux. («la distinction» 1979). le capital économique (revenus et patrimoine) Le capital culturel (diplôme, savoir-être, familiarité vis-à-vis des biens culturels) auquel Bourdieu accorde une grande importance Le capital social (réseau de relations) C est donc une approche multidimensionnelle de la classe qui est développée. Bourdieu distingue 3 classes: la classe supérieure, la classe moyenne et la classe populaire en fonction du degré de possession de ces capitaux. Entre ces classes le conflit n est pas une nécessité mais il existe bien des rapports de domination et prestige. Les groupes cumulant de manière intensive les 3 formes de capital disposent du plus fort pouvoir de domination «symbolique» c est à dire que les classes dominantes cherchent à imposer leur modèle culturel et leur vision du monde aux autres classes, pour cela elles doivent contrôler les institutions comme l école ou l État. Les «dominés» intériorisent cette domination ce qui explique la «reproduction sociale».

b. L augmentation des inégalités. Depuis 2004 les inégalités de revenus et surtout de patrimoine ont augmenté. Le salaire annuel moyen des 0,01% les mieux payés a augmenté de 33% soit 180 400 euros de plus, alors que même les 50% les plus riches voyaient leur salaire moyen annuel progresser de seulement 5%, soit 900 euros de plus. Que dire, alors des + pauvres dont les salaires sont gelé voire diminués à cause de la mondialisation. Il existe une nouvelle polarisation de la société: Une partie des catégories populaires a été aspirée par des situation de précarité alors qu un groupe de très riches se détache du haut de la classe supérieure. Il faut en 2007, 166 années à un ouvrier pour atteindre le niveau de vie des cadres supérieurs alors qu il n en fallait que 29 en 1955! Le «n o u v e a u p r o l é t a r i a t» f o r m é d e t r a v a i l l e u r s pauvres invalide la thèse de la moyennisation car il c u m u l e l e s i n é g a l i t é s économiques et sociales et le risque de reproduction sociale. Quant aux classes dirigeantes elles savent très bien se mobiliser et vivre entre elles (lieu d habitation fermés, clubs, rallyes..). Les patrons du CAC 40 sont issus des grands corps d Etat (ENA, polytechnique, les mines...).il y a donc une certaine homogénéité et même une conscience de classe... Alors, peut-on parler d un «retour des classes sociales»? Pour le sociologue LOUIS CHAUVEL la stagnation des salaires et l augmentation des inégalités font apparaitre de nouveaux clivages qui peuvent constituer le ferment d un nouveau conflit de classes. Si on prend la définition de Marx qui juge nécessaire la conscience de classe on peut dire qu elle n est plus assez forte, mais si on s en remet à la définition de Weber ces classes existent.

3. INDIVIDUS PLURIELS On peut considérer que l analyse en classes sociales est une lecture parmi d autres de la stratification sociale. Elle permet de comprendre les rapports de domination mais n épuise pas toutes les dimensions de la vie sociale. Ainsi pour appréhender le rapport des individus à la culture, par exemple, il ne suffit pas de connaitre sa classe sociale, Il faut tenir compte aussi de la génération, du sexe... A. AGE ET GENERATION Dans «le destin des générations» Louis Chauvel démontre que s est développé depuis les années 80 une fracture générationnelle au niveau: du pouvoir d achat plus faible chez les jeunes que chez les seniors de la précarité chez les jeunes (CDD, temps partiel, emplois moins qualifiés, chômage + fréquent...). Il faut plus de temps pour atteindre une situation stable. De la panne de l ascenseur social Du risque de dé-qualification entre les diplôme et l emploi dans une société valorisant la réussite individuelle; Du risque d amoindrissement le modèle social d Etat providence (santé, retraite) Du peu de pouvoir politique (gérontocratie) Une partie de la jeunesse est «laissée pour compte» et socialement marginalisée. B. STYLE DE VIE Le style de vie occupe une place importante dans l analyse de la stratification sociale. Ils varient d une classe à l autre. Ils désigne la façon dont une classe sociale s approprie une consommation ou une pratique sociale pour se distinguer des autres classes sociales (langage, culture, vêtements, aspect physique...) Bourdieu à mis en avant dans «la distinction» la volonté de la classe dominante de se différencier des autres essentiellement par la culture et le mimétisme de la petite bourgeoisie qui cherche constamment à imiter la classe dominante et sa culture pour se distancier des classes populaires. Cependant, l analyse des statistiques font apparaitre des «individus pluriels» qui ne sont pas uniformément façonnés par leur milieu social et qui peuvent emprunter des pratiques à des milieux différents pour les goûts musicaux, cinématographiques, littéraires...

C. SEXE ET GENRE Le sexe est le donné biologique qui sépare l homme de la femme, le genre est le construit social qui sépare le masculin du féminin. On peut considérer le genre comme un nouveau critère de classification dans la mesure où les attributs du féminin sont utilisés pour cantonner les femmes dans certains métiers et en bas de la hiérarchie professionnelle. En plus à position hiérarchique similaire les femmes gagnent en moyenne 19,7% en moins que les hommes. D. LES AUTRES CRITÈRES Il en existe de nombreux: l origine ethnique, la religions... CONCLUSION: une grille d analyse de la structure sociale n est jamais complètement neutre sur le plan idéologique. Elle renvoie à la vision du monde de l observateur quelque soit son honnêteté, de plus elle ne correspond pas toujours au ressenti des individus concernés, mais c est un instrument qui nous permet d étudier la hiérarchie sociale...