Dunod, Paris, 2013 ISBN 978-2-10-070510-8



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Dunod, Paris, 2013 ISBN 978-2-10-070510-8

7 La néces sité de réguler la sûreté nucléaire Q uel sujet incongru! La néces sité de réguler la sûreté nucléaire n estelle pas évi dente aux yeux de tous? Il n y a que des éco no mistes pour enfon cer une telle porte ouverte! Il ne s agit pas bien sûr de pré sen ter comme une décou verte le fait que l État doit, dans ce domaine, réguler. L inté rêt de la théo rie éco no mique réside dans la grille d ana lyse qu elle propose pour par ve nir à une réponse. Son point de départ métho do lo gique est tou jours que l inter ven tion publique ne va pas de soi. Il faut la ques tion ner. La pre mière inter ro ga tion de l éco no miste porte sur la rai son pour laquelle le mar ché n est pas à lui seul capable d appor ter la solu tion au pro blème posé. L éco no miste ne marque pas for cé ment là une pré fé rence idéo lo gique pour la main invi sible et une détes ta tion de l inter ven tion publique. Il sait sim ple ment que la théo rie éco no mique a iden ti fié des condi tions pré cises dans les quelles le mar ché ne se révèle pas effi cace 1 pour assu rer l inté rêt écono mique géné ral, c est- à-dire maxi mi ser la richesse de la société. La pré - sence d une externalité, comme la pol lu tion, ou d un bien public, comme la sécu rité civile, sont les prin ci paux obs tacles à l effi cience du mar ché. Pas de défaillance du mar ché, pas de jus ti fi cation à l inter ven tion publique au titre de la crois sance du bien- être éco no mique de tous. Mais l éco no miste sait éga le ment que l État, qu il soit incarné par le pla ni fi ca teur, le régu la teur ou le légis la teur, n est pas sans fai blesses et que l inter ven tion publique est impar faite. La pres crip tion de la théo rie éco no mique de la régu la tion est simple à for mu ler : le recours à la main visible de l État est jus ti fié, si et seulement si les défauts de l inter ven tion publique sont moindres que ceux du mar ché qu elle vise à cor ri ger. En d autres termes, l inter ven tion publique doit être plus béné fique que coû teuse. Dans le cas contraire, le laissez- faire s impose et il faut s accom mo der d un mar ché défaillant (à moins, bien sûr, de trou ver des moyens de réduire dans le temps les coûts et les inef fi ca ci tés de la main visible de l État).

114 La régu la TION de la sûreté En matière de sûreté nucléaire, le mar ché ne donne pas d inci ta tions suf - fi santes aux opé ra teurs pour qu ils réa lisent le bon niveau d efforts. Il envoie des signaux trop faibles. Du côté de la demande en élec tri cité, les consom - ma teurs pré sentent un degré d expo si tion moyen au risque d acci dent peu mar qué. Ils ne sont pas spon ta né ment prêts à rému né rer tous les efforts de sûreté néces saires, en par ti cu lier pour la pro tec tion des popu la tions locales, plus expo sées. Ils s inté ressent d abord et avant tout au prix de l élec tri cité, per çue comme une commo dité. Du côté de l offre, les exploi tants et les fabri cants de réac teurs ont col lec ti ve ment inté rêt à inves tir dans la sûreté. Leur image et leurs débou chés à tous pâti raient d une nou velle catas trophe. Mais, indi vi duel le ment, chaque entre prise a inté rêt à ne rien faire (ou presque, voir infra). Elle maxi mise en effet son gain si elle empoche le bénéfice col lec tif d un risque moindre d acci dent sans mettre la main au por te - feuille. La logique veut que toutes les entre prises se comportent alors en pas sa gers clan des tins. Par consé quent, il n y a plus de bateau pour les trans - por ter! Face à cette double défaillance, la régu la tion la moins coû teuse consiste à intro duire des règles de res pon sa bi lité civile. Mais il faut encore que les acci dents soient plei ne ment assu rables. Or, comme nous le ver rons ce n est pas le cas du nucléaire. Des inci Ta Tions pri vées insuf fi santes Le niveau éco no mi que ment opti mal de sûreté nucléaire se déter mine de la même manière que les efforts à réa li ser en matière de dépollution. Il obéit aux mêmes prin cipes que ceux qui ont été pré sen tés dans le chapitre 1 à pro pos de la réduc tion des émis sions de CO 2. Le niveau des efforts de sûreté est opti mal lorsque le coût mar gi nal social de la pro tec tion est égal au bénéfice mar gi nal social du dom mage évité. Au- delà de ce niveau, les actions sup plé men taires d amé lio ra tion de la sûreté sont plus coû teuses que le bénéfice addi tion nel qu elles rap portent. En deçà, il reste des actions sup plé - men taires à mener car leur coût est infé rieur au béné fice qu elles pro curent. Le mar ché livré à lui- même éga lise coût privé et béné fice privé. L opé ra - teur inves tira dans la sûreté tant que le béné fice qu il en retire est supé rieur à son coût pour l assu rer. Ce der nier cor res pond à peu de choses près au coût

120 La régu la TION de la sûreté régime de res pon sa bi lité, il a inté rêt à combler au moins en par tie ces défi - ciences de régu la tion. Il intro duira une règle interne sur la dimen sion de sûreté oubliée ou élè vera de lui- même le niveau de sévé rité de la norme à laquelle sera sou mis l ensemble du per son nel de la cen trale. Ce rat tra page sera d autant plus poussé que le niveau de res pon sa bi lité est illi mité et que les actifs de l entre prise ont une valeur éle vée. La res pon sa bi lité civile du nucléaire dans les faits Dans les faits, la res pon sa bi lité civile des élec tri ciens nucléaires est en général pla fon née. Les mon tants sont le plus sou vent modestes en regard du coût d un acci dent majeur. En France, par exemple, la res pon sa bi lité d EDF est aujourd hui enga gée à hau teur de seule ment 91,5 mil lions d euros. Au Royaume- Uni, le pla fond est de 140 mil lions de livres. La res pon sa bi lité illi mi tée reste une excep tion. En Europe, elle n est en vigueur que dans quatre États membres. Mais trois d entre eux, Autriche, Ir lande, Luxembourg, n hébergent pas de cen trales nucléaires. Seuls les opé ra teurs alle - mands sont sou mis à l obli ga tion légale de rem bour ser les vic times d un acci dent quel que soit le niveau des dom mages. La res pon sa bi lité limi tée à un faible mon tant est pour une large part un héri tage du passé. Elle ne peut se comprendre qu à la lumière des autres carac té ris tiques de ce régime, très par ti cu lier en compa rai son d autres sec - teurs. En cas d acci dent, la res pon sa bi lité de l opé ra teur de la cen trale nucléaire est enga gée quel qu ait été son compor te ment. Il est res pon sable même s il n a commis aucune négli gence, même si par exemple il a res pecté toutes les exi gences régle men taires. Dans ce régime de res pon sa bi lité dit strict, la preuve d une faute n a pas à être appor tée. De plus, la res pon sa bi lité des opé ra teurs est exclu sive : le dom mage causé par la négli gence d un four - nis seur présent sur le site ou par une erreur de concep tion d un équipementier devra être compensé par l élec tri cien. La res pon sa bi lité de l acci dent peut- être par ta gée dans les faits, mais seul l opé ra teur est juri di que ment res - pon sable. Ces deux carac té ris tiques, peu cou rantes dans l indus trie, ren - forcent les inci ta tions des exploi tants à assu rer la sûreté et aug mentent leurs dépenses. Elles ont éga le ment pour consé quence de compen ser plus rapi de - ment et plei ne ment les vic times 5. C était d ailleurs l objec tif pour suivi par les pre miers légis la teurs du droit nucléaire, lorsque ces condi tions ont été imposées aux exploi tants dans les années 1960. Mais, en guise de contre par tie, les

la néces sité de réguler la sûreté nucléaire 121 Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. opé ra teurs ont obtenu que leur res pon sa bi lité soit limi tée. Ils ont aussi fait valoir que l obli ga tion d assu rance, asso ciée à la res pon sa bi lité, était de toute façon pla fon née par l inca pa cité des assu reurs de l époque à offrir une large cou ver ture. En termes éco no miques, le dis po si tif his to rique ainsi négo cié augmente les inci ta tions d un côté avec la responsabilité stricte et exclu - sive, et les dimi nue de l autre à cause du pla fond de res pon sa bi lité. Le sou hait des gou ver ne ments d aider au déve lop pe ment de l indus trie nucléaire n est évi dem ment pas non plus étran ger à l ins tau ra tion d une limite de res pon sa bi lité. Les pre mières réflexions sur la légis la tion nucléaire amé ri caine 6, à la fin des années 1950, insistent sur l inté rêt natio nal vital du déve lop pe ment de l éner gie nucléaire ainsi que sur la néces sité de pro té ger l indus trie contre des demandes d indem ni sa tion inconnues. En Europe, la Conven tion de Paris de 1960 qui fixe les pre mières règles inter na tionales de res pon sa bi lité civile nucléaire sou ligne dans son exposé des motifs que : «La res pon sa bi lité illi mi tée pour rait faci le ment entraî ner la ruine de l exploi - tant». Aujourd hui, l indus trie nucléaire n est plus dans son enfance. L assu - rance du risque nucléaire non plus. Il est temps de rele ver les pla fonds de res pon sa bi lité civile, voire d impo ser la res pon sa bi lité illi mi tée. Le mou ve - ment est d ailleurs enclen ché. Le gou ver ne ment du Royaume- Uni pro pose, par exemple, de rele ver la limite de res pon sa bi lité de l opé ra teur à 1,2 milliard de livres ster ling, soit plus de huit fois le mon tant d aujourd hui. La France, de son côté, devrait dans les pro chaines années fixer un nou veau pla fond à 700 mil lions d euros, soit plus de sept fois, le niveau actuel. Le plus élevé des pla fonds est imposé à l ensemble des élec tri ciens amé ri cains. La loi Price- Anderson de 1957, régu liè re ment amen dée, l a fixé à 12,6 milliards de dol lars. Ce mon tant comprend la res pon sa bi lité finan cière de l opé ra teur pour ses propres cen trales (375 mil lions de dol lars par site), qui doit être cou verte auprès d un pool d assu rances privé. Trait unique au monde, si le dom mage dépasse cette somme, les autres opé ra teurs doivent mettre la main à la poche. Comme nous l avons déjà men tionné, chaque opé ra teur amé ri cain est en effet soli dai re ment res pon sable en cas d acci dent sur n importe quel réac teur du parc. Cette res pon sa bi lité prend la forme d un ver se ment pos té rieur à l acci dent qui peut aller jus qu à 117,5 mil lions de dol lars par réac teur en pro priété. Comme 104 cen trales nucléaires sont exploi tées, ce méca nisme col lec tif per met de dédom ma ger les tiers à hau - teur de 12,2 milliards de dol lars.