VISITE DU QUARTIER VAUBAN A FREIBURG (Allemagne) 15 novembre 2008 Participants à la journée : - la famille Vidal - Béatrice - Claude - Christophe et Danièle - Eric et Stéphanie - Monique - Gabriel - Guillaume et Pascale Traduction libre : «Fabriquons nous un monde qui nous plait» Programme de la matinée : visite du quartier et d un logement «passif» Rencontre avec notre guide Nous retrouvons à 10h30, sous un beau soleil, Elsa notre guide française. Elle réside depuis peu dans le quartier dont elle apprécie la qualité de vie : nature très présente, proximité du centre-ville, calme grâce au faible trafic, qualité du lien social (nombreuses connaissances en peu de temps). Tout cela a un impact sur sa santé puisque ses allergies ont disparu. Avant de commencer la ballade dans le quartier, Elsa nous fait un petite présentation du quartier et son historique. Contexte de la création du Quartier Vauban : Le contexte politique renvoie à un mouvement qui s est formé en 1976, en opposition à la construction de la centrale nucléaire à Fessenheim, à proximité de Fribourg. Pendant plus de 10 ans des sittings vont s'organiser pour empêcher ce projet. Une réflexion sera menée autour de modes d approvisionnement énergétique alternatifs au nucléaire. En 1992 l'armée française, installée depuis 1952 dans la caserne Vauban, quitte ce quartier militaire. En 1993 l'idée de construire un nouveau lieu de vie prend toute son ampleur. Le Conseil Municipal décide de transformer le terrain de la caserne en nouveau quartier. Les œuvres universitaires et SUSI (coopérative d'habitations) commencent les transformations de 10 immeubles. En 1994 un concours d'urbanisme servira de base au Plan Local d'urbanisme. La nouvelle association «Forum Vauban» devient porteuse de la participation citoyenne. En 1997, dans le cadre d un projet-pilote de développement durable soutenu par l'ue, des conceptions portant sur la mobilité, l'énergie et la construction socio-écologique sont élaborées. Les premières parcelles. En 2000 le travail de quartier commence.
Le quartier Vauban et Freiburg aujourd'hui Le quartier s étale sur 41 hectares, au sud de Freiburg, à l'emplacement de l'ancienne caserne militaire Vauban. Il est situé à 3 km du centre-ville et desservi par le tramway. Il compte 2300 logements et 5000 habitants. Chaque année on compte 1% de population en plus dans le quartier qui ne devrait pas en dépasser 6000. Chaque année, il reçoit 15000 visiteurs. La ville est administrée par un maire «vert» depuis environ 5 ans. C'est la première ville en Allemagne de plus de 100 000 habitants représentée par un maire «vert». La ville fonctionne avec 50 % d'énergies de co-génération et dispose de 500 km de pistes cyclables. Structure et organisation du quartier : Différentes fonctions sont présentes : 16,4 ha de zone résidentielle, 1ha de zone artisanale et 3 ha à vocation mixte. Le quartier s'articule de la façon suivante : - les rues résidentielles, sans place de stationnement, forment la partie centrale. -au nord-est, on trouve un mélange d'immeubles voués à l'habitat et au commerce -le long de la partie ouest se trouvent les 10 bâtiments des anciennes casernes qui ont été reconvertis en cité estudiantine (par la ville) et en appartements de colocation (par la coopérative SUSI) -sur le côté est, l'ancien terrain de sport a été partagé entre le lotissement solaire, le centre de prestations de services et les immeubles construits par des promoteurs immobiliers. - le long de l'axe principal du quartier où passe le tramway (inauguré en 2006) se trouve la place Alfred Doblin qui forme avec la maison de quartier le centre social et culturel. - dans le sud-est sont situés l'école primaire, le gymnase, un garage collectif,... La grande place du végétal Les espaces verts contribuent au bien-être de chacun, surtout dans un quartier comme Vauban qui est construit de façon très dense. Lors de l'aménagement le patrimoine végétal a été conservé. Un grand nombre d'arbres existants, certains d'un âge avancé, complètent harmonieusement les nouvelles plantations. 5 espaces verts ont été aménagés entre les immeubles des différentes rues. Chacun de ces espaces verts a été conçu en coopération avec les riverains intéressés lors de stages organisés à cet effet. Chaque espace possède ainsi son caractère propre et tous les habitants peuvent en profiter. Au pied de mon arbre, je vivais heureux... Dans la jungle des villes... Un autre aspect important qui contribue à la présence de verdure dans le quartier Vauban provient d'une part des toits végétalisés imposés dans le cahier des charges du Plan d'occupation des Sols et d'autre part de l'infiltration des eaux de pluie dans le sol par un système de noues (voir photo). On remarque aussi que les aires de jeux d enfants ne sont pas revêtues, mais sont perméables (sable).
Un exemple de noue Pas de goudron pour se râper les genoux Le projet de circulation prévoit une présence minime de la voiture. Il n'existe pas de zone interdite aux voitures, hormis des ruelles piétonnières très étroites. La plus grande partie des rues résidentielles sont réellement partagées avec les piétons et les cyclistes. Il n y a ni pas de place de stationnement, ni piste cyclable, ni trottoir. Tous les modes de déplacement doivent cohabiter dans un même espace Disposer les parking en bout de quartier permet d'augmenter la place dédiée aux espaces de convivialité. La ville de Fribourg est également dotée d un service d'auto partage : 12 véhicules sont à la disposition du quartier Vauban. La petite place de la voiture Visite de la maison d'elsa : Notre promenade nous amène jusqu au lotissement «solaire» où loge Elsa. Cette maison passive propose une température agréable toute l'année avec une consommation d'énergie très réduite (moins de 15kWh/m2 par an). Plusieurs paramètres expliquent ces performances : -orientation et alignement calculés pour que tous les logements soient «chauffés» par le soleil au solstice d'hiver. -ossature bois avec isolation extérieure sans pont thermique : les coursives et balcons autoportants («décollés» du bâtiment). -triple vitrage et ventilation à double flux avec récupération des calories de l air sortant. -panneaux solaires photovoltaïques, -raccordement à la centrale de co-génération du quartier, avec un système de coupe-circuit
Ces maisons à excédent d'énergie ont une performance comparable à celle de l'héliotrop (maison d'habitation tournante) située à proximité, mais ont été réalisées à un coût beaucoup moins élevé : Le loyer s'élève à 8 euros par m2, à la vente le m2 est de 3000 euros. Le lotissement solaire Pause-déjeuner au restaurant tenu par l association de quartier Avant d attaquer la suite, nous nous sommes accordé une collation «frugale» accompagnée d une dégustation de bières et vins locaux La place Doblin ou Berlin Alexander Platz Une centralité conviviale Après-midi : rencontre avec la coopérative GENOVA Nous sommes reçus par Nicola Weiss qui nous a présenté un projet d'habitat social en coopérative : la coopérative d habitants GENOVA. Créée en 1997, cette coopérative a fait construire en 1999 et 2001 deux immeubles de quatre étages comportant en tout 73 appartements dont 28 en copropriété et 45 en location. Aujourd'hui, 214 personnes vivent dans ces deux immeubles. Nicola, qui est une femme (NDLR : rien à voir avec le petit Nicolas qui n a pas l esprit coopératif particulièrement développé) a participé activement au projet, puisqu elle comptait parmi les 2 membres exécutifs salariés.
Historique de la création de GENOVA: En 1996, l'association Forum Vauban présente auprès de la ville les différentes idées des personnes désireuses d'habiter Vauban. Des groupes de travail (tiens, tiens,...) se sont constitués sur différents thèmes : social, écologique, architectural, financier... La volonté de réaliser du logement locatif se confirme, d'où l'idée d'une structure coopérative qui parait la plus appropriée. L'auto-administration et la lutte contre la spéculation immobilière sont les principes fondateurs. Une autre valeur défendue est le lien intergénérationnel : un groupe de travail spécifique est animé sur ce sujet par une animatrice salariée à mi temps pour une année (financement d une fondation protestante). Une dynamique de rencontre est créée via le Forum Vauban, ainsi que par la presse et la mise en place d'une ligne téléphonique. Ces coopérateurs réunissent 5000 euros pour financer le travail d un architecte qui établit un projet pour 70 logements. Il est soumis à la mairie, qui le trouve intéressant, mais qui demande de le revoir à la baisse : elle ne peut pas mettre à disposition le terrain nécessaire. Le projet est donc divisé en 2 étapes GENOVA I (35 unités de logements), et GENOVA II (3 ans plus tard). La qualité environnementale a été traitée: panneaux solaires thermiques, réutilisation des eaux de pluie, toits et murs verts, jardins et vergers en copropriété. Les 2 immeubles sont reliés par une passerelle pour mutualiser la cage d ascenseur L'organisation et le fonctionnement de la coopérative: Pour résoudre la question du financement, la coopérative a engagé un bureau de conseil financier qui abouti au montage suivant : - mise de départ de 30 000 euros pour chaque foyer (soit 30 parts sociales) : ces parts sont récupérées en cas de déménagement ; - remboursement du prêt à travers le loyer mensuel ; - subvention de l état pour les locataires bénéficiaires de logement sociaux : ils paient de ce fait le même loyer que les autres à la coopérative (7,50 euros HC par m2 et par mois) Notons que la coopérative n a pas encore décidé de l évolution lorsque l emprunt sera achevé. Pour résoudre la question de la répartition des appartements, une solution très pragmatique a été trouvée : les logements de l immeuble ont été dessinés au sol et les futurs habitants se sont positionnés dessus afin de faire connaître leur choix à l'architecte. Il y a des parties communes en autogestion.: une chambre d'amis, une buanderie et une salle commune. Les habitants peuvent profiter individuellement de ces lieux communs en remplissant simplement le planning. Un groupe s'occupe des espaces verts, un autre de l'entretien et du nettoyage. Un concierge bénévole prend en charge les aspects techniques (panneaux photovoltaïques, électricité...) Les habitants se rencontrent une fois par mois : il y a 10 à 20 personnes présentes en général.
Avec du recul, Nicola constate que les phases de planification et de construction (tous les futurs habitants ont eu l obligation d y participer pour réduire les coûts) se sont plutôt bien passées, car les délais étaient très courts : il n y avait pas le temps de se chamailler. Les petits conflits sont plutôt intervenus par la suite, dans la vie quotidienne (bruit notamment). Enfin, elle considère qu'une participation citoyenne ne peut réellement aboutir que si tous les partenaires (politiques, administrations et habitants) sont prêts à échanger sans réserve. L organisation allemande... Elsa et Nicola