Les banques françaises peuvent-elles encore financer l économie? Faculté des Sciences économiques de Poitiers Intervention de Jacques Fournier Directeur général des Statistiques Banque de France 16 janvier 213 1
1. Les crédits aux entreprises baissent mais sans s effondrer Encours bruts de crédits aux PME (en milliards d euros) Crédits de montant unitaire supérieur à 2k ; activité immobilière exclue 2 18 16 146 148 13 19 16 168 166 166 17 174 18 184 187 189 14 12 147 8 6 4 2 42 mai-6 nov.-6 mai-7 nov.-7 mai-8 nov.-8 mai-9 nov.-9 mai- nov.- mai-11 nov.-11 mai-12 nov.-12 Crédits à court terme Crédits à moyen et long terme Source : Banque de France, Stat Info «Le financement des PME en France» 2
Le taux de croissance annuel des encours de crédits aux PME s établit à 2,% fin novembre 212 Taux de croissance annuel des encours de crédits aux PME (en %) 1% % % % 2,9% 2,% 1,1% -% -% -1% -2% mai-7 nov.-7 mai-8 nov.-8 mai-9 nov.-9 mai- nov.- mai-11 nov.-11 mai-12 nov.-12 Tous crédits dont crédits à court terme dont crédits à moyen et long terme Source : Banque de France, Stat Info «Le financement des PME en France» 3
Le taux de croissance trimestriel annualisé des encours de crédits aux PME s établit à 1,2% fin novembre 212 Taux de croissance trimestriel annualisé des encours de crédits aux PME (en %) 8 6 4 2 1,2 % -2-4 -6 mai-7 nov.-7 mai-8 nov.-8 mai-9 nov.-9 mai- nov.- mai-11 nov.-11 mai-12 nov.-12 Source : Banque de France, Stat Info «Crédits aux entreprises» 4
Le ralentissement du crédit bancaire est compensé par la croissance des émissions de titres, mais celles-ci ne sont effectuées que par des grandes entreprises ou des ETI 16 14 12 12,3 % 8 6 4,6 % 4 2,8 % nov.- mai-11 nov.-11 mai-12 nov.-12 Taux de croissance annuel de l'endettement total des SNF dont titres dont crédits Source : Banque de France, Stat Info «Endettement des entreprises».
1 La croissance des crédits aux entreprises demeure cependant plus dynamique en France que dans le reste de la zone euro, Allemagne exceptée France, données corrigées de la titrisation Taux de croissance annuel: +,8 % (Flux mensuels nets SNF cvs, en Mds d euros, et taux de croissance annuel, en %) 1 1 Italie Taux de croissance annuel: - 4, % Crédits court terme Tx croissance ZE: -1,4 % 1 - - - - - - - - -1 nov.-11 févr.-12 mai-12 août-12 nov.-12-1 -1 nov.-11 févr.-12 mai-12 août-12 nov.-12-1 Flux mensuel cvs (Ech G) Taux de croissance annuel (Ech D) Flux mensuel cvs (Ech G) Taux de croissance annuel (Ech D) Espagne Allemagne 1 Taux de croissance annuel: - 7, % 1 1 Taux de croissance annuel: + 1,4 % 1 - - - Crédits toutes durées - - Crédits toutes durées - -1-1 nov.-11 févr.-12 mai-12 août-12 nov.-12-1 nov.-11 févr.-12 mai-12 août-12 nov.-12 Flux mensuel cvs (Ech G) Taux de croissance annuel (Ech D) Flux mensuel cvs (Ech G) Taux de croissance annuel (Ech D) - - -1
2. Les taux des crédits sont faibles en comparaison de ceux observés dans les autres pays de la zone euro Taux des crédits de montant,2 million d euros (en %) 6, 6,,,,, 4, 4, 4, 4, 3, 3, 3,34 3, 3, nov.-11 janv.-12 mars-12 mai-12 juil.-12 sept.-12 nov.-12 Allemagne France Italie Espagne Zone euro Source : BCE 7
3. Nouvelle enquête de la Banque de France: la baisse des crédits est principalement un problème de demande et non d offre Pourcentage de PME ayant demandé et obtenu des nouveaux crédits Crédits de trésorerie Crédits d investissement 6% 18% Demande de nouveau crédit 7% Demande de nouveau crédit 19% 8% 21% 62% 86% Obtention de nouveau crédit (totale ou partielle) 68% Obtention de nouveau crédit (totale ou partielle) 86% 71% 88% 4 ème trimestre 212 3 ème trimestre 212 2 ème trimestre 212 Source : Banque de France, Stat Info «Enquête trimestrielle auprès des PME sur la distribution de crédit en France» 8
La demande de crédits des ETI est dynamique. Le taux d obtention des crédits est élevé. La demande par les ETI de nouveau crédit ou d utilisation de lignes de crédit est dynamique : 48% des ETI ont demandé un nouveau crédit ou une ligne de crédit au T4 212. La demande est largement satisfaite : 88% des ETI obtiennent les crédits demandés (en totalité ou partiellement). 9
4. Le crédit doit être dynamique mais sa croissance ne doit pas être excessive, comme cela a été le cas dans d autres pays 24 22 2 18 16 14 12 Ratio de la dette du secteur privé (ménages et sociétés non financières), exprimée en % du PIB. 8 22 23 24 2 26 27 28 29 2 211 France Italie Espagne Allemagne Royaume-Uni Source : Commission Européenne, MIP Scoreboard
Les entreprises doivent aussi accroître leur autofinancement donc leurs marges Taux de marge des sociétés non financières (en %, excédent brut d exploitation sur la valeur ajoutée VA) Taux d épargne et taux d autofinancement des sociétés non financières (en %, éch. d. = taux d épargne, éch.g. = taux d autofinancement ) 33% 32% 31% 3% 29% 28% 27% 26% 2% % 9% 8% 7% 6% % 2% 18% 16% 14% 12% % taux de marge des sociétés non financières taux d'autofinancement des sociétés non financières taux d'épargne des sociétés non financières Source : INSEE, comptes nationaux (base 2) des sociétés non financières 11
. Les ratios prudentiels ne constituent pas le frein important au développement du crédit qui est parfois évoqué Bâle III considéré stricto sensu : Les conditions d application du Liquidity Coverage Ratio (LCR) ont été assouplies : Révision du calendrier de mise en application de la nouvelle règlementation, augmentation progressive du niveau requis entre 21 et 219. Élargissement des actifs éligibles au LCR à certaines actions, obligations adossées à des crédits hypothécaires et obligations privées dont la notation est supérieure ou égale à BBB-. Les autres pays, l Allemagne la première, distribuent du crédit tout en respectant les ratios de transformation. Mais Bâle III stricto sensu peut renchérir le coût du crédit. 12
Bâle III lato sensu conforte la crédibilité de l économie nationale : Contribue à réduire le coût du crédit et des émissions de dettes, car les spreads des banques/souverains et même des très grands corporates sont au moins partiellement interdépendants. Renforce la pérennité du financement des entreprises : résilience accrue en période de tension nationale ou internationale. 13
Conclusion Triangle des objectifs Financement dynamique de marché et bancaire > soutient la croissance et la compétitivité Amélioration de la situation financière des entreprises > encourage l investissement et la créativité Respect des grands équilibres prudentiels et macro économiques > permet aux banques et aux entreprises de se financer bas sur les marchés internationaux 14