Enquête sur la mise en place de la check-list opératoire en chirurgie orthopédique



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Enquête sur la mise en place de la check-list opératoire en chirurgie orthopédique Emmanuel de Thomasson, Henri Bonfait, Christian Delaunay et Orthorisq

Matériel et méthode 1971 formulaires envoyés entre le 1 er janvier et le 31 décembre 2011 1504 (76%) analysables 2

Matériel et méthode Trois parties: - Caractéristiques de l établissement, mode d exercice du répondant et politique accompagnant la mise en place de la check-list - Participation du répondant et de son équipe - Ressenti du répondant sur l utilité de cette procédure 3

Caractéristiques des établissements et mode d exercice Mode d exercice Libéral 82.4% Public 26.6% Nombre de salle d opération 1 salle 60% 2 salles ou + 35.1% Niveau de certification de l établissement V2 (ou en cours de certification V3) : 71.3% V3 17.6% Ne sait pas 11.1% 4

Mise en place de la check-list et accompagnement Mise en place dans 96.5% des établissements C est une pratique nouvelle: 19.5% des équipes avaient utilisé la check-list de l Organisation Mondiale de la Santé (OMS) 5

Mise en place de la check-list et accompagnement Politique de mise en place Conseil de bloc 92.1% CME 80.1% Direction 86.1% 6

Mise en place de la check-list et accompagnement Un protocole d utilisation n a été rédigé que dans 18% des établissements. Coordinateur de la check-list désigné: 59.8% Décidée: - par la direction 31.3% - par la CME 16.4%. 7

Réalisation pratique de la check-list Toutes les interventions Interventions en ambulatoire Interventions programmées Interventions en urgence 1108/1504 (73.7%) 1058/1504 (70.7%) 1364/1504 (90.7%) 1144/1504 (76.1%) p = 0.3 p < 0.0001 8

Réalisation pratique de la check-list L implémentation de la check-list n a été influencée par le niveau de certification de l établissement que pour la chirurgie d urgence! Chirurgie réglée Chirurgie ambulatoire Urgence Certifié V2 Certifié V3 865/1202 (72%) 201/265 (75.8%) p = 0.2 834/1199 (69.5%) 183/265 (69%) p = 0.8 909/1202 (75.6%) 216/265 (81.5%) p < 0.03 Une salle 664/902 (73.6%) p = 0.5 631/902 (70%) p = 0.3 686/902 (76%) p > 0.5 2 salles ou plus 374/496 (75.4%) 358/493 (72.6%) 380/493 (77%) 9

Présence de l équipe lors de la check-list Participation à toutes les étapes la check-list: - Chirurgiens: 12.6% - Equipe d anesthésistes: 30.9% (p< 0.0001) - Ensemble de l équipe: 5.8% Participation de l ensemble de l équipe en fonction des temps de la check-list: - Induction: 17.1% - «Time out»: 35.4% - Post opératoire: 19.1% Verbalisation du «time out»: 20% 10

Influence de la culture risque de l établissement La pratique antérieure de la check-list de l OMS facilite la réalisation de la check-list HAS quelque soit l étape OMS + A l induction 71/293 (24.3%) Au time out 146/293 (49.8%) Au post opératoire 82/293 (27.9%) A toutes les étapes 30/293 (10.2%) Population générale 257/1504 (17.08%) 532/1504 (35.4%) 288/1504 (19.1%) 87/1504 (5.8%) p tjs < 0.004 11

Influence de l organisation Le travail sur deux salles n a eu d influence sur la présence de l équipe que lors du premier temps de la check-list! (p= 0.0001) mais pas sur le temps post opératoire Présence à l induction Présence au «Time out» Présence au post opératoire 1 salle 166/902 (18.4%) p =0.0001 325/902 (39 %) p = 0.7 176/902 (19.5%) p = 0.8 Plus de 2 salles 60/528 (11.4%) 185/528 (35.%) 100/528 (18.9%) 12

Conséquences de la mise en place de la check-list sur l organisation Très faible!: - Modification dans l organisation du programme opératoire: 24.7% - Modification de la check-list pour l adapter aux contrôles déjà existants: 17.9% Malgré une présence de l équipe au différentes étapes à peine > 20% Et une organisation du bloc inadaptée dans 38.1% 13

Rôle du chirurgien dans l utilisation de la check-list Chirurgien moteur indispensable: 36.2% Ressenti plus vif chez ceux travaillant sur 2 salles par rapport à ceux travaillant sur 1 (p=0.02) Un sentiment d amélioration des pratiques ressenti par les chirurgiens les plus investis (p = 0.0003) Présence indispensable 2 salles ou plus 202/545 (37%) Amélioration des pratiques Pas d amélioration des pratiques 468/545 (85.8%) 77/545 (14.2%) Présence non indispensable 230/746 (30.8%) 582/746 (78%) 164/746 (22%) p = 0.02 p = 0.0003 14

Rôle du chirurgien dans l utilisation de la check-list Une organisation appropriée réduit cette dépendance!!!! Présence indispensable Présence non indispensable Organisation modifiée lors de la mise en place de la check-list 122/704 (17.3%) 191/746 (25.6%) p = 0.0001 Organisation permet de réunir les membres de l équipe 250/704 (35.5%) 367/746 (49.2%) p < 0.0001 15

Bénéfices escomptés de la check-list Evite les accidents : 21.5%!!! 16

Accidents évités par la check-list Erreur de patient: 10.8%, Erreur de coté ou d intervention: 29.6%, Erreur d antibioprophylaxie: 33.5% Erreur lié à un matériel incomplet ou indisponible: 40% Type d incident Erreur d identité Erreur de coté ou d intervention Erreur d antibioprophylaxie Indisponibilité du matériel Nombre 163/1504 (10.8%) 445/1504 (29.6%) 554/1504 (33.5%) 601/1504 (40%) 17

Discussion: l implémentation de la check-list Bonne: - Caractère obligatoire - Implication «administrative» des instances des établissements - Mode d évaluation MAIS! 18

Discussion: la participation à la check-list La présence de l équipe varie entre 20 et 38% selon les étapes. Les modifications organisationnelles restent exceptionnelles alors qu elles sont jugées indispensables par environ la moitié des répondants et rendent la réalisation de la check-list moins dépendante des acteurs 19

Discussion: accompagnement et appropriation de la check-list Interpréter et adapter la check-list à l organisation de l établissement et du type de chirurgie: 17.9% Cette adaptation est considérée comme un facteur primordial de réussite. - Haynes et al. J Critical care 2006; 21: 231-235 - Vats A et al. BMJ 2010; 340: 133-135. - Verdaasdonk EG et al. Surg Endosc 2008; 22:2238-4. - de Vries EN et al. Qual Saf Health Care 2009; 18:121-6. 20

Discussion: le partage des informations Partage «à voix haute» des informations lors du «Time Out»: 20% - Vats A et al. BMJ 2010; 340: 133-135. - Makary M et al. American College of Surgeons 2006; 202 : 746-752. Procédure si elle se fait en collaboration - Rosenfield L et al. Plastic and Reconstructive Surg. 2009; 123: 339-402. - Verdaasdonk EG et al. Surg Endosc 2008; 22:2238-4. 21

Discussion: le ressenti sur la check-list Scepticisme sur son efficacité Identification d accidents évités par 40% des praticiens!!!!! Problème d appropriation et de lisibilité des résultats de la check-list. 22

Discussion: accompagnement de la check-list L implication effective de la CME, en particulier depuis la nouvelle loi «Hôpital Patient Santé Territoire», et de l administration dans l organisation des modifications nécessaires à la mise en place de la check-list Développement d une culture qualité Etablir des objectifs limités mais atteignables et mesurables: - Antibioprophylaxie - Prescription d anticoagulants - Préparation cutanée - Matériel. 23

Discussion: accompagnement de la check-list La check-list doit être le fruit d une concertation préparatoire entre les représentants de tous les métiers intervenant lors de la procédure chirurgicale. - Lingard et al. Arch Surg 2008; 143: 12-17. 24

Discussion: limites Spécificité de l équipe chirurgicale: les anesthésistes et les chirurgiens sont plus attachés à l excellence de leur travail qu à celui de l équipe - Makary M et al. American College of Surgeons 2006; 202 : 746-752. 25

Discussion: limites La check list ne peut résoudre des problèmes organisationnels complexes!!! - Weiser TG, Haynes AB et al. Int J Qual Health Care 2010; 22:365-70. Discussion préalable de solutions et de leur acceptabilité 26

Conclusion Notre enquête confirme l importance de l apprentissage et de l accompagnement de la mise en place de la check list «sécurité opératoire» Rôle de la CME pour dégager des objectifs prioritaires que l on peut chiffrer et suivre Le «zéro faute» est impossible Se concentrer sur ce sur quoi une action est possible: limiter ses ambitions Trouver un consensus 27

Conclusion Elle est effectivement utilisée dans un certain nombre de blocs opératoires! 28

Conclusion Elle est efficace: 33% de non-conformité d antibioprophylaxie évitée alors que c est la première cause de sinistralité en orthopédie! Alors..allez y! 29