EVALUATION DE LA QUALITE DE VIE D UN GROUPE DE PATIENTS PORTEURS DE LA POLYARTHRITE RHUMATOIDE



Documents pareils
La prise en charge de votre polyarthrite rhumatoïde

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Critères de Choix d une Echelle de Qualité De Vie. Etudes cliniques dans l autisme. Introduction

Livret de Présentation (Extrait du livret des patients distribué à leur accueil)

Enjeux psychologiques de la greffe pour le donneur et le receveur

Douleurs des mains. Douleurs des mains les plus fréquentes: pertinence, causes, traitements. C.Zenklusen septembre 2013

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

dossier de presse nouvelle activité au CHU de Tours p a r t e n a r i a t T o u r s - P o i t i e r s - O r l é a n s

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

TIC pour la santé et l'autonomie : évaluation des services rendus et modèles économiques, une approche nécessairement pluridisciplinaire

Complément à la circulaire DH/EO 2 n du 30 mai 2000 relative à l'hospitalisation à domicile

INNOVATION De la rééducation au sport santé. LPG crée le Neuro

QUESTIONNAIRE DE DIAGNOSTIC RAPIDE DES NIVEAUX DE CPO ET TMS EN ETABLISSEMENTS DE SOIN

Parmi ces recommandations, la cure thermale tient une place prépondérante dans le traitement et la prise en charge de la maladie.

LES TROUBLES MUSCULOSQUELETTIQUES. Le 2 décembre 2008

Insuffisance cardiaque

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

Item 169 : Évaluation thérapeutique et niveau de preuve

Analyse pharmaco-économique des anti-tnf alpha dans le traitement de la Polyarthrite Rhumatoïde en France.

Direction générale de l offre de soin

Les soins des douleurs chroniques dans les TMS Les échecs thérapeutiques

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

Le risque TMS chez les intervenants à domicile

Sérodiagnostic de la polyarthrite rhumatoïde

Démarche de prévention des TMS et outils pour l action

Rôle de l ARCl. V Grimaud - UE recherche clinique - 18 mars Définitions

LA RECHERCHE INFIRMIERE: une exigence professionnelle / cas concret. La recherche infirmière. Cas concret : où se déroule-t-il?

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé


Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

Que représentent les Spondyloarthrites Axiales Non Radiographiques? Pascal Claudepierre CHU Mondor - Créteil

Comment la proposer et la réaliser?

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

PRECISION ÉLIMINATION DE L INFLAMMATION. mensuel PRECISION

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Logiciels d éducation à la Nutrition et à l activité physique

Calendrier des formations INTER en 2011

Enquête sur le don de moelle osseuse

Avantages - Voordelen. Organisation - Organisatie. Mutualité socialiste et syndicale de la province de Liège 319. Rue Douffet, Liège

Les Troubles Musculo-Squelettiques et Lombalgies chez le Personnel Soignant en Milieu Hospitalier

Définition, finalités et organisation

La polyarthrite rhumatoïde est-elle une maladie courante parmi la patientèle d'un rhumatologue?

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

La chirurgie dans la PC

L impact des avis des usagers sur l amélioration de la prise en charge du patient dans un CHU

Maladies neuromusculaires

I. Qu est ce qu un SSIAD?

d évaluation de la toux chez l enfant

CONTRAINTES PSYCHOLOGIQUES ET ORGANISATIONNELLES AU TRAVAIL ET SANTE CHEZ LE PERSONNEL SOIGNANT DES CENTRES HOSPITALIERS:

PAPPAAL 34. Protocole

Mention : STAPS. Sport, Prévention, Santé, Bien-être. Objectifs de la spécialité

DISTRIBUTION DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR VOIE ORALE PAR L INFIRMIERE : RISQUE DE NON PRISE DU TRAITEMENT MEDICAMENTEUX PAR LE PATIENT

ntred 2007 Résultats de l étude Description des personnes diabétiques

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

CHARTE POUR L ACCUEIL DES INTERNES

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

Kinésithérapie et réadaptation pour les patients PSH Retour d'expérience Alaitz AMEZQUETA kinésithérapeute + Équipe de rééducation

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Qu est-ce qu un sarcome?

COMMISSION NATIONALE D EVALUATION DES DISPOSITIFS MEDICAUX ET DES TECHNOLOGIES DE SANTE. AVIS DE LA COMMISSION 08 février 2011 CONCLUSIONS

Migraine et Abus de Médicaments

Le Psoriasis Qui est touché?

TITRE : «Information et consentement du patient en réadaptation cardiovasculaire»

Examen d une épaule en relation avec le travail. Docteur Virginie Fraselle Médecin Physique et Réadaptateur Cliniques Universitaires Saint-Luc

Critères de suivi en rééducation et. d orientation en ambulatoire ou en soins de suite ou de réadaptation

les télésoins à domicile

Cluster I care Rhône Alpes propose une rencontre professionnel / industrie en mode Living Lab

Assises Nationales du Maintien à Domicile juin 2000 La douleur Les soins palliatifs. EXPERIENCE DE SOINS D'UNE EQUIPE A DOMICILE Dr AVEROUS

BILAN projet DIABSAT Diabétologie par Satellite

Prise en compte de la population sourde dans le système de soins

Aide kinésithérapeute : une réalité?

Rapport de recommandations

La fibromyalgie Mieux l'évaluer pour mieux la traiter

da Vinci Pontage gastrique

LE GRAND LIVRE Du. Pr Jean-Jacques Altman Dr Roxane Ducloux Dr Laurence Lévy-Dutel. Prévenir les complications. et surveiller la maladie

COMPTE RENDU D ACCREDITATION DE L'HOPITAL ET INSTITUT DE FORMATION EN SOINS INFIRMIERS CROIX-ROUGE FRANÇAISE

SURVEILLANCE EPIDEMIOLOGIQUE DES TMS EN ENTREPRISES : LES RESULTATS DU SUIVI A TROIS ANS DE LA COHORTE COSALI

CENTRE D EDUCATION ET DE SOINS SPECIALISES POUR ENFANTS POLYHANDICAPES «LE RIVAGE» LIVRET D ACCUEIL DU STAGIAIRE

PROTEGER SON DOS ex. Cliniques St Luc

Stress des soignants et Douleur de l'enfant

FMC GMBS -02 MARS 2010 PROJET D EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DE PROXIMITÉ DU PATIENT DIABÉTIQUE DIAPASON 36

PREPARATION DU PATIENT POUR UNE CHIRURGIE. Marcelle Haddad

Infirmieres libérales

Hôpital performant et soins de qualité. La rencontre des extrêmes estelle

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

LA PROTHESE TOTALE DE GENOU

Le don de moelle osseuse :

LOMBALGIES CHRONIQUES & MALADIES PROFESSIONNELLES

Registre de donneurs vivants jumelés par échange de bénéficiaires. Qu est-ce qu une greffe de rein par échange de bénéficiaires?

COMMENT DEVENIR KINÉSITHÉRAPEUTE

BURN OUT DES PROFESSIONNELS DE SANTE. Et Hygiène? Dr JC Perréand-Centre Hospitalier Valence

& BONNES POSTURES TMS TROUBLES MUSCULO-SQUELETTIQUES. Le guide. Guide offert par la MNT

Découvrez L INSTITUT UNIVERSITAIRE DU CANCER DE TOULOUSE

LA DEMARCHE DE SOINS INFIRMIERE N.LANNEE CADRE FORMATEUR IFSI CHU ROUEN

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

Transcription:

EVALUATION DE LA QUALITE DE VIE D UN GROUPE DE PATIENTS PORTEURS DE LA POLYARTHRITE RHUMATOIDE Pierre ALEXANDRE Kinésithérapeute Cadre de santé. Service central de rééducation Fonctionnelle Pr. Ch.HERISSON & PR.J. SANY Hôpital Lapeyronie- MONTPELLIER La Polyarthrite rhumatoïde entraîne à des degrés divers des destructions et des déformations articulaires qui sont à l origine d une incapacité fonctionnelle. Le handicap généré est parfois tel qu il entraîne à son tour une inaptitude à réaliser les gestes essentiels de la vie courante et souvent l impossibilité de poursuivre une activité professionnelle. Il est donc important de pouvoir apprécier l impact de cette maladie sur la qualité de vie des patients et d apprécier aussi l efficacité de la prise en charge thérapeutique qui leur est dispensée. Les outils d évaluation existent et ont été validés depuis de nombreuses années. En 1998, il a été débuté, dans le cadre d une évaluation médico-économique de la PR, une étude portant sur un groupe de 100 patients, prévue pour une durée de 2 années. Les paramètres étudiés ont été : la qualité de vie d une part et le coût de la prise en charge d autre part. La présentation de ce jour ne portera que sur les indices de qualité de vie. LES CRITERES D INCLUSION Patients répondant aux critères de l Américan Collège of Rheumatology P.R actives biologiquement Patients hospitalisés pour la première fois en hospitalisation classique Age égal ou supérieur à 18 ans. La prise en charge dans le service d immuno rhumatologie est faite par une équipe multidisciplinaire (rhumatologues, chirurgien orthopédiste, neuropsychiatres, infirmier(e)s, kinésithérapeutes, ergothérapeutes, aides soignantes, podologue, assistante sociale.) CRITERES DE NON-INCLUSION : Arthrite chronique ayant débuté dans l enfance ou à l adolescence Patients déjà hospitalisés dans le service en hospitalisation classique ou en hospitalisation de jour dans le service. Patients ne pouvant être régulièrement suivis pour des raisons personnelles ou sociales ; malades incapables de répondre aux questionnaires (problème de compréhension ou problèmes linguistiques)

Patients participants à des essais thérapeutiques Patients ayant une comorbidité sévère (néoplasie, affection cardiaque, pulmonaire, insuffisance hépatique ou rénale) MODALITE DE LA PRISE EN CHARGE Chacun de ces patients devait remplir trois grilles d évaluation de qualité de vie au cours des étapes suivantes: A l entrée et à la sortie de la première semaine d'hospitalisation à 3 mois, 6 mois, 12 mois, 18 mois et 24 mois, au cours d une hospitalisation d une journée avec une prise en charge identique aux précédentes. LES OUTILS D EVALUATION : Deux questionnaires spécifiques : Le questionnaire «émir court», qui comporte 11 dimensions : Capacité de déplacement, marche et souplesse, mouvements de la main et des doigts, mouvement des bras, soins personnels, douleurs articulaires, tension nerveuse, moral, activités sociales, travail. Ces 11 dimensions, comportant chacune 2 à 3 items, peuvent être regroupées en 5 composantes : Physique, symptômes, affect, relations sociales, rôle (travail rémunéré, ménager ou scolaire) Chacune de ces dimensions est cotée de 1 à 5 et le score final est ramené à un score sur 10. Il y a amélioration en cas de diminution du score et aggravation en cas d augmentation de ce score. Le questionnaire «H.A.Q» (Health Assesment Questionnaire) qui comporte 8 domaines d activité physique : Habillement et soins corporels, le lever, les repas, la marche, hygiène, atteindre un objet, préhension, activités 2 à 3 items par activité 4 types de réponses, cotation de 0 à 3 score global de 0 à 3 Amélioration en cas de diminution du score et aggravation en cas d augmentation de ce score. Et un questionnaire générique : L Echelle générique de qualité de vie ; «Indicateur de santé perceptuelle de Nottingham» (I.S.P.N.) Score maximal sur 600 Amélioration en cas de diminution du score et aggravation en cas d augmentation de ce score. DIFFICULTES DE LA PRISE EN CHARGE : Elles proviennent essentiellement des difficultés de l organisation et du suivi, c est à dire la coordination entre les différents intervenants et les difficultés de recrutement et de liaison

avec les patients (problème de courrier, découragement de certains patients au bout de quelques mois, questionnaires remplis incomplètement ou difficilement interprétables.) Nombre de patients inclus à ce jour : plus de 100 Nombre de patients ayant à ce jour rempli intégralement les questionnaires à 24 mois : 24 Les données recueillies ont été confiées à la cellule de Calcul et d Informatique du CHU de Montpellier. RESULTATS ET INTERPRETATION : Il faut tout d abord signaler que ce ne sont que des résultats intermédiaires, ne portant que sur un quart des dossiers étudiés, et que seuls seront significatifs les résultats portant sur l objectif des 100 dossiers à l étude. EMIR : RESULTATS Amélioration moyenne de l ensemble des items de 5.20 à 1.86 soit 14% «Symptômes» -3.03, «affect» 1, «travail» 0.89, «physique» 0.86, «social» 0.39. Mais ce qui frappe, c est la baisse des paramètres portant sur «affect», «relations sociales» et «symptômes» à 12 mois, alors que cette baisse n apparaît qu à 18 mois sur «physiques». C est aussi l évolution quasi jumelle de «affect» et de «relations sociales» jusqu à trois mois, puis après une légère divergence à 6 mois, un retour à cette évolution parallèle de ces 2 items. ISPN ET HAQ Nous pouvons observer la même concordance d'évolution, sur laquelle on retrouve une amorce de baisse des résultats à 12 mois, et cette baisse atteint son maximum à 18 mois. INTERPRETATION : Bien entendu, les réflexions que nous inspirent ces résultats ne peuvent être prises que comme une interprétation qui devra être vérifiée par la suite. Tout d abord, il est très net que les améliorations les plus sensibles et les plus spectaculaires se portent sur les items «physique», «symptômes» et «affect», (symptômes en particulier) On peut donc légitimement penser que ces améliorations sont les conséquences de la prise en charge multidisciplinaire exercée au cours de l hospitalisation, (notamment la prise en charge ré éducative), et de la prise en compte et l application des différents conseils d hygiène de vie apportés par cette équipe pluridisciplinaire. Il faut rappeler que le traitement médical suivi par ces patients n est absolument pas homogène ; le seul point commun entre tous ces patients est la même prise en charge physique et psychologique. Par contre, le léger fléchissement observé à 12 mois sur la partie des paramètres liée à la subjectivité («symptômes», «affect» et «relations sociales») peut être expliqué par la démotivation des patients, dans la mesure où la fréquence du suivi est passée de 3 mois à 6 mois à partir du 6éme mois.

La reprise de l amélioration constatée par la suite est sans doute à mettre au compte de l effet re mobilisateur du nouveau séjour en hospitalisation de jour. Il faut aussi remarquer la similitude entre l'évolution des courbes du H.A.Q et de l'i.s.p.n et celle observée sur la courbe "physique" du questionnaire "émir court". En effet, le domaine recouvert par ces 2 questionnaires est plus physique, et la similitude ainsi dégagée permet, s'il en est besoin de vérifier la fiabilité et la fidélité de ces 3 questionnaires. Il paraîtrait donc judicieux de programmer un renouvellement de la prise en charge tous les 6 mois, ce qui permettrait peut être la poursuite de l amélioration de l état des patients. CONCLUSION : La prise en charge globale de la polyarthrite rhumatoïde semble être la réponse adaptée à cette pathologie. La fréquence idéale de cette prise en charge globale et pluridisciplinaire semble être de 6 mois. Cette étude et ces conclusions doivent toutefois être relativisées, dans la mesure où l ensemble des résultats n est pas encore disponible.

EMIR COURT SUR 24 MOIS (24 Patients) (Score /10) 0 ENTREE SORTIE 3 MOIS 6 MOIS 12 MOIS 18 MOIS 24 MOIS 1 2 3 4 5 6 Physiques Symptomes Affect Relations sociales Travail 7 8 9 10 H.A.Q MOYENNES / 3 AMENEE A UNE MOYENNE/10 0,00 ENTREE SORTIE 3 MOIS 6 MOIS 12 MOIS 18 MOIS 24 MOIS 1,00 2,00 3,00 H.A.Q MOYENNES / 3 AMENEE A UNE MOYENNE/10 4,00 5,00 6,00

I.S.P.N MOYENNES / 600 RAMENEE A UNE MOYENNE/10 0,00 ENTREE SORTIE 3 MOIS 6 MOIS 12 MOIS 18 MOIS 24 MOIS 1,00 2,00 3,00 I.S.P.N MOYENNES / 600 RAMENEE A UNE MOYENNE/10 4,00 5,00 6,00