Docteur Erik BOQUET Page 1 23/09/2007 TRAUMATOLOGIE SPORTIVE (Docteur Erik BOQUET) La traumatologie sportive peut-être une traumatologie directe par un coup ou une traumatologie indirecte par un geste technique incorrect ou une charge de travail excessive. _ les os, _ les articulations, _ les tendons, _ les muscles. Elle concerne tous les éléments de l appareil locomoteur : 1 LA TRAUMATOLOGIE OSSEUSE : LES FRACTURES Il s agit d une cassure partielle ou totale d un os, avec ou sans déplacement. En cas de traumatisme violent, la fracture peut être ouverte c est-à-dire que l enveloppe cutanée autour des éléments osseux lésés est également rompue : le risque d infection est alors majeur. Le mécanisme est le plus souvent indirect par levier ou torsion. Le diagnostic est le plus souvent facile : _ douleur importante en regard du foyer de fracture, _ déformation (le diagnostic devient moins facile lorsqu elle manque et il sera alors confirmé par les radiographies), _ tuméfaction due à l hématome péri-fracturaire, _ impotence fonctionnelle totale. _ protéger en cas de fracture ouverte (risque d infection +++), L évacuation vers un centre hospitalier doit être la règle. Cette évacuation peut être médicalisée en cas de douleur importante ou de risque infectieux tel que nécessitant une antibiothérapie urgente. Le traitement d une fracture est actuellement le plus souvent chirurgical.
Docteur Erik BOQUET Page 2 23/09/2007 La fracture de fatigue est un cas particulier : _ micro fracture, _ mécanisme par surcharge d activité, _ douleur moins importante, _ absence de déformation, _ absence de tuméfaction. Le diagnostic est plus difficile, passant non seulement par des radiographies mais également par une scintigraphie osseuse. Il ne s agit pas d une urgence et le traitement consiste à immobiliser et à renforcer les capacités de réparation osseuse par des traitements adaptés. 2 LA TRAUMATOLOGIE ARTICULAIRE 2A LES LUXATIONS Il s agit d un déplacement anormal des extrémités osseuses d une articulation allant jusqu à la perte de contact partielle ou totale des surfaces articulaires. Le diagnostic repose sur : _ la douleur en regard de l articulation sans atteinte osseuse, _ la déformation si la luxation n est pas réduite (repères anatomiques articulaires modifiés), _ la tuméfaction due à l dème réactionnel, _ l impotence fonctionnelle totale. L évacuation vers un centre hospitalier doit être la règle. Cette évacuation peut être médicalisée en cas de douleur importante ou de compression vasculaire avec nécessité de réduction urgente. Les radiographies permettront d évaluer l importance de la perte de contact des surfaces articulaires et surtout l absence de lésion osseuse associée. Le traitement d une luxation après réduction et sans lésion osseuse associée est essentiellement orthopédique.
Docteur Erik BOQUET Page 3 23/09/2007 2B LES ENTORSES Il s agit d une distension ligamentaire avec ou sans déchirement sans perte de contact des surfaces articulaires. Le diagnostic repose sur : _ la douleur en regard des éléments ligamentaires de l articulation sans atteinte osseuse, _ l absence de déformation, _ la tuméfaction due à l dème réactionnel voire à l hématome dans les cas les plus graves (déchirure ligamentaire), _ l impotence fonctionnelle variable. Certains signes de gravité sont à rechercher : _ craquement, _ gonflement immédiat, _ impossibilité de se mettre en appui et de faire 4 pas, _ douleur à la palpation des os (tibia, péroné, os du pied). _ limiter la réaction oedémateuse par le froid, En cas de doute (critères d Ottawa), des radiographies seront pratiquées afin d éliminer un arrachement osseux associé voire une fracture. Les entorses sont classées en entorses bénignes (microlésion sans laxité ou déchirure ligamentaire limitée) et en entorses graves (déchirure ligamentaire complète). Le traitement d une entorse bénigne comporte une immobilisation par élastoplaste ou attelle type aircast pendant 15 à 20 jours suivie d une rééducation. L arrêt d activité sportive sera de 1 mois. 2C LES OSTEOCHONDROSES DE CROISSANCE Egalement appelées ostéochondrites ou apophysites, elles sont dues au surmenage des zones de croissance de l enfant et de l adolescent. Les localisations possibles sont nombreuses L atteinte du genou en regard de la tubérosité tibiale antérieure ou maladie d Osgood-Schlatter apparaît entre 11 et 13 ans. Le diagnostic est clinique avec une douleur uniquement lors des mouvements actifs, retrouvée à la palpation. Les radiographies, normales au début, ont surtout pour objectif d éliminer les autres diagnostics et notamment les tumeurs osseuses. L atteinte du rachis ou maladie de Scheuermann apparaît entre 12 et 15 ans. Elle concerne surtout le rachis dorsal. La clinique se résume à une douleur chronique apparue progressivement. Le diagnostic est confirmé par les radiographies (hernies intraspongieuses, déformations vertébrales, angulation du rachis).
Docteur Erik BOQUET Page 4 23/09/2007 3 LA TRAUMATOLOGIE TENDINEUSE : LES TENDINITES Il s agit d une inflammation des tendons (structure fibreuse par laquelle le muscle s insère sur l os) due le plus souvent à une surcharge d activité. Si cette inflammation intéresse également la gaine du tendon, on parle de téno-synovite. Si cette inflammation intéresse également l insertion osseuse du tendon, on parle de téno-périostite. Le diagnostic est le plus souvent facile : _ absence de traumatisme franc (on parle de microtraumatismes par surcharge d activité), _ douleur en regard du corps du tendon uniquement lors des mouvements actifs, rarement permanente lorsque l inflammation est très importante, _ absence de déformation, _ absence de tuméfaction sauf dans certains cas de téno-synovite très inflammatoire, _ impotence fonctionnelle partielle. douloureux, _ mettre au repos, _ limiter l inflammation par le froid dans les cas les plus Il ne s agit pas d une urgence et le traitement consiste essentiellement en une mise au repos prolongée. Les ruptures tendineuses surviennent surtout sur une tendinite préexistante surtout si elle a été multi-infiltrée. Elles apparaissent lors d un effort brutal avec douleur aiguë et claquement. L impotence fonctionnelle est marquée, le diagnostic suspecté par l impossibilité de mouvement et confirmé par l échographie. Le traitement est le plus souvent chirurgical. 4 LA TRAUMATOLOGIE MUSCULAIRE Elle peut être directe par coup de type «béquille». Elle peut également être indirecte.
Docteur Erik BOQUET Page 5 23/09/2007 Selon la gravité lésionnelle, la CLASSIFICATION DE RODINEAU distingue 4 stades : _ Stade 0 : Atteinte réversible de la fibre musculaire, sans atteinte du tissu conjonctif de soutien (CRAMPES). _ Stade 1 : Atteinte irréversible de quelques fibres musculaire, sans atteinte du tissu conjonctif de soutien (CONTRACTURES). _ Stade 2 : Atteinte irréversible d'un nombre réduit de fibres musculaires, avec atteinte du tissu conjonctif de soutien (ELONGATIONS). _ Stade 3 : Atteinte irréversible de nombreuses fibres musculaires, avec atteinte du tissu conjonctif de soutien et formation d'un hématome intramusculaire localisé (CLAQUAGES). _ Stade 4 : RUPTURE partielle ou totale d'un muscle. 4A LES CRAMPES Il s agit d une contraction involontaire, douloureuse et transitoire d un muscle secondaire à une surcharge d activité et favorisée par une mauvaise hydratation. Elles sont l expression d un excès de déchets métaboliques dans le muscle sans lésion anatomique. Elles entraînent une gêne douloureuse pouvant aller jusqu à l impotence fonctionnelle totale. _ mettre au repos, _ faire céder la contraction par un étirement doux et prolongé, 4B LES CONTRACTURES A différencier de simples crampes notamment par leurs durées, elles reflètent une souffrance localisée du muscle et doivent conduire à une mise au repos prolongée avec kinésithérapie afin d éviter un passage à une lésion plus grave avec atteinte anatomique. 4C LES ELONGATIONS Il s agit d un allongement excessif des fibres musculaires n ayant cependant pas entraîné de déchirure. Le diagnostic est surtout un diagnostic différentiel avec les crampes ou contractures : _ apparition dans les suites immédiates d un mouvement, _ douleur localisée à la palpation et reproduite par les mouvements actifs contrariés, _ impotence fonctionnelle partielle.
Docteur Erik BOQUET Page 6 23/09/2007 _ mettre au repos immédiat (afin d éviter l évolution vers une lésion plus grave), _ limiter l inflammation par le froid, Le traitement consistera en une contention d au moins 8 jours suivie d une kinésithérapie. L arrêt d activité sportive sera de 1 mois. 4D LES CLAQUAGES Il s agit d une déchirure partielle plus ou moins importante d un muscle. Le diagnostic est le plus souvent facile : _ absence de traumatisme franc, _ apparition brutale au cours d un mouvement d une violente douleur en regard de la zone musculaire déchirée, douleur permanente, _ absence de déformation, _ absence de tuméfaction, _ impotence fonctionnelle totale. _ mettre au repos immédiat (afin d éviter l évolution vers une lésion plus grave), _ limiter l inflammation par le froid, Le traitement consistera en une contention pendant 15 jours suivie d une rééducation. L arrêt d activité sportive sera de 30 à 45 jours. 4E LES RUPTURES Il s agit d une déchirure totale d un muscle. Le diagnostic est le même que pour un claquage avec en plus l apparition d une modification du galbe musculaire dans lequel apparaît une dépression (qui peut cependant être masquée initialement par l hématome). Il sera confirmé par l échographie. _ mettre au repos, _ limiter l inflammation et l hématome par le froid, Le traitement est souvent chirurgical chez les sujets jeunes et sportifs.
Docteur Erik BOQUET Page 7 23/09/2007 4F FACTEURS FAVORISANTS Ces lésions apparaissent d autant plus facilement que certains facteurs sont présents : _ absence d échauffement, _ surentraînement, _ manque de sommeil, _ certaines maladies, _ produits dopants, _ facteurs climatiques (froid, humidité) 4G PREVENTION Elle passe par la rigueur : _ échauffement général et local sérieux, _ progression des efforts (plan d entraînement), _ hydratation systématique, _ étirements spécifiques de la musculature, _ vêtements en fonction des conditions climatiques Et aussi par la patience indispensable si malheureusement l accident a eu lieu : bonne guérison fait mauvais ménage avec précipitation. Gare à la récidive!
Docteur Erik BOQUET Page 8 23/09/2007 REFERENCES : Livre : Médecine du sport (E. Brunet-Guedj, B. Moyen et J. Généty chez Masson 1995)