ROLE DES MEDIAS DANS LA PERSPECTIVE DU DEVELOPPEMENT DURABLE



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ROLE DES MEDIAS DANS LA PERSPECTIVE DU DEVELOPPEMENT DURABLE Les médias sont un moyen puissant d orienter le choix des consommateurs et les styles de vie, en particulier chez les jeunes. Par conséquent, les medias ont incontestablement un rôle fondamental à jouer dans la promotion du développement durable au sein de nos sociétés. Cependant, force est de constater que le sensationnalisme demeure trop souvent prépondérant en leur sein, et le développement durable est d ordinaire illustré par les médias à travers des images de catastrophes naturelles. De plus, les informations délivrées par les medias tendent à se focaliser sur des évènements ponctuels, au lieu de suivre les enjeux à long terme et les tendances lourdes. Ces biais font que, pour les médias, le développement durable demeure un sujet difficile à couvrir. Enfin, les médias doivent faire preuve d imagination afin de donner au développement durable un aspect concret et réel en traitant de sujets liés aux problèmes qui touchent la vie quotidienne des gens EXPOSES : «Le Développement Durable, sujet pour un «autre» journalisme» Le Dr. Jacques Mirenowicz, Rédacteur responsable de La Revue Durable a ouvert cette séance en faisant un bref exposé dans lequel il a rappelé les obstacles qui font du développement durable un sujet difficile à traiter par les médias : c est un sujet lointain qui demande un changement de pratique, de style de vie qui permette de sortir du modèle dominant actuel qui écrase l actualité. «ISAS BC 9001 : Universal quality management standart for broadcasters and internet producers» Le Prof. Louis Balme, Vice-président de la Fondation Media et Société, professeur à l'institut national polytechnique de Grenoble et spécialiste international en management de la qualité, a ensuite présenté un cadre de standardisation pour les médias. résumé 161

TABLE RONDE «JOURNALISME ET DEVELOPPEMENT DURABLE» 1 Modérateur : Massimo Lorenzi, Journaliste-Producteur Tsr photo Viola Krebs (ICV) Avec la participation de : M. Gérard Tschopp, Directeur de la RSR, M. Pierre-André Léchot, Directeur de Canal Alpha, Mme Eve Siegenthaler, Cheffe du service Environnement-Info, M. Michel Chevrolet, Directeur de Léman Bleu, M. Christian Campiche, Chef rubrique économique, La liberté, M. Daniel Monnat, rédacteur en chef des magazines de l information, TSR. Texte envoyé par M. Suren Erkmann (excusé), Fondateur et Directeur de l Institut pour la Communication et l Analyse des Sciences et des Technologies (ICAST) La problématique du développement durable (DD) constitue un défi majeur pour le monde des médias, sur trois plans: 1) Pour intégrer le DD dans la conduite opérationnelle des entreprises de presse (impression, papier, informatique, etc.). 2) Pour intégrer le DD dans la pratique concrète du métier de journaliste (voyages, etc.) 3) Pour intégrer le DD dans la ligne et le contenu rédactionnel des médias. Constat n 1: les entreprises de presse (journalist es, imprimeurs, informaticiens, etc.) représentent l un des secteurs d activité économique les plus éloignés du DD, dans leur pratique comme sur le plan conceptuel (la plupart des journalistes ne se sentent pas directement concernés, sous prétexte qu ils produisent de l information immatérielle). Constat n 2: en dépit des déclarations de bonnes i ntentions, force est de reconnaître que les médias, de manière générale, contribuent aujourd hui massivement et ouvertement au développement NON durable. La prise en compte du DD suppose donc une remise en cause et des changements majeurs au sein des entreprises de presse, aussi bien sur le plan organisationnel que culturel. L intervention esquissera quelques pistes susceptibles d orienter une entreprise de presse désireuse de s engager dans la voie du DD. résumé DEBAT : Gérard Tschopp : il est réducteur de ramener l information à l actualité stricte. Le travail des médias va au-delà. A la radio, magazines et sujets en rapport avec le DD sont grandement développés, mais c est un service public et elle n a donc pas un rôle messianique. Les médias font appel à la capacité de vulgarisation de la part des 1 Ce texte a été lu par M. Massimo Lorenzi, modérateur de la table ronde, afin de lancer le débat. 162

journalistes et des personnes qui interviennent. Les acteurs du DD devraient trouver un moyen de rentrer davantage dans les médias et de vulgariser plus afin de pouvoir transmettre leur message. L appui sur l actualité est souvent utile mais c est aux acteurs même de prendre l initiative pour aller au-delà de la simple information d actualité. Le recul des glaciers en Suisse et la canicule de l été 2003 sont deux exemples d occasions à prendre pour expliquer de manière plus large certains éléménts importants. Daniel Monnat explique qu il doit faire face à une contradiction entre d un côté la concurrence et le besoin de séduction du public et, de l autre, la tradition humaniste des magazines de la TSR. Tout le monde est pour le DD mais il y a une ambiguïté dans le rôle que l on prétend aux médias et qui reflète une contradiction de la société. Michel Chevrolet trouve que l on est sévère dans les analyses faites. Les journalistes sont les premiers intéressés par toutes les thématiques du DD. Pierre-André Léchot : quelles sont les attentes du public? Comment donner des outils au public pour consommer différemment les médias? Il faut donner des outils critiques aux personnes pour pouvoir sortir d un traitement de l image au jour le jour. Il faudrait habituer le public à un nouveau style de média par le biais d une éducation aux médias. Christian Campiche : Il existe de bonnes émissions mais il faut faire attention à ne pas en faire des alibis. Il y a un besoin d apporter un suivi sur des grands thèmes. Un exemple : quand le prestige échoue, on ne donne pas de suite alors qu il faudrait justement faire une pression de tous les jours.. Eve Siegenthaler rappelle que c est lors des conférences de presse directement liées au DD qu il y a le moins de journalistes présents. Pour Mirenowicz, on ne perçoit pas assez que l on va droit dans le mur car le mode de développement actuel n est pas durable. La presse n est pas le mouton noir de la société mais elle est le reflet d une société qui n est pas durable. Ce qui domine dans les médias : le téléjournal. Et là, il y a une ligne éditoriale forte qui va dans le sens du développement non durable. Louis Balme : qui fixe l agenda? C est une illusion de croire que médias grand public fixent eux-même leur agenda. S interroge sur la possibilité de dégager des scientifiques/politiciens capables de communiquer sur les questions de DD. Faut-il appliquer même type de formation aux journalistes que celle qui existe pour les ingénieurs? résumé Daniel Monnat : journalistes n ont pas besoin d être des spécialistes. Ils sont le pont entre le public et le sujet. Leur approche de non spécialiste peut ainsi être plus proche des questions que le public se pose. Massimo Lorenzi rappelle le fonctionnement du TJ où le temps est passé à écoper les arrivées permanentes de dépêches d agence. Seules grandes rédactions ont moyen d avoir des gens capables de prendre du recul mais il y a aussi loi de l hyperconformisme qui domine. 163

«LE DÉVELOPPEMENT DURABLE, SUJET POUR UN «AUTRE» JOURNALISME» cadre de l intervention du Prof. Jacques Mirenowicz Rédacteur responsable de La Revue Durable Le développement durable, un sujet abstrait Le développement durable se prête mal au journalisme généraliste classique. Compliqué, abstrait, difficile à cerner, il échappe à sa pratique courante. Mais cette difficulté immédiate ne résume pas le problème de sa relative absence dans les médias ou de la place très subalterne qu ils lui réservent. Car il est facile de contourner l obstacle. Et c est précisément une partie du rôle des journalistes que de rendre attirant les sujets les plus ardus et les plus arides. Les meilleurs d entre eux savent très bien le faire. En réalité, deux obstacles plus profonds barrent la route des médias classiques au développement durable. Un sujet lointain Le problème fondamental, c est que le développement durable concerne l avenir. Or, le journalisme s occupe avant tout de ce qui a lieu maintenant, en ce moment même : «Je viens de recevoir une dépêche», «on m annonce à l instant que» Ce qui s est passé hier soir garde de l intérêt, de même que la réunion qui aura lieu demain matin, mais c est avant tout aujourd hui qui importe. Ainsi, les journalismes s intéressent-ils ô combien aux catastrophes, mais pas tant à celles qui pourraient frapper en 2050. Il y en a d ailleurs bien assez aujourd hui pour que le chômage ne les guette pas : il suffit de penser au tsunami qui vient de frapper l Asie. Et ce n est là que la dernière en date d une interminable série. La mission du journaliste n est pas d anticiper. Elle est de rapporter ce qui se passe lorsque cela se passe. En Inde, les journalistes ont joué un rôle très actif dans l amélioration de la qualité de l air à Delhi, devenu irrespirable. Mais comme chacun le sait aujourd hui, ce pays qui possède l arme nucléaire ne dispose pas de système d alerte au tsunami. Qu il soit permis de douter de l intensité des mises en garde à l égard de cette lacune dans les médias indiens avant le 26 décembre 2004. Un sujet loin des préoccupations quotidiennes Le deuxième obstacle majeur à la présence centrale du développement durable dans les médias courants est encore plus évident : comment les médias, qui sont le miroir des choix de sociétés qui dominent, pourraient-ils mettre en avant ce thème autrement qu à la marge alors que la mise en route d un authentique développement durable impose de revoir les manières de faire actuelles? Comment un journaliste sans cesse en train de courir après la «dernière dépêche» aurait-il le temps, l occasion, le souhait de faire un pas de côté pour réfléchir en profondeur à la destinée non durable de l humanité? Là n est ni sa tâche, ni sa vocation. Il n a pas choisi ce métier pour cela. Réfléchir à la durabilité nécessite le contraire de ce qui guide la quête quotidienne du journaliste, cette volonté de se laisser constamment emporté par l actualité. Il y a une logique profonde à ce que les médias n évoquent le développement durable qu à la marge. 164

Pour un autre journalisme, complémentaire L aptitude du développement durable à générer l intérêt et l enthousiasme nécessaires à sa concrétisation passe néanmoins par l information. Une information solide, sérieuse, riche. Avec pour la transmettre des médiateurs. Et sans doute aussi d «autres» lieux médiatiques, complémentaires des médias généralistes classiques. Leur objectif serait de rendre le développement durable attirant pour motiver un public significatif, d en faire un sujet mobilisateur, auquel les gens pourraient croire, générant ainsi l élan nécessaire pour en faire, à terme, un sujet aussi pour les médias courants. LaRevueDurable a pour vocation d être un tel lieu. Son rythme de parution, bimestriel, lui permet de prendre du recul, de lire l actualité à la lumière de dossiers approfondis, par exemple sur la souveraineté alimentaire, l éducation, l énergie, l emploi ou la consommation. Les sources d informations de LaRevueDurable sont moins les dépêches d agences que des rapports, études ou articles émanant des administrations, du milieu académique et des associations qui se projettent dans l avenir. L idée phare est aussi d identifier partout où elles existent des actions exemplaires, sources d inspiration pour tous ceux qui cherchent à rendre l avenir humainement viable. «ISAS BC 9001: UNIVERSAL QUALITY MANAGEMENT STANDARD FOR BROADCASTERS AND INTERNET PRODUCER» Cadre de l intervention de M. Guillaume Chenevière (excusé) et Dr. Louis Balme M. Guillaume Chenevière : Directeur de la Fondation Media et Societe, ancien Directeur de la TSR Dr. Louis Balme : Vice-président de la Fondation Media et Société, professeur à l'institut national polytechnique de Grenoble et spécialiste international en management de la qualité Summary The essential role of electronic media in social development and democracy is widely recognized, but political and economic powers often hamper their most important service to society, which is to give a faithful representation of the world, to induce citizens participation in political decisions, and to create an open space for democratic debate. Independence and accuracy of information, quality and creativity of programmes are key to the mission of radio and television, the most influential media, and it is not acceptable to see them reduced either to propaganda outlets or to entertainment carriers without content To assist broadcasters in resisting outside pressures and serving society efficiently, a group of prominent Swiss media professionals have introduced a universal quality management standard, ISAS BC 9001, specially designed for broadcasters and internet content providers. This tool to generate trust a definition coined by a television CEO will give the public an internationally recognized guarantee that the content he watches or listens to has been produced in accordance with a world standard of good governance within the 165

media. Media themselves, by submitting their internal quality processes to a neutral, independent, professional control, will increase their credibility for a larger audience. All over the world, people use the same criteria to measure the quality of their media. In comparing the editorial charters of various broadcasters on five continents, the Commonwealth Broadcasting Association observed very little difference between broadcasters, although there are big differences between the societies to which they are broadcasting. A research conducted by the World Radio and Television Council reached the same conclusion : everywhere around the globe, professionals, experts, and listeners-viewers judge radio and television from the point of view of their contribution to social development and democracy and use identical criteria, such as quality and accuracy of information, innovation and creativity, editorial independence, management transparency, promotion and respect of ethical and professional standards. This is the basis upon which the Media and Society Foundation, a Geneva-based nonprofit institution created by media professionals, has launched an international quality media management standard, ISAS BC 9001. ISAS BC 9001 is an adaptation of ISO 9001, the world reference for quality management systems, which, in the last ten years, has been adopted by 550.000 companies, both public and private, in 160 countries. ISAS BC 9001 measures how radios, televisions and internet content providers meet the ISO 9001 criteria of good management, while at the same time meeting specific media quality criteria, which are universally recognized. ISAS BC 9001 sets clear, measurable objectives. Broadcasters who agree with them can request their certification through independent auditors and, if meeting the standard s criteria, obtain from the Media and Society Foundation a certificate of conformity, valid for three years, under provision of yearly checks. The certification process, conducted on a purely voluntary basis, is entrusted to private companies operating under the control and moral authority of the Media and Society Foundation. ISAS BC 9001 does not certify the content of media, i.e. the quality of a given information or entertainment programme, but the production process which results in such a programme. The public thus knows that the programme it watches or listens to has been produced according to strict rules of independence, transparency and professional ethics. This is a clear advantage for listeners and viewers, as well as for journalists and producers, who will find professional support in the standard s implementation. Broadcasting companies themselves, both public and private, will also gain from its implementation : in order to be certified, they will review their management processes from the ISO perspective, mixing ethical requirements, audience satisfaction and economic rationality. This approach will bring them new opportunities for improved management and market development. An ISO type quality standard allows professionals from all over the world to support each other in the defence of the professional quality they are striving for, while meeting at the same time the economic imperatives which none of them can avoid. ISAS BC 9001 is a concrete answer to the weakening of professional standards in radio and television. Favouring good governance and transparency within the media 166

themselves, it helps them to contribute more efficiently to good governance and democratic debate within the societies they are serving. Why certify the quality management of broadcasters? Information is a basic human right no less than water, food, health or free speech; it is essential to social development and democracy. Media -particularly radio and television, being the main source of information of most people around the globe - have a special responsibility to ensure that this right is fully enjoyed in the 21 st century. Specifically, they must: - Disseminate accurate information and knowledge as widely as possible - Offer a lively social and political debate at the local, national and global levels The World Electronic Media Forum (www.wemfmedia.org), which gathered radio and television executives from 122 countries in Geneva last December, during the UN World Summit on the Information Society, highlighted both this central task and the many obstacles, political as well as economical, which makes it increasingly difficult to fulfil. It is thus essential for media professionals to establish and promote universal quality standards of their trade. To meet this challenge, the independent, Swiss-based Media and Society Foundation has created a voluntary certification process, presented in world premiere at the Forum. Through this process, broadcasters who want to improve their quality and image while demonstrating a commitment to social development and democracy will be able to submit their efforts to an independent, neutral audit. The Media and Society Foundation cooperated with two other organizations to develop this new international standard for broadcasting: the Canadian-based, not-for-profit World Radio and Television Council (www.wrtvc.org), and ISAS (www.isasgroup.com), a private standardization and accreditation body. The result is ISAS BC 9001, dedicated to radio, television and Internet broadcasting. ISAS BC 9001 was adapted from the well-known ISO 9001 standard, which in less than 10 years has succeeded in certifying 550,000 companies, both public and private, in 160 countries, and which is now recognized as the world reference for management systems. 167

Figure 1: Evolution of ISO 9000 Certification scheme Source ISO Organization Geneva In addition of being ISO 9001 compliant, ISAS BC 9001 will focus on broadcasting companies, measuring the degree to which they meet the following criteria: - Satisfaction of viewers-listeners - Quality and accuracy of information - Quality and diversity of other types of programming - Innovation and creativity - Independence and transparency of management - Promotion and respect for ethical rules - Representation of national minorities - Universal access - Social relevance For each of these criteria ISAS BC 9001 sets specific objectives. Any broadcast organization that aims to meet these standards may apply to be audited by independent, 168

accredited professionals. Following a successful audit, Media & Society Foundation will deliver a Conformity Certificate valid for three years, with an annual conformity check. The origins of ISAS BC 9001 The decision to create this standard is a consequence of the WRTVC strategic plan of November 2001. Taken over in 2002 by the Media & Society Foundation in Geneva and with the financial support of the Hoso Bunka Foundation intokyo, Unesco, Office Fédéral de la Communication (OFCOM) and the Swiss Agency for Development and Cooperation (SDC) in Bern the ISAS BC 9001 standard is based on best practices in the world broadcasting industry. A survey has been conducted in five countries (Canada, Columbia, India, South Africa and Switzerland); three working groups in each country answered the following question: What should be the evaluation criteria of the electronic media (Radio, TV and Internet) in terms of contents, structure and infrastructure in their contribution to social development and democracy. Group 1: The Providers (Radio and TV operators and professionals) Group 2: The Users (representatives of the audience) Group 3: The Experts (non-providers renowned for their expertise in this field such as regulators, journalists of the written press, philosophers, sociologists, etc.). Specifics of the broadcasting industry In order to satisfy the needs and expectations of all concerned stakeholders, a lot of requirements specific to the broadcasting industry, found relevant in the five countries selected in the survey and completed by the Technical Committee, have been introduced in the standard such as: Independence & Transparency Ethics & Policies Proximity to Cultural Identities Audience Satisfaction Accessibility to the Media Innovation and Creation Other topics have also been found significant such as: Quality of Information Social Relevance Quality of Contents Diversity of Contents Citizen Empowerment Educative Mission Participation & Interactivity Pluralism 169

Opening to the World Competence of Broadcaster Staff Corporate Social Investment Religion Programs Scheduling Quality of Equipment Figure 2 below shows the complexity of the broadcasting industry. It shows an ideal representation of the main stakeholders involved in the broadcasting industry with their interactions sorted in three categories: 1- Financial flows (in green) 2- Power flows (in blue) 3- Feed-back loops (in red) POLITICAL POWER / POUVOIR POLITIQUE CIVIL SOCIETY/ SOCIETE CIVILE GOVERNMENT/ GOUVERNEMENT Taxes NATIONAL REGULATION AUTHORITY/ AUTORITE NATIONALE DE REGULATION ADVERTISERS / ANNONCEURS Publicity / Publicité Subscriptions / Abonnements BROADCASTER / RADIODIFFUSEUR LISTENERS / VIEWERS AUDITEURS / TELESPECTATEURS Financing / Financement Audience feedback loop / Boucle de rétroaction audience Figure 2: specifics of broadcasting industry The reality in many countries often differs from this ideal representation. The main divergences with this ideal model are: 1- A strong dependency of the broadcasters from government, which represents a significant, often dominant source of financing and can exert pressure through legal and political measures, as well as through direct intervention. 170

2- A strong dependency of the broadcasters from the advertisers, which represent the other major source of financing, dominant in the private broadcasting industry. 3- A weak consideration for audience satisfaction which is at the moment essentially measured in terms of quantity according to the rule: a good program is a program watched or listened by the biggest audience. From a general point of view, the feedback loops coming from the audience and citizens have a weak influence on the strategy of the broadcasters. 4- On the contrary, other non-official feed-back loops not shown on the diagram, such as the one from the advertisers and/or media owners to the Government are strongly influential. ISAS BC 9001 standard has the ambition to help broadcasters and all associated stakeholders to comply with this balanced representation of the business. The benefits for broadcasters? The main benefits of any ISO certification is a stronger, better managed organization: more responsive to customers, more capable of delivering quality, more reactive to change and in the long run more likely to prosper. The benefits specific to broadcasting include: - Greater credibility with viewers, listeners thus advertisers - Higher efficiency of investments in content - Cost saving in production process - Better access to sources of information - The ability to attract and motivate high-quality journalists - Independent recognition of the contribution to social development and democracy How to proceed? The first step is the evaluation of present management systems, viewed from three separate and complementary angles: - Efficiency and performance, focussing on the costs of quality - Perceptions of the management system by personnel, customers, suppliers and other stakeholders - The specific criteria of the ISAS BC 9001 standard mentioned above On the basis of this evaluation, companies will be given detailed recommendations for improvement that should be implemented to meet the requirements of ISAS BC 9001. All details of the certification process are available on www.certimedia.org Some testimonials on the benefits of Quality Management Reuters, Geneva We wanted our quality system to give us a clear vision of our systems and procedures. The quality process allowed us to present our objectives more clearly and to follow them up through quality circles. 171

Denis HURON, Director General Source Challenge Optimum S.A., Geneva Teleantioquia, Columbia ISO 9001-2000 certification is the start of a permanent process of internal organizational self-evaluation. To become certified is to join the culture through a process and to strengthen our teamwork. It is a tool to generate trust, a letter of introduction and a way to say to our clients that we are part of a nation that seeks efficiency and wants to offer the best of public television to our television audience, our sponsors, and our contractors. It is the challenge of continuous improvement. Ana Cristina Navarro, Manager of Teleantioquia, the first regional television channel that obtained the ISO certificate Source Media & Society Foundation, Geneva Canal 11, Mexico With 750 employees and 5000 hours of production per annum, Canal 11 is the first channel of public television of Mexico. We decided to improve quality of our internal processes and to obtain certification ISO 9001 as of the year 2002. This step deeply transformed the culture of the company: the satisfaction of our collaborators thus passed from 17% to more than 90% today. The same phenomenon was noted for the satisfaction of our televiewers. Today we have decided to go even further with the certification ISAS BC 9001. Julio Di Bella, General Manager Canal 11 Source Media & Society Foundation, Geneva «LE RÔLE DE LA TELEVISION LOCALE» cadre de l intervention de M. Pierre- André Léchot Journaliste RP, titulaire d'un Master of Arts en religion avec spécialisation média, a appris les métiers de la télévision par la pratique au sein d'une société de production et d'une TV locale. Depuis 2001 il dirige avec 2 collègues la télévision de proximité Canal Alpha dans le canton de Neuchâtel et développe un secteur de formation actif notamment dans le domaine de l'éducation aux médias: www.canalalpha.ch/formation. La télévision demeure le média dominant dans la vie des Européens qui lui consacrent en moyenne 3h33' chaque jour (Médiamétrie, Eurodata TV 2004). Le petit écran alimente bien des sujets de conversations, fixant l'agenda de thèmes dont on parle. Trop souvent la TV est consommée de façon passive, et, faute d'une éducation au média télévisuel offerte de façon équitable à tous, nombre de personnes peinent à distinguer les valeurs sous-jacentes, à différencier commentaire et rapport de faits, à questionner les choix de sujets ou d'interviews et la hiérarchisation proposée. 172

Canal Alpha, télévision de service public de proximité dans le canton de Neuchâtel, veut oeuvrer dans le sens du développement durable sur deux plans: 1) en fournissant aux habitant d'un canton de l'arc jurassien un média indépendant, porté par des gens du terroir qui entendent contribuer de façon constructive au développement de leur région en donnant la parole au plus grand nombre; 2) en contribuant à une éducation au média télévisuel dynamique et participative, à travers des visites interactives, des émissions spéciales avec des classes d'écoles et diverses formes de dialogues avec parents, enseignants et autres citoyens. 1. Apport original d'une TV de proximité. Ainsi que le relève le ministère de la culture et de la communication français dans son rapport de mai 2003 "Quelles perspectives de développement pour les télévisions locales?" les télévisions de proximité ont "vocation à constituer un forum de la citoyenneté et un espace d'interactivité" et contribuent ainsi à "l'essor d'une véritable démocratie de proximité". Une télévision de proximité peut donner plus de temps aux intervenants, étant moins tributaire de l'instantanéité et de contraintes de rentabilité financière que les grands médias. La TV régionale offre aussi un miroir approprié pour que chaque citoyen se sente participant au développement de quelque chose qui le concerne de près. Au contraire des grands médias, la télévision de proximité invite concrètement à l'action dans la durée, puisque les lieux, les gens et les problématiques abordées sur le petit écran sont atteignables dans le réel, géographiquement, physiquement. 2. Pour une éducation au média télévisuel renouvelée. Canal Alpha accueille de nombreux groupes qui visitent les locaux, visionnent et décortiquent quelques publicités TV, expérimentent l'usage d'un téléprompteur et prennent connaissance des contraintes du métier de journaliste reporter image (matériel, temps à disposition, cadre d'un journal télévisé). Chaque visiteur ressort avec une appréhension enrichie de tout ce qui préside aux choix et à la construction des émissions diffusées sur le petit écran. Pour éviter que les téléspectateurs ne consomment clichés et stéréotypes sans les remettre en question, pour susciter plus de réactions et de participation du public au développement des médias, il faut que les professionnels des médias s'engagent en faveur d'un dialogue actualisé avec leur public. A Séville en février 2002 l'unesco a souligné, à la suite de la Conférence de Vienne en 1999, l'importance de l'éducation au média, qui "fait partie du droit fondamental de tout citoyen, dans tout pays du monde, de la liberté d'expression et du droit à l'information" et qui "contribue à établir et maintenir la démocratie". La recommandation préconise que l'éducation aux médias soit proposée partout où cela est possible. 173

Aux yeux de Canal Alpha, une télévision de service public de proximité a le devoir d'oeuvrer dans le secteur de l'éducation aux médias en accueillant gratuitement des visites, et en proposant des outils pratiques pour analyser les émissions TV, prendre du recul, commenter, critiquer et contribuer ainsi au développement de médias de meilleure qualité tout en oeuvrant dans le réel pour le mieux être social de ses concitoyens. Des exemples concrets d'éducation au média télévisuel développés au sein d'une TV de proximité peuvent être considérés sur www.canalalpha.ch/ formation. Pour tout contact: Pierre-André Léchot, Canal Alpha, Rochettes 3, 2016 Cortaillod, tél 032 842 22 56, pal@canalalpha.ch. «SERVICE ENVIRONNEMENT-INFO» Cadre de l intervention de Mme Eve Siegenthaler Chef du service Environnement-Info, au département de l intérieur, de l agriculture et de l environnement de l Etat de Genève Environnement-Info est le service de l'etat de Genève chargé de l'information sur la protection de l'environnement. Il communique sur les thématiques de l'air, de l'air intérieur, du bruit, des déchets, de l'eau, de l écologie au travail, de l'énergie, de la mobilité et des rayonnements non ionisants, et ponctuellement du développement durable. Il offre un service de renseignements (022.327.47.11), un centre de documentation et un site Internet (www.geneve.ch/environnement-info). Il publie de nombreux documents destinés aussi bien aux particuliers qu'aux professionnels, dans le but d'améliorer les connaissances sur l environnement et d initier de nouveaux comportements (tri des déchets, maîtrise de l énergie, réflexion à l achat, etc.). Il organise également d'importantes campagnes de communication ("Précieux le tri", "Pollution + soleil = ozone", "La mobilité douce, ça marche pour tous"). Très attentif à produire du matériel d'information à l'intention des écoles, il est à la base de nombreux dossiers pédagogiques et dessins animés ("Amour et poubelles", "Voyage au bout de l'eau", "Le Concert", "Les envahisseurs", "L'homme mobile") et propose des animations dans les classes ainsi que des expositions itinérantes sur différents sujets (déchets, eau, énergie ). Impliqué dans l'information sur le développement durable depuis l'adoption de l'agenda 21 par le Grand Conseil genevois en 2001, l'équipe d'environnement-info s'est heurtée à de nombreuses reprises aux difficultés d'informer sur ce thème. Trop dense? Trop abstrait? Trop complexe? Un exemple : La conférence de presse organisée pour présenter le guide du développement durable aux PME, documents qui fait référence aujourd'hui, n'a attiré qu un journaliste de la presse écrite, contre une demi-douzaine pour une conférence de presse sur un thème environnemental ordinaire. Paradoxalement, les médias seraient pourtant les relais idéaux pour traduire en information concrète et simple les enjeux du développement durable. Le service cantonal du développement durable, comme Environnement-Info, sont prêts à entamer le dialogue pour trouver des voies de collaboration! 174