Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes?



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Transcription:

1 Numéro 200, juin 2013 Détention des crédits : que nous enseignent les évolutions récentes? I) Un taux de détention en baisse La détention au plus bas historique A la fin de l année 2012, seulement 48,6% des ménages français étaient endettés, soit près d un point de moins que l année précédente. C est donc, globalement, la troisième année consécutive que moins d un ménage sur deux est endetté en France. Les taux de détention des crédits immobiliers et de trésorerie, 31,4% et 27,6% respectivement, ont connu des évolutions contrastées. La détention des crédits immobiliers a progressé au cours des dernières années, à l inverse de celle des crédits de trésorerie. car le nombre de nouveaux détenteurs a baissé tout comme celui des ménages endettés La baisse de la détention des crédits s explique par un flux et un stock, tous deux orientés dans la même direction. S agissant du flux, c est-à-dire du nombre de nouvelles souscriptions, il est en diminution depuis cinq ans. En 2008, 9,9 millions de crédits avaient été souscrits. En 2012, ce nombre est tombé à 8,5 millions, soit une baisse de 13,9%. Il n y a guère qu en 2010 qu un léger rebond s est produit. Ce phénomène de retrait a concerné aussi bien les crédits immobiliers que les crédits à la consommation. Les premiers ont reculé de 18,9% entre 2008 et 2012 alors que les seconds ont diminué de 12,5% sur la même période. Concernant les stocks, ils sont, eux aussi, à la baisse. En 2008, 14,1 millions de ménages étaient endettés. Fin 2012, le nombre de ménages endettés ne

se situait plus qu à 13,7 millions, soit un recul de 2,5%. A l instar de l ensemble des crédits, le nombre de ménages endettés au titre des crédits à la consommation a diminué de 14% entre 2008 et 2012. A l inverse, le nombre de ménages endettés au titre de l immobilier a progressé de 6%. Ces évolutions contrastées s expliquent par la nature de chacun de ces crédits. Les crédits à la consommation sont essentiellement à court terme. En France, ces crédits ont une durée moyenne à la souscription estimée entre 18 et 24 mois. Il n y a pas (ou alors peu) de remboursements anticipés, de sorte que la durée à la souscription est aussi la durée effective puisque l évolution des stocks suit de peu celle des flux. Quant aux crédits immobiliers, ils sont à long terme et le phénomène d allongement de la durée moyenne d un crédit qui s est produit du début des années 2000 à 2008 joue en faveur de la progression du stock de ménages endettés. Il limite en particulier le flux sortant de ménages ayant remboursé leur capital. ce qui n a pas empêché un alourdissement de l endettement des ménages Pourtant, la baisse de la détention des crédits ne s est pas traduite par un ralentissement de l endettement des ménages. Au contraire, le taux d endettement ou le rapport entre l encours de crédits et le revenu disponible des ménages au cours de l année, a explosé. Le basculement s est produit au cours de la première moitié des années 2000. En 2003, le taux d endettement des ménages, notamment du fait de la crise immobilière des années 90, est revenu à son niveau de 1990. Il a ensuite crû sans interruption. Entre 2003 et 2008, la croissance du taux d endettement des ménages a été trois fois plus importante qu au cours du quinquennat précédent. Pendant la dernière décennie, le taux d endettement global des ménages est passé de record en record : 55,5% en 2003 ; 73,7% en 2008 et 82,8% en 2012. Le taux d endettement immobilier, de 37% en 2003, a atteint 55,6% en 2008, puis 65% en 2012. Il n y a donc que le taux d endettement de trésorerie qui a stagné au cours de la dernière décennie. Parmi les explications de la hausse du taux d endettement immobilier figurent les prix immobiliers, la baisse du taux d apport personnel et l allongement de la durée des crédits. En 2012, et malgré une cinquième année de crise 2

économique, les prix au m² de l immobilier résidentiel en France n ont jamais été aussi hauts. L épisode de baisse, observé entre 2008 et 2009, a très vite été effacé par la progression des prix les années suivantes. Le frémissement observé depuis le troisième trimestre 2012 ne s est pas encore traduit par une baisse significative des prix. S agissant de l apport personnel, l enquête annuelle de l Autorité de Contrôle Prudentiel (ACP) a montré que celui-ci, hors investisseurs locatifs, a atteint un maximum en 2008, à 25,7%. Il a régulièrement diminué pour se situer à 18,2% en 2011 (dernière donnée disponible). Quant à la durée des prêts, si elle est en baisse au cours des dernières années, la tendance de long terme reste à la hausse. A titre d illustration, la durée moyenne du prêt principal à la souscription était de 15,4 ans en 2003. Elle est passé à 19,3 ans en 2008 avant de reculer jusqu à 18,6 ans en 2011. La durée effective du prêt principal a elle aussi augmenté selon l ACP, passant de 9,6 ans en 2005 à 10,9 ans en 2008, puis 11 ans en 2011. Cet allongement tendanciel de la durée des prêts fait que l encours est essentiellement constitué de crédits récents. Ainsi, sur un encours total de 870 milliards d en 2012, les crédits récents (cinq dernières années), pèsent pour 68,7%. II-) du fait du recul des crédits de trésorerie La détention des crédits de trésorerie a pesé sur l ensemble de la détention La détention des crédits de trésorerie a connu une réelle érosion au cours des dernières années. Entre 2008 et 2012, le taux de détention des crédits de trésorerie a reculé de plus de 5 points de pourcentage, passant de 33,8% des ménages à 27,6%. Comme précédemment, les effets négatifs des flux alimentent dans le même sens les stocks. A titre d illustration, en 2008, 7,7 millions de nouvelles souscriptions de crédits à la consommation étaient observées. En 2012, ce sont 6,7 millions de nouveaux détenteurs, soit un million de moins qu il y a cinq ans. Au cours de ces cinq dernières années, le nombre de nouveaux détenteurs a baissé sur quatre ans. En matière de stocks, il faut noter que le nombre de ménages détenteurs des seuls crédits de trésorerie a continuellement baissé, passant de 5,7 millions en 2008 à 4,9 millions en 2012. De plus, le nombre de ménages détenant à la fois un crédit à la consommation et un crédit immobilier a franchement baissé depuis 2008, passant de 3,4 millions de ménages à cette date à 2,9 millions en 2012. 3

avec un recul de la détention quelle que soit la commune de résidence Le recul de la détention des crédits de trésorerie s observe dans toutes les communes. En effet, l enquête de l Observatoire des crédits aux ménages réalise un découpage du territoire en communes rurales, communes de 2 à 20 000 habitants, communes de 20 à 100 000 habitants, communes de plus de 100 000 habitants hors agglomération parisienne et agglomération parisienne. Dans chacun de ces territoires, la détention des crédits de trésorerie a reculé. A titre d exemple, dans les communes rurales, le taux de détention est passé de 38,2% des ménages en 2008 à 29,7% en 2012. Il a donc perdu près de dix points. Le taux de détention des crédits de trésorerie est descendu en dessous de son niveau de 1997. Or, les années 90 sont celles de la montée en puissance de la détention des crédits de trésorerie dans les zones rurales. Avec la persistance de la crise économique, les ménages ruraux, comme les autres d ailleurs, semblent privilégier une utilisation de fonds propres pour consommer. C est probablement aussi l une des raisons du ralentissement de la consommation. 4

et l âge du détenteur La baisse de la détention des crédits de trésorerie a aussi concerné toutes les classes d âge. Chez les plus de 65 ans par exemple, le taux de détention des crédits de trésorerie est passé de 20,7% en 2008 à 18,2% en 2012. Chez les 25-34 ans, le recul est plus important. Le taux de détention est ainsi passé, de façon non linéaire, de 41,3% en 2008 à 33,2% en 2012. Le recul est plus impressionnant encore chez les 35-44 ans et les 45-54 ans. Chez les premiers, le taux de détention a perdu plus de dix points au cours des cinq dernières années, passant de 42,9% à 31,2%. Chez les deuxièmes, le taux de détention est passé de 42,8% à 32,6%. Il n y a guère que dans la tranche 55-64 ans qu il y a eu résistance, le taux de détention passant de 29% en 2008 à 28,4% en 2012. Deux facteurs essentiels figurent parmi les principales explications du recul de la détention des crédits de trésorerie. En premier lieu, il s agit de la transformation des usages des crédits de trésorerie. Traditionnellement, ces crédits servaient à financer les biens durables, automobiles et assimilés, mais aussi les biens d équipement du logement. Cela semble moins vrai aujourd hui. En 2009 par exemple, la part des crédits de trésorerie destinés à financer une automobile ou une moto était de 57,4%. En 2012 et, malgré une évolution non linéaire, elle atteignait 54%. De même, la proportion de crédits destinés à financer un bien d équipement de la maison avait atteint 23,3% en 2009. Elle est descendue à 20,9% en 2011 avant de rebondir en 2012. Dans le même temps, les crédits de trésorerie servent de plus en plus à financer les dépenses jadis exclues de son champ : consommation courante, impôts, vacances et loisirs. Le taux de détention des crédits destinés à financer les dépenses de loisirs est par exemple passé de 2,9% en 2010 à 3,6% en 2012. En deuxième lieu, on assiste à un recul continu de certains types de crédits. Ainsi, le nombre de nouveaux prêts affectés est passé de 5,1 millions en 2008 5

à 4,2 millions en 2010 1. En stock de crédits, le nombre de ménages concernés par ces crédits est passé de 3,6 millions en 2008 à 2,9 millions en 2010. III-) non totalement compensé par la hausse de la détention des crédits immobiliers alors que la détention des crédits immobiliers progresse Contrairement aux crédits à la consommation, la détention des crédits immobiliers a encore progressé. A 31,4% en 2012, le taux de détention est au plus haut depuis dix ans. Il a d ailleurs augmenté de 3 points durant la dernière décennie. C est au cours de la première moitié des années 2000 que la progression la plus importante a été observée. Le taux de détention des crédits immobiliers est passé de 28,2% en 2003 à 30,5% en 2005. Puisque nous avons observé que la détention des crédits de trésorerie recule, c est donc la forte croissance de la détention de crédits immobiliers qui a tiré vers le haut l ensemble. En 2012, le taux de détention des crédits immobiliers seuls atteignait 21%, en hausse de 4 points depuis dix ans. La hausse de la détention des crédits immobiliers s est produite en dépit de la baisse du nombre de crédits immobiliers octroyés. Ce dernier était de 2,2 millions en 2008 et après les rebonds de 2010 et 2011, est redescendu à 1,8 million en 2012. Si le nombre de crédits pour les travaux du logement semble avoir progressé au cours des cinq dernières années, ce n est pas le cas des crédits pour l accession à la propriété, ni de ceux liés à l investissement locatif. Le nombre de crédits liés à l investissement locatif a progressé au rythme du succès des dispositifs d incitation fiscale. Il était en forte hausse à la fin du dispositif Borloo, puis a chuté en 2008 et 2009 avant de rebondir en 2010 grâce au succès du «Scellier». Au total, la hausse du taux de détention des crédits immobiliers traduit l importance du stock de crédits. En effet, comme nous l avons déjà mentionné, les crédits immobiliers étant de longue durée à la souscription, même si le nombre de nouveaux crédits diminue, ceux-ci viennent s ajouter à un stock qui ne recule que très lentement. 1 L Observatoire des Crédits aux Ménages n a malheureusement pas publié les chiffres équivalents pour 2011 et 2012. 6

partout La hausse de la détention des crédits immobiliers a concerné l ensemble du territoire hexagonal. Si le taux de détention des crédits immobiliers est naturellement élevé dans les zones rurales, les ruraux étant par tradition plus propriétaires qu ailleurs, il est loin d être négligeable dans les autres communes. Pour les communes de 2 à 20 000 habitants par exemple, le taux de détention a atteint 34,1% en 2012, en hausse de près de trois points depuis cinq ans. Le taux de détention dans ces communes est d ailleurs passé au-dessus de la moyenne nationale depuis quatre ans. en pourcentage des ménages 35 30 25 20 15 10 5 0 Détention des crédits immobiliers dans les communes de 2 à 20 000 habitants 30,5 30,6 31,3 31,3 31,7 30,8 29,1 30,2 30,1 30,3 34,1 31,9 30,5 32,1 31 31,4 2005 2006 2007 2008 2009 2010 2011 2012 métropole communes de 2 à 20 000 hab. source: Observatoire des Crédits aux Ménages et presque pour toutes les tranches d âge Le taux de détention des crédits immobiliers a aussi progressé dans la plupart des tranches d âge. Chez les 25-34 ans, il atteignait 29,1% en 2012, soit 7

deux points de plus qu en 2008. Dans cette tranche d âge, le taux de détention a gagné neuf points en une décennie. Face aux exigences de nombreux bailleurs en termes de garantie locative, certains jeunes n ont trouvé d autres moyens pour se loger que l acquisition du bien immobilier. Chez les seniors, le taux de détention a aussi continué de croître. Chez les ménages de plus de 65 ans par exemple, il est passé de 5% en 2008 à 5,6% en 2012. Chez les ménages de 55 à 64 ans, le taux de détention des crédits immobiliers est passé de 14,9% en 2009 à 16,1% en 2012. Pour les ménages de 35 à 44 ans, le taux de détention des crédits immobiliers a gagné près de 7 points en cinq ans, passant de 33,4% en 2008 à 40% en 2012. Il n y a donc guère que dans la tranche des 45 à 54 ans que la détention des crédits immobiliers a reculé. Le taux de détention est passé de 42,8% en 2008 à 32,6% en 2012. L enquête de l Observatoire des Crédits aux Ménages (OCM) Réalisée par TMO, puis TNS SOFRES depuis l année 2000, l enquête de l OCM interroge par voie postale tous les ans depuis 1989 un échantillon représentatif de ménages français (20 298 en 1989 dont 67,8% de répondants ; 8045 en 2003, plus faible taille de l échantillon, dont 72,2% de répondants et 13 000 en 2012 dont 76,1% de répondants, ). Les questions portent sur les prêts pour le financement d un logement résidentiel, les autres types de prêts à usages non professionnels, l opinion sur la charge de remboursement et la situation du foyer autour des douze mois encadrant l enquête. Auguste MPACKO PRISO 8