La maladie de Parkinson

Documents pareils
Place de la PSP et des AMS. «Parkinson plus!» Ce qui doit alerter. Paralysie supra-nucléaire progressive (PSP) Ce qui doit alerter

Les troubles non moteurs de la maladie de Parkinson. Comprendre la maladie de Parkinson

Prise en charge médico-technique d une hémiparesie spastique: Evaluation clinique et instrumentale

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

La migraine. Foramen ovale perméable. Infarctus cérébral (surtout chez la femme)

Guide du parcours de soins Titre GUIDE DU PARCOURS DE SOINS. Maladie de Parkinson

LES DOULEURS LOMBAIRES D R D U F A U R E T - L O M B A R D C A R I N E S E R V I C E R H U M A T O L O G I E, C H U L I M O G E S

LES TROUBLES MUSCULO- SQUELETTIQUES

Protocole pour l évaluation des patients inclus dans l'étude

Sport et traumatisme crânien

LE RACHIS : UNE ENTITE COMPLEXE IMPORTANTE A PRESERVER

Céphalées. 1- Mise au point sur la migraine 2- Quand s inquiéter face à une céphalée. APP du DENAISIS

Maladie de Parkinson parmi les affiliés à la Mutualité sociale agricole dans cinq départements

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

La prise en charge de votre maladie de Parkinson

L arthrose, ses maux si on en parlait!

Quoi de neuf dans la prise en charge du psoriasis?

LES ADULTES DE MOINS DE 60 ANS ATTEINTS DE MALADIES NEURO-ÉVOLUTIVES ORIENTÉS PAR LES MDPH* DU RHÔNE ET DE LA SAVOIE

Date de l événement d origine Date de récidive, rechute ou aggravation. Date d expiration. Date de la visite. Membre supérieur Membre inférieur

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

Que peut apporter la psychomotricité aux personnes âgées dépendantes?

Marche normale et marche pathologique

w w w. m e d i c u s. c a

GUICHET D ACCÈS À UN MÉDECIN DE FAMILLE

Autisme Questions/Réponses

PROCEDURE D EVALUATION ET DE PREVENTION DU RISQUE DE CHUTE ET DE MAINTIEN DE LA MOBILITE

Tuméfaction douloureuse

Psoriasis et travail dans le BTP. Pr E. Delaporte

Maladies neuromusculaires

7- Les Antiépileptiques

Module 2. De la conception à la naissance

Démarche d évaluation médicale et histoire professionnelle

Rappel : le système nerveux

L indépendance à chaque pas de la vie. Groupe. Votre meilleur allié. Visitez notre site :

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

Examen neurologique de l enfant

Trouble bipolaire en milieu professionnel: Du diagnostic précoce àla prise en charge spécialisée

INSTITUT DE FORMATION EN MASSO KINESITHERAPIE CHU DE BORDEAUX. Jérémy Bodinier

La migraine : quelle prise de tête!

Association France - DFT

Rééducation Posturale Globale

Objectifs d apprentissage

LE DÉVELOPPEMENT PSYCHOMOTEUR DU NOURRISSON ET JEUNE ENFANT 0-6 ANS

Définition. Spasticité. physiopathologie. Le réflexe d étirement. Spastikos : étirer

Rencontre ENTRAIDE POLIOMYELITE GRAND OUEST

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

Dystrophie musculaire

[FORMAT AGRANDI DE LA POLITIQUE D ACCESSIBILITÉ POUR LES PERSONNES HANDICAPÉES]

Trucs du métier. L arthrite psoriasique en l absence du psoriasis. clinicien@sta.ca. Avez-vous un truc? Son épidémiologie et son expression

Exemple 1: Entorse cheville. ÉVALUATION INITIALE: entorse cheville

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 1 er octobre 2008

Moteur de recherche : Daniel Goutaine Page d'accueil Rubrique : contentions

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 31 janvier 2007

Programme «DoSanté Lycée» Présentation et évaluation

Biomécanique des pathologies de contraintes de l avant-pied et du médio-pied

SOMMAIRE LE COU P.4 L EPAULE / LE BRAS / LE POIGNET / LA MAIN P.6 LE TRONC P.12 LE GENOU P.16 LA CHEVILLE P.20 LE PIED P.22

MIEUX CONNAÎTRE LES HANDICAPS, ADAPTER SON COMPORTEMENT

IMMED Monitoring vidéo porté

Migraine et céphalées de tension: diagnostic différentiel et enjeux thérapeutiques

LA LOMBALGIE CHRONIQUE : Facteurs de risque, diagnostic, prise en charge thérapeutique

PROTHÈSE AMPUTATION. Amputation fémorale. Prescription

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Vivre avec son Parkinson. Direction de la Solidarité

Activité physique et prévention des chutes chez les personnes âgées

APRES VOTRE CHIRURGIE THORACIQUE OU VOTRE PNEUMOTHORAX

Incontinence urinaire en gériatrie. DR Depireux urologue DR Noël l interniste

Maladie neuromusculaire

Carnet de suivi Lithium

Agenda. Prevalence estimates in France PAQUID 23/11/14. Workshop Innovation Alzheimer 6 Novembre Atelier BANQUE NATIONALE ALZHEIMER

AVERTISSEMENT. D'autre part, toute contrefaçon, plagiat, reproduction encourt une poursuite pénale. LIENS

Fonctionnement neural et troubles cognitifs chez le patient bipolaire: preuve ou surinterprétation

Les troubles spécifiques des apprentissages

Athénée Royal d Evere

SYNDROME DU TUNNEL CARPIEN, EPICONDYLITE ET TRAVAIL : POINT DE VUE DU RHUMATOLOGUE

Une échelle d évaluation semistructurée. B. Gravier

Semaine de la sécurité des patients: novembre 2012

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

DOCUMENTATION CLINIQUE D UNE CHUTE D UN PATIENT

BERTHIER E, CHRISTIANO M, PHILIPPE M O, IEHL J, TATARU N, DECAVEL P, VUILLIER F, ELISEEF A, MOULIN T. Introduction (1). Contexte de l étude

Service d Urologie - Hôpital de la Conception - APHM. 2. Service de Gynécologie Obstétrique - Hôpital de la Conception - APHM. 3

Faculté de Médecine Montpellier-Nîmes

Présence dans l entreprise. 14 mars - 28 mars avril - 30 avril 2013

Les mécanismes de la récupération neurologique. PPradat-Diehl DU de Rehabilitation neuropsychologique 2007

Apport de la TDM dans les cellulites cervico-faciales

Guide de référence rapide Prise en charge des douleurs cervicales et des troubles concomitants de stade I et II

BACCALAUREAT PROFESSIONNEL PROTHESE DENTAIRE

Apport de l AQM, en pratique clinique, dans les indications d appareillage chez l enfant Paralysé Cérébral (PC)

Les fistules obstétricales sont des communications anormales entre les voies urinaires ou digestives et l'appareil génital. ou d une manœuvre abortive

Cohorte Observatoire Musculosquelettique (COMETT) Pénibilité et Vieillissement

Céphalées de tension. Hélène Massiou Hôpital Lariboisière, Paris

Surveillance des troubles musculo-squelettiques dans les Bouches-du-Rhône

Mieux connaître les publics en situation de handicap

mentale Monsieur Falize la création et l utilisation d imagerie interactive, les associations noms-visages, la méthode des lieux.

Le bilan neuropsychologique du trouble de l attention. Ania MIRET Montluçon le

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Migraine et Abus de Médicaments

Vignette clinique 1. Femme, 26 ans; caissière. RC : Dorsalgie depuis 18 mois. ATCD : Tabagisme 20 paquets/année; pas de maladies chroniques HMA :

Rééducation après accident vasculaire cérébral

Classifier le handicap épileptique avec ou sans autres déficiences associées. Réponses médico-sociales.

Section 1 Renseignements généraux

Transcription:

La maladie de Parkinson Docteur Pierre DECAVEL MCU-PH Service de MPR CHU BESANÇON

Historique James PARKINSON est fils de chirurgien Il débute une carrière en politique À partir de 1799 : publications médicales James PARKINSON : 1755-1824 En 1817, il publie un essai : an essay on the shaking palsy Il décrit 6 patients et présente les symptomes d une maladie qui portera son nom Il a observé les patients durant leur promenade mais ne les a pas examiné Il décrit la rigidité, le tremblement, l apparition en deuxième partie de vie, l asymétrie et l évolution. Le neurologue français Jean Martin CHARCOT (né en 1825) proposera le nom de maladie de PARKINSON

Épidémiologie Prévalence 1.6% de la population de plus de 65 ans environ 100 000 à 120 000 patients en France. Augmente avec l âge Incidence 10 000 nouveaux cas/an en France Augmente avec l âge : 0.3/1000 entre 55 et 65 ans et 4.4/1000 chez les sujets de plus de 85 ans Age Âge moyen de début : 55 et 60 ans Formes précoces, et des formes tardives au-delà de 75 ans 4% des MPI débutent avant 50 ans habitants 40,00 30,00 Prévalence 1.6% de la population de plus de 65 ans Sex ratio Prédominance masculine : H/F = 1,46 20,00 10,00 0 50-59 60-69 70-80 > 80 Âge (années)

Étiologies Incomplètement connue Multifactorielle Facteurs environnementaux Facteurs protecteurs : Tabac Caféine Acide urique Facteurs de risque : Pesticides, toxiques MPTP Consommation de l eau du puits, métaux lourds (Fe, Ma) Traumatisme(s) crânien(s) Post-infectieux : historique FRCV (HTA, CT, Diabète) : pas de preuve formelle Facteurs génétiques Existence de formes «génétiques» = sujets jeunes - Avant 40 ans - Avant 50 ans et fraterie (récessif) ou parents (dominant) Oestrogènes protecteurs? Interaction gène/environnement

Physiopathologie (1) Locus niger Cortex moteur Thalamus Putamen Locus niger Pallidum

Physiopathologie (2) Locus niger Cortex moteur Thalamus Putamen Locus niger Dégénérescence neuronale Déficit dopaminergique Pallidum

Physiopathologie (3) Locus niger Cortex moteur Dysfonctionnement des ganglions Hypo-activité corticale Thalamus Putamen Locus niger Pallidum

Physiopathologie (4) Début réel de la maladie? Gêne fonctionnelle Fluctuations motrices

Clinique

Signes moteurs Triade classique (toujours d actualité) Tremblement : lent, respecte le chef, augmente au calcul mental et aux émotions Hypertonie : plastique, phénomène de roue dentée, attitude générale en flexion Akinésie : amimie, diminution du ballant des bras, marche lente Début asymétrique Signes axiaux Attitude générale en flexion : trouble de l équilibre, chutes Dysarthrie Troubles de la déglutition, fausses routes Troubles sphinctériens La marche du «parkinsionnien» Marche à petits pas Cadence de pas élevée Pas de dissociation des ceintures (scapulaire et pelvienne) Demi-tour décomposé Pas de réaction parachute : chutes fréquentes

Tremblement

Akinésie

Signes moteurs Triade classique (toujours d actualité) Tremblement : lent, respecte le chef, augmente au calcul mental et aux émotions Hypertonie : plastique, phénomène de roue dentée, attitude générale en flexion Akinésie : amimie, diminution du ballant des bras, marche lente Début asymétrique Signes axiaux Attitude générale en flexion : trouble de l équilibre, chutes Dysarthrie Troubles de la déglutition, fausses routes Troubles sphinctériens La marche du «parkinsionnien» Marche à petits pas Cadence de pas élevée Pas de dissociation des ceintures (scapulaire et pelvienne) Demi-tour décomposé Pas de réaction parachute : chutes fréquentes

Troubles posturaux

Signes moteurs Triade classique (toujours d actualité) Tremblement : lent, respecte le chef, augmente au calcul mental et aux émotions Hypertonie : plastique, phénomène de roue dentée, attitude générale en flexion Akinésie : amimie, diminution du ballant des bras, marche lente Début asymétrique Signes axiaux Attitude générale en flexion : trouble de l équilibre, chutes Dysarthrie Troubles de la déglutition, fausses routes Troubles sphinctériens La marche du «parkinsionnien» Marche à petits pas Cadence de pas élevée Pas de dissociation des ceintures (scapulaire et pelvienne) Demi-tour décomposé Pas de réaction parachute : chutes fréquentes

La marche

Signes non moteurs Dépression (5 %) Liée au handicap généré par la perte d autonomie Fait partie de la maladie, fréquent mode de révélation Hypersalivation Augmentation de la production de salive Défaut de fermeture labiale Troubles du sommeil Difficultés d endormissement, de maintien du sommeil Somnolence diurne excessive Dysautonomie Hypotension orthostatique Troubles gastro-intestinaux (ralentissement du transit) Troubles sphinctériens (vessie hyperactive, attention obstruction) Hyperhydrose Troubles sensitifs et douleurs Troubles sensoriels Olfactifs, visuels

Troubles ostéoarticulaires Douleurs rachidiennes 75% : liées aux troubles posturaux, aux dystonies Arthrose cervicale haute Hyperostose vertébrale engainante Fractures vertébrales : spontanées, chutes Déformation des membres Mains : mains d écrivain Pieds : hallux en marteau, orteils en griffe, pied varus-équin Déformations du rachis Scolioses (40%) : convexité vers le coté le plus atteint, responsable de douleurs Hypercyphoses dorsales : souvent peu douloureuses Camptocormie : déviation «fonctionnelle»

Troubles cognitifs sans démence 90% des cas Apparition très précoce Peu dopasensibles Trouble des fonctions exécutives Troubles cognitifs Fonctions préservées Efficience globale Les fonctions instrumentales (langage, praxies, gnosies) Mémoire Processus de consolidation et de stockage préservés Processus de rappel et d encodage perturbés Processus émotionnel Reconnaissance des expressions faciales (peur, dégoût) Reconnaissance de la prosodie Anhédonie Personnalité, comportement Personnalité obsessionnelle Hallucinations, délire Addictologie (jeux, hypersexualité)

Diagnostic différentiel Syndrome parkinsonnien lié aux neuroleptiques Surtout dyskinésies bucofaciales Akinésie Peu de tremblements Syndromes parkinsonniens «plus» doparésistants Atrophie multisystématisée (s cérébelleux, s pyramidaux, dysautonomie sévère) Dégénérescence corticobasale (myoclonies, apraxie) Paralysie supranucléaire progressive (rigidité axiale, ophtalmoplégie) Maladie à corps de Lewi (démence précoce, fluctuations motrices et d humeur) Infarctus multiples Évolution (en marche d escalier) troubles cognitifs précoces Non sensible à la Dopamine Syndromes parkinsonniens traumatiques Après traumatisme crânien unique Après traumatismes répétés Sensible à la dopamine Maladie de Wilson Surcharge en cuivre (trouble du métabolisme du cuivre) Akinésie majeur, dystonies, troubles posturaux