EPU95-Montmorency Gastro-entérologie Mise à jour du 24 Avril 2007*

Documents pareils
Leucémies de l enfant et de l adolescent

Accidents des anticoagulants

B06 - CAT devant une ischémie aiguë des membres inférieurs

LA CHOLÉCYSTECTOMIE PAR LAPAROSCOPIE

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Les Arbres décisionnels

Votre guide des définitions des maladies graves de l Assurance maladies graves express

Don d organes et mort cérébrale. Drs JL Frances & F Hervé Praticiens hospitaliers en réanimation polyvalente Hôpital Laennec, Quimper

Céphalées vues aux Urgences. Dominique VALADE Centre d Urgence des Céphalées Hôpital Lariboisière PARIS

Item 182 : Accidents des anticoagulants

INCONTINENCE URINAIRE

Carte de soins et d urgence

Cette intervention aura donc été décidée par votre chirurgien pour une indication bien précise.

Chirurgie assistée par robot et laparoscopie en 3D à l avantage des patients?

N DOULEURS ABDOMINALES ET PELVIENNES AIGUES DE L ENFANT. P.GALINIER et E.FOURNIE-GARDINI

LITHIASE URINAIRE USAGER PRÉSENTANT UNE LITHIASE URINAIRE OC-091. Uroscan. Rx abdominal

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86

Item 196 : Douleur abdominale aiguë chez la femme enceinte

QUE SAVOIR SUR LA CHIRURGIE de FISTULE ANALE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE?

Insuffisance cardiaque

«J ai mal au ventre» :

Les différentes maladies du coeur

Conseils aux patients* Lutter activement. *pour les patients ayant subi une opération de remplacement de la hanche ou du genou

Marchés des groupes à affinités

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

GUIDE D INFORMATIONS A LA PREVENTION DE L INSUFFISANCE RENALE

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

RÉFÉRENCES ET RECOMMANDATIONS MEDICALES

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

Bilan d Activité du Don de Plaquettes par cytaphérèse Sur une Période d une année au Service Hématologie EHS ELCC Blida.

EXEMPLE DE METHODOLOGIE POUR L ELABORATION D UN PROTOCOLE DOULEUR Marie AUBRY Infirmière référente douleur Hôpital TENON AP-HP Paris XX e SOMMAIRE

MANUEL DE CHIRURGIE PÉDIATRIQUE (chirurgie viscérale) Année 1998

Réflexions sur les possibilités de réponse aux demandes des chirurgiens orthopédistes avant arthroplastie

URGENCES MEDICO- CHIRURGICALES. Dr Aline SANTIN S.A.U. Henri Mondor

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

L AMYGDALECTOMIE. Chirurgie d un jour Programme-clientèle santé de la femme et de l enfant. Pour vous, pour la vie

Prise en charge de l embolie pulmonaire

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Votre bébé a besoin de soins spéciaux

La maladie de Takayasu

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

neurogénétique Structures sensibles du crâne 11/02/10 Classification internationale des céphalées:2004

GASTRO-ENTEROLOGIE. Variabilité. A des entrées. B des sites anatomiques. C inter-individuelle. D intra-individuelle

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Que savoir sur la chirurgie de LA HERNIE DE LA LIGNE BLANCHE A LA CLINIQUE SAINT-PIERRE en hospitalisation AMBULATOIRE?

Compte rendu d hospitalisation hépatite C. À partir de la IIème année MG, IIIème années MD et Pharmacie

Les traitements du cancer invasif du col de l utérus

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

FICHE D INFORMATION AVANT UNE TRANSFUSION

IFAS 11 décembre janvier M. BLOT Ergothérapeute. CHU de NIMES

LES CONTUSIONS DU REIN

Chapitre 1 : Introduction à la rééducation périnéale

INTERVENTIONS CHIRURGICALES EN GYNÉCOLOGIE

Traitement des plaies par pression négative (TPN) : des utilisations spécifiques et limitées

Ville : Province : Code postal : Date de naissance : jour mois année Date de naissance : jour mois année

Etablissement Français du Sang

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Association lymphome malin-traitement par Interféron-α- sarcoïdose

Que savoir sur la chirurgie de la HERNIE INGUINALE A la clinique SAINT-PIERRE en hospitalisation AMBULATOIRE?

Diatélic DP : télémédecine pour la prévention des aggravations de santé des dialysés à domicile

Contenu de la formation PSE1et PSE2 (Horaires à titre indicatif)

Télé-expertise et surveillance médicale à domicile au service de la médecine générale :

La transplantation rénale avec donneur vivant Aspects particuliers dans le cadre des maladies rénales transmises génétiquement

Faut-il encore modifier nos pratiques en 2013?

ANNEXE IIIB NOTICE : INFORMATION DE L UTILISATEUR

Ministère de la santé, de la jeunesse et des sports. Comité technique des infections nosocomiales et des infections liées aux soins

o Anxiété o Dépression o Trouble de stress post-traumatique (TSPT) o Autre

Le VIH et votre cœur

Le diagnostic de Spondylarthrite Ankylosante? Pr Erick Legrand, Service de Rhumatologie, CHU Angers

Anatomie. Le bassin inflammatoire. 3 grands cadres. 4 tableaux. Spondylarthrite ankylosante. Spondylarthrite ankylosante 26/10/13

Infections urinaires chez l enfant

Faq 1 - Mener l interrogatoire et l examen clinique d un enfant fébrile

Déclaration médicale. Ce document vaut demande d enquête de la part de l assureur.

MIEUX COMPRENDRE CE QU EST UN ACCIDENT VASCULAIRE CÉRÉBRAL AVC

Il importe de noter que ce guide émet des recommandations conformes aux informations scientifiques disponibles au moment de sa publication, soit au

ASSURANCE COLLECTIVE DÉCLARATION D'ASSURABILITÉ

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

L obésité et le diabète de type 2 en France : un défi pour la prochaine décennie. DANIEL RIGAUD CHU de Dijon

1 La scintigraphie myocardique au Persantin ou Mibi Persantin

TVP fémorale. Systématisation. La TVP : écho-doppler JP Laroche Unité de Médecine Vasculaire CHU Montpellier. Thrombus mobile

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

I. EXERCICES POUR LA CERVICALGIE CHRONIQUE. Exercice 1 : Posture

La maladie de Still de l adulte

HTA et grossesse. Dr M. Saidi-Oliver chef de clinique-assistant CHU de Nice

La prise en charge de votre maladie, l accident vasculaire cérébral

Le dépistage du cancer de la prostate. une décision qui VOUS appartient!

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Cet article a été transmis par le Pr Madélénat à l association EndoFrance pour une utilisation qui lui réservée

HEPATITES VIRALES 22/09/09. Infectieux. Mme Daumas

Traitement chirurgical du reflux gastro-œsophagien et de la hernie hiatale

Les coûts des prises en charge à l hôpital en médecine, chirurgie et obstétrique

HERNIE DISCALE LOMBAIRE

Transcription:

EPU95-Montmorency Gastro-entérologie Mise à jour du 24 Avril 2007* 1. INTRODUCTION 1.1. DEFINITION DOULEURS ABDOMINALES AIGUES Dr X. Pouliquen Chirurgien - Hôpital d Argenteuil Séance du 2 février 2006 Sur le plan pratique, toute douleur abdominale doit être considérée comme aiguë si, de façon concomitante, elle est : Spontanée Abdominale ou lombaire Suffisamment intense pour entraîner une consultation ou un appel en urgence. Le postulat de conduite, qui veut que toute douleur abdominale aiguë (DAA) soit un problème chirurgical jusqu à preuve du contraire, débouche à la question «faut-il opérer ou non?» avec les trois réponses à donner : Opération urgente? Opération à froid? (programmée, à froid) Abstention? o Provisoire, définitive) o Hospitaliser ou renvoyer? 1.2. CONTEXTE La formation théorique qu apportent l Université et la littérature est intéressante : D un point de vue épidémiologique en renseignant de façon statistique la sensibilité, la spécificité ou la valeur plus ou moins prédictive d un signe pour une maladie donnée ; Sur les grandes lignes du traitement quand le diagnostic est supposé connu. Mais le chirurgien ou le médecin de terrain a besoin d outils plus décisionnels. Le but de l exposé est : De proposer une ligne de conduite rationnelle Applicable à toutes les situations (traumas exclus) Quelque soit le niveau de diagnostic obtenu dans les premières heures A partir ; o d équations diagnostiques simples o de critères précis de décision opératoire o en ne retenant que les signes cliniques et les examens de valeur décisionnelle 1.3. TROIS SITUATIONS DE DIAGNOSTIC Les 3 situations de diagnostic sont : Diagnostic de Lésion : appendicite, cholécystite, pancréatite, sigmoïdite, colique hépatique, colique néphrétique, salpingite, G.E.U., kystes ovarien. Diagnostic de syndrome : péritonite, occlusion, syndrome «vasculaire». Pas de diagnostic o Quels examens? o Quel traitement médical d attente? o Laparotomie ou laparoscopie exploratrice?

2. DIAGNOSTIC DE LÉSION 2.1. L APPENDICITE Présentation Le seul signe constant, bien que non spécifique, est la douleur provoquée de la FID Etude de l Hôpital d Argenteuil : 100 enfants consécutifs adressés pour «appendicite» 90 opérés Fièvre GB > 10 000 Douleur provoquée FID 13 appendices suppurés 38% 69% 100% 52 appendices catarrhaux ou chroniques 31% 35% 100% 25 appendices normaux 42 % 40% 90 % 1 typhoïde, 1 purpura rhumatoïde, 1 angine 10 non opérés 50% 30% 60 % 1 bronchite, 1 grippe, 1 angine, 7 douleurs non spécifiques iliaques 5 vérités sur les appendicites Une douleur spontanée de la FID sur 3 n est pas une appendicite Il n y a pas d appendicite sans douleur provoquée de la FID Il y a des appendicites graves sans fièvre Il y a des appendicites graves sans hyperleucocytose Il n y a pas d appendicite grave sans au moins un signe : fièvre > 38, défense, hyperleucocytose Quatre situations pratiques. Tableau appendiculaire pur avec signe de gravité C est le tableau d une douleur provoquée nette (grimace) sans autre piste diagnostic mais avec au moins un des trois signes de gravité : Ou défense (vraie) = péritonite Ou fièvre supérieure à 38 Ou leucocytose supérieure à 10 000 L hospitalisation et l opération en garde doivent être rapides. Tableau appendiculaire pur sans signe de gravité Tableau d une douleur provoquée nette en FID isolée avec plus ou moins des signes digestifs, sans autre piste diagnostique. Trois attitudes possibles : Opérer de principe, mais 15 à 20 % d appendices sains. Recourir à l imagerie appendiculaire : échographie opérateur-dépendante et/ou scanner o Opérer en cas d imagerie formelle ou douteuse d appendicite ; o Retour à domicile, si l image est normale avec un rendez-vous de consultation. Attendre sous surveillance (clinique, GB) : pas de risque, mais combien de temps?

Tableau de douleur de la F.I.D. plus autre chose On hésite avec Les fausses appendicites de l adulte : Chez la femme : salpingite, GEU, kyste de l ovaire Dans les deux sexes : colique néphrétique, pyélonéphrite Après 60 ans : cancer colique Après 70 ans : les accidents vasculaires A tout âge ; la maladie de Crohn S il n y a pas de signe de gravité «universel» (défense, occlusion, tableau septique sévère, contexte cardio-vasculaire), il faut prendre le temps d explorer une autre piste diagnostique : Gorge, oreilles (jeune enfant), poumons, peau, tr. gynéco, urines Coproculture si diarrhée Autres examens? : échographie, scanner, UIV, LB seulement si argument précis Et conclure : Appendicite avec ou sans signe de gravité : voir plus haut Autre diagnostic : voir plus loin. Tableau discret d appendicite frustre? La douleur provoquée de la FID est ici légère et isolée Il faut savoir attendre! Répéter l examen clinique : FID, gorge, poumon, peau, gynéco Ne pas trop attendre de l échographie et du scanner Traitement antispasmodique d épreuve. A l évolution ou bien: Tout disparaît : «spasmes» se précise une autre piste diagnostique : voir plus haut la douleur de la FID se précise : voir plus haut. 2.2. LA CHOLECYSTITE AIGUË L équation diagnostique : Douleur provoquée sous costale droite (sans intervalle sous-costal) + une lithiase vésiculaire (paroi épaisse ou non). Il faut éliminer : Une cirrhose, une hépatite, un foie cardiaque Une pyélonéphrite (ECBU systématique) Il faut opérer : En urgence, s il existe une défense, ou une grosse vésicule palpable. Sinon, dés que possibles, même si sous traitement antibiotique une amélioration survient. 2.3. LA PANCREATITE AIGUË La pancréatite aiguë avec ses deux extrêmes : la forme œdémateuse et la forme nécrotique hémorragique toujours très grave. Le diagnostic est facile : Douleur provoquée haute Hyperamylasémie et hyperlipémie La preuve morphologique : échographie ou scanner dans les 48 h (la tuméfaction du pancréas, et les coulées de nécrose ayant une valeur pronostique). Deux soucis dès les 48 premières heures ; Rechercher une cause lithiasique biliaire (échographie) Rechercher les critères de gravité (Ranson), sans oublier les gaz du sang et la CRP

Si une forme grave se confirme scanner de référence et hospitalisation en réanimation. Score de Ranson (1 point par item) A l admission ou au moment du diagnostic Age > 55 ans Globules blancs > 16 G/L Glycémie > 11 mmol/l LDH > 350 U/l (1,5N) ASAT > 250 U/l (6N) CRP Durant les 48 premières heures Baisse de l hématocrite > 10% Ascension urée sanguine > 1,8 mmol/l Calcémie < 2 mmol/l PaO2 < 60 mm Hg Déficit en bases > 4 mmol/l Séquestration liquidienne estimée > 6 L CRP 2.4. LA SIGMOÏDITE AIGUË Elle s affirme sur des éléments diagnostiques simples : La douleur provoquée constante, mais de siège variable à gauche le plus souvent ; FIG, hypogastre, pelvis (TR ++). Des éléments morphologiques au scanner (ou à défaut lavement hydrosoluble) L existence de signes infectieux nets implique un traitement chirurgical : En urgence, si défense ou contracture étendue (sinon refroidir par antibiotiques et glace) Les jours suivants, si abcès persistant (défense + scanner) Ultérieurement, à froid 2.5. LES COLIQUES HEPATIQUES Il faut distinguer : La colique hépatique simple, où tout disparaît après la crise o Demander une échographie de confirmation o Cholécystectomie secondaire, à froid. La colique qui laisse derrière elle : o Une douleur provoquée sous-costale droite cholécystite (v. plus haut) o un ictère lithiase du cholédoque (urgence si fébrile = angiocholite). Dan les deux cas penser «chirurgie» jusqu à preuve du contraire : Echographie + hémoculture (si fièvre) + bilan hépatique Hospitaliser 2.6. LES COLIQUES NEPHRETIQUES Comme pour la colique hépatique, il faut distinguer : La colique néphrétique simple, où tout disparaît après la crise chercher la cause (calcul) La colique qui laisse derrière elle : o une fièvre élevée pyélonéphrite? (hémocultures ++) o une contracture lombaire une tension aiguë du rein (rupture ou pré-rupture du bassinet?) o Dans les deux cas, il s agit d une SOUFFRANCE AIGUË DU REIN. Penser obstacle à lever en urgence, Après Rx ASP + échographie ± uroscan ou UIV Hospitaliser

2.7. LA SALPINGITE AIGUË Dans la salpingite aiguë, il y a en principe un contexte : Femme jeune leucorrhée stérilet - Douleur provoquée basse sans intervalle libre sus-pubien, et douleur pelvienne (TV) Echographie pelvienne Mais le diagnostic peut être difficile, si l échographie est normale ou forme unilatérale droite dans le doute cœlioscopie. 2.8. LES URGENCES GYNECOLOGIQUES NON SEPTIQUES Elles concernent : Les kystes ovariens rompus ou tordus La grossesse pathologique : extra ou intra-utérine La symptomatologie clinique est plus ou moins aigue, mais toujours pelvienne ou pelvi-abdominale : Pas d intervalle libre sus-pubien Touchers pelviens contributifs Les examens complémentaires : RBG + échographie endo-vaginale (+++) ou scanner Conduite thérapeutique : L abstention et la surveillance sont licites, si forte probabilité de formes frustres de o Kystes fonctionnels o GEU ou GIU abortives La Cœlioscopie dans les autres cas (ou curetage si avortement intra-utérin) 3. DIAGNOSTIC DES «SYNDROMES» Les syndromes sont des regroupements de signes dont la lésion causale est méconnue, mais avec une signification sur le plan pronostic et pratique. Deux syndromes classiques : La Péritonite L occlusion intestinale Un syndrome moins classique : le syndrome Vasculaire 3.1. LE SYNDROME VASCULAIRE Chez le sujet âgé, il est à considérer avant tout autre diagnostic jusqu à preuve du contraire car c est la situation la plus urgente avec la rupture de GEU. Il associe trois éléments : Une douleur o D intensité variable, o Continue, o Sans fièvre Un contexte vasculaire o Age supérieur à 70 ans, o Artérite, o Cardiopathie Un signe d alerte : o Soit l intensité de la douleur spontanée ou provoquée o Soit des petits signes de choc même s ils ne sont que périphériques

En urgence et avant tout collapsus il faut, avant d évoquer d autres diagnostics, éliminer les deux urgences vasculaires : L anévrysme aortique fissuré : o Cliniquement douleur postérieure = «tableau d une colique néphrétique du vieillard» o Echographie immédiate o Angio-scanner si on peut l obtenir immédiatement. o Fissuration évidente ou douteuse, il faut opérer d extrême urgence. L ischémie intestinale aiguë o Tableau bâtard au début diagnostic toujours trop tardif s il est évident o Scanner et ponction lavage péritonéal sont les deux examens qui permettent le diagnostic o Seule chance de survie : l opération précoce avant le choc septique 3.2. LE SYNDROME PERITONEAL GENERALISE Un seul problème : être sûr de la «défense» ou contracture Un seul réflexe : opérer d urgence Une seule nuance : la perforation de l ulcère duodénal Abstention immédiate autorisée o Aspiration + antibiotiques + glace o Seulement si : pneumo-péritoine + ulcère duodénal connu ou probable évolution rapidement favorable sous aspiration 3.3. LE SYNDROME OCCLUSIF Le diagnostic d occlusion se situe à trois niveaux Le diagnostic d «occlusion» On ne peut en parler que s il existe trois des signes du «carré» clinique : Douleurs Vomissements répétés Arrêt du transit Météorisme par rapport au volume habituel, Ou un seul de ces signes + des images hydro-aériques (ASP debout = niveaux liquides)) Le diagnostic de siège Grêle ou colique? L ASP «couché» suffit, le plus souvent, à préciser l aspect colique ou grêlique de l anse dilatée la plus en aval. Le diagnostic de gravité Les occlusions à opérer en urgence sans autre examen Ce sont celles qui présentent des signes de gravité : Occlusions + FIÈVRE ou choc septique Occlusions + DOULEUR PROVOQUEE LOCALISEE NETTE (= souffrance d une anse) Occlusion par VOLVULUS o Pour le volvulus du côlon pelvien détorsion endoscopique si possible ou traitement chirurgical. Les occlusions à opérer en semi urgence Ce sont les occlusions qui persistent sous aspiration naso-gastrique : Pour le grêle dans les 24 heures après aspiration Pour le côlon dans les 48 heures en profitant de ce délai pour rechercher la cause ( scanner ± lavement opaque)

On n opère qu en cas de nécessité Les occlusions incomplètes (sans arrêt complet des gaz), lorsqu elles se complètent ; Les occlusions paralytiques ou syndromes d Ogilvie qui sont des colectasies sans obstacle : o Le plus souvent sur terrain débilité (toutes les insuffisances de système), o A n opérer que si elles ne réagissent pas bien à l aspiration et à la coloscopie d exsufflation. o Si la douleur provoquée de la FID est liée à la souffrance du cæcum o Le risque est la perforation colique, redoutable sur ces terrains. Deux occlusions qui ne devraient pas le devenir La hernie étranglée Elle risque d être reconnue tard, quand elle est crurale, petite, et cachée sous un tablier abdominal adipeux. Elle est la plus dangereuse (pincement latéral) D où la nécessité de palper systématiquement les orifices herniaires devant toute douleur abdominale. L invagination intestinale aigue du nourrisson Le risque est de banaliser les douleurs auxquelles on n a pas assisté, de (se) rassurer faussement sur un examen clinique normal Le diagnostic se fait sur les cris inquiétants de l enfant et son refus de boire entre les crises Il ne faut pas attendre le boudin ni le sang (=lésion!), mais il faut : Croire la maman Convaincre le radiologue de pratiquer en urgence le lavement opaque, seule solution permettant d établir ou d éliminer le diagnostic avec certitude (l échographie a peu d intérêt car elle n a de valeur que positive et ne traite pas) Obtenir une désinvagination à un stade précoce, sans nécessité opératoire. 4. PAS DE DIAGNOSTIC, NI D ASSOCIATION ÉVOCATRICE, NI D ÉVIDENCE OPÉRATOIRE Rien que des signes Une douleur spontanée et provoquée «vague», ectopique (hypochondre gauche, ombilic) ou diffuse Des signes associés, absents, frustres ou discordants Se méfier toutefois d une lésion chirurgicale d autant plus que le sujet est âgé! Quatre outils pour progresser : L âge du patient plus il est avancé plus une lésion chirurgicale est probable La surveillance clinique de l évolution vers : o Un diagnostic, o Un syndrome o La guérison Le traitement antispasmodique d épreuve à titre de test (voir chap. IV.3) Les examens complémentaires (voir chap. IV) 5. EXAMENS DEVANT UNE DOULEUR ABDOMINALE AIGUË 5.1. EXAMENS SYSTEMATIQUES NFS + bandelette urinaire (ECBU si la bandelette est positive) RBG si femme non ménopausée ASP (D + C) sauf dans le tableau de la douleur de la FID du jeune qui n a jamais été opéré Groupe sanguin, TP, TCK, si opération prévue En cas de douleur haute : lipase, bilirubine, transaminases Inutiles d emblée : la VS et la CRP car nombreux faux positifs et négatifs, sauf à J2 d une pancréatite où elles ont une valeur pronostique

5.2. EXAMENS SUR ARGUMENTS A négocier au cas par cas : Incidence RX de pneumopéritoine (perforation) Echographie ciblée, limitée en urgence à : o 1 région : foie, voies biliaires, reins, pelvis o La recherche d un épanchement o La recherche d argument d appendicite seulement si l opérateur est entraîné Lavement opaque si suspicion : o D invagination intestinale aiguë o De lésion colique et scanner indisponible Scanner : l examen qui monte o Moins opérateur-dépendant (mais lecteur-dépendant) o De plus en plus performant et rapide (hélicoïdal, multibarettes) o De plus en plus polyvalent (contraste intraveineux, balisage digestif) o Mais le scanner est un examen limité par : Des contre indications : allergie (?), grossesse, insuffisance rénale, hypoglycémiants oraux, hémodynamique instable. De l agitation, de la dyspnée Des problèmes de disponibilité et de coût o Ne doit pas retarder une opération décidée. 5.3. QUELS MEDICAMENTS PEUT-ON DONNER PENDANT LA PERIODE DE SURVEILLANCE? Trois classes de traitements Elles rendent dans certaines situations, l examen clinique plus fiable : Les anxiolytiques si agitation ou angoisse Les antispasmodiques excellent traitement des spasmes Les antalgiques : o Oui! o Les Opiacés au besoin! o Is font disparaître la fausse douleur provoquée (ou défense), pas la vraie et ne peuvent masquer une lésion organique aiguë. Deux classes de traitements ne doivent être donnés que dans certaines situations Les AINS : seulement si tableau de colique néphrétique Les antibiotiques seulement si l opération est décidée pour une lésion septique, ou lors de choc septique (après hémoculture). 5.4. L EXAMEN CLINIQUE C est le meilleur examen complémentaire avec le scanner en 2006 La douleur provoquée organique Chez un patient conscient et calmé, la vraie douleur provoquée est : Nette, précise, Invariable, même sous traitement anti-spasmodique. Ce n est pas celle que : L on confond avec la douleur spontanée Que l on crée par un examen brutal Qui disparaît sous antispasmodique La vraie douleur provoquée signifie : LÉSION OU SOUFFRANCE D ORGANE Elle suffit : A opérer en urgence une occlusion (douleur provoquée = souffrance d anse) Ou à imposer la poursuite de la surveillance et des examens

Les conditions d un bon examen sont résumées dans le tableau ci-dessous. LOCAL PATIENT EXAMINATEUR Clos et silencieux Un lit dur et levable, une chaise Calmé, allongé sous un drap Tête au repos, bouche entrouverte M. sup allongés, M.inf. repliés Assis Mains à plat, peu mobiles, pulpes +++ Amadouant l abdomen Distrayant l attention La défense péritonéale (à son maximum la contracture) La vraie défense est la tension pariétale Douloureuse, Involontaire, Invincible, Permanente, au cours de l examen et d un examen à l autre. Et non pas : Les tensions indolores : météorisme, ascite Les tensions passives : gros foie, masse La tension d un globe vésical Les contractions (angoisse, rigidité) La réaction à un examen brutal, «de légitime défense» Elle signifie : PERITONITE et suffit pour OPERER en URGENCE Les touchers pelviens A la recherche d une douleur ou d une masse Utiles seulement si les conditions d examen sont bonnes : o Information et accord du patient(e) o Technique douce, lente et décomposée o En présence d un témoin si femme ou enfant. Sinon, inutiles et nocifs Indispensables en cas de : o Symptomatologie pelvienne o En l absence de douleur provoquée abdominale. La laparotomie ou laparoscopie exploratrice Elles ont perdu du terrain avec le scanner Elles restent justifiées en cas De scanner non contributif ou indisponible En grande urgence pour des enjeux grave, et plutôt la laparotomie Ischémie digestive Fissuration incertaine d anévrysme Douleur abdominale + choc septique La laparoscopie En cas de doute entre une appendicite et une pathologie gynécologique Quand on récuse le scanner pour son coût ou une contre indication. 6. CONCLUSION En matière de douleur abdominale aigue, la variété des situations et de leur gravité potentielle ne doit pas effrayer. Chacune, même sans diagnostic initial ou final, peut-être gérée selon une ligne de conduite rationnelle et précise, apprise et comprise à l avance En 2006, rien, pas même le scanner, n a encore remplacé l examen clinique