Coude. Plan du chapitre

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CHPITRE 5 Coude Plan du chapitre Le coude normal y Rappels anatomiques y Réalisation pratique Le coude pathologique y Tendinopathies y Lésions ligamentaires y Conflits nerveux y Hygroma ou bursite olécrânienne y Pathologies articulaires et osseuses échographie musculosquelettique 2014, Elsevier Masson SS. Tous droits réservés

94 Échographie musculosquelettique Le coude normal Rappels anatomiques Ils sont fournis par les schémas des ligaments collatéraux du coude (fig. 5.1), des muscles et des éléments vasculonerveux du coude (fig. 5.2), et les coupes axiales de référence (fig. 5.3). Humérus Capsule Ligament collatéral ulnaire latéral Ulna Ligament collatéral latéral Ligament annulaire Radius Humérus Capsule Ligament annulaire Radius Ligament collatéral médial faisceau postérieur Faisceau antérieur Faisceau oblique Ulna Fig. 5.1 Schéma des ligaments du coude : vues latérale (a) et médiale (b).

Coude 95 Muscle biceps brachial Muscle brachial Nerf radial ranche profonde ranche superficielle Tendon du biceps brachial rtère récurrente radiale rtère radiale Muscle suppinateur Muscle brachio-radial Muscle rond pronateur (coupé) Muscle fléchisseur superficiel des doigts (chef radial) Nerf ulnaire Nerf médian rtère brachiale Muscle rond pronateur (chef huméral) (coupé et récliné) Épicondyle médial Tendons du fléchisseur radial du carpe et du long palmaire (coupés) Muscle fléchisseur superficiel des doigts rtère ulnaire Muscle rond pronateur (chef ulnaire) (coupé) Muscle fléchisseur ulnaire du carpe Muscle fléchisseur superficiel des doigts Humérus Nerf ulnaire Épicondyle médial de l'humérus Olécrâne Muscle anconé Muscle fléchisseur ulnaire du carpe Muscle extenseur ulnaire du carpe Ulna Muscle triceps brachial Muscle brachio-brachial Muscle long extenseur radial du carpe Tendon des épicondyliens latéraux Muscle court extenseur radial du carpe Muscle extenseur des doigts Radius Muscle extenseur du petit doigt Fig. 5.2 Muscles et nerfs de l'avant-bras (structures osseuses en transparence) : vues antérieure (a) et postérieure (b).

96 Échographie musculosquelettique vant ranche profonde du nerf radial Muscle long extenseur radial du carpe Muscle court extenseur radial du carpe Humérus Médial ranche superficielle du nerf radial Muscle brachio-radial Muscle anconé Ulna (olécrane) Lacertus fibrosus Tendon du biceps rtère et veines brachiales Muscle rond pronateur Nerf médian Muscle brachial Muscle fléchisseur superficiel des doigts Ligament de Osborne Nerf ulnaire Muscle fléchisseur ulnaire du carpe ourse vant Muscle long fléchisseur du pouce Médial Muscle rond rtère et veines pronateur radiales Muscle brachio-radial ranche superficielle du nerf radial Muscle long extenseur radial du carpe Muscle court extenseur radial du carpe ranche profonde du nerf radial Faisceaux superficiel et profond du muscle suppinateur Muscle extenseur commun des doigts Radius Muscle extenseur du V ème doigt Muscle fléchisseur radial du carpe Nerf médian Muscle extenseur ulnaire du carpe Muscle long palmaire Muscle fléchisseur superficiel des doigts Vaisseaux ulnaires Muscle fléchisseur ulnaire du carpe Nerf ulnaire Muscle fléchisseur profond des doigts Ulna Vaisseaux interosseux communs Muscle anconé Fig. 5.3 Coupes horizontales du coude : vues au-dessus (a) et en dessous (b) des interlignes articulaires du coude.

Coude 97 Réalisation pratique Région antérieure Le patient (fig. 5.4a) est assis en face de l'examinateur et pose son coude sur la table d'examen, la paume de la main regarde vers le haut (supination). On commence par deux coupes sagittales : une passant par l'articulation huméroradiale et l'autre par l'interligne huméro-ulnaire. On étudie dans ce plan les rapports articulaires et on recherche un épanchement (fig. 5.5 et 5.6). C D Fig. 5.4 Positions du patient pour l'examen échographique du coude. a. Étude du compartiment antérieur : le patient est assis en face de l'examinateur et pose son coude sur la table d'examen, la paume de la main regarde vers le haut (supination). b. Étude de la région latérale : le bord médial du coude repose sur la table, il est plié à 90, le poignet en extension. c. Étude de la région médiale et du nerf ulnaire : coude posé à plat sur la table d'examen en extension, on demande au patient de se pencher en dehors (rotation externe). d. Étude de la région postérieure : coude fléchi à 90, la paume de la main est posée à plat sur la table d'examen.

98 Échographie musculosquelettique Fig. 5.5 Coupe sagittale passant par l'interligne huméro-radial. On reconnaît de haut en bas : la fosse radiale (*), le condyle huméral (CH), la tête radiale (R). Fig. 5.6 Coupe sagittale passant par l'interligne huméro-ulnaire. Le muscle brachial (r) passe en avant de la fosse coronoïdienne (*), de la trochlée humérale (TH) et de l'apophyse coronoïde de l'ulna (U). Sur une coupe transverse horizontale (fig. 5.7) passant par l'interligne, on repère de dehors en dedans : le nerf radial et ses deux branches, le tendon distal biceps, l'artère brachiale et ses veines satellites, le nerf médian (procédé mnémotechnique : M pour «biceps artère médian»). Le muscle brachial est situé en arrière. On adopte la «technique de l'ascenseur» en translatant la sonde vers le haut et le bas pour suivre le trajet du tendon distal du biceps, du nerf médian, du nerf radial et de ses deux branches de division (fig. 5.8).

Coude 99 Fig. 5.7 Coupe horizontale du coude passant par la partie basse de la palette humérale. On repère de dehors en dedans : le muscle brachio-radial (r R), le nerf radial et ses deux branches (nr), le tendon distal du biceps (*), l'artère brachiale () et ses veines satellites (V), le nerf médian (nm), le muscle rond pronateur (RP). Le muscle brachial est situé en profondeur. Procédé mnémotechnique : M pour «biceps artère médian». Fig. 5.8 Coupes horizontales sur les branches de division du nerf radial. a. u-dessus de l'arcade de Fröhse : muscle supinateur (Su), muscle brachio-radial (r R), radius (R), branche profonde du nerf radial (Np), branche superficielle du nerf radial (Ns), artère récurrente radiale (). b. En dessous de l'arcade de Fröhse, la branche profonde du nerf radial (Np) chemine entre les deux faisceaux du muscle supinateur (Su s ; Su p).

100 Échographie musculosquelettique La branche profonde s'insinue entre les deux chefs du supinateur au niveau de l'arcade de Fröhse, renforcement fibreux de la partie haute du chef musculaire superficiel du supinateur. En aval, dans la région postérieure de l'avant-bras, cette branche profonde émerge du muscle supinateur pour donner ses branches terminales (rameaux musculaires et nerf interosseux postérieur). Toujours dans le plan transverse horizontal, on réalise une coupe sur l'articulation radio-ulnaire proximale et par des mouvements de pronosupination, on vérifie le bon glissement de la tête radiale dans l'incisure radiale de l'ulna. En translatant la sonde vers le haut, on étudie les cartilages du condyle et de la trochlée humérale. Enfin, on demande au patient de tourner sa main en «hypersupination» pour faciliter l'analyse du tendon distal du biceps en axial et en longitudinal (fig. 5.9). Ce tendon présente une forte anisotropie et on devra jouer sur l'inclinaison de la sonde pour mettre en évidence son échostructure normale, hyperéchogène fibrillaire. La réalisation de la coupe longitudinale n'est pas toujours aisée, mais sera facilitée par un abord «vertical oblique» intermédiaire entre le plan sagittal et le plan coronal. Fig. 5.9 Coupes longitudinale (a) et axiale transverse (b) sur le tendon distal du biceps (flèches) obtenues en supination maximale. Un abord vertical oblique selon un plan intermédiaire entre le sagittal et le coronal facilite la réalisation de la coupe longitudinale. Muscle brachial (r) ; palette humérale (H) ; tubérosité bicipitale du radius (R). Région latérale Le patient est positionné (fig. 5.4b) de façon à ce que le bord médial du coude repose sur la table, il est plié à 90, le poignet en extension. À partir de cette position, on réalise une coupe longitudinale (fig. 5.10) et une coupe transversale sur le tendon commun des épicondyliens latéraux.

Coude 101 Fig. 5.10 Coupe longitudinale sur le tendon commun des épicondyliens latéraux (les flèches repèrent sa face superficielle). Il est constitué par des fibres issues de quatre tendons extenseurs : court extenseur radial du carpe (fibres profondes), extenseur commun des doigts (fibres superficielles), extenseur propre du V, extenseur ulnaire du carpe. Il est difficile de le différencier des ligaments collatéraux (**). En profondeur, on reconnaît la corticale de l'épicondyle latéral (EL) et la tête radiale (R). Ce dernier s'insère sur la face antérolatérale du condyle latéral, il est constitué par des fibres issues de quatre tendons extenseurs : court extenseur radial du carpe (fibres profondes), extenseur commun des doigts (fibres superficielles), extenseur propre du V, extenseur ulnaire du carpe. Il est très difficile de le différencier des ligaments collatéraux (notamment du collatéral ulnaire latéral). Les mêmes coupes sont réalisées sur le coude controlatéral pour comparaison. Les coupes transversales latérales permettent également de repérer le nerf radial au-dessus de l'épicondyle, il chemine à ce niveau entre le muscle brachio-radial et le muscle brachial. En remontant selon la «technique de l'ascenseur», on peut le suivre en arrière de la diaphyse humérale. En descendant, on le voit se diviser antérieurement (voir plus haut) en ses deux branches : branche superficielle sensitive et branche profonde motrice qui passe sous l'arcade de Fröhse. Région médiale Le patient est installé (fig. 5.4c) coude posé à plat sur la table d'examen en extension, on lui demande de se pencher en dehors (rotation externe). Une coupe longitudinale de la région médiale (fig. 5.11) permet de visualiser le faisceau antérieur du ligament collatéral médial en profondeur et le tendon commun des épicondyliens médiaux en superficie. Ce dernier, beaucoup plus court que son homologue latéral, est constitué de fibres du fléchisseur radial du carpe, du long palmaire, du fléchisseur superficiel des doigts, du fléchisseur ulnaire du carpe.

102 Échographie musculosquelettique Fig. 5.11 Coupe longitudinale de la région médiale. Cette coupe permet de visualiser le faisceau antérieur du ligament collatéral médial (superficie marquée par des têtes de flèche) et le tendon commun des épicondyliens médiaux (flèches) constitué des muscles fléchisseur radial du carpe, long palmaire, fléchisseur superficiel des doigts, et fléchisseur ulnaire du carpe. Notez que le tendon est beaucoup plus court que son homologue latéral avec une jonction myotendineuse située sous la seconde flèche. En profondeur, on repère la corticale de l'ulna (U) et de l'épicondyle médial (EM). Région postérieure Deux positions sont utiles : la position précédente (voir fig. 5.4c) avec une rotation externe un peu plus marquée, et une seconde position (fig. 5.4d), coude fléchi à 90, la paume de la main posée à plat sur la table d'examen. Le tunnel ulnaire peut être étudié dans les deux positions. La première est un peu inconfortable mais permet de réaliser facilement des mouvements de flexion extension. La coupe axiale transverse (fig. 5.12) montre tous les éléments du tunnel ulnaire (gouttière épitrochléo-olécrânienne) : Fig. 5.12 Coupe transversale horizontale sur le tunnel ulnaire. Visualisation du nerf ulnaire (N) au centre (surface moyenne de 8 mm 2 ), de l'épicondyle médial en avant (EM), de l'olécrâne en arrière (O), du faisceau postérieur du ligament collatéral ulnaire en profondeur (*), du rétinaculum du tunnel ulnaire ou ligament d'osborne en superficie (flèches).

Coude 103 le nerf ulnaire au centre apparaît ovoïde divisé en fascicules, sa surface normale est de 8 (± 3) mm 2 ; l'épicondyle médial en avant ; l'olécrâne en arrière ; le faisceau postérieur du ligament collatéral ulnaire en profondeur ; le rétinaculum du tunnel ulnaire ou ligament d'osborne (tendu de l'épicondyle médial à l'olécrâne), en superficie. Il peut être absent, autorisant ainsi la luxation du nerf lors des mouvements de flexion extension. La coupe longitudinale sur le nerf ulnaire et une coupe transversale comparative sur le tunnel ulnaire controlatéral sont souvent utiles. À partir de la seconde position enfin (voir fig. 5.4d), on réalise une coupe longitudinale médiane (fig. 5.13) qui permet d'étudier : le tendon distal du triceps, la fossette olécrânienne comblée par de la graisse, et la bourse olécrânienne virtuelle à l'état normal. Fig. 5.13 Coupe longitudinale médiane sur le compartiment postérieur. On étudie sur cette coupe le tendon distal du muscle triceps (flèches) qui prolonge les chefs musculaires du triceps (Tr), la fossette olécrânienne comblée par de la graisse (*), et la bourse olécrânienne virtuelle à l'état normal. L'olécrâne (O) et la palette humérale (H) constituent les repères osseux. Le coude pathologique Tendinopathies Tendinopathies du biceps Rupture du tendon distal du biceps (fig. 5.14) Elle représente 3 à 5 % des ruptures tendineuses du biceps, elle survient chez un travailleur manuel ou un sportif après 40 ans, au décours d'un effort de soulèvement.

104 Échographie musculosquelettique Fig. 5.14 Rupture complète du tendon distal du biceps. a. Coupe sagittale : le tendon distal du long biceps (i) est rétracté proximalement de 5 cm (pointillés) par rapport à son insertion théorique sur la tubérosité bicipitale du radius (Rad). Le moignon tendineux rétracté est hypertrophique avec un aspect en «battant de cloche». On retrouve un hématome dans le lit du tendon (**) et autour du moignon. Le lacertus fibrosus (flèches) est partiellement lésé avec un aspect épaissi et hypoéchogène. r : muscle brachial. b. Coupe horizontale : le moignon tendineux rétracté est hypoéchogène, très épais. La partie proximale du lacertus fibrosus est épaissie (flèches), en avant du rond pronateur (RP). : artère brachiale ; M : nerf médian. Le plus souvent, la rupture se fait au niveau de son insertion distale sur la tubérosité bicipitale du radius. Le degré de rétraction dépend de l'atteinte associée du lacertus fibrosus (aponévrose bicipitale qui se perd en interne dans le fascia antébrachial). Les signes de rupture sont les suivants : non-visualisation du tendon distal qui est rétracté en proximal (on mesurera la rétraction sur une coupe sagittale en faisant attention à l'anisotropie!) ; tendon rétracté ondulé et moignon hypertrophique en «battant de cloche» ; hématome dans le lit du tendon et autour du moignon tendineux ; absence de mobilisation de la zone de rupture, et meilleure individualisation du moignon tendineux proximal lors des manœuvres de flexion contrariée du coude ; épaississement hypoéchogène du lacertus fibrosus, pouvant être associé à une lame hématique en regard du fascia antébrachial en avant du muscle rond pronateur. Tendinose et rupture partielle du biceps (fig. 5.15) On pose le diagnostic en fonction du contexte clinique et devant les signes échographiques suivants : épaississement hypoéchogène ou amincissement du tendon distal ; irrégularités de contours (analyse difficile en raison des artéfacts d'anisotropie) ; bursite associée.

Coude 105 Fig. 5.15 Tendinopathie distale du biceps en coupe sagittale (a) et transversale (b). Épaississement (doubles flèches et lignes en pointillé) et aspect hypoéchogène du tendon distal du biceps (i) droit et coupes comparatives sur le tendon du biceps gauche normal. ursite bicipito-radiale (fig. 5.16) La bourse bicipito-radiale, non visible à l'état normal, est interposée entre la tubérosité bicipitale du radius et le tendon distal du biceps. L'inflammation de cette bourse est le plus souvent secondaire à des microtraumatismes répétés et s'associe alors fréquemment à une tendinose du biceps. On peut également la rencontrer dans un contexte rhumatismal. Le diagnostic échographique de bursite ne pose généralement pas de problème : une formation hypoéchogène entoure plus ou moins complètement le tendon distal du biceps ; le contenu peut être liquidien anéchogène et donner le change quand il est abondant pour une «ténosynovite» ; parfois, elle peut présenter des parois et des cloisons épaisses ; enfin, un rehaussement des parois est possible en mode Doppler.

106 Échographie musculosquelettique Fig. 5.16 ursite bicipito-radiale en coupe axiale transverse (a) et sagittale (b). Formation hétérogène (doubles flèches en pointillé) à parois épaisses et comportant quelques zones anéchogènes (*), entourant incomplètement le tendon distal du biceps (flèches). Dans ce cas, la bursite s'intègre dans le cadre d'un rhumatisme psoriasique. Tendinopathie du tendon commun des épicondyliens latéraux : «épicondylite» (fig. 5.17) L'épicondylite latérale résulte d'une sollicitation excessive ou inappropriée de l'enthèse épicondylienne. Elle survient le plus souvent après 40 ans, du côté dominant. Elle peut être occasionnée par une activité professionnelle, des gestes sportifs répétés (50 % des tennismen y sont confrontés, c'est le fameux tennis-elbow). Le plus souvent, ce sont les fibres les plus profondes issues du muscle court extenseur radial du carpe qui sont atteintes. On pourra observer en échographie : une ou plusieurs plages hypoéchogènes intratendineuses avec perte de l'aspect hyperéchogène fibrillaire normal du tendon ; la moitié antérieure des fibres profondes est le plus souvent touchée, les fibres les plus postérieures restant intactes ; un tendon de calibre normal ou augmenté ; une hyperhémie intra- ou péritendineuse en mode Doppler énergie ; une lésion plus ou moins linéaire anéchogène intratendineuse traduisant, selon sa taille, une rupture partielle, une rupture complète, une désinsertion ; une déformation de la surface tendineuse (concavité focale) en cas de rupture partielle ; un épanchement péritendineux ; des calcifications ou des ossifications intratendineuses (atteinte chronique) ; des irrégularités de la corticale de l'épicondyle (non corrélées à l'activité de l'enthésopathie) ; une lésion du ligament collatéral latéral.

Coude 107 C D E Fig. 5.17 Exemples de tendinopathies des épicondyliens latéraux. a, b. Coupes longitudinale (a) et transversale (b) : la surface du tendon commun des épicondyliens latéraux est marquée par les flèches, l'épaisseur du tendon correspond à la double flèche, la corticale visible est celle de l'épicondyle latéral (EL). Présence d'une plage hypoéchogène (*) profonde avec perte focale de l'aspect fibrillaire hyperéchogène normal du tendon. La moitié antérieure des fibres profondes est le plus souvent touchée, les fibres les plus postérieures restant intactes (b). c, d. Coupes longitudinale (c) et transversale (d) : image linéaire verticale anéchogène (*) correspondant à une fissuration intratendineuse. e. Coupe longitudinale : tendon commun des épicondyliens latéraux augmenté de calibre (double flèche), globalement hypoéchogène et hyperhémié en mode Doppler avec des spots d'hypervascularisation (têtes de flèche).

108 Échographie musculosquelettique Tendinopathie du tendon commun des épicondyliens médiaux : épicondylite médiale ou «épitrochléite» Elle est cinq fois moins fréquente que l'épicondylite latérale, elle est également secondaire à des microtraumatismes répétés souvent dans un contexte sportif (golf, tennis, sports de lancer). Une pathologie du nerf ulnaire serait associée dans 60 % des cas. Les signes échographiques sont globalement les mêmes que précédemment : épaississement du tendon, plage intratendineuse hypoéchogène, perte de l'aspect fibrillaire, fissuration intratendineuse, hyperhémie en mode Doppler, etc. On note tout de même quelques spécificités : l'enthésopathie est plus fréquente que la simple tendinopathie avec, dans les formes chroniques, des calcifications ou des ossifications intratendineuses proximales (fig. 5.18). Fig. 5.18 Tendinopathie du tendon commun des épicondyliens médiaux. Coupe longitudinale passant par l'épicondyle médial (EM), montrant une calcification intratendineuse linéaire hyperéchogène avec cône d'ombre (flèches) témoignant d'une enthésopathie chronique. Les tendinopathies sont 5 fois plus rares en médial et touchent plus volontiers l'enthèse. Tendinopathie du triceps Comme tous les tendons, le triceps peut être le siège d'une tendinose. Mais la lésion typique, quoique rare de ce tendon, consiste en sa rupture complète ou partielle au niveau de son insertion distale olécrânienne. Elle est secondaire à une contraction tricipitale contrariée (chute avec réception sur la main) ou à un traumatisme direct. En cas de rupture complète, le tendon apparaît en échographie désinséré de l'olécrâne (parfois fracture ou arrachement osseux olécrânien associé). Le moignon tendineux est rétracté, ondulé, entouré d'un hématome.

Coude 109 En cas de rupture partielle, ce sont les fibres superficielles qui sont touchées (interruption partielle hypoéchogène). Lésions ligamentaires Lésions ligamentaires latérales Lésions du ligament collatéral ulnaire latéral (faisceau postérieur du ligament collatéral radial dans la nomenclature française) C'est le principal stabilisateur du coude en varus. Sa lésion, qui peut être secondaire à un traumatisme en extension varus, à une luxation du coude, à une tendinopathie évoluée ou à une chirurgie, s'accompagne d'une instabilité rotatoire postérolatérale. Ce ligament est difficile à voir à l'état normal, on peut en revanche le distinguer en cas de tendinopathie profonde (tendinopathie hypoéchogène et ligament fibrillaire hyperéchogène). Sa rupture se caractérise par une solution de continuité le plus souvent proximale, parfois accompagnée d'une rupture du tendon commun des épicondyliens et d'un hématome focal. Les manœuvres dynamiques (varus forcé «prudent») provoquent un diastasis huméro-radial. Lésions du ligament annulaire (fig. 5.19) Des anomalies de ce ligament peuvent également être suspectées en échographie : rupture, arrachement osseux à l'insertion ligamentaire, interposition articulaire dans les pronations douloureuses suspectée devant un diastasis articulaire. Fig. 5.19 Entorse latérale. Coupe transversale sur la partie postérieure de l'articulation radio-ulnaire supérieure (R-U). Entorse radio-ulnaire avec un arrachement osseux de l'insertion postérieure du ligament annulaire (flèche).

110 Échographie musculosquelettique Lésions ligamentaires médiales (fig. 5.20) Le faisceau antérieur du ligament collatéral médial est le plus important dans la stabilité du compartiment médial (il s'oppose au valgus et à la rotation médiale). La rupture de ce faisceau s'observe après un traumatisme en valgus, ou dans le cadre de microtraumatismes répétés (sports de lancer : base-ball, volley-ball). Le ligament peut apparaître totalement interrompu dans les lésions aiguës complètes (plage hypoéchogène mal limitée et perte de l'aspect fibrillaire) ou épaissi, distendu, et comporter des calcifications dans les formes chroniques. Ces anomalies ligamentaires s'associent souvent à : une épicondylite médiale (13 %) ; des signes de souffrance du nerf ulnaire (40 %) ; un conflit huméro-olécrânien médial (conflit entre la partie postéromédiale supérieure de l'olécrâne et la fossette olécrânienne dans les sports de lancer) ; des lésions de compression latérale (arthrose focale huméro-radiale). Fig. 5.20 Entorse médiale. a. Coupe longitudinale sur le compartiment médial d'un patient ayant présenté un traumatisme récent indirect du coude droit en valgus. En aval de l'épicondyle médian (EM) et en profondeur du tendon commun des épicondyliens médiaux (TEM) et des corps musculaires correspondants, le faisceau antérieur du ligament collatéral médial apparaît complètement rompu (** : plage hypoéchogène mal limitée plus large que le ligament d'origine, perte de l'aspect fibrillaire). b. Sur le coude controlatéral, la visualisation du ligament collatéral médial (têtes de flèche) ne pose aucun problème. Conflits nerveux Syndrome du tunnel du nerf ulnaire Il s'agit du deuxième conflit nerveux périphérique en fréquence (après le syndrome du canal carpien). Il est favorisé par des variantes anatomiques (fig. 5.21) : subluxation ou luxation du nerf ulnaire vers l'avant, secondaire à une absence du ligament d'osborne ;

Coude 111 Fig. 5.21 Variantes anatomiques pouvant favoriser un syndrome du tunnel ulnaire. Coupes transversale en extension (a) et en flexion maximale (b) sur le tunnel ulnaire. Le nerf ulnaire (N) est délimité par des pointillés. En extension, il est en position normale en arrière de l'épicondyle médial (EM). En flexion maximale, il se luxe en avant, ce qui atteste d'une absence de ligament d'osborne. Chez ce patient, on note en outre une hypertrophie du vaste médial du triceps et une subluxation de ce dernier (snapping triceps). hypertrophie du vaste médial du triceps ou subluxation de ce dernier (snapping triceps) ; présence d'un muscle anconé médial ; défaut de creusement de l'épicondyle médial ; bombement du ligament collatéral médial ; hypertrophie du ligament d'osborne ; cubitus valgus congénital. Il peut également être provoqué par : une inflammation locorégionale (épicondylite médiale) ; des déformations et des éléments compressifs acquis (ostéophytes, déformation osseuse post-traumatique, kyste synovial, lipome, adénopathie, corps étranger intra-articulaire) ; certains mouvements de flexion répétés responsables d'une traction sur le nerf (sports de lancer, charpentiers, peintres, etc.) ; certaines positions prolongées entraînant une compression (étudiants, joailliers). Les signes échographiques de souffrance du nerf ulnaire sont les suivants (fig. 5.22) : tuméfaction du nerf dont la surface de section augmente en valeur absolue (valeur moyenne «normale» = 8 mm 2 ) et par rapport au nerf controlatéral ; disparition de l'aspect fasciculé du nerf ; hyperhémie intra- et périneurale en mode Doppler ; signes de dénervation (hypotrophie, hyperéchogénicité) tardifs des muscles du territoire ulnaire (fléchisseur ulnaire du carpe, fléchisseurs profond des doigts 4 et 5, muscles intrinsèques de la main).

112 Échographie musculosquelettique C Fig. 5.22 Souffrance du nerf ulnaire. a, b. Coupes transversales comparatives pour des tunnels ulnaires droit (a) et gauche (b). Le nerf ulnaire droit présente des signes échographiques de souffrance : tuméfaction du nerf dont la surface de section augmente en valeur absolue (ici 13 mm 2 ) et par rapport au nerf controlatéral (nerf ulnaire gauche = 7 mm 2 ), disparition de l'aspect fasciculé du nerf. c. La coupe sagittale montre un épaississement et une perte de l'aspect fassiculaire du nerf ulnaire (flèches). En amont du tunnel ulnaire, l'aspect échographique du nerf redevient normal (têtes de flèche). L'échographie s'efforcera en outre de rechercher les causes favorisantes congénitales ou acquises précédemment citées. Les autres conflits du nerf ulnaire sont beaucoup plus rares : compression plus distale au niveau de l'avant-bras (entre le chef huméral du fléchisseur ulnaire du carpe et le fléchisseur superficiel des doigts) ; compression plus proximale par l'arcade de Struthers (voir plus bas). Compression du nerf radial et de ses branches La compression de la branche profonde motrice du nerf radial au niveau de l'arcade de Fröhse (fig. 5.23) est la pathologie la plus fréquente de ce nerf.

Coude 113 C Fig. 5.23 Souffrance de la branche profonde du nerf radial. a, b. Coupes transversales comparatives passant juste au-dessus de l'arcade de Fröhse avant le passage de la branche profonde du nerf radial (N et flèches) entre les deux faisceaux du muscle supinateur (Su). La corticale du col du radius (R) est visible en profondeur. L'échographie montre des signes de souffrance de ce nerf à droite (a) : épaississement hypoéchogène comparativement au côté controlatéral sain (b). c. Coupe sagittale sur la branche profonde du nerf radial du côté pathologique. Le rameau nerveux change de calibre et présente un épaississement hypoéchogène fusiforme (flèches) juste en amont de l'arcade de Fröhse (lame fibreuse hyperéchogène : *), il redevient filiforme en aval de cette arcade (têtes de flèche). Su s : faisceau superficiel du muscle supinateur ; Su p : faisceau profond du supinateur.

114 Échographie musculosquelettique Cette arcade fibreuse peut comprimer le rameau profond du nerf radial avant son passage entre les deux chefs du supinateur, la douleur engendrée pouvant parfois donner le change pour une épicondylite. Ce conflit est favorisé par : des mouvements de pronosupination répétés (activité professionnelle, sport) ; un syndrome de masse (bursite, kyste synovial, lipome) ; une fracture ou une luxation de la tête radiale ; une arcade récurrente radiale de l'artère humérale surnuméraire ou hypertrophique. L'échographie permet de rechercher ces facteurs favorisants et met en évidence les signes de souffrance du nerf : épaississement hypoéchogène du nerf, douleur reproduite par le passage de la sonde («Tinel échographique») et, plus tardivement, aspect hypotrophique et hyperéchogène des corps musculaires du territoire correspondant. Un épaississement de la branche profonde du nerf radial au-dessus de l'arcade de Fröhse est fréquent chez des sujets asymptomatiques, il faudra donc être prudent avant d'affirmer la présence d'un conflit symptomatique en réalisant en cas de doute une comparaison avec le côté controlatéral et en recherchant attentivement un «Tinel échographique». La compression du nerf radial et de ses branches peut se faire de façon plus proximale (fig. 5.24) au niveau de la capsule antérieure de l'articulation huméro- Fig. 5.24 Souffrance des deux branches du nerf radial. Coupe transversale passant par le col du radius (R) chez un patient présentant cliniquement une neuropathie sensitive et motrice dans le territoire du nerf radial. Un kyste mucoïde (doubles flèches) issu de l'articulation radio-humérale, et situé en avant du muscle supinateur (Su), comprime la branche motrice profonde (P, tête de flèche) et la branche sensitive superficielle (S, tête de flèche) du nerf radial.

Coude 115 radiale (pathologie rhumatismale, cicatrice fibreuse post-traumatique, kyste), ou au niveau du bord interne du muscle court extenseur radial du carpe. Compression du nerf médian Plus rare qu'au poignet, la compression du nerf médian au coude peut être favorisée par des variantes anatomiques et par des mouvements répétitifs de pronosupination. Voici par ordre de fréquences les principaux sites de compression : espace entre les deux chefs du muscle rond pronateur (syndrome du rond pronateur) ; arcade du muscle fléchisseur superficiel des doigts ; lacertus fibrosus ; tunnel ostéofibreux constitué par le processus supracondylaire (éperon osseux situé 5 cm au-dessus de l'épicondyle médial orienté vers le bas) prolongé du ligament de Struthers qui rejoint l'épicondyle médial. Ce tunnel présent dans 1 % de la population contient le nerf médian et parfois l'artère brachiale (fig. 5.25). La compression du nerf interosseux antérieur (branche collatérale du nerf médian cheminant en avant de la membrane interosseuse) constitue le syndrome de C Fig. 5.25 Souffrance du nerf médian. Patient présentant cliniquement une neuropathie dans le territoire du nerf médian en rapport avec une «variante de la normale» : tunnel ostéofibreux constitué par un processus supracondylaire (a, tête de flèche) prolongé du ligament de Struthers qui rejoint l'épicondyle médial (c, flèches). Ce tunnel, présent dans 1 % de la population, contient (b) l'artère brachiale () et le nerf médian (NM).

116 Échographie musculosquelettique Kiloh-Nevin favorisé par certaines variantes anatomiques (bandes fibreuses du chef ulnaire du rond pronateur, muscles surnuméraires). Hygroma ou bursite olécrânienne (fig. 5.26) C'est la «bursite» la plus fréquente du corps humain. Il s'agit soit d'une véritable collection dans une bourse séreuse de glissement, soit d'une «dissection» associée à un épanchement des travées fibroconjonctives qui délimitent les îlots graisseux sous-cutanés profonds de la région rétro-olécrânienne. Elle se traduit par une tuméfaction rétro-olécrânienne plus ou moins volumineuse souvent indolore, parfois inflammatoire. Fig. 5.26 Hygroma. Coupes sagittales rétro-olécrâniennes réalisées au même niveau sans (a) et avec (b) compression. a. Sans compression, l'hygroma se manifeste dans ce cas par une collection anéchogène (***) dans laquelle flottent des lobules graisseux hyperéchogènes (têtes de flèche). b. La compression par la sonde chasse le liquide et la coupe redevient «subnormale» : épaississement modéré et discret «infiltrat» de la graisse sous-cutanée profonde. tr : tendon du triceps ; O : olécrâne.

Coude 117 Elle est secondaire le plus souvent à des microtraumatismes répétés (travailleurs manuels, student's elbow, etc.), mais peut également se rencontrer dans le cadre : d'une polyarthrite rhumatoïde ; d'une pathologie microcristalline (goutte, etc.) ; d'une infection (bursite douloureuse et inflammatoire) ; d'une hémodialyse. L'échographie pourra retrouver : une collection anéchogène, compressible, localisée dans les tissus souscutanés ; des «franges» hypertrophiques hyperéchogènes, qui s'avèrent le plus souvent correspondre en IRM à des lobules graisseux. En compression, le liquide est «chassé» par la sonde et l'hygroma peut disparaître, laissant place à un aspect de simple infiltrat de la graisse profonde ; une hyperhémie en mode Doppler de la graisse en périphérie de la collection ; une collection hétérogène voire hyperéchogène en cas d'hémorragie, de sepsis, de maladie microcristalline. Pathologies articulaires et osseuses Fractures occultes du coude (fig. 5.27) L'échographie montre de façon évidente le principal signe indirect de fracture : l'épanchement intra-articulaire bien visible au niveau du récessus antérieur mais également en postérieur au niveau de la fossette olécrânienne. Fig. 5.27 Fracture occulte. Cycliste présentant une impotence fonctionnelle modérée après une chute, fracture non vue directement en radiographie standard (simple épanchement isolé). La coupe sagittale (a) sur l'articulation huméro-radiale montre un épanchement hyperéchogène (hémarthrose : **) du récessus articulaire en avant du condyle huméral (CH). Dans ce plan de coupe, le décroché osseux (tête de flèche) de la cupule radiale (R) est difficile à affirmer ; il devient en revanche évident en coupe axiale transverse (b).

118 Échographie musculosquelettique Un examen attentif peut également retrouver des signes directs de fracture : on recherchera particulièrement un petit décroché cortical de la tête radiale (coupe axiale transversale sur la tête radiale tout en réalisant des manœuvres de pronosupination). Cette recherche de signes directs est particulièrement utile chez l'enfant dont les noyaux d'ossification ne sont pas fusionnés. rthrose et lésions ostéochondrales Le bilan d'une arthrose nécessite bien sûr une radiographie préalable. L'échographie peut déceler un épanchement articulaire, des ostéophytes, des irrégularités ou des ulcérations cartilagineuses, et des corps étrangers intra-articulaires hyperéchogènes (matrice osseuse) ou hypoéchogènes (matrice cartilagineuse) pouvant éventuellement se mobiliser sous la sonde. Les lésions ostéochondrales du capitellum (condyle huméral) chez l'enfant et l'adolescent (maladie de Panner, ostéochondrite disséquante) peuvent être explorées en échographie. On recherchera notamment des signes de stabilité ou d'instabilité du fragment ostéochondral : fragment osseux sous-chondral, de la partie antérieure du capitellum (coupe sagittale), sans solution de continuité du cartilage ; fragment déplacé irrégulier, cartilage lésé ; défect ostéochondral comblé par du tissu fibrocartilagineux ; corps étrangers intra-articulaires. Pathologies synoviales Dans le cadre de la polyarthrite rhumatoïde, l'échographie permet de mettre en évidence un pannus synovial hypertrophique inflammatoire (hyperhémie en Doppler), des érosions, des irrégularités cartilagineuses. Les maladies rhumatismales s'accompagnent parfois de bursites hypertrophiques inflammatoires (polyarthrite rhumatoïde, psoriasis) : bursite bicipitale (voir fig. 5.16) ou rétro-olécrânienne. Les dépôts calciques dans le cadre d'une maladie à microcristaux (goutte, chondrocalcinose, dépôts d'apatite) sont également accessibles à l'examen échographique.

Coude 119 Exemple d'infiltration (fig. 5.28) C D Fig. 5.28 Infiltration des épicondyliens latéraux au coude. L'infiltration des épicondyliens latéraux constitue le geste le plus fréquemment demandé au coude. Dans ce cas concernant une joueuse de tennis «professionnelle», présentant une douleur chronique récemment majorée, une infiltration de PRP (plasma riche en plaquettes) a été réalisée. a, b. Les coupes longitudinales sur le tendon commun des épicondyliens latéraux mettent en évidence des zones hypoéchogènes intratendineuses avec perte de l'aspect fibrillaire (flèches) et une franche hyperhémie intratendineuse (b). c. L'aiguille de calibre 25 G (aa) est positionnée au sein d'une petite plage hypoéchogène. d. L'injection de 2 cc de PRP dévoile une fissure (*) sous-estimée sur les coupes précédentes. N.-. : l'injection intratendineuse de corticoïde retard au coude est sujette à controverse, beaucoup d'opérateurs préférant une infiltration «péritendineuse».