Vers une Politique de Couplage des Outils Microcrédit et Microassurance - Impact en Termes de Lutte Contre la Pauvrété et de Gestion des Risques?



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Ressources en ligne pour l élaboration des politiques PRÉSENTATION THÉMATIQUE GÉNÉRALE Module EASYPol 206 Vers une Politique de Couplage des Outils Microcrédit et Microassurance - Impact en Termes de Lutte Contre la Pauvrété et de Gestion des Risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar Note de politique

Ressources en ligne pour l élaboration des politiques Vers une Politique de Couplage des Outils Microcrédit et Microassurance - Impact en Termes de Lutte Contre la Pauvrété et de Gestion des Risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar par Note de politique Louis Bockel, Service du soutien aux politiques agricoles, Division de l assistance aux politiques et de la mobilisation des ressources, FAO, Rome, Italie Marie Thoreux, Consultante FAO en gestion des risques, Université de Versailles - Saint Quentin en Yvelines Shelly Sayagh, Consultante FAO en politique du développement, Columbia University, School of International and Public Affairs pour le compte de L ORGANISATION DES NATIONS UNIES POUR L'ALIMENTATION ET L'AGRICULTURE, FAO À propos d EASYPol EASYPol est un référentiel interactif multilingue en ligne qui propose des ressources téléchargeables visant à renforcer les capacités en matière d'élaboration de politiques alimentaires, agricoles et de développement rural. L'adresse de sa page d accueil est www.fao.org/easypol. Les ressources d'easypol sont créées et mises à jour par le Service de soutien aux politiques agricoles de la FAO. Les termes employés et la présentation du contenu de ce document d information ne représentent en aucune manière l opinion de l Organisation des Nations Unies pour l alimentation et l agriculture quant au statut juridique d'un pays, d un territoire, d une ville ou d une région quelconque ou de ses autorités ou quant à la délimitation de ses frontières ou limites. FAO 2009 : Tous droits réservés. La reproduction et la diffusion des documents accessibles sur le site Web de la FAO aux fins de formation ou autres fins non commerciales sont autorisées sans permission écrite préalable des détenteurs des droits d auteur, à condition que la source en soit clairement mentionnée. La reproduction de leur contenu aux fins de revente ou autres fins commerciales est interdite sans l autorisation écrite des détenteurs des droits d auteur. Il convient d adresser ces demandes d autorisation à : copyright@fao.org.

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique Tables des Matières 1. Résumé...1 2. Introduction...1 3. Microfinance et gestion des risques : Origine et Contraintes de développement en milieu rural...2 3.1. La microfinance, outil de gestion de risque... 2 3.2. Origine de la microfinance : Des stades relatifs au développement plus ou moins avancé des systèmes financiers. Exemples de Madagascar et de l Inde... 3 4. Emergence de la Micro assurance dans le développement : Nouveau rôle pour l IMF?...5 5. Stratégies multiples de mise en convergence des services de crédit et de transfert de risques... 12 5.1 Auto-assurance par l épargne et microcrédit...12 5.2 Les fonds de crédits d urgence aux IMF : Expérience malgache...13 5.3 Cas de l IMF indienne SHEPHERD : Stratégies multiples de gestion de risque..14 6. Conclusion... 15 7. Notes destinées aux utilisateurs... 16 7.1 Ressources de renforcement des capacités complémentaires...16 8. Références et autres ressources... 16 Metadonnés du module..16

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique 1 1. RÉSUMÉ Le microcrédit et la microassurance, inscrits dans le mouvement plus large de la microfinance, sont deux outils de gestion de risque actuellement développés par les gouvernements et les agences internationales de développement pour réduire la vulnérabilité à la pauvreté des populations en milieu rural. Les débats autour de la sécurisation du crédit évoquent de manière croissante les liens à construire avec des services d assurance adaptés aux risques rencontrés par les ruraux des pays en développement. Le couplage de ces deux instruments, suivant le développement du marché financier et bancaire du pays, pourra soit représenter une opportunité réelle de sortie des cercles de pauvreté, soit être une source supplémentaire de risque, d une part pour les institutions financières développant cette combinaison, d autre part pour les bénéficiaires, risquant de s enfermer dans des dynamiques de surendettement. Nous tenterons de proposer, à partir des expériences de gestion de risque de deux pays, l Inde, champion de la microfinance et Madagascar, au secteur bancaire encore très limité, les arguments nécessaires pour illustrer nos propos. Nous développerons enfin les multiples stratégies de transfert de risque qui pourront être complémentaires à l outil de microcrédit, stratégies différentes suivant le stade de développement bancaire des pays concernés. 2. INTRODUCTION Objectifs Les objectifs principaux de ce brief sur la politique de financement rurale sont de présenter les expériences de deux pays très différents, l Inde et le Madagascar, en microfinance. En l occurrence, ce brief traite de l articulation des politiques de microcrédit et micro-assurance comme stratégie efficace pour la gestion de risques, ainsi que les moyens divers qui existent pour la mise en œuvre par rapport aux particularités du pays en question, les risques associés et les besoins des bénéficiaires. En proposant des exemples d une variété de mécanismes différents qui rendent ce couplage possible, le brief a pour objectif de conclure que pour chacune des circonstances il est possible d adapter une stratégie de transfert et de gestion de risque en constituant des relations de partenariat entre ONG, les secteurs publique et privé, le gouvernement et les institutions de microfinance en accord avec les objectifs de développement du pays. Public cible Décideurs nationaux, cadres impliqués dans la planification et les politiques du secteur agricole ou dans la formulation de programmes de développement Connaissances préalables requises Il serait utile de disposer d une compréhension élémentaire de la microfinance, des marchés de crédit et du risque économique car celle-ci pourrait apporterait le contexte de ce brief, surtout en ce qui concerne les populations pauvres vivant en zone rurale des pays en voie de développement. Ceci dit, il n est pas nécessaire d avoir une formation

2 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale technique en finance ou en économie pour maitriser les idées et exemples proposées dans ce document. Pour se procurer des documents relatifs à ces domaines, le lecteur pourra suivre les liens vers d autres modules EASYPol ou ouvrages de référence présents dans le texte 1. Des liens vers des modules EASYPol apparentés sont fournis à la fin du présent document.2 3. MICROFINANCE ET GESTION DES RISQUES : ORIGINE ET CONTRAINTES DE DEVELOPPEMENT EN MILIEU RURAL 3.1. La microfinance, outil de gestion de risque La microfinance, large gamme de produits financiers proposés aux populations des pays en voie de développement jusqu ici exclues des systèmes bancaires et assurantiels formels, est actuellement considérée comme l outil phare des agences internationales de développement en termes de gestion des risques et de lutte contre la pauvreté. En effet, la microfinance, élargissement progressif du microcrédit vers des services d épargne, d assurance (assurance récolte, bétail, biens, vie ou encore santé), de moyens de paiements, de transferts d argent, permettrait une diminution de la vulnérabilité aux risques des ménages. Le crédit en particulier pourra augmenter la capacité des ménages en milieu rural à faire face aux chocs en leur évitant d adopter des «stratégies d urgence», telles que la vente des moyens de production, le retrait des enfants de l école ou des stratégies réductrices de risques, maintien d un niveau élevé d auto-consommation vivrier dans des conditions de productivité médiocre, cumul de capital d épargne non valorisée (conservation du bétail, liquidité monétaire), couteuses et peu efficaces. Les individus, par le biais de la microfinance, n auraient ainsi plus besoin de «choisir» une relative pauvreté (choix moins risqués mais moins rentables) et pourraient assumer des activités à rendements plus élevés. 3 Les mesures ex ante de gestion de risque (telles que les produits de microfinance) donneraient en effet les incitations et les moyens nécessaires aux individus vulnérables de réduire l impact des risques. En soutenant l auto assurance via l épargne, en permettant l accès au crédit, en supportant le partage du risque au sein des communautés, en favorisant l introduction de produits d assurance conçus pour des contextes difficiles, la microfinance semble représenter un instrument puissant d émancipation des individus. Elle prendra, cependant, des formes différentes, plus ou moins efficaces suivant le niveau de développement du système financier du pays concerné et montrera suivant les caractéristiques qui en découleront plusieurs limites. Nous prendrons comme cas d étude l Inde, et l île de Madagascar pour illustrer notre papier. Revenons dans un premier temps 1 Les liens hypertexte vers EASYPol apparaissent en bleu : a) chemins d accès aux formations en gras souligné ; b) autres modules EASYPol ou documents EASYPol complémentaires en italique gras souligné ; c) liens vers le glossaire en gras et d) liens vers les sites extérieurs en italique. 2 Données de la pré évaluation du groupe de travail sur La finance rurale et la gestion du risque du programme PROSPERER. 3 Dercon S., Krishnan P., 2000. Vulnerability, Seasonality and Poverty in Ethiopia, in: Journal of Development Studies, 36(6).

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique 3 à l origine du mot microfinance et aux étapes de son développement. Nous pourrons ainsi dans la deuxième section détailler, en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risque, les potentialités d une combinaison des outils microcrédit et micro-assurance. La dernière section tentera plus largement de déterminer différentes stratégies de transfert de risque à partir de l outil du microcrédit, stratégies à adapter aux conditions des pays concernés. 3.2. Origine de la microfinance : Des stades relatifs au développement plus ou moins avancé des systèmes financiers. Exemples de Madagascar et de l Inde L industrie de la microfinance a profondément changé au cours des vingt dernières années. A la fin des années 80, on ne parlait en effet que de microcrédit et non de microfinance, l accent étant mis à cette époque, d une part sur l octroi de prêts de montant réduit à des microentreprises afin de stimuler la génération de revenus et la création d emploi ; d autre part sur le caractère autosuffisant et durable de l outil en matière d autonomie des personnes. Par la suite, les organisations octroyant des microcrédits ont reconsidéré leur rôle en réalisant que le crédit seul était insuffisant pour permettre aux microentrepreneurs d atteindre leurs objectifs de développement. En effet, le crédit seul ne permettra pas nécessairement aux plus démunis de constituer des fonds propres, ni aux plus pauvres à faire face aux urgences. L utilisation du microcrédit pour résoudre des défis de développement dans des situations où la base de la subsistance des populations est détruite ou très précaire a rarement été un succès, étant plus souvent une nouvelle source de surendettement. Suite à cette prise de conscience du fait que les besoins en matière de services financiers des communautés à bas revenu étaient diversifiés, certaines coopératives de crédit ont commencé à se transformer en institutions de microfinance (IMF), en offrant également des services d épargne. Aujourd hui, les IMFs se posent la question d intégrer de nouveaux instruments financiers susceptibles de convenir aussi bien aux populations de bas revenus qu aux IMF elle-même. L extension des activités des IMF se prolongera alors logiquement par le développement de l assurance, outil de gestion des risques nouvellement considéré indispensable, du fait de la nécessité pour les IMF de diversifier leur portefeuille de crédit et d aider leurs clients à faire face aux risques encourus. Cependant, il faut dès maintenant souligner les difficultés du développement de l activité d assurance par rapport à celui des activités de crédit ou d épargne : Problèmes de hasard moral, de sélection adverse, besoin d un environnement riche en information, impossibilité de couvrir des risques covariants ou peu fréquents, problèmes concernant le paiement effectif des dédommagements en cas de sinistre minant la bonne volonté des clients à contracter une assurance La microassurance, contrats simples, peu onéreux et adaptés aux clients ayant de faibles revenus, devra surmonter les mêmes difficultés que les contrats d assurance marchande ainsi que des coûts de transaction élevés dû à leur petite échelle. Pourtant, comme dans le cas du microcrédit, et même si cela requiert d importantes subventions, la micro-assurance pourrait fournir un service à des clients ayant de faibles revenus, qui, autrement, continueraient à subir les rationnements du marché. La question est ainsi de savoir ici quelles seraient les conditions d une combinaison de la microfinance et la microassurance et surtout de voir si des articulations adéquates de ces deux domaines sont susceptibles ou non de permettre une meilleure inclusion économique

4 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale et sociale des populations démunies. Les réponses qui pourront être données dans ce papier différeront beaucoup suivant que le pays concerné ait un marché financier et bancaire développé ou non. Voyons nos deux cas d étude, l Inde et Madagascar, deux pays de niveau de développement très éloigné. A Madagascar tout d abord, les activités de microfinance se sont développées au début des années 1990 pour pallier aux déficiences du secteur financier formel en milieu rural, marché dominé pendant longtemps par des prêteurs informels qui consentent aux paysans en difficulté des prêts à des taux usuraires dont la valeur actualisée peut atteindre 400% l an. Les institutions de microfinance, appuyées par le gouvernement malgache et les bailleurs de fond, deviennent rapidement le second acteur du marché financier rural en nombre de clients servis. On peut estimer que 50% des emprunteurs de ces institutions sont des ruraux, dont une majorité d agriculteurs. Au 30 septembre 2006, toutes institutions confondues, le secteur de la microfinance dispose de près de 300,000 clients servis à travers d environ 450 caisses, guichets, bureaux ou points de service. Il mobilise environ Ar 30 milliards de ressources auprès de ses clients et porte des encours de crédit pour environ Ar 40 milliards (USD 20 millions). Cependant, l impact des activités de microfinance sur le financement des activités agricoles est faible (moins de 40,000 exploitations agricoles bénéficient de crédits en septembre 2006, soit environ 1.6 % des producteurs et pour un total d encours qui peut être estimé à USD 15 millions). Le taux de pénétration de la microfinance en milieu rural est encore tout à fait confidentiel, de l ordre de 5 à 6 %. Les limites de cet outil sont en effet nombreuses : Taux d intérêt mensuels très élevés (entre 30 et 40 % pour les IMFs) ; demande de garanties réelles dont la contrevaleur doit être au minimum égale à 150 voire 200 % du montant du prêt ; Très peu d investissement se font sur moyen long terme La situation de l Inde est bien différente puisqu elle possède un des plus larges réseaux d institutions financières en milieu rural au monde : Plus de 30 000 banques commerciales nationales, quasiment 3000 banques commerciales privées, 14 000 banques rurales au niveau régional, environ 122 000 coopératives de crédit Si 45,9 millions de ménages en milieu rural dans le pays (51, 4%), n ont pas accès au crédit (NSSO data), la microfinance joue tout de même un rôle très important. En effet, seul 27% du total des agriculteurs ont recours aux prêts du secteur bancaire formel (dans lequel un tiers emprunte à des sources informelles), les autres empruntant des voies de financement informelles. La microfinance s est ainsi développée de manière exponentielle au cours des dernières années : De 1993 à 2006, le taux de croissance annuel moyen du nombre de groupes d emprunteurs ayant reçu un prêt s établit à 82%. Il est de 110% en termes de montants alloués tant en matière d octroi de crédit et de mobilisation d épargne que d assurance. 35 à 40% (suivant les districts) des ménages exclus du système bancaire classique sont concernés. 4 Dans le cas indien, la microfinance ne se cantonne pas au seul outil du crédit mais a pu développer une large gamme d instruments financiers pouvant répondre aux besoins des populations à faibles revenus. Prenons l outil de la microassurance comme exemple. Trois phases se distinguent dans son développement. La première coïncide avec l introduction 4 Fouillet, Cyril et Augsburg, Britta. Mars 2007. Diffusion de programme d d articulation groupes de solidarité mutuelle et banques en Inde. Présenté à la Conférence sur la recherché en finance rurale, résultats en flux, FAO et FIDA, Rome, Italie. http://papers.ssrn.com/sol3/papers.cfm?abstract_id=1285783, accédé le 29 janvier, 2009.

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique 5 des programmes ciblés de lutte contre la pauvreté tels que l Integrated Rural Development Programme (IRDP) 5. La deuxième phase de cette croissance correspond à l ouverture du crédit aux populations pauvres, mouvement entrainé par des institutions appelées Self Help Groups (SHGs). Cette seconde étape rend le rôle des ONG crucial en termes d appui à la création d IMF. La troisième phase de développement est liée à la création de mesures de sécurité sociale par le gouvernement. Alors que près de 90% de la population est exclue de toute forme institutionnalisée de protection sociale, le gouvernement prend conscience de la nécessité d étendre cette couverture aux groupes exclus (appartenant à l économie informelle) aux travers de diverses stratégies dont l appui aux nouveaux systèmes de micro assurance. Ce dernier outil prend aujourd hui de plus en plus d importance : Sur 51 systèmes de micro-assurance répertoriés, 43 d entre eux couvrent 5,2 millions de personnes (suivant l information disponible). Il est intéressant de noter que 66 % des systèmes de microassurance actuellement en fonctionnement sont liés à un service de microcrédit (IMF spécialisées ou non). Une question récurrente est alors posée : Les IMF doivent elles offrir des services d assurance et si oui de quelle manière pourrait elle rendre l assurance accessibles aux plus démunis? Les réponses seront, comme nous l avons indiqué, conditionnées par l état de développement de la microfinance décrite ci-dessus. 4. EMERGENCE DE LA MICRO ASSURANCE DANS LE DÉVELOPPEMENT : NOUVEAU RÔLE POUR L IMF? 4.1. Analyse de l articulation des outils de microcrédit et de micro-assurance : Potentiels et contraintes Au contraire de la microfinance, la problématique de la microassurance comme outil de développement est assez récente dans la littérature économique. Compte tenu de certaines similitudes notamment du point de vue du type de bénéficiaires, de la petite échelle des produits proposés, du savoir faire accumulé dans le domaine de la microfinance, la question de la pertinence du couplage entre la microassurance (qu elle concerne l assurance de santé, de la production agricole, ou d autres capitaux du ménage) et la microfinance est alors posée. Quels sont les effets d une articulation des deux outils sur le système de microcrédit? Sur le système de microassurance? Dans un premier temps, il est clairement nécessaire de souligner les différences de conception et de gestion entre une prestation de microcrédit et celle de microassurance. Selon un article 6 traitant de ce sujet «Dans le cas du crédit, les problèmes d exécution des contrats sont rencontrés par le créancier alors que dans le cas de l assurance, c est un problème rencontré par le client. Ensuite, avec le crédit, les emprunteurs et les prêteurs se 5 Ce programme prévoyait le soutien du secteur public aux compagnies d assurance qui élargissaient leurs activités aux populations pauvres du pays. Il comprenait les compagnies suivantes : Group Insurance Scheme for the Landless Agricultural Labourers (fusion avec le groupe Janashree Bima Yojana en 2000) ; Cattle Insurance Policy ; Kissan Agricultural Pump set Insurance ; Grameen Accident Policy ; et Janata Personal Accident policy. Les risques couverts les plus importants dans ces mécanismes correspondant à la protection des pauvres en cas de perte de leurs actifs, en cas de mort ou d accident. 6 Labie, M., Ngongang, I., Nyssens, M., Wele, P. 2006. Analyser l articulation entre microfinance et microassurance santé : Réflexions à partir de trois cas béninois. Documents d économie et de gestion, Working paper 2006 / 2. Centre de Recherche Warocque. Université de Mons Hainaut, Mons, Belgique.

6 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale contactent à plusieurs reprises durant la période de remboursement, ce qui implique régulièrement des transactions et des coûts de contrôle. Dans le cas de l assurance, la teneur en information du versement régulier de la prime est plutôt limitée. L assureur encourt seulement de faibles coûts de transaction parce que le contrat peut être facilement résilié lorsque la prime n est pas payée ; les coûts de transaction sont irréguliers et élevés seulement lorsqu une demande d indemnités survient». Les principales différences sont résumées dans le tableau suivant : Tableau 1 : Principales différences de gestion et de conception entre les outils de microcrédit et de microassuranc e à prendre en compte dans le cas d un couplage de ces instruments : 7 Prise de risque Décision du bénéficiaire de la souscription au mécanisme Gestion de liquidité Proximité culturelle MICROCREDIT Agence de microfinance doit avoir confiance dans le micro-entrepreneur, supporte les risques du contrat Offre qui doit être supérieure à ce que proposent les marchés informels d épargne et de crédit (soit moins cher, soit de meilleure qualité, soit une meilleure adaptation des produits proposés) Cycle de remboursement prévisible Suivi plus important des IMF Habitude de la caution solidaire au sein des communautés. Service financier plus attractif. MICROASSURANCE Bénéficiaire doit avoir confiance dans l institution de microassurance lors du versement des indemnités Association de la perception qu à l assuré du risque à couvrir et le cout de cette couverture (qui dépendra des liquidités disponibles du bénéficiaire) Les sinistres ne suivent pas un cycle aussi prévisible Concept de prépaiement de prime étranger des pratiques informelles de prévoyance. Mutualisation des risques moins attrayante pour le bénéficiaire. Quelques effets possibles d une articulation entre microfinance et microassurance sur le plan de la prestation de crédit et d assurance : Réduction de non remboursement des clients emprunteurs pour cause de choc sur la santé, de choc sur les moyens de production agricole, sur des actifs servant d épargne, etc (Miller et Northrip (2000) ; Lai (2000) ; Churchill (2004)). 8 Le microcrédit aide certainement une famille aux revenus faibles de développer des activités. Cependant, en période de crise obligeant les individus à décapitaliser (utilisation de son épargne si elle existe, vente de son bétail, de ses outils productifs, etc.) et à remettre en cause plusieurs années d accumulation liée au crédit, l assurance pourrait se révéler être un outil complémentaire indispensable au crédit. 7 Source : Idem. 8 Miller M. & Northrip Z., 2000 L assurance comme produit de microfinance, Note Technique n 4, Série Innovations en Microfinance, Bamako, 18 pages. Lai, M., 2000. Conférence virtuelle sur la micro assurance, ADA Dialogue, n 24, décembre, Luxembourg, 29 40. Churchill C. F., 2004. La microfinance est elle une priorité pour les pauvres? Comprendre la demande de services financiers de gestion des risques, ADADialogue, n 33, juin, Luxembourg, 11 30.

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique 7 Il faudra cependant vérifier que cette articulation d outils n entraine pas de coûts supplémentaires (assurance obligatoire pour avoir accès au crédit, formation à l assurance, etc.) entrainant une exclusion de certains bénéficiaires qui n auraient plus les moyens de prendre le crédit. Grâce au microcrédit, la microassurance devient plus accessible aux ménages. En effet, le lissage des problèmes de liquidité (coût des cotisations intégré, en majorant les taux d intérêt, dans le cout total du crédit, prêt complémentaire, etc.) et le résultat en termes de revenu des activités génératrices de revenus pourront aider le ménage à assumer les cotisations de l assurance. 9 Les effets de cette combinaison sur le plan institutionnel et avertissements/risques : Economies de coût de transaction : couts administratifs directs et frais de marketing. Cependant, cet avantage est à relativiser vus les risques à fournir ces deux services groupés, tels que gestion de la liquidité ; gestion des actifs / passifs plus risquée et moins transparente (l assurance ne doit pas devenir une source de financement bon marché) ; utilisation de l épargne collectée pour couvrir les indemnisations liées aux contrats d assurance lorsque les primes ne permettent pas d équilibrer le système. De plus, les risques que l individu, se voyant refuser une indemnisation, décide de ne pas rembourser leur prêt pour se faire justice, ou que, n ayant pas obtenu des conditions financières suffisantes, se retire du système de microassurance, ne sont pas à négliger. Enfin, un effet sur la mission de l organisation est à prendre en compte, le microcrédit ayant ces dernières années pris un tournant commercial alors que la microassurance souligne davantage la dimension de l intérêt général. En résumé, les effets d un couplage, en prenant les précautions nécessaires, peuvent être très positifs. L intérêt pour l IMF est de pouvoir se concentrer sur ses activités de base, tout en diversifiant ses produits ; le coût d investissement sur ce nouveau produit est défini clairement ; le lancement du produit peut également être plus rapide. Pour le client, les produits conçus par des professionnels de l assurance peuvent être plus intéressants et moins chers que ceux développés par les IMF. 10 Pour le partenaire (compagnie d assurance), l intérêt est de se positionner sur une clientèle qui ne serait pas directement atteignable, grâce au rôle de l IMF. Cette dernière doit cependant se poser la question de savoir s il est nécessaire pour son activité de développer des produits d assurance en complément de ses services d épargne et de crédit. En effet, deux autres produits classiques de microfinance peuvent permettre aux clients des IMF de gérer un risque, spécialement lorsque le préjudice est faible et le risque occasionnel : les comptes d épargne à vue et les prêts d urgence, stratégies qui pourront être préférées suivant la nature du risque et le niveau de développement des personnes. 11 9 Fonteneau B., avec la collaboration de Gueye, C., Ouattara, D.J., Koto-Yérima, A., 2004. Les défis des systèmes de micro-assurance santé en Afrique de l Ouest : cadre politique, environnement institutionnel, fonctionnement et viabilité, 10 Brown W. & Churchill C. F., 2004. Quelles leçons tirer des premières expériences de micro assurance? ADA Dialogue, n 33, Luxembourg, pp. 55 78 11 Churchill C. F., 2005. Les institutions de microfinance doivent-elles proposer des services d assurance? Techniques Financières et Développement, Epargne Sans Frontière, n 78, mars, 99-115.

8 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale 4.2. Modèles de combinaison possible Cas indien et malgache Une fois les contraintes prises en considération et la question de la pertinence de l articulation des deux outils posée, nous poursuivons l analyse avec la question de la forme du couplage. Différents modèles institutionnels ont été répertoriés à la page suivante pour la distribution de produits de microassurance :

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique 9 Tableau 2 : Modèles institutionnels possible pour la distribution de produits d assurance Modèle «assureur intégral» Modèle «partenaire -agent» Modèle «mutuelle & coopérative d épargne et de crédit» Modèle «fournisseur» Modèle «franchisé» Description : Assureur (compagnie d assurance commerciale, IMF, etc.) est le seul chargé de toutes les principales fonctions de l assurance (conception / production, souscription et distribution des polices d assurance, gestion technique et administrative du produit, règlement des sinistres inclus), sans recours à des partenaires externes. L assureur peut aussi vendre ses polices à travers un réseau d agents salariés ou commissionnés (réseau indépendant mais mandataire de l assureur). Avantage : L IMF dans ce modèle ne prend aucun risque. En revanche, c est grâce à l IMF que l assureur a accès à un marché qui lui est généralement inaccessible. On tend généralement à privilégier ce modèle lorsque les partenaires font défaut ou sont jugés peu fiables. Description : Ce modèle repose sur la collaboration entre une compagnie d assurance commerciale et un agent de distribution (IMF ou autre) qui fournit des services à une clientèle à faible revenu. L IMF est alors un agent d assurance, et vend des polices au nom de l assureur, contre une commission. L IMF est aussi responsable du service après-vente (contrôle des sinistres, présentation des demandes d indemnités). La compagnie alimente les réserves financières, fixe les primes, supervise l indemnisation et garantit le respect des dispositions légales, tout en assumant le risque. L agent se charge de la distribution et facilite le transfert rationnel du risque, des ressources et de l expertise entre le secteur formel et informel. Les entités distinctes gardent chacune ses spécificités professionnelles. Avantage : L IMF peut servir de réseau intermédiaire efficace, sans prenant pour autant de risque. Des conventions sur le partage de locaux, sur les fichiers client, permettent cependant une économie de cout de transaction. Concernant l assurance commerciale, l avantage de ce modèle est de dépasser le problème de son manque de connaissance des populations à faibles revenus et de légitimité auprès de celles ci. En ce qui concerne l IMF (ou autre organisation non spécialisée en assurance), ce partenariat permet de corriger son manque d expertise technique et financière, d éviter une formation longue et coûteuse des agents de crédit sur les produits d assurance. Description : Les souscripteurs sont aussi les propriétaires et les gestionnaires du système d'assurance, les structures de microcrédit et de micro-assurance fusionnant en une structure unique : la coopérative. Les membres sont impliqués à la fois dans la conception, le développement et la vente des produits. Ils peuvent également négocier, dans le cas de l assurance santé, avec des prestataires de soins de santé extérieurs. Avantage/Limite : Les membres de la coopérative ont la connaissance précise de leurs besoins et donc adapteront correctement les produits. La coopération entre eux peut également être source d économie de coûts. Limite est une question d échelle : la bonne gestion d une mutuelle suppose de ne pas dépasser un certain nombre de membres. Cependant, pour limiter le risque et rentabiliser l activité, un assureur a tout intérêt à élargir au maximum sa base de clientèle. Par ailleurs, les mutuelles peuvent être confrontées aux faiblesses en termes de gouvernance de tout système autogéré (conflits élus / salariés, dérives au profit de certains élus), si des garde-fous adaptés ne sont pas mis en place. Description : Ceci est un modèle qui concerne l assurance santé par lequel l assureur intègre tout ou partie de l offre de soins. Ces modèles font participer des hôpitaux et cliniques selon un mode de paiement forfaitaire et fondé sur la mutualisation des risques. Avantage/Limite : L intérêt pour l assureur est de maîtriser la qualité de l offre de soins, cruciale pour fidéliser les assurés. La faiblesse du modèle est la difficulté à viabiliser financièrement à la fois le système d assurance et l offre de soins ; pour y parvenir, une masse critique importante d assurés doit être atteinte. Description : Dans ce modèle, l assureur professionnel loue sa licence, assigne une partie de son capital avec éventuellement un traité de réassurance au franchisé tandis que ce dernier (généralement une IMF) est responsable de la conception du produit, de sa tarification, des pertes et des gains enregistrés.

10 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale Ainsi, plusieurs formes d externalisation, de modèle de transfert de risque, sont envisageables 12 : Confier l activité de micro-assurance à un assureur (modèle «partenaire-agent») : Le choix du partenaire, et la bonne entente entre les deux parties, sont des éléments clés d un bon fonctionnement. C est la stratégie qui aurait le plus grand potentiel de développement aujourd hui, puisqu il s agit d une relation «gagnant-gagnant». Externaliser le risque en créant un portefeuille d assurance au sein de l IMF : L IMF achète une police qui protègera son portefeuille de prêts contre le décès des emprunteurs. Cette solution permet à l IMF de limiter le risque sur son portefeuille de prêt mais n offre qu une protection très limitée aux clients de l IMF (formule qui ne permet pas à l IMF de proposer réellement des produits d assurance). De plus, si l IMF rend obligatoire l assurance décès pour accéder au crédit, les clients peuvent réagir négativement et refuser le crédit. Externaliser par une entité commerciale distincte : Il s agit de créer une filiale ou société distincte, à qui l IMF confie ses activités d assurance. Le partage des tâches et responsabilités est ensuite le même que dans le premier cas de partenariat avec une compagnie d assurance. L intérêt, par rapport au partenariat avec une compagnie d assurance, est potentiellement d avoir une convergence d intérêt et des liens plus forts (capitalistiques, notamment). L IMF est, là aussi, déchargée du risque. Cette option peut convenir à des IMF de taille conséquente, si l environnement réglementaire les y autorise. Externaliser le risque par la réassurance : Service d assurance pour les compagnies d assurance, la réassurance permet à l IMF de limiter le risque (limiter son exposition à des risques covariants tels que les risques climatiques, épidémiques ). Le réassureur joue un rôle d assistance technique et de supervision pour prévenir certains risques de l IMF (antisélection, risque moral, fraude), pour évaluer sa solidité institutionnelle. La police de réassurance la plus adaptée à une IMF est la réassurance en excédent de pertes : le réassureur prend en charge les sinistres, au-delà d une somme déterminée d avance. La difficulté est que les micro-assureurs non agrées ont rarement accès au marché de la réassurance. Il est possible en revanche pour l IMF d établir un partenariat avec une compagnie d assurance formelle, qui accepte de jouer le rôle de réassureur. Externaliser des activités d assurance spécifiques : Dans cette option, l IMF confie à un cabinet de consultants ou à une compagnie d assurance quelques fonctions récurrentes, qu elle ne souhaite pas gérer directement : Souscription réalisée par un assureur ; Tarification confiée à un actuaire ; Contrôle interne réalisé par un cabinet d audit, Perception des primes et paiement des indemnités traités par une banque, Gestion (y compris l archivage et l analyse) des données confiées à une société spécialisée en gestion de l information ; Etudes de marché confiées à des consultants spécialisés. Cela peut être une externalisation temporaire, jusqu à ce que l IMF ait acquis la compétence nécessaire pour gérer elle-même ces aspects. Là encore, la qualité et les compétences du partenaire sont décisives. 12 Churchill G, 2004. La microassurance est elle une priorité pour les pauvres? Comprendre la demande de services financiers de gestion des risques, BIT.

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes 11 de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique Le choix d une ou l autre solution dépendra principalement de la taille et de l efficacité du marché bancaire et financier du pays d appartenance de l IMF. En effet, l articulation des outils microcrédit et micro-assurance est aujourd hui plus développé et plus envisageable en Inde qu à Madagascar où il est encore difficile d ouvrir un simple compte bancaire faute de remplir toutes les conditions exigées (carte d identité, dépôt minimum qui est souvent un maximum pour les populations pauvres, etc.). Le profil même de l IMF (ONG, Institutions financières réglementées, banque nationale, etc.) aura également un impact sur sa capacité à offrir des services d assurance. Une institution récente ou de petite dimension, ne disposant pas encore de procédures de gestion efficaces pour la collecte d épargne, la distribution de crédit ou en déficit d exploitation, ne sera pas prête à diversifier son activité vers l assurance, et aura des difficultés à jouer un rôle d intermédiaire efficace pour une compagnie d assurance. Le marché bancaire malgache n est donc pas, pour le moment, un environnement propice à l expansion de tels mécanismes articulant microcrédit microassurance. Cependant, nous devons nuancer nos propos en différenciant les différents produits d assurance. En effet, certains produits d assurance sont plus aisés à mettre en œuvre que d autres : les contrats d assurance à court terme sont plus faciles à gérer ; l assurance vie est très souvent plus facile à mettre en œuvre que l assurance santé ou l assurance patrimoniale (vérification du sinistre, estimation de l indemnité, asymétries d information). Ainsi, nous pouvons retirer de l expérience malgache plusieurs systèmes de gestion de risque attaché au principe de l articulation crédit assurance : Assurance mortalité des vaches laitières de FERT : Il s agit d un système permettant aux producteurs d accéder à la fois à un crédit pour l achat d un animal (vache laitière) et en même temps à une assurance (obligatoire ou facultative) en contrepartie de paiement d une cotisation, pourcentage prédéterminé calculé sur le capital dû. Crédit bail du CECAM associé à une assurance décès : Association d un crédit bail (LVM CECAM) : Il s agit de l investissement productif dans une vache laitière de l entreprise TIKO et d une assurance décès de l emprunteur (Assurance FIFATA), permettant de couvrir les héritiers de l emprunteur à concurrence de la valeur résiduelle du capital restant à rembourser au moment de son décès éventuel. Ce contrat d assurance décès ne représente aucun surcoût pour l emprunteur. En effet, TIKO offre une bonification du taux d intérêt du prêt contracté par l éleveur (cette bonification est versée à premier jour du prêt dans son intégralité sur un compte CECAM, rémunéré environ à 9%). Les intérêts dus à l URCECAM au titre du prêt seront prélevés en 24 mensualités par l URCECAM. Durant cette période, le montant de la provision constituée par TIKO génère lui-même des intérêts, qui vont alimenter un fonds d assurance servant à assurer le risque décès de l emprunteur. En Inde, un nombre croissant d IMF s intéresse à la micro-assurance pour d une part avoir la possibilité de mieux servir la demande de leurs clients, pour fidéliser ces derniers, et en protégeant leurs emprunteurs contre divers aléas, pour réduire leur propre risque. Le développement exponentiel de la microfinance et la diversité des IMF illustre bien la créativité de la gestion de risque dans le pays. La plupart d entre elles utilisent le modèle de «partenaire agent». L IMF ASA (Activists for Social Alternatives), par exemple, regroupant 60 000 membres en 2004, possède aujourd hui une très bonne compréhension de la conception du service d assurance et de ses exigences. Cette IMF propose à la fois une

12 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale assurance vie non obligatoire (somme constante assurée qu elle que soit la cause du décès afin de simplifier les procédures d indemnités), et une assurance bétail en partenariat avec New India Insurance (assurance obligatoire pour tout prêt destiné à une activité d élevage). Entre 1998 et 2003, elle collabore avec six partenaires différents et a mis en 2004 en concurrence deux assureurs (Allianz-Bajaj et AMP Sanmar) travaillent sur différentes régions pour décider lequel des deux partenariats sera le plus bénéfique à son institution. Cette stratégie a amené AMP Sanmar a enlevé la clause d exclusion sur le suicide (applicable la première année), a renoncé aux certificats médicaux et d invalidité de travail, a augmenté la limite d âge et a baissé les prix Une autre IMF, SPANDANA, a par contre, suite à des retards significatifs dans le règlement des demandes d indemnités, rompu ses contrats avec les compagnies d assurance et propose maintenant ses propres produits. Elle offre ainsi un produit d assurance vie sur le crédit, assurance obligatoire qui profite à l IMF en générant un flux de revenu additionnel tout en réduisant le risque de crédit. La couverture supplémentaire du conjoint de l assuré a été un argument de vente important. Elle offre également une assurance sur le logement (Credit Life). Les marchés bancaire et assurantiel indiens ont pu permettre aux IMF d ouvrir leurs activités à l assurance et d adapter leurs schémas de prestations (entre assurance et auto-assurance lorsqu il existe une vulnérabilité aux risques covariants des clients) aux contraintes de la population à faible revenu qu ils ciblaient. L expérience de ces organisations indique que le modèle «agent-partenaire» est loin de la perfection mais il existe au travers des négociations une marge d amélioration. De plus, la micro-assurance doit être considérée seulement comme une des stratégies envisageables en gestion des risques. Ces stratégies multiples seront développée dans notre dernière section, toujours appuyées des expériences malgaches et indiennes. 5. STRATÉGIES MULTIPLES DE MISE EN CONVERGENCE DES SERVICES DE CRÉDIT ET DE TRANSFERT DE RISQUES 5.1 Auto-assurance par l épargne et microcrédit En parallèle d une adaptation des produits d assurance aux populations à faible revenu, ces dernières peuvent également être aidés à se protéger elles-mêmes : «L auto-assurance représente une importante possibilité, à condition que de meilleurs instruments, appropriés aux pauvres soient proposés». 13 Selon l auteur, le problème majeur de l auto-assurance par les actifs est de développer des mécanismes risqués, fortement corrélés avec les revenus. Les produits d épargne financiers sont quant à eux typiquement non adaptés aux pauvres, offrant des rendements faibles ou négatifs, et impliquant des coûts de transaction très élevés et une crédibilité sans faille de l institution. 14 Aujourd hui, les initiatives développant les instruments d épargne sont rares, l épargne flexible à des fins préventives n étant généralement pas encouragée. Développer une stratégie de gestion de risque par l épargne ne signifie pas l abandon de celle du microcrédit, au contraire. «Augmenter les actifs et les revenus par le crédit, qui à leur tour permettent à l épargne d augmenter, constitue un cercle vertueux qui crée un pare-choc contre les futures épreuves». 15 Le couplage d instruments assurance et crédit redevient ainsi pertinent en permettant aux IMF d offrir des produits 13 Dercon S., 2002. 14 Morduch et Sharma, 2002. 15 Dercon S., 2006.

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes 13 de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique flexibles qui permettent aux pauvres d avoir accès au crédit alors qu ils sont confrontés à un risque important. 5.2 Les fonds de crédits d urgence aux IMF : Expérience malgache La réalisation de certains risques, catastrophiques (ouragan, sécheresse sur la production, etc.) ou incapacitant (maladie, accident) contribuent à réduire la capacité de résilience des ménages les plus pauvres aux chocs, que ce soit par l épargne ou encore par l articulation crédit assurance. Ainsi, des fonds de crédit d urgence ou de crédit social peuvent être constitués pour être mobilisés en cas de catastrophe ou de choc sur la santé. Ces fonds de crédit sont des réserves financières, généralement constituées par la subvention initiale d un bailleur de fonds, débloquées afin que les IMF soient en mesure d octroyer des crédits aux victimes, afin que la demande immédiate de liquidité des ménages touchés soit satisfaite : «En théorie, les clients bénéficient d un accès facilité aux liquidités en période de nécessité, et les IMF d une réduction des impayés et de l amélioration de la fidélité des clients ; quant aux bailleurs, ils sont censés tirer profit d une efficience accrue dans le décaissement des fonds d appui, et du développement d un mécanisme proactif et permanent d aide aux victimes de catastrophes, se substituant aux réponses ponctuelles toujours élaborées dans l urgence» 16. 5.2.1. Les fonds de crédit d urgence peuvent être soit gérés par : l IMF elle-même : Le bailleur de fonds injecte des fonds initiaux dans une IMF, afin que cette dernière octroie des crédits aux ménages touchés. Le bailleur conserve une certaine responsabilité au niveau du suivi des résultats du fonds, mais l IMF est pour l essentiel responsable des autres activités. Des institutions multiples : Les fonds développés par CARE et la BID par exemple peuvent servir plusieurs IMF. Les bailleurs, après examen des demandes de fonds des IMF, octroient des crédits à ces IMF qui les re-prêtent ensuite aux clients victimes de la catastrophe. De même, en ce qui concerne le recouvrement, les clients remboursent leur crédit à l IMF, qui rembourse à son tour le fonds de crédit. L IMF et les institutions multiples : Les organismes bailleur procurent les fonds initiaux à chaque IMF participante en tant que subvention non renouvelable. Chaque IMF est ainsi responsable de la gestion continue du fonds. Par exemple, à Madagascar, le «crédit social» du réseau CECAM, appelé dans un premier temps, «crédit dépannage», a été lancé par l IMF elle-même, sans appui financier ni technique extérieur. Ce crédit social prend en compte les contraintes de l économie familiale : besoins de trésorerie urgents, imprévus et non productifs (problème de santé par exemple). En 2002, ce crédit a été ouvert au financement des frais de scolarité. Alors même qu il est très coûteux, le crédit social est très largement apprécié pour la rapidité avec laquelle il peut être débloqué. Très peu de défaillances de ce principe ont été signalées dans les entretiens. Ce crédit peut être obtenu dans un délai de quelques jours et permet de faire face à l urgence. La plupart des utilisateurs insistent sur le fait qu il leur a évité de décapitaliser et qu ils ont préféré prendre ce crédit et en payer le taux d intérêt élevé plutôt que de vendre un bien qui 16 Brown W. et Nagarajan G., 2000, Fonds de crédit d urgence pour les IMF : une expérience en cours, Calmeadow

14 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale serait plus difficile à récupérer ultérieurement. L ouverture du crédit au financement des frais de scolarisation a été perçue de manière très positive. La part du crédit sociale reste très limitée (2 % des octrois de crédit du CECAM en 2002) étant donné un taux d intérêt de 4 % par mois, taux apparaissant d autant plus élevé aux emprunteurs qu ils mobilisent ce crédit dans des situations graves (maladie, hospitalisation, décès, ). L autre problème très souvent soulevé dans les entretiens 17 à propos de ce crédit est le fait que le montant de l intérêt est retiré au moment de l octroi du crédit et entame donc la somme obtenue. La durée du remboursement est jugée trop courte par un certain nombre de ménages (les taux de remboursement du crédit social confirment cette information : médiocre à 0 jours, ils s améliorent considérablement à 30 et surtout à 90 jours). Certains membres signalent qu ils ont du mal à obtenir des services de santé le certificat médical qui est nécessaire pour l obtention des crédits maladie (éloignement des services, corruption, ). Il est difficilement utilisable à long terme (maladies chroniques). Le crédit social est utilisé et reconnu par tous les groupes, quel que soit leur niveau d aisance économique. Il est mobilisé pour les dépenses de santé, mais aussi d écolage. Le poids du taux d intérêt est bien évidemment trop lourd pour un ménage pauvre. Cependant, les ménages reconnaissent que quand le seul choix est l usurier et ses taux deux, trois ou quatre fois plus élevés que le taux CECAM, le crédit social devient une alternative crédible 18. L expérience malgache du réseau CECAM, très restreinte pour le moment, demanderait sans doute d être soutenu de l extérieur, d une part financièrement et d autre part techniquement par les bailleurs de fonds ou le gouvernement. Ce mécanisme du crédit d urgence ouvre tout de même plusieurs interrogations : Est-ce que toutes les IMF ont besoin d une protection de ce type? Les fonds de crédit d urgence doivent-ils être conçus comme un mécanisme permanent de protection contre les catastrophes, ou doivent-ils avoir des cycles de vie limités? Les fonds ne risquent-ils pas de pousser les IMF à prendre moins de mesures préventives contre les pertes associées aux catastrophes? 5.3 Cas de l IMF indienne SHEPHERD : Stratégies multiples de gestion de risque SHEPHERD, IMF indienne créé en 1995 à Tamil Nadu, combine depuis plus d une dizaine d années des produits de crédit et d assurance. Cette IMF, élément d un réseau de Self Help Group (SHG) a pour particularité d adopter une perspective holistique en aidant les personnes à bas revenu dans la gestion de leurs risques. Elle axe ainsi ses activités non seulement sur de nouveaux produits d assurance mais intègre également des produits d épargne et de crédit, services utilisés aussi bien pour gérer les risques qu en services non financiers de prévention des risques (services vétérinaires, centre de santé). Cette couverture globale, appelée UNI MICRO, conçue avec l United Indian Insurance Company (UIIC), inclut ainsi l assurance parmi toute une série de dispositifs d intervention : Sécurité alimentaire : Les membres des groupes de crédit sont invités à mettre de côté une poignée de riz lors de chaque réunion ; au fur et à mesure de l accumulation de ces réserves, il est possible d en faire l avance aux participants ou de les distribuer aux plus nécessiteux. 17 Wampfler, B., 2003. Analyse de l impact du réseau CECAM : Principaux résultats de la première année d étude, CIRAD, Paris, France. 18 INSTAT 2007. Dynamiques rurales à Madagascar : Perspectives sociales, économiques et démographiques, Colloque scientifique INSTAT, ROR (EPP/PADR), IRD et GIE DIAL

Vers une politique de couplage des outils microcrédit et micro-assurance : impact en termes 15 de lutte contre la pauvreté et de gestion de risques? Leçon à tirer des expériences de l Inde et de Madagascar: Note de politique Protection du revenu à travers l assurance vie (frais de transport funéraire compris) : Fourniture de services d épargne et de crédit par l intermédiaire de groupes d entraide (Self Help Groups), l activité crédit constituant typiquement un moyen de soutenir des activités génératrices de revenus. Protection du revenu à travers le bétail : Produit d assurance bétail mis en place avec l UIIC et basé sur trois principes : la prévention s opérant par l intermédiaire de rassemblements réguliers de bétail destinés à son entretien (organisation et vétérinaire fourni par l IMF) ; la promotion en formant des vétérinaires «aux pieds nus» afin qu ils apprennent aux SHG à s occuper correctement de leurs animaux et à administrer des soins si nécessaire ; et la protection en offrant une assurance sur les animaux (couverture de la mort accidentelle ou naturelle de l animal). Couverture des soins de santé : UNI MICRO HEALTH INSURANCE SCHEME : couverture du traitement des patients, frais d hospitalisation, prime d invalidité permanente, indemnité d invalidité et d hospitalisation à court terme. En complément du produit d assurance, SHEPHERD organise régulièrement des rencontres médicales (premier diagnostic) et offre des crédits d urgence en particulier pour la naissance des enfants. Garantie d un bien : Appendice au produit proposé par Uni micro qui inclut l assurance des lieux d habitation. Uni micro, couvrant 15 000 bénéficiaires en 2005, combine ainsi différents risques et conserve un prix uniforme pour toutes catégories d âge. En suivant un modèle d «agentpartenaire», Shepherd est lié à deux compagnies publiques d assurance, qui supportent tous les risques des produits. A partir de cette expérience indienne, c est dans cette logique, plurielle et flexible de la gestion de risques, que l IMF doit construire ces produits de crédit et d épargne, d assurance quand elle le peut. En effet les outils de gestion de risque sont relativement facilement intégrables dans plusieurs environnements d intervention (sécurité alimentaire, aménagement du territoire, appuis filière, adaptation au changement climatique ) 6. CONCLUSION Crédit, épargne, assurance, cet ensemble de mesures ex ante de gestion de risque peuvent fournir une protection importante et même essentielle aux individus et à leurs familles, en cas de choc sur le revenu ou sur la santé. Les alternatives sont nombreuses et un choix correct de la stratégie est primordial. Pour étendre son réseau de microfinance, Madagascar devra dans certains cas développer ses produits de microassurance mais cette stratégie ne devra pas être pensé seule. Plusieurs autres mesures pourraient en effet améliorer ce taux de pénétration de la microfinance en milieu rural malgache : Mécanisme de subvention du cout du crédit ; Partenariat entre établissement financiers dans l objectif de partage de risque ; Mécanisme de refinancement et de garantie soutenu par des fonds publics adapté au secteur informel rural Et le mécanisme assurantiel qui est actuellement pris en compte dans le cadre de la préévaluation de Juin 2007 du Programme de Soutien aux Pôles de Micro Entreprises Rurales et aux Economies Régionales (PROSPERER). Ce programme a en effet abordé la possibilité de

16 Module EASYPol 206 Présentation thématique générale mettre en place un mécanisme d assurance pérenne et abordable couvrant les risques encourus par les Micro Entreprises Rurales dans leur activité ainsi qu un mécanisme de partage de ces risques incluant différents partenaires publics / privés (sociétés d assurance et de réassurance, état malgache et bailleurs de fonds). Notons pour terminer cet article que des mesure ex post, fournissant des transferts (Programmes d aide ciblée, d auto-sélection, programme de travail contre nourriture) à ceux affectés par un risque non assuré, seront toujours nécessaires dans un système de protection sociale ciblée sur les risques pour pouvoir garantir à tous une protection sociale et un niveau de vie minima. 7. NOTES DESTINÉES AUX UTILISATEURS 7.1 Ressources de renforcement des capacités complémentaires Les modules EASYPol complémentaires sont les suivants : Bockel, L., Thoreax, M., 2009. Note de politique. Résilience des communautés rural aux accidents climatiques: un besoin de changement d échelle (Madagascar, Haiti), Agricultural Policy Support Service, Policy Assistance and Resource Mobilization Division, FAO, Rome, Italy. EASYPol Module 204 Bockel, L., 2008. Policy Brief : Rural Policy Recommendations Issued from Risk Management Policy Review and Soaring Food Price Diagnosis in Madagascar, Agricultural Policy Support Service, Policy Assistance and Resource Mobilization Division, FAO, Rome, Italy. EASYPol Module 205 Bockel, L., Sayagh, S., Thoreux, M., 2008. Note de politique: Leçons et recommandations en matière de politiques de développement (Niger, Inde), Agricultural Policy Support Service, Policy Assistance and Resource Mobilization Division, FAO, Rome, Italy. EASYPol Module 207 8. REFERENCES ET AUTRES RESSOURCES Cette étude a été réalisée à partir des documents de travail réalisés début 2008, traitant de la gestion de risque en Inde et à Madagascar : Rao K. N., 2008. Risk management of small farms in India, FAO, Rome, Italie. Andrianarivelo, Rahelimihajandralambo, Thoreux Bockel, L., 2008. Intégration d outils et de mesures de gestion des risques agricoles et agro-climatiques dans le Madagascar Action Plan, FAO, Rome, Italie. Textes utilisés pour le papier : Dercon S., Krishnan P., Vulnerability, seasonality and poverty in Ethiopia, in: Journal of