AMBASSADE DE FRANCE A SINGAPOUR SERVICE ECONOMIQUE REGIONAL Le Chef des Services Economiques pour l ASEAN Singapour, le 7 août 2012 Rédigée par : Adeline Aubineau Revue par : Gilles Bordes NOTE Objet : L investissement direct étranger (IDE) à Singapour RESUME : Les flux d IDE à Singapour ont continué à accélérer en 2011 et ont atteint 64 Mds USD, faisant de la cité-etat le 6 ème pays récepteur d IDE dans le monde (le 3 ème en Asie). L Union européenne (et notamment les Pays-Bas) est toujours le premier investisseur, loin devant les Etats- Unis et le Japon. Le stock d investissements français était de l ordre de 5 Mds EUR en 2010. Les IDE jouent un rôle central dans le développement de l économie singapourienne, conséquence du choix volontariste de la cité-etat de contrebalancer l étroitesse de son marché par une forte attractivité de son territoire à l égard des firmes étrangères, multinationales et PME innovantes. De fait, la cité-etat attire aujourd hui à elle seule plus de la moitié des IDE entrants dans l ASEAN, bénéficiant largement de son positionnement comme centre financier et hub commercial régional, ainsi que de la qualité de ses infrastructures et de sa politique fiscale très avantageuse (taux d impôt sur les sociétés à 17 %). 1. Les flux d IDE à destination de Singapour ont continué à accélérer en 2011 Après avoir connu une forte baisse en 2008 (-74,9 %, à 11,8 Mds USD), conséquence de la crise économique, les flux d IDE entrants à Singapour ont enregistré un net rebond en 2009 et 2010 (multipliés par 2 chaque année, pour atteindre respectivement 24,4 Mds USD en 2009 et 48,6 Mds USD en 2010). En 2011, les flux ont continué à progresser de 31,6 %, pour s élever à 64,0 Mds USD. En 2011, Singapour apparait ainsi comme le 1 er pays d accueil d IDE en Asie du Sud-est, très loin devant l Indonésie (18,9 Mds USD), la Malaisie (12,0 Mds USD), la Thaïlande (9,6 Mds USD) et le Vietnam (7,4 Mds USD). La cité-etat capte ainsi plus de la moitié (54,9 %) des flux entrants totaux dans l ASEAN et se classait en 2011 au 6 ème rang mondial des pays récepteurs de flux d investissements directs étrangers (avec 4,1 % des flux mondiaux) et au 3 ème rang en Asie, derrière la Chine (124,0 Mds USD en 2011) et Hong Kong (83,2 Mds USD). En pourcentage du PIB, les flux d IDE à Singapour représentent un poids très important (24,6 % du PIB) comparativement aux grands pays de la région (à titre illustratif, les IDE vers la Chine ne représentent que 1,6 % du PIB chinois). En stocks, Singapour concentre également près de la moitié des IDE de l ASEAN (soit 518,6 Mds USD de stocks d IDE pour Singapour en 2011), loin devant l Indonésie (16,1 %), la Thaïlande (13,0 % des stocks) et la Malaisie (10,6 %). Si, en Asie, la Chine attire davantage d IDE (stock d IDE entrants de 711,8 Mds USD en 2011), la cité-etat fait mieux que le Japon (stock de 225,8 Mds USD en 2011), l Inde (201,7 Mds USD) ou la Corée du Sud (131,7 Mds USD). Le stock d IDE à Singapour est particulièrement important au regard de la taille de l économie singapourienne (2 fois le PIB singapourien). Selon les statistiques officielles singapouriennes, les stocks d IDE étaient orientés en 2010 à : Ambassade de France à Singapour Service Economique Régional 101-103, Cluny Park Road 259595 Singapour
- 42,7 % vers le secteur financier (banque et assurance) - 21,2 % vers la production manufacturière - 17,8 % vers le secteur de la vente de gros et de détail - 6,1 % vers le secteur des transports et du stockage. En 2010, l Union européenne était toujours le premier investisseur à Singapour avec 27,3% des stocks d IDE, loin devant les Etats-Unis (10,6 %), le Japon (8,7 %) et l Inde (4 %). L ASEAN essentiellement la Malaisie représente 3,7 % des stocks. La part du stock d IDE en provenance du Japon, premier investisseur asiatique à Singapour, s est considérablement érodée au fil des ans : en 2001, le Japon représentait 58,5 % des stocks d IDE asiatiques à Singapour, contre 35,4 % seulement en 2010. Sur le plan bilatéral, en 2010, les trois premiers investisseurs à Singapour étaient les Etats-Unis (10,6 %), les Pays-Bas (9,8 % des stocks, grâce aux importants investissements pétroliers de Shell et de ses sous-traitants à Singapour, 3 ème centre de raffinage au monde), et le Japon (8,7 %), la France apparaissant au 13 ème rang (avec 1,3 % des IDE). 2. Les stocks d IDE d origine française à Singapour restent en deçà de ceux des autres grands pays européens Suivant la tendance globale, les flux nets d IDE d origine française sont repartis à la hausse en 2010, à 1,4 Md EUR, après une année 2009 marquée par un désinvestissement (-208 M EUR en 2009). La cité-etat est ainsi 22 ème pays récepteur d IDE français, avec un stock d investissements français de l ordre de 5 Mds EUR en 2010 1, soit un plus haut historique en termes de volumes, à peine deux fois moins que la Chine (10,6 Mds EUR en 2010) et un niveau plus élevé que la Corée du Sud ou l Inde (2,8 Mds EUR chacun). Pour leur part, les statistiques singapouriennes créditaient en 2010 la France d un stock de 8,2 Mds SGD (environ 6 Mds USD et 4,5 Mds EUR), correspondant au 4 ème rang des investisseurs de l Union européenne (derrière les Pays-Bas, le Royaume-Uni et l Allemagne) et au 13 ème rang mondial. En termes relatifs, la part de la France dans le stock total d IDE accueillis à Singapour est cependant en baisse continue depuis 2007 : la France ne représentait plus que 1,3 % des stocks à Singapour (contre 2,4 % en 2007). En termes sectoriels, le stock d IDE français se concentre principalement dans les services financiers et les assurances (à 35 % en 2010) et l industrie manufacturière (34 %). On compte environ 480 filiales françaises à Singapour, employant 36 000 personnes, soit 1 % de la population active singapourienne. 3. Les flux d investissements de Singapour à l étranger progressent peu Les flux d IDE sortants de Singapour se sont élevés à 25,2 Mds USD en 2011, en progression de 18,9 % par rapport à 2010 (21,2 Mds USD). Ils n ont toujours pas retrouvé leur niveau d avant crise (36,9 Mds USD en 2007). Sous l impulsion notamment de ses deux fonds souverains, le stock d IDE singapourien détenu dans le monde a continué à progresser en 2011 (+6,7 % par rapport à 2010), atteignant 339 Mds USD. 1 Source Banque de France 2
Les principales destinations des IDE singapouriens sont la Chine (17,3 % des stocks fin 2010), le Royaume-Uni (7,9 %) et la Malaisie (8,1 %). L Asie représente plus de la moitié (55,8 %) du stock d IDE singapourien détenu à l étranger et l Union Européenne 10,8 %. A noter la part relativement importante de l Amérique du Sud et des Caraïbes (14,1 % des stocks), qui s explique avant tout par la forte présence de paradis fiscaux dans la région (Iles Vierges, Bermudes), les données sur les IDE sortants de Singapour incorporant des prises de participation dans des holdings financières (d où l importance du secteur financier et des pays à fiscalité favorable dans les investissements). Singapour investit encore relativement peu en France, et les flux d IDE provenant de la cité-etat sont devenus négatifs depuis 2007 (-48 M EUR en 2010). Pour la première fois en 2010, le stock d IDE singapouriens en France était également négatif, à -106 M EUR (plus de désinvestissements entre sociétés sœurs que d investissements). 4. Singapour entend poursuivre sa politique d attractivité de son territoire Gage d un environnement propice à l investissement, Singapour a de nouveau été classé au 1 er rang mondial par la Banque Mondiale pour la facilité à faire des affaires en 2012 (pour la 6 ème année consécutive), et a été distinguée, comme le 2 ème pays le plus compétitif au monde par le World Economic Forum et le 5 ème le moins corrompu selon Transparency International. Outre son positionnement géographique, Singapour tire profit de la qualité de ses infrastructures pour concentrer les investissements étrangers dans l ASEAN. Parallèlement, la cité-etat s efforce de maintenir une fiscalité attractive. L impôt sur le revenu des personnes physiques est ainsi l un des plus bas au monde (taux progressif de 0 à 20 %) et le taux d imposition des entreprises (17 %) offre de nombreux dispositifs permettant d en abaisser le coût. Par ailleurs, les revenus issus des placements financiers (intérêts et dividendes) ne sont pas taxés. En dépit de l évolution en cours du modèle de croissance de Singapour, et du souhait des autorités de réduite la dépendance externe, l attractivité des IDE demeure une priorité pour accompagner le développement économique du pays et soutenir, plus particulièrement, la productivité du pays. 3
Annexe statistique Source : CNUCED 4
Source : Statistics Singapore Source : Banque de France Source : Statistics Singapore 5