Relation de soin et alliance Soignant/Soigné à Saint Denis

Documents pareils
CENTRE D EDUCATION ET DE SOINS SPECIALISES POUR ENFANTS POLYHANDICAPES «LE RIVAGE» LIVRET D ACCUEIL DU STAGIAIRE

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

Perspectives en sciences sociales et santé publique. Bernard Taverne (CRCF/IRD)

Chaque unité qui compose le Centre Saint-Germain Pierre-Nicole a des modalités de

ATELIER 2: Les «bénéfices psychologiques» de l ETP: psychothérapie, thérapie cognitivocomportementale. quels équilibres?

Feedback de l enquête sur les besoins en formation continue du personnel des équipes soignantes

Résultats d enquête. L épuisement professionnel (Burn Out Syndrom) Qu en pensez-vous? Vous sentez-vous concerné? En partenariat avec

ATELIERS Les Formations en Social Psychologie Sociologie

Maison ou un Pôle de santé

Droits des personnes malades en fin de vie

ARRÊTÉ du. relatif au cahier des charges de santé de la maison de santé mentionné à l article L du code de la santé publique.

MESURES D ADAPTATION DE LA REDUCTION DU TEMPS DE TRAVAIL DANS LA FONCTION PUBLIQUE HOSPITALIERE

la pauvreté 33 ses lutte contre territorial. création.cette n ne doit pas d insertion. 1. UNE Accompagner la Participation travaux sont évidemment

Equipe mobile SMES CH Sainte-Anne (Paris)

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

L axe 5 du Cancéropole Nord Ouest

Restitution de l 'atelier 1 Protocoles thérapeutiques et aspects médicaux de la PTME

droits des malades et fin de vie

Service d Hématologie clinique et Thérapie cellulaire Bâtiment Médico-Chirurgical - 3 ème et 4 ème étages

LA FIN DE VIE AUX URGENCES: LES LIMITATIONS ET ARRÊTS DES THÉRAPEUTIQUES ACTIVES. Dr Marion DOUPLAT SAMU- Urgences Timone

Les prérogatives du mineur sur sa santé

Bonnes pratiques RÉSEAUX SOCIAUX DES

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

Compte-rendu de la Réunion CMRR Du 21 Octobre 2004 Les présentations des intervenants sont disponibles sur le site :

PARAMEDICAL. Métiers et formations. Centre d information et d orientation de NOUMEA

SERVICE APPARTEMENTS THÉRAPEUTIQUES. Livret d Accueil - 1 -

DOSSIER DE PRESSE. Les dates clés de la Coddem

TERRITOIRES ET SANTE

L aide aux aidants. Psychologue clinicienne. Capacité de gériatrie mars 2009

L hôpital de jour ( HDJ ) en Hôpital général Intérêt d une structure polyvalente? Dr O.Ille Centre hospitalier Mantes la Jolie, Yvelines

LE MALI L HÔPITAL GABRIEL TOURE L HÔPITAL DU POINT G INTRODUCTION 2 INTRODUCTION 1 DISPENSATION DES ARV DANS LES HÔPITAUX DU POINT G ET GABRIEL TOURE

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

Je m inscris au forfait, donc je consulte toujours dans ma maison médicale

sociales (pour information) CIRCULAIRE DGS(SD6/A)/DGAS/DSS/2002/551 / du 30 octobre 2002 relative aux appartements de coordination thérapeutique (ACT)

Présente. Un «réseau social cartographique» (Ouest France)

Calendrier des formations INTER en 2011

PSYCHOSOMATIQUE, RELAXATION, PSYCHOTHERAPIES A MEDIATION CORPORELLE

«Améliorer les parcours de santé des personnes âgées en risque de perte d autonomie»

CAHIER DES CHARGES INFIRMIER-ÈRE DIPLÔMÉ-E

lv. Fiches de présentation des Maisons de Santé Pluridisciplinaires P.16

L enjeu de la reconnaissance des pharmaciens comme éducateur de santé

Gestion du traitement personnel des patients : Enquête et audit régional

2.1 - Améliorer l offre de soins sur le Pays

La prise en charge de votre affection de longue durée. Comment cela se passe-t-il? Quels sont les bénéfices pour vous? À quoi vous engagez-vous?

Cahier de l OPEQ n 136 Avril OPEQ Chambre Régionale de Commerce et d'industrie Champagne-Ardenne 10 rue de Chastillon BP 537

Institut de FORMATION

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

NOM DE L ETABLISSEMENT : CENTRE DE SOINS DE SUITE ET DE READATATION EN ADDICTOLOGIE «MARIENBRONN»

Médecin Responsable volet hospitalier - Koulikouro - MALI

PRÉSENTATION DU SERVICE

Sommaire de la rubrique «Faire un don du sang» Site Internet des villes région Pays de la Loire FAIRE UN DON

Santé Travail Lille 2014

«PROJET PRIORITAIRE DE L OUEST GUYANAIS : LA CONSTRUCTION D UN D HÔPITAL A SAINT LAURENT DU MARONI»

Coordination Ville Hôpital

Page1 LE DROIT AU RESPECT DE LA DIGNITE

PARTENAIRES POUR UNE PLUS GRANDE QUALITÉ DES SOINS DE SANTÉ LA LOI RELATIVE AUX DROITS DU PATIENT

Rencontres de février 2013 CCT 103 Le crédit temps

Information aux patients et à leurs proches. Espace médiation. Lieu d écoute et de dialogue pour les patients et leurs proches

MA CONSO ALCOOL, CANNABIS, COCAÏNE, ECSTASY, GHB... OÙ FAIRE LE POINT?

La prise en charge. de votre affection de longue durée

DON ET GREFFE D ORGANES EN TUNISIE. Dr Mylène Ben Hamida Centre National pour la Promotion de la Transplantation d Organes

agrément DES professions paramédicales

FMC GMBS -02 MARS 2010 PROJET D EDUCATION THÉRAPEUTIQUE DE PROXIMITÉ DU PATIENT DIABÉTIQUE DIAPASON 36

Assises Nationales du Maintien à Domicile juin 2000 La douleur Les soins palliatifs. EXPERIENCE DE SOINS D'UNE EQUIPE A DOMICILE Dr AVEROUS

La comptabilité analytique : un outil indispensable pour la gestion et le suivi des projets.

Proyecto Telemedicina

Dr Agnès Caillette-Beaudoin, Medecin-directeur, Calydial (Lyon)

La Responsabilité Civile De L anesthésiste

Le dispositif d annonce. Information destinée aux patients atteints de cancer. édition actualisée Octobre 2009

Progressons vers l internet de demain

Résidence MBV Les FIGUERES -Capendu-

Energie - réseaux électriques intelligents transfrontaliers Cross-border Healthcare Networks

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

NEPALE NORD ESSONNE PALLIATIF

LA RESPONSABILITE PROFESSIONNELLE DE L INFIRMIER(E) Laurence VENCHIARUTTI, Infirmière Libérale, Expert infirmier, Nantes

3 e symposium international

Campagne nationale pour l élimination des fistules obstétricales en Mauritanie

D'UNE MAISON DE SANTE

ARRÊTÉ du. Projet d arrêté fixant le programme d'enseignement de santé et social en classe de seconde générale et technologique

PLACE DE L ASSURANCE PRIVEE DANS LA MISE EN ŒUVRE D UNE ASSURANCE MALADIE DITE UNIVERSELLE

SERVICES À LA PERSONNE DES OPPORTUNITÉS DE PARCOURS PROFESSIONNELS POUR LES JEUNES

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

Critères de qualité de l annonce du diagnostic : point de vue des malades et de la Ligue nationale contre le cancer

Droits et aides pour les aidants familiaux «Être aidant être soi» Prendre soin de soi c est prendre soin de l autre.

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

Titre : La Mutuelle Communautaire de Santé de Yaoundé : Un mécanisme solidaire de financement collectif d accès aux soins de santé de qualité.

Modalités de prise en charge d un appel de demande de soins non programmés dans le cadre. Centre de régulation médicale. Mars 2011

Pour JANVIER 2010 : EPREUVE ECRITE du DF1 :

ANNEXE I A LA CS12INI202 PLAN D ACTION

Retours d expériences ATELIER EQUILIBRE. Viviane Granseigne Animatrice et formatrice d Ateliers Equilibre et Prévention des Chutes

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

DON D ORGANES Donneur ou pas

Les principaux facteurs explicatifs de l opposition au don d organes : synthèse d étude

Compliance (syn. Adhérence - Observance) IFMT-MS-Sémin.Médict.Nov.05 1

eduscol Santé et social Enseignement d'exploration

L ostéopathie au service des professionnels

I. Qu est ce qu un SSIAD?

LES AMIS Service à Domicile

Etat des lieux du prélèvement et de la greffe d organes, de tissus et de cellules MAROC

Transcription:

Relation de soin et alliance Soignant/Soigné à Saint Denis COOPERATION SANITAIRE NORD-SUD : EXPERIENCE SAINT DENIS- KAYES (MALI) Dr Denis Mechali mars 2010

1990/1995 : SIDA: maladie toujours mortelle Création du «SMIT» en 1990 : Service de maladies infectieuses et tropicales Trois objectifs dès le départ : Prendre en charge les personnes touchées par le SIDA à Saint Denis «Soigner avec sollicitude» («care» en Anglais) : Prise en charge de la personne au-delà de sa maladie organique. «Faire du lien» : Tisser des liens multiples

Modalités utilisées (I) Point clef : Méthode précise, professionnelle, «innovante»dans le sens suivant : Atypique pour la culture médicale et l organisation administrative habituelle * Projet «d alliance de soin» soignant/soigné. * Travail pluri et transdisciplinaire Lien «sciences médicales/sciences humaines» : Socio anthropologues et démographes

Modalités utilisées (II) Formation du «médecin coordinateur»/«chef de service» : Groupe «Balint» analytique ; Formation à l écoute et aux techniques de communication Création d équipe pluri professionnelle : Écoute du «corps malade» (aides soignantes, kiné, infirmières..), Écoute de la parole de la personne malade (psychologues, médecin généraliste, «psy» parfois, travailleur social...) «Réseau ville/hôpital» : continuité du soin et de la prise en charge

«Alliance thérapeutique» 5 Points clefs Écoute de l autre, sans le juger Expression de sa propre subjectivité (Authenticité du soignant) Respect de la temporalité et des décisions de la personne soignée (secret, partage, prise ou non des traitements.) Négociation de soin : Alliance thérapeutique. Aider sans imposer, et sans «assister» les ressources de la personne

1990/1995 : SIDA maladie toujours mortelle. A Saint Denis, usagers de drogue : Personnes les plus touchées. Soin curatif et soins palliatifs sont associés L organisation d équipe élargie est en réseau ville hôpital La famille ou l entourage sont intégrés au soin, avec accord des personnes (construction progressive dans le temps, en «tissage» )

Depuis 1995 : SIDA maladie chronique non mortelle «Non mortelle» seulement si prise en charge pas trop tardive Et prise de traitements dans la durée, donc suivi au long cours Le «contrat» implicite de soin et de suivi reste donc indispensable : Il s est seulement adapté. Médecins de ville en retrait, le relais est pris par des associations de patients (Ikambere), avec lien de partenariat explicite.

Nouvelle maladie, nouveau recrutement : Méthode identique.. La file active du SMIT n est plus la même : Usagers de drogue décédés, puis en prévention efficace En 2010 : 1000 patients, avant tout «migrants» (75% Afrique de l ouest ou centrale) Problématiques du secret, de la honte, de la stigmatisation réelle ou «intériorisée» par les personnes L alliance thérapeutique se poursuit En 2007, 10% de perdus de vue, transitoires = Méthode efficace souvent

Coopération sanitaire Nord/Sud Depuis 2002, «jumelage hospitalier»kayes (Mali)/ Saint Denis (France) Projet ESTHER pour prise en charge du SIDA Construction «emboitée» entre : Objectifs nationaux spécifiques Maliens, Soutien et objectifs «Esther» Et «projet de service» du SMIT Saint Denis, concerté avec l équipe de Kayes

Alliance thérapeutique et coopération Nord/Sud A Kayes, projet de service du coordinateur (Dr H.Toure) avec l association de patients («Nous, Vih/Sida, et nos amis»). A Saint Denis, le «GRDR» (groupement réalisation développement rural), en France, et à Kayes (antenne locale Soutien à l association de patients) : «double espace du soin». Le tissage, le «tricotage» partenarial se poursuivent, en 2010

Mise en œuvre dans la durée : 2002/2010. Le partenariat permet d accompagner l accès au traitement «ARV» (étape : 2004/2007) Puis le suivi dans la durée àkayes Etape en cours. Formation d équipe (problème des ressources humaines pérennes..) Analyse socio anthropologique des déterminants de prévention de la «perte de vue» des patients = en cours

Conclusion «L alliance thérapeutique» suppose des patients volontaires : construction progressive Utilisation de relais : Militants associatifs «pionniers» (Ex : Mr Makan Boundi à Kayes ) Soignants, bons techniciens mais pas seulement personnes ressources, aptes au travail en équipe.. Obstacles les plus lourds : Scepticisme ou blocage des autres soignants, techniciens sans formation suffisante à ces méthodes Difficultés de financements pérennes