La régularité des pluies en août-septembre soutient un développement satisfaisant des cultures sans toutefois résorber le déficit à l ouest du Sahel

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BULLETIN D INFORMATION SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L OUEST Août-Septembre 2014 La régularité des pluies en août-septembre soutient un développement satisfaisant des cultures sans toutefois résorber le déficit à l ouest du Sahel MESSAGES CLÉS L amélioration de la pluviométrie en août et septembre par rapport à juillet a permis un développement satisfaisant des cultures dans les pays du Sahel mais ne permet toutefois, pas de résorber les déficits enregistrés en Gambie, à l ouest et au nord du Sénégal et de la Mauritanie depuis le début de la saison. L approvisionnement des principaux marchés est demeuré satisfaisant au cours de la période Août-septembre, favorisé par le déstockage par les grands producteurs et les commerçants au regard des stocks importants dans le bassin centre et de la normalisation de la saison agricole, contribuant ainsi à la stabilité des prix. Toutefois, de légères baisses saisonnières de volumes et de rythme des flux par rapport à juin, sont enregistrées en Mauritanie, au sud du Tchad et entre les pays durement affectés par l épidémie d Ebola (Guinée, Liberia et Sierra Leone), ainsi que des hausses de prix supérieures à la moyenne quinquennale par endroits dans les bassins est et ouest. Les importations de riz et de blé à partir des marchés internationaux, ainsi que les récoltes de maïs, arachide, tubercules (igname et le manioc) débuté en juillet contribuent à renforcer les disponibilités alimentaires dans la région. La situation pastorale est globalement satisfaisante au Sahel avec toutefois des productions qui pourraient être inférieures à la moyenne pour la deuxième année consécutive dans plusieurs zones pastorales du Sahel et entrainer une transhumance précoce avec des préoccupations plus importantes à l est du Niger qui abrite des concentrations élevées d animaux venus du Nigeria suite à l insécurité civile dans le nord de ce pays. La perturbation des mouvements de transhumance dans cette partie de la région restera encore une préoccupation. La situation alimentaire demeure globalement satisfaisante dans la région, exceptée par endroits au Sahel où les ménages pauvres éprouvent des difficultés d accès à l alimentation et/ou ont des capacités réduites à satisfaire les besoins non alimentaires. Ces zones concernent le nord et l ouest du Sénégal, l ouest de la Mauritanie et en Gambie du fait de l effet combiné de l épuisement précoce des stocks ménages et la faiblesse des revenus. L insécurité alimentaire prévaut aussi au nord-est du Nigéria du fait de la persistance de l insécurité civile qui affecte négativement les systèmes de production et les activités génératrices de revenus. Cette situation connait un début d amélioration depuis la deuxième moitié de septembre grâce aux récoltes précoces des variétés à cycles courts, la disponibilité de pâturages dans les zones pastorales qui soutient l amélioration de l embonpoint du bétail ainsi que la production de lait. SITUATION AGRICOLE Pluviométrie Au cours de la période août-septembre 2014, des pluies modérées à fortes ont intéressé toute la région, particulièrement les zones soudaniennes et sahéliennes. Cette amélioration de la pluviométrie par rapport à juillet 2014 a permis un développement satisfaisant des cultures déjà en place mais ne permet toutefois, pas de résorber les déficits enregistrés en Gambie, à l ouest et au nord du Sénégal et de la Mauritanie depuis le début de la saison. Dans ces zones particulièrement, les semis se sont poursuivis jusqu en deuxième décade d août. En fin septembre, le cumul saisonnier comparé à la moyenne court terme (2009-2013) montre la persistance des déficits variant de 30 à 50 pour cent à l ouest et au nord du Sénégal, en Gambie et dans la moitié ouest de la zone agricole en Mauritanie. Dans ce dernier pays, les déficits dépassent 50 pour cent à l extrême sud-ouest et par endroits au centre de la zone agropastorale (Figure 1). CILSS FEWS NET Page 1

Figure 1 : Anomalie du cumul saisonnier en pourcentage du 1 er avril au 30 septembre 2014 par rapport à la moyenne court terme Source : FEWS NET/USGS Afrique de l ouest, octobre 2014 Situation des cultures Le retard des pluies plus marqué en juillet sur la façade ouest du Sahel (Sénégal, Gambie et Mauritanie) a entrainé une poursuite des semis en humide de céréales jusqu en première décade d août, voire même au cours de la deuxième décade au Sénégal. En fin Septembre, ces derniers semis sont au stade de tallage/début montaison avec très peu de chance de produire des grains utiles du fait du raccourcissement considérable de la période végétative pour les variétés de céréales photosensibles. La régularité de la pluviométrie en août et septembre a été favorable au développement des cultures dont les stades phrénologiques sont très hétérogènes, variant de la montaison à la maturation/récolte pour les premiers semis. A l issue de la réunion du PREGEC qui s est tenue à Banjul du 8 au 10 Septembre 2014 sur l évaluation à mi-parcours de la campagne agropastorale et les perspectives agricoles et alimentaires 2014/2015 en Afrique de l ouest et dans les pays du Sahel, il est attendu une production agricole moyenne au Benin, en Côte d Ivoire, au Burkina Faso, au Mali, au Niger et au Tchad. Les productions pourraient être inférieures à la moyenne au Sénégal, en Gambie, en Guinée Bissau et en Mauritanie au regard de l installation tardive des cultures de céréales dans plusieurs régions de ces pays (deux à trois décades de retard par rapport à la moyenne). Dans les zones bimodales du Golfe de Guinée, les récoltes de la principale saison débutées en juillet pour le maïs, l arachide, la patate douce et les ignames sont présentes sur les marchés depuis août. Ces ignames et les arachides approvisionnent les marchés sahéliens depuis le même mois. Situation acridienne/ ennemis des cultures La situation phytosanitaire est demeurée globalement calme dans la région en aout. La mise à jour de la situation acridienne par la FAO en Août rapporte que la situation est restée calme. Cependant, les bonnes pluies qui sont tombées plus au nord dans le Sahel offrent des conditions favorables à la reproduction sur une vaste zone allant de l'ouest de la Mauritanie au nord-est du Tchad. De faibles populations d'adultes étaient présentes en Mauritanie, au Niger et au Tchad, et presque certainement dans le nord du Mali où la surveillance n est pas optimale du fait de la persistance de l'insécurité. Selon la mise à jour en septembre, seuls de faibles effectifs de larves et d'ailés ont été observés au cours des prospections régulières menées dans les zones de reproduction estivale du nord du Sahel, entre la Mauritanie et l'érythrée. Cependant, les conditions écologiques restent très favorables à la reproduction et il peut y avoir plus de criquet présent que vu par les équipes de surveillance. Cela devrait devenir évident avec le dessèchement de la végétation en octobre quand les adultes vont se concentrer pour former des groupes. Il existe par conséquent, un risque de formation de groupes d adultes dans l'ouest de la Mauritanie, le nord du Mali et du Niger, au nord-est du Tchad, le centre et l'est du Soudan, et dans l'ouest de l'erythrée, avec de possibles dégradations de la situation. Les premiers signes de cette perspective sont déjà apparus dans l'est du Soudan, où un nombre croissant de groupes d'adultes et au moins un essaim ont été formés en fin de septembre. Des opérations de lutte aérienne et terrestre sont actuellement en cours. SITUATION PASTORALE Dans les zones pastorales, la situation alimentaire du bétail s est améliorée en Août et Septembre comparativement à Juillet qui a été caractérisé par une faible disponibilité des pâturages et un prolongement de la période de soudure animale dans le nord du Burkina Faso, par endroits au Mali, en Mauritanie, dans le nord et l est du Niger et dans le Sahel Tchadien, avec des mortalités signalées particulièrement au Niger. En Septembre, le niveau de remplissage des points d eau est satisfaisant à la faveur de la régularité des pluies depuis la troisième décade de Juillet et la production de biomasse est maintenant satisfaisante dans la région excepté en Gambie, à l ouest et au nord du Sénégal, de la Mauritanie, au nord-ouest et est du Niger, au nord-est du Burkina Faso, dans le nord-ouest du Tchad et au Mali dans l ouest de la région de Tombouctou et les zones de Gao et Bourem. La majorité de ces zones pourraient connaitre pour la deuxième année consécutive des productions de biomasse inferieures à la moyenne et une transhumance précoce avec des préoccupations plus importantes à l est du Niger qui abrite des CILSS FEWS NET Page 2

concentrations élevées d animaux venus du Nigeria suite à l insécurité dans le nord de ce pays. La perturbation des mouvements de transhumance dans cette partie de la région restera encore une préoccupation. MARCHÉS ET COMMERCE Le période d août à septembre a été marquée par un approvisionnement satisfaisant des principaux marchés malgré les retards observés dans l installation des cultures en juillet dans plusieurs zones agricoles du Sahel. Cette situation s est maintenue en août avec l amélioration de la pluviométrie dans toute la région, ce qui a encouragé le déstockage par les grands producteurs et les commerçants. Toutefois, le rythme et les volumes des flux ont connu de légères baisses saisonnières par rapport à juin, par endroits comme en Mauritanie, au sud du Tchad et entre les pays durement affectés par l épidémie d Ebola (Guinée, Liberia et Sierra Leone). L offre en céréales locales au niveau des marchés est jugée bonne dans l ensemble. Le bassin centre continue en août et septembre d approvisionner les zones déficitaires du Niger, de la Mauritanie et du Sénégal. Les importations de riz et de blé à partir des marchés internationaux, ainsi que les récoltes de maïs, arachide, tubercules (igname et le manioc) débuté en juillet viennent encore renforcer les disponibilités alimentaires dans la région. La demande quant à elle, est restée relativement moyenne à cause des opérations de vente à prix social en cours actuellement dans les pays et les diverses autres assistances humanitaires des Etats et leurs partenaires. Dans la région, les prix des céréales locales (mil, sorgho, riz local, sorgho) connaissent en août, une baisse par rapport à la même période en 2013. Comparativement à la moyenne quinquennale les prix sont stables, voire en baisse pour le maïs (8 pour cent en moyenne). Cependant, des hausses importantes sont observées en août sur le bassin ouest pour le mil et le sorgho et sur le bassin est pour le mil, le sorgho et le maïs du fait des faibles productions 2013/2014 et des disponibilités locales inferieures à la moyenne, exceptée au Ghana. Cependant, des hausses atteignant 30 pour cent et plus sont observées sur le maïs au Ghana, Mauritanie (Nouakchott) et au Mali (Tombouctou); de 15-30 pour cent sur le mil à Agadès (Niger), Diéma, Bougouni, Djenné, Kita (Mali), et Zouerate (Mauritanie). Quant aux autres produits, on note comparativement à la moyenne des cinq dernières années une baisse pour l igname qui atteint 38 pour cent à Lagos au Nigeria, une baisse moyenne 7 pour cent pour le niébé et de 15% pour le Gari au Togo. L arachide demeure stable avec une légère hausse de 5 pour cent au Sénégal. Au Ghana par contre, le prix des tubercules est en hausse de 35% Concernant le bétail, les prix sont globalement stables par rapport aux mois précédents et en baisse par rapport à la même période en 2013. Ces baisses sont enregistrées principalement au Tchad, au Niger et au nord du Burkina Faso du fait du prolongement de la période de soudure animale en juillet qui a dégradé l embonpoint du bétail et déprécié la valeur marchande, l augmentation de l offre et l enclavement de certaines zones. Toutefois en comparativement à la moyenne des cinq dernières années, les prix du bétail restent globalement en hausse de 15 à 35%. Les exceptions concernent le Tchad où ils sont inférieurs à la moyenne de 15-20 pour cent sur les marchés de Biltine et Mao. Au Mali, les diverses assistances humanitaires ont contribué à préserver le cheptel des ménages, permettant de maintenir des prix des animaux supérieurs à ceux de juillet 2013 de 15-20 pour cent et à la moyenne quinquennale de 20-35 pour cent. Les termes d échanges bétail/céréales restent toujours en deçà de la moyenne des 5 dernières années et l année passée au nord du Burkina Faso, au Tchad et en Mauritanie malgré une nette amélioration saisonnière observée en août. En perspective, les marchés continueront de fonctionner normalement excepté entre le Nigeria et le Niger du fait de l insécurité civile mais aussi dans les pays durement affectés par l épidémie d Ebola. Le niveau des offres sera en hausse comme d habitude entre octobre et décembre à mesure que les récoltes progressent. La demande des ménages sera en diminution du fait de la généralisation des récoltes à partir d octobre qui permettent la reconstitution des stocks et la mise en marché progressive des nouveaux produits. Les prix demeureront stables jusqu en décembre par rapport à la moyenne des cinq dernières années. Cette situation sera renforcée par les stocks résiduels de céréales dans le bassin centre et au Benin ainsi que l offre suffisante au niveau mondial. Les prix des animaux pourraient aussi connaitre des hausses à partir de septembre du fait de l augmentation de la demande de petits ruminants pour la fête de Tabaski, les rituels relatifs aux retours des pèlerins de la Mecque dans certains pays, et les fêtes de fin d année et de nouvel an. Figures 1 et 2 : Variation des prix moyens mensuels du maïs et du mil/sorgho en août 2014 par rapport à la moyenne quinquennale CILSS FEWS NET Page 3

SITUATION NUTRITIONNELLE L analyse des tendances issues des enquêtes SMART réalisées en 2014 rapportent que la situation nutritionnelle est précaire à critique dans la plupart des pays de l Afrique de l Ouest, avec quelques spécificités entre les régions à l intérieur de chaque pays. En Mauritanie, les résultats de l enquête SMART d aout 2014 montrent une baisse significative de la prévalence de la malnutrition aigüe globale (MAG) par rapport à la même période en 2013, passant ainsi de 13.1% en 2013 à 9.8% en 2014. Cependant, la situation reste critique voir urgente dans certaines régions de la Mauritanie comme le Brakna (11,4%), Assaba (12.3%), Hodh El Chargui (12.5%), Tagant (12.3%) et le Guidimakha (16.0%). L enquête nutritionnelle SMART conduite en juin- août 2014 au Niger, fait ressortir une situation critique avec une prévalence nationale de 14.8% de MAG et 2.7% de MAS et une variabilité inter-régionale de 12.8-15.7 pour cent pour la MAG et 1.4-3.4 pour cent pour la MAS. Au Sénégal, la dernière enquête SMART conduite en début de période de soudure juin-juillet 2014, montre que la prévalence de la malnutrition aigüe globale et sévère varie respectivement de 4.5% à 19.7% et de 0.5% à 4.5% selon les régions. La situation nutritionnelle demeure sérieuse à critique dans 4 régions à savoir la région de Louga avec 10.5% de MAG, Saint Louis (département de Podor avec 23.3% et Dagana avec 13.6%), Tambacounda (14.2%) et Matam (19.7% de MAG). La situation reste précaire dans les dix (10) autres régions du pays. La prévalence de la malnutrition aigüe globale observée à l échelle nationale au Mali est de 13,3% selon l enquête smart de juillet-août 2014 et révèle une situation nutritionnelle sérieuse selon les seuils de l OMS. Les tendances régionales montrent que la prévalence de la malnutrition aigüe globale varie de 9,4% à 14,8% selon les régions. La situation nutritionnelle est sérieuse dans les régions de Mopti (11,6% de MAG), Kayes (11,3%), Koulikoro (13,8%), Ségou (14,0%), Tombouctou (14,8%), et le District de Bamako (14,2%). Le Nigeria présente une situation similaire à celle de la Mauritanie avec une prévalence nationale de 9% de MAG et 2% MAS selon la dernière enquête SMART réalisée en mai 2014. La situation nutritionnelle reste critique dans les Etats de Gombe (10.4%), Kano (13.2%) et Borno (13.6%) et demeure urgente pour les Etats de Yobe (15.5%), Bauchi (16.6%) et Jigawa (17.7%). L impact de la maladie a virus Ebola en Guinée, Liberia et Sierra Leone entraine une détérioration grave et rapide de la situation nutritionnelle déjà précaire dans la plupart de ces pays suite à l interruption brutale de certains programmes de prise en charge nutritionnelle avec des conséquences fâcheuses sur la santé et l état nutritionnel des nourrissons et des enfants vivant rendant ainsi ces zones affectes et zones à risques dans une situation nutritionnelle critique qui nécessite des actions urgentes ciblées et efficaces. SITUATION ALIMENTAIRE PERSPECTIVES La situation alimentaire est demeurée globalement satisfaisante dans la région en août et septembre du fait de l approvisionnement satisfaisant des principaux marchés et de la stabilité des prix des denrées alimentaires par rapport à la moyenne voire une baisse par rapport aux mois précédents. Des récoltes précoces de cultures à cycle court de maïs, l arachide, mil et sorgho, ainsi que les récoltes de patates améliorent dans une moindre mesure, les disponibilités alimentaires auprès des ménages, particulièrement dans les zones soudaniennes du Sahel. Toutefois, le marché constitue la principale source d approvisionnement des ménages grâce aux revenus issus des activités habituelles qui incluent la vente de la main d œuvre agricole, de volaille, bétail et produits animaux, de produits forestiers ligneux et non ligneux, du petit commerce, etc. Malgré cette situation alimentaire globalement satisfaisante, des ménages pauvres éprouvent des difficultés d accès à l alimentation et/ou ont des capacités réduites à satisfaire les besoins non alimentaires, particulièrement dans le nord-est du Nigeria (Borno, Yobé, Adamawa et région du Lac Tchad); au Mali dans les régions de Kayes, Koulikoro, le plateau Dogon et dans les zones agropastorales des régions du Nord ; au nord du Burkina Faso; dans la bande sahélienne du Tchad, (le Sud du BET, les régions du Wadi Fira et du Barh El-Ghazel) ; dans la zone agropastorale de Tillabéri, Tahoua, Zinder et Diffa au Niger ; dans le nord-ouest de la zone agropastorale de la Mauritanie. Cette situation résulte de l insécurité civile au Nord Mali et surtout au Nigeria qui affecte les moyens d existence des ménages et le fonctionnement des marchés, à laquelle s ajoutent les faibles productions agricole en 2013/2014 dans ces zones, la baisse des revenus issus de la vente du bétail en juillet-aout du fait du prolongement de la période de soudure animale qui a affecté l embonpoint des animaux, et les prix élevés des denrées alimentaires par rapport à la moyenne. Par endroits comme au Mali, les divers appuis humanitaires permettent d éviter une dégradation profonde de l insécurité alimentaire. Dans les zones du golfe de Guinée, les récoltes qui ont débuté à temps en juillet 2014 pour la principale saison en zone bimodale marquent la fin de la soudure. Ces récoltes qui se poursuivent en août permettent la reconstitution des stocks ménages et approvisionnent les marchés locaux et même ceux du Sahel en ce qui concerne les tubercules et les arachides. Dans les zones soudaniennes, les récoltes précoces d igname et celles en vert de maïs et légumineuses contribuent aussi à améliorer les disponibilités alimentaires auprès des ménages. La vente de ces produits procure des revenus substantiels aux ménages pour satisfaire d autres besoins alimentaires et non alimentaires. Il est attendu au cours des prochains mois, une amélioration de la situation alimentaire au Sahel avec la généralisation des récoltes à partir d octobre. Elles permettront la reconstitution des stocks ménages et l acquisition de revenus à travers la vente d une partie de ces récoltes. Dans les zones pastorales et agropastorales, l amélioration des conditions pastorales (alimentation animale et production laitière) contribueront à renforcer la sécurité alimentaire des ménages. La hausse probable des prix des animaux au regard l augmentation de la demande de bétail pour la fête de Tabaski, les cérémonies de retour des pèlerins dans certains pays, les fêtes de fin et de nouvel an, contribuera à améliorer les moyens d existence des ménages pastoraux et permettre ainsi l accès aux aliments de base. EBOLA ET IMPACT SUR LA SECURITE ALIMENTAIRE Au 30 septembre 2014, l OMS rapporte un cumul de près de 7402 cas d Ebola au Liberia, Sierra Leone et Guinée (pays les plus sévèrement touchés) dont 4041 cas confirmés et 3347 décès. Selon les prévisions de l OMS, le nombre de cas pourrait atteindre 20 000 au cours des six prochains mois. Cette épidémie affecte dans les zones durement touchées et celles avoisinantes, les moyens d existence des ménages ayant des membres actifs malades ou décédés de la maladie ainsi que la CILSS FEWS NET Page 4

consommation des ménages pauvres qui dépendent habituellement du marché. Sur le plan commercial, les ports de ces pays continuent de fonctionner et assurent des approvisionnements normaux. Cependant, l acheminement de ces produits vers l intérieur du pays connait des perturbations. Des baisses de flux sont signalées entre ces pays, et dans les pays entre les zones rurales affectées et les marchés urbains de consommation pour les produits locaux. Cela entraine par endroits au Liberia et en Sierra Leone, une baisse de de l offre en produits agricoles locaux et viande sur les marchés urbains de consommation, des hausses de prix de ces produits locaux, et pour les ménages ruraux, une baisse de revenus issus de la vente des nouvelles récoltes en cours du fait des interdictions de regroupements et de la fermeture de nombreux marchés hebdomadaires. Les impacts probables de cette épidémie sur la sécurité alimentaire des ménages constituent une préoccupation majeure au niveau de la région et au-delà. Ainsi, au regard du peu d information en provenance de ces pays et particulièrement des zones sévèrement affectées, le CILSS et divers partenaires de la régions collaborent déjà en vue de conduire des évaluations rapides et/ou mettre en place un système de suivi afin de renseigner régulièrement les besoins d analyse pour informer la prise de décision. CILSS FEWS NET Page 5