Vie de l amicale Jeudi 25 janvier et jeudi 15 février deux groupes d adhérents ont eu l occasion de découvrir le centre de traitement du courrier de Dijon à Longvic. Ce furent deux soirées de découverte des modernismes de la Poste inconnus du public. En voici quelques échos. Nous sommes accueillis dès 17h pour un exposé théorique préalable qui sera le bienvenu pour comprendre principes et fonctionnement des machines qui nous découvrirons ensuite. Situé à l origine dans l enceinte de la gare routière de Dijon et entièrement manuel à cette époque, le traitement central du courrier s est installé dans ses locaux dédiés à Longvic en mai 1982. Il s est modernisé peu à peu, descendant de 500 personnes à 300 personnes aujourd hui. Quelques chiffres rapides pour les amateurs de proportions : 330 personnes réparties à ce jour en 30% de salariés sous contrat et 70 % de fonctionnaires, ce pourcentage en diminution. Site fonctionnant en continu 6 jours sur 7, du dimanche soir 20h au samedi soir 20h. 85% du courrier reçu des entreprises contre 15% des particuliers. 11 camions effectuant journellement les rotations entre les 46 bureaux distributeurs de Côted Or et le centre de Longvic. 100% du courrier émanant de Côte-d Or désormais oblitéré à Longvic au grand dam des amateurs de feu les flammes locales d affranchissement. Le Lien n 45 jui n 2007 5
A la Poste aussi les sites sont en diminution, passant de 100 à une cible de 40 à 50. Les investissements toujours plus lourds demandent à être rentabilisés sans obérer les délais d acheminement. Intéressons-nous à présent aux modalités d expédition de nos envois. Les colis : Nous ne verrons rien de cette prestation, hormis de grandes cages grillagées pleines en attente de départ. En effet, l acheminement des colis est totalement géré par le site spécialisé de Barle-Duc (Meuse). Ainsi un colis déposé à Dijon pour un destinataire à Chenôve va suivre l étonnant trajet suivant : Ramassage et arrivée au centre de Longvic vers 18h30. Transport en camion à Bar-le-Duc. Tri dans la nuit au centre spécialisé de Bar-le-Duc. Retour au centre de Longvic. Acheminement routier au petit matin vers le bureau distributeur de Chenôve. Traitement du courrier provenant des bureaux de Côte-d Or (le cœur de notre visite) : Notre visite des installations techniques va s intéresser au courrier provenant des bureaux postaux de Côte-d Or («l aller compensation» auraient dit quelques collègues). Nous allons découvrir jusqu où ont été poussés les systèmes de reconnaissance de l écriture. Voici notre lettre spécimen déposée cet après-midi à DIJON pour un certain Henri JACQUES habitant à NANTES : Monsieur Henri JACQUES 3 rue du Château 44000 NANTES Ligne d indexation Chronomarque d anomalie (7 à 37 bâtonnets) N et v oie (19 bâtonnets) Code postal et localité (20 bâtonnets) Etape 1 : Redressement et oblitération (machine NEC) Notre lettre est collectée par l un des 11 camions qui «concentrent» le courrier des bureaux de Poste à partir de 17h00. Elle arrive en vrac dans l un des nombreux bacs plastique saturés d enveloppes. Ces bacs sont déversés dans un vrac total directement sur un tapis roulant qui monte dans le cylindre d une machine nommée NEC, sorte de gros tambour presque horizontal en sortie duquel se trouvent des convoyeurs à courroies (photo page suivante). Cette machine sépare les envois épais, redresse les enveloppes, en oblitère les timbres et sépare les courriers urgent/éco. Le Lien n 45 jui n 2007 6
Montée dans l e cylindre de la NEC pour séparer les env ois trop volumi neux En sorti e de cylindre, vus de dessus l es convoy eurs à courroie redressent les env eloppes av ant oblitération Survol des processus : Etape Les enveloppes volumineuses sont isolées Les autres enveloppes sont redressées avant oblitération Oblitération des timbres Les courriers sont triés urgent/éco Traitement Le courrier en vrac monte dans un énorme cylindre presque horizontal tournant lentement. Ses parois sont tapissées de lamelles métalliques en écailles entrouvertes et calibrées pour ne laisser passer que les enveloppes de moins de 6 mm d épaisseur (filtre). Au fil des rotations, les enveloppes épaisse s sont retenues et glissent en sortie de cylindre pour être reprises ailleurs. En aval du cylindre, les enveloppes «normales», passées entre les lamelles, sont reprises automatiquement dans des convoyeurs à courroie le long desquels des cellules cherchent au fil de l eau la position du timbre sur chaque enveloppe (devant/dos haut/bas). Informatiquement, par rotations appropriées (gauche/droite haut/bas) les enveloppes sont redressées pour se présenter toutes dans le même sens à l oblitération. Spectaculaire de vitesse! RAS Note : les enveloppes préaffranchies en entreprises sont isolées par les bureaux et ne rentrent pas dans cette phase de traitement Des cellules détectent les barres phosphorescentes incluses dans les timbres et trient en conséquence : - 2 barres (timbre rouge) : courrier prioritaire. - 1 barre (timbre vert) : éco-pli, envoi différé. En l absence de barres phosphorescentes (ex : timbres de collection), la machine envoie un rayon lumineux d environ 2 cm sur le timbre et en compte les dents : si 13, 14 ou 15 dents, l enveloppe est triée «prioritaire». En l absence de barre encore (lettres T), la machine projette un masque sur l enveloppe à la recherche d un «T» et le trie en prioritaire. Enfin, si aucun de ces éléments n a été identifié, l enveloppe part en rebut pour une exploitation manuelle. Les enveloppes sont désormais affranchies, et disposées toutes à l identique. Elles vont changer d étage et passer sur une seconde machine pour le tri par destination. Le Lien n 45 jui n 2007 7
Etape 2 : Tri par destination (machine ELIT Ensemble de Lecture, d Indexation et de Tri) Les enveloppes (formats courants + A5) sont insérées dans une seconde machine un peu analogue au lecteur-trieur de chèques d une banque, mais un tantinet plus complexe comme on va le voir. Les enveloppes, happées par des convoyeurs à courroie, passent devant une Unité de Reconnaissance d Adresse (URA) qui va tenter de lire les caractères, quels qu ils soient, et en codifier le contenu : Le chemin de lecture et d indexation de l ELIT (de l utilité de libeller correctement les adresses) Code postal et localité sont indexés au pied de l enveloppe N de voirie et rue sont indexés à leur tour au pied de l enveloppe Notre exemple : 44000 NANTES - Si code postal bien lu et trouv é en table informatique, on recherche la localité de la même façon. * Si localité bien lue et cohérente avec le code postal, l enveloppe est indexée (= impression de 20 bâtonnets rouges en bas à droite cf. modèle plus haut). * Si localité lue mais incohérente avec le code postal (ex : 21300 DIJON), priorité est donnée aux lettres plutôt qu aux chiffres (efficace dans 90 % des cas) et l enveloppe est indexée sur cette base. - Si code postal non reconnu, photo de l enveloppe est envoyée sur un écran de l atelier de vidéocodage proche où une opératrice saisira le code postal pour recyclage automatique dans un 2 e temps. La rapidité de ce personnel de saisie est impressionnante malgré les différences de sens, de luminosité et de format des enveloppes, sans parler des multiples écritures manuscrites! Notre exemple : 3 rue du Château - La machine recherche une «rue du Château» à Nantes : Trouvée? oui. «3» existant dans cette rue? OUI : alors l indexation génère les 19 bâtonnets au centre de l enveloppe codifiant n et voirie (cf. modèle d enveloppe plus haut). L enveloppe est envoyée vers sa case de destination. Fin du process normal. - Si la lecture est impossible immédiatement, la tentative d indexation n est pas abandonnée pour autant. Et c est là qu on découvre l ingénierie mise en œuvre par la Poste pour supprimer au maximu m les manipulations pour les facteurs La lecture étant en échec, il y a : a apposition d une chronomarque rouge de 7 à 37 bâtonnets au pied de Le Lien n 45 jui n 2007 8
(ça se complique ) l enveloppe à gauche (cf. plus haut) pour indiquer aux machines suivantes que le document est en anomalie et déclencher une interrogation informatique du centre de traitement émetteur (à suivre). b envoi immédiat de 4 vidéophotos de l enveloppe : 1 pour le vidéocodage local (cas du code postal illisible), 1 pour le télévidéocodage (pour n et rue) - 5 cent res en France 1 à un OCRD (reconnaissance optique de caractère distant), 1 enfin pour le site de Chartes (secours). c envoi de l enveloppe dans une case spécifique d anomalie. - Puis, pendant de délai d acheminement physique de la lettre (Dijon Nantes dans notre exemple), un système spécialisé du Centre expéditeur de Dijon, l OCRD mentionné ci-dessu s, va «travailler» l image vidéo de l adresse pour tenter d en comprendre le libellé et d indexer un enregistrement informatique que viendra consulter le Centre destinataire (de Nantes) au moment du tri physique sur sa machine ELIT!! Bref, pendant que l enveloppe voyage, l informatique «pense». Que veut dire «travailler» l image vidéo? En fait, le système triture l image en l éclaircissant ou l assombrissant, en étirant les caractères ou en les resserrant et, à chaque fois, tente une nouvelle lecture. La tentative va même jusqu à examiner chaque caractère au travers d une matrice vidéo : le système recense les points d intersection du tracé de chaque caractère avec cette matrice et peut en déduire la lettre ou le chiffre correspondant (exemple : nous n écrivons pas le chiffre 3 de la même façon ; il peut être anguleux, arrondi ou bouclé sur lui-même selon notre écriture). Si le système (ici, Dijon) parvient ainsi à comprendre l adresse, il enrichit un enregistrement informatique que va venir consulter la trieuse destinataire (Nantes) au moment de son traitement. La lettre avec sa chronomarque sera alors bien ventilée, sans manipulation humaine. Ouf Les cases de tri en sortie d ELIT, un bel exemple de tri de documents Le Lien n 45 jui n 2007 9
Tri des grands formats (TGF) Nous avons vu précédemment que les enveloppes de grands formats étaient isolées dès leur arrivée au centre de traitement. Ces courriers grands formats font ici l objet d un traitement similaire au précédent (tris par code postal et par tournée de facteur). Les grands formats passent également devant une URA (unité de reconnaissance d adresse) pour détection du code postal et sa saisie par le vidéocodage si non lu. Pour les visiteurs, le côté spectaculaire tient à la longueur exceptionnelle de la trieuse (voir photo). En effet, les grands formats sont véhiculés à plat, chaque enveloppe voyageant sur son plateau horizontal propre qui bascule au-dessus du bon réceptacle de tri. Avantage : aucun bourrage quelle que soit le grand format en cause et trainings de santé pour l opérateur qui vide les réceptacles arrivant à saturation. Une enveloppe dont le code postal n a pas pu être reconnu automatiquement va tourner à plat 3 fois sur toute la longueur de la trieuse dans l attente d une saisie par la vidéocodage. Au-delà, le plateau est débarrassé dans une case de rebut. La trieuse grands for mats. Dans la fenêtre de faç ade, on aperçoit une env eloppe plaquée par erreur sur la vitr e et, au-dess us, les paniers horizontaux qui défilent sur des dizaines de mètres j usqu au fond de l atelier. Les modes d acheminements nationaux du courrier: - A ce jour, 80 % du courrier est acheminé in fine par la route, faisant de la Poste le 1 er transport national (majoritairement sous-traité). Avion et rail ne représentent chacun qu à peine 10 %. Au travers de sa filiale Europe Air Poste, la Poste dispose néanmoins de 20 avions en circulation nocturne et reconvertis pour le transport de passagers la journée. Le Lien n 45 jui n 2007 10
Courrier de Côte-d Or vers les autres départements (ex : Aube) Courriers des autres départements vers la Côte-d Or - Acheminement par la route de Dijon à Dôle. - Avion jusqu à Roissy. - Lignes aériennes au départ de Paris vers : Bastia/Ajaccio Bordeaux Clermont-Fd Limoges Lyon Marseille Nantes Nice Rennes Strasbourg Toulouse. - Acheminement routier de Roissy à Longvic. Courrier vers l étranger - Traitement sur 3 plates-formes nationales : * Roissy * Mitry-Mory (S & M) pour le courrier économique, * Orly pour les DOM-TOM Informations diverses : Fiabilité des courriers : - Enveloppes non précasées : 30 à 25 % de reconnaissance seulement. - Enveloppes précasées : jusqu à 75 % de reconnaissance. - Enveloppes à fenêtre : «la catastrophe!» : adresse partiellement masquées, reflet de la fenêtre gênant la lecture. - Boîtes aux lettres dijonnaises : - Utile à savoir pour le courrier du soir à distribution urgente : la boîte aux lettres «drive» (accessible en voiture) située au début de la rue des Perrières est relevée tous les soirs à minuit pour une distribution le lendemain en Côte-d Or. - «Boîte de soirée» : la Poste implantera prochainement sur Dijon (lieu non arrêté) une boîte aux lettres à ramassage vers 19h pour une distribution le lendemain dans les autres départements (TG1). - «Boîte de nuit» : est envisagée également au centre-ville une boîte aux lettres, de couleur spécifique, pour le courrier interne à la Côte-d Or et relevée vers 04h du matin pour une distribution le jour-même! - Concurrence : la période fin 2009 début 2010 marquera la fin de tous les monopoles, mais les actions commerciales de la concurrence porteront d abord sur les grands comptes. Les Particuliers ne représentent que 15% du trafic. Le Lien n 45 jui n 2007 11