Techniques d'imagerie urinaire en médecine nucléaire

Documents pareils
NEPHROGRAMME ISOTOPIQUE EXPLORATION DE L HYPERTENSION RENO-VASCULAIRE

Dr N. BOUCHAOUR,Dr L.STOF, Pr B.MANSOURI Service d Imagerie Médicale CHU Beb-el-Oued Alger

LES CONTUSIONS DU REIN

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

Infections urinaires chez l enfant

UE2 CANCEROLOGIE Place de la Médecine Nucléaire

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur la scintigraphie osseuse et le TEP-SCAN

Bases physiques de l imagerie en

Résultat du traitement de la varicocèle chez l'adolescent par l'association coils-sclérosants.

Professeur Diane GODIN-RIBUOT

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

MANUEL DE CHIRURGIE PÉDIATRIQUE (chirurgie viscérale) Année 1998

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Peut-on reconnaître une tumeur de bas-grade en imagerie conventionnelle? S. Foscolo, L. Taillandier, E. Schmitt, A.S. Rivierre, S. Bracard, CHU NANCY

TRAUMATISME CRANIEN DE L ENFANT : conduite à tenir?

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Anti-Inflammatoires Non stéroïdiens

La prise en charge de l AVC ischémique à l urgence

Exposition de la population française aux rayonnements ionisants liée aux actes de diagnostic médical en 2012

INCONTINENCE URINAIRE

UTILISATION DES C.C.P DANS LES HEMORRAGIES SOUS AVK ET SOUS NACO : RECOMMANDATIONS DE L HAS COPACAMU 2014

le bilan urodynamique Dr René Yiou, CHU Henri Mondor

Nouvelles caméras CZT cardiaques: une seconde vie pour le thallium 201?

TVP fémorale. Systématisation. La TVP : écho-doppler JP Laroche Unité de Médecine Vasculaire CHU Montpellier. Thrombus mobile

S o m m a i r e 1. Sémiologie 2. Thérapeutique

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE. Avis. 10 mars 2010

La Dysplasie Ventriculaire Droite Arythmogène

MÉTHODES DIAGNOSTIQUES DE STÉNOSE DE L ARTÈRE RÉNALE

de l anténatal à l âge adulte

Le cliché thoracique

Pharmacologie des «nouveaux» anticoagulants oraux

Comparaison du scanner spiralé sans contraste et de l urographie intraveineuse dans le diagnostic de la colique néphrétique

Quel apport de l imagerie dans les traitements anti-angiogéniques?

Pseudotumor cerebri. Anatomie Le cerveau et la moelle épinière baignent dans un liquide clair, appelé le liquide céphalo-rachidien (LCR).

Insuffisance rénale. Définition. o Insuffisance rénale aiguë

Accidents des anticoagulants

LE SYNDROME DE BUDD CHIARI

Activité 38 : Découvrir comment certains déchets issus de fonctionnement des organes sont éliminés de l organisme

INSUFFISANCE CARDIAQUE DROITE Dr Dassier HEGP

Item 182 : Accidents des anticoagulants

Les anticoagulants. PM Garcia Sam Hamati. sofomec 2008

Prolapsus génital et incontinence urinaire chez la femme Professeur Pierre BERNARD Septembre 2002

INSUFFISANCE CARDIAQUE «AU FIL DES ANNEES»

Farzin Beygui Institut de Cardiologie CHU Pitié-Salpêtrière Paris, France. Probability of cardiovascular events. Mortalité CV

Conférence De néphrologie. Lille Internat DCEM3 E. Faure

Médecine Physique Prévention de la maladie thrombo-embolique veineuse. Pr Philippe NGUYEN Vendredi 17 Décembre 2010

Grossesse et HTA. J Potin. Service de Gynécologie-Obstétrique B Centre Olympe de Gouges CHU de Tours

Actualités IRM dans la SEP Thomas Tourdias 1, 2

Sport et traumatisme crânien

Chapitre 1 : Introduction à la rééducation périnéale

La filtration glomérulaire et sa régulation

L Incontinence Urinaire au FEMININ. Examen paraclinique. Résidu Post Mictionnel. Examen pelvien

Transplantation hépatique à donneur vivant apparenté. Olivier Scatton, Olivier Soubrane, Service de chirurgie Cochin

Les céphalées aux urgences. G Demarquay Hôpital Croix-Rousse Service Neurologie

Médecine Nucléaire : PET-scan et imagerie hybride

L ACCÈS VEINEUX DE COURTE DURÉE CHEZ L ENFANT ET LE NOUVEAU-NÉ

Cancer du sein. Du CA15-3 à la tomographie à émission de positons.

OSSIFICATION DU LIGAMENT VERTEBRAL COMMUN POSTERIEUR ET DU LIGT JAUNE: MYELOPATHIE CERVICALE SUBAIGUE

SYNOPSIS INFORMATIONS GÉNÉRALES

Revue Médicale Suisse Prélèvement de rein chez le donneur vivant : l évolution mini-invasive

Nouveaux anticoagulants oraux : aspects pratiques

SOINS INFIRMIERS EN HEMODIALYSE

Carte de soins et d urgence

LASER DOPPLER. Cependant elle n est pas encore utilisée en routine mais reste du domaine de la recherche et de l évaluation.

CEPHALEES POST-BRECHE DURALE. Post Dural Puncture Headache (PDPH)

Module digestif. II. Prévention du reflux gastro-œsophagien :

REEDUCATION DU POST-PARTUM

Informations sur le rivaroxaban (Xarelto md ) et l apixaban (Eliquis md )

1985, 169, n 7, ,séancedu 22 octobre1985. ALBARÈDE et Jean-Claude DARRAS

E03 - Héparines non fractionnées (HNF)

Les différentes maladies du coeur

Généralités sur fractures, luxation et entorses

COMPLICATIONS THROMBOTIQUES DES SYNDROMES MYÉLOPROLIFÉRATIFS: ÉVALUATION ET GESTION DU RISQUE

Les fractures de l extrémité inférieure du radius (238) Professeur Dominique SARAGAGLIA Mars 2003

L infarctus veineux hémorragique (IVH) du nouveau-né, une pathologie mal connue. À propos de 19 patients.

Imagerie TDM et IRM des obstacles du bas cholédoque

Hémostase et Endocardite Surveillance des anticoagulants. Docteur Christine BOITEUX

schémas du by-pass gastrique pour obésité morbide

Leucémies de l enfant et de l adolescent

Bienvenue aux Soins Intensifs Pédiatriques

Incontinence urinaire : trop souvent taboue

Document d information dans le cadre de l installation d un cyclotron. à Saint-Louis

INFORMATION À DESTINATION DES PROFESSIONNELS DE SANTÉ LE DON DU VIVANT

Diabète de type 1 de l enfant et de l adolescent

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

24/01/ 2014 EQUIPE «REFERENTE» POUR L UTILISATION DES CATHETERS VEINEUX PERIPHERIQUES ET CENTRAUX : QUELLE PLACE POUR L INFIRMIERE?

L ORDONNANCE CHEZ L IRC: PIEGES ET BALISES. Dr Parotte M-C Néphrologue CHPLT Verviers 27 Avril 2013

Cibles Nouveaux ACO AVK. Fondaparinux HBPM HNF. Xarelto. Eliquis Lixiana. Pradaxa PARENTERAL INDIRECT ORAL DIRECT. FT / VIIa.

TUMEURS DU BAS APPAREIL URINAIRE

INCONTINENCE URINAIRE

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

Épreuve d effort électrocardiographique

LITHIASE URINAIRE USAGER PRÉSENTANT UNE LITHIASE URINAIRE OC-091. Uroscan. Rx abdominal

PREVENTION DE LA MALADIE THROMBO- EMBOLIQUE VEINEUSE (MTEV) EN PERI- OPERATOIRE QUOI DE NEUF?

Données de Pharmacovigilance et les NOACs. Haleh Bagheri

Maladie des valves. Changer leur évolution. Rétrécissement aortique Insuffisance aortique Insuffisance mitrale Rétrécissement mitral

Pas anodine, la créatinine!

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

Transcription:

Techniques d'imagerie urinaire en médecine nucléaire JP Willi Colloque néphrologie 18.02.11 Service de Médecine Nucléaire Département de Radiologie et Informatique Médicale

Médecine Nucléaire Ce que l on voit : Ce que l on évalue : Isotope Traceur Tc-99m, F-18, MDP, FDG, Radiopharmaceutique 2

Médecine Nucléaire Marconi Hawkeye 3

Applications 1. Clairances rénales 2. Scintigraphie rénale dynamique: fonction rénale relative et transit intrarénal 3. Cystographies isotopiques directe et indirecte 4. Scintigraphie rénale statique (et tomoscintigraphie rénale): "masse fonctionnelle" 4

Radiotraceur DMSA Tc-99m fixation tubulaire proximale (13 à 40%) E = 4-5% Union protéines circulantes = 72-90% Fixation rénale: 20-35% de l activité injéctée par chaque rein à 6h Filtration glomérulaire EDTA Cr-51 filtration glomérulaire DTPA Tc-99m filtration glomérulaire (100%) E = 20% Union protéines circulantes = 0-10.5% MAG3 Tc-99m secrétion tubulaire (96%) filtration glomérulaire (2%) fixation biliaire (4%) E = 40-60% Union protéines circulantes = 66-90% Hippuran I-123 secrétion tubulaire (80%) filtration glomérulaire (20%) E = 70-90% Union prot circ = 30-70% [67-70%] GR = 4-20% [5%] Flux plasmatique rénal 5

Scintigraphie rénale dynamique: fonction rénale relative et transit intrarénal

Scintigraphie rénale dynamique Etude de la fonction rénale relative et transit intra rénal. Traceurs d'excrétion rénale élevée et rapide. Acquisition d'une série d'images dynamiques après injection IV de DTPA, MAG3 ou Hippuran. Acquisition d'une phase vasculaire (série d'images de 1 seconde pendant 30 sec) poursuivi d une phase parenchymateuse et de sécrétion (enregistrement d'une série d'images de 10 à 20 secondes, pendant 20 à 40 minutes. Prédominent d'abord les phénomènes d'accumulation (uptake), puis d'excrétion du traceur. Ainsi, le traceur est "capté" par filtration glomérulaire (DTPA) et/ou sécrétion tubulaire proximale (MAG3 ou Hippuran), puis transite dans la lumière du néphron (sans réabsorption) pour finalement être excrété dans les cavités pyélocalicielles. 7

Scintigraphie rénale dynamique Phase vasculaire Phases parenchymateuse et de sécrétion 8

Scintigraphie rénale dynamique Néphrogramme 9

Indications Détermination de la fonction séparée de chaque rein Mise au point et suivi des néphropathies obstructives (lithiases, anomalies de la jonction pyélo-urétérale, ) («Test au Lasix») Recherche d hypertension d origine rénale («Test au CAPTOPRIL») Trauma rénal Suivi transplantation rénal 10

Irradiation (vessie) Norme ICRP 62 (International Commission on Radiological Protection) Doses effectives (ED) pour un enfant de 5 ans 1. 99mTc-DTPA: 0.54 to 0.82 msv 2. 99mTc-MAG3: 0.20 to 0.38 msv 3. 123I-Hippuran: 0.41 msv. Dose limite professionnel exposé: 20 msv Irradiation naturelle Genève: 2-3 msv Dose CT: 10-50 msv 11

Administration diurétique (Furosemide) Dose: 1mg/Kg (maximum 40-60 mg) Temps administration (trois variantes): 1. F + 20: Furosemide est injectée 20 minutes après l injection du traceur 2. F 15: Furosemide est injectée 15 minutes avant le traceur 3. F 0: Furosemide est injectée au début de l examen 12

Erreurs et limitations Degrés variables d obstruction (dissociation anatomique et fonctionnelle) Fonction rénale (insuffisance rénale et capacité de sécrétion) Capacité d effet «réservoir» des voies urinaires dilatées État hydratation du patient (hydratation po ou iv?) Remplissage de la vessie (condition «physiologiques» ou sonde urinaire?) Dose du diurétique Temps d administration du diurétique Position d acquisition du patient Choix du radiopharmaceutique Traitement du néphrogramme (position des régions d intérêts) 13

Cas 1 Syndrome de la jonction pyélo-uretérale droite de type organique Mme P., 59 ans, est explorée pour des douleurs de la fosse lombaire droite qui durent depuis plusieurs mois. Les clichés radiographiques sont normaux. La biologie est sans particularité. L'échographie abdominale a mis en évidence une dilatation pyélo-calicielle droite importante, sans anomalie rénale sous jacente. Il existe donc un obstacle de type organique au niveau de la jonction pyélo-uretérale droite (syndrome de la jonction de type organique). 14

Cas 1 15

Cas 1 16

Cas 2 Récupération d une souffrance rénale gauche chez un même patient 1 er examen réalisé peu d heures après ttt obstacle. 2 ème examen à 48h post ttt 3 ème examen 6 jours post ttt 17

Cas 2 aigue 48h post ttt 6j post ttt 18

Cas 3 Effet chronique d une obstruction de la fonction rénale Examen 1 (sept 95): obstruction totale rein D de plusieurs jours (hydronéphrose et diminution fonction rénale). Patient n accepte pas le ttt Examen 2 (mars 96): rein D totalement obstrué et presque afonctionnel. Obstruction aigüe gauche et anurie. TTT bilatéral après cet examen Examen 3 (juillet 96): nouveau colique gauche avec obstruction partielle gauche. Récupération de fonction rénale G parce que ttt précoce. Perte fonction rénale droite 19

Cas 3 20

Hypertension réno-vasculaire Scintigraphie rénale au MAG3 : rénogrammes droit et gauche avant et après captopril (50 mg). Après le captopril, le délai du pic d'activité maximale et l'activité résiduelle sont augmentés bilatéralement témoignant d'une sténose "fonctionnelle" à droite et à gauche 21

Hypertension réno-vasculaire avant après 22

Cystographies isotopiques directe et indirecte

Technique Méthode indirecte Possible si les temps de transit intra- rénaux sont normaux Activité résiduelle vésicale après néphrogramme Méthode directe Instillation du radiotraceur par sonde urinaire (par ponction supra-pubique) pubique) 24

Technique Acquisitions dynamique et statique indéfinies possible sans irradiation supplémentaire Normalement 2 cycles de remplissage et vidange (CUM directe) 1 seul cycle possible avec la CUM indirecte Position assise ou couchée 25

Technique CUM directe Perfusion de solution physiologique avec 20-37 MBq de Tc-99m (sc. Osseuse adulte: 740 MBq) CUM indirecte Activité usuelle du néphrogramme 26

Indications (EANM) Recherche de RVU chez enfants après IU (chez pour visualiser l urètre lors du premier examen) Follow-up enfants avec RVU connu pendant ttt Évaluation chirurgie anti-reflux Screening possible RVU asymptomatique (chez privilégier la CUM-Rx Évaluation enfants avec vessie neurologique ou RVU enfants transplantés 27

Avantages Probablement plus sensible (surtout enfants bas age) que CUM-Rx Capable de détecter des volumes de 0.2 ml à une distance de 2cm de la vessie Moindre irradiation que CUM-Rx Enregistrement continu Pas de cathétérisme avec méthode indirecte 28

Désavantages Pas d évaluation de l anatomie de l urètre chez Pas d analyse fine de la paroi de la vessie Grades du reflux plus difficiles à objectiver et très subjectifs Remplissage de la vessie peut rendre difficile analyse voies urinaires 29

Affichage dynamique Affichage statique 30

Scintigraphie rénale statique (et tomoscintigraphie rénale): "masse fonctionnelle"

Technique Le DMSA-Tc-99m: TRACEUR STATIQUE Injection IV du traceur (3.7 MBq/Kg (minimum 18.5 MBq) de DMSA-Tc-99m, clichés statiques 4 h après) Acquisition d images statiques planaires ou tomographiques S accumule dans les cellules du tube contourné proximal (fixation corticale) Étude de l'homogénéité corticale ++++: Aide au diagnostic de pyélonéphrite lorsque les autres examens sont peu informatifs. Quantification relative de la masse fonctionnelle corticale : Evalue le retentissement fonctionnel d 1 pyelonéphrite 32

DMSA planaire SPECT-CT Rein droit atrophique mais fonctionnel. Hypertrophie fonctionnelle et morphologique compensatoire du rein gauche. Découverte d'un calcul rénal dans le rein gauche 33

Cas Incidence antérieure Incidence oblique antéreure gauche Examen 1: «cicatrice» supérieure gauche Longitudinal analyses of renal lesions due to acute pyelonephritis in children and their impact on renal growth. Parvex P, Willi JP, Kossovsky MP, Girardin E. J Urol. 2008 Dec;180(6):2602-6; discussion 2606. Epub 2008 Oct 31. Incidence antérieure Examen 2: amélioration partielle 34

Transplantation rénale: complications

Complications post greffe rénale et apport de la scintigraphie Thrombose artérielle > thrombose veineuse Incidence: 1-2%, dans les 48 heures post-op op Pronostic meilleur pour la thrombose veineuse Fuite urinaire Incidence: 1-2%, dans les 10-15 15 jours post-op op Traitement conservateur En général après J+5 (=retrait de la sonde vésicale) Hématome, hémorragie Épi-phénomène phénomène lié à l anticoagulation 36

Complications post greffe rénale et apport de la scintigraphie 1er bilan scintigraphique dans les 48 premières heures Complications vasculaires NTA, pronostic Fuite urinaire Surtout si oligo-anurie Hématome, hémorragie, lymphocoèle Répercussions sur les voies urinaires et/ou parenchyme 37

Nouveau bilan le 7 mars 2007 38

39