RENFORCEMENT MUSCULAIRE 1. Objectifs ü Améliorer les performances actives du sujet de façon qu il soit à l aise dans ses activités quotidiennes. ü Redonner à des muscles déficitaires leurs capacités antérieures. Les muscles travaillent de façon répétitive, contre résistance (presque toujours). La résistance augmente progressivement. Objectifs curatif (redonner au muscle ses compétences antérieures), préventif (prévenir les récidives) et palliatif (compenser la perte de certains muscles). à Équilibre musculaire droite/gauche et muscles agonistes/antagonistes. Le choix des techniques est variable en fonction de l objectif initialement fixé après un bilan musculaire. 2. Différentes modalités de travail 2.1 Courses musculaires La COURSE, longueur du muscle utilisé pour un travail donné, amplitude active. COURSE TOTALE : contraction qui part de la position d allongement maximal jusqu à la position de raccourcissement maximal. Elle est divisée en trois secteurs : ü COURSE EXTERNE : allongement maximal. ü COURSE MOYENNE. ü COURSE INTERNE : raccourcissement maximal. COURSE TOTALE : en STATIQUE ou DYNAMIQUE, a des conséquences sur l ensemble de la course. Quand le muscle est relâché, il y a une tension passive du squelette fibreux. En course interne, il n y a pas de tension passive : la force est due aux fibres contractiles. COURSE INTERNE : Aucun effet sur les autres courses. COURSE EXTERNE & MOYENNE : Permettent un gain +/- important sur les autres courses. En course externe et à la moitié de la course moyenne, la force est due à la contraction des fibres d actine et de myosine et à la tension des éléments passifs. La course externe est moins coûteuse en terme d énergie que la course interne. La course moyenne est plus efficace que dans les positions extrêmes car les filaments d actine et de myosine sont dans leur contact optimal mais cela reste nuancé par le bras de levier (en course externe, les fibres actine/myosine n accrochent plus beaucoup en course interne, les fibres actine/myosine accrochent peu). Pour un travail STATIQUE ou CONCENTRIQUE : COURSE MOYENNE. GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017 1
Pour un travail EXCENTRIQUE : COURSE EXTERNE pour la force élastique. 2.2 Résistances RÉSISTANCE, c est le terme qui qualifie tout ce qui s oppose à l effort fourni par le muscle. RÉSISTANCE INTRINSÈQUE (interne) : Forces internes qui s opposent à la réalisation du mouvement Ex : cicatrices rétraction de la capsule rencontre entre deux segments contraction du muscle antagoniste RÉSISTANCE EXTRINSÈQUE : Forces externes qui s opposent à la réalisation du mouvement : gravitation/pesanteur, bras de levier des segments, charges directes. Mouvement sans frottement dans un plan horizontal à pas de résistance extrinsèque. RÉSISTANCE DE LA PESANTEUR À chaque mouvement dans un plan vertical (ou plutôt non-horizontal). C est une résistance extrinsèque. RÉSISTANCE ADDITIONNELLES Ce sont également des résistances extrinsèques. Ce sont toutes les résistances que le kiné va pouvoir ajouter : A. RÉSISTANCE MANUELLE : de sens opposé au mouvement (en statique, en concentrique) directionnelle précise, non-ambiguë (pas circulaire) confortable (plutôt la paume de la main) Les avantages : adaptation instantanée contact Les inconvénients : intensité de la résistance subjective (non chiffrée), imprécise résistance variable d une séance à l autre la progression dans le travail est approximative plutôt en début de progression, muscle cotation inférieure à 3 problème du nombre de répétitions B. AUTO-RÉSISTANCE Résistance du sujet à son propre travail (à domicile), résistance du poids du corps (squatt, renforcement des spinaux, sauts). C. CHARGES DIRECTES Addition d un poids sur le segment à mobiliser. ex : haltère D. POULITHÉRAPIE Travail contre une charge indirecte. 2 GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017
E. BALNÉOTHÉRAPIE Eau utilisée comme résistance. In : Kemoun G., Watelain E., Carette P. Hydrokinésithérapie. EMC (Elsevier SAS, Paris), Kinésithérapie-Médecine physique-réadaptation, 26-140-A-10, 2006 F. ISOCINÉTISME Mode de travail dynamique, possible seulement avec des appareils spécifiques. à TRAVAIL CONTRE RÉSISTANCE CONSTANTE par un artifice qui est la vitesse du mouvement : la vitesse est préréglée : Si le sujet respecte la vitesse imposée, la résistance est constante et maximale sur toute la course musculaire. Si le sujet ralenti, la résistance diminue. Si le sujet accélère, la résistance augmente. Cela implique que le muscle travaille à son maximum dans toute la course. Cela permet également le passage d un arc douloureux sans résistance. Il est possible de travailler à différentes vitesses. La vitesse dépendra de l appareil : de 0 seconde à 450 seconde. L appareil permet de travailler en concentrique, en excentrique voire en statique. Ces appareils servent au bilan, à la recherche de l équilibre musculaire. Ils sont onéreux et par conséquent surtout présents dans les centres de rééducation. Leur maniement demande une formation spécifique. 2.3 Types de contraction CONTRACTION STATIQUE (ou isométrique) Le muscle ne change pas de longueur. Il y a absence de mouvement : maintien d une position. Le moment moteur est équivalent au moment résistant. C est la physiologie essentielle de certains muscles, les muscles de la posture (ex : les extenseurs du rachis). Les avantages : possible en toute situation (même articulation immobilisée) évite le frottement articulaire GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017 3
Les inconvénients : il n y a pas d entretien du mouvement, des schémas moteurs ne permet pas la lubrification du cartilage la micro-circulation à l intérieur ne se fait plus (si la contraction est prolongée longtemps) La durée : de 3 à 5 secondes pour une contraction d intensité maximale (jusqu à 10 secondes avec de l entraînement) infinie pour une contraction d intensité faible (15 à 20% de l intensité maximale 1 minute pour 50% du couple maximum CONTRACTION DYNAMIQUE (ou anisométrique ou isotonique) La longueur du muscle change, il y a mouvement. Il existe deux types de contraction : ü CONCENTRIQUE : le muscle se raccourcit. le moment moteur est supérieur au moment résistant. le rapport entre le couple moteur et la vitesse de raccourcissement est inversement proportionnel : plus la résistance est faible, plus la vitesse est grande. à Utilisé surtout en reprise d entraînement et en période de prise de force. Alternance de résistances faibles et importantes. ü EXCENTRIQUE : le muscle s allonge, les insertions s éloignent, le travail est freinateur le moment moteur est inférieur au moment résistant contraction fonctionnelle et très économique protection articulaire (contre les entorses) ex : permet la décélération en fin de mouvement. peut devenir nocif : en course externe, sollicitation des éléments passifs - la force augmente avec la vitesse d étirement (moins de fibres travaillent, les autres doivent compenser) - moins d unités motrices - moins de dépense énergétique - agressif pour le muscle (à haute intensité) Les avantages : correspond à la fonction de certains muscles (ex : cou, main) entretien du schéma moteur entretien de l extensibilité du muscle Les inconvénients : présence d une composante de frottement sur les surfaces articulaires, qui ajoutée à la composante de compression est nocive pour les articulations fragiles à Permet d augmenter la force Que la contraction soit CONCENTRIQUE, EXCENTRIQUE ou STATIQUE, la résistance a toujours le même point d application et le même sens 4 GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017
Choix du travail STATIQUE OU DYNAMIQUE dépend de : - physiologie, fonction dominante du muscle - pathologie (pour ne pas aggraver, souvent choix du STATIQUE car faibles contraintes) AVANTAGES STATIQUE - Contrôle facile des contraintes exercées - Lutte contre l amyotrophie - Adapté aux muscles toniques (tronc) CONCENTRIQUE - Récupération de l amyotrophie - Sollicite peu les structures passives du muscle INCONVÉNIENTS - Non adapté pour les muscles mixtes - Muscle renforcé à la longueur travaillée à différents angles nécessaires - Utilisation exclusive EXCENTRIQUE PILOMÉTRIQUE - Proche de la fonction - Activités excentriques à stabilité articulaire - Possiblement dangereux ATTENTION : Tous les muscles ne se renforcent pas de la même manière, le renforcement se fait en fonction de la physiologie dominante du muscle! 2.4 Travail analytique Le TRAVAIL ANALYTIQUE, c est la contraction isolée d un muscle. Lors d une action volontaire, le travail analytique est impossible : le cerveau commande un mouvement et donc un groupe musculaire. Le travail analytique trouve son origine avec la poliomyélite. Il sert lors de paralysie périphérique. Il est possible avec l électro-stimulation. Avec une action volontaire, recrutement du minimum de muscles : travail dans la physiologie exacte du muscle. Travail qui reprend de façon stricte toutes les composantes dynamiques du muscle (sans compensation). Un travail analytique est effectué pour un muscle déficitaire. Le terme s est étendu au travail de groupe de muscles synergiques qui ont une même fonction : c est devenu le travail d une fonction. 2.5 Travail global Avec une résistance. C est la succession en chaîne de contractions musculaires. TRAVAIL GLOBAL, c est la contraction simultanée de plusieurs muscles. TRAVAIL LOCAL lorsque moins d un tiers de la musculature globale travaille. TRAVAIL GLOBAL lorsque plus d un tiers de la musculature globale travaille. Une CHAÎNE CINÉTIQUE est l ensemble des segments articulés. GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017 5
Une CHAÎNE MUSCULAIRE permet de maintenir une chaîne cinétique. Un même muscle peut faire partie de différentes chaînes musculaires antagonistes. 2.6 Types de chaînes Chaîne cinétique musculaire : mobilisation de plusieurs articulations. CHAÎNE CINÉTIQUE OUVERTE : Le point fixe est proximal, le point mobile est distal. Mouvement proximo-distal. CHAÎNE CINÉTIQUE FERMÉE : Le point fixe est distal, le point mobile est proximal. Mouvement distoproximal. CHAÎNE SÉRIE : Tous les muscles concernés sont situés du même côté des segments osseux et des articulations. Les chaînons osseux se déplacent tous dans le même sens. Ce sont des chaînes d amplitude, de vitesse. CHAÎNE PARALLÈLE : Les muscles concernés se situent alternativement de part et d autre de l axe des articulations en jeu. Les segments osseux se déplacent en sens inverse. Il y a peu d amplitude, ce sont des chaînes de force. CHAÎNE AXIO-PÉRIPHÉRIQUE : Travail périphérique-axial Si la résistance est plus forte, le travail devient périphérique-axial-périphérique. Travail axial-périphérique CO-CONTRACTION : Contraction simultanée des muscles agonistes et antagonistes. DIAGONALES DE KABAT 6 GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017
3. Pliométrie Façon de solliciter un muscle dans deux types de contraction (concentrique excentrique) avec une réaction rapide. Plusieurs étapes : Pré-tension : le muscle est plus réactif Excentrique Concentrique Enchaînement d une contraction excentrique avec une contraction concentrique sans aucun délai. Sollicitation des éléments élastiques séries. Technique utilisée surtout chez les sujets jeunes et les sportifs. Utilisation plutôt en fin de rééducation. Technique de réentraînement : favorise la réactivité musculaire. 4. Charge de travail et répétitions La résistance augmente avec le temps. Une résistance chiffrable est utilisée de préférence afin d observer la progression. La RM ou Résistance Maximale 1 RM : c est la RM mobilisée une seule fois en dynamique ou tenue une seule fois en statique. 2 RM : c est la RM mobilisée deux fois en dynamique ou tenue deux fois en statique. Plus le nombre de RM augmente, moins la charge de travail est élevée. On considère que la charge correspondant à 10 RM représente environ 75% de la charge correspondant à 1 RM. La Force Maximale Volontaire Analytique (FMVA) est cherchée en statique. Elle correspond à une position que le patient peut tenir entre 3 et 10 secondes. La FMVA et la 1 RM ne représentent pas tout à fait la force maximale du muscle. En effet, en cas de stress (par exemple), il est possible de dépasser d environ 30% ces valeurs. Quand la charge est supérieure à 60% de la RM, le muscle travaille en force. Quand la charge est inférieure à 60% de la RM, le muscle travaille en endurance. Le repos est nécessaire pour permettre au muscle de récupérer. Il a lieu entre les séries et entre les séances. L absence de repos entraîne un risque de courbature voire de tendinite. Plus le muscle travaille en force (ou s il travaille en excentrique), plus la durée de repos doit être importante. En général, on effectue deux ou trois séances par semaine. 5. Développement de la force maximale Charges proches du maximum avec un faible nombre de répétitions. 60% 1RM nécessaire pour un début d efficacité. Lésions consolidées ou cicatrisées. 6. Développement de la puissance maximale Atteinte pour 35 à 50% de la force maximale isométrique. Consigne donnée au patient : accélérer au maximum le mouvement. GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017 7
7. Développement de la vitesse maximale ou de la force explosive Charge peu importante : inférieure à 30% 1RM en concentrique. Consigne donnée au patient : accélérer au maximum le mouvement. 8. Augmentation du volume musculaire Concentrique et statique. Niveau d intensité proche de celui pour le développement de la puissance maximale. Séries longues à épuisement musculaire. 9. Développement de l endurance musculaire Endurance de force maximale : capacité à mobiliser des charges lourdes dans la durée. Endurance de force dans le secteur de la vitesse : capacité à répéter des exercices à grande vitesse. Travail en endurance pure ne présente que peu d intérêt. 10. Matériel Petit matériel : élastiques, ressorts, ballons, poids, électrothérapie Gros matériel : presse, stepper, chaise à quadriceps, isocinétisme, biofeedback 11. Contre indications ü Relatives au patient et aux structures ü Infections, inflammation : pour éviter d augmenter la circulation sanguine ü Grosse lésion musculaire ü Altération grave du muscle (traumatique ou neurogène) ü Dégradation articulaire importante (ex : polyarthrite rhumatoïde) S abstenir lors de poussées inflammatoires ü Altération de l état général 12. Pédagogie ü S exprimer clairement avec le patient : - vocabulaire courant - montrer le mouvement à réaliser sur soi et/ou sur le patient - explication de la démarche thérapeutique (se méfier d une intellectualisation par le patient) ü Stimuler par la voix, par la main à motivation du patient ü Contrôle visuel du mouvement réalisé ü Guider le mouvement au début. Travail de la coordination motrice. Ne pas hésiter à revenir en arrière ü Être attentif aux réactions du sujet, patience nécessaire ü Stratégie pédagogique : communication du but, travail en essai-erreur, correction par le MK et par le patient, répétition pour le perfectionnement du geste, automatisation du geste dans un souci d économie et de transfert vers la vie quotidienne ü Il vaut mieux être inefficace que de risquer de provoquer des lésions 8 GARAT A., Renforcement musculaire, Janvier 2017