Medi-Labo-Tech Anémie. Prof. M. Duchosal et Prof. B. Favrat 31 août 2017

Documents pareils
Vignette 1. Hb 120 g/l, MVC 80 fl,1, MCHC 293 g/l Ferritine 15 µg/l B12 et folates sp. 1. Quizz. 2. Contexte t de l étude. 3. Méthode et résultats

ANEMIE ET THROMBOPENIE CHEZ LES PATIENTS ATTEINTS D UN CANCER

CONCOURS DE L INTERNAT EN PHARMACIE

Anémies par carence martiale 1 Item 222 : Diagnostiquer une anémie par carence martiale l'attitude thérapeutique et planifier le suivi du patient.

SERVICE PUBLIC FEDERAL, SANTE PUBLIQUE, SECURITE DE LA CHAINE ALIMENTAIRE ET ENVIRONNEMENT COMMISSION DE BIOLOGIE CLINIQUE RAPPORT GLOBAL

I Identification du bénéficiaire (nom, prénom, N d affiliation à l O.A.) : II Eléments à attester par un médecin spécialiste en rhumatologie :

Interpréter un résultat d hémogramme

Point d Information. Le PRAC a recommandé que le RCP soit modifié afin d inclure les informations suivantes:

TRAITEMENT DE L ANÉMIE AU COURS DE L INSUFFISANCE RÉNALE CHRONIQUE DE L ADULTE

L anémie chez le patient âgé de plus de 75 ans : des particularités à connaître pour le biologiste

EVALUATION DES TECHNOLOGIES DE SANTÉ ANALYSE MÉDICO-ÉCONOMIQUE. Efficacité et efficience des hypolipémiants Une analyse centrée sur les statines

INTERET PRATIQUE DU MDRD AU CHU DE RENNES

QU EST-CE QUE LA PROPHYLAXIE?

ASPECT ECHOGRAPHIQUE NORMAL DE LA CAVITE UTERINE APRES IVG. Dr D. Tasias Département de gynécologie, d'obstétrique et de stérilité

Suivi Biologique des Nouveaux Anticoagulants

TRAIT FALCIFORME. Clinique spécialisée d hématologie pédiatrique

Algorithme d utilisation des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS)

Fiche Produit Profils Médicalisés PHMEV

Migraine et Abus de Médicaments

Test direct à l Antiglobuline (TDA ou Coombs direct)

Professeur Diane GODIN-RIBUOT

Information sur les programmes d autorisation préalable, de pharmacie désignée et de gestion des dossiers médicaux. Autorisation préalable

Le traitement du paludisme d importation de l enfant est une urgence

Le ph, c est c compliqué! Gilbert Bilodeau, agr., M.Sc.

WHA63.12 Disponibilité, innocuité et qualité des produits sanguins 4,5

Spondylarthropathies : diagnostic, place des anti-tnf et surveillance par le généraliste. Pr P. Claudepierre CHU Henri Mondor - Créteil

FEUILLET TECHNIQUE. Plaques CRP VITROS Chemistry Products

L HEMOGRAMME un examen pas cher et qui peut rapporter gros

I - CLASSIFICATION DU DIABETE SUCRE

Intérêt diagnostic du dosage de la CRP et de la leucocyte-estérase dans le liquide articulaire d une prothèse de genou infectée

L alpha-thalassémie. La maladie. l Qu est-ce que l alpha-thalassémie? l Qui peut en être atteint? Est-elle présente partout dans le monde?

Hémochromatose génétique non liée à HFE-1 : quand et comment la rechercher? Cécilia Landman 11 décembre 2010

Cas clinique 2. Florence JOLY, Caen François IBORRA, Montpellier

Traitement des Pseudarthroses des Os Longs par Greffe Percutanée de Moelle Osseuse Autologue Concentrée

chronique La maladie rénale Un risque pour bon nombre de vos patients Document destiné aux professionnels de santé

La drépanocytose. Sikkelcelziekte (Frans)

Livret des nouveaux anticoagulants oraux. Ce qu il faut savoir pour bien gérer leur utilisation

LIGNES DIRECTRICES CLINIQUES TOUT AU LONG DU CONTINUUM DE SOINS : Objectif de ce chapitre. 6.1 Introduction 86


Ordonnance collective

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

SP. 3. Concentration molaire exercices. Savoir son cours. Concentrations : Classement. Concentration encore. Dilution :

Grossesse et HTA. J Potin. Service de Gynécologie-Obstétrique B Centre Olympe de Gouges CHU de Tours

Dossier «Maladies du sang» Mieux les connaître pour mieux comprendre les enjeux liés au don de sang

Information pour les patients dialysés qui prennent du chlorhydrate de sévélamer (RENAGEL)

Détection et prise en charge de la résistance aux antirétroviraux

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS. 18 janvier 2006

Accidents des anticoagulants

Monitoring de l hémoglobine au bloc opératoire Place d une mesure continue non invasive. C Decoene PH CHRU Lille

Colette Franssen Département d Anesthésie Réanimation CHU Sart Tilman LIEGE

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 1 23 Octobre 2012

Laurence LEGOUT, Michel VALETTE, Henri MIGAUD, Luc DUBREUIL, Yazdan YAZDANPANAH et Eric SENNEVILLE

Les Nouveaux Anticoagulants Oraux (NAC) Société STAGO -HOTEL MERCURE 22 Novembre Troyes

Hématologie et soins infirmiers. Dr Stéphane MOREAU Hématologie clinique CHU LIMOGES

Greffe de moelle osseuse: Guérir ou se soigner?

Avis 29 mai XYZALL 5 mg, comprimé B/14 (CIP : ) B/28 (CIP : ) Laboratoire UCB PHARMA SA.

Les rhumatismes inflammatoires. Arthrite Rhumatoïde, Arthrite psoriasique, Spondylarthrite ankylosante

ALLOGREFFE DE CELLULES SOUCHES HEMATOPOÏETIQUES (CSH) CHEZ 26 PATIENTS ATTEINTS DE β THALASSEMIES MAJEURES

Liquides oraux : et suspensions. Préparations liquides pour usage oral. Solutions

Assurance Maladie Obligatoire Commission de la Transparence des médicaments. Avis 2 23 Octobre 2012

ANTICORPS POLYCLONAUX ANTI IMMUNOGLOBULINES

Module Biologie Humaine S5 Cours d Hématologie du Pr Nouzha Bouamoud TD2

HEMATOLOGIE TROPICALE PRATIQUE

Arthralgies persistantes après une infection à chikungunya: évolution après plus d un an chez 88 patients adultes

Unité d enseignement 4 : Perception/système nerveux/revêtement cutané

DON DE SANG. Label Don de Soi

Les nouveaux anticoagulants oraux, FA et AVC. Docteur Thalie TRAISSAC Hôpital Saint André CAPCV 15 février 2014

Prise en charge de l embolie pulmonaire

1- Parmi les affirmations suivantes, quelles sont les réponses vraies :

Observation. Merci à l équipe de pharmaciens FormUtip iatro pour ce cas

Loi 41. GUIDE D EXERCICE Les activités réservées aux pharmaciens

La raison d être des systèmes d information

En considérant que l effet anticoagulant du dabigatran débute dans les 2 heures suivant la prise du médicament :

Unité d onco-hématologie pédiatrique. Procédure de recueil de consentements du donneur. Codification du document : PO Rédacteur : Dr V Gandemer

L hépatite C pas compliqué! Véronique Lussier, M.D., F.R.C.P.C. Gastroentérologue Hôpital Honoré-Mercier 16 avril 2015

COMMISSION DE LA TRANSPARENCE AVIS DE LA COMMISSION. 10 octobre 2001

Plan. Introduction. Les Nouveaux Anticoagulants Oraux et le sujet âgé. Audit de prescription au Centre Hospitalier Geriatrique du Mont d Or

LISTE DES ACTES ET PRESTATIONS - AFFECTION DE LONGUE DURÉE HÉPATITE CHRONIQUE B

SOINS DE PRATIQUE COURANTE. Prélèvement aseptique cutané ou de sécrétions muqueuses, prélèvement de selles

Traitement des calculs urinaires par fragmentation (Lithotripsie par ondes de choc extracorporelle)

Nouveaux anticoagulants oraux (NOAC)

Que sont les. inhibiteurs?

Traitement antibiotique probabiliste des urétrites et cervicites non compliquées

Ischémie myocardique silencieuse (IMS) et Diabète.

Avis 23 avril BARITEKAL 20 mg/ml, solution injectable Boîte de 10 ampoules de 5 ml (CIP : ) Laboratoire NORDIC PHARMA

1 - Que faut-il retenir sur les anticoagulants oraux?

Écho-Doppler thyroïdien : impact sur la prise en charge des hyperthyroïdies iodo-induites. Hervé Monpeyssen AHP

LES NOUVEAUX ANTICOAGULANTS

Caisse Nationale de l'assurance Maladie des Travailleurs Salariés Sécurité Sociale

Artéfact en queue de comète à l échographie hépatique: un signe de maladie des voies biliaires intra-hépatiques

ESMO 14. L oncogériatrie d un coup d éventail! Dr Elisabeth Carola UCOG Picardie

Évaluation d un test rapide immuno-chromatographique comme aide à la prophylaxie antitétanique dans un service d urgences

F.Benabadji Alger

PRISE EN CHARGE DES PRE ECLAMPSIES. Jérôme KOUTSOULIS. IADE DAR CHU Kremlin-Bicêtre. 94 Gérard CORSIA. PH DAR CHU Pitié-Salpétrière.

Recommandation Pour La Pratique Clinique

Actualisation de la prescription en biologie rhumatologie

PLAC E DE L AN ALYS E TOXIC OLOG IQUE EN URGE NCE HOSP ITALI ERE

Sang, plasma, plaquettes...

FEUILLET TECHNIQUE. Réactif VITROS Chemistry Products IgA

Transcription:

Medi-Labo-Tech Anémie Prof. M. Duchosal et Prof. B. Favrat 31 août 2017

Anémie et état ferriprive: prise en charge I Diagnostic. Identifier la cause. Attention aux hommes adultes et femmes ménopausées.

Carence en Fer Stade I Stade II Stade III Ferritine (sérum) Fer (moelle) 0 0 Transferrine (sérum) N Fer (sérum) N Hémoglobine N N MCV N N MCHC N N

Carences en fer et anémie Fer sérique Transferrine Ferritine Carence en fer absolue Carence en fer fonctionnelle N N

Anémie ferriprive: prise en charge II Fer P.O. Fe++ (absorption meilleure), libération retardée.» Sulfate de fer, fumarate de fer: équivalent de 80-100 mg fer po/j.» Jeun avant, ou pendant, le petit-déjeuner. Attention:» Inflammation (tout) tractus GI, diverticules duodénaux, jéjunaux.» Si évacuation gastrique diminuée, forme liquide préférée. Interactions» Antacides (CaCo3, ), colestyramine, tétracyclines: diminution absorption fer.» Fer inhibe absorption de pénicillamine, des dérivés de l or.» Acide ascorbique, citrique, OH: augmente absorption du fer.» Chloramphénicol: diminue l effet thérapeutique du fer.» AINS: irritation muqueuse gastrique potentialisée.

Anémie ferriprive: prise en charge III Evaluation du traitement: Réticulocytose: 5 jours 2 semaines. Augmentation de l Hb (0.1 g/l/j). Généralement Hb normale à 2 mois. Continuer la prise de fer 3-6 mois après normalisation de l Hb.» Utilité du dosage de la ferritine. Echec du traitement: Intolérance: conseil avant le traitement, essayer d autres préparations. Persistance de l anémie:» Non-compliance.» Interactions médicamenteuses.» Mauvais diagnostic, anémie d origine multifactorielle.» Pertes sanguines continuelles.» Fer I.V. si malabsorption prouvée.

- L anémie ferriprive est une anémie microcytaire - Toutes les anémies microcytaires ne sont pas forcément ferriprives

«L anémie est un signe de maladie, elle n est pas un diagnostic final» Welborn, J.L., Postgrad. Med. 89:179, 1991

Patiente de 34 ans Diagnostic d anémie ferriprive il y a un an sur ménorragie (ex gynécologique sp., bilan de spoliation digestif négatif). Persistance d un état ferriprive, microcytose sans anémie (corrigée), patiente sous fer P.O. 200 mg/j. Prise de fer OK. Bon diagnostic d anémie ferriprive. Recherche de spoliation digestive négative, pas d interaction médicamenteuse. Fer I.V.?

Adhésion plaquettaire à l endothélium vasculaire Hoffbrand, Clinical Haematology, 2 nd ed.

Maladie de von Willebrand Fréquente: 0.8 % population. Clinique d hémorragies au niveau des muqueuses, différente de la clinique classique d hémophilie. 80% des femmes avec maladie de vw développent des ménorragies. 7-20 % de femmes avec ménorragies importantes ont une maladie de vw. Importance de l anamnèse: Anamnèse personnelle et familiale. Différencier (méno)-métrorragies de ménorragies. Quantification des règles.

Patient de 21 ans Apparence pâle, envoyé par sa famille pour une recherche d anémie. FSC: Hb 97 g/l (133 177), erythro 5,23 T/l (4.4 5.8), Ht 33% (40 52). MCV: 64 fl (81 99), MCH:18.6 pg (27 34), MCHC 293 g/l (310 360), RDW 23.4 %. Leucocytose à 17.5 G/l, avec neutrophilie à 14.2 G/l et monocytose à 1.8 G/l. Thrombocytose à 485 G/l. Chimie: Fer 2.4 mmol/l (12.5 25.1), trsf 28 mmol/l (23 43), ferritine 56 mg/l (30-300). CRP 66 mg/l (<10). Diagnostic?

Anémies microcytaires hypochromes Fer sérique Transferrine Ferritine Carence en fer Anémies inflammatoires (sine qua non) (plus tard) (sang, macrophages >> sidéroblastes) Défauts d utilisation du fer N ou

MCV Mach-Pascual S et al, Eur J Haematol 57:54, 1996

Anémies inflammatoires Normocytaire, normochrome (Ht pratiquement toujours > 30%). Si anémie sévère, MCV diminué chez 30% des patients (rarement < 68 fl, décrit jusqu à 61 fl). Diagnostic souvent d exclusion et difficile.

Anémie inflammatoire et? ferriprive? Inflammation relativement facile à évaluer. Etat ferriprive surajouté souvent plus difficile à évaluer: Anamnèse. Signes cliniques associés: koïlonychie, cheilose angulaire, glossite. Laboratoire:» Absence de fer à l aspiration médullaire.» Saturation de la transferrine (< 0.16), mais variation inter-individuelle, exclusion meilleures que affirmation.» Ferritine. < 20 mg/ml chez patient anémique: diagnostic d anémie ferriprive. > 60-100-? mg/ml et anémie: exclusion d anémie ferriprive. Si doute persiste: test au fer PO. Cook JD, Baillière s Clinical Haematol. 7:787, 1994

Conclusions L anémie ferriprive correspond à une anémie microcytaire avec ferritine abaissée, il faut en rechercher la cause. Le premier signe de laboratoire d une carence en fer est un abaissement de la ferritine. Penser à une cause surajoutée à l inflammation pour expliquer une anémie microcytaire.