Détermination des Hauteurs du Géoïde par la Méthode du Nivellement Astro-Géodésique

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République Tunisienne Ministère de l Equipement et de l Habitat Office de la Topographie et de la Cartographie Direction de la Géodésie et des Levers Marins Détermination des Hauteurs du Géoïde par la Méthode du Nivellement Astro-Géodésique Abdelmajid BEN HADJ SALEM Ingénieur Principal Juillet 1988

Détermination des Hauteurs du Géoïde par la Méthode du Nivellement Astro-Géodésique Abdelmajid BEN HADJ SALEM, Ingénieur Principal Office de la Topographie et de la Cartographie BP 156, 1080 Tunis-Cedex Tél : 16 1 808 874 Email : abenhadjsalem@gmail.com Résumé On décrit la méthode du nivellement astro-géodésique pour la détermination de la hauteur du géoïde. Comme application, on calcule les hauteurs du géoïde sur un certain ensemble de points du Réseau Géodésique Primordial Tunisien. I. Introduction Il est connu que le géoïde est représenté par la surface équipotentielle particulière définie par la surface du niveau moyen des océans. Les principaux rôles du géoïde sont : - un rôle scientifique, c est la figure mathématique de la terre et c est l ultime but de la géodésie pour déterminer sa forme et ses dimensions, - un rôle pratique ; c est le datum pour les réseaux de nivellement. La détermination de la position du géoïde par rapport à la surface de référence (ellipsoïde) est importante pour permettre de réduire les observations faites sur la surface topographique à l ellipsoïde. La position du géoïde par rapport à l ellipsoïde est repérée par la hauteur du géoïde au dessus (ou au dessous) de l ellipsoïde, notée souvent par N. Entre l altitude ellipsoïdique he et N, on a la relation : he = N + h (1) où h est l altitude orthométrique. II. Calcul des hauteurs du géoïde par la méthode du nivellement astro-géodésique On dispose de n points où on connaît les coordonnées astronomiques ( a, a ) et les coordonnées géodésiques ( g, g ). En un point i, on a les composantes de la déviation de la verticale par ; i = a - g (-1) i = ( a - g ).cos (-) La déviation de la verticale dans la direction d azimut Az est : i = i.cosaz + i.sinaz (3)

Soit le schéma suivant le long de la direction d azimut Az : verticale i normale N ds i dn géoïde Ellipsoïde Entre la variation élémentaire de la hauteur du géoïde dn et i, on a la relation : dn = - i ds (4) Le signe provient du fait que dn et i varient dans le sens inverse. En intégrant (4) entre le point j et le point i, on obtient : En première approximation, on peut écrire (5): j N j Ni. ds (5) i N j i j Ni D (6) où D est la distance ellipsoïdique entre les points i et j, et : i = i.cosaz + i.sinaz j = j.cosaz + j.sinaz La relation (5) est appelée relation de Helmert. A partir de (6), on déduit la relation d observations entre le point i et le point j comme suit : i j 0 0 dn j dni D Ni N j vij (7) avec 0 et 0 i N j N les valeurs approchées des hauteurs du géoïde, v ij le résidu.

L ensemble des équations (7) s écrit matriciellement : avec : A.X = L+ V (8) dn1 dn X. (9). dn n Entre les n points, on a n(n+1)/ relations. Ces relations ne sont pas indépendantes, la matrice normale A T.A devient singulière. Pour lever la singularité de cette matrice, on peut introduire un point fixe, soit calculer la matrice inverse généralisée de la matrice normale singulière. Développons le deuxième cas. Posons : On décompose B sous la forme : T B A. A nbn (10) T B nc p. p Cn (11) où C est une matrice triangulaire inférieure de rang p = rang de B. La matrice pcn T. n C p. est de rang p régulière donc inversible. La matrice inverse intrinsèque de B est : T T T B 1 1 C( C C).( C C) C (1) La solution de (8) est donnée par : X T T 1 T 1 T T B A L C( C C).( C C) C. A L (13) La décomposition de B en C.C T s obtient par la méthode de Cholesky mais en tenant compte de cette règle : si le i ème pivot est nul, on supprime la ligne correspondante de A T.A le pivot suivant se calculera à partir de l élément (i+1,i+1) de la matrice A T.A. III. Calculs d Erreurs En écrivant (6) sous la forme : i j i j N j N i D ( m ).D (14) où m est la valeur moyenne de la déviation de la verticale entre i et j dans la direction ij, le deuxième terme de l équation (14) représente l erreur sur la différence des hauteurs du géoïde aux points i et j. On a donc la variance de ΔN par : N D (15) d où l écart-type sur N: N D N (16)

La présence du facteur D montre qu il faut considérer les points à une certaine distance limite D max :. D N max (17) Calcul de σ ε : on a i = i.cosaz + i.sinaz, en négligeant les termes d ordre de petitesse supérieur à, on a : En utilisant les équations (), on peut écrire que : (18) (19-1) cos (19-) d où : cos (0) On prendra pour les écart-types de la latitude et de la longitude les écart-types des observations astronomiques des 8 points de Laplace soit : d où : 0.'' et 0.3' ' 0.51' ' (1) Application : Numériquement, l équation (16) devient : d où le tableau: D(km) N (m ) 100 0.175 150 0.6 00 0.350 50 0.437 km N ( m) 0. 001748D () Références : 1. P. Hottier. 1980. Théorie des erreurs. Ecole Nationale des Sciences Géographiques. IGN France. 81p.. A. Bjerhammer. 1958. A New Matrix Algebra. Trans. Royal Institute of Technology, Stockholm. 3. A. Bjerhammer. 1973. Theory of errors and generalized matrix inverses. Elsevier.