The fundamental review of the trading book Thoughts



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The fundamental review of the trading book Thoughts Un nouveau choc réglementaire : lecture et premières analyses.

The fundamental review of the trading book Par Valérie Texier, Partner Le Comité de Bâle a publié le 3 mai 2012 un document consultatif intitulé «Fundamental Review of the Trading Book» initiant le projet d une large révision du Trading Book. Appliqué en l état, ce projet constituerait pour les grandes BFI une transformation profonde des pratiques de mesure et de suivi des risques liées aux activités de trading, impactant de facto les stratégies de gestion. Cette révision couvre notamment la frontière entre Banking book et Trading book, la mesure des risques de marché, de liquidité et de crédit, ou encore le rapprochement des modèles interne et standard. Si une telle révision s avère nécessaire au regard des faiblesses actuelles mises à jour lors des dernières crises financières, cette consultation intervient alors même que les institutions financières continuent d implémenter les évolutions issues de Bâle 2.5 et de Bâle 3. Compte tenu de la superposition des projets réglementaires et de l ampleur de cette révision, ces impacts ne pourront être correctement appréhendés par les banques que par un travail d anticipation et de sensibilisation à mener dès à présent. Ce document pose les bases d une approche proactive afin de transformer ces nouvelles contraintes réglementaires en avantage compétitif. Il donne un premier aperçu des principaux volets du document consultatif émis par le Comité de Bâle et de quelques-unes des réponses formulées lors de cette consultation par différentes institutions telles que l European Banking Federation 1 (EBF) ou l International Swaps and Derivatives Association 2 (ISDA). Enfin, il propose une première lecture des principaux impacts anticipés et des premières actions que les institutions financières devraient entreprendre. Aperçu du document consultatif L objectif du document consultatif du Comité de Bâle est de mieux appréhender les risques au sein du Trading book, tout en rapprochant les modèles standard et interne. A ce titre, le BCBS décline différentes propositions thématiques : La définition de la frontière entre Banking book et Trading book La revue des mesures de risques L introduction de la liquidité de marché La prise en compte des effets liés à la couverture et la diversification La revue et le rapprochement des modèles interne et standard Le traitement du risque de crédit Frontière entre Banking book et Trading Book Le BCBS souhaite étanchéifier et harmoniser entre les banques et les différentes juridictions les frontières entre Banking book et Trading book en renforçant les règles d éligibilité des instruments au Trading Book. L objectif affiché étant de limiter les arbitrages entre les deux modes de booking selon que la position bénéficie d une charge en capital plus ou moins contraignante. Deux nouvelles approches sont proposées en remplacement de l approche actuelle fondée sur l intention de gestion : L approche «Trading evidence based» : dans la continuité de l approche actuelle, le contrôle interne est renforcé et les conditions d arbitrage entre Banking book et Trading book sont durcies, L approche «Valuation based» : tous les instruments valorisés à la «fair value» sont inscrits dans le Trading book (hormis les instruments de couverture du risque de taux du Banking book). L approche «Valuation based» a le mérite d établir une frontière claire entre Banking book et Trading book et limite les possibilités d arbitrage pour les banques. Néanmoins, celle-ci est mise à mal du fait des divergences entre les standards comptables des différentes juridictions. L approche «Trading evidence based» a l avantage de rester dans la continuité d une approche bien comprise à la fois des métiers et des risques, même si la possibilité d arbitrage est toujours présente. Réponse des institutions L approche «Trading evidence based» est privilégiée car en accord avec la manière dont est suivi le risque au sein des banques et moins coûteuse à mettre en 2

place que l approche «Valuation based». Cette dernière pâtit par ailleurs des divergences comptables entre juridictions. Le régulateur est en outre alerté sur les contraintes liées à une trop grande rigidité des frontières entre Trading book et Banking book et à la mise en œuvre opérationnelle d une preuve tangible et auditable de l intention de gestion. Mesures de risques Une faiblesse structurelle majeure des modèles de VaR est qu ils ne permettent pas de correctement appréhender les pertes au-delà de l intervalle de confiance. Pour pallier ce manque, le BCBS propose de substituer au calcul de VaR actuel, une approche fondée sur l Expected Shortfall (ES), défini comme la moyenne des pertes au-delà d un intervalle de confiance donné. En parallèle, une calibration unique stressée sera adoptée et implémentée selon une méthode directe (équivalente à celle utilisée pour la Stressed VaR) ou indirecte (fondée sur un portefeuille de facteurs de risque restreint). (Schéma 1 - page 4.) La mise en place d un modèle d ES stressé, plus à même d appréhender les pertes extrêmes, permettrait de renforcer le dispositif de risque de marché. Ceci, à condition que le régulateur attache une attention toute particulière à la calibration et à la définition des paramètres du modèle. A noter qu un tel modèle, par ailleurs moins adapté que le modèle de VaR aux problématiques de suivi quotidien des limites, implique de disposer d importants volumes d historiques de données. Réponse des institutions L abandon du modèle en VaR ne semble pas être justifié pour les banques de taille modeste dont les portefeuilles de trading sont essentiellement constitués de produits vanilles. Par ailleurs, l adoption du modèle ES nécessiterait d abaisser l intervalle de confiance de 99% à 95% afin que les banques puissent disposer d un historique de données suffisant pour ne pas être contraintes de passer d un modèle historique à un modèle Monte Carlo. Concernant la calibration stressée, les institutions proposent une autre méthode d implémentation proche de la méthode indirecte. Celle-ci consiste à multiplier la mesure courante d Expected Shortfall par le ratio d un Expected Shortfall en période stressée basé sur un ensemble réduit de facteurs de risque sur l Expected Shortfall en période non stressée sur ce même ensemble de facteurs de risque. Liquidité de marché L hypothèse en vigueur en modèle interne selon laquelle tous les instruments, y compris les plus complexes, ont la même liquidité, a été mise à mal au cours des récentes crises financières. En réponse, le régulateur cherche à intégrer dans les modèles de mesure des risques de marché la notion de liquidité, en allouant aux différents instruments du Trading book des horizons de liquidité. Ces derniers sont définis comme le temps requis pour couvrir ou solder une position en risque en situation stressée et aux prix courants du marché. Ces horizons seraient matérialisés par des buckets définis par le régulateur et dont l allocation aux instruments sera revue périodiquement. L implémentation dans les calculs de ces horizons de liquidité pourrait être réalisée de différentes manières : calibration des chocs en fonction de l horizon de liquidité (méthode n 1), 3

Probabilité Unexpected Loss (UL) L ES : une meilleure appréciation des événements extrêmes Expected Loss (EL) Value at Risk (VAR) Expected Shortfall (ES) Pertes Schéma 1. Distribution des pertes Etape 1 Evaluation qualitative et quantitative du modèle au niveau global du trading book Echec Approche standard pour l ensemble du Trading Book Succès Etape 2 Evaluation quantitative (backtesting, P&L ) du modèle au niveau de chaque desk Echec Approche standard pour le(s) desk(s) concerné(s) Succès Etape 3 Analyse individuelle des facteurs de risque (notamment la fréquence de mise à jour et la disponibilité des historiques) Succès Echec Facteurs modélisables Utilisation de l ES sous contrainte de diversification Facteurs non modélisables Utilisation de scénarios stressés par facteurs (add-on de capital) Risque de défaut et de migration Utilisation d un modèle séparé (à l instar de l IRC) Schéma 2. Modèle interne : nouveau processus d homologation 4

calcul de chocs un jour puis calibration en racine carrée de T pour déterminer le choc sur l horizon considéré (méthode n 2), calcul des risques à un jour puis projection via la racine carrée de T sur un horizon moyen pondéré défini en fonction des caractéristiques du portefeuille (méthode n 3). Un add-on de capital serait également introduit pour matérialiser les sauts de liquidité sur certains instruments. Un fort enjeu méthodologique est à prévoir quant au choix de l allocation des horizons de liquidité aux différents instruments du Trading book (notamment pour les nouveaux instruments). Cette allocation pourrait, par ailleurs, fortement dévier d un établissement à l autre. Réponse des institutions Les institutions préconisent l introduction d un nombre restreint d horizons de liquidité à relier aux facteurs de risques et demandent une certaine flexibilité quant à la détermination de ces horizons (notamment pour les banques de taille modeste). Par ailleurs, sont soulignées les difficultés liées à l agrégation sur des horizons de liquidité différents et à la constitution des historiques de données induits par la méthode 1 (notamment pour les horizons les plus longs). Sont également relevées les limites de la méthode de calibration en racine de T résultant de l application de la méthode n 2. D autres méthodes d application sont en outre proposées, comme l application d un horizon de liquidité unique auquel s ajouterait une surcharge en capital pour appréhender les coûts de sortie, fonction de la liquidité des instruments. Couverture et effets de diversification Le régulateur fait état de dérives trop importantes dans la prise en compte des effets de réduction des risques induits par les stratégies de couverture et de diversification. Il souhaite donc renforcer les règles régissant ces stratégies et les homogénéiser au sein des modèles internes et standards. Pour ce faire, les règles d éligibilité des couvertures seront élargies et assouplies au sein du modèle standard. En parallèle, les règles d éligibilité seront durcies dans le modèle interne avec une appréciation très conservatrice des effets de diversification entre différentes classes de risque. Le régulateur propose une refonte profonde des méthodes d évaluation des risques, fondée sur des mesures plus granulaires au niveau des classes de risque. La charge en capital globale s appuiera sur les mesures «stand-alone» de chaque classe de risque, dont l agrégation sera définie en fonction des paramètres de corrélation entre les différents risques, ces corrélations étant déterminées par le régulateur. Réponse des institutions Si une meilleure prise en compte des couvertures au sein du modèle standard est encouragée par les différentes institutions, celles-ci s interrogent en revanche sur la méthode proposée pour les modèles internes. Plusieurs réponses sont opposées par les banques. Parmi elles, la non reconnaissance de couvertures pourtant reconnues comme légitimes aujourd hui, dès lors qu un instrument et sa couverture ne seront pas classés dans la même famille de risque (cas d une obligation souveraine en devise locale rattachée à la classe de risque crédit, et de sa couverture IRS rattachée à la classe taux). Egalement, les banques doutent de la légitimité du régulateur dans la détermination des paramètres de corrélation entre classes de risques, tant ces derniers 5

dépendent directement de la composition des portefeuilles. Pour limiter la réduction des gains de diversification, les banques pourraient contourner la difficulté en concentrant leurs positions sur un nombre restreint de facteurs de risque. Cette augmentation du risque de concentration n est sans doute pas l effet recherché par le régulateur. En réponse, les banques proposent une méthode alternative d agrégation des risques basée sur l estimation d un coefficient de diversification du portefeuille global de la banque (i.e. différence entre la somme des risques stand alone de chaque facteur et le risque global du portefeuille de la banque). La charge en capital serait calculée comme une pondération entre la somme des mesures stand alone et la mesure globale, la pondération étant par ailleurs fixée par le régulateur selon le niveau de diversification. Revue et rapprochement des modèles Le régulateur juge insuffisant les mécanismes actuels de validation et de supervision des modèles internes, et notamment leur granularité. A ce titre, le texte du BCBS propose de revoir le processus d homologation des modèles internes en procédant désormais à une homologation à différents niveaux. Le premier niveau d homologation, équivalent à l homologation actuelle, intervient au niveau de l établissement : en cas de non homologation, l établissement devra appliquer un modèle standard. En cas d homologation au premier niveau, un second niveau d homologation par desk est ajouté. Ce second niveau permettrait ainsi à l établissement de traiter les desks non homologués en modèle standard sans remettre en cause l utilisation d un modèle interne pour les desks homologués. Pour les desks pouvant être traités en modèle interne, un dernier niveau d homologation intervient au niveau de chaque facteur de risque afin de distinguer quels sont les facteurs modélisables. (Schéma 2 - page 4.) Le Comité propose également de réviser le modèle standard de manière à le rendre plus simple, cohérent et transparent, en renforçant notamment la sensibilité au risque du modèle ainsi que sa calibration. Ce modèle révisé fait l objet de deux approches plus ou moins proches du modèle interne : Une approche dite «partial», fondée sur l application de pondérations à la valeur de marché des instruments, Une approche dite «full», fondée sur la distribution de facteurs de risque prescrits par le régulateur. Le modèle standard ainsi révisé doit pouvoir être considéré comme une solution de repli crédible pour les établissements dont le modèle interne ne répondrait plus aux exigences réglementaires. En complément de la révision des modèles interne et standard, le BCBS souhaite comparer les deux modèles en imposant aux établissements utilisant un modèle interne de calculer également leurs exigences en capital sur la base du modèle standard. En outre, le Comité réfléchit à l introduction d un floor ou d une surcharge en capital issue du modèle standard pour les établissements utilisant un modèle interne. Réponse des institutions Les institutions militent pour que les banques puissent avoir le choix de l approche, «partial» ou «full», à appliquer pour le modèle standard. En effet, la première est plus facile à mettre en place pour les banques n utilisant pas de modèle interne tandis que 6

la seconde est plus à même de servir de solution de repli pour les banques utilisant d ores et déjà un modèle interne. L homologation des modèles internes au niveau des desks puis des facteurs de risques, bien que jugée pertinente, pose différents problèmes de cohérence (cas d un instrument traité de manière différente selon les desks) et de flexibilité (risque d allers-retours fréquents quant au statut modélisable ou non modélisable des facteurs de risques). La mise en place d un floor fondé sur le modèle standard est vivement critiquée car n inciterait pas les banques à se doter d un modèle interne. Enfin, l obligation d appliquer des calculs standards en parallèle du modèle interne impliquerait des coûts d implémentation et de production trop importants. Traitement du risque de crédit Avec pour objectif d appréhender l ensemble des risques inhérents au Trading Book, le comité s interroge sur le type de modélisation à appliquer concernant les risques de défaut et de migration au sein de ce dernier : Un traitement intégré au modèle d ES comme n importe quel autre facteur de risque, Une modélisation distincte, comparable aux dispositifs actuels d IRC et de CRM. L intégration des risques de défaut et de migration contribuerait à augmenter la complexité du modèle de calcul (notamment à cause du caractère discret et à faible probabilité de ces évènements) et réduirait de facto l auditabilité du modèle par le superviseur. Quant à la modélisation distincte, matérialisée par des charges en capital spécifiques, elle ne permettrait pas de bénéficier des effets de diversification au sein de la classe de facteurs de risques de crédit. Réponse des institutions Les institutions jugent que le risque de crédit au sein du Trading book provient principalement des mouvements de spreads de crédit et moins des migrations de rating. Dans cette optique, il serait préférable de conserver une modélisation distincte pour le risque de défaut parallèlement à une modélisation intégrée du risque de variation des spreads de crédit. Impacts & prochaines étapes Anticiper au mieux pour prévenir le changement La révision du Trading book laisse entrevoir une série d impacts majeurs notamment sur les sujets relatifs à la révision de la frontière entre le Banking et le Trading book, à l introduction d horizons de liquidité ou encore à la revue du processus d homologation. L interprétation des textes réglementaires et leur traduction opérationnelle dans les processus et outils des établissements bancaires entraîneront un coût de mise en œuvre significatif, d autant plus fort qu elles n auront pas été anticipées. Prendre en compte ces éléments dès à présent évitera de les traiter dans l urgence. Parmi les impacts majeurs, on peut citer : Les impacts sur la stratégie du Front Office (ex : recentrage de l activité de la banque sur les métiers dont le retour sur investissement est en ligne avec son appétence au risque ) Les impacts sur les processus (ex : nouveaux risques à encadrer ; processus de suivi à redéfinir ; réalisation de back-testing au niveau des desks ) 7

Mai 2012 Sept. 2012 2013 2014 2015 1 ère consultation 02/05 Publication du 1 er document consultatif 07/09 Réponse des institutions Publication du 2 nd document consultatif Réponse des institutions Publication du document final QIS 1 er QIS 2 nd QIS Schéma 3. Feuille de route probable de la consultation 8

Les impacts organisationnels (ex : nécessité d une communication efficiente entre les départements FO, Finance, Risques de marché et Risques de contrepartie pour faciliter les choix de modèles, l arbitrage entre banking et trading book, les stratégies de trading et de suivi des risques ) Les impacts méthodologiques (ex : choix et construction de nouveaux modèles de mesure et de suivi des risques, intégration de nouveaux facteurs de risques et des sensibilités sousjacentes, nouveaux horizons de liquidité, méthode d agrégation des risques et mesure de corrélation ) Les impacts IT (ex : alignement des systèmes d information pour répondre aux nouveaux enjeux induits par la réforme réglementaire ; maintien du modèle standard en parallèle du modèle interne pour les institutions homologuées ) Les impacts sur la gestion des données (ex : nouvelles données à gérer, historiques de données plus longs ; un environnement de calcul complexe avec des exigences métiers toujours plus fortes allant de pair avec un workflow et une qualité des données renforcés ) L étude des différents impacts doit permettre aux institutions d identifier au plus vite les volets de la révision du Trading book sur lesquels elles seront le plus vulnérables et ainsi anticiper au mieux les travaux prioritaires qui seront à mener, ainsi que la nature et l ampleur des ressources à mobiliser. Compte tenu des nombreux impacts soulevés par le document consultatif, il est primordial pour les établissements financiers de sensibiliser dès à présent les différents métiers et fonctions risques aux impacts identifiés. Ce travail permettra également d appréhender plus facilement la seconde version du document consultatif (attendue courant 2013) et de mobiliser au plus vite les ressources nécessaires à la bonne marche des QIS qui suivront cette publication. (Schéma 3 - page 8.) QIS Une étape à ne pas négliger Il est difficile, à ce stade de la consultation, d anticiper quels seront les impacts réels sur les fonds propres. Il est néanmoins certain que la distribution des risques s en verra affectée, impactant ainsi la rentabilité des lignes métier et ouvrant la voie à de nouvelles stratégies de recentrage sur les cœurs de métier de la banque. Afin de mieux appréhender ces effets, une attention toute particulière devra être apportée par les établissements financiers aux études d impacts menées par le BCBS. Une forte implication permettra en outre de veiller à la juste calibration des nombreux paramètres réglementaires introduits par la révision du Trading book. Conclusion Sensibiliser pour être acteur du changement Les banques ont un rôle clé à jouer dans la définition du texte final qui sera retenu au titre de la révision du Trading book, et ont tout intérêt à faire valoir leur point de vue. Depuis 2008, les banques européennes doivent faire face, d une part, à des crises financières et conjoncturelles successives de grande ampleur et, d autre part, à de nouvelles normes réglementaires toujours plus contraignantes telles que Bâle 2.5 et Bâle 3. 9

En réponse, les banques ont du initier des programmes drastiques de transformation de leurs activités, en adaptant notamment leur dispositif de gestion et de contrôle des risques afin de sauvegarder à la fois leurs réserves en capital et en liquidité. Dans ce contexte, l arrivée à moyen terme de nouvelles exigences liées à la révision du Trading Book aura un coût significatif pour les banques d investissement qui, si non anticipées, peuvent constituer une réelle menace sur la pérennité de leurs métiers. En adoptant une démarche proactive, les banques doivent dès maintenant réfléchir à la manière dont tirer profit de cette nouvelle contrainte afin de la transformer en avantage compétitif, au sein d un secteur appelé à une forte concentration dans les années à venir. 1. Voir la réponse de l EBF «Final EBF response to the BCBS consultation on the fundamental review of the trading book» sur http://www.ebf-fbe.eu/index.php?page=bankingregulation-and-supervision 2 Voir la réponse commune ISDA, IFF, IBF et GFMA «Joint Associations respond to the Fundamental Review of the Trading Book sur http://www.iif.com/regulatory/ 10

Valérie Texier est Partner au sein du bureau de Capco Paris, responsable de la practice Finance, Risque et Conformité (FRC). Elle dispose de plus de 20 ans d'expérience et d'une réelle expertise dans le domaine de la gestion des risques des institutions financières, ayant été amenée à piloter de nombreux projets d'adaptation des organisations Front-Office, Finance et Risque dans un environnement réglementaire de plus en plus pesant. En particulier, dans le contexte bâlois, elle accompagne ses clients dans l'optimisation de leurs ressources et dans la mise en oeuvre de leurs modèles internes pour risques de marché, de contrepartie, et de liquidité. valerie.texier@capo.com Merci à Jean-Philippe Juan et Guillaume Campagne qui ont contribué à la préparation de cet article. Jean-Philippe est managing principal chez Capco au sein de la practice Finance, Risque et Conformité. Avec plus de quinze ans d'expérience en banque d'investissement, Jean-Philippe a principalement accompagné ses clients sur des problématiques risques et réglementaires (Bâle 1, 2, 2.5, 3). Ses interventions ont trait au pilotage des RWA, aux risqué de marché et de contrepartie, et plus récemment au CVA/DVA dans le cadre de la mise en place d'un desk CVA. Guillaume est consultant senior chez Capco Paris au sien de la practice Finance, Risque et Conformité. Il bénéficie de 5 ans d'expérience dans le conseil pour le compte de directions des Risques de grandes banques universelles à Paris et à l'international, tout particulièrement dans le domaine des risques de crédit et de contrepartie sur opérations de marché. Guillaume a collaboré à l'implémentation de différents projets réglementaires Bâle 2 et Bâle 3 (notamment les volets CVA et CCP) et est intervenu sur des problématiques d'optimisation du calcul des RWA et des processus de reportings réglementaires. 11

A propos de Capco Capco est un fournisseur mondial de services de conseils intégrés, de technologie et de services de transformation dédiés au secteur financier. Les professionnels de Capco associent une réflexion innovante à une forte connaissance du secteur financier dans le but d offrir à leurs clients un conseil expert, une technologie complexe, une intégration de packages ainsi que des services gérés qui permettent de faire progresser leurs entreprises. Grâce à cette approche collaborative et efficace, Capco apporte à ses clients les outils pour leur permettre d accroître leurs revenus, de mieux gérer les risques et les changements de réglementation, de réduire leurs coûts et d améliorer leur contrôle. Capco est spécialisé dans le secteur bancaire, les marchés de capitaux, la gestion de patrimoine et d investissement, la finance, les risques et les conformités, l'assurance ainsi que dans la technologie. Capco aide ses clients depuis des bureaux situés dans les principaux centres financiers d Amérique du Nord, d Europe, d'asie et d'afrique. Bureaux Capco dans le monde Amsterdam Anvers Bangalore Bratislava Charlotte Chicago Düsseldorf Francfort Genève Hong Kong Johannesburg Londres New York Orlando Paris San Francisco Singapour Toronto Washington DC Zurich Pour en savoir plus, veuillez nous contacter au +33 1 77 72 64 40, ou veuillez consulter notre site Internet sur CAPCO.COM. 2013 The Capital Markets Company NV. All rights reserved. T1142-0413-01-EU