Algorithmes de division

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Transcription:

CHAPITRE IV Algorithmes de division Sommaire 1. Préliminaires : systèmes d équations linéaires............ 53 2. Structure des idéaux d un anneau euclidien............. 56 3. Les idéaux de K[x]........................... 57 4. Les ordres monomiaux........................ 63 5. Algorithme de division en plusieurs indéterminées......... 67 1 Préliminaires : systèmes d équations linéaires IV.1.1. Systèmes d équations linéaires. L algorithme d élimination de Gauss-Jordan permet de déterminer les solutions d un système d équations linéaires, i.e., des systèmes d équations de la orme 1 (x 1,...,x n ) = 0. s (x 1,...,x n ) = 0 où tous les polynômes 1,..., s de K[x 1,...,x n ] sont linéaires en les indéterminées x 1,...,x n. IV.1.2. Exemple. Considérons les polynômes linéaires suivants 1 = x + y z, 2 = 2x + 3y + 2z 53

54 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION de R[x,y,z]. Soit I = 1, 2 l idéal engendré par ces deux polynômes et soit V( 1, 2 ) l ensemble algébrique aine ormé des solutions du système linéaire suivant { x + y z = 0 2x + 3y + 2z = 0 La méthode d élimination de Gauss-Jordan pour la résolution de ce système consiste à choisir un pivot, par exemple l indéterminée x dans la première équation et à éliminer les termes contenant cette indéterminée dans les autres équations. Le système se réduit ainsi au système suivant { Les solutions du système satisont ainsi x + y z = 0 y + 4z = 0 y = 4z, x = 5z. Cette méthode d élimination par ligne consiste à changer l ensemble générateur de l idéal I = 1, 2 par un autre ensemble générateur. On soustrait deux ois la première ligne à la seconde et on remplace la seconde ligne par cette nouvelle ligne. On construit ainsi un nouveau polynôme 3 = 2 2 1 = y + 4z, qui remplace le polynôme 2 dans le système. Comme 3 = 2 2 1, on a 3 I et comme 2 = 2 1 + 3, on a 2 1, 3, ainsi I = 1, 2 = 1, 3. On modiie ainsi l ensemble des générateurs de I permettant de déterminer plus acilement l ensemble algébrique aine : V( 1, 2 ) = V( 1, 3 ) = {(5z, 4z,z) z R}. Le processus par lequel le polynôme 2 est remplacé par 3 en utilisant 1 est appelé une reduction de 2 par 1, on note 1 2 3. Le nouveau polynôme 3 apparaît comme un reste de la division du polynôme 2x + 3y + 2z par x + y z : 2x +3y +2z x +y z 2x +2y 2z 2 y +4z IV.1.3. Question de l appartenance à un idéal. Étant donné un polynôme de R[x,y,z], a-t-on I = 1, 3? Si est dans I, il peut s écrire comme combinaison

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 55 des polynômes générateurs de I : = h 1 1 + h 3 3, avec h 1,h 3 R[x,y,z]. Si le «terme dominant» (le pivot!) de 1 est x et le «terme dominant» de 3 est y, tout polynôme de R[x,y,z] se réduit via 1 et 3 en un polynôme d indéterminée z. De plus, un polynôme en z ne peut pas être réduit par réduction via 1 et 3. On a I = 1, 2 = 1, 3 si, et seulement si, { 1, 3 } 0. IV.1.4. Exemple. Considérons maitenant la situation de 3 polynômes linéaires 1 = y z, 2 = x + 2y + 3z, 3 = 3x 4y + 2z de R[x,y,z]. On considère l idéal engendré par ces trois polynômes, I = 1, 2, 3 et l ensemble algébrique aine V( 1, 2, 3 ) ormée des solutions du système suivant y z = 0 x + 2y + 3z = 0 3x 4y + 2z = 0 Par élimination, on peut réduire ce système au suivant y z = 0 x + 2y + 3z = 0 10y 7z = 0 en retranchant 3 ois la seconde ligne à la troisème, puis au système y z = 0 x + 2y + 3z = 0 17z = 0 en retranchant 10 ois la première ligne à la troisème On a les réduction 2 3 10y 7z 1 17z. On a un nouvel ensemble générateur pour I : I = 1, 2, 3 = 1, 2, 17z. L objecti est d étudier la situation plus générale où les polynômes ne sont pas linéaires. Pour aire la division, on doit choisir un ordre sur les indéterminées. En eet, dans le deuxième exemple, on a considéré comme premier pivot x, ait l élimination dans la troisième équation, puis l élimination de y. Le choix de cet ordre est essentiel

56 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION pour la généralisation aux polynômes non linéaires. L ordre est ici x < y < z. Avec cet ordre, le terme dominant de 1 est y, celui de 2 est x et celui de 3 est 3x. La réduction 2 3 10y 7z 1 17z. consiste à soustraire des multiples de 1 et 2 dans 3. On utilise les termes dominants de 1 et 2. Le terme 17z ne peut être réduit plus en utilisant les termes dominants de 1 et 2. 2 Structure des idéaux d un anneau euclidien On commence notre étude par le cas des polynômes à une indéterminée. IV.2.1. Retour sur les anneaux euclidiens. On rappelle qu un anneau euclidien est un anneau commutati A vériiant les deux propriétés suivantes i) A est intègre, i.e., pour tous éléments a et b de A, ab = 0 ( a = 0 ou b = 0 ). ii) il existe sur A un algorithme euclidien, i.e., une application ϕ : A {0} N, telle que, pour tout a A et tout b A {0}, il existe q A et r A, tels que a = bq + r, avec ϕ(r) < ϕ(b) ou r = 0. IV.1 Théorème. Si A est un anneau euclidien, tout idéal de A est engendré par un élément. Preuve. Soit A un anneau euclidien, muni d un algorithme euclidien ϕ, et soit I un idéal de A. Si I est nul, il est engendré par 0, on a I = 0. Si I est non nul, alors ϕ(i {0}) est une partie non vide de N, elle a donc un plus petit élément n. Soit b I {0}, tel que ϕ(b) = n. Tout élément a de I s écrit a = bq + r, avec r = 0 ou ϕ(r) < ϕ(b) = n. Or r = a bq I, donc par minimalité de n, on ne peut pas avoir ϕ(r) < n, d où nécessairement r = 0. Par suite, tout élément a de I s écrit a = bq, ainsi I = b.

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 57 IV.2.2. Anneaux principaux. Soit A un anneau et I un idéal de A. On dit que I est principal s il est engendré par un élément, c est-à-dire, s il existe un élément a de A, tel que I = a. Un anneau est dit principal s il est intègre et si tout idéal de A est principal. Le théorème IV.1 montre l implication euclidien principal. IV.2 Théorème. i) L anneau Z est principal. ii) Si K est un corps, l anneau K[x] est principal. Preuve. C est une conséquence immédiate du ait que les anneaux Z et K[x] sont euclidiens. Exercice 1. 1. Montrer que l anneau Z[x] n est pas principal. [indication : considérer l idéal engendré par les polynômes 2 et x] 2. Montrer que si K est un corps, l anneau K[x,y] n est pas principal. [indication : considérer l idéal engendré par les polynômes x et y.] 3 Les idéaux de K[x] IV.3.1. Générateurs des idéaux de K[x]. Soit K un corps. D après la section précédente, tout idéal I de K[x] est engendré par un élément. Dans ce cas, la construction de la preuve du théorème IV.1 s exprime de la açon suivante. L idéal nul est engendré par le polynôme nul. Soit I un idéal non nul de K[x] ; notons g le polynôme non nul de I de plus petit degré. Pour tout polynôme de I, d après le théorème de la division euclidienne, théorème I.2, il existe des polynômes q et r de K[x] tels que = qg + r, avec deg(r) < deg(g). Si r est non nul, alors r = qg I, ce qui contredit le choix de g, car deg(r) < deg(g). Par conséquent, on a r = 0 et = qg. Ainsi I g. Comme g I, on a l égalité : I = g. Le polynôme g ainsi obtenu est unique à un acteur près. C est une conséquence du ait que si g 1 = g 2, alors g 1 divise g 2 et g 2 divise g 1, donc il existe un scalaire λ tel que g 1 = λg 2. On peut dire que le polynôme g obtenu dans cette preuve est le «meilleur» polynôme générateur pour l idéal I.

58 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION IV.3.2. Problème du calcul d un générateur. Étant donné un idéal I de K[x], comment calculer un polynôme g tel que I = g? Dans un premier temps, nous allons aborder ce problème dans le cas d un idéal engendré par deux polynômes, dont l un au moins n est pas nul : I = 1, 2. Par exemple, comment trouver un générateur pour l idéal I = 1, 2 avec 1 = x 4 1 et 2 = x 6 1? IV.3.3. Plus grand commun diviseur. Rappelons que le plus grand commun diviseur de 1 et 2, noté pgcd( 1, 2 ), est le polynôme g vériiant les trois assertions suivantes i) g divise 1 et g divise 2, ii) si un polynôme h de K[x] divise 1 et 2, alors h divise g, iii) lc(g) = 1. On a IV.3 Proposition. Soient 1 et 2 deux polynômes de K[x], dont l un au moins est non nul. Alors, le pgcd de 1 et 2 existe et on a 1, 2 = pgcd( 1, 2 ). Preuve. D après la section IV.3.1, il existe un polynôme g de K[x] tel que 1, 2 = g. Le polynôme g étant unique à un acteur près, on peut supposer que lc(g) = 1. Montrons que g = pgcd( 1, 2 ). Comme 1, 2 g, alors g divise à la ois 1 et 2. Supposons qu un polynôme h divise à la ois 1 et 2. Comme g est dans l idéal 1, 2, il existe une décomposition de g en g = h 1 1 + h 2 2, où h 1 et h 2 sont deux polynômes de K[x]. Par suite, h divise g. Remarque IV.4. La preuve de la proposition précédente permet également de montrer l existence et l unicité du pgcd de deux polynômes. Le problème de trouver un unique générateur de l idéal 1, 2 se réduit ainsi à celui du calcul du pgcd de 1 et 2. Exercice 2. Soient et g deux polynômes de K[x]. Montrer qu il existe des polynômes u et v de K[x], tels que u + vg = pgcd(,g).

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 59 IV.3.4. Algorithme de la division euclidienne. L algorithme d Euclide permet de calculer le pgcd en utilisant l algorithme de division vu dans le premier chapitre. Il est basé sur le résultat suivant : IV.5 Proposition. Soient 1 et 2 deux polynômes de K[x], dont l un au moins est non nul. Alors, pgcd( 1, 2 ) = pgcd( 1 q 2, 2 ), pour tout polynôme q de K[x]. Preuve. Soit q un polynôme non nul. On a 1 = 1 q 2 + q 2, par suite D après la proposition IV.3, on a 1, 2 = 1 q 2, 2. pgcd( 1, 2 ) = 1, 2 = 1 q 2, 2 = pgcd( 1 q 2, 2 ). Par suite, pgcd( 1, 2 ) et pgcd( 1 q 2, 2 ) sont égaux à une constante multiplicative près. Le pgcd de deux polynômes étant de coeicient dominant égal à 1, on en déduit l égalité recherchée pgcd( 1, 2 ) = pgcd( 1 q 2, 2 ). ENTRÉE : 1, 2 K[x], non tous les deux nuls, SORTIE : = pgcd( 1, 2 ). INITIALISATION : := 1 ; g := 2 TANT QUE : g 0 FAIRE := 1 lc( ). g r, où r est le reste de la division de par g, := g, g := r, L algorithme d Euclide. Exercice 3. Montrer que l algorithme d Euclide termine. IV.3.5. Exemple. Illustrons l algorithme d Euclide sur le calcul du pgcd des polynômes 1 = x 3 + x 2 5x + 3 et 2 = x 2 + x 2 de Q[x].

60 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION INITIALISATION : := x 3 + x 2 5x + 3, g := x 2 + x 2. Début de la boucle TANT QUE : Première itération de la boucle TANT QUE : x 3 + x 2 5x + 3 g 3x + 3, := x 2 + x 2, g := 3x + 3, Deuxième itération de la boucle TANT QUE : x 2 + x 2 0, := 3x + 3, g := 0, Arrêt de la boucle TANT QUE : := 1 lc( ) = 3 1 ( 3x + 3) = x 1. Par suite, pgcd( 1, 2 ) = x 1. g IV.3.6. Exemple. Pour calculer le pgcd des polynômes 1 = x 4 1 et 2 = x 6 1 : Ainsi x 4 1 = 0(x 6 1) + x 4 1, x 6 1 = x 2 (x 4 1) + x 2 1 x 4 1 = (x 2 + 1)(x 2 1) + 0. pgcd( 1, 2 ) = pgcd(x 6 1,x 4 1) = pgcd(x 4 1,x 2 1) = pgcd(x 2 1,0) = x 2 1. En conséquence, 1, 2 = x 2 1. IV.3.7. Cas d un idéal engendré par plus de deux polynômes. Considérons un idéal I = 1,..., s de K[x] engendré par des polynômes non tous nuls. Rappelons que le plus grand commun diviseur des polynômes 1,..., s, noté pgcd( 1,..., s ), est le polynôme g vériiant les trois assertions suivantes i) g divise i, pour tout i 1,s ii) si un polynôme h de K[x] divise i, pour tout i 1,s, alors h divise g, iii) lc(g) = 1. On a IV.6 Proposition. Soient 1,..., s des polynômes de K[x], non tous nuls. Alors, i) 1,..., s = pgcd( 1,..., s ), ii) pour s 3, alors pgcd( 1,..., s ) = pgcd( 1,pgcd( 2,..., s )).

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 61 Preuve. Montrons l assertion i). L anneau K[x] étant principal, il existe un polynôme g de K[x] tel que 1,..., s = g. Le polynôme g étant unique à une constante près, on peut supposer que lc(g) = 1. Montrons que g = pgcd( 1,..., s ). Comme 1,..., s g, alors g divise tous les polynômes 1,..., s. Supposons qu un polynôme h divise tous les polynômes 1,..., s. Comme g est dans l idéal 1,..., s, il existe une décomposition de g en g = h 1 1 + h 2 2 +... + h s s, où h 1,h 2,...,h s sont des polynômes de K[x]. Par suite, h divise g. Montrons l assertion ii). Posons h = pgcd( 2,..., s ). D après i), on a 2,..., s = h. Ainsi 1,..., s = 1,h. Toujours d après i), pgcd( 1,..., s ) = pgcd( 1,h) = pgcd( 1,pgcd( 2,..., s )). IV.3.8. Exemple. Calculons le générateur de l idéal On a I = x 3 3x + 2,x 4 1,x 6 1 K[x]. pgcd(x 3 3x + 2,x 4 1,x 6 1) = pgcd(x 3 3x + 2,pgcd(x 4 1,x 6 1)) = pgcd(x 3 3x + 2,x 2 1) = x 1. Ainsi I = x 1. IV.3.9. Problèmes. Nous pouvons répondre dans le cas d une indéterminée aux problèmes posés dans le chapitre précédent. a) Problème de la description d un idéal : - tout idéal I de K[x] possède un unique générateur, - il existe un «meilleur» générateur, c est le pgcd des polynômes qui engendrent I. b) Problème de l appartenance à un idéal : étant donné un idéal I = 1,..., s et un polynôme de K[x], pour déterminer si I, on calcule g = pgcd( 1,..., s ), puis on divise par g. Le reste de cette division est nul si, et seulement si, I, i.e., g 0 si, et seulement si, I = g.

62 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION c) Problème de la résolution d équations polynomiales : étant donnés des polynômes 1,..., s de K[x], les solutions dans K du système d équations polynomiales sont les solutions de l équation où g = pgcd( 1,..., s ). 1 (x) = 0. s (x) = 0 g(x) = 0, IV.3.10. Exemple. Comment déterminer si le polynôme = x 3 +4x 2 +3x 7 appartient à l idéal I = x 3 3x + 2,x 4 1,x 6 1. On a montré que I = x 1. On a calule la division de par x 1 : Ainsi, la réduction de par x 1 est 1 : x 3 + 4x 2 + 3x 7 = (x 2 + 5x + 8)(x 1) + 1. x 3 + 4x 2 + 3x 7 x 1 1 On en déduit que n appartient pas à l idéal I. Exercice 4. Déterminer si le polynôme est contenu dans l idéal I de K[x]. 1. = x 2 3x + 2, I = x 2, 2. = x 5 4x + 1, I = x 3 x 2 + x, 3. = x 2 4x + 4, I = x 4 6x 2 + 12x 8,2x 3 10x 2 + 16x 8, 4. = x 3 1, I = x 9 1,x 5 + x 3 x 2 1. Exercice 5. Étant donnés des polynômes 1,..., s de K[x], existe-t-il un algorithme pour décider si l ensemble algébrique aine V( 1,..., s ) est non vide? Dans le cas où K = C la réponse est airmative. 1. Soit est un polynôme non nul de C[x], montrer que V( ) est vide si, et seulement si, est constant. 2. Soit 1,..., s des polynômes de C[x]. Montrer que V( 1,..., s ) est vide si, et seulement si, pgcd( 1,..., s ) = 1. 3. Décrire une méthode algorithmique pour déterminer si V( 1,..., s ) est non vide. 4. Que peut-on dire dans le cas où K = R? IV.3.11. En conclusion. Nous avons vu que la notion de réduction via l algorithme de division est un point cle dans la résolution des problèmes mentionnés en IV.3.9. Nous n avons pas mis en évidence l importance d ordonner les termes dans le cas d une

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 63 seule indéterminée, car il existe un ordre naturel dans ce cas, celui donné par le degré des termes. Dans la réduction g lt( ) lt(g) g, le reste lt( ) lt(g) g est de degré strictement inérieur au degré de. C est la raison pour laquelle l algorithme termine ; c est une conséquence du ait que n < m si, et seulement si x n divise x m. La in de ce chapitre est consacré au problème de cette réduction dans le cas de plusieurs indéterminées. 4 Les ordres monomiaux Nous noterons M (x 1,...,x n ), ou M s il n y a pas de conusion, l ensemble des monômes en les indéterminées x 1,...,x n : M (x 1,...,x n ) = {x α α = (α 1,...,α n ) N n }. IV.4.1. Ordre monomial. Un ordre monomial sur M est une relation vériiant les assertions suivantes i) est un ordre total sur M, ii) si x α x β, alors x α x γ x β x γ, pour tous x α,x β et x γ dans M, iii) 1 x α, pour tout x α M. IV.4.2. Ordre lexicographique. Étant donné un ordre alphabétique x n <... < x 2 < x 1 i.e., un ordre sur l ensemble des indéterminées, on déinit l ordre lexicographique lex sur M en posant, pour tous n-uplets d entiers naturels α = (α 1,...,α n ) et β = (β 1,...,β n ), x α lex x β si, et seulement si, les premières coordonnées α i et β i, en partant de la gauche dans α et β, qui sont diérentes satisont à α i < β i. IV.4.3. Exemple. Supposons que l on ait deux indéterminées avec l ordre alphabétique y < x, on a 1 = y 0 lex y lex y 2 lex y 3 lex... lex x lex yx lex y 2 x lex... lex x 2 lex yx 2 lex...

64 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION IV.4.4. Remarque. L ordre lexicographique dépend de l ordre alphabétique sur les indéterminées. Tout ordre alphabétique sur les indéterminées x 1,...,x n déinit un ordre lexicographique sur M (x 1,...,x n ). Exercice 6. Montrer qu il existe n! ordres lexicographiques possibles sur cet ensemble de monômes. Notons que x α lex x β si, et seulement si, le premier entier non nul dans le n-uplet est positi. Par exemple, si z < y < x, on a a) y 2 z 4 lex xy 2, car β α = (1,0, 4), β α = (β 1 α 1,...,β n α n ) Z n b) x 3 y 2 z 1 lex x 3 y 2 z 4, car β α = (0,0,3). c) y 3 z 4 lex x, car β α = (1, 3, 4). IV.7 Proposition. L ordre lexicographique lex est un ordre monomial. Exercice 7. Montrer la proposition IV.7. IV.4.5. Propriétés des ordres monomiaux. IV.8 Proposition. Soit un ordre monomial sur M. Soient x α et x β deux monômes de M, tels que x α divise x β, alors x α x β. Preuve. Si le monôme x α divise le monôme x β, il existe alors un monôme x γ dans M, tel que x β = x α x γ. L ordre étant monomial, on a 1 x γ, d où x α x α x γ = x β. Tout bon ordre est un ordre total, exercice 33. La réciproque est ausse en général, cependant pour les ordres monomiaux, on a IV.9 Proposition. Tout ordre monomial sur M est un bon ordre. En particulier, toute suite décroissante de monômes... x α i k... x α i 2 x α i 1 termine. Exercice 8. Montrer la proposition IV.9.

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 65 IV.4.6. Déinitions. Fixons un ordre monomial sur M (x 1,...,x n ). Tout polynôme non nul de K[x 1,...,x n ] peut s écrire sous la orme = a 1 x α i 1 + a 2 x α i 2 +... + a r x α ir, où les a k sont des scalaires non nul, les x α i k des monômes de M (x 1,...,x n ) deux à deux distincts et x α ir... x α i 2 x α i 1. Le n-uplet α i1 est appelé le multidegré de, on le note multideg( ) : multideg( ) = α tel que x α est le plus grand monôme apparaissant dans. On dit alors i) que a 1 est le coeicient de plus haut degré de (leading coeicient) de, noté lc( ), ii) que a 1 x α i 1 est le terme de plus haut degré (leading term), noté lt( ), iii) que x α i 1 est le monôme de plus haut degré de (leading monomial), noté lm( ). Si g est un second polynôme non nul de K[x 1,...,x n ], on dit que est de multidegré plus petit que g si le monôme de plus haut degré de est plus petit que celui de g : multideg( ) multideg(g) si lm( ) lm(g). On pose, par ailleurs lc(0) = lt(0) = lm(0) = 0. IV.4.7. Exemple. Considérons l ordre alphabétique z < y < x et soit le polynôme = 4xy 2 z + 4z 2 5x 3 + 7x 2 z 2, on a, multideg( ) = (3,0,0), lc( ) = 5, lm( ) = x 3, lt( ) = 5x 3. Exercice 9. On ixe un ordre monomial sur M (x 1,...,x n ). 1. Montrer que pour tous polynôme et monôme m de K[x 1,...,x n ], on a lt(m ) = mlt( ). 2. Soient et g des polynômes de K[x 1,...,x n ], a-t-on toujours lt( g) = lt( )lt(g)? 3. Soient 1,..., s,g 1,...,g s des polynômes de K[x 1,...,x n ]. A-t-on pour un i 1,s? lm( 1 g 1 +... + s g s ) = lm( i )lm(g i ),

66 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION IV.10 Proposition. On ixe un ordre monomial sur M (x 1,...,x n ). Soient et g des polynômes non nuls de K[x 1,...,x n ]. Le multidegré vériie les propriétés suivantes : i) multideg( g) = multideg( ) + multideg(g) ; ii) si + g est non nul, alors multideg( + g) max(multideg( ),multideg(g)) et si, de plus multideg( ) multideg(g), on a l égalité. Exercice 10. Montrer la Proposition IV.10. Exercice 11. On ixe un ordre monomial sur M (x 1,...,x n ). Soient et g des polynômes non nuls de K[x 1,...,x n ]. On admettra qu il existe un unique polynôme d (le pgcd de et g, noté pgcd(,g)) dans K[x 1,...,x n ] 1 vériiant i) d divise et d divise g, ii) si un polynôme h de K[x 1,...,x n ] divise et g, alors h divise d, iii) lc(d) = 1. 1. Vériier que <,g > < pgcd(,g) >. 2. Montrer que l idéal <,g > est principal si et seulement si <,g >=< pgcd(,g) >. 3. Montrer que pgcd(,g) a un multidegré maximal parmi les diviseurs communs de et g. 4. Vériier que tout polynôme non nul de <,g > a un multidegré supérieur ou égal à celui de pgcd(,g). 5. Montrer que si l idéal <,g > contient un polynôme de même multidegré que celui de pgcd(,g), alors <,g >=< pgcd(,g) >. 6. On considère K[x,y] et un ordre monomial sur M (x,y) tel que y x. Montrer que y a un multidegré minimal parmi les polynômes non nuls de l idéal < x,y >. 7. Vériier que 1 est le pgcd de x et y. IV.4.8. Ordre lexicographique gradué. Étant donné un ordre alphabétique x n <... < x 2 < x 1, on déinit l ordre lexicographique gradué grlex sur M de la açon suivante : pour α = (α 1,...,α n ) et β = (β 1,...,β n ), on pose x α grlex x β si, et seulement si, ( n α i < i=1 n i=1 β i ) Par exemple, avec y < x, on a ou ( n α i = i=1 n i=1 β i et x α lex x β ). 1 grlex y grlex x grlex y 2 grlex xy grlex x 2 grlex y 3 1. Ce résultat suit du ait que, de même que pour une seule indéterminée, l anneau K[x 1,...,x n ] est un anneau actoriel, c est-à-dire que tout polynôme se actorise de manière unique en produit de acteurs irréductibles.

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 67 Exercice 12. Montrer que grlex est un ordre monomial. Exercice 13. Soient et g des polynômes non nuls de K[x 1,...,x n ]. Montrer que deg( g) = deg( ) + deg(g) où deg désigne le degré total. 5 Algorithme de division en plusieurs indéterminées L objecti de cette section est de déinir un algorithme de division pour les polynômes à plusieurs indéterminées qui généralise l algorithme de division pour les polynômes à une indéterminée. Dans K[x], la division d un polynôme par g donne une décomposition de sous la orme = qg + r, avec deg(r) < deg(g), théorème I.2. Dans le cas général, l objecti est de divisiser un polynôme de K[x 1,...,x n ] par un ensemble de polynômes 1,..., s K[x 1,...,x n ]. Nous allons voir que cela consiste à écrire le polynôme sous la orme = u 1 1 +... + u s s + r, où les quotients sont les polynômes u 1,...,u s K[x 1,...,x n ] et le reste est le polynôme r K[x 1,...,x n ]. Le principe de l algorithme de division d un polynôme à plusieurs indéterminées par un ensemble de polynômes 1,..., s est le même que dans le cas à une seule indéterminée : 1. ixer un ordre sur les termes, 2. remplacer le terme dominant de en multipliant un des i par un terme approprié et soustraire le résultat à ; ce terme est alors un terme du quotient u i, 3. procèder ainsi avec tous les polynômes 1,..., s. IV.5.1. Premier exemple. Posons = xy 2 + 1, 1 = xy + 1 et 2 = y + 1. On ixe l ordre alphabétique y < x et l ordre lexicographique associé sur les termes. Le terme dominant lt( ) = xy 2 est divisible par les termes dominants lt( 1 ) = xy et lt( 2 ) = y : xy 2 +1 xy +1 xy 2 +y 1 y y 1 y y +1 y 1 1 2 Comme lt( 1 ) et lt( 2 ) ne divisent pas 2, ce reste est irréductible. On a obtenu les réductions xy 2 + 1 1 1 y 2 2.

68 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION On écrit Le polynôme s écrit alors sous la orme xy 2 { 1, 2 } 2. xy 2 + 1 = y(xy + 1) + ( 1)(y + 1) + 2. Nous aurions commencé par la réduction selon le polynôme 2 : xy 2 +1 y +1 xy 2 +xy xy xy +1 xy +1 xy +1 xy 1 1 2 Comme lt( 1 ) et lt( 2 ) ne divisent pas 2, ce reste est irréductible. On a obtenu les réductions xy 2 + 1 2 xy + 1 1 2, soit Le polynôme s écrit alors sous la orme xy 2 { 2, 1 } 2. xy 2 + 1 = ( 1)(xy + 1) + (xy)(y + 1) + 2. On notera que les restes de ces deux divisions sont égaux, mais les quotients diérents. Après la première réduction par 2, on peut encore appliquer la réduction par 2, car lt( 2 ) divise xy : xy 2 +1 y +1 xy 2 +xy xy xy +1 xy +1 y +1 xy x x x +1 Le polynôme x + 1 est le dernier reste, car les termes x et 1 ne sont pas divisibles par les termes dominants de 1 et 2. Dans ce cas, la décomposition est La situation est la suivante : xy 2 + 1 = (0)(xy + 1) + (xy x)(y + 1) + (x + 1).

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 69 xy 2 + 1 1 2 1 y xy + 1 2 1 2 2 x + 1 IV.5.2. Deuxième exemple. Soient = x 2 y + xy 2 + y 2, 1 = xy 1 et 2 = y 2 1. Comme dans les exemples précédents, on considère l ordre lexicographique, avec l ordre alphabétique y < x. On eectue la division de par 1 puis par 2 x 2 y +xy 2 +y 2 xy 1 x 2 y x x x +xy 2 +y 2 x +xy 2 +y 2 xy 1 xy 2 y y x +y +y 2 Les termes dominants lt( 1 ) et lt( 2 ) ne divisent pas le terme dominant lt ( x + y + y 2) = x. Cependant, x + y + y 2 n est pas le reste, car lt( 2 ) divise y 2. On extrait alors le terme x du reste et on poursuit la division : y +y 2 y 2 1 y 2 1 1 y +1 Après cette division, le reste est x + y + 1. Les termes dominants de 1 et 2 ne divisent pas x + y + 1, qui est ainsi le dernier reste. On a x 2 y + xy 2 + y 2 = (x)(xy 1) + (y)(xy 1) + (1)(y 2 1) + x + y + 1, = (x + y)(xy 1) + (1)(y 2 1) + x + y + 1. IV.5.3. Algorithme de division dans K[x 1,...,x n ]. Ce deuxième exemple est une paraite illustration du onctionnement de l algorithme de division dans le cas de plusieurs indéterminées. IV.11 Théorème. Soit F = { 1,..., s } un ensemble de polynômes de K[x 1,...,x n ]. Étant donné un ordre monomial sur M (x 1,...,x n ), tout polynôme de K[x 1,...,x n ] s écrit sous la orme = u 1 1 +... + u s s + r,

70 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION où u 1,...,u s,r sont des polynômes de K[x 1,...,x n ], tels que r = 0 ou r est une somme de termes non divisibles par lt( 1 ),...,lt( s ). On a de plus, pour tout quotient u i 0, multideg(u i i ) multideg( ). Le polynôme r est appelé le reste de la division de par F, on note F r. La preuve de ce résultat est basé sur l algorithme suivant ENTRÉE : 1,..., s, K[x 1,...,x n ], SORTIE : u 1,...,u s,r K[x 1,...,x n ] tels que r = 0 ou r est une somme de termes non divisibles par lt( 1 ),...,lt( s ). INITIALISATION : u 1 := 0,... u s := 0, r := 0, p := ; TANT QUE : p 0 FAIRE i := 1 div := aux TANT QUE : ( i s ET div = aux ) FAIRE SI (lt( i ) divise lt(p)) ALORS u i := u i + lt(p) lt( i ) p := p lt(p) lt( i ) i div := vrai SINON i := i + 1 SI div = aux ALORS r := r + lt(p) p := p lt(p) Algorithme de la division des polynômes à plusieurs indéterminées. Cet algorithme est constitué de deux parties principales :

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 71 une étape de division, si lt( i ) divise lt(p), l algorithme procède à la division comme dans le cas d une seule indéterminée, une étape de reste, si lt( i ) ne divise pas lt(p), l algorithme rajoute lt(p) au reste. Preuve. La preuve du théorème IV.11 consiste à montrer l existence des polynômes u 1,...,u s,r qui satisont aux propriétés de l énoncé. Montrons que ces polynômes sont obtenus par l algorithme de division. Pour montrer que l algorithme est correct, il suit de montrer que la relation = u 1 1 +... + u s s + p + r, est vériiée à chaque étape. À l étape d initialisation, la relation est vraie. Supposons alors que la relation est vraie à une étape de l algorithme et montrons qu elle reste vraie à l étape suivante. Si l étape suivante est une étape de division, alors u i i + p = ( u i + lt(p) ) lt( i ) i + ( p lt(p) ) lt( i ) qui montre que u i i + p reste inchangé. Si l étape suivante est une étape de reste, alors p + r = (p lt(p)) + (r + lt(p)), qui reste aussi inchangé. L algorithme s arrète lorsque p = 0. On a alors = u 1 1 +... + u s s + r, et les termes satisont aux propriétés de l énoncé. Montrons que l algorithme termine. À chaque étape, la variable p est redéinie. Dans une étape de division, on a p := p lt(p) lt( i ) i Or ( ) lt(p) lt lt( i ) i = lt(p) lt( i ) lt( i) = lt(p). Ainsi les polynômes p et lt(p) lt( i ) i possèdent les mêmes termes dominants. L aection p := p lt(p) lt( i ) i a donc pour eet de diminuer le multidegré de p. Dans une étape de reste, on a l aectation p := p lt(p); ici aussi le multidegré diminue strictement. Si l algorithme ne terminait pas, on aurait une suite strictement décroissante de multidegrés ce qui est contradictoire avec le ait que est un bon ordre. Reste à montrer que multideg(u i i ) multideg( ). i,

72 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION Par construction, tout terme dans u i est composé de termes de la orme lt(p) lt( i ). L algorithme débute à p =, or le multidegré de p décroit strictement, donc ( ) lt(p) multideg lt( i ) i = multideg(p) multideg( ) et par suite multideg(u i i ) multideg( ). IV.5.4. Remarque sur la non unicité du reste. Contrairement à la division dans le cas d une seule indéterminée, le reste n est pas unique. En eet, reprenons le deuxième exemple avec = x 2 y+xy 2 +y 2, 1 = xy 1 et 2 = y 2 1, avec l ordre lexicographique associé à l ordre alphabétique y < x. On a eectué la division de par 1 puis par 2 1 x + xy 2 + y 2 1 x + y + y 2 2 x + y + 1. Changeons l ordre des diviseurs en prenant pour premier diviseur 2 : x 2 y +xy 2 +y 2 y 2 1 xy 2 x x x 2 y +y 2 +x x 2 y +y 2 +x y 2 1 y 2 1 1 x 2 y +x +1 On divise alors le reste obtenu par 1 : On a ainsi x 2 y +x +1 xy 1 x 2 y x x 2x +1 x 2 y + xy 2 + y 2 = (x)(xy 1) + (x + 1)(y 2 1) + 2x + 1. Soit 2 x 2 y + y 2 + x 2 x 2 y + x + 1 1 2x + 1. Le reste obtenu par ce chemin de réduction n est pas le même. Cet exemple illustre que l ordre des polynômes 1,..., s dans l algorithme de division a une inluence sur le reste r et les polynômes u 1,...,u s. Ce point est une obstruction à la résolution du problème de l appartenance à un idéal. En eet, si après la division de par F = { 1,..., s }, on

CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 73 obtient un reste nul, i.e., = u 1 1 +... + u s s, alors I = 1,..., s. On a si F 0, alors I. Cependant, la réciproque n est pas vraie comme le montre l exemple suivant. IV.5.5. Exemple. Soient = xy 2 x et I l idéal de K[x,y] engendré par les polynômes 1 = xy + 1 et 2 = y 2 1. On a xy 2 x = y(xy + 1) + 0(y 2 1) + ( x y), soit { 1, 2 } x y. Mais si on considère l ordre { 2, 1 }, on a xy 2 x = x(y 2 1) + 0(xy + 1) + 0, ainsi { 1, 1 } 0, par suite I. C est ainsi que l on peut avoir I sans que se réduise à 0 par un ensemble de polynômes qui engendrent I. L algorithme de division que nous venons de construire présente sur ce point une diiculté. Pour remédier à cela, l objecti est de construire un «bon» ensemble de générateurs pour l idéal I. C est-à-dire un ensemble de générateurs G de l idéal I, pour lequel le reste de la division par G est unique, peu importe l ordre utilisé sur les diviseurs, et que l on ait ainsi I si, et seulement si, G 0. La construction d un ensemble de générateur satisaisant cette propriété era l objet du prochain chapitre. Exercice 14. Soit = x 7 y 2 +x 3 y 2 y+1 un polynôme de K[x,y] et soient 1 = xy 2 x et 2 = x y 3. 1. Calculer le reste de la division de par { 1, 2 } en utilisant l ordre lexicographique et l ordre lexicographique gradué. 2. Même question avec les diviseurs dans l ordre { 2, 1 }. Exercice 15. Soient = xy 2 z 2 + xy yz, 1 = x y 2, 2 = y z 3, 3 = z 2 1. En utilisant l ordre lexicographique, 1. calculer le reste de la division de par { 1, 2, 3 }, 2. calculer le reste de la division de par { 3, 2, 1 }. Exercice 16. On étudie la division du polynôme = x 3 x 2 y x 2 z + x par les polynômes 1 = x 2 y z et 2 = xy 1.

74 CHAPITRE IV. ALGORITHMES DE DIVISION 1. En utilisant l ordre lexicographique gradué, calculer le reste de la division de par { 1, 2 }, puis par { 2, 1 }. 2. Les deux restes sont diérents, à quel moment dans le processus de division cette diérence apparaît? 3. Posons r = r 1 r 2. A-t-on r 1, 2? Si oui, donner une décomposition r = u 1 + u 2 2, sinon expliquer pourquoi? 4. Calculer le reste de la division de r par { 1, 2 }. Ce résultat était-il prévisible? 5. Trouver un autre polynôme g 1, 2, tel que le reste de la division de g par { 1, 2 } est non nul. 6. L algorithme de la division donne-t-il une solution pour le problème de l appartenance à l idéal 1, 2? Exercice 17. 1. En utilisant l ordre lexicographique gradué, calculer un élément g de l idéal 1, 2 = 2xy 2 x,3x 2 y y 1 R[x,y] dont le reste de la division par { 1, 2 } est non nul. 2. Même question avec l idéal 1, 2, 3 = x 4 y 2 z,x 3 y 2 z,x 3 y 3 1,x 2 y 4 2z R[x,y,z].