Evaluation de la sécurité alimentaire en milieu rurale Djibouti- Mai Juillet 2012

Documents pareils
CAPRINS LAITIERS + BOVINS VIANDE ENSILAGE DE MAÏS

BANQUE ALIMENT BETAIL Présenté par Seidi Mohamed Abdourahmane

Comment les pauvres gèrent-ils le risque?

Evaluation Multisectorielle RRM dans le Groupement de Minime, Bouar, Nana-Mambéré Rapport préliminaire

Les dépenses et la dette des ménages

Prêt hypothécaire. Programme de financement intégré Caméléon. Financez vos projets à la valeur de votre propriété

Agricultures paysannes, mondialisation et développement agricole durable

LES FACTEURS DE FRAGILITE DES MENAGES

1. Les comptes de dépôt et d épargne

Épargne et investissement. L épargne...

* Extraits d'un entretien effectué dans le Karyassa 'supres de membres d'un clan Tamashek, les Kel Taddak. Document présenté par Etienne Le Roy.

Sondage 2010 des ACVM sur la retraite et les placements

Par Akoété Ega AGBODJI FASEG/Université de Lomé

SOMMAIRE PARTIE 1 : POURQUOI «DONNER DU CREDIT AUX FEMMES RURALES»?... 3 PARTIE 2 : EPARGNE/CREDIT DU SYSTEME FINANCIER INFORMEL...

Produits laitiers de ferme

LES CONDITIONS D ACCÈS AUX SERVICES BANCAIRES DES MÉNAGES VIVANT SOUS LE SEUIL DE PAUVRETÉ

AVANT-PROPOS. Directeur de la Division de la statistique de la FAO

Conseil national de l information statistique

TABLE DES MATIÈRES. Première partie DE LA SOCIÉTÉ DE PLANTATION À LA SOCIÉTÉ DE TRANSFERTS : UNE SOCIOLOGIE DE LA RÉUNION

Le système de protection sociale en santé en RDC

La malnutrition en terre d abondance

ACTION N 1 Réseau d élevages bovins laitiers en Agrobiologie

Qui sont-ils? Pedro. Tamacha. 9 En quantité, Tamacha mange suffisamment, mais son alimentation n est pas satisfaisante en qualité.

Title: OED Précis no Gestion de la production animale au Botswana: les précieuses leçons des expériences précédentes Job number: 98F0708

Partie II Données, indicateurs et sources d information

Insurance of agricultural Risks. Jeudi 30 Janvier 2014

exigences des standards ISO 9001: 2008 OHSAS 18001:2007 et sa mise en place dans une entreprise de la catégorie des petites et moyennes entreprises.

Avertissement sur les risques liés aux instruments financiers Clients professionnels

Observatoire Crédit Logement / CSA du Financement des Marchés Résidentiels Tableau de bord trimestriel 1 er Trimestre 2013

Le Québec en meilleure situation économique et financière pour faire la souveraineté

Exemple Les deux types de protection au dernier décès Le coût de protection libéré au premier décès

Chapitre 6. Le calcul du PIB, de l inflation et de la croissance économique. Objectifs d apprentissage. Objectifs d apprentissage (suite)

Foire aux Savoirs CONSOLIDER LA RESILIENCE A L INSECURITE ALIMENTAIRE ET NUTRITIONNELLE AU SAHEL ET EN AFRIQUE DE L OUEST

SYNTHESE DE PRESENTATION DU PPILDA

Quelles ressources pour vivre seul, en 2014, dans une commune du Doubs? Essai d évaluation

MARS rapport d analyse. étude de la situation nutritionnelle des enfants vus par Médecins du Monde à Mayotte

L expérience des services financiers et la connaissance de l ACFC - le point de vue du public

FORMULES DE CALCUL. Prix = PV TTC = PV HT x (1 + taux de TVA) TVA = PV HT x taux de TVA PV HT = PV TTC 1 + taux de TVA

Investir à long terme

Livret 10. Mise à jour février Département Tertiaire

L Assurance agricole au Sénégal

Perspectives économiques régionales du Moyen-Orient et de l Afrique du Nord

L OBSERVATOIRE DES CRÉDITS AUX MÉNAGES. Tableau de bord. 25 ème rapport annuel. Michel Mouillart Université Paris Ouest 29 Janvier 2013

Pour une meilleure santé

* Champs obligatoire. Déclarations:

Sécurité et insécurité alimentaire chez les Québécois : une analyse de la situation en lien avec leurs habitudes alimentaires

CONGRES REGIONAL CTA/ ATPS DE LA JEUNESSE EN AFRIQUE

Analyse approfondie de la sécurité alimentaire et de la vulnérabilité (CFSVA) R é p u b l i q u e Démocratique du Congo

Analyse et exploitation des données du rapport. du PNUD sur le développement humain

Programme du Forum National sur la Nutrition et l Alimentation à l Hôtel KEMPINSKI N Djamena avril 2015

DTM Suite. PRECISION feeding. DTM Suite LE PRODUIT FONCTIONALITÉS ET AVANTAGES

Enquête sur la Sécurité Alimentaire des Ménages en Mauritanie (ESAM) Page 2

Dérivés Financiers Contrats à terme

LES ENSEIGNEMENTS DE L OBSERVATOIRE DE L ENDETTEMENT DES MENAGES. LES CREDITS DE TRESORERIE AUX PARTICULIERS EN FRANCE

Mettez vos bénéfices non répartis à l œuvre

Connaître les Menaces d Insécurité du Système d Information

RÉSULTATS DE L OBSERVATOIRE TECHNICO-ÉCONOMIQUE DU RAD Synthèse Exercice comptable 2010

UNE REFLEXION PREALBLE

Fonds d investissement Tangerine

L ADIL Vous Informe. Le prêt relais

POUVOIR D ACHAT : la condition de vie des travailleurs

Comment développer les métiers agroalimentaires en Afrique subsaharienne? Extraits d étude

C R É D I T A G R I C O L E A S S U R A N C E S. Des attitudes des Européens face aux risques

L OBSERVATOIRE DES CREDITS AUX MENAGES

Le test de dépistage qui a été pratiqué à la

Comité des produits Discours du Directeur général. 29 mai DISCOURS D OUVERTURE DU DIRECTEUR GÉNÉRAL AU COMITÉ DES PRODUITS.

Endettement des jeunes adultes

EPARGNE, INVESTISSEMENT, SYSTEME FINANCIER

JEF. Programme pour les Jeunes en Formation

Kayes, le 09 Avril 2013

Cadre de Développement de la Stratégie Nationale de Protection Sociale en Côte d Ivoire

Intervention: Pauvreté et Acces à la Justice

Détail des cultures de l'exploitation en 2007

Epargner pour le Changement : Inclusion financière et résilience pour les populations les plus pauvres du monde

Chocs des prix internationaux et bonnes pratiques agricoles au Burkina Fao

Macroéconomie. Monnaie et taux de change

TEST DE DÉPISTAGE DE L IMMUNITÉ CONTRE LE

Conventions de calcul pour la réalisation des cas types en agriculture biologique

Mesure du surendettement en Europe

Integrating Nutrition and food security programming. Sharing Good practices Tchad / 2014

Fiche d animation n 1 : Pêle-mêle

Entre mal-être et bien être : comment vont les étudiants. Premiers résultats. Damien BERTHILIER Président La Mutuelle des Étudiants LMDE-EPSE

Transactions de l agriculteur 1.5 /kilo 2.0 /kilo 2.5 /kilo Vente de la récolte l agriculteur

Quelles sont les chances des petits producteurs de se

COMMENTAIRE. Services économiques TD

CENTRE DE RECHERCHE EN SCIENCES ANIMALES DE DESCHAMBAULT. Plan HACCP bœuf qualité plus pour les bovins de boucherie

Les critères d identification des pays les moins avancés

LIVRET 3 (LDSS-4148C-FR)

RETOUR SUR LA RÉFORME DES ALLOCATIONS D INSERTION

EPREUVE ECRITE D ADMISSIBILITE

Exemple d utilisation des outils MicroSave-Africa au Brésil

L offre d énergie: une comparaison France, Allemagne et Japon. Par Pierre Lasserre, Sciences économiques Université du Québec à Montréal

POINTS DE VUE DES CANADIENS SUR LA COUVERTURE DES MÉDICAMENTS D ORDONNANCE

Correction du bac blanc CFE Mercatique

Présentation des animations Aux Goûts du Jour

À quoi le Québec ressemblera-t-il en 2030?

PRESENTATION DE L AMAB ET DE SES PRODUITS

L eau c est la vie! À l origine était l eau... La planète bleue. Les propriétés de l eau. L homme et l eau. ... et l eau invita la vie.

Calcul de la marge brute en production laitière

Transcription:

Evaluation de la sécurité alimentaire en milieu rurale Djibouti- Mai 2012 12 Juillet 2012

OBJECTIFS Evaluer la situation de la sécurité alimentaire en milieu rural Identifier les zones et populations en insécurité Alimentaire Suivi de l évolution de la situation de la sécurité alimentaire par rapport a 2011

Méthodologie Enquêtes Ménage (profil socio-économique et démographique, dépenses du ménage, consommation, accès a l alimentation, à l eau et aux soins, exposition du ménage au risque et sa réponse, biens et moyens d existence, migration, saisonnalité) Questionnaires communautaires

Couverture de l enquête 2 strata: zones de moyens d existence et régions 74 localités et 888 ménages prévus / 74 localités et 861 ménages visites

Régions et Zones de moyens d existence Issue de l Atelier d analyse IPC Djibouti Decembre 2011

RESULTATS

Profils de sécurité alimentaire 49% des ménages sont en insécurité alimentaire sévère La situation s est détériorée par rapport a 2011 (42% en insécurité alimentaire sévère)

Evolution par rapport à 2011 Détérioration de la consommation alimentaire: plus de 70% des ménages ont une consommation alimentaire pauvre ou limite contre 57% l année dernière. Forte dépendance des dons et de l aide: le pourcentage des ménages qui dépendent des dons (aide alimentaire, familiale et communautaire) a augmenté de 11% en 2011 à 20% en 2012.

Evolution par rapport à 2011 Fort diminution des biens: 24% des ménages a procédé à des ventes inhabituelles de bétail en 2012 (contre 10,5% l année dernière). Dans 78% de cas, ils l ont fait pour acheter de la nourriture. Diminution des revenus: 58% des ménages estiment que leurs revenus sont inférieurs à ceux de l année dernière.

Causes de l insécurité alimentaire Pauvreté chronique exacerbée par le manque d opportunités de travail Sécheresse récurrente qui empêche le renouvellement des pâturages et a décimé les cheptel Niveau élevé des prix des produits alimentaires qui n ont jamais retrouvé leur niveau d avant la crise de 2008 Niveau de revenu très bas et 35% de leurs sources de revenu sont pas soutenables (aide, vente de charbon, transferts financiers).

Caractéristiques des ménages en insécurité alimentaire Niveau de consommation alimentaire très mauvais (riz, huile, sucre, condiments) Manque de biens Niveau de dépenses très bas (58 FD p/j) Forte dépendance de l aide

Répartition géographique de l insécurité alimentaire La région qui a le plus fort taux d insécurité alimentaire sévère est celle d Ali Sabieh (77%) suivie par la région d Obock (55%).

Définir l indice de sécurité alimentaire Les indicateurs utilisés 1. Consommation alimentaire (FCS) 2. Dépenses pouvoir d achat 3. Les biens 4. Stratégies de survie 5. Accès a l eau (lt per capita) 6. Bétail (tropical livestock unit)

Consommation alimentaire: 73% des ménages a une diète pauvre ou limite

Un régime alimentaire généralement pauvre

Les ménagés qui ont du bétail ont une meilleure condition de sécurité alimentaire Sources des aliments pour les ménages IAS Sources des aliments pour le ménages SA

Bétail: quantité insuffisante pour la sécurité alimentaire Possession de bétail par groupe de sécurité alimentaire (nombre d animaux en moyenne) Groupes de sécurité alimentaire Insécurité alimentaire sévère Insécurité alimentaire modérée Anes Chamea ux Vaches Chèvre s Mouto ns Volaille Unité de bétail tropica l,52,65,13 10,07 1,13,03 2,1270,66 2,29,64 16,04 2,79,01 4,2865 Sécurité alimentaire,62 1,51,81 13,67 1,71,03 3,9294 Total,58 1,31,43 12,58 1,73,02 3,1437 20% des ménages en insécurité alimentaire sévère et 13% de ceux en insécurité modérée ont vendu des animaux reproducteurs pendant les sept jours précédant l enquête. 40% des ménages ont vendu un animal (vente inhabituelle) pendant les 12 derniers mois.

Biens: erosion du capital des ménages Les ménages possèdent généralement très peu de biens (quatre en moyenne) 25% des ménages en insécurité alimentaire sévère et 22% de ceux en insécurité modérée ont vendu des biens pendant les sept jours précédant l enquête.

Le pouvoir d achat est très bas 86 FD/P/J ce que le 50% des ménages dépense 119 FD/P/J en moyenne (117 en 2011) En moyenne, Le 73% des dépenses est pour l alimentation

Dépenses alimentaires consacrées principalement à l achat de céréales, d huile et de sucre

Stratégies de survie Pendant la semaine précédant l enquête, 60% des ménages ont eu des moments où ils n ont pas eu assez d argent pour acheter de la nourriture. Pendants les 7 jours précédant l enquête 25% des ménages ont vendu un biens et 15% ont vendu un animal reproducteur pour faire face au manque de nourriture.

Stratégies de survie Stratégies plus utilises par rapport a la consommation alimentaire: L achat d aliments moins chers et moins préférés (37% des ménages 7j/7) Limiter la quantité de nourriture aux repas tous les jours de la semaine (32% des ménages 7j/7) Emprunter des aliments ou compter sur l aide de la famille ou amis. (16% 7j/7)

Période de difficultés: de mai à septembre Tous les ménages ont plus de difficultés pour se procurer suffisamment de nourriture l été entre mai et septembre. Le pic des difficultés est en août.

Sources de revenus Diversification du revenus: 40% des ménages ont deux sources de revenus. En 2011, seulement 24% des ménages avaient deux sources de revenus. Cette augmentation pourrait indiquer que les familles ont plus de difficultés à faire face à la situation et cherchent à diversifier leurs sources de revenus. Seulement pour 18% des ménages les bétail est la première source de revenus

Sources de revenues: 35% pas soutenable (aide, vente de charbon, transferts)

EAU 84% de ménages utilise une source d eau non protégé. Parmi eux 40% utilisent un puits de surface Le 55% des ménages considère de n avoir pas accès a une quantité d eau suffisante. La grande majorité des ménages ont un accès très limité à l eau. 15% des ménages ont moins de 7,5 litres d eau par personne et par jour. 46% des ménages ont moins de 15 litres d eau par jour et par personne.

Distance de la source d eau 40 % d entre eux doivent marcher au moins une demie heure 25% doivent marcher entre une demie heure et une heure Plus de 11% doivent marcher jusqu à trois heures.

Shocks: sècheresse, hausse dex prix et mort du bétail sont les chocs principaux depuis 2009

Screening malnutrition Il y a un problème de malnutrition concernant les femmes 20% des ménages en insécurité alimentaire ont déclaré diminuer la ration des adultes au profit des enfants tous les jours de la semaine. Taux d émaciation chez les femmes Pourcentage de femmes malnourries (Entre 15 et 49 ans) Emaciation sévère (MUAC < 21.4*) 9,0 Emaciation modérée (MUAC >=21.4 & <=22.1*) 5,3 Emaciation sévère et modérée (MUAC < 22.2*) 14,3 * Seuils OMS 2005 % Taux de malnutrition aiguë chez les enfants Pourcentage des enfants souffrant de malnutrition aiguë (de 6 à 59 mois) % Malnutrition aiguë sévère (SAM) (MUAC < 11.5**) Malnutrition aiguë modérée (MAM) (MUAC >=11.5 & <12.5**) Malnutrition aiguë globale (GAM) (GAM) (MUAC < 12.5**) (SAM + MAM) 1 6,1 7,1

Groupes de sécurité alimentaire Groupes de sécurité alimentaire Pourcentage Population estimée moyenne Marge inferieur Marge superieure Insécurité alimentaire sévère 49 38800 34920 42680 Insécurité alimentaire modérée 28 22100 19890 24310 Sécurité alimentaire 23 18200 16380 20020 100 79100 71190 87010

Recommandations 1. Continuer à fournir une aide alimentaire inconditionnelle aux ménages en insécurité alimentaire sévère pendant au moins les douze prochains mois. 2. Continuer à fournir une aide alimentaire inconditionnelle pendant la période de soudure (de mai à septembre) aux ménages en insécurité alimentaire modérée pour améliorer l accès aux aliments nutritifs et pour diminuer le risque de voir les ménages vendre ou perdre leurs biens les plus productifs tels que le bétail. 3. Continuer à fournir une aide alimentaire conditionnelle (vivre contre travail/vivres contre actifs) aux ménages en insécurité alimentaire modérée après la période de soudure de 2012 et jusqu au commencement de la prochaine période de soudure (octobre-avril) pour réduire la vulnérabilité aux shocks et encourager la diversité des emplois.

Recommandations (suite) 4. Continuer le programme de supplémentation alimentaire pour les enfants de moins de cinq ans et les femmes enceintes et allaitantes pour éviter une détérioration de la situation nutritionnelle. 5. Mener une enquête nutritionnelle pour mieux comprendre la situation actuelle. 6. Améliorer l accès à l eau à travers des projets pour en améliorer la qualité mais aussi augmenter le nombre de sources / points d eau. 7. Apporter une aide aux éleveurs pour maintenir leurs troupeaux en vie (à travers un soutien en nourriture animale) et protéger la ration alimentaire des ménages.

MERCI! Questions?