TOUS LES ANS le Commonwealth Fund réalise dans onze pays de l OCDE



Documents pareils
L ÉDUCATION THÉRAPEUTIQUE DU PATIENT EN 15 QUESTIONS - RÉPONSES

La prévention : caractéristique du positionnement de la Mutualité Française sur l ensemble de son offre

Référentiel Officine

Définition, finalités et organisation

Contribution de la Mutualité Française Centre à la Stratégie Nationale de Santé. Tours

Intervention de Marisol TOURAINE. Ministre des affaires sociales, de la santé et des droits des. femmes. Maison de Santé Pluridisciplinaire

Comment la proposer et la réaliser?

Organiser une permanence d accès aux soins de santé PASS

Diplôme d Etat d infirmier Référentiel de compétences

Note de synthèse Assurance Maladie. Information des professionnels de santé sur les produits de santé mars 2011

DE LA FORMATION CONTINUE À L OFFICINE

SUPPLEMENT AU DIPLÔME

Réseau de Santé du Pays des Vals de Saintonge Pôle de santé du Canton d Aulnay de Saintonge MSP Aulnay et Néré PROJET D AULNAY PSP

> Présentation du programme > Peps Eurêka - Mémoire : Pour donner du Peps à ses neurones et à sa vie... 4

Schéma Régional d Organisation des Soins VOLET AMBULATOIRE ANNEXE PHARMACIES DIAGNOSTIC DE L OFFRE AMBULATOIRE

Maisons de Santé Pluridisciplinaires. Conditions d éligibilité à des soutiens financiers

La formation comme levier de changement des pratiques

SYSTEMES D INFORMATION EN SANTE Journée régionale du 12 janvier Blois

Préparer la formation

TNS Behaviour Change. Accompagner les changements de comportement TNS 2014 TNS

les télésoins à domicile

Allocution d ouverture de Jean DEBEAUPUIS, Directeur Général de l Offre de soins

sociales (pour information) CIRCULAIRE DGS(SD6/A)/DGAS/DSS/2002/551 / du 30 octobre 2002 relative aux appartements de coordination thérapeutique (ACT)

FORMATION CONTINUE RECHERCHE APPLIQUÉE OUTILS PÉDAGOGIQUES. Promouvoir les soins pharmaceutiques

L assurance soins de santé en Belgique : une introduction. Thomas Rousseau 12 juin 2014

Pôle de compétence en promotion de la santé région Centre en Promotion de la Santé en Région Centre. Salon des formations en promotion de la santé

1 ère partie Amont de l'hôpital : organiser la permanence des soins une obligation médicale!

LE PROJET QUALITE-GESTION DES RISQUES- DEVELOPPEMENT DURABLE

Etude Santé Les Français et la santé : va-t-on vers un système à deux vitesses? Quelles solutions pour les candidats à l élection présidentielle?

Agence du patrimoine immatériel de l État

LE FINANCEMENT DES HOPITAUX EN BELGIQUE. Prof. G. DURANT

PARTIE I - Données de cadrage. Sous-indicateur n 9-1 : Nombre de consultations de médecins par habitant, perspective internationale

Préambule, définitions, limites du sujet :

L éducation thérapeutique des patients

Note sur l extension de la couverture d assurance maladie au Rwanda

CAHIER DES CHARGES Pour la mise en œuvre d une maison de santé pluridisciplinaire En Lot-et-Garonne

Vers une nouvelle génération de programmes d assurance médicaments. Présenté par Pierre Marion

L enjeu de la reconnaissance des pharmaciens comme éducateur de santé

Projet d école Guide méthodologique

e-santé du transplanté rénal : la télémédecine au service du greffé

La santé. Les établissements de l entité Mutualité Santé Services

Plan «Alzheimer et maladies apparentées»

UN NOUVEAU MODÈLE ÉCONOMIQUE. pour développer et pérenniser les centres de santé

Déclarations européennes de la pharmacie hospitalière

PLAN NATIONAL D ACTION POUR UNE POLITIQUE DU MEDICAMENT ADAPTEE AUX BESOINS DES PERSONNES AGEES

Annexe 2 Les expressions du HCAAM sur la coordination des interventions des professionnels autour du patient

Nouveaux rôles infirmiers : une nécessité pour la santé publique et la sécurité des soins, un avenir pour la profession

COMPTE-RENDU D ACCREDITATION DE LA CLINIQUE LA LIRONDE. Saint-Clément-de-Rivière Saint-Gély-du-Fesc

Bienvenue chez votre pharmacien

Création d une plateforme mutualisée de soins associée à une offre touristique

Mettre en place de plateformes inter-opérables mutualisées d informations et de services.

PACTE POUR LA RÉUSSITE ÉDUCATIVE

Comité Départemental de Prévention en Kinésithérapie de la Drôme FORMATIONS KINÉSITHÉRAPEUTES 2013 KINÉ DRÔME PRÉVENTION

SOMMAIRE 1 LA POLITIQUE GENERALE ET LA POLITIQUE QUALITE 2 UNE ORGANISATION PROFESSIONNELLE FORTE ET GARANTE DE SES MEMBRES 3 NOTRE SMQ

Réduire la pauvreté : comment les collectivités territoriales peuvent-elles être des catalyseurs du développement économique pro-pauvre?

Une forte dynamique des prescriptions de ces nouveaux anti-coagulants oraux

PROJET DE LOI DE SANTE

10 REPÈRES «PLUS DE MAÎTRES QUE DE CLASSES» JUIN 2013 POUR LA MISE EN ŒUVRE DU DISPOSITIF

Contact chargées de mission FEHAP Centre : Magali BASTELICA, magali.bastelica@fehap.fr, Nathalie PERPINIAL,

MINISTÈRE DU TRAVAIL, DE L EMPLOI ET DE LA SANTÉ MINISTÈRE DES SOLIDARITÉS ET DE LA COHÉSION SOCIALE SANTÉ ETABLISSEMENTS DE SANTÉ.

NOTRE TRAVAIL C EST VOTRE SANTE. Présentation en avant-première. Un outil communicant pour garder son indépendance en toute sécurité

2È JOURNÉE NATIONALE DE FORMATION DES PHARMACIENS CANCER ET ACCOMPAGNEMENT DU PHARMACIEN : UN PREMIER PAS VERS LA RÉSILIENCE.

BRANCHE DU NÉGOCE ET PRESTATIONS DE SERVICES

SOMMAIRE COMMUNIQUÉ DE PRESSE. p. 3. p. 4 LE CESU. p. 5. Les outils. p. 6. Le centre de simulation. Quelques chiffres

La présente note vise à expliciter de façon synthétique le contexte de lancement et le contenu du Projet ITEP coordonné et piloté par la CNSA.

Quel avenir pour les équipes mobiles de soins palliatifs?

Améliorer la coordination des soins : comment faire évoluer les réseaux de santé?

NOTE D INFORMATION L AGENT TERRITORIAL SPÉCIALISÉ DES ÉCOLES

L Institut national d assurance maladie-invalidité. Son organisation, ses missions et son rôle dans la sécurité sociale

La prise en charge d un trouble dépressif récurrent ou persistant

assurance collective Assurance médicaments Des solutions intégrées pour une gestion efficace

LE FINANCEMENT. MSPD Eric Fretillere Conseil Régional de l Ordre des Médecins d Aquitaine CDOM 47Page 1

Maison ou un Pôle de santé

BILAN projet DIABSAT Diabétologie par Satellite

L assurance qualité N 4. Décembre 2014

État de la situation: dépenses en médicaments au Québec, comparaison canadienne et internationale

Pascal LACHAISE Paul TORNER. Matthieu PICARD

Eléments de présentation du projet de socle commun de connaissances, de compétences et de culture par le Conseil supérieur des programmes

Fédération des Syndicats Pharmaceutiques de France

«La Mutualité Française ouvre de nouveaux chantiers innovants.»

Appel à propositions

RECENSEMENT DES USAGES EXPRIMÉS. De nombreux usages potentiels exprimés par les adhérents avec des degrés de maturité et de faisabilité variables

L observatoire «Entreprise et Santé»

La Mutualité en chiffres

La prise en charge. de votre affection de longue durée

Conférence mondiale sur les déterminants sociaux de la santé. Déclaration politique de Rio sur les déterminants sociaux de la santé

La preuve par. Principaux enseignements du bilan des PRT et. du recensement des projets télémédecine 2013

L approche populationnelle : une nouvelle façon de voir et d agir en santé

Les ateliers de pratique réflexive lieu d intégration des données probantes, moteur de changement de la pratique

repères pour agir et mettre en place un projet de consolidation des compétences de Base des Apprentis

Observance des traitements par les malades chroniques

L éducation thérapeutique du patient

Nouveau plan greffe : Axes stratégiques pour l avenir

Une école adaptée à tous ses élèves

Alain FAYOLLE. Éditions d Organisation, 2003 ISBN :

P atients S anté T erritoires

Charte de la Société suisse de la sclérose en plaques

La prise en charge de votre artérite des membres inférieurs

Planification familiale et. Cheickna TOURE Directeur Général Adjoint Union Technique de la Mutualité Malienne UTM

Transcription:

Préface Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. TOUS LES ANS le Commonwealth Fund réalise dans onze pays de l OCDE une enquête sur la perception par les patients ou par les médecins généralistes de leur système de santé. Dans celle réalisée en 2011, la France était en dernière position pour ce qui concerne la décision partagée entre médecin et patient. Seulement 37 % des patients interrogés pensaient que leur médecin leur donnait la possibilité de poser des questions sur le traitement recommandé, leur parlait des différentes possibilités thérapeutiques et les impliquait dans le choix du traitement. Il reste donc du chemin à parcourir pour qu en France le patient soit davantage acteur de sa propre prise en charge. La ministre de la Santé, Marisol Touraine, l a reconnu lors du lancement de la stratégie nationale de santé et en a fait un des trois axes prioritaires pour les prochaines années. Une meilleure participation du patient à sa prise en charge débute bien sûr par une meilleure information non seulement sur les pathologies et leurs traitements, mais aussi sur les moyens mis à disposition, la qualité des soins délivrés dans les établissements de santé. Beaucoup est fait dans la presse écrite et audiovisuelle et de plus en plus sur l internet. Mais la qualité scientifique et l indépendance intellectuelle de ces informations peuvent poser question. Des bases de données et sites d informations produits et contrôlés par les institutions sanitaires indépendantes comme la Haute autorité de santé sont indispensables et se mettent en place. Mais l éducation thérapeutique du patient (ETP) va plus loin. Elle s adresse surtout aux patients atteints de maladies chroniques. C est Préface V

Préface l ensemble des activités qui aident les patients à acquérir ou maintenir les compétences dont ils ont besoin pour gérer leur vie avec une maladie chronique. Les objectifs sont d acquérir les compétences pour participer à la surveillance et à l adaptation d un traitement notamment pour une plus grande sécurité des traitements, et pour effectuer les gestes nécessaires au traitement. Mais plus généralement le but de l éducation thérapeutique du patient est de lui permettre de s adapter à sa maladie en fonction de sa personnalité et de son environnement professionnel et familial. La loi Hôpital Patient Santé Territoires a confié à la Haute autorité de santé la mission d évaluer les programmes d éducation thérapeutique du patient. Pour remplir cette mission, très lourde compte tenu de la multiplicité des pathologies et programmes, la HAS a produit plusieurs recommandations et guides destinés à aider les professionnels de santé, les patients et leurs associations à élaborer des programmes d ETP, mais aussi des guides méthodologiques pour évaluer et améliorer les programmes. Ce livre est très utile, car non seulement il explique les besoins et retrace les méthodes, mais surtout il décrit des initiatives pilotes et rassemble des retours d expérience. Il peut donc servir de guide à tous ceux qui souhaitent développer, dans leur pratique, cette composante de plus en plus indispensable de la prise en charge qu est l éducation thérapeutique du patient. Professeur Jean-Luc HAROUSSEAU, Président de la Haute Autorité de Santé VI

Table des matières Préface V Avant-propos XI 1 Apprendre au patient à acquérir les compétences pour mieux gérer sa vie 1 D où vient l éducation thérapeutique? 3 Une démarche désormais stratégique, 4 Vers une approche respectant le libre arbitre, 5 Qui s intéresse à l éducation thérapeutique et qui est concerné? 6 L éducation thérapeutique dispose désormais d un cadre réglementaire 7 Une nouvelle loi sur l école devrait aussi faire progresser l éducation à la santé, 8 Former les patients : de l idée à l action 9 Les six premières étapes, 9 L éducation initiale, suivi ou programme de reprise éducative, 15 Un lent cheminement, 22 Comment repérer les capacités de chacun à se prendre en charge? 28 Quelques activités de la pratique en ETP, 30 Comment évaluer et confirmer des compétences acquises par les patients?, 41 Encore peu d études sur l efficacité, 43 Les programmes d éducation thérapeutique font l objet d autorisations, 58 Ce que n est pas l éducation thérapeutique 60 Table des matières VII

2 Retour d expériences des pionniers de ces enseignements 63 Apprendre pour mieux comprendre et agir 64 Aider le patient à la compréhension de sa maladie et de ses traitements, 64 Soutenir et accompagner les patients, 65 Promouvoir le bon usage du médicament, 65 Apprendre et renforcer les techniques particulières de prise de certains médicaments, 66 Aider le patient à l apprentissage de l autosurveillance, 66 La place des médecins généralistes dans l éducation thérapeutique du patient, 67 Des programmes moteurs 68 Les pionniers du diabète, 68 Université des patients, 73 Des initiatives qui inspirent les professionnels dans toutes les maladies chroniques, 78 Les soignants s imposent comme les meilleurs pédagogues 80 L éducation thérapeutique dans la formation initiale des professionnels de santé, 80 Comment concilier l accessibilité de l ETP au plus grand nombre de patients et l offre d éducation thérapeutique par les soignants?, 81 Table des matières 3 Quel financement pour l éducation thérapeutique? 87 Un financement appelé à évoluer 88 L information thérapeutique pourrait devenir un produit marchand, 89 De nouveaux fonds d intervention régionaux, 90 Des niveaux de rémunération très hétérogènes, 91 Vers le «FORFAIT ÉQUIPE», 91 Un enjeu financier devenu primordial 92 Des enseignements à construire sur l expérience des associations 94 Apprendre à s adapter à la personne malade, 95 Privilégier le dialogue, 95 La question d autonomie de la volonté, 96 Faire évoluer la «soignant-attitude», 98 Inviter les patients à poser des questions, 98 Ouverture des réunions de concertation pluridisciplinaires (RCP), 100 Accepter le partage des savoirs, 100 La médecine personnalisée réclame plus de pédagogie, 101 4 Le développement des prises en charge en ambulatoire 103 Des actions ciblées sur la qualité 104 Vers une approche pédagogique spécifique, 105 Une approche collaborative, 105 Pour des soins participatifs, 106 Les vertus du suivi à distance, 107 Les patients de plus en plus mis à contribution 109 Un programme pilote en hôpital de jour à l institut Curie, 110 VIII

Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. 5 Les expériences pédagogiques pilotes 113 Des établissements de santé essentiellement publics 113 Une nouvelle dynamique à l AP-HP, 113 Les hospices civils de Lyon s organisent, 114 Les hôpitaux de Marseille multiplient les ateliers, 115 Les pharmaciens priment les meilleures initiatives, 117 Des structures d hospitalisation à domicile 118 Des réseaux de soins, 118 Des infirmières libérales prennent le relais, 137 Des prestataires de santé à domicile, 136 Des organismes de protection sociale (CNAMTS, RSI, MSA, mutualité française) 138 La CNAMTS s attaque au diabète, 138 La Mutualité française s attelle à l hypertension artérielle, 139 Des associations 141 Des maisons de santé 144 La maison de santé de Woerth, 144 Des collectivités territoriales via les centres municipaux de santé 145 Les centres de santé : des structures propices au développement des actions éducatives, 146 Des entreprises pharmaceutiques offrent essentiellement un accompagnement du patient 148 Des structures nouvelles 148 Des organismes privés spécialisés dans l éducation thérapeutique du patient et/ou d accompagnement, 148 Les évènements de sensibilisation, 148 La création d écoles, 149 6 Les outils 153 De nouvelles solutions e-santé : l arrivée des logiciels compagnons 153 Une étude française confirme l utilité des SMS dans l observance médicamenteuse 155 7 À l étranger 157 Des professionnels de santé toujours plus connectés 157 En Grande-Bretagne, le NHS repousse les limites de la personnalisation des messages 158 En Allemagne, la préférence est donnée aux séances d éducation thérapeutique de groupe 159 Table des matières IX

En Belgique, le trajet de soins individuel est privilégié 160 Aux Pays-Bas, l ETP se développe avant tout en ambulatoire 160 En Suisse, l accompagnement au sein des cabinets de médecine de premier recours 161 Au Canada, éduquer les patients pour leur donner les moyens de prendre les bonnes décisions 162 ANNEXES 1 Où se former à l ETP? 165 2 Quelques sites web de référence 173 3 Glossaire 177 Table des matières X

Avant-propos Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. DANS UN MONDE désormais tourné vers une médecine de précision de plus en plus complexe, l éducation thérapeutique du patient (ETP) est devenue un élément incontournable de la relation soignant-soigné. Plus que jamais, elle s affirme comme une clé décisive dans la perception du traitement et la guérison de la maladie. À mesure que les chances de guérison s accroissent et que la médecine devient de plus en plus prédictive, de nouvelles questions se posent : la nécessité de comprendre les avantages et les risques des choix thérapeutiques, l équitable accès au progrès en termes de prévention, dépistage, soin, etc. Nous avons tous pris conscience de cette réalité nouvelle d un patient acteur de sa maladie. Depuis des années déjà, nos professionnels à l Institut Curie et ailleurs se mobilisent pour concevoir les meilleurs outils pour la prise en charge, le partage et l acceptation de cette démarche. Comprendre au mieux sa maladie, impliquer son entourage, échanger avec nos professionnels de santé, mais aussi les associations de patients ou les anciens malades, tout ceci contribue de manière évidente à l amélioration de la qualité de vie du patient. Alors que les traitements s individualisent, l accompagnement doit se personnaliser en fonction de l état physique du patient, de sa capacité de compréhension, de sa situation personnelle et familiale, etc. Ces leviers essentiels à un mieux-vivre, et donc à un mieux-guérir, se déclinent aujourd hui en critères mesurables. Avant-propos XI

Je salue l ouvrage de Laurence Mauduit, qui vient nous rappeler que c est le chemin qui a valeur de méthode. L ETP est au cœur de nos préoccupations d aujourd hui. Elle nous engage aussi, et avec tout autant de force et d efficacité, à affronter plus sereinement les défis de demain. Professeur Pierre TEILLAC Avant-propos XII

Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. 1 APPRENDRE AU PATIENT À ACQUÉRIR LES COMPÉTENCES POUR MIEUX GÉRER SA VIE EN 2012, près de 15 millions de personnes étaient déjà atteintes de maladies chroniques en France. Ceci amène les pouvoirs publics à repenser le suivi des soins où les patients sont invités à devenir de plus en plus autonomes. L éducation thérapeutique du patient (ETP) constitue un axe stratégique fort des politiques de santé actuelles qui encouragent le développement de la formation des patients pour une meilleure prise en charge. Les professionnels du soin sont en première ligne pour développer des actions visant à identifier et renforcer les compétences des intervenants en ETP, amenés à se multiplier sur le terrain. Pas moins de 3 000 initiatives sont aujourd hui recensées par la Haute autorité de santé. Reposant jusqu alors sur la bonne volonté des équipes de soins, cette activité d éducation thérapeutique s articule désormais sur des compétences requises pour dispenser ou coordonner l ETP. Ces compétences viennent d être redéfinies et précisées dans un 1. Apprendre au patient à acquérir les compétences pour mieux gérer sa vie 1

1. Apprendre au patient à acquérir les compétences pour mieux gérer sa vie décret et un arrêté 1 qui dessinent précisément les contours de cette activité restée trop longtemps marginale. Aujourd hui, l éducation thérapeutique est devenue une composante indissociable des traitements médicamenteux et du soutien psychologique proposés aux patients. Elle conduit les patients à développer durablement des compétences en les positionnant comme partenaires des soignants. Les patients sont appelés à devenir des citoyens éclairés vis-à-vis des enjeux de santé dans notre société. Les professionnels de santé, les pouvoirs publics et les patients partagent cette volonté de développer l éducation thérapeutique devenue au fil du temps une préoccupation majeure en matière de santé publique. Depuis une quinzaine d années, les publications se sont multipliées sur cette question. Parmi les plus significatives, on se souvient du plan national d éducation à la santé de 2001, bientôt suivi des programmes nationaux d action élaborés par le ministère de la Santé sur le diabète, les maladies cardio-vasculaires et l asthme l année suivante. En juin 2007, la Haute autorité de santé (HAS) et l Institut national de prévention et d éducation pour la santé (Inpes) ont publié un guide méthodologique pour structurer le premier programme dans le champ des maladies chroniques. Une initiative suivie du plan pour l amélioration de la qualité de vie des personnes atteintes de maladies chroniques 2007-2011. Bien documentée depuis des années, l éducation thérapeutique n est pas si simple à mettre en œuvre. Peu de professionnels ont été formés pour dispenser «cet enseignement individuel ou collectif à un patient ou à son entourage visant à améliorer la prise en charge médicale d une affection, notamment d une affection de longue durée 2». 1. Le décret n 2013-449 du 31 mai 2013 relatif aux compétences requises pour dispenser ou coordonner l éducation thérapeutique du patient et l arrêté du 31 mai 2013 modifiant l arrêté du 2 août 2010 relatif aux compétences requises pour dispenser l éducation thérapeutique du patient. 2. JO 06/09/2008 ( commission générale de terminologie et de néologie) vocabulaire de la santé : liste de termes : expressions et définitions adoptées. 2

Dunod Toute reproduction non autorisée est un délit. D où vient l éducation thérapeutique? Il n existe pas à proprement parler d analyse historique de l éducation thérapeutique. Des recherches restent à entreprendre pour mieux en comprendre l origine. Il est certain que l éducation thérapeutique entretient des liens avec toutes les formes d éducation dédiées à la santé, à la médecine qui ont connu des finalités bien différentes selon les périodes de l histoire. Il a d abord été question d éducation hygiénique et sanitaire, puis d éducation spécialisée et d éducation à la santé avant de parler aujourd hui d éducation pour la santé. Il est probable que les formes d éducation par les pairs, l éducation populaire contribuent à l émergence de l éducation thérapeutique. Actuellement, on parle des éducations en santé parmi lesquelles on distingue quatre composantes : l éducation à la santé qui comprend notamment la prévention comportementale et nutritionnelle, la promotion de l activité physique et sportive et la lutte contre les addictions. Elle s exprime par des actions individuelles ou collectives qui permettent à chacun de gérer son patrimoine santé ; l éducation du patient à sa maladie qui concerne les comportements liés à la maladie, au traitement et à la prévention des complications et des rechutes. Elle s intéresse notamment à l impact de la maladie sur d autres aspects de la vie. Elle se nourrit de rencontres avec d autres patients, le goût d entraide et de l aide d éducateurs souvent indispensable à ce type d action ; les programmes d apprentissage : qui ont pour objet l appropriation par les patients de gestes techniques permettant l utilisation d un médicament le nécessitant. Ces programmes et les documents pédagogiques utilisés sont soumis à une autorisation délivrée par l agence nationale des produits de santé (ANSM) ; l éducation thérapeutique proprement dite concerne les actions d éducation liée au traitement curatif ou préventif d une pathologie chronique et repose pleinement sur le ou les soignants dont l activité d éducation thérapeutique fait partie intégrante de leur fonction. Il s agit donc d un processus éducatif continu intégré dans les soins et centré sur le patient. 1. Apprendre au patient à acquérir les compétences pour mieux gérer sa vie 3