L'évaluation qualitative des relogements dans l'agglomération grenobloise Point d'étape FRARU Saint Etienne 30 avril 2010
Repères : les sites en rénovation urbaine dans l'agglomération grenobloise 5 conventions ANRU, 1 opération isolée 1 programme-cadre d'agglomération comprenant aussi des sites «hors ANRU» 975 démolitions programmées d'ici 2015, dont 450 environ effectuées aujourd'hui 5 sites concernés par l'évaluation qualitative des relogements : Teisseire et Mistral à Grenoble, la Plaine à Saint Martin d'hères, Bastille à Fontaine et Village 2 à Echirolles
Le partenariat Une démarche portée par la communauté d'agglomération avec le soutien des villes, des bailleurs sociaux (ABSISE), de l'etat et de la CAF Une évaluation qualitative et pluri-anuelle (arrivée à terme en 2012) confiée à l'observatoire Social de Lyon (O.S.L) Suivi en continu dans le cadre d'un groupe technique partenarial à l'échelle d'agglomération (villes et CCAS,DDE, bailleurs, CAF, fédérations de locataires) Présentations et discussions «ad hoc» (exemples : comité de pilotage relogement d'un site particulier, équipe MOUS ville de Grenoble..) Comité de pilotage spécifique à constituer en 2010
Cadre méthodologique & contenu de la mission AXE 1 : ANALYSE DES MATERIAUX EXISTANTS - documents et données disponibles sur le relogement par sites - entretiens auprès des acteurs clés du relogement AXE 2 : REALISATION D UNE ENQUETE EVALUATIVE - modalités : 145 entretiens au total (au moins 20/site), réalisés au nouveau domicile, prise de contact 1 an après le relogement, échantillon représentatif - objectifs : évaluer l'impact du relogement sur la trajectoire résidentielle et la vie sociale, mesurer l'appréciation du relogement par les ménages (qu'est-ce qu'un parcours résidentiel ascendant?), questionner l'amélioration du dispositif et des poliques publiques...
Cadre méthodologique & contenu de la mission(2) AXE 3 : ANIMATION D UNE REFLEXION COLLECTIVE Alimenter la réflexion sur le plan stratégique et politique 2 échelles d'analyse : - analyse des entretiens site par site - approche transversale Intérêt d'une dimension historique : au fil du temps entre les 5 opérations, un cadre collectif & des engagements entre acteurs du relogement et habitants de + en + formalisés (élaboration de chartes, garanties sur le nombre de propositions, les travaux etc)
Premiers éléments d'analyse : le PRU et l'annonce de la démolition En termes de compréhension et d'adhésion au PRU, 3 élémentsclefs : * L état du bâti au moment de l annonce * L identité du quartier / le sentiment d appartenance * La capacité du quartier à produire une parole collective Sur l'annonce du projet de démolition : - un sentiment assez partagé sur la nécessité de démolir..mais certains s étonnent du choix de leur immeuble, alors que d autres leur paraissaient en plus mauvais état - certaines suspicions quant aux motifs avancés de la démolition - regret que la reconstruction n ait pas précédé la démolition
Premiers éléments d'analyse : l'accompagnement - sentiment général d une attention forte, d un suivi, avant le relogement - les efforts du bailleur et/ou de la ville sont volontiers soulignés - mais ceux qui ont demandé des travaux après relogement ou qui ont souhaité redéménager se sentent abandonnés : «après la signature du bail, c est fini, on n intéresse plus personne» - question récurrente : la fin de l'accompagnement
Premiers éléments d'analyse : les propositions de relogement - les attentes principales : rester dans le même quartier ou secteur, une taille de logement adaptée, un taux d'effort stable ; sur l'accès au neuf, des différences notables selon les sites - principaux motifs de refus selon les ménages : la taille du logement, le quartier (refus des propositions dans d'autres quartiers en renouvellement urbain) - tendance à minimiser le nombre de propositions qui a été fait - sentiment général «qu il valait mieux ne pas se presser»
Premiers éléments d'analyse : les propositions de relogement (2) Trois profils se dessinent : - ceux qui ont accepté la 1ère proposition, de peur de ne pas en avoir d autres ou d'être expulsés - ceux qui ont choi si d attendre et de négocier (attente d un logt neuf ou de taille adaptée) - ceux qui étaient en attente de mutation, pour qui la démolition a été un soulagement ; ils ont généralement fait pression pour obtenir exactement ce qu ils voulaient
Premiers éléments d'analyse : le nouveau logement - les logements neufs sont considérés moins lumineux (car non traversants), les pièces sont plus petites - attention particulière à la disposition des appartements, à l'existence d'un balcon ou non, à la cuisine (certains disent avoir refusé un logement neuf à cause de la cuisine trop petite ou américaine-) - le relogement a permis d adapter la taille du logement aux besoins La question des travaux dans le nouveau logement (traitement des malfaçons) vient retarder le sentiment d installation dans le logement. Le ménage a le sentiment que rien n a changé par rapport à la prise en compte de ses besoins
Premiers éléments d'analyse : la résidentialisation Un sentiment positif mais deux craintes : - sur le manque d entretien : doute sur la capacité des bailleurs à gérer et entretenir - en termes de répercussions sur le niveau des charges (entretien des espaces résidentialisés à Teisseire) Dans l ancien, la qualité de l entretien des parties communes retient l attention des relogés (comparaison avec le logement quitté)
Premiers éléments d'analyse : les coûts et les charges - Quasiment tous les ménages ont connu une hausse. Certains (qui estiment avoir bien négocié leur relogement) s en accommodent ; d autres cherchent à donner du sens à cette hausse. - Sur Mistral (et Teisseire), il existe une incompréhension par rapport à la hausse du coût du chauffage. Certains ménages sont désorientés par le passage d'un mode de chauffage collectif (paiement intégré aux charges locatives) à un mode individuel, inversement le fait de conserver le même type de présentation de la quittance peut être rassurant. D'autres se sentent en inconfort par rapport à leurs habitudes dans leur ancien logement («on a plus froid qu'avant»..). - Les ménages relogés dans le neuf ne comprennent pas toujours le montant de leurs charges, qu ils jugent trop élevées.
Premiers éléments d'analyse : le quartier (nouveau ou en renouvellement) - les ménages relogés dans le neuf sont plutôt satisfaits de la qualité esthétique du bâti (Mistral, Teisseire, Echirolles)...mais ont le sentiment d un bâti très concentré avec des immeubles construits trop près les uns des autres ; certains ont demandé à rester dans l ancien pour ces raisons (pas de vis-à-vis, vue sur la montagne) - l arrivée de nouvelles populations suscite parfois des craintes (Teisseire), liée à une stigmatisation des autres quartiers en renouvellement urbain. - les habitants peuvent avoir leur propre vision de la frontière entre «le quartier» et le «hors quartier» - sur Mistral, les habitants sont très satisfaits de l'implantation d un magasin de proximité. Concernant la Plaine, les ménages continuent à faire leurs courses dans l ancien quartier par manque d équipements dans le nouveau.
Premiers éléments d'analyse : la vie sociale - Selon les relogés hors-quartier : la sociabilité de voisinage s est dégradée (nostalgie) Sentiment d isolement observé plutôt auprès des personnes âgées ; sur Teisseire, l accent à été mis sur la conservation des réseaux de voisinage existants. - dans leur nouveau quartier, les ménages distinguent : * les anciens de leur quartier d origine, relogés comme eux, avec qui ils entretiennent des liens très forts * les autres locataires, avec lesquels les relations sont très pauvres - Les personnes qui avaient peu de relations avec leurs voisins ont le sentiment d avoir gagné en tranquillité ; ceux qui avaient des liens forts avec leurs anciens voisins ont cherché à les conserver (voisinage, invitation, rencontres sur le marché..) - Les enfants privilégient le fait de rester sur leur quartier pour conserver leurs amis ; Sinon, ils retournent dans l ancien quartier pour leurs loisirs.
Premiers éléments d'analyse : les trajectoires résidentielles - les ménages qui ont perçu leur trajectoire comme ascendante sont : * les ménages relogés dans le neuf, dans le même quartier * ceux qui étaient en attente de mutation, ont négocié et ont en général obtenu un logement correspondant à leurs attentes, malgré l augmentation du taux d effort - une part des ménages qui ont accepté (trop) rapidement la 1ère proposition, relogés dans des immeubles anciens et des quartiers non réhabilités, ont le sentiment que leur situation s est dégradée. Ils se comparent aux ménages relogés dans le neuf
Premiers éléments d'analyse : les trajectoires résidentielles (2) - Une partie d'entre eux s est, depuis, outillée et s est engagée dans un projet de déménagement. L autre, insatisfaite, attend qu on lui fasse des propositions de relogement alors que le dispositif est terminé - Quelques ménages ont pensé pouvoir renchérir sur les négociations en n acceptant que tardivement la dernière proposition. Ils ont plutôt le sentiment d une stagnation de leur trajectoire résidentielle. - Certains ménages souhaiteraient une mutation pour adapter leur logement à de nouveaux besoins ; ils sont déçus de ne pouvoir bénéficier de nouveau du dispositif de relogement
Quelques pistes de travail identifiées autour des relogements L'accompagnement au changement. Les ménages sont attachés à retrouver dans le nouveau logement ce qui leur convenait dans la disposition des pièces (cuisine, balcon, vue sur la montagne..) et les modalités de règlement des charges. La mise en place, dès l'amont, d un travail d explication et d accompagnement des changements peut rassurer le ménage et éviter de le placer dans des situations financières délicates La dimension sociale de l accompagnement. Comment porter une attention particulière aux ménages pressés d accepter la première proposition et angoissés par le relogement (ceux qui n avaient pas déposé antérieurement une demande de mutation)?
Quelques pistes de travail identifiées autour des relogements (2) Comment favoriser l émergence ou le soutien d une parole collective dans les quartiers? Cette expression favorise la compréhension du dispositif et renforce la capacité des ménages à identifier leurs besoins par rapport au nouveau logement Comment préparer la sortie du dispositif? Il s agit de ne pas laisser s installer le sentiment d «abandon» et de poursuivre l accompagnement en aval du relogement lui-même Exemples : soutien à la mise en place d instances (type comité de résidents), maintien d'une relation d écoute entre le bailleur et le locataire, développement d'un accompagnement post- relogement, mise en lien avec les réseaux associatifs et les équipements du nouveau quartier.
Des questions à approfondir au fil de l'évalution - l'impact du relogement sur les liens sociaux, le voisinage, l'intégration dans un nouveau secteur, la participation à la vie associative - l'appréciation et les usages des ménages relogés quant à l'offre d'équipements publics, de services et de commerces (y/c accès aux modes de garde, desserte TC..), sur le quartier d'habitation lui-même ou à proximité - l'impact du relogement sur le parcours éducatif des enfants (changement d'établissement scolaire ou pas, adaptation plus ou moins rapide...) - les effets plus ou moins directs en termes de situation professionnelle (déplacements domicile-travail, «marquage» à l'adresse, réseaux...)