MONNAIE, CRÉDIT ET BANQUE



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Monnaie, crédit et banque 01 MONNAIE, CRÉDIT ET BANQUE CHAPITRE 1 : LE SYSTÈME FINANCIER i 1. INTRODUCTION Pour étudier le système financier, nous allons aborder : Les marchés financiers o Les marchés financiers, marchés des changes, marchés obligataires,... Les institutions financières (acteurs) o Les institutions financières bancaires : les banques o Les institutions financières non bancaires : les assurances, les fonds communs de placement (mutual funds), les fonds de pension (pension funds),... Toutes les autres institutions qui participent aux marchés financiers. 1.1. POURQUOI S INTÉRESSER AUX BANQUES? Nous nous intéressons surtout aux banques car ce sont les seules institutions à pouvoir créer de la monnaie. Créer de la monnaie revient à collecter des dépôts pour ensuite les prêter à des entreprises qui souhaitent emprunter. Dès l instant où les banques ne sont pas obligées de conserver en réserve la totalité des dépôts collectés, elles peuvent créer de la monnaie. L accroissement de la monnaie dans l économie a pour résultat l inflation. Cet accroissement doit être gardé sous contrôle. La banque centrale possède un contrôle indirect sur la création monétaire. Elle peut contrôler le système bancaire grâce à son autorité sur les banques. Par contre, elle ne possède aucun contrôle sur les institutions non bancaires qui restent des acteurs très importants des marchés financiers (shadow banking system). 1.2. QUEL EST LE BIEN QUI S ÉCHANGE SUR LES MARCHÉS FINANCIERS? La monnaie est le bien qui s échange sur les marchés financiers. Cette monnaie peut être de la forme la plus liquide (des liquidités) à la forme la plus illiquide. La monnaie est un bien particulier : a) La monnaie ne possède pas d utilité intrinsèque : la détention de monnaie ne présente pas d utilité. Par contre, la monnaie possède une utilité indirecte : elle fournit un service indirect, celui de pouvoir acheter des biens et des services. b) La monnaie présente également une fonction de réserve de valeurs. La monnaie permet des achats immédiats ou des achats futurs.

Monnaie, crédit et banque 02 1.3. POURQUOI ENCORE ÉTUDIER LA MONNAIE? Le grand débat monétaire : la monnaie a t elle un effet sur les variables réelles, les marchés réels? Soit la monnaie n a pas d effets sur les marchés réels. Si la monnaie n est qu un instrument d échange, alors il existe, selon les classiques et néo classiques, une dichotomie entre les variables monétaires et les variables réelles. La monnaie est un voile posé les échanges réels : les prix, les salaires,... ne sont que des unités de compte. Soit la monnaie a des effets sur les marchés réels. Si la monnaie a un impact sur le marché réel des biens et des services, il existe un lien entre ce marché réel et le marché de la monnaie : le taux d intérêt. Le taux d intérêt est le prix du marché de la monnaie. En règle générale, le marché de la monnaie a une influence certaine sur le marché des biens et des services à court terme et une influence beaucoup plus neutre à long terme. Il faut étudier la monnaie car : La monnaie et le marché de la monnaie peuvent avoir des conséquences sur les autres marchés. Il existe une interdépendance entre les différents marchés. La monnaie est une réserve de valeurs. Elle assure un lien entre le présent et le futur. 2. MARCHÉS FINANCIERS 2.1. FONCTIONS DES MARCHÉS FINANCIERS La fonction principale des marchés financiers est «le transfert de fonds entre les agents économiques ayant des capacités de financement (liquidités) et ceux ayant des besoins de financement». Les marchés financiers offrent de la souplesse financière aux agents économiques. Les marchés financiers servent à échanger des liquidités entre ceux qui ont des besoins et ceux qui ont des capacités de financement. Par exemple : une banque qui accorde un prêt, de la monnaie, des liquidités à quelqu un qui souhaite acheter une maison (long terme), qui prête à une entreprise qui souhaite financer son activité (court terme),... Il arrive que les capacités de financement mises à disposition tombent à zéro. En 2009, la banque centrale a fournit de nombreuses liquidités aux banques mais celles ci les ont conservées dans les caisses. Cela a, notamment, entrainé la faillite d entreprises ayant un besoin temporaire de liquidité. La banque centrale ne peut pas obliger les banques à prêter des liquidités. 2.2. AGENTS ÉCONOMIQUES Les épargnants, comme les ménages qui ne consomment généralement pas tous leurs revenus, ont des capacités de financement. Par contre, les entreprises et certains ménages ont des besoins de financement : des achats immobiliers,... L État devrait être un agent plutôt neutre sur le plan financier. Les dépenses de l État sont normalement financées par des recettes fiscales. Dans la réalité, les États sont plutôt en besoin de financement. C est d autant plus vrai depuis la crise économique et financière.

Monnaie, crédit et banque 03 Si un état augmente ses dettes, il lèvera sans doute plus d impôts et, ce faisant, provoquera un ralentissement de la consommation de ses citoyens. Les États peuvent également emprunter sur les marchés financiers. Malheureusement, si les liquidités disponibles dans les marchés financiers ne croient pas mais bien la demande, le prix augmentera, à savoir le taux d intérêt. Un entrepreneur qui souhaite lancer un investissement rentable à 3% n investira pas lorsque le taux de financement est de 4%! Actuellement, il n existe pas de problème de liquidité sur les marchés financiers. Des états comme la Chine, les pays exportateurs de pétrole financent les pays occidentaux grâce à leur épargne. Dans le futur, il se pourrait quand même que les liquidités finissent par manquer. 2.3. COMMENT SE PROCURER DE LA MONNAIE? Il existe deux façons de se procurer de la monnaie : Le financement direct dans lequel un agent économique rejoint les marchés financiers pour s'adresser directement à ceux qui fournissent des liquidités et qui acceptent d en prêter. Le financement indirect ou intermédié dans lequel un agent économique fera appel à un intermédiaire financier, une banque, pour lui apporter les capitaux dont il a besoin. Il y a 30 ans, l essentiel de la finance était indirecte. Depuis la libéralisation du marché, la concurrence s est accrue et les possibilités étaient plus grandes, pour ceux qui avaient besoin de financement, de s approvisionner directement sur les marchés financiers. Le financement direct est plutôt réservé à une certaine catégorie d entreprises : les entreprises du CAC40, BEL20,... qui sont intéressées par un coût moindre dû à l absence d intermédiaires. Ces entreprises doivent se montrer digne de confiance, faire preuve d une certaine transparence à l égard du marché et des investisseurs en publiant leur situation financière annuelle,... Les petites entreprises se financent de manière indirecte. Le rôle de la banque sera donc très important. Comme bien souvent, une petite entreprise empruntera dans la banque où elle possède un compte courant, sa banque pourra donc surveiller les fluctuations sur son compte courant. Suivant l utilisation de ce compte courant, la banque décidera de prêter de l argent ou non. La titrisation est la transformation de créances en titres financiers. Les américains souscrivent à des subprimes (des prêts hypothécaires). Les banques ayant fournit les prêts possèdent des créances vis à vis de ces ménages américains. Les banques ont choisi de transformer ces créances en titres pour les vendre sur les marchés financiers. Une banque ne transmet pas les informations qu elle détient sur l histoire financière des ménages : la banque possède un marché captif. Sans ces informations financières, les créances titrisées sont difficilement vendables parce que les titres sont normalement accordés selon les informations financières (la solvabilité du ménage). La titrisation trouve son origine dans l asymétrie qui existe entre les dépôts collectés par une banque et les actifs de cette banque. Une banque collecte des dépôts à court terme mais prête des liquidités à long terme. Les banques vont donc transformer leurs actifs inutiles (les créances,

Monnaie, crédit et banque 04 les prêts à long terme) pour les vendre sur les marchés et ainsi obtenir de nouveaux dépôts. Elles prêteront les nouveaux dépôts et titriseront encore et encore. Aux États Unis, le financement direct est extrêmement développé tandis qu en Europe la finance indirecte est beaucoup plus répandue. La solvabilité des grandes entreprises est bien souvent supérieure à celle des petites. Lorsque le système bancaire comprend beaucoup de petites entreprises, la solvabilité moyenne est moins bonne... 2.4. SYNTHÈSE DE LA FINANCE DIRECTE ET INDIRECTE ii Intermédiaires financiers (indirect) Fonds Fonds Offreurs de liquidités Demandeurs de liquidités 1. Ménages 1. Entreprises 2. Entreprises Fonds 2. États 3. État 3. Ménages 4. Étrangers 4. Étrangers Fonds Fonds Marchés financiers (direct) Les offreurs de liquidité (par ordre d importance : les ménages, les entreprises, l état et les étrangers) peuvent fournir directement des fonds sur les marchés financiers en achetant des titres comme des actions et des obligations propres à des entreprises ou peuvent fournir indirectement des fonds en les confiant aux intermédiaires financiers. Les demandeurs de liquidité sont avant tout les entreprises, les états, les ménages et les étrangers. Les marchés financiers utilisent les liquidités des offreurs pour les prêter à ceux qui en ont besoin. Les intermédiaires financiers assurent le lien entre les offreurs et les demandeurs et jouent également sur les marchés financiers. Ils s octroient des commissions dans leurs opérations de prêts (3 4%) et obtiennent aussi des revenus importants sur les marchés financiers (~20%). 2.5. FINANCE DIRECTE Sur les marchés financiers, la monnaie s échange sous forme de titres. On dit d un agent économique qui vend des titres qu il émet des titres (to issue securities). La vente de titre est aussi appelée l émission de titres (issuance).

Monnaie, crédit et banque 05 Les demandeurs de liquidités vendent des titres financiers (securities) aux offreurs de liquidités (funds). Ces titres financiers confèrent à leurs acheteurs un droit sur les actifs (assets) ou les revenus futurs de l'emprunteur, un droit de créance (claim). 2.6. AUTRES FONCTIONS Depuis l aube des temps, les devises sont définies par rapport à un étalon : l argent, l or,... Après la première guerre mondiale, le système de change BRETTON WOODS était un système de change fixe dans lequel le dollar était défini en or. Toutes les autres monnaies se définissait par rapport au dollar ou à son équivalent en or. Entre 1971 et 1976, le système de change sera modifié pour devenir un système de change flottant dans lequel les taux de change varient. Ceux ci sont difficiles à déterminer, imprévisibles et ont pour conséquences une variation des prix, un risque de change. Par exemple : Airbus, constructeur aéronautique européen, a des coûts de travail en euro mais vend ses avions en dollar. Si le dollar baisse, les recettes d Airbus diminueront. Airbus cherchera donc à se couvrir contre les risques de change. La spéculation et la couverture (hedging) font partie des autres fonctions des marchés financiers. Dès l instant où il y a de la volatilité, il existe un risque. Celui qui ne souhaite pas prendre ce risque cherchera à se couvrir et essayera de trouver sur les marchés financiers quelqu un qui prendra ce risque pour lui. Celui qui accepte de prendre un risque est un spéculateur. Les banques figurent parmi les plus gros spéculateurs au monde. Les banques collectent des dépôts qu elles jouent en bouse. Elles rémunèrent les dépositaires à du 2% et elles se remplissent les poches à du 20%. Lorsque le système craque, l État est là pour garantir les dépôts et les banques centrales pour injecter des liquidités dans les banques (aléa moral). Une loi ne peut pas supprimer la spéculation. Tant que les prix varient, fluctuent de façon imprévisible, il existera de la spéculation. Pour supprimer la spéculation, il faut fixer un prix. Une bonne idée serait de taxer les transactions à court terme. En effet, les prix sont volatiles et fluctuent uniquement à court terme, la spéculation ne peut donc se faire que sur du court terme. Dès lors, taxer les transactions à court terme reviendra à taxer la spéculation. 3. LA STRUCTURES DES MARCHÉS FINANCIERS Les marchés financiers peuvent être structurés de plusieurs manières : 1. Selon les titres financiers 2. Selon les marchés primaires et secondaires 3. Selon les marchés organisés et les marchés de gré à gré 4. Selon le marché monétaire et le marché de capitaux

Monnaie, crédit et banque 06 3.1. TITRES FINANCIERS Les deux types de titres financiers sont les obligations (bond market, debt market, credit market, fixed income market) et les actions (stock exchange). La grande différence entre ces titres est la présence d une échéance pour l obligation et l absence d échéance pour l action. Les caractéristiques de l obligation (bond) : a) L emprunteur paie un certain montant à intervalle régulier (mensualités, annuités,...) jusqu'à l'échéance de l obligation (maturity). b) Le montant payé par l emprunteur comprend le capital et les intérêts. c) Le détenteur de l obligation reçoit un revenu fixé à l avance. Les obligations sont moins risquées que les actions, mais si l'entreprise émettrice des obligations fait faillite, les revenus fixés à l avance ne seront plus versés... Les caractéristiques de l action (equity) : a) Le détenteur de l'action est propriétaire d'une fraction du capital et du revenu net de l'entreprise. b) L'entreprise verse un paiement périodique : le dividende (dividend). c) Le détenteur de l'action reçoit un revenu qui dépend des profits réalisés par l entreprise. Si l entreprise ne fait pas de profits alors il n y a pas de versement de dividendes. Le classement des grandes places financières pour le marché global : 1. New York 2. Londres 3. Tokyo Le classement pour le marché des changes : 1. Londres 3.2. MARCHÉS PRIMAIRES ET SECONDAIRES Le marché primaire (primary market) est le marché du neuf, le marché de l'émission des titres financiers. Ce marché est l endroit ou les actions où les obligations sont émises pour la première fois. L'accès au marché primaire est réservé aux grandes entreprises qui ont la possibilité d émettre des titres. Ces grandes entreprises sont souvent aidées par des acteurs institutionnels, des banques d investissements, qui les aident à fixer un prix et à vendre ces nouveaux titres financiers. Le marché secondaire (secondary market) est le marché de l occasion, le marché où se vendent les titres déjà émis. Un titre acheté à une entreprise peut être vendu sur ce marché secondaire. Par contre, un prêt contracté dans une banque ne peut pas être revendu. Les marchés boursiers sont des marchés secondaires. On y vend et on y achète des titres déjà émis. Exemples : New York stock exchange, London stock exchange, Euronext (fusion des bourses de Paris, Bruxelles, Amsterdam, Lisbonne et Porto).

Monnaie, crédit et banque 07 Une fois ses titres émis, l'entreprise émettrice s intéressera à leur évolution sur le marché secondaire. Le marché secondaire permet d échanger des titres et donc de définir un prix, une valeur, pour ces titres. Si l entreprise souhaite lever des fonds, elle surveillera le prix de ses titres sur le marché secondaire et choisira le moment le plus adéquat pour lever des fonds. Les marchés secondaires sont également intéressants pour les acheteurs. Ils achèteront plus vite des titres qu ils pourront revendre. Le marché secondaire permet de liquidifier le marché primaire. Finalement, le marché secondaire oblige aussi les entreprises à être transparentes. Plus un investisseur aura confiance dans l entreprise, plus il acceptera de mettre un prix élevé pour des titres. L évolution des titres d une entreprise témoigne de la confiance qu ont les investisseurs dans cette société. Les agences de notations interviennent dans ce processus de confiance. 3.3. MARCHÉS ORGANISÉS ET MARCHÉS DE GRÉ À GRÉ Les marchés organisés (exchange market) se font dans un lieu organisé comme le marché bousier. Les offres et les demandes sont centralisées dans un endroit où les acheteurs et les vendeurs se rencontrent. Les marchés organisés sont transparents et publiques. Les marchés de gré à gré (over the counter market) touchent aux transactions conclue directement entre un acheteur et un vendeur : entre deux coups de fils, par exemple. Il s agit de transactions bilatérales où le prix est fixé entre les deux parties. Le marché de gré à gré n est pas transparent. Exemple de marchés de gré à gré : Le marché des changes : les banques se contactent entre elles pour s acheter des monnaies. Les marchés dérivés : utilisés pour l échange de risques. o Un produit dérivé tire son revenu d un actif sous jacent : un crédit, une action, une obligation,... Les subprimes sont par exemple des crédits immobiliers conclus entre un ménage et une banque. La banque crée un package de crédit immobilier, susceptible d intéresser des investisseurs et le vend sur le marché. L acheteur percevra les revenus de l actif sous jacent : les revenus immobiliers. 3.4. MARCHÉ MONÉTAIRE ET MARCHÉ DE CAPITAUX Le marché monétaire (money market) concerne les titres à court terme, c'est à dire à moins d un an tandis que les marchés de capitaux (capital market) touchent aux titres à long terme, à plus d un an. Le critère de distinction est la maturité. Les agents économiques actifs sur ces marchés ne sont pas les mêmes : Sur le marché monétaire, on retrouve des entreprises ayant besoin de trésorerie ou souhaitant prêter leur trésorerie à court terme, des établissements financiers non bancaires qui ne possèdent pas de dépôts mais souhaitent prêter à long terme,... Sur le marché des capitaux, on retrouve plutôt les compagnies d'assurances, les fonds de pensions, les fons commun de placement,... des entreprises qui cherchent à placer l'argent de leur client pour un rendement plus tard.

Monnaie, crédit et banque 08 La distinction entre le marché de la monnaie et le marché des capitaux est également importante du point de vue du contrôle et de l influence d acteurs externes. La banque centrale aura une influence très forte sur le marché monétaire et beaucoup moins sur le marché des capitaux.

Monnaie, crédit et banque 09 CHAPITRE 2 : LA MONNAIE iii 1. CONCEPTION DE LA MONNAIE Comme nous l'avons vu précédemment, il existe deux conceptions de la monnaie : La première est l'intermédiaire des échanges, un moyen de fluidification des échanges. La deuxième est une conception de réserve de valeurs, la conception keynésienne. 1.1. DU TROC À LA MONNAIE : LES CONCEPTIONS CLASSIQUES ET NÉOCLASSIQUES Le troc est «l'échange de biens contre d'autres biens». Il existe des difficultés inhérentes au troc : La recherche d'un partenaire d'échange potentiel. Cette recherche prend du temps et est coûteuse. Il s'agit, par exemple, de l'échange d'une leçon d'économie contre des soins dentaires. Il faut tout d'abord trouver un dentiste. La double coïncidence des besoins. Dans notre exemple, pour échanger une leçon d'économie contre des soins dentaires, il faut trouver un dentiste qui accepte de recevoir une leçon d'économie. Le dentiste acceptera t il la leçon d'économie? Comment définir les termes de l'échange? Toujours dans notre exemple : est ce qu une leçon d'économie vaut bien des soins dentaires? Comment détermine t on les prix? Dans une société de petite taille, qui ne comprend peu d'individus et peu de biens et services, le troc peut être une solution satisfaisante et peu coûteuse. Cependant, dans le cas d'une société de grande taille où la production de biens et de services est importante, les difficultés du troc deviennent insurmontables. La monnaie permettra de résoudre certaines de ses difficultés. Que se passe t il si on utilise un «bien particulier» appelé «monnaie»? La première et la deuxième difficulté sont résolues grâce à ce bien appelé «monnaie». La recherche existe toujours mais est facilitée par l'absence de la double coïncidence des besoins. Le partenaire de l'échange acceptera la monnaie. La troisième difficulté sera simplifiée par l'utilisation de la monnaie. Exemple : Rappelons qu un prix relatif est le rapport entre deux prix correspondants à deux biens. Supposons une économie à n = 3 biens, soit A, B, C. Quel est l'ensemble des prix relatifs pour ces 3 biens? 6 ou 3? Si l'ordre est important, il s'agit de permutations et nous retrouvons les couples : AB, BA, AC, CA, BC et CB. Si l'ordre compte, cela signifie que AB!= BA. Or, les rapports Euro/Dollars et Dollars/Euro ne sont pas différents. Il ne faut donc pas considérer l'ordre. Si l'ordre ne compte pas, nous avons affaire à des combinaisons et nous retrouvons alors les couples : AB, AC et BC.

Monnaie, crédit et banque 010 3! 3 2 1 6 32! 1! 2! 6 2 1 3!!!!!! = Le nombre de prix relatifs à calculer dans une économie de n biens est de : n (n 1) / 2. Avec n = 10, 45 prix relatifs doivent être déterminés. Pour cette seconde partie d'exemple, nous choisissons, dans l'ensemble des biens, un bien qui servira de référent. Le prix de ce bien sera la monnaie. Si le bien A est choisi et accepté par tous comme monnaie, alors il ne reste plus que 2 prix relatifs à déterminer : AB et AC. En généralisant le problème, dans une économie à n biens où un bien été choisi comme monnaie, il faut trouver (n 1) prix. Avec n = 10, 9 prix relatifs doivent être déterminés. Dans le cas où n est très grand, plusieurs millions, la monnaie permet de largement simplifier la méthode d'expression des prix relatifs. 1.1.1. PREMIÈRE DÉFINITION DE LA MONNAIE La monnaie est «un bien échangeable contre tous les autres biens». On dit que la monnaie est un équivalent général. Ce degré maximal d échangeabilité donne à la monnaie sa liquidité. Un actif est dit liquide s il possède les deux propriétés suivantes : Sa valeur nominale est stable ; Il est convertible immédiatement et sans coût en moyen de paiement. La monnaie respecte ces deux propriétés. Un actif qui ne respecterait pas ces deux propriétés ne sera pas utilisé comme monnaie. Un titre financier présentant une valeur nominale assez stable et immédiatement convertible en monnaie est dit liquide. MBS (Mortgage backed security) et ABS (Asset backed security) Les banques accordent des prêts immobiliers, même à des gens insolvables. La banque possède une créance envers un ménage et ce ménage a une dette à long terme envers cette banque. Le ménage rembourse chaque mois cet emprunt. La banque peut décider de rassembler ces prêts immobiliers, dans un paquet, un produit financier, qu elle vendra ensuite sur le marché. On dit que la banque à titriser des créances (securitization). Le paiement des mensualités des actifs sous jacents se feront directement au propriétaire du financier. Cependant, si ces ménages sont insolvables, ils n'arriveront plus à rembourser et il n'y aura plus de mensualités versées. Les propriétaires de ces MBS ont donc essayé de les vendre. Ils n'ont plus trouvé d acquéreurs et ces titres sont donc devenus illiquides, ils ont perdu leur

Monnaie, crédit et banque 011 liquidité. Signalons qu'un titre financier que personne ne souhaite acheter ne possède pas de prix. Cela peut poser des problèmes dans le bilan des banques. Les théories classiques et néoclassiques conçoivent la monnaie comme un instrument capable de fluidifier les échanges. 1.1.2. DEUXIÈME DÉFINITION DE LA MONNAIE Quel bien choisir comme monnaie? Faut il choisir un métal précieux ou un bien sans valeur? A priori, n'importe quel bien peut servir de monnaie pourvu qu'il soit accepté comme tel par tous. La dématérialisation de la monnaie remonte à 1971, à la chute du système de BRETTON WOOD où le dollar n est plus lié à l or. Depuis lors, la monnaie dépend de la confiance, maintenue par les banques centrales. L euro est une monnaie à court forcé, c'est à dire que l état impose cette monnaie et suppose que les gens auront confiance en elle. La monnaie est «une institution sociale». Un bien acquiert le statut de monnaie si tout le monde croit que ce bien est échangeable contre tous les autres biens. La monnaie repose sur cette confiance qui doit être amenée graduellement pour finir par être imposée par un État. La monnaie n'est pas forcément un bien métallique ou un bien particulier. En 1945, RADFORD s'intéressa aux rations uniques distribuées dans les camps de prisonniers. Chaque prisonnier recevait un même panier de biens mais avait des préférences diverses. Le paquet de cigarette fut choisi comme monnaie. Cette monnaie fut également acceptée par les non fumeurs parce qu'ils savaient qu'ils pourraient l'échanger contre d'autres biens. 1.1.3. TROISIÈME DÉFINITION DE LA MONNAIE La monnaie est «le stock d actifs qui peut être immédiatement utilisé pour réaliser des transactions». Cette utilisation immédiate suppose qu'elle soit acceptée par tous. 1.2. LA CONCEPTION KEYNÉSIENNE iv 1.2.1. POURQUOI A T ON BESOIN D'UNE RÉSERVE DE VALEUR? Les classiques et néoclassiques pensent que dans un monde sans incertitude, l'allocation des ressources pour les différents biens peut se faire en fonction du temps. Cette allocation se base sur des biens réels ; biens qui pourront être revendus par la suite. La fonction de réserve de valeurs de la monnaie ne présente pas d'intérêt : autant acheter quelque chose et le revendre si besoin est. Pour Keynes, dans un monde où il y a de l'incertitude, la monnaie remplit «la fonction de réserve de valeurs». L'incertitude explique cette fonction. Sans connaissances du futur, il vaut mieux garder de la monnaie en réserve : l'épargne de précaution, une réserve sous la forme la plus liquide. Puisque le passage à la monnaie est obligatoire, un actif autre que la monnaie n'aura pas cette fonction de réserve de valeurs. Cet actif sera une réserve indirecte de valeurs.

Monnaie, crédit et banque 012 L'économie est constituée : du marché des biens et des services et du marché du travail (les variables réelles) du marché de la monnaie (les variables nominales) Pour les classiques et néoclassiques, la monnaie est juste un intermédiaire des échanges. Il s'agit d'un voile posé sur les échanges. S'il n'y a pas d'incertitude, les ressources vont être allouées à différentes périodes du temps et la monnaie n'est utilisée que pour faciliter ces échanges. Dès lors, ce qui se passe le marché de la monnaie n'a aucune importance. Il existe une séparation stricte du marché réel et du marché monétaire. Les keynésiens supposent qu'il y a de l'incertitude dans l'économie. La monnaie n'est plus seulement l'instrument des échanges mais aussi un bien qui permet de s'assurer de l'incertitude du temps. À ce moment, la monnaie obtenue par la vente d'un bien n'est pas forcément réutilisée pour acheter un autre bien (réserve de valeur). Dès lors, l'équilibre des marchés du travail, des biens et des services peut être affecté par le comportement des agents économiques vis à vis du marché de la monnaie. En bref : pour les classiques et néoclassiques, il existe une dichotomie entre les variables réelles les variables monétaires. Pour Keynes, cette dichotomie classique ne tient pas. Le marché des biens et des services et le marché du travail sont affectés par le marché de la monnaie. Jusqu'à la crise financière actuelle, la théorie macro économique avait tendance à dire que la dichotomie classique était plutôt vérifiée. La pratique des banques centrales avait plutôt tendance à dire que la dichotomie classique n'était pas vérifiée. Pour résoudre le problème, on dirait que la dichotomie classique ne se vérifie pas à court terme mais bien à long terme. Le gouvernement de la banque centrale européenne peut manipuler les instruments de la politique monétaire pour influencer le marché du travail, des biens et des services. Augmenter la masse monétaire n'augmente pas la production! (Zimbabwe) Actuellement, les banques centrales diminuent massivement le taux d'intérêt. Celui ci est maintenant de 1 % en Europe et de 0 % aux USA. Le crédit est pratiquement gratuit sur le marché interbancaire. Ceci vise à relancer la croissance réelle et l'emploi en relançant la production à court terme. Injecter des liquidités, augmente la masse monétaire. À long terme, cette action pourrait avoir des effets sur les prix ; et non plus seulement sur la production! 2. LES FONCTIONS DE LA MONNAIE 2.1. UNITÉ DE COMPTE La fonction d'unité de compte permet de simplifier la troisième difficulté du troc. La monnaie est «utilisée pour exprimer les prix en une seule unité de compte». Ceci donne un moyen de comparer les prix entre eux et donc de faire des choix. Les ressources sont allouées à différents biens et la demande dépendra de l'ensemble des prix. L'unité de compte peut être séparée de l'intermédiaire des échanges. Il peut exister des monnaies qui remplissent uniquement une de ses fonctions. En 1999, l'euro a été introduit comme unité de compte. C'est à partir de 2002 que l'euro a été utilisé comme moyen de paiement, comme

Monnaie, crédit et banque 013 intermédiaire des échanges. L'écu qui était un panier de biens, lui, a rempli le rôle d'unité de compte mais jamais celui d'intermédiaire des échanges. 2.2. RÉSERVE DE VALEUR La monnaie, comme réserve de valeurs, est «un moyen de transférer du pouvoir d'achat dans le futur». Cependant, il s'agit d'une réserve de valeur imparfaite. En effet, sa valeur est modifiée au fur et à mesure du temps de par l évolution des prix, de l inflation. 2.3. INTERMÉDIAIRE DES ÉCHANGES Voir supra. 3. LES DIFFÉRENTES FORMES DE MONNAIE 3.1. LA MONNAIE MARCHANDISE La monnaie marchandise représente «les biens matériels qui ont une valeur d usage servant de monnaie» : coquillages, têtes de bétail, céréales... métaux précieux, essentiellement l or et l'argent. Le bien servant de monnaie est l'objet d'une offre et d'une demande. Or, la valeur de cette monnaie dépend de cette offre et de cette demande. La découverte d'une mine d'or accroît l'offre provoquant une diminution de la valeur de la monnaie. La valeur d'une monnaie liée à un bien n'est pas stable! Le métal précieux, comme monnaie, était pesé puis compté. Les pièces de monnaie sont des divisions des quantités d'or facilitant les échanges. La monnaie frappée a été inventée en 600 dans le royaume Lydie, le royaume de Crésus. La monnaie frappée est une monnaie officielle garantie par un État et sur laquelle est frappée une valeur faciale, la quantité d'or contenue dans la pièce. En fait, Crésus frappait ses pièces d'une valeur faciale plus élevée que la teneur en métal, ce qu'on appelle le seigneuriage. Ce processus est important car il s'agit du début de la dématérialisation de la monnaie. Exercice : Un bien n1 peut être échangé contre une pièce d or ou contre 5 g d or. Néanmoins, Crésus impose que l'usage se fasse avec des pièces. Pour acheter des biens et services dans le royaume de Crésus, cela se fait uniquement avec des pièces. L ensemble de l économie est constituée de l ensemble des biens n qui peuvent être achetés avec 200 pièces d or. Si chaque pièce contient 5 g d'or, la quantité de monnaie en circulation correspond à 200 * 5 = 1 kilo d'or. Astuce : Crésus décide que pour obtenir une pièce d'or, il faut fournir 5 g d'or à l'état. Crésus créera alors des pièces de monnaie dont la teneur en or de 3 g mais dont la valeur faciale est toujours de 5 g.

Monnaie, crédit et banque 014 La production, l'ensemble des biens n, et toujours identique et ces biens peuvent être achetés avec 200 pièces d'or. La quantité d'or en circulation est de 200 * 3 = 600 g. Ces 200 pièces d'or ont été obtenues après avoir fourni un kilo d'or à l'état. Le profit de Crésus est de 400 g d'or : L'État thésaurise les 400 g d or. Cette option est sans conséquence. L'État utilise les 400 g d'or pour acheter des biens et des services. Pour acheter des biens et services, l'état doit transformer son or en pièces. 400/3 = 133 pièces d'or dont la teneur en métal et de 3 g d'or et la valeur faciale de 5 g d'or. Maintenant, il existe 333 pièces d'or correspondant à un kilo d'or mais pour une même production. La monnaie s'est donc dépréciée. Les consommateurs sont perdants puisque leur revenu réel a diminué. La dématérialisation de la monnaie se retrouve dans le fait que la valeur faciale ne soit plus équivalente à la teneur en or. Ce processus peut se perpétuer à l'infini. Néanmoins, il faut le faire de manière graduelle pour conserver la confiance des consommateurs. L'inflation est un impôt monétaire. La dette publique peut être comblée en payant plus d'impôts ou être diminué par l'inflation. En utilisant l inflation, la valeur réelle de la dette diminue ainsi que le pouvoir d'achat des citoyens. Les banques centrales ont injecté massivement des liquidités dans l'économie. Il existe donc trop de quantité de monnaie par rapport à la production. Il faut soit que les banques centrales retirent des liquidités pour retrouver la correspondance entre production et masse monétaire d'antan soit il y aura de l'inflation qui diminuera la valeur réelle de la dette. Le bimétallisme est la présence de deux monnaies, l'or et argent, circulant simultanément. En règle générale, l'état fixe le prix de l'argent par rapport à l'or. Remarquez que le bimétallisme peut ne pas fonctionner! En effet, l'or et l'argent sont des marchandises faisant l'objet d'offres et de demandes. Ils possèdent un prix dans leur marché respectif. Les prix relatifs entre l'or et l'argent sont déterminés par les prix du marché. Il existe de l'arbitrage si le prix marché diffère de celui fixé par l'état. Dans ce cas, le métal le plus précieux (dont la valeur augmente) sera utilisé comme réserve de valeur et le métal le moins précieux sera utilisé comme moyen de paiement. Il s'agit de la loi de GRESHAM : la mauvaise monnaie chasse la bonne (les faux billets chassent les bons). 3.2. LA MONNAIE PAPIER OU LA MONNAIE FIDUCIAIRE v Ici, la valeur faciale est différente de la valeur intrinsèque. La monnaie n a pas de vraie valeur mais renvoi vers un bien précieux. La monnaie fiduciaire évoque les billets de banque, la monnaie fiduciaire (fiducia : confiance). Il s'agit purement d'une conséquence du comportement d'achat. À la fin du Moyen Âge, il existait des banques qui étaient de simples coffres forts. Les agents économiques déposaient leur or dans ces banques. En échange, celles ci leur délivraient un titre certifiant la valeur de la quantité d'or déposée dans les coffres. Ce titre s'appelait un billet de banque.

Monnaie, crédit et banque 015 Les agents économiques utilisaient leur or pour acheter des biens et des services. Ils le retiraient des coffres des banques pour effectuer leurs paiements à d'autres agents économiques. Cependant, le paiement des transactions avec de l'or n'était pas pratique. Les agents économiques commencent alors à payer leurs achats en utilisant seulement les billets de banque. Cela nécessitait une confiance des agents économiques dans la valeur de ces billets. Les billets de banque étaient immédiatement convertibles en or au sein de la banque émettrice. Le système s'élargit ensuite à plusieurs banques qui finissent par accepter les billets émis par d'autres banques. Le système bancaire commence à prendre forme. De par l in équilibre des échanges, il existera des banques qui devront plus d'or que d autres. Ce sera alors la création du système interbancaire pour compenser ces différences. 3.3. LA MONNAIE À COURS LÉGAL OU À COURS FORCÉ Les billets des banques commencent à être acceptés par chacune des banques. Malheureusement, certaines banques émettront des billets sans qu'il y ait de correspondance aux stocks d'or. L'émission des billets de banque peut facilement représenter une somme supérieure au stock d'or, c'est à dire une valeur faciale supérieure à la valeur intrinsèque. Les billets de banque ne sont qu'un moyen de paiement utilisé par les agents économiques pour effectuer leurs transactions. Le risque d une émission sans stock d or réside dans le fait que l ensemble des clients puisse se rendre à la banque pour retirer leur équivalent en or. Dans ce cas, on assiste alors à une panique bancaire (bank run), faisant suite à une crise de confiance. L'État mettra un terme à l abus de confiance des banques, en créant une seule banque qui aura le pouvoir d'émettre des billets de banque, la banque centrale. Les billets de banque ne porteront plus que le nom de la banque centrale. L'État finira par imposer le cours forcé des billets de banque (fiat money). À partir de ce moment, il existera une dématérialisation complète des billets de banque, sans convertibilité supplémentaire en or. Le mécanisme présenté plus haut est différent du seigneuriage. Ici, il s'agit du résultat d'une montée de confiance des agents économiques dans les billets de banque. 3.4. LA MONNAIE SCRIPTURALE La monnaie scripturale est «la monnaie inscrite au bilan des banques». Il s'agit par exemple des virements, des comptes courants,... Cette monnaie est pratique et sûre. Elle est par ailleurs tout aussi liquide que des billets et des pièces. 3.5. LA MONNAIE ÉLECTRONIQUE La monnaie électronique est un moyen de paiement où l'argent est stocké sous une autre forme. Elle est associée à un porte monnaie électronique ou une carte prépayée. Il s'agit par exemple du système PROTON.

Monnaie, crédit et banque 016 4. DÉFINITION TECHNIQUE DE LA MONNAIE 4.1. COMMENT MESURE T ON LA MONNAIE? La quantité de monnaie est «la quantité des actifs utilisés pour réaliser des transactions». C'est la masse monétaire. La mesure de la quantité de monnaie dépend des zones monétaires. Dans la zone Euro, il existe trois agrégats monétaires : L'agrégat M1 : Numéraire (currency), c'est à dire billets et pièces Dépôts à vue dans les institutions financières L'agrégat M2, qui rajoute à M1 : Dépôts à terme (< 2 ans). Un dépôt à terme ne peut pas être transformé en monnaie directement. Les dépôts à terme ne sont pas parfaitement liquides. Compte épargne, qui sont particulièrement liquides. L'agrégat M3, qui rajoute à M2 : Instruments négociables, c'est à dire tous les titres émis par les institutions financières comme les certificats de dépôt, les dépôts à terme (> 2 ans), les dépôts à long terme... Du plus liquide au moins liquide on retrouve : l'agrégat M1, M2 et puis M3. L'agrégat M1 est parfaitement liquide, c'est à dire qu'il peut être utilisé directement pour effectuer des achats. Les actifs M2 et M3 doivent être convertis en M1 pour pouvoir effectuer des achats. Les crédits accordés par les banques aux entreprises pour investir ou aux particuliers pour acheter un bien immobilier se trouvent dans l'agrégat M3. La banque centrale européenne a besoin de connaître quelle sera la liquidité à moyen terme. La partie propre de l'agrégat M3 donne à peu près la quantité monétaire à moyen terme. La banque centrale européenne suit l'agrégat M3 pour éviter que celui ci n'augmente trop et ne provoque une augmentation des prix. La banque centrale est responsable de la confiance des agents dans la monnaie. À l heure actuelle, Les banques possèdent des titres financiers quelque peu particuliers. Elles ne savent pas s'il faudra les déprécier dans leur bilan ou non. C'est pourquoi les banques ont tendance à amasser beaucoup de liquidités, c'est à dire l'agrégat M1. L'agrégat M3 n'augmente pas parce que peu de crédits sont accordés. On assiste à une ruée vers des titres purement liquides ou à des titres quasi équivalents comme des obligations émises par les états. Finalement, la monnaie retrouve sa fonction de réserve de valeurs.

Monnaie, crédit et banque 017 CHAPITRE 3 : LA DEMANDE DE MONNAIE vi 1. LA THÉORIE QUANTITATIVE DE LA MONNAIE (TQM) Rappel : la théorie classique et néoclassique conçoit l'économie comme une dichotomie entre «variables réelles» à savoir la production de biens et de services, la quantité de travail nécessaire à la production de ces biens de ses services et «variables monétaires, nominales» c'est à dire la quantité monétaire en circulation et le niveau général des prix. La théorie quantitative de la monnaie montrera que la monnaie est neutre à long terme. 1.1. L'ÉQUATION DES ÉCHANGES DE FISHER (AVANT 1929) La théorie quantitative de la monnaie selon FISHER (1911) repose sur le concept de vitesse de circulation de la monnaie. L'équation des échanges de FISHER est donnée ci dessous : M * V = P * T M : la masse monétaire, la quantité de monnaie. V : la vitesse de circulation de la monnaie. P : le prix moyen d'une transaction. T : le nombre de transactions sur une période donnée. 1.1.1. LA VITESSE DE CIRCULATION DE LA MONNAIE La vitesse de circulation de la monnaie représente «le nombre de transactions effectuées par une unité monétaire», le nombre de fois qu'un euro change de mains. Par exemple : avec T = 100 canettes /an, P = 1 /canette, M = 20 V = (P * T) / M = (1 * 100) / 20 = 5 L'enjeu du concept de circulation de la monnaie et de vérifier si celle ci est stable dans le temps. Généralement, en période d'inflation, la vitesse de circulation de la monnaie augmente. En effet, les personnes cherchent à se débarrasser de la monnaie puisqu'elle perd de sa valeur. 1.1.2. CALCUL DU NOMBRE DE TRANSACTIONS, CALCUL DE T Il n'est pas évident de calculer le nombre de transactions qui ont cours sur une année dans un pays. Cependant, le nombre de transactions peut être approximer par la production nationale au cours d'une année, le PIB d un pays, dénoté Y. M * V = P * Y T n est pas totalement équivalent à Y mais T et Y varient de manière conjointe. Y comprend en plus de T les stocks alors que T reprend, lui, les importations et le marché de l'occasion. Les biens présents sur le marché de l'occasion ne rentrent qu'une seule fois dans le PIB. Le nombre de transactions T sera donc supérieur au PIB. Lorsque le PIB d un pays diminue, le nombre de transactions diminue aussi. Y reste une bonne approximation de T.

Monnaie, crédit et banque 018 L'équation des échanges est une identité. L'équation des échanges nous apportera de l'information si on fixe certains paramètres. Supposons que V soit stable, si M augmente alors P augmente aussi puisque Y est déterminé sur le marché des biens de services. Si la quantité de monnaie en circulation augmente, les prix risquent d'augmenter. La clé du débat entre les classiques, néoclassique et KEYNES porte sur la stabilité de V. 1.2. LA TQM COMME FONCTION DE DEMANDE DE LA MONNAIE La TQM comme fonction de demande de la monnaie provient de l'école de CAMBRIDGE et MARSHALL. Dans cette version de la TQM, il existe une distinction entre l'offre de monnaie M s et la demande de monnaie M d. 1.2.1. LA DEMANDE DE MONNAIE L'équation de demande de la monnaie est : M d = k * P Y M d : demande d encaisses monétaires (cash balances). k : la part de la valeur nominale du PIB (P* Y) détenu sous forme de monnaie. P * Y : le revenu national nominal, le PIB nominal. Soit un certain revenu avec lequel sont achetés des biens. Ces biens coutent un prix et pour les acheter, on a besoin d'un certain montant de monnaie. K sera la part de revenus conservés sous forme de monnaie pour acheter ces biens et des services. 1.2.2. L'OFFRE DE MONNAIE L'offre de monnaie M s est déterminée par une autorité monétaire. Soit M, une constante, égale à M s. À l équilibre, l offre = la demande. L équation de l offre de monnaie est donc : M = k * P Y La production nationale Y est déterminée par des facteurs réels : travail, capital et contraintes technologiques. La production est une combinaison des inputs «capital» (K) et «travail» (L) en fonction d'un lien technologique : Y = F (K, L). F est une fonction de production, c'est à dire transformant des inputs en output. Si on suppose k constant et que l'offre de monnaie M est augmentée par les autorités monétaires, il existe un déséquilibre sur le marché de la monnaie. L'offre monétaire M est supérieure à la demande M d, M > M d. Comme Y et k sont fixes, l'équilibre du marché monétaire sera rétabli si P augmente. De nouveau, l équation de l'offre de monnaie permet d'expliquer le niveau des prix. Il existe des hypothèses importantes : k et Y sont fixes. Sans plein emploi, les capacités productives, Y, peuvent être augmentées suite à une augmentation de la masse monétaire M. Plus de monnaie pourra être allouée à la production. (Il s'agit d'une analyse de long terme!).

Monnaie, crédit et banque 019 1.2.3. COMPARAISON ENTRE FISHER ET MARSHALL Les équations de FISHER MARSHALL sont respectivement : M * V = P Y M = k * P Y Chez FISHER, V = 1 / k chez MARSCHALL. Lorsque V est faible, k est élevé. En effet, si la vitesse de circulation de la monnaie est faible, une part élevée du revenu nominal doit être détenue sous forme de monnaie. Si la vitesse de circulation de la monnaie est élevée, il n'est pas nécessaire de détenir une partie importante du revenu nominal sous forme de monnaie : les billets changent rapidement de mains. 1.3. LA DICHOTOMIE CLASSIQUE ET LA NEUTRALITÉ À LONG TERME DE LA MONNAIE 1.3.1. ILLUSTRATIONS GRAPHIQUES Observer le premier graphique. La fonction de production F (K, L) est limitée par la contrainte technologique. La fonction de production se représente sous une forme concave. On suppose le capital K constant. La courbe de l'offre de travail dépend de la quantité de travail à fournir et du salaire réel. Plus la quantité de travail fourni est importante et plus le salaire réel sera important. La courbe de demande de travail : plus le salaire est élevé, moins la demande de travail des entreprises sera forte. Déterminer la production d'un pays de cet équilibre macro économique. L'équilibre sur le marché du travail o se fait à un certain salaire appelé W 0 /P 0 o fournit une quantité de travail d'équilibre L 0 utilisé par les entreprises Les entreprises utiliseront la force de travail est L 0 combinée au capital constant K et selon une certaine fonction de production, la contrainte technologique. Ceci permettra d'atteindre un niveau de production Y 0. L'offre agrégée est une droite verticale car elle ne dépend pas de prix. Elle ne dépend que de variables réelles. Tout ce qui est produit est redistribué sous forme de salaires (rémunération du travail) et de dividendes (rémunération du capital) qui ne dépendent pas des prix. o La production n est redistribuée sous forme de salaires et de dividendes que dans un contexte de concurrence parfaite. Ce contexte implique l'absence de marge. o Sans concurrence parfaite, une entreprise peut jouer sur les prix et donc se créer une marge (markup). La demande agrégée dépend des prix : plus les prix seront élevés et moins la demande sera forte. La demande agrégée se fait à une masse monétaire donnée M 0. La masse monétaire n'a pas de conséquences sur les quantités réelles déterminées par le marché. Le cadran supérieur gauche pourrait être retiré. Il assure uniquement la relation entre le prix et le salaire réel. Le salaire est déterminé sur le marché du travail. Le second graphique présent une situation dans laquelle les autorités monétaires ont décidé d'augmenter la masse monétaire M de M 0 à M 1 avec M 1 > M 0. vii

Monnaie, crédit et banque 020 Les agents économiques détiennent désormais M 1 et non plus M 0. Les agents économiques possèdent plus d'instruments des échanges et demanderont donc plus de biens et de services. La demande agrégée augmente de DA 0 à DA 1. Cependant, comme l'économie est au maximum de ses capacités productives, les biens et services produits par l'économie ne peuvent plus augmenter. L'augmentation de la demande sans augmentation de l'offre a pour conséquence une augmentation des prix de P 0 à P 1. Quelles sont les conséquences de l'augmentation des prix sur le marché du travail? Si l'augmentation des prix a des conséquences sur le marché du travail alors la dichotomie classique et néoclassique ne tient pas. Les variables monétaires auraient des conséquences sur les variables réelles. À salaire nominal inchangé W 0, le salaire réel diminue à W 0 /P 1. Il existe alors un déséquilibre sur le marché du travail : D L > O L. Lorsque la demande est supérieure à l'offre, le prix augmente, c'est à dire le prix du travail, le salaire nominal. Le salaire nominal proposé par les entreprises augmente donc jusqu'à atteindre l'équilibre sur le marché du travail : D L = O L. Pour retrouver l'équilibre, il faut augmenter le salaire nominal de W 0 à W 1. La droite W 1 est parallèle à la droite W 0 et passe par l'intersection du prix et du point d'équilibre du marché du travail. L'augmentation de la masse monétaire n'a eu aucun effet sur la production de biens et services, sur le salaire réel et sur le niveau d'emploi. Nous concluons que cette augmentation n'a d'effets que sur les prix. La monnaie est neutre à long terme. Cette conclusion repose sur l'hypothèse que les marchés sont concurrentiels (concurrence parfaite) et que la vitesse de circulation de la monnaie soit stable. 1.3.2. TAUX DE CROISSANCE DE LA TQM Le taux de croissance de la théorie quantitative de la monnaie peut être obtenu par la différence de logarithme. Soit deux formules de la théorie quantitative de la monnaie à des périodes t et t+1 transformons les en logarithme et prenons leur différence. M t V t = P t Y t avec t une période M t+1 V t+1 = P t+1 Y t+1 avec t+1 la période suivante ln(m t ) + ln(v t ) = ln(p t ) + ln(y t ) ln(m t+1 ) + ln(v t+1 ) = ln(p t+1 ) + ln(y t+1 ) [ln(m t ) ln(m t+1 )] + [ln(v t ) ln(v t+1 )] = [ln(p t ) ln(p t+1 )] + [ln(y t ) ln(y t+1 )] Chaque partie de notre identité représente respectivement le taux de croissance de la masse monétaire, le taux de variation de la vitesse de la monnaie, le taux de croissance des prix (inflation) et le taux de croissance du PIB réel, le taux de croissance de l'économie.

Monnaie, crédit et banque 021 Selon FISCHER, le taux de variation de la vitesse de la monnaie est de 0%. Si les autorités monétaires augmentent la masse monétaire de 5 % entre t et t+1 et que nous observons une augmentation de 2 % du taux de croissance de l'économie réelle, le taux de croissance des prix sera de 3 %. Si le taux de variation de la vitesse de la monnaie n'est pas de 0 % mais diminue de 3 %, alors le taux de croissance des prix, dans notre exemple précédent, sera de 0 %. Cela peut se produire notamment pendant les crises économiques. Le taux de croissance de la masse monétaire correspond à M3. 1.3.3. LE TAUX D'INTÉRÊT CHEZ LES CLASSIQUES ET NÉOCLASSIQUES L'épargne augmente et le taux d'intérêt s tandis que l'investissement diminue avec le taux d'intérêt. Le taux d'intérêt réel d'équilibre r* se trouve à la rencontre entre ces deux droites. La monnaie n'a aucune influence sur le taux d'intérêt sauf sur le taux d'intérêt nominal. Le taux d'intérêt réel est déterminé par des variables réelles : l'investissement et l'épargne. Quant à lui, le taux d'intérêt nominal i est égal à r + π où π est le taux d'inflation. Si la masse monétaire augmente, les agents économiques anticipent l'augmentation des prix, c'est àdire un taux d inflation attendu, π e. Cette anticipation modifie le taux nominal d'aujourd'hui. Il devient i = r + π e. Les investissements se font à ce taux nominal i. 2. LA DEMANDE DE MONNAIE KEYNÉSIENNE (LIQUIDITÉ) 2.1. LA PRÉFÉRENCE POUR LA LIQUIDITÉ Précédemment, le taux d'intérêt réel n'intervient pas dans la monnaie. KEYNES introduit le taux d'intérêt comme une variable monétaire (modèle ISLM). Si le taux d'intérêt est à la fois une variable sur le marché réel (la production) et sur le marché de la monnaie, la dichotomie classique et néoclassique ne tient plus. À partir de KEYNES, la macroéconomie à long terme et à court terme doivent être considérées différemment. Il existe trois motifs de détention de monnaie : Le motif de transaction. La fonction de demande de monnaie est : M d / P = L(Y + ) ou aussi, en version nominale, M d = P L(Y) M d P M d /P L Y : la demande d'encaisse monétaire : le niveau des prix : la demande d'encaisse réelle : la fonction de préférence pour la liquidité : le revenu national réel Si le revenu Y augmente, la demande de monnaie M d augmente. Comme pour les classiques et néoclassiques, la demande de monnaie dépend positivement du revenu.