Les Marchés. Intervention du 29/03/2012- Sébastien Galanti

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Transcription:

Les Marchés Intervention du 29/03/2012- Sébastien Galanti 1

Plan 1- Rappels concurrence imparfaite, bien collectifs, externalités 2- Information imparfaite 3- Information asymétrique 4- Antisélection 5- Risque moral 6- Théorie et pratiques des incitations 2

1- Concurrence, bien collectifs, externalités I.1/ Concurrence parfaite Pas «d axiomatique». Flou. Concurrence parfaite = pas de rente. 1.2/ Imparfaite Atomicité / concurrence monopolistique (Robinson, Chamberlin) Libre entrée sortie / barrières à l entrée. Nouvelle eco inter (Krugman), marchés contestables (Baumol) Homogénéité / marketing, pub, cycle de vie (Vernon) Mobilité facteurs / immob Kx1950-1970, immob L 1970-? 3

Pas de coûts de transaction / marché avec «frictions», existence de firmes (Coase), th des orga Pas de rendements croissants / externalités, Info parfaite (px, qualité) / imparfaite (symétrique ou pas) Tout ceci : implicitement : marchés de biens privés (cf.walras) 1.3/ Biens collectifs Bien non-rival et non-exclusif Dépend du contexte d utilisation Biens offerts par les autorités publiques >> biens collectifs car externalités positives 4

1.4/ Externalités Coût social = coûts privés +/- externalités Si laissées au marché : Activités à externalités (+) sont sous produites Activités à externalités (-) sont sur produites Solutions (?) : normes, organiser les négociations, internaliser les externalités Externalités de réseau Externalités dans l usage des biens communs (tragédie des biens communs) 5

2-Information imparfaite 2.1/ Rappels modèles à information parfaite («complète») - Eq général statique (Walras) - Eq général intertemporel (Hicks et al) - Modèle avec incertitude, proba et états contingents (Arrow Debreu 1954) - Modèles séquentiels (Radner 1972) 2.2/ Modèles à info imparfaite (incomplète) A- Modèles d anticipations rationnelles Aucune portée descriptive. Acceptation large. Notion d éq d anticipation rationnelle Indiv corrigent leur décisions selon prix observé Ce qui fait converger le prix vers un éq (prophéties autoréalisatrices) 6

Ex Diamond Dybvig 1983 : paniques bancaire (ruée sur les dépôts) Ex Blanchard Watson 1984 «bulles rationnelles» Critique : Orléan 1999, même résultat avec rationalité limitée, dynamique collective d imitation B- Modèles avec information bruitée Outils : structure d information et révision bayésienne Message reçu : «bruitage» de la vérité J. Hirshleifer 1971 Notion de valeur de l information. Info privée / publique Exemple. 7

Contrats contingents et système complets de marchés contingents permet un partage optimal du risque, (une assurance complète du risque individuel SI Risque agrégé nul (sinon couverture partielle) Pas trop d information publique Fait que l info soit publique détruit des possibilités d assurance mutuellement avantageuses. Opacité bénéfique. Pour que l info soit produite, doit être «privée» : Si appropriation privée des gains issus de l utilisation de l info alors D d info Si situation avec info > situation sans info : valeur de l info>0 Il existe un marché de l info : des producteurs, des intermédiaires, une demande, un prix. 8

Ex : Suzanne Scotchmer (2005) Innovation and incentives Comment ne pas rendre publique l info sur la RD / comment financer la production de l info «innovation» - Propriété intellectuelle (brevets, licences)? - Prix, récompenses? - Subventions? Ex : Grossman Stiglitz 1980 AER Investisseurs informés / mal informés Informés car recherche couteuse d information gain spéculatif Par leurs décisions, font bouger les prix Prix «intègre toute l information pertinente» Modèle «Noisy rational expectation equilibrium» 9

Si info était gratuite : pas de rôle informationnel du prix Si info couteuse : cela a du sens de tirer de l info à partir du prix MAIS c est bcp moins cher que de produire de l info Donc personne ne produit d info Donc le prix ne reflète aucun information Genotte Leland 1990 Même chose, analyse de la fonction d offre de titres avec équilibres multiples. Existent si proportion de mal informés dépasse un certain seuil et si la volatilité des prix est forte (entre autres) 10

3- Info asymétrique Point de vocabulaire pb : risque moral et antisélection solution : «contrats incitatifs», «mechanism design», filtrage (screening), signal Deux types d asymétrie dans les modèles «Principal - Agent» Avant signature, : «type», caractéristique, inobservable par le principal Après, : comportement, décision, «effort» caché, inobservable par la principal. «Inobservable» = pas possible de porter plainte après coup, le «type» ou «l effort» n est pas «contractualisable». 11

4-Antisélection (selection adverse) 4.1/ Akerlof 1970 Modèle Les exemples et applications Pb des «crises de confiance» : vache folle, graines germées/concombre Moins extrème : les marchés qui seraient peut être plus actifs avec qualité + observable 4.2/ Modèles d assurance, solution des «menus de contrats» séparateurs 12

4.3/ Autres exemples de solutions Le Signal (Spence 1973) : labels, diplômes, certifications, marques Réputation/crédibilité du signal : le plus souvent, doit être couteux sinon «cheap talk». Ex : la notation financière, Bolton Freixas Shapiro 2011 JoF Agences de notation : produits structurés 2007 : notés AAA Pb de «l achat des notes» Notation trop optimistes à l équilibre Screening : contrats séparateurs, discrimination de clientèle (classe affaire/éco), Rendre le contrat obligatoire! Ass auto, habitation, 13

5-Risque moral 14

Autres extensions Plusieurs principaux, 3 agents et +, relations d agence répétées Modèles à agents «multi-tâches» (Milgrom & Roberts 1991, Holmstrom et Milgrom 1992) Modèles avec surveillance (contrôle) : principal peut payer un dispositif qui améliore son info : audit, observateur neutre, (Modèles de salaire d efficiences viennent de là) Ex : couverture financière et instabilité (Biais Heider Hoerova 2010) Cas de Leman Brothers et Bear Sterns : les pertes sur leurs propres investissements empêche de verser les assurancesà leurs clients investisseurs institutionnels ayant souscrit des CDS Modèle avec contrôle couteux de l effort. 15

6- Théorie et pratiques des incitations 16

6.3/Exemples Centres d appels Bolton Scheinkman Xiong (2006) REStud Rémunération des PDG indexées sur le cours des actions de l entreprise PDG favorise les projets à court terme susceptible de faire gonfler les cours, au détriment de la valeur fondamentale de long terme La Guerra por el boleto (Johnson et al 2005, NBER) Groupe témoin! 17

6.4/ pb des rémunérations «asymétriques» Si échec : fixe Si succès : fixe + bonus Ex gérant de portefeuille, courtier, conseiller bancaire Bonus proportionnel au risque supporté par le «principal» (épargnant, investisseur) : placement risqués, etc. Incitation à prendre plus de risque que ce que l agent serait prêt à prendre. Perçoit les bénéfices de son action mais très faiblement les coûts. Remarques de R.Rajan (2006), EFM. 18

6.5/ Incitations monétaires et non monétaires Synthèse dans Tirole (2009) RE, 60(3) Introduction de récompenses monétaires dans certains domaines peut se révéler catastrophiques. Motivation intrinsèque : utilité provient enpartie du travail en lui-même (professions de santé, éducation artistiques et culturelles, aide sociale) Motivation extrinsèque : les récompenses matérielles et monétaires Théorie standard muette sur les activités à bénéfice privé faible Prendre en compte «auto-réputation», estime de soi, comportement «pro-sociaux» 19

Résultat principal : effet d éviction : les deux motivations peuvent se substituer et non pas s ajouter! (crowdingout effect) 6.6/Exemples Don du sang (Mellstrom et al 2008) Eco expérimentale Effet de genre Retard à la crèche (Gneezy et al 2000) Retard? Amende! Résultat : encore + de retards. Logique d obligations réciproques logique marchande 20

21

Goette et Frey : pay enough or dont pay at all (2000) QJE Comparaisons bénévoles / mal payés / payés Les mal payés font moins d heures que les bénévoles 6.8/ Modèles avec surveillance Salaire d efficience (Shapiro Stiglitz1984) g > p(w-w 0 )N East India Company Marchands du Maghreb au XI e siècle (Greif, 1989) L émergence de l usine (Sam Bowles) 22

Conclusion Distinction risque moral / antisélection : pas si évident Intérêt de la th des incitations : critique des excès du management Limite : aspect «réponse à tout» Éq très partiel, abandon de la visée d équilibre général 23