Fiche pratique : Comment construire et communiquer sur son programme? De gauche à droite : les flyers de la Semaine dans les Côtes d Armor, à Issoire, à Lille et dans le Grésivaudan, en 2009.
La Semaine, c est quoi? - un événement national et décentralisé - le cadre à des actions : d interpellation, d information, de sensibilisation, sur les questions de solidarité internationale. Qu est-ce qu un programme d événementiel? C est l articulation entre 4 choses : - du fond (la solidarité internationale dans sa diversité) - des formes multiples - dans un temps donné (une semaine) - sur un territoire Fond Forme Programme Temps Espace Le tout est à destination du public cible Qu est-ce qu un public cible? «Les campagnes de sensibilisation tendent généralement à influer sur un comportement particulier d un public spécifique. Afin d y parvenir, les campagnes en question doivent se fonder sur une compréhension exhaustive du public cible. Il est par conséquent essentiel de déterminer correctement le public cible et de bien le comprendre lorsque l on planifie une opération de sensibilisation. Segmenter le public cible consiste à le diviser en groupes plus restreints ayant des caractéristiques, souhaits et besoins similaires. L expérience montre que les publics réagissent mieux aux messages qui sont adaptés à eux et qui les intéressent. Plus un public cible est segmenté, plus il est facile d élaborer des messages, des stratégies de communication et des mesures d incitation pertinents, et donc d arriver à de meilleurs résultats en terme de sensibilisation.» (Source : Organisation Mondiale de la Propriété Intellectuelle) C est quoi un bon programme? Le programme doit refléter la qualité des animations, il en est le miroir. C est lui qui valorise la richesse de vos réflexions, la qualité de vos intervenants et partenaires, l intérêt de votre démarche, la vivacité de votre collectif bref, votre travail! Un bon programme est celui qui donne envie de se déplacer et pas seulement sur une animation mais sur l ensemble de la Semaine. Pour construire ce bon programme il faut donc se poser les bonnes questions. > Notre programme est-il attractif? > Notre programme est-il clair et lisible? > Quel est le bon rythme pour notre programme? > Notre programme est-il pertinent dans le contexte local actuel? > Notre programme est-il équilibré?
Les clefs du succès? Il n y a pas de recette magique, mais quelques règles de bon sens à respecter. 1 re règle : Travailler collectivement L élaboration d un programme doit respecter le triptyque : penser ensemble, concevoir ensemble, faire ensemble. Cela ne sert à rien de recoller les éléments les uns aux autres après coup. Eviter absolument le 1 structure = 1 évènement. Pour que le programme soit cohérent dans son ensemble il faut qu il ait été travaillé collectivement en amont. 2 e règle : «Penser public» Penser dès la conception du programme à sa transmission au public. Quand on prépare le programme, on ne doit pas organiser ce que l on souhaite transmettre de façon froide, mais dès le départ «penser public», donc penser sa «relation» au public, à ce dont il peut avoir envie, à sa réaction à la lecture du programme et sur place. 3 e règle : Communiquer sur son programme La communication ne doit pas être détachée du contenu. Il faut prévoir l articulation de sa communication dès la conception du programme. On ne pourra de toute façon pas parler de tout. Il faut dégager un message essentiel.
1) Comment rendre son programme attractif? La notion d attractivité renvoie au caractère vivant, dynamique, positif, stimulant, mobilisateur, bref sympa! L attractivité du programme doit permettre aux gens qui le reçoivent : - avant tout d avoir envie de jeter un œil dessus, de l ouvrir, de le lire ; - à la lecture, d avoir envie de participer aux événements. Pour cela : - Soigner la maquette (illustrations, couleurs ) : l apport de professionnels, même bénévoles, est précieux, car l attractivité de la maquette n est pas seulement liée à la maîtrise des outils informatiques permettant de le faire, cela répond à des codes et des modes graphiques et esthétiques qui jouent un rôle important dans l allure d un outil de communication. - Rédiger des titres accrocheurs : éviter à tout prix les titres informatifs sans relief, voire rébarbatifs (ex : table ronde sur le thème de l interculturalité) pour privilégier des titres directs, percutants (ex : «Ici, nous sommes tous d ailleurs»), en distinguant le titre de l animation, court, de sa description (qui donne des informations sur le type d animation et le thème exact). Typiquement, le terme de «table ronde» - qui n en est d ailleurs souvent pas une - n est pas du tout compatible avec une animation ouverte au «grand public». - Pour le programme en général et pour chaque animation en particulier, vérifier de bien problématiser les titres, c est-à-dire de faire émerger le fond du débat ou du questionnement porté par l animation. Cela peut être fait de façon courte, voire même provocatrice (ex : au lieu de «La décolonisation en Afrique», préférer «L Afrique est-elle vraiment décolonisée?»). - Faire attention à l effet «catalogue» qui aplatit le programme et décourage le public. - Les temps forts doivent être traités à part, mis en avant par une pagination, une couleur différente. On peut aussi éditer un outil de communication (affiche, flyer) spécifique sur ces temps forts pour appuyer notre programme. - Mettre en avant les têtes d affiches et partenaires internationaux. La présence de tel artiste ou intervenant peut attirer. "Allez viens avec moi, il y aura untel dont je t'avais parlé". Source : Collectif de solidarité internationale du pays du bocage bressuirais A retenir : Capitaliser sur nos points forts On a trop souvent tendance par souci d équité à vouloir traiter de la même façon toutes les animations ou tous les invités. Or, il ne faut pas hésiter à mettre en avant certains temps forts et invités renommés et de qualité, car c est le programme dans son ensemble qui y gagne en attractivité.
2) Comment rendre son programme clair et lisible? - Les informations pratiques doivent être visibles au premier coup d œil. - L organisation de l information (par dates / thèmes / lieux / types d animation) doit être réfléchie. Il s agit d un véritable choix de communication. Proposer plusieurs entrées (par dates et par thèmes) dans le programme est intéressant. Par exemple l entrée par ville ou quartier est pertinente si vous comptez sur l atout de la proximité pour faire venir les gens. La structuration du programme par organisateur n est pas forcément pertinente car elle oriente trop l animation sur la présentation de l organisateur, et moins sur le contenu et la forme de l animation. - On peut aussi organiser l information par publics-cibles, notamment avec un programme spécifique «jeunes» ou «enfants». - Le public doit pouvoir identifier qui est à l origine de ce programme (mettre un contact). - En cas de programme dense, il ne faut pas avoir peur d utiliser des codes couleurs et des pictogrammes pour rendre l appropriation du programme plus facile. Source : Maison des Citoyens du Monde - Utiliser un tableau récapitulatif, sommaire ou agenda facilite la lecture du programme. Source : Ville de Dunkerque - Les expositions, par leur caractère continu dans le temps, peuvent être traitées à part afin de ne pas casser la chronologie du programme (sauf en cas de temps d animations spécifiques autour de ces expositions). - Respecter les codes culturels en vigueur. Par exemple, la maquette et le graphisme ne seront pas les mêmes qu il s agisse d un concert de hip-hop ou de musique classique. A retenir : Simplifier la lecture du programme L utilisation de pictogrammes et de codes couleurs permet plusieurs entrées dans le programme (par date, par thème ou par type d animations). De même, un agenda récapitulatif permet une meilleure vision d ensemble du programme.
3) Quel rythme pour notre programme d animations? - Organiser des temps forts (ouverture, clôture de la Semaine), qui sont souvent des temps festifs et fédérateurs pour l ensemble des acteurs du programme (si on a peu d animations peut-être vaut-il mieux les concentrer sur un jour ou deux) - Un programme sur une semaine doit permettre une montée en puissance. Il s agit de la manière dont on amène le public vers nos temps forts. - Éviter la concurrence typologique et thématique. Les mêmes thématiques attireront un même public. Or si l on veut rendre efficient notre message il faut éviter que ce public se disperse. Contre-exemple : - Choisir des jours et horaires pertinents en fonction du public cible (ex : éviter les contes pour enfants à 21h), en tenant compte des habitudes locales (par exemple, est-il pertinent de prévoir des animations le dimanche?) - Proposer des parcours, une continuité dans la Semaine, faire apparaître un fil rouge thématique). Par exemple un programme qui comprend des repas de différents pays pourrait s articuler autour d un tour du monde culinaire identifié comme tel. - Permettre une suite à la Semaine, permettre l inscription à un évènement qui se déroulera plus tard mais ferait écho à notre programme d animations pour fidéliser le public Source Humanis - Assurer du lien entre les événements (continuité, cohérence d ensemble). A retenir : Orchestrer une montée en puissance Un programme sur une semaine construit autour d un fil conducteur doit permettre au public de sentir une montée en puissance qui l emmènera vers un temps fort.
4) Comment s adapter au contexte géographique? - Sur les événements importants, prévoir un espace permanent d information et de rencontres (ex : chapiteau). - Penser la taille des lieux (adapté au public attendu, espace à dimension humaine). Source : Ville de la Rochelle - Anticiper les déplacements, transports (bien desservi? jusqu à quelle heure?). Source : Solicoop 42 - Prévoir la circulation entre les lieux (temps de trajet d un point à l autre). - Respecter les habitudes locales. Certaines villes ou quartiers se vident le week-end pendant que d autres se remplissent. Si l on veut toucher un large public il faut se trouver là où sont les gens donc il faut pouvoir anticiper sur ces habitudes locales. - Bien choisir ses lieux de diffusion du programme (en fonction des publics cibles). - Tenir compte des autres événements du territoire pendant la Semaine, ou juste avant/après, des jours fériés ; cela veut dire non seulement éviter la concurrence, mais utiliser des opportunités de partenariat parfois insolites mais très souvent fructueuses (Le collectif de Pessac a par exemple scellé un partenariat avec le Festival du film d histoire qui se déroule chaque année dans sa commune aux dates de la Semaine. Dorénavant au lieu de se faire concurrence, ils agissent en synergie). A retenir : Prêter attention aux habitudes locales Le lieu peut rassurer. "D'habitude dans cette salle, les événements sont de bonne qualité..." ou "Tout le monde y sera, je vais y retrouver forcément des gens que je connais " Le quartier peut rassurer. "Dans ce quartier, y a plein de trucs à faire, si c'est pas terrible on trouvera bien autre chose à faire..."
5) Comment assurer l équilibre de notre programme? - Faire des choix (ce qui veut dire aussi parfois renoncer à certaines actions, ou les regrouper) et les prioriser (on ne peut pas parler de tout avec tout le monde) - Articuler ses temps forts avec des temps moins forts permettant d assurer la liaison, de se reposer, ou encore d approfondir certains sujets - Anticiper la distribution des journées (Qui fait quoi? Quel jour? Si tu fais ton animation le samedi, peut-être serait-il mieux que je fasse la mienne le vendredi.) Cela peut aussi faire ressortir des points communs et inciter au travail collectif. - Équilibre dans la typologie des manifestations, ne pas prévoir que des conférences ou que des films (ou en faire une spécificité forte, avec des partenaires adéquats, pour faire en sorte de le valoriser comme un parcours, voire un «festival» «cinéma du monde par exemple») - Assurer une cohérence fond/forme d ensemble. Le programme doit être en lien avec ce qu il contient, cela doit apparaître visuellement car cela donne davantage de valeur à l information contenue. - Concentrer ses actions permet d éviter l éparpillement (géographique et temporel) Source : Var Equitable A retenir : Concentrer ses actions Il faut absolument éviter que chaque structure organise un évènement isolé. La quantité ne fait pas la qualité et le public peut se perdre au milieu d un programme trop dense. Co-organiser des événements à plusieurs permet non seulement de rationaliser l organisation, mais de renforcer son contenu et surtout de croiser ses publics. Et parfois il vaut mieux faire moins mais faire mieux
Cette fiche a été réalisée suite à l atelier de la Rencontre nationale des acteurs (25-26 mars 2011), par Corentin Poirier lors de sa mission à la coordination nationale de la Semaine.