ALIMENTS ET SANTE PUBLICITE ET ETIQUETAGE
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- Stanislas Guertin
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1 ALIMENTS ET SANTE PUBLICITE ET ETIQUETAGE LES ALLEGATIONS NUTRITIONNELLES : Mensonges ou vérités, un décodage difficile 1. LES "ALIMENTS SANTE" Définition Il s'agit d'aliments traditionnels enrichis en substances (minéraux, vitamines, fibres ) affichant un message publicitaire axé sur les soi-disant effets bénéfiques de cet aliment sur la santé. Il est aussi appelé "alicament". Il se situe donc à mi-chemin entre médicaments, aliments et compléments alimentaires. Exemples! Œufs aux Omégas 3 censés contribuer au bon fonctionnement du système cardio-vasculaire;! Lait fermenté au lactobacillus casei censé prévenir les troubles intestinaux chez l'enfant;! Les spécialités laitières au bifidus censé améliorer la flore intestinale et le transit. La nouvelle directive 2000/13/CE du 20mars 2000 renforce l'interdiction "d'induire l'acheteur en erreur ou d'attribuer aux denrées alimentaires des vertus médicinales". Donc, l'étiquette ne doit pas attribuer à la denrée alimentaire des propriétés de prévention, de traitement ou de guérison de maladies humaines ni évoquer de telles propriétés. Par exemple, vous ne pourrez pas lire sur une étiquette :! "soigne l'ostéoporose"! "limite les risques de cancer" Ces allégations sont interdites. Les différents types d'allégations nutritionnelles " Les allégations nutritionnelles quantitatives Elles apportent des informations relatives aux quantités de nutriments, énergétiques ou non, présents dans un produit alimentaire. Ces quantités sont indiquées en grammes, assorties éventuellement du pourcentage qu'elles représentent par rapport aux apports journaliers recommandés (AJR). Mce/ service nutrition groupe de travail santé septembre
2 ! "enrichi en vitamine C" ou "riche en vitamine C" : signifie que le fabricant a rajouté de la vitamine C qui était déjà présente dans le produit de départ;! "naturellement riche en " : le produit contient naturellement la substance indiquée, il n'y a pas eu de rajout de la part du fabricant;! "à teneur réduite en matières grasses" : le produit devra contenir 25% de graisse en moins que le produit de départ;! "à teneur garantie en " les pertes en vitamines ou en minéraux dues au processus industriel, au stockage ont été compensées par un apport supplémentaire, naturel ou de synthèse. Exemple d'information nutritionnelle floue : A propos des mentions "riche en lait" ou "source de calcium" : quand la Vache qui rit, un des fromages les plus pauvres en calcium, compare l'apport en calcium de 100g de son fromage à celui de 200ml de lait, cela n'a pas de sens : on ingère bien plus facilement 1 grand verre de lait que 5 portions de Vache qui rit, et ne parlons pas de la différence d'apport énergétique! Les allégations nutritionnelles fonctionnelles Elles décrivent l'action physiologique qu'a un aliment, un nutriment ou une substance contenus dans un aliment. La Commission Interministérielle d'etude des Produits Destinés à une Alimentation Particulière (CEDAP) a dressé une liste des allégations pouvant être utilisées par les industrielles sans avoir à les justifier, celles-ci étant considérées comme scientifiquement reconnues.! "la vitamine B6 est nécessaire au métabolisme des glucides",! "le magnésium est utile à la transmission de l'influx nerveux",! "le calcium participe au maintien du capital osseux"! "la vitamine E protège les membranes cellulaires" et/ou "protège contre l'oxydation des acides gras" sont des allégations fonctionnelles. Le CEDAP donne également la liste de verbes pouvant être utilisés dans ces allégations :! intervient dans! est nécessaire à! contribue ou participe à De plus, l'importance d'une alimentation variée et équilibrée doit être rappelée sur l'étiquette. Les allégations santé Elles décrivent la relation qui existe entre un aliment, un nutriment ou une substance contenus dans un aliment, et un état lié à la santé ou une modification d'un paramètre biologique, mais sans faire référence à une maladie. Exemple : "le calcium améliore la densité osseuse", ce qui est différent de "le calcium participe au maintien du capital osseux". Si les messages nutritionnels peuvent contribuer à améliorer les connaissances des consommateurs en matière de nutrition, encore faut-il que ces messages soient fiables et clairement formulés, afin que le consommateur ne soit pas induit en erreur. Mce/ service nutrition groupe de travail santé septembre
3 De plus, une allégation santé isolée ne suffit pas, elle doit être replacée dans le cadre d'une consommation bien définie : quantité, fréquence, conditions, conseils d'alimentation et d'hygiène de vie, de façon plus globale. Ces allégations sont régies par des dispositions du Code de la santé publique et nécessitent une autorisation préalable de publicité sauf si elles font partie de la liste de la CEDAP. Leur contrôle est assuré par l'agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments. 2. LES ALLEGATIONS NUTRITIONNELLES DANS LA PUBLICITE Pour promouvoir un produit alimentaire, le publicitaire doit convaincre le consommateur qu'il a l'aliment qui lui convient. Mais les messages ne sont pas complets, ils mettent le plus souvent en avant une caractéristique nutritionnelle intéressante du produit sans mentionner la présence d'autres apports moins flatteurs ou non recherchés. Le nouveau produit est alors intégré de façon inapproprié aboutissant au risque d'un déséquilibre alimentaire. Des comparaisons trompeuses! Les biscuits de régime "un sachet de 3 biscuits vous apporte autant de protéines que 100ml de lait entier, mais deux fois moins de matière grasse". Le lait et les gâteaux appartiennent à deux groupes d'aliments très différents, la comparaison a peu de sens : le lait est caractérisé par sa richesse en calcium, les gâteaux sont bien connus pour leur apport en glucides et en lipides. Par ailleurs, le lait entier est déconseillé dans le cadre d'un régime, objectivement, mieux vaut comparer les biscuits de régime avec du lait écrémé. Dans ce cas, les 3 biscuits en question apportent près de 20 fois plus de matière grasse que le lait écrémé! Et 100 ml de lait écrémé n'apportent que 36 kcal contre 75 pour les 3 biscuits! En choisissant des comparaisons flatteuses, il est facile de faire valoir les qualités d'un produit.! "Dans Kinder chocolat, il y a autant de calcium que dans un verre de lait" On pourrait en déduire que Kinder chocolat peut remplacer le verre de lait du goûter des enfants et qu'il correspond aux attentes des mamans soucieuses de bien nourrir leurs enfants. Qu'en est-il vraiment? Un grand verre contient généralement 25 cl de liquide, la publicité n'indique pas combien de tablettes de Kinder chocolat il faut consommer pour avoir l'équivalence en calcium! Regardons de plus près l'étiquette : 100 g de Kinder apportent 558 Calories et 323 mg de calcium, ce qui signifie que pour obtenir un apport calcique comparable à celui du verre de lait (285 mg), il faut manger 88,2 g de Kinder chocolat. Or,1 bâtonnet de Kinder chocolat pèse 12,5 g, cela représente la consommation de 7 bâtonnets (87,5 g). Mais 7 bâtonnets, c'est 488,25 Calories avec un pourcentage de lipides très important (34%). Donc, dans un cas, on a un grand verre de lait qui apporte 285 mg de calcium et 115 Calories, dans l'autre, 7 barres de Kinder chocolat qui apportent 282,6 mg de calcium et 488,25 Calories, soit 4,2 fois plus de Calories que le grand verre de lait! Mce/ service nutrition groupe de travail santé septembre
4 Compte tenu de son apport énergétique très élevé et de sa richesse en lipides, cet aliment ne constitue pas une source intéressante de calcium. Mieux vaut le consommer de façon modérée. Au contraire, le lait apporte peu d'énergie mais une quantité importante de calcium. La publicité nous amène à penser que l'une des meilleures façons de couvrir les besoins en calcium des enfants consiste à leur donner du Kinder chocolat à la place du lait. Bien informer, à nous de considérer ce bâtonnet Kinder comme une gourmandise qui peut faire plaisir aux enfants occasionnellement mais pas pour des raisons nutritionnelles! Des informations à décoder! "Kinder Tranche au lait, riche en calcium" La mention "riche en calcium" figure sur l'emballage. Ce produit chocolaté contient bien 200 mg aux 100 g, soit 25% des apports journaliers recommandés (AJR). Ces 25% permettent en théorie la présence de la mention "source de calcium", mais pas "riche en calcium" conformément aux valeurs définies par le Codex Alimentarius. Une fois encore le consommateur est mal informé et incité à opter pour des produits prétendant avoir des vertus qu'ils n'ont pas. N.B : Lire les informations nutritionnelles sur les emballages des produits que nous achetons devient plus courant mais la compréhension et l'utilisation de ces données chiffrées ne sont pas accessibles à l'ensemble de la population, et ce d'autant moins que les fameux AJR sont fort peu connus des consommateurs. De plus, l'acheteur se devrait d'être également au courant des besoins nutritionnels ou des apports nutritionnels conseillés (ANC) pour le consommateur concerné, et ils ne correspondent pas aux AJR! Les AJR relèvent de la législation sur l'étiquetage tandis que les ANC représentent un objectif nutritionnel. En particulier, pour ce qui est du calcium, l'apport journalier recommandé est fixé à 800 mg (AJR) tandis qu'entre 10 et 19 ans, enfants et adolescents devraient consommer 1200 mg (ANC) de calcium par jour. La magie du mot "équilibre" "un gâteau équilibré en glucides simples (utiles pour l'énergie immédiate) et en glucides complexes (nécessaires pour un énergie qui dure)". L'apport en glucides semble ainsi optimal pour notre santé, en revanche le point faible se situe au niveau des matières grasses qui représentent 25% du produit, dont plus du tiers sous forme d'acides gras saturés. La guerre des matières grasses au niveau de certains laitages Exemple : Fjord proclame : "avec juste 6% de M.G, vous pouvez en manger aussi souvent que vous voulez!". Il s'agit bien sûr de 6% M.G par rapport au produit fini. Pourtant en le comparant avec du fromage blanc à 20% de M.G, le Fjord, si onctueux, apparaît plus gras. En fait, les 20% de M.G étiquetés sur le fromage blanc se rapportent à l'extrait sec, ce qui représente en réalité, sur la totalité du produit, que 3,6% de M.G puisqu'il contient 82% d'eau! Le plus maigre des deux n'est donc pas celui annoncé comme tel. Mce/ service nutrition groupe de travail santé septembre
5 CONCLUSION Le consommateur s'intéresse de plus en plus au contenu de son assiette dans une perspective, entre autres, de santé et de sécurité alimentaire. Il est attiré par les messages nutritionnels censés l'aider dans ses choix, cependant les informations sont souvent contradictoires. Elles relèvent d'une stratégie commerciale d'autant plus que le produit présentant un bénéfice pour la santé sera vendu plus cher, d'au moins 20%. Les produits peuvent être intéressants mais le choix et la formulation des allégations nutritionnelles ne sont pas toujours bien assortis. Vu les enjeux économiques, il y a encore beaucoup à faire pour que la réglementation comme les guides de bonnes pratiques, assurent au consommateur des allégations nutritionnelles objectives et informatives. Actuellement, mieux vaut demander conseil à son médecin, au nutritionniste ou au diététicien et privilégier une alimentation variée et équilibrée sans oublier en premier lieu les aliments simples, de référence. Sources! "Aliments et santé : publicité et étiquetage", brochure éditée par le Centre Européen des Consommateurs (Centre Régional de la Consommation, Commission Européenne, Conseil Régional Nord-Pas de Calais).! "La diététique en question", site généraliste sur la diététique, les régimes, les aliments et la santé de Muriel Finetin, Adresses utiles! Centre Européen des Consommateurs, 47 bis rue Barthélémy Delespaul, 59000Lille Tel : , site : Direction Générale de la Concurrence, de la Consommation et de la Répression des Fraudes (DDCCRF), 59 Bd Vincent Auriol, Paris Cedex 3 - Pour le Nord : DDCCRF, 3 rue Maracci, Lille Cedex - Pour le Pas-de-Calais : DDCCRF, 20 rue du Marché au Filé, Arras Cedex - Pour l'ille et Vilaine, DDCCRF, Cité administrative, Bd de la Liberté, Rennes Cedex! AFSSA, Agence Française de Sécurité Sanitaires des Aliments, 23 avenue du Général de Gaulle, BP 19, Maison Alfort, tel : , Mce/ service nutrition groupe de travail santé septembre
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