Itinéraires Touristiques et Carte d Identité Territoriale du Cap Bon en Tunisie. Juillet

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1 Itinéraires Touristiques et Carte d Identité Territoriale du Cap Bon en Tunisie Juillet

2 Expertise pour l élaboration des Itinéraires Touristiques et de la Carte d Identité Territoriale Expertise élaborée par le bureau d études ARCHIBEAU Amir TURKI Architecte Mandataire Khereddine ANNABI Consultant-Archéologue Nasser BAKLOUTI Consultant-Ethnologue Tahar AYACHI Journaliste- Collaborateur Mohamed Ali TAYECH Architecte- Collaborateur Direction et suivi Ridha KACEM- Directeur Général de l AMVPPC Hichem KSOURI- Architecte coordinateur du projet pour l AMVPPC Daouda SOW- Historien assistant coordinateur Partenaires du Projet Partenaires Siciliens PRO.PI.TER.S.C.M.S.P GAL Elimos GAL Eloro Commune de Modica Circuito Castelli e Borghi Medioevali Partenaires tunisiens Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de la Promotion Culturelle - AMVPPC Office National de l Artisanat ONA Partenaire responsable de l activité : Agence de Mise en Valeur du Patrimoine et de la Promotion Culturelle - AMVPPC

3 Sommaire Présentation de la région, problématique et Méthodologie I- Présentation de la région et problématique. 07 II- Méthodologie. 08 CARTE DE L IDENTITE TERRITORIALE A- PATRIMOINE MATERIEL. 09 B- PATRIMOINE IMMATERIEL Conclusion.. 48 Bibliographie. 49 ITINERAIRES TOURISTIQUES A- Circuits du Patrimoine Culturel Matériel Fondés sur les sites et les monuments répartis en bassins.. 53 B- Circuits du Patrimoine Culturel Matériel Fondés sur une répartition thématique. 62 C- Circuits du Patrimoine Culturel Immatériel 75 D- Circuits combinés 89 ANNEES Annexe1 : FICHES PATRIMOINE MATERIEL Annexe2 : FICHES PATRIMOINE IMMATERIEL

4 Itinéraires Touristiques et Carte d Identité Territoriale du Cap Bon en Tunisie Carte de l Identité Territoriale Juillet

5 Sommaire Présentation de la région, problématique et Méthodologie I- Présentation de la région et problématique. 07 II- Méthodologie. 08 A- PATRIMOINE MATERIEL DU CAP BON : Site de Kerkouane : Site de Néapolis : Site de Pupput : Médina de Hammamet : Kelibia : Aïn Tebournouk : Palais Mussolini : Ferme de Kelbia : Fortouna & Sidi Bou Rouiguet : Haouanet El Harouri : Haouanet Oued El Ahjar : Zaouiet Sidi Jedidi : Hanout Oued Chiba : Sidi Bou Hamouda : Argoub El Mangoub : Sidi Ali Jebali : El Guedria : Haouanet Sidi Latrech : Henchir Ben Hassen : Sidi Bou Zekri : Sidi Messaoud : Haouanet Jbel Bhilil : Haouaria 29 B- PATRIMOINE IMMATERIEL DU CAP BON : Les thématiques : Les traditions culinaires : L artisanat : Les spectacles et les pratiques festives : Les artisanats spécifiques du Cap Bon : La céramique de Nabeul : Les nattiers de Nabeul : Les traditions culinaires : Les traditions festives

6 10 : Les poupées de sucre : La chasse à l épervier : La fête des asperges : La taille de pierre : Le fer forgé 46 Conclusion.. 48 Bibliographie

7 Présentation de la région, Problématique et Méthodologie - 6 -

8 I- Présentation de la région et de la Problématique Promontoire septentrional du continent africain, la presqu'île du Cap-Bon se présente comme une main tendue vers l'europe à travers la Sicile. Il se caractérise par ses spécificités naturelles et ses spécificités humaines permanentes et continues depuis l'aube de l'humanité jusqu'à nos jours. Les sources littéraires et historiques antiques et médiévales ont fait l'éloge des activités humaines à travers la presqu'île et en particulier sa richesse agricole. Les découvertes archéologiques ont confirmé et enrichi notre connaissance sur les potentialités culturelles de la région et son particularisme ethnographique. Depuis plus d'un siècle, les découvertes, les recherches et les publications ont permis d'identifier et de localiser des sites archéologiques, des monuments historiques et des activités artisanales phares que des millions de voyageurs ont pu visiter et en apprécier la valeur et l importance ainsi que leurs spécificités dans cette Méditerranée si riche par les civilisations qu elle a connues. Le Cap-Bon, objet de cette étude et terre de relais, a vu se succéder sur son sol toutes les civilisations vécues par la Tunisie depuis les périodes préhistoriques jusqu'à la Tunisie indépendante en passant par les époques punique, romaine, grecque, chrétienne (saint Cyprien à Korba ). Cette région a vu aussi son sol foulé par les Arabo-musulmans, les Normands, les Espagnols, les Ottomans, les Morisques-andalous et les Européens. Le cap Bon porte les traces et les empreintes matérielles et immatérielles de toutes ces civilisations et ethnies, comme les tombes rupestres protohistoriques, le site punique de Kerkouane (classé sur la Liste du Patrimoine Mondial de L'UNESCO, les sites romains de Neapolis, Pupput et Kélibia, les médinas arabo-islamiques de Hammamet, Nabeul, Menzel Temime, les villages andalous de Soliman, Belli et Turki, les monuments défensifs ottomans, les fermes et les pressoirs à vin des colons français, les blockhaus allemands datant de la 2 ème guerre mondiale etc... Le paysage patrimonial monumental est complété par les riches éléments du patrimoine mobilier relevant des différentes périodes, antiques, médiévales et modernes et qui sont exposés dans les musées (Nabeul, Kerkouane, le Bardo...) ou déposés dans les réserves des musées et des sites et qui représentent les fleurons des collections muséographiques de la Tunisie ( sarcophage de la Princesse de Kerkouane, les statuts en terre cuite de Bir Bouregba, la robe de la mariée de Hammamet, la poterie de Nabeul, etc...). Enfin, ce patrimoine si célèbre mondialement est enrichi par le patrimoine immatériel des habitants du Cap-Bon, leurs savoir-faire ancestraux dans tous les domaines qui touchent la vie quotidienne (architecture, artisanat : poterie, sparterie, textile, sculpture sur pierre, distillation des fleurs et parfums, art culinaire, musique traditionnelle (religieuse et profane) etc... L'héritage patrimonial matériel et immatériel est complété par l'existence de sites naturels typiques et des paysages imprenables et des points d'observations panoramiques qui suscitent l'admiration de leurs visiteurs. Il sera tenu compte de cet aspect dans l'élaboration des circuits de visites. Ces différentes composantes du patrimoine du Cap-Bon représentent les fondements des circuits innovants à proposer. Ils ne vont pas suppléer les circuits " classiques " existants ( Hammamet, Nabeul, Kerkouane ) mais les compléter et les enrichir par la création de nouvelles destinations, voire de nouveaux produits

9 II- Méthodologie Plusieurs séances de travail ont groupé les consultants chargés de réaliser le projet «Les voyages de la connaissance» qui consiste à mettre en place des circuits de Tourisme Culturel fondé sur le patrimoine matériel et immatériel. Ces réunions ont permis de déterminer les grandes lignes d une méthodologie qui s appuie sur une double approche, théorique et empirique et qui est susceptible d aider à définir un Tourisme Culturel fondé sur les itinéraires de la connaissance. Il a été convenu, pour que les circuits de Tourisme Culturel soient cohérents et homogènes, de grouper les différents traits et éléments culturels qu ils soient matériels ou immatériels en thématiques. La thématique est un ensemble de sujets et de thèmes liés organiquement les uns aux autres de telle façon qu ils constituent une unité sémantiquement homogène, c est à la fois une construction de l esprit et un modèle scientifique. Après un travail de compilation destiné à s imprégner de la littérature produite à propos du sujet et de la région objet d étude, un vaste travail de terrain a été entrepris aux fins d identifier les thématiques tout en ayant en toile de fond, au cours de la collecte, de la mise en fiche et de l élaboration des textes, des recommandations qui figurent dans les documents méthodologiques fournis

10 A- PATRIMOINE MATERIEL DU CAP BON - 9 -

11 1- Kerkouane Unique ville punique authentique et qui n'a jamais été occupée par les Romains. Son existence est attestée dés le 6 ème siècle av. J.C et s'est poursuivie jusqu'au milieu du 3 ème siècle av. J.C date de sa destruction par le Consul Romain Regulus. Le site archéologique de Kerkouane a été découvert au milieu du ème siècle (1953) et a fait depuis, l'objet de plusieurs campagnes de fouilles, d'un programme de restauration des vestiges exhumés et de mise en valeur ainsi que la construction d'antiquarium (musée du site) pour abriter les plus distinctifs des objets archéologiques découverts. La renommée mondiale du site et son charmant paysage sur le littoral septentrional du Cap-Bon ont contribué à sa désignation comme lieu d'accueil d'un séminaire scientifique International annuel réunissant archéologues, historiens et jeunes chercheurs débutants venus des trois continents bordant la Méditerranée pour découvrir, discuter et apprendre tout ce qui touche la civilisation punique et la Méditerranée. La cerise sur le gâteau est venue de l'unesco qui a reconnu en Kerkouane " un site exceptionnel et authentique " d'une des plus prestigieuses civilisations Méditerranéennes : la Civilisation Punique, et que ce site mérite d'être classé sur la liste du Patrimoine Mondial. En effet, l'importance du site de Kerkouane relève principalement de son " UNICITÉ " c'est à dire qu'il est l'unique site qui remonte à l'époque punique et que son urbanisme n'a pas été modifié par l'implantation d'une ville romaine contrairement aux autres cités puniques. Le site a une superficie proche de 8 ha. Son tissu urbain est presque régulier, ce qui prouve qu'il a été préconçu, avec des rues assez larges et son plan est presque circulaire, si ce n'est sa partie maritime et la ville était protégée par une double muraille. Ce sont surtout les quartiers d'habitation qui ont été dégagés jusqu'à présent. Le plan des maisons respecte le plan type méditerranéen avec son entrée en chicane, généralement un couloir coudé qui donne sur la cour centrale dotée d'un puits et d'une citerne. Tout autour de la cour se trouvent les pièces d'habitation, ainsi que la salle d'eau pourvue d'une baignoire-sabot. Le sol des pièces est couvert de pavement typiquement punique (sorte de ciment rougeâtre avec parfois un semis de petits cubes de marbre blanc formant des dessins, ex: signe dit de Tanit, poisson...). Si nous ignorons jusqu'à présent la date de la fondation de la ville, les découvertes les plus anciennes remontent au 6 ème siècle av. JC. Quant à la fin de l'occupation du site, elle se situe entre les deux épisodes

12 guerriers relatifs à l'expédition du Tyran de Syracuse Agathocle vers 310 av. J.C et à celle du Consul Romain Regulus en 256 av. J.C. Ces 2 expéditions ont abouti au pillage et à la destruction de Kerkouane. Et depuis, la cité a été abandonnée jusqu'à sa redécouverte en Que reste-t-il de Kerkouane aujourd'hui? Peu de monuments publics ont été découverts jusqu'à présent. Les nécropoles du site ont contribué à l'enrichissement de notre connaissance sur l'histoire, les croyances, l'artisanat, le commerce etc... de la ville de Kerkouane entre le 6 ème et le 3 ème siècle av. JC. Cependant, deux ensembles monumentaux distincts émergent dans le paysage archéologique : - La Cité antique proprement dite ou " Le Monde des Vivants ". - La Nécropole ou " Le Monde des Morts " La cité antique : Elle est enveloppée par une double enceinte pseudo circulaire, flanquée de plusieurs tours et munie de deux portes. Les rues sont relativement larges (4m en moyenne) et tout indique que la cité a été édifiée par l'application d'un plan urbain préétabli et précis. Des places ont été aménagées à l'intersection des rues. Quant aux constructions, la majeure partie des vestiges mis au jour concernent des habitations privées. Les matériaux utilisés sont divers : Pierres de tailles, moellons, briques crues, briques cuites etc... A ces matériaux, on ajoute les colonnes, pilastres, bases et chapiteaux ainsi que des éléments de décoration en stuc et en plâtre ainsi que plusieurs types de moulures. Quant au sol des maisons, il est recouvert de pavements typiques appelés " opus signinum" parfois décoré d'un semis de cubes de marbre blanc, voire d'un signe dit de Tanit. Le plan des maisons est quasi semblable : l'entrée se fait par un vestibule ou un couloir coudé - pour préserver l'intimité familiale - qui donne sur une cour centrale munie d'une margelle de puits et d'une bouche de citerne. La cour est entourée de plusieurs chambres et d'une salle d'eau munie d'une baignoire en forme de sabot. Jusqu'à présent, très peu de monuments publics ont vu le jour à Kerkouane, seule une partie du site a été fouillée, mais heureusement un sanctuaire y a été découvert et nous donne déjà une idée sur l'architecture publique de la cité punique : Entrée monumentale, Vestibule quadrangulaire, Salle à banquettes, vaste Cour munie d'un "Autel " ou table sacrificielle. Des figurines en terre cuite y ont été découvertes divinités féminines (Ashtart ou Tanit) ainsi que des divinités masculines (Baal Hamon, Eshmon ou Melqart) La nécropole : Elle est formée de plusieurs ensembles. Les tombes les plus importantes sont situées à un demi kilomètre au nord de la cité à l'endroit appelé " Arg-el-Ghazouani ". Elles se présentent sous forme de caveaux avec un escalier ( dromos ) et une chambre funéraire, le tout étant taillé et creusé dans le grés marin

13 Parallèlement aux découvertes monumentales, les fouilles archéologiques ont permis également de mettre la main sur une riche collection d'objets qui ont été groupés et présentés dans les vitrines du musée du site: objets en terre cuite ( vases, figurines, brule-parfum, médaillons, lampes monnaies, bijoux etc...et en particulier le couvercle d'un sarcophage en bois ( appelé la Dame de Carthage et qui représenterait la Déesse Ashtart ) Conclusion : Le site de Kerkouane représente une source d'information exceptionnelle qui nous renseigne sur la civilisation punique à travers les composantes de l'urbanisme de la Cité, les techniques de construction, les matériaux utilisés, les croyances et les activités industrielles et artisanales. 2- Neapolis Seule cité Tunisienne ayant un nom grec et qui signifie " ville nouvelle ", Neapolis a été évoquée par les sources historiques dés le 5e siècle av-jc. Durant le conflit entre Carthage et Rome, elle s'est rangée du côté de Carthage ce qui causa sa destruction au milieu du 2 ème siècle av.jc. Mais elle a retrouvé rapidement son essor dés le 1e siècle de notre ère. Avec la conquête arabo-islamique, la cité fut abandonnée au profit de Nabeul édifiée autour d'un fortin à quelques km au nord de Neapolis. De la cité antique n'a survécu que le toponyme "Nabeul Kedima" (Nabeul l'ancienne). Sa découverte archéologique est le fruit du hasard provoqué par l'extension urbaine de Nabeul il y a un demi-siècle. Cependant seule une partie du site historique a été préservée, mais déjà les premières fouilles ont donné des résultats inattendus La maison des Nymphes : C'est probablement l'une des villas antiques les plus vastes de la Tunisie. Elle couvre 1500 m², comprenant une vingtaine de pièces dont une quinzaine pourvues de somptueuses mosaïques. Au milieu de son vaste péristyle se trouve un bassin semi-circulaire orné d'une belle mosaïque représentant une tête d'océan entourée de poissons et autres animaux marins. Dans sa partie supérieure la mosaïque porte une inscription latine " NYPHORUM DOMUS " la maison des Nymphes

14 Le péristyle devait être impressionnant avec sa belle colonnade en marbre, l'ampleur de ses proportions et son immense pavement de mosaïque géométrique polychrome ayant plus de 180 m² de surface. En bordure de cette mosaïque se trouve un tableau de mosaïque représentant deux coqs affrontés de part et d'autre d'une jarre remplie de pièces d'or, symbolisant la richesse et l'abondance. D'autres pièces aussi vastes l'une que l'autre ( de 50 m² à 100 m² ) se distinguent par la superbe beauté de leurs mosaïques. Le maitre des lieux a choisi des thèmes tirés de la mythologie : comme le mythe de Pégase, celui d'amymoné résistant à un satyre, les noces de Bellérophon, l'ambassade de Chryséis auprès d'agamemnon... Ces mosaïques sont actuellement exposées au musée de Nabeul. Cette maison est datée du 4 ème siècle ap. JC. La grande partie du site n'a pas encore été fouillée et les bonnes surprises sont attendues

15 2.2- L'industrie de salaison : A une centaine de mètres au sud-est de la maison des Nymphes a été mis au jour un établissement formé d'une vingtaine de bassins de différentes formes et dimensions, dont les parois sont revêtues d'un enduit à tuileaux, étanche. Cet établissement sert à la fabrication de la salaison et à la conservation du poisson ainsi qu'à la fabrication du "garum". Seule une partie de l'édifice a été fouillée et mise en valeur, le reste de l'établissement est encore sous terre. Nous avons affaire ici à une usine de production à grande échelle. On sait que les romains consommaient de grandes quantités de poissons salés et appréciaient surtout le ( garum ) sauce fabriquée à partir des intestins de poissons et d'autres restes de poissons et coquillages et servie comme condiment pour assaisonner plusieurs plats. Pendant la fouille archéologique plusieurs amphores contenant des restes pulvérulents avec des arêtes ont été découverts à l'intérieur des bassins. Plusieurs installations analogues ont été dégagées le long du littoral tunisien, mais ceux de Neapolis se distinguent par leur ampleur

16 3- Pupput Situé à une soixantaine de km au sud-est de Tunis, le site de Pupput n'a conservé qu'une section partielle de la cité antique. Les recherches archéologiques entreprises durant les débuts du 20 ème siècle nous indiquent la découverte de vestiges d'une cité de grande importance, comprenant des temples y compris un Capitole, plusieurs monuments hydrauliques dont des thermes, des puits, des citernes et des aqueducs ; des monuments de spectacles dont un amphithéâtre et un théâtre. Malheureusement le développement "sauvage" de l'hôtellerie, à partir des années soixante du 20 ème siècle n'a pas tenu compte de ce riche héritage historique et a abouti à sa disparition.seuls quelques vestiges ont été préservés et que les visiteurs peuvent aujourd'hui admirer et imaginer la splendeur de la Cité Antique Les vestiges découverts : Les vestiges découverts remontent à l'époque romaine. Ils présentent des villas dont les sols sont décorés de mosaïques à thèmes floral et géométrique et qui remontent au 5 ème siècle ap. JC. On peut voir également les vestiges de thermes ainsi que d'une basilique chrétienne et plusieurs villas La maison du Triclinium en noir et blanc : IL s'agit d'une villa 45m x 25m de côté, les pièces d'habitation sont organisées autour d'un péristyle (cour) à colonnade, sur laquelle s'ouvre le Triclinium (salle à manger). Plusieurs salles sont pavées de mosaïques polychromes dont deux qui attirent l'attention : celle du Triclinium décorée de motifs géométriques à "cubes" en noir et blanc et une autre salle, la seule dans cette habitation, où la mosaïque présente des figures inscrites dans une douzaine de cercles entourés de couronnes de feuilles de vigne. Seules subsistent encore cinq figures : deux syrinx (flûtes), deux cratères (grands vases) et un masque dionysiaque. Cette villa est datée des 2 ème et 3 ème siècles

17 3.3- La maison du " péristyle figuré ": IL s'agit d'une riche maison pourvue de thermes privés avec baignoires et chaufferie. Elle se distingue particulièrement par la mosaïque qui orne son péristyle et qui représente une sorte de " projection sur le sol " de l'image de la colonnade de la galerie qui l'entoure, décorée de branches de rosiers. Cette villa est datée du 5 ème siècle La nécropole de Pupput : Une découverte fortuite a permis, il y a une dizaine d'années de localiser la nécropole de la ville. Plus d'un millier de tombes ont été dégagées. Elles témoignent de la coexistence de pratiques funéraires de l'inhumation et de la crémation. La nécropole de Pupput récemment découverte et les fouilles archéologiques ont permis de mettre au jour près de 1500 tombes qui couvrent une période allant de la fin du 1 er siècle ap. jusqu'au 5 ème siècle

18 4- Medina de Hammamet Les sources historiques nous indiquent que l'emir Aghlabide Ibrahim II a édifié un ribat (fortin) en 904 sur le cap du golfe - à l'emplacement de la future Médina de Hammamet - et ce dans le cadre de l'établissement d'une chaîne de fortins le long du littoral du pays et en particulier celui du Cap Bon si proche des pays chrétiens. En 1148 le Roi Roger II de Sicile a occupé le fortin. Un siècle plus tard, le sultan Hafside Abou Zakaria a décidé en 1236 d'achever les travaux de construction de la mosquée. Hammamet a été, à maintes fois, la cible des attaques des armées chrétiennes (Normands, Espagnols, Corsaires...) ce qui amena les autorités Hafsides puis Turques à renforcer ses murailles par des tours. La Médina a su préserver son tissu urbain médiéval avec ses ruelles et impasses, ses maisons traditionnelles, son souk, l'ensemble enveloppé par sa muraille bien conservée munie d'une belle porte en chicane

19 La Kasbah : cette citadelle, à l'origine modeste, a remplacé le Ribat Aghlabide et a connu au cours des siècles plusieurs réfections, agrandissements, renforcements et consolidation, en particulier aux 16 ème et 17 ème siècles pour atteindre son statut de citadelle ( kasbah ). Elle fait environ 50m de coté et fut consolidée aux angles par des tours carrées. Aujourd'hui, des salles du rez-de-chaussée abritent une exposition documentaire permanente sur l'histoire et la richesse patrimoniale du Cap Bon en général et de Hammamet en particulier. 5- Kelibia C'est son emplacement stratégique et sa forteresse qui sont à l'origine de sa réputation depuis l'antiquité. Le premier noyau du Fortin punique daterait du 5 ème siècle, puis la citadelle a connu plusieurs réfections et agrandissements en particulier au 12 ème siècle sous les Zirides, puis sous les hafsides au 15 ème siècle et enfin sous les Ottomans aux 17 ème et 18 ème siècles. Sa superficie d'un ha et demi fait d'elle la plus grande citadelle de la Tunisie. Au pied de la forteresse se trouve la nécropole punique qui a fourni de précieuses indications aussi bien sur l'architecture funéraire punique que sur les croyances et rites à partir de l'examen du riche contenu du mobilier qui y fut découvert. Au pied de la colline apparaissent les vestiges de la ville d'époque romaine avec ses demeures aristocratiques pavées de belles mosaïques dont quelques unes sont encore en place

20 6- Site Ain Tebournouk Site antique entouré par un village moderne. Avec sa toponymie antique TUBERNUC, à connotation préromaine, le site a gardé encore en place le noyau central d'une ville romaine, comme la place du Forum avec une de ses portes encore dressée, le principal temple qu'est le Capitole, le dallage des rues, des installations hydrauliques, le fort byzantin et une mosquée du 11 ème siècle

21 7- Palais Mussolini Construit dans les années trente du 20 ème siècle pour accueillir le DUCE pendant ses vacances ; il a été conçu par l'architecte Italien Ugo Chiarini. Le palais domine du haut de sa butte très vaste étendue. Sur ses 2 niveaux, son sol est recouvert de pavements mosaïqués représentant artistiquement les signes du zodiaque d'où la désignation du monument de " villa du Zodiaque ". Le monument désaffecté, appartient à l'état Tunisien et pourrait faire l'objet d'une future exploitation dans le domaine culturel, artisanal voire touristique... Après la Révolution du 14 Janvier 2011, des Squatters ont occupé le RDC du Palais et ont apporté des modifications importantes et des aménagements qui ont touché aussi bien les espaces intérieurs que l extérieur du Palais

22 8- Ferme De Kelbia Edifiée sur un monticule longé par la route Grombalia Ain Tebournouk, cette maison d'habitation d'un colon s'élève à 3 niveaux et une tour, elle domine une vaste région. Elle dispose d'un point de vue panoramique imprenable. Propriété publique, elle est aujourd'hui abandonnée. A retenir pour une éventuelle exploitation culturelle, de jeunesse ou de formation ou autres Fortouna & Sidi Bourouiguet La région du Cap Bon est une zone riche en vestiges protohistoriques ( haouanet, Menhirs ) et qui a permis de découvrir des traces assez importantes d'occupation humaine de l'époque préhistorique. Dans cette région il y a lieu de distinguer plusieurs ensembles : 9.1- Ensembles Fortuna : * Hanout Oued Ennahal * Hanout Bit El Mel à ( Zitoun Bou Rouag ) ayant un toit à 2 pans, niche â sommet en arc de cercle et traces de peinture sur les parois. * Demnet Erramla ( ou Demnet El Karoui ) : 2 Menhirs ayant 2,20m et 1,10m de haut. Tout prés on trouve un hanout avec entrée en chicane, niche à sommet en arc de cercle, le toit en 2 pans et parois portant des traces de peinture

23 * El Hajra Ezzarga ( Menhir de Fortuna ) : Le " rocher bleu " doit son nom à la couleur bleuâtre provoquée par l'oxydation de la roche. Sa hauteur s'élève à 4m. Présence de nombreuses traces de " polissage " sur ce rocher militerait en faveur d'une " fréquentation cultuelle " du Rocher Ensemble d'errouiguet : A 2 km au Nord-Est de Fortuna se trouvent plusieurs haouanet : - hanout de la zaouia de Sidi Bou Rouiguet - hanout de Abada - hanout Dar Ayed

24 10- Haounet El Harouri Le Cap Bon comprend une trentaine de sites protohistoriques découverts, fouillés et présentés dans diverses publications académiques. Nous retenons les sites suivants : Haouanet El Harouri à 5 km à l'ouest de Kélibia se trouvent une douzaine de chambres funéraires creusées dans le roc. Chaque hanout est formé de deux chambres successives précédées par un vestibule. Les plafonds et les niches sont à 2 pans. Quant aux peintures signalées au début du 20 ème siècle, elles sont pratiquement invisibles sous une épaisse couche de suie. 11- Haouanet Oued El Ahjar : Site protohistorique Les haouanet d'oued el Ahjer se trouvent à 800m environ au sud des haouanet d'el Harouri. Il s'agit d'un ensemble de 5 haouanet taillés dans du grés. L'originalité de l'un d'eux est son plafond en berceau

25 12- Zaouiet Sidi Jedidi Zaouiet Sidi Jedidi : à 500m au Nord-Est du village, sur un relief rocheux qui porte le nom de Jbel El Mounchar, se trouvent 3 haouanet. Dans le site romain voisin, appelé Assadi se trouve un groupe de 5 haouanet ainsi que des vestiges d'époque romaine dont une basilique. 13- Hanout Oued Chiba Hanout Oued Chiba sis à l'ouest du pont de l'oued Chiba sur la route reliant Korba à Menzel Temime

26 14- Sidi Bou Hamouda Sidi Bou Hammouda : situé à environ 6 km à l'est de Takelsa, autour d'un "arbre sacré" (Zabouza : Oléastre) identifié comme Sidi Bou Hammouda, on voit les restes de plusieurs haouanet et d'aménagements divers niches, escaliers. 15- Argoub El Mangoub Argoub el Mangoub : à l'est de Takelsa et proche de Sidi Hammouda : dolmen et haouanet

27 16- Sidi Ali Jebali Sidi Ali Jebali : à une dizaine de kms au Sud de Tazoghrane se trouve un hanout à 2 ouvertures comportant des niches et des gravures ( Autel, mausolée ). 17- El Guedria El Guédria : à 1 km au Sud-Est du hanout de Sidi Ali Jebali, se trouve un ensemble de 3 haouanet communiquant entre eux. Les parois portent des niches et l'un des plafonds est à 2 pans. Tout autour apparaissent des ruines d'époque romaine

28 18- Haounet Sidi Latrech Sidi M hamed Latrach : à 500m de la Zaouia se trouve un groupe de 13 haouanet dont un grand nombre est pourvu de gravures, peintures ou sculptures. 19- Henchir Ben Hassen Henchir Ben Hassen (dit douiret Ennasara ou maisonnette des Chrétiens) : A 8 km à l'ouest de Ain Tebournouk se trouve un ensemble de deux haouanet contigus

29 20- Sidi Bou Zekri Sidi Bou Zekri : à 4 km de Grombalia, en direction de Ain Tébournouk, se trouvent plusieurs haouanet à coté de la zaouia de Sidi Bou Zekri ( marabout très vénéré dans la région ). 21- Sidi Messaoud Sidi Messaoud ( lieu dit Ganyouba ) : à 5km à l'ouest de Grombalia, près d'une source dite Aïn Lella Halima et de l'enclos de Sidi Messaoud. La source de Ain Lella Halima est également vénérée ( bougies, canouns...). A une centaine de mètres de la ferme dite "Alvares", se trouve un hanout à dimensions relativement importantes (2,70m x 2,30 m x 2,60m). La niche porte des traces d'écoulement de la cire, car le hanout est vénéré en tant que " khiloua " de Sidi Messaoud dont la tombe est toute proche

30 22- Haouanet Jbel Behilil Haouanet Jbel Behilil : à une dizaine de kilomètres à l'ouest de Bir Bouregba, on peut répartir ces haouanet en 2 groupes : 1- Groupe Jbel Mangoub, qui comprend une trentaine de haouanet munis de niches, de sculptures ( moulures de chapiteaux et de colonnes ) et de peintures à motifs géométriques, des personnages, des animaux Groupe Jbel Gattar, à 300 m au nord du précédant et compte 5 haouanet, dans l'un d'eux la niche s'appuie sur la moulure d'un chapiteau et d'une colonne dorique. 23- Haouaria : Rares à travers le monde que soient inscrites les " carrières " dans les circuits touristiques ; et pourtant tous les sites archéologiques et les monuments historiques à travers le monde, à quelques exceptions, monuments construits en bois " temples en Asie, Océanie, Afrique..." ou en métal " exemple la " Tour Eiffel..." doivent leur existence aux "carrières". Et la Tunisie peut s'enorgueillir de posséder deux des plus prestigieuses carrières de l'antiquité : celles d'el Haouaria, au Cap Bon ( pour le grés coquillé ) et celles de Chemtou, au Nord-Ouest ( pour le marbre numidique ). Situées sur les rivages nord-ouest du Cap Bon, à 60 km à vol d'oiseau de Carthage, les carrières d'el Haouaria ont fourni à la capitale Punique, Romaine et Byzantine sa principale pierre de construction. On retrouve également cette même pierre dans les principaux monuments islamiques de Tunis

31 La roche sableuse parsemée de débris de coquilles a été utilisée dans les sépultures archaïques de Carthage depuis le 7e siècle av. JC, prouvant le début de l'exploitation de cette carrière depuis les premiers temps de la fondation de Carthage. On voit encore à El Haouaria les traces de l'extraction à ciel ouvert pratiquée durant les premières périodes de l'antiquité. Dans une deuxième phase, l'extraction est devenue souterraine. On y pénètre par des puits d'accès, de section carrée pour aboutir à la carrière proprement dite, qui s'élargit sous forme d'une " cloche " ayant à la base une superficie de 15m x 15m ; la profondeur de la salle varie de 25m à 27m. Chaque puits aboutit à une salle d'extraction totalement indépendante des autres salles avoisinantes. Le réseau quadrillé indique une planification bien homogène de l'exploitation de la carrière

32 B- PATRIMOINE IMMATERIEL DU CAP BON

33 1- Les thématiques Les traditions et expressions orales : contes, légendes, poésie, chant et musique, Les arts du spectacle : jeux (équestres, matrimoniaux ), manifestations à caractère confrérique, Les pratiques sociales traditionnelles, rituels et évènements festifs organisés en cycles : cycle de l année et cycle de la vie, Les connaissances et les savoir-faire : en agriculture, en bâtiment, en pharmacologie à base de plantes médicinales, Le savoir-faire spécifiquement liés à l artisanat traditionnel. La collecte des différentes manifestations de ce patrimoine nécessite, à l instar du patrimoine culturel matériel, le recours à une fiche d inventaire pour chaque trait culturel rencontré au cours de la prospection. A ces fins, la fiche élaborée par l Unesco a été adaptée au contexte culturel de la Tunisie et spécialement celui du Cap Bon. D ores et déjà une première liste peut être avancée de façon intuitive comprenant : Les savoir-faire liés à l artisanat notamment : - La céramique (Nabeul : poterie, faïencerie ), - La sparterie vannée ou tissée, - La pierre taillée (Dar Chaabane), - La distillation, - La fabrication d épices, - La broderie (Hammamet), - La ferronnerie (Hammamet), - La lutherie et le mobilier (Kelibia) Les traditions culinaires (Kerkouane, Korba : couscous au sorgho ). Les pratiques sociales à caractère festifs (Nabeul : poupées de sucre ). Les pratiques matrimoniales. Les spectacles et divertissements comme la chasse à l épervier, la musique et la danse confrériques (Al Haouaria). Contes populaires (Korba, Naceur Khmir). Matanza (Sidi Daoud). L inventaire du patrimoine culturel immatériel aux fins de son intégration dans des circuits de tourisme culturel est un travail colossal qui exige la collaboration d au moins quatre enquêteurs (deux de chaque sexe) qui seront recrutés le temps de la collecte parmi des doctorants ou étudiants en mastère de préférence originaires du Cap Bon. Il sera donc nécessaire de leur donner une formation rapide sur la manière d aborder le terrain, d identifier les expressions de l identité territoriale et de repérer les spécificités culturelles locales, d approcher les personnes ressources et de remplir les fiches d inventaire. Les traits culturels ainsi inventoriés seront par la suite portés sur une carte, ce qui aidera à identifier les circuits possibles, de les harmoniser, et grâce à une superposition cartographique, d essayer de mettre en place des itinéraires touristiques communs. Ces circuits devront être des parcours intégrés, c est-à-dire qui prennent en compte dans la mesure du possible les sites archéologiques et culturels, les monuments et les ensembles historiques

34 La visite d un circuit de tourisme culturel est en fait un processus de perception progressif dans le temps et dans l espace, destiné à faire communiquer un message culturel éducatif et identitaire et des connaissances diffuses. 2- Les traditions culinaires 2.1- Le processus alimentaire : Les traditions culinaires concernent un long processus alimentaire aussi riche que complexe, qui comprend les étapes suivantes : - La transformation par mouture, concassage, tamisage de la matière première agricole (céréales, épices, légumes ), - La conservation de cette matière (la chambre à provisions avec jarres, bocaux et autres ustensiles), la conservation de la viande boucanée - La coction ou préparation des aliments et les savoir-faire s y rapportant, - La consommation : en matière d alimentation, le rituel qui accompagne la manière de se mettre à table et de manger est aussi important que la nourriture qu on ingurgite Les spécialités capbonaises : Les plats spécifiques du Cap Bon reflètent la richesse du terroir en produits agricoles, notamment les plantes potagères comme le piment et la corète, ainsi que les plantes herbacées comme la tomate, le cumin et le curcuma et les plantes aromatiques à l instar du fenouil et de la menthe ainsi que les eaux de fleurs distillées. Tous ces ingrédients confèrent à la cuisine locale une originalité issue du cru Les principaux plats : Commençons par ce fameux condiment qui a donné à la ville de Nabeul et à tout le Cap Bon une notoriété mondiale en matière de gastronomie : la harissa. Il s agit d une purée de piments rouges séchés au soleil puis broyés avec des épices, comme le carvi et la coriandre. Toutefois, on peut aussi préparer la harissa avec des piments verts ou des piments cuits à la vapeur et broyés. La harissa est généralement utilisée comme condiment ou ingrédient pour assaisonner plusieurs plats. - Couscous farfoucha (au fenouil et au qadid, viande boucanée - Plat fédérateur de tout le CB). - Couscous au sorgho (avec des andouillettes sèches et des légumes d hiver - Kerkouane, Korba). - Assida de maïs et chakchouka de piments verts (bouillie épaisse de farine de maïs saucée de chakchouka - Béni Khiar). - Chakchouka nèbliya (à base de piments verts et de tomates fraîches plus des œufs Nabeul). - Mchalwet : ragout de viande avec safran, cannelle, boutons de rose et eau de fleurs de bigaradier (Nabeul). - Ojjat mayou (plat à base d harissa, de feuilles de menthe et de menthe sauvage avec de la farine de blé ou de l amidon et des œufs, consommé le 14 mai qui correspond à une fête agraire d origine berbère, celle du démarrage de la fenaison). - Qwarès Slimàn (Soliman), plat d origine andalouse sous forme de gros intestin farci de viande d agneau, de graisse et bien assaisonné de plusieurs épices du terroir. - Mrouziya, plat d origine andalouse. Il s agit d un ragout de viande d agneau cuite avec des pois chiches, des amandes, des raisins secs et des châtaignes si disponibles, le tout assaisonné de safran, de cannelle, de curcuma, de piment rouge en poudre et parfumé à l eau de fleurs de bigaradier (Dar Chaabane)

35 3- L artisanat Le Cap Bon est par excellence le pays de l artisanat, surtout celui planté dans les grandes villes comme Nabeul, Hammamet et Kélibia. La région est prolifique en matière première qu elle soit minérale comme l argile ou végétale comme le jonc (smàr) et les folioles du palmier nain et autres fibres. Il est important, dans un circuit de tourisme culturel à thèmes, de suivre le processus opératoire de la fabrication des objets d artisanat Sparterie et vannerie : Il s agit de la fabrication d objets en fibres végétales tissées ou vannées (tressées). Pour les nattes, à titre d exemple, on partira de la récolte du jonc pour aboutir au produit fini, en passant par les différentes étapes : traitement du jonc, sa teinture, tissage sur métier à basse lice avec chaine en alfa 3.2- Céramique : Il s agit de la fabrication d objets en terre cuite dont la poterie qui est une céramique domestique (récipients et ustensiles de ménage) et une céramique d'art ou faïencerie qui, outre la fonction utilitaire, confère à l objet une décorative ou esthétique (ex. les carreaux de céramique et les poteries émaillées). Là aussi, le circuit suivra l objet depuis l extraction de l argile dans la carrière puis en atelier pour les différentes opérations : traitement de l argile, tournage, cuisson, émaillage 3.3- Lutherie : C est un artisanat en voie de disparition. Seul un luthier installé à Kélibia, ville du mobilier, continue tant bien que mal de faire perdurer cet art si délicat et si noble. Les luthiers se comptent sur les doigts de la main en Tunisie, et l intégration de cet artisanat dans un circuit touristique contribuera certainement à le revaloriser Ferronnerie traditionnelle : Cet artisanat en voie de transformation de ses techniques et de ses formes, abandonnant ainsi le répertoire et la gestuelle traditionnels, concerne surtout la fabrication de grilles de fenêtres. Un artisan sis à Hammamet continue de manipuler le fer au feu sans recourir aux procédés modernes de soudure Poterie modelée : Survivance de la céramique protohistorique, la poterie encore modelée par les femmes de Takelsa, village dont le toponyme est à résonance berbère, s apparente à la famille de la poterie modelée du Sahel, caractérisée par son décor tracé au brai Taille et sculpture de la pierre : A Dar Chaabane el-fehri, cet artisanat, un héritage andalou, semble-t-il, est en plein essor. Taillés dans un calcaire assez tendre, piédroits, linteaux, colonnes avec bases et chapiteaux, claveaux d arcs et tout autre appareil

36 4- Spectacles et pratiques festives Si l on suit le cycle de l année en matière de traditions, on s aperçoit que le Cap Bon recèle une richesse insoupçonnée que confortent les diversités locales. Quelles soient à caractère festif et ludique ou empreintes de religiosité, ou même à vocation agraire, ces traditions offrent au regard du visiteur des spectacles d une grande valeur culturelle où spontanéité et authenticité sont de mise Célébration du nouvel an de l hégire : Outre la préparation du traditionnel couscous à la viande boucanée du mouton de l aïd (kaddid, osben et merguez), la célébration du ras el-aâm el-hejri à Nabeul, notamment, donne lieu à une pratique culinaire qui semble parvenir d un patrimoine méditerranéen partagé : les poupées de sucre. A cette occasion, des figurines fabriquées en sucre et représentant des mariées, des gazelles ou des poissons garnissent des pots à pied (methred). Ces friandises combien symboliques sont consommées au dixième jour de la nouvelle année, dit achoura La fête des asperges : L asperge, cette plante potagère au goût si fin est cultivée dans les plaines de Tazerka, de Korba et de Bou Argoub. Cultivée de mars à juin, l asperge tant prisée par les Capbonais est, au mois d avril, l objet d une fête parmi les restaurateurs de Nabeul et d autres villes La chasse à l épervier : C est une tradition séculaire qui fait la fierté de la ville d El-Haouria et de sa région surnommée «le pays de l aigle». C est là qu à l abri des grottes et cavernes ou sur les falaises abruptes, les rapaces viennent construire leurs nids et se reproduire. Les jeunes faucons seront capturés et entraînés à fondre sur leur proie parmi les oiseaux migrateurs. Cette tradition est pérennisée par l organisation d un festival annuel qui se tient au mois de juillet Ziara et hadhra des confréries religieuses : Bien que tombé en désuétude, le maraboutisme a légué au Cap Bon un grand nombre de monuments remarquables par leur architecture vernaculaire. Sidi Mansour, Sidi Abderrahmane, Sidi Labiadh, Sidi Mohamed Chérif, et bien d autres, sont tous vénérés dans la région. A une trentaine de kilomètres d El-Haouaria, le mausolée de sidi Maâouia exhibe sa blancheur immaculée. Au mois d août de chaque année, un festival est organisé à sa mémoire. Une modeste zaouia sise au centre de la ville de Nabeul, abrite la dépouille d un autre Sidi Maâouia, celui qui a donné son nom à la presqu île du Cap Bon (Dakhlet el-maâouine) serait semble-t-il un lointain descendant du prophète. Certains mausolées et zaouïas continuent d abriter certaines manifestations où la religiosité est à fleur de peau. Remarque : Une fois identifiées, ces thématiques seront l objet d un croisement spaciotemporel, aux fins de les intégrer dans des circuits homogènes et viables

37 5- Les artisanats les plus spécifiques du Cap Bon 5.1- Artisanat de fibres végétales : Jonc, folioles du palmier nain ; il s agit d une sparterie tissée (natterie ou couffe fabriqué en jonc) ou vannée c est-à-dire tressée (nattes de prière en folioles de palmes) La céramique : fabrication d objets en terre cuite, ce qui donne à Nabeul une poterie nue, vernissée ou émaillée et une faïencerie, cad des carreaux de faïence pour lambrissage des façades intérieures des habitations ou des monuments religieux, notamment par des panneaux polychromes composés, reproduisant surtout des vasques d où s échappent des rinceaux de fleurs La broderie : Nabeul est connue par un point de broderie qui porte son nom et qui est adopté dans la décoration des cols, plastrons et manches des chemises et tuniques des femmes. Ces vêtements traditionnels appartiennent au type coupé-cousu qui distingue les grandes villes de Tunisie, alors que dans le monde rural on peut encore rencontrer des femmes qui portent le costume drapé Taille et sculpture de la pierre : la sculpture est un travail manuel qui ne fait appel qu à de simples outils qui ne sont que le prolongement de la main : le ciseau et le marteau, l énergie étant bien entendu d origine humaine. Les artisans de Dar Chaabane ont hérité de leurs ancêtres un riche répertoire de motifs décoratifs, floraux ou géométriques qu ils continuent de reproduire surtout sur les encadrements de portes, selon une combinatoire qu eux seuls maîtrisent. 6- La céramique de Nabeul Le centre de production de céramique le plus important de Tunisie, demeure sans conteste celui de Nabeul. Cette ville a pris le relais d une cité antique (Neapolis) qui est abondamment citée par les auteurs grecs et latins (Thucydide, Ptolémée, Tite-Live), comme étant un centre florissant de production céramique ; les découvertes archéologiques le confirment. C est vraisemblablement vers la fin du Ve siècle que, attirés par l abondance de carrières d argile à ciel ouvert, une colonie djerbienne vint s installer non loin de la cité antique

38 Elle contribua à l essor de cette nouvelle agglomération qui allait favoriser la renaissance d une tradition ancestrale de l artisanat de la poterie. En témoigne le vocabulaire des potiers Nabeuliens qui, parlant de l artisan, disent Jraïbi et de l atelier, Dar Jraba, ce qui signifie respectivement Djerbien et maison de Djerbiens. Plus d un siècle plus tard, des Andalous refoulés d Espagne, trouvèrent refuge dans cette région si prospère et participèrent au renouveau de la céramique notamment par leur savoir-faire dans le domaine des émaux. A la fin du Ie siècle, quand les ateliers des Qallalines de Tunis tombèrent en désuétude, les potiers de Nabeul réussirent à prendre la relève et à perpétuer la technique de l émaillage polychrome : aussi, remirent-ils à l honneur le répertoire décoratif de la capitale. Traditionnellement, les céramistes de Nabeul fabriquent une gamme très variée de produits : une poterie poreuse en biscuit, une poterie vernissée avec décor sous glaçure, une céramique émaillée, dite parfois artistique et des carreaux de revêtement et de pavement. La céramique émaillée, surtout la faïencerie connait une vogue sans précédent, si bien qu aujourd hui, cette ville semble être un immense atelier et un gigantesque souk d objets en terre cuite. Il a plus de deux décennies, les autorités, convaincues de l essor continu de cet artisanat et désireuses de protéger la cité et ses quartiers résidentiels des fumées nocives dégagées par les fours traditionnels qui y étaient enclavés, ont affecté aux ateliers de poterie une nouvelle zone, située à l extérieur de la ville. On y remarque l attachement des artisans à l organisation traditionnelle de leurs nouveaux ateliers, notamment en ce qui concerne le type de four usité (four à sole) pour la cuisson de la poterie en biscuit, alors que les émaux sont cuits dans des fours électriques ou à gaz. Les potiers de Nabeul conservent jusqu à nos jours des savoir-faire hérités de leurs prédécesseurs, qu ils ne cessent d améliorer au fil du temps

39 Ils utilisent pour la fabrication des poteries poreuses ou vernissées l argile locale extraite des carrières de Ghar Ettfal, situées à la sortie de la ville en direction de Tunis. Il s agit d une argile grasse, ferrugineuse et de moyenne qualité. Débitée en mottes, elle est brisée et concassée dans la cour de l atelier, puis délayée dans un bassin rempli d eau où elle subit une humidification et un pourrissage sommaire durant quelques jours. Une fois retirée, elle est malaxée par battage aux pieds, puis longuement pétrie à l intérieur de l atelier pour être prête au tournage. Appelé maoun, le tour se compose d une girelle, d un axe et d un volant d un mètre de diamètre, le tout en bois. Le volant est actionné au pied et assure au tour un mouvement circulaire régulier. La motte d argile servant de matrice est posée sur la girelle puis tantôt par des pressions des doigts, tantôt par des pressions de la paume des deux mains trempées par moments dans de la barbotine, le maîtreartisan donne naissance à l ébauche voulue. Une fois séchées, d abord dans la cour puis à l intérieur, les poteries reçoivent leurs anses. Après quelques jours, elles sont remises sur le tour pour être épurées à l estèque. Un second séchage précède alors la cuisson. A demi enfoui sous terre, le four des potiers de Nabeul est du type à sole. Il a la forme d un puits coiffé d une sorte de coupole trouée de plusieurs cheminons et il est constitué d un foyer et d une chambre de cuisson séparée d une sole de forme concave qui supporte les objets enfournés. On accède à la chambre de chauffe par un escalier. Un système de portillons et de cheminons assure une bonne conduite du feu ; c est dire la maîtrise acquise en la matière par les artisans chauffeurs. Traditionnellement chauffé au bois et occasionnellement aux grignons d olives, ce genre de four, destiné à la cuisson des poteries poreuses et des poteries vernissées, est à flamme directe : il permet d obtenir une température plus ou moins homogène pouvant atteindre plus de 1000 degrés. Quant aux émaux, ils sont cuits dans des fours à flamme indirecte de type moufle. Trois types de céramiques traditionnelles sont produits. D abord la poterie poreuse de couleur blanchâtre par adjonction de sel ; elle sert au transport et à la conservation de l eau et autres denrées. Elle comprend une large gamme de vases à boire, de cruches et de jarres. Certaines pièces sont décorées de motifs floraux ou géométriques dessinés au jus de caroube directement sur le biscuit, puis plongées dans un bassin de sulfate ferreux qui fixe ce décor et lui donne une belle couleur brun foncé. Le décor de la poterie vernissée est plus élaboré. Les artisans utilisent pour cela une glaçure transparente à base de plomb auquel ils ajoutent de l antimoine pour obtenir la couleur jaune

40 Les poteries culinaires comme les plats simples ou à piédouche, les bols ainsi que les jarres à provisions ou à lait reçoivent un décor sous glaçure, dont les motifs sont peints à l oxyde de cuivre qui donne une couleur verte et cernés en brun grâce à l oxyde de manganèse. Les pièces sont ensuite plongées dans le vernis plombifère. Certaines pièces comme les plats à servir sont émaillées mi- jaune mi- vert, d autres, comme les lampes à huile, les chandeliers et les brûle-parfums, sont entièrement émaillées vert. Héritiers des savoir-faire détenus par les artisans de Qallaline, ancien quartier des potiers de Tunis, les céramistes nabeuliens fabriquent avec l argile extraite des gisements de Tabarka, de bien meilleure qualité que celle produite par les carrières de Ghar Ettfal, une céramique utilitaire ou dite artistique à décor polychrome sur émail stannifère de couleur blanche qui, étant opaque, masque la pâte. Les motifs sont puisés dans le répertoire devenu commun de Tunis et celui de Nabeul ; il s agit de formes géométriques, florales ou zoomorphes. Perpétuant une vieille tradition tunisoise, les maîtres artisans de Nabeul fabriquent aussi une riche gamme de carreaux de revêtement en faïence. Ces carreaux sont le support d un décor polychrome à motifs floraux foisonnants ou à dessins géométriques répétitifs. Ce sont des ramifications de tiges et des entrelacs de rinceaux, ou bien des figures polygonales qui s entrecroisent ou s emboîtent. Agencés en panneaux ou en bandes d encadrement, les lambris de céramique arrangent une composition mélodieuse, rythmée par la récurrence d un nombre restreint de motifs itératifs qui s enchevêtrent en cadence, transformant les demeures en lieux d enchantement pour le plaisir des yeux. 7- Nattiers de Nabeul Il existe en Tunisie deux types de nattes : les nattes rurales, à trame d alfa sur chaîne de laine, exécutées par les femmes et les nattes de jonc sur chaîne en cordelettes d alfa plus élaborées, tissées par les hommes. Les nattières et nattiers tunisiens se prévalent d un savoir- faire dans la fabrication de ces nattes qui a traversé le cours de l histoire. La plus ancienne attestation, celle faite par le cadi Hadi ben Naman qui a vécu au e siècle aux cours fatimides de Mahdia et de Sabra-Mansouria, vante la qualité des nattes produites en Ifriqiya dont la texture est comparable à celle des tissages de laine. Les nattes à trame d alfa sont tissées sur un métier vertical semblable à celui utilisé pour la fabrication des tapis et couvertures. A l endroit, la surface de la natte est lisse et parfois elle est rehaussée d un décor sommaire tissé, de couleur noire, composé de motifs géométriques. L envers comporte des touffes d alfa qui procurent à la natte une épaisseur matelassée. Les nattiers de Nabeul, installés dans le noyau historique de la ville, dans des ateliers couverts en voûtes ou en terrasses, se sont spécialisés dans le tissage des nattes de jonc. Le métier utilisé dans ce cas, est une sorte de métier horizontal, assez rudimentaire